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Planete Sonic ForumsL'Atelier Fan AreaFanficsBest of[Terminée] NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
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[Terminée] NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
Re : NightDreamers
« Répondre #495 le: Décembre 15, 2012, 07:40:33 pm »
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Hum hum. Je n'ai pas pour d'habitude de défendre bec et ongle ce que j'écris, je déteste ce genre d'auto-satisfaction.
N'empêche que là je me dois de pousser une (très) légère gueulante.

Certes le forum est fréquenté par des jeunes, très bien. Je suis le premier à m'en rendre compte, faisant partie du paysage depuis mes... 14 ? 15 ans ?
Certains sont plus jeunes, ok. Je le sais.

On ne m'enlèvera pas la question qui me barre les lèvres : le gore on spoile pas ça amuse tout le monde, mais une petite scène sexuelle c'est tabou ?
Qu'on me prévienne de laisser un message pour avertir, d'accord. Qu'on mette sous spoiler une partie du texte ? C'est une insulte.
D'ailleurs Saïko est plus vulgaire dans son propre commentaire que moi dans mon récit : "ils baisent pour se faire plaisir". Mouais. D'une c'est pas ce qu'il fallait comprendre, de deux le terme n'est certainement pas adéquate pour nos petits enfants chéris qui viendraient se perdre ici.
Non ?

Je ne mettrai des spoilers à mes textes que lorsqu'on arrêtera d'afficher en pleine rue les couvertures des magazines porno. Ca vous paraît clair ? Aujourd'hui en un clic, un gosse tombe sur un pénis (google image, essayez, vous verrez). Le pire ? Mon texte ne contient pas une seule fois ce fameux mot.
C'est grave docteur ?

Bien. Je m'arrête là, je pense que le principal est dit. Je ne me permettrai pas d'enlever moi-même ces balises, mais qu'on me donne l'autorisation de le faire, s'il-vous-plaît.


Je vais en profiter pour répondre aux deux autres larrons !
Zalosta < Pour toute demande d'autographe et/ou de réclamation sur la mort d'un personnage en particulier ; voire pour me filer l'adresse du site des chats cons, voici mon adresse perso : [email protected] !
Saïko < Hello frangin ! Un bail qu'on t'as pas vu ici. Pour le sexe (je pensais pas que ça vous choquerai à ce point. Mes lectures sont sûrement devenues plus adultes entre-temps), non, ce n'est pas un passage facultatif, je l'ai lu, relu, réécrit pour être sûr qu'il correspondait à ce que je voulais. Et non, ce n'est pas "on baise et on se sent mieux". Tout le contraire. Essaye de te fondre un peu plus sur la psychologie des personnages.
Pour la deuxième partie, c'est dommage ! La moitié de tes impressions étaient vraies ! Sephyra est, en effet depuis quelques passages, une vraie langue de pute qui se la joue. Néanmoins si la tristesse de la fin de chapitre n'y était pas, c'est que tu n'as pas suivi correctement le déroulement psychologique du perso, encore une fois ! J'en suis fautif : avec tout ces arrêts, puis ces reprises, vous êtes paumés, c'est normal...
Journalisée
Donf : Vous êtes folles.
Rekkua : Je me demande ce que ça peut être, d'être folle, quand c'est toi qui qualifie la personne...

Niark! :] :
*ND ça veut dire glauque en fait? ok
Niark! :] :
*"putain ce château il est ND o_o
 
 
Re : NightDreamers
« Répondre #496 le: Décembre 16, 2012, 10:19:14 am »
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En ce qui me concerne tu es à côté de la plaque. Réponse par MP, tu comprendras pourquoi en lisant. ^^
« Dernière édition: Décembre 16, 2012, 10:31:09 am par Miko »
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Avatar de Clover
 
 
Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #497 le: Décembre 22, 2012, 10:52:43 am »
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J'ai pigé l'histoire pour la législation. Je comprends la tournure des choses. Merci au passage de laisser un petit post d'une ligne sans que je puisse répondre derrière en cela que ça passerait pour du hors-sujet. Bon.
Très bien. Ca ne m'explique toujours pas pourquoi un passage à caractère sexuel est censuré sans qu'il ne contienne de termes abusifs, tandis qu'une scène violente avec effusions d'hémoglobine et bouffage d'oeil humain sous contrôle psychique ne l'est... pas. Mais soit.
Ca me fait mal au coeur de voir mon propre texte censuré comme ça, mais enfin. Répondons aux lois.

Ah, dernière chose, tant qu'on y est. Puisque je me suis engagé à poster jusqu'à la fin je vais le faire, même si aujourd'hui le coeur n'y est pas. Alors je préviens les éventuels pseudos personnellement connus auprès de moi et qui chercheraient, inconsciemment ou non, à régler leur compte, leurs rancoeurs et leur jalousie via cette fic de passer leur chemin.
ND n'est qu'une fic. Ses personnages ne sont... que des personnages.
Critiques sur la forme, sur le fond, des critiques construites avec exemples etc, d'accord. D'autant que je souhaite réécrire cette histoire, merci d'en prendre compte.
Le reste, lorsque c'est personnel, vous vous le gardez pour vous.

Je poste la suite pour ceux que ça intéresse - et seulement ceux-là.
A la semaine prochaine.
Et puis pour ne pas finir sur une note trop déprimante tout de même : bonnes fêtes à tous !








Je rêve…
Je rêve que je cours avec mon fils sur la pelouse. Que nous nous étalons dans l’herbe tous les deux riants, sous le soleil. Qu’il s’approche de moi pour me faire un câlin. Et que nous nous endormons tous deux, là, sur le sol, près des champs où passent les tracteurs au loin, emportant leurs ballots de paille. Nous nous endormons ici en nous serrant l’un contre l’autre, apaisés, heureux.
Je rêve que je me réveille dans mon lit. Mon mari me regarde amoureusement et me dit « bonjour ». Je n’entends pas sa voix, mais je peux le lire sur ses lèvres. Je rêve que je l’embrasse et qu’il m’étreint contre son corps chaud. Je rêve que nous décidons sans une parole de remettre à plus tard le moment de se lever. Pour prendre un moment à nous.
Je rêve que je vis.
Une vie simple.
Une vie heureuse.
Puis j’ouvre à nouveau les yeux et je suis debout à côté du lit. Simplement le lit, il n’existe rien autour. Je suis là et je me regarde embrasser et enlacer mon Roi. Puis il disparaît en perles de lumières et il ne reste que moi, moi allongée, qui regarde le plafond inexistant et qui finit par fermer les yeux après avoir posé mes bras en croix sur mon ventre.
Je rêve que je me vois endormie.
Et je rêve que rien, rien ni personne ne puisse me réveiller. Puisqu’il n’existe plus, le Prince au baiser miraculeux.
Un sommeil éternel.



NightDreamers
Chapitre 34 ~ Révélations (Partie 3)


Donf se redressa en sueur sur le matelas. Son cœur battait irrégulièrement, et il sourdait de temps à un autre d’un coup plus fort qui lui déchirait le plexus en deux, lui arrachant un gémissement laborieusement contenu. Habitué à ces crises, il se força à reprendre une respiration plus profonde. Les douleurs mirent du temps à se calmer – plus longtemps que d’habitude.
Alors c’est pour bientôt… ?
Quelques semaines. Peut-être quelques jours.
Ou quelques heures. A cette pensée, malgré le fait qu’il s’était toujours dit qu’il mourrait de cette façon, son esprit pris le large et il sentit un gouffre s’ouvrir dans son cœur. La panique, serpent perfide, vint lacérer sa raison.
Il repoussa les draps et s’assit sur le lit en prenant son visage entre ses mains. Que lui restait-il à faire ?
Qu’est-ce qu’il reste à faire…
Cette question l’amena à une autre considération : qu’est-ce qu’il leur restait à faire. Car après tout, il était peut-être temps de réagir. Il tritura sa courte barbe, signe physique de ses profondes réflexions.
Ils ont ouvert la Porte. Mais ce n’était pas l’objectif en soi : il leur reste des choses à accomplir, peut-être ? Si ça se trouve, ce n’était que le début. Peut-être une caractéristique nécessaire pour accomplir leurs autres buts… Donc il leur fallait ouvrir la Porte pour continuer. Pourquoi ? Qu’est-ce que permet l’ouverture de cette foutue Porte… ?
Le jeune homme se leva après avoir allumé la lampe de chevet. Il chercha dans les tiroirs et y trouva par chance quelques feuilles vierges et de quoi écrire. Il y nota ce qu’il savait déjà : pour ouvrir cette Porte, il avait fallu des sacrifices. La mort de personnes bien définies, et donc pas n’importe lesquelles. Mais pourquoi ?
Réfléchis, réfléchis… Souviens-toi, dans ces carnets, il y avait un schéma avec Arthur et Millie, ainsi que Myosotis. Ils représentaient des symboles… Merde. Pas moyen de m’en rappeler. Et je ne connais pas le dernier sacrifice, il n’était pas noté…
Avec un léger sursaut, une connexion se fit dans ses réflexions.
Lena ! Lena est ici, profitons de sa présence, elle a fait partie de leurs plans, elle devrait pouvoir m’en dire plus. Réfléchissons plutôt aux zones d’ombres qu’il reste précisément. Il faut que je sache d’avance quoi lui poser comme questions, sinon je vais me perdre.
Donf tapota légèrement le crayon de bois contre son front en fixant la feuille blanche.
Reprenons. Ils ont ouverts la Porte, et pour ça il a fallu sacrifier des personnes bien particulières. Pourquoi elles ? Bon. Ensuite… Pourquoi ouvrir la Porte, d’abord ? A quoi ça leur sert maintenant ? Il faut en savoir plus sur leurs vraies motivations.
A ce moment, son cœur bondit de nouveau dans sa poitrine, lui arrachant une violente quinte de toux. Il lâcha les feuilles qu’il tenait et elles s’éparpillèrent sur le sol. Lorsqu’il leva sa main devant ses yeux, il remarqua une traînée de sang. Il esquissa un sourire triste en posant cette même main sur son pectoral. Son cœur battait, en-dessous. Irrégulièrement.
Il fallait au moins qu’il mette par écrit ce qu’il pouvait tirer de toute cette histoire.
Oui… écrire. C’est encore ce que je sais faire de mieux…
Sur la table de chevet, à côté, reposait son téléphone portable. Eteint. L’écran noir.
Comme inerte.

A ce moment on frappa doucement à sa porte. Il sursauta, surpris, et jeta un coup d’œil à sa montre, posée à côté de son portable et de ses lunettes. Il était quatre heures passé. Peut-être avait-il rêvé ? Trois nouveaux coups, très discrets, rejetèrent cette hypothèse. Il se leva et s’approcha de la porte sans toutefois l’ouvrir.
-   Oui ? Demanda-t-il tout bas.
-   Excuse-moi de te déranger aussi tard. Je ne te réveille pas ? chuchota une voix féminine en réponse.
Il reconnut la voix calfeutrée de Lena.
-   Non… non, je ne dormais pas. Je t’ouvre.
Il entrebâilla la porte et tint le bas de son corps de l’autre côté en ne présentant que son torse à son interlocutrice.
-   J’étais justement en train de penser à toi, lança-t-il en découvrant le visage de la jeune femme dans le couloir.
Il se rendit compte de ce que sous-entendait sa phrase seulement au moment où les mots traversaient ses lèvres. « Euh, pardon, c’est pas ce que je voulais dire, rétorqua-t-il un peu gêné face au regard surpris de Lena. Je repensais à ce qu’il se passait ces derniers temps et je me disais que tu pourrais m’en apprendre plus.
-   Oui…, répondit-elle d’une petite voix comme s’il s’agissait d’une faute.
Elle baissa la tête.
-   Tu veux entrer ?
Elle le regarda de nouveau et le jeune homme aperçut comme un souhait  muet dans ses yeux brillants de fatigue. On a le même regard, pensa-t-il. Insomniaques. Il s’effaça de l’entrée en ouvrant la porte en grand derrière lui. Elle referma derrière elle.
-   Donf.
-   Oui ?
-   Tu es en caleçon.
Il s’assit sur le petit fauteuil attenant au lit et haussa les épaules.
-   Je n’ai même plus la force d’être pudique. Ça te dérange ?
-   Je n’ai plus la force d’être gênée, répondit-elle sur le même ton fatigué en s’asseyant sur le matelas.
Il y eut un silence pendant lequel ils se regardèrent de biais.
-   Pour les questions que je voulais te poser, sur la Porte, tout ça… Je comptais t’en parler demain, en fait.
Elle acquiesça en détournant à nouveau les yeux sur le côté. Il comprit qu’il n’avait pas à faire avec Lena. C’était l’autre.
-   Et on en parlera demain, conclu-t-il pour soulager son invitée.
Il l’étudia brièvement. Son changement physique tenait surtout à cette étincelle dans le regard, ou plutôt à ce manque d’étincelle qui faisait, justement, cruellement défaut à la Lena que connaissait Donf. Et puis il y avait ce ton dans la voix et cette façon de se montrer ouvertement gênée et un peu faible. Lena était une femme fière dans la force qu’elle projetait dans ses apparences, c’était un détail qui comptait beaucoup à ses yeux. Elle n’acceptait pas de se montrer sincère et sentimentale avec quiconque. Même si elle s’était confiée à Donf de par son histoire et ses faiblesses, ce n’était pas quelque chose qu’elle ferait avec n’importe qui d’autre. D’ailleurs elle le lui avait dit : elle n’en n’avait jamais parlé à personne avant lui.
C’était peut-être ce qui poussait l’autre à venir ce soir. Et c’était aussi peut-être une justification au fait que la Lena à l’intérieur ne se rebelle pas contre cette décision. Mais Donf ne devait pas appeler l’autre par son prénom. Cela briserait le charme.
-   Sur ta main…
-   Quoi ? demanda Donf en sortant de ses pensées.
-   C’est du sang.
Le jeune homme leva sa main droite à ses yeux et l’essuya rapidement.
-   Pourquoi tu ne dormais pas ?
-   Je suis insomniaque, répondit-il. Toi aussi, non ?
-   C’est un peu plus compliqué que ça…
-   Oui, c’est pareil pour moi… Et… tu avais quelque chose à me dire ?
Elle posa une main sur son bras. De nouveau gênée.
-   Elle t’aime bien, en fait.
-   Ah. Je vois.
-   Et… moi aussi. Je t’aime bien.
-   C’est toi qui as décidé de venir me voir ce soir, n’est-ce pas ?
-   Elle aussi, elle voulait. Tu sais, il ne faut pas lui en vouloir.
-   Je sais.
-   Elle n’est pas méchante.
-   Je sais.
-   C’est juste qu’elle a besoin… que j’ai besoin…
Elle chercha le bon mot en fixant son interlocuteur, puis, ne le trouvant pas et se sachant dans une impasse, elle soupira en baissant la tête.
-   Je suis si fatiguée…
-   Tu ne te rebelles jamais contre elle ? demanda doucement l’ancien cuistot.
-   Au début si, raconta la jeune femme avec un sourire nostalgique – Donf la trouva très mignonne dans son innocence. Un cœur n’est pas fait pour deux. Au début ça me faisait peur, elle me faisait peur.
-   Je comprends.
-   Et puis… quand j’ai essayé d’en parler avec la personne en qui j’avais le plus confiance, cette personne m’a abandonnée, continua-t-elle en perdant son sourire.
Tout en l’écoutant, Donf se leva et alla s’asseoir près d’elle, sur le matelas.
-   Elle a été la seule à me réconforter. Au début je ne voulais pas l’écouter. Puis quand j’ai finalement réussis à comprendre ce qu’elle me disait – quand j’ai compris qu’elle voulait parler avec moi, j’ai entendu ses mots.
Elle tortilla une de ses mèches brunes entre ses doigts. Sa voix trembla légèrement.
-   « Je suis désolée ».
Elle renifla discrètement.
-   Elle n’arrêtait pas de s’excuser…
-   Je comprends, répéta gentiment Donf en posant une main sur celle de la jeune femme.
-   Elle disait que c’était à cause d’elle qu’on me faisait toutes ces choses. Que c’était à cause d’elle que… qu’il…
Elle essaya tant bien que mal de terminer sa phrase mais n’y parvint pas. Ses larmes coulaient sans qu’elle ne puisse les retenir, ni elles ni les sanglots qui trahissaient sa voix. Donf passa doucement un bras sur son épaule. Et elle se laissa aller contre son torse où elle pleura presque en silence en s’accrochant au buste du jeune homme comme une enfant. Il la massa gentiment en la berçant. Elle se calma bientôt et ils restèrent ainsi, sans rien dire, dans la nuit. Seuls ses reniflements perçaient le silence. Elle avait le visage encore plaqué contre son torse.
-   Ton cœur…
Elle se desserra de son étreinte et le fixa, perplexe, attendant une réponse pour la rassurer. Face au regard qu’il lui rendit, elle s’approcha et déposa ses lèvres sur son cou. Il renifla à son tour en esquivant son regard. Elle lui prit doucement le visage entre ses mains en essuyant ses larmes de ses pouces et lui déposa plusieurs baisers sur les joues. Puis ils se fixèrent, pleurant tous les deux sans bruit. Deux solitudes ensemble réunis. Et, lentement, ils s’embrassèrent dans la nuit.
-   Tu ne veux pas rester dormir ici ? murmura le jeune homme d’une voix rauque.
Et pour toute réponse, elle éteignit la lampe de chevet.

*****
***

Hunter n’avait cette fois et pour de bon plus de chapeau. Mais faute de se sentir désarmé, Viktor lui redonna espoir. Il lui avait filé une moto toute neuve qu’il avait gardée de côté dans sa planque.
La nuit était déjà bien avancée. Hunter ferma le long manteau qui avait appartenu à Snow, enfourcha sa cylindrée et ils démarrèrent en trombe au même moment. Viktor, prévenant, avait gardé des cylindres entiers de gazoil. Ils avaient refaits le plein avant de partir. Néanmoins, faute de casque, et pour Hunter faute de lunettes, ils roulèrent doucement. Le jeune homme se demanda sur la route ce que faisait Viktor de son chien. Il l’avait entendu lui murmurer quelque chose alors que le chien le fixait sur sa moto, avant de partir. Et c’était tout. Au fond, Hunter s’en fichait un peu, pour être honnête.
Il en était là de ses pensées lorsqu’une explosion lointaine se fit entendre, malgré le vent qui lui cinglait le visage. Ils s’arrêtèrent tous deux et regardèrent en arrière. De la ville qu’ils venaient de quitter, un panache de fumée noire grimpait dans le ciel comme un démon cherchant à atteindre le Très-Haut par ses propres forces. Les flammes montaient déjà en puissance et jetaient une lueur blafarde sur la campagne alentour. Manrow était en effet situé dans une petite niche, au creux de deux vallons, et de leur position Hunter et Viktor pouvaient apercevoir au loin le centre de la ville ; ils étaient en hauteur. Des cris feutrés par la distance leur parvinrent.
-   Putain, qu’est-ce qui se passe ? Faudrait y retourner.
-   Non.
La réponse était directe. Viktor se retourna pour apercevoir le regard du jeune homme dans la pénombre.
-   Quoi non ?
-   C’est peut-être pour moi.
-   Pour toi. Ca a un lien avec le Manoir défoncé ?
-   Ouais.
-   Raconte.
Hunter lui résuma alors ce qu’il s’était passé en quelques phrases – omettant certainement plusieurs détails factices.
-   Donc ce qui se passe là-bas, c’est sûrement parce qu’ils ont retrouvés ma trace. Y retourner, c’est se jeter dans la gueule du loup. Ou du noir…
-   Ces gens, là-bas. Ils ont rien demandés.
-   Mh. Je peux rien pour eux. Allez, on continue.
-   C’est comme ça que tu marches ? Tu fuis et tu vas à la prochaine ville ? Et s’ils te retrouvent là-bas aussi, et qu’y crament encore des trucs, tu feras quoi ? Tu te tireras encore une fois avec la queue entre les jambes et tes paroles pour te donner une foutue contenance ?
-   J’ai jamais eu la prétention de vouloir sauver le monde, rétorqua sèchement Hunter en regardant Viktor dans les yeux.
-   T’as juste celle de vouloir sauver ta peau.
Viktor cracha par terre. La remarque cingla sans prévenir et ébranla Hunter plus profondément qu’il ne l’aurait souhaité. Cependant, à cet instant même, il n’y prit pas attention. Il se contenta de tourner le manche de sa moto et de faire gicler sa puissance sur l’asphalte.
Comme pour prévenir ceux de derrière, tout du moins, qu’il s’échappait sous leurs yeux.

*****
***

Qui est l’ombre ?
Sephyra grimaça dans son sommeil.
Qui es-tu ?
Elle raffermit sa poigne sur le drap.
Quel est ce monde…
Elle respirait plus fort.
Et qu’attends-tu pour t’éveiller ?
Elle ouvrit des yeux écarquillés et resta de longues minutes à fixer le plafond sans vraiment le voir.

Un peu plus tard, lorsqu’elle fut parfaitement réveillée, elle se dirigea vers le salon du palais. Elle y découvrit Lena, qui sirotait passivement un thé en contemplant le ciel à la fenêtre. Sephyra prit place en face d’elle.
-   Je ne te comprends toujours pas.
-   Bonjour à toi aussi.
-   Depuis qu’on s’est rencontrée, tu n’as pas loupé une seule occasion de me tuer. Ah, si, une fois. Tu m’as blessée.
-   Tu as bien dormi ?
-   Et là, alors que tu avais toute la nuit pour le faire, rien. Ce ne sont pas les deux gardes devant ma porte qui t’auraient dissuadée, tout de même ? Tu n’es plus à ça près.
-   Moi oui, j’ai bien dormi, je te remercie.
Lena daigna jeter un œil à Sephyra et elles se fixèrent quelques secondes sans rien dire.
-   Je suis pas près de faire amie-amie avec toi, décocha la roussette.
-   Tu es libre de tes choix, rétorqua la jeune femme sur le même ton.
Un servant du palais vint demander à Sephyra ce qu’elle voulait. Elle lui commanda un thé en le remerciant puis se passa une main sur le museau.
-   Tu as l’air d’aller un peu mieux.
-   Oui.
-   Tu as bien dormi ?
-   Ca a été.
-   Pas de cauchemars ?
Sephyra la regarda de travers.
-   Pourquoi tu me demandes ça ?
-   Pour rien. Je vais faire un tour.
Lena se leva et, alors qu’elle repoussait sa chaise, elle se cambra légèrement en avant avec un faible gémissement. Elle tenait son ventre d’une main.
-   Ca a pas l’air d’aller, remarqua doctement la roussette.
-   Si. Ca va.
-   Il y a un médecin sur l’allée centrale, troisième habitation sur la droite.
-   Je vais juste faire un tour, répliqua Lena d’un ton ferme.

Une demi-heure plus tard, elle se trouvait devant la tombe de son mari et de son fils. Contemplant les petites croix en bois qui portaient leur nom, elle n’entendit pas Luna arriver et s’arrêter à ses côtés.
-   Tu comprends ce qu’il s’est passé, n’est-ce pas ? demanda la louve sans une once de compassion.
-   Oui. Instinctivement, je pense, oui.
-   C’est de ta faute.
-   Je sais.
Les poings de Luna se resserrèrent et elle dévisagea Sephyra qui restait de marbre.
-   Tu ne t’en veux même pas, souffla la louve dans un élan de rage.
Cependant elle n’esquissa aucun geste d’agression, malgré l’aversion qui lui brûlait le cœur.
-   Pourquoi tu ne me frappes pas, si tu me détestes ?
-   Ce n’est pas l’envie qui m’en manque, c’est sûr, répliqua froidement Luna. Mais par respect pour sa Majesté, je ne le ferai jamais devant sa tombe. Malgré tout ce que tu lui as fait subir, il t’aimait trop pour ça.
-   Oui, trop, répéta Sephyra en insistant sur le dernier mot. Il en est mort.
-   Par ta faute.
-   Luna, qu’est-ce qui te fait croire que tout ceci est réel ?
Le regard de la louve se peignit fugitivement d’un voile de tristesse ; une faiblesse qu’elle ne montrait que rarement. Elle répondit d’une voix lente, comme si cela lui coûtait, quelque part, de répondre aussi sincèrement. Et comme si, malgré tout, elle se devait d’accepter les choses. Telles qu’elles étaient.
-   Quand je suis devant leur tombe, je ressens le vide qu’a laissé leur départ. Et c’est cette souffrance qui me fait me rendre compte qu’ils sont réellement partis pour de bon…
Sur ces mots, Sephyra se détourna de la tombe. En passant derrière Luna pour rejoindre le palais, elle s’arrêta soudain et demanda :
-   Au fait, où est Katejina ?
Le vent souffla la réponse de la louve dans sa brise. De toute manière, il n’y avait pas besoin de mots. La surprise mêlée de doutes qui transparaissait du regard de Luna répondait à la place de toutes les paroles du monde. Sephyra ne prit pas la peine de lui expliquer et, cette fois, rejoignit le Palais sans plus s’arrêter en chemin. Dans ses yeux brillait une flamme déterminée.
« Qui ça ? »

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Donf : Vous êtes folles.
Rekkua : Je me demande ce que ça peut être, d'être folle, quand c'est toi qui qualifie la personne...

Niark! :] :
*ND ça veut dire glauque en fait? ok
Niark! :] :
*"putain ce château il est ND o_o
 
 
Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #498 le: Décembre 29, 2012, 06:12:41 pm »
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Comme vous l'aurez sans doute remarqué, il n'y aura pas de suite aujourd'hui. J'en veux pour cause les fêtes de fin d'année qui bouffent le temps de tout à chacun - sans compter que je ne suis pas chez moi.
Je vous souhaite donc à toutes et à tous de très bonnes fêtes et une bonne année à l'avance. Éclatez-vous pendant les réveillons sans trop penser à ce que nous réserve demain.
A la semaine prochaine.
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Donf : Vous êtes folles.
Rekkua : Je me demande ce que ça peut être, d'être folle, quand c'est toi qui qualifie la personne...

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Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #499 le: Décembre 29, 2012, 08:30:11 pm »
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Tiens les nouveaux post fonctionnent enfin sur mon navigateur habituel, je suis ravie !

Citation
-   Au fait, où est Katejina ?
Le vent souffla la réponse de la louve dans sa brise. De toute manière, il n’y avait pas besoin de mots. La surprise mêlée de doutes qui transparaissait du regard de Luna répondait à la place de toutes les paroles du monde. Sephyra ne prit pas la peine de lui expliquer et, cette fois, rejoignit le Palais sans plus s’arrêter en chemin. Dans ses yeux brillait une flamme déterminée.
« Qui ça ? »

I knew it. Quoique, j'évite de trop m'avancer, sous peine de me prendre inévitablement un mur. Vaut mieux être prudent avec toi ^o^ !

Demain reste le jour d'hier tant qu'on n'a pas apporté un petit détail qui le rend différent. Détail à part, 2012 passé, c'est quand la prochaine fin du monde qu'on rigole ? Je m'attendais à ce que tu post un sarcasme à ce sujet, je suis presque triste de voir que tu n'en ai rien dis ! 'Smaine prochaine !
Journalisée
 
 
Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #500 le: Janvier 05, 2013, 03:21:21 pm »
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2012 ? Fin du monde ? Non, je sais pas. Jamais entendu parler. Je suis en 2013, moi.

Suite donc. Long discours, plein de paroles, peu d'action, beaucoup de réponses.
La semaine prochaine on reviendra pour une fin de chapitre qui amorcera - enfin - les derniers moments !

Bonne lecture et à la semaine prochaine !
Peace.

PS Zalosta : Katejina c'est un fake, comme le gâteau. *Meurs







Dans l’après-midi, Donf et Sephyra se réunirent dans la salle de repos, qui servait de pièce pour les réunions ou pour l’accueil des visiteurs importants. Sephyra avait envoyé un garde chercher Lena, qu'ils attendaient donc ensemble.
-   J’ai un peu parlé avec elle, la nuit dernière, commença l’ancien cuistot, assis en tailleur sur le long tapis décoré de motifs tribaux.
-   Comment ça ? demanda Sephyra en fronçant les sourcils.
-   Elle est venue me voir dans ma chambre. Elle est insomniaque.
-   Ah. Et vous avez « parlé » de quoi ? rétorqua Sephyra avec un faux sourire.
Le sous-entendu était clair, mais Donf l’ignora purement et simplement.
-   Je sais qui elle est, concrètement. Et ce n’est pas ce que tu crois, je te l’assure. Pour être franc avec toi, elle aspire plus la pitié qu’autre chose…
-   Pour ça on est d’accord, même si on n’a certainement pas les mêmes raisons de le penser.
Ils tournèrent la tête au même moment lorsque Lena entra dans la salle, basse de plafond. Elle prit place entre eux, en recourbant ses jambes sous ses fesses. Sephyra cru distinguer un rapide échange de regard entre eux deux ; à moins que ce ne soit son imagination.
-   Bon. Ca fait maintenant quelques jours que nous sommes réunis, tous les trois, par des circonstances assez spéciales…
-   Des circonstances meurtrières à mon encontre, cru bon de renseigner la roussette en toute innocence.
-   … et on ne sait toujours pas qui on est réellement, entre nous. Je crois bon, au vu des dernières choses qui se sont passées, qu’on reparte sur de bonnes bases. Et la première, c’est la confiance. Je ne crois pas qu’il y ait de problème vis à vis de moi pour vous – Donf prit une courte pause pour les regarder l’une après l’autre, attendant peut-être une objection qui ne vint pas – mais entre vous, c’est une autre histoire.
Silence.
-   Plus particulièrement pour toi, Lena. Est-ce que tu pourrais nous expliquer concrètement ce que tu faisais, et pourquoi tu voulais…
-   Tuer, précisa Sephyra pendant que le jeune homme cherchait ses mots.
-   … t’en prendre à Sephyra.
Lena baissa les yeux. Elle jeta un rapide coup d’œil à la roussette, puis préféra, sembla-t-il, s’expliquer en fixant plutôt le tapis.
-   Je faisais partie d’une organisation qui avait un objectif précis, commença-t-elle.
-   On y reviendra après, dit doucement Donf.
-   D’accord. Et… Eh bien au sein de cette organisation, il existait une hiérarchie. J’étais le bras droit de Nicolas, notre « patron ». J’avais sous mes ordres les quelques autres personnes qui faisaient partie du groupe. Vous devez connaître de vue Loth et Rika, j’imagine.
La question était pour deux mais elle prit soin de ne regarder que Donf en la posant. Il hocha la tête en signe d'acquiescement.
-   T’en prendre à Sephyra faisait donc partie des objectifs que ce Nicolas t’avait assigné ? demanda-t-il.
-   Pas tout à fait… Il m’a donné le choix. « Tuer ou non Sephyra », mot pour mot.
-   Voilà, asséna Sephyra.
-   Pourquoi ? Continua Donf en se mettant à triturer sa barbe sous le menton.
-   Parce qu’elle est ma sœur. Ou du moins a-t-on essayé de me le faire croire. Je ne sais pas…
-   On te l’a fait croire, répondit la roussette d’une voix un peu plus calme, quoique blasée. Et on a assez bien réussi, en plus.
Lena garda le silence, tête baissée.
-   Pourquoi as-tu fais le choix de la combattre, si c’était ta sœur ?
-   Je te l’ai déjà expliqué, répondit Lena en regardant cette fois-ci la roussette dans les yeux.
-   Au moment où tu m’as planté ton arme dans les côtes ? Je m’en souviens vaguement.
-   Et pour finir, maintenant, tu as réussis à trancher ? Tu veux toujours… la tuer ?
-   Non. J’ai juste envie de comprendre. De savoir une bonne fois pour toute. Oui ou non, suis-je la sœur oubliée, morte dans un incendie lorsque nous étions gamines ? Et si non, qui a créé ces… souvenirs. Cette identité.
-   Si on a créé ces souvenirs, sais-tu pourquoi ?
-   Pour que je la tue.
-   Pourquoi ? Insista Donf.
-   Parce que sa mort… Votre mort est essentielle au bon déroulement des choses, conclu Lena d’un ton calme en fixant le jeune homme.
Sephyra la fixa étrangement. Donf leva un doigt en face de son visage, l’air grave.
-   Voilà. On touche au but. Lena, peux-tu nous expliquer maintenant en quoi consistaient vos objectifs ? Quel est votre plan, votre finalité ?
-   L’ouverture de la Porte des Enfers, qui est une réussite totale depuis plusieurs jours.
-   Mais on est toujours en vie, concéda Sephyra.
Elle s’était calmée, réellement intéressée cette fois par la discussion.
-   Vous tuez était d’abord une prévention pour l’ouverture de la Porte.
-   Être sûr qu’on n’interviendrait pas dans vos plans, résuma Donf.
Lena acquiesça.
-   Maintenant qu’elle est ouverte, qu’ils ont réussi malgré vous, je ne sais pas où en est cette directive. Est-ce qu’on doit toujours vous tuer ? Je n’en sais rien. Je suis partie, maintenant.
-   Tu les as quittés ? Quand ?
-   Juste avant notre dernière confrontation, dit-elle en jetant un coup d’œil à Sephyra.
-   Pour quelles raisons ?
-   Je venais… de vivre quelque chose de spécial. Une sorte d’introspection forcée, je ne sais pas comment ça s’est mis en place. J’ai revécu des souvenirs que j’avais enfouis. A mon réveil, j’ai su, instinctivement, qu’il se passait quelque chose de louche depuis le début. Par rapport à moi. Ce que je tenais pour acquis.
-   C’est à ce moment-là que tu as remis en doute ton lien de parenté avec Sephyra, déclara Donf.
Lena hocha la tête en signe de négation.
-   Non. Au contraire. Je doutais au fond de moi, mais ma conscience ne voulait pas tout remettre en question aussi facilement. Je voulais être sûre de moi. Je voulais que tout soit vrai. Le changement me faisait peur. J’étais terrifiée d’avoir à admettre que tout était faux. J’ai quitté cette organisation au moment où je me suis enfuie pour rejoindre Sephyra, sans obéir à aucun ordre.
-   Et c’est lors de ce combat que tu as ouvert les yeux.
-   Ma défaite m’a fait comprendre la valeur des choses, résuma Lena d’une voix faible.
-   Ton introspection, reprit Sephyra. Tu sais, le truc qui t’a fait revivre tes souvenirs, ça s’est passé comment ?
-   C’est arrivé d’un coup. C’était très étrange.
-   T’as eu mal à la tête ?
-   Oui.
-   Le halo blanc, les lettres, les chiffres qui dansaient autour de toi ?
-   Oui.
Sephyra remarqua que Donf les regardait sans rien suivre de la conversation.
-   J’étais à Euresias quand ça s’est passé pour moi aussi, lui expliqua-t-elle. Et c’est juste après que Kane m’a amenée à l’hôtel, où tu m’as surveillé.
-   Tu étais à… et tu l’as vécu aussi ? Rétorqua Lena, surprise. C’est sûrement lié !
-   Et ça tendrait à prouver que vous avez un… lien, conclu Donf.
-   Je ne sais pas, soupira Sephyra.
Il y eut un silence pesant.
-   Lena, reprit Donf. Peux-tu m’expliquer pourquoi vous aviez besoin de Millie et d’Arthur pour vos plans ? Tu sais, les enfants.
-   Les deux gamins que Lucia a tués avec ses chaînes ?
Donf fronça les sourcils, et Lena comprit qu’elle l’avait touché. Il acquiesça silencieusement.
-   Désolé, dit-elle tout bas. Euh… oui. Ils avaient besoin de les sacrifier…
-   Pourquoi ?
Lena choisit ses mots avec soin.
-   Les enfants portaient en eux le code spirituel qui servait au rituel d’ouverture.
-   Comment fonctionnait ce rituel ? demanda cette fois Sephyra.
-   Trois statues. Trois emplacements. Donc trois sacrificiels. Les enfants comptaient pour un, ils étaient les deux moitiés qui formaient un tout. Inséparables.
-   Et les deux autres ?
-   Il y avait cette fille au couteau…
-   Myosotis.
-   Et une autre que je ne connais pas. Dans les montagnes.
A ce moment-là, Sephyra sembla sursauter.
-   Une statue…, murmura-t-elle pour elle-même. Lena, la statue dans les montagnes, c’était un vieillard ?
-   Je ne sais pas laquelle était où, mais il y avait un vieillard parmi elles, oui.
-   Le sacrificiel, c’était une renarde ?
-   Je ne sais pas.
-   Est-ce que tu sais comment elle s’appelle ?
-   Je ne m’en souviens plus…
-   Flake ? demanda-t-elle d’une voix tremblante.
-   Flake. Oui, c’est ça.
Sephyra baissa lentement les yeux. Puis elle se prit le museau entre les mains et soupira longuement.
-   Tu la connaissais ? Demanda Donf.
-   Rencontrée une fois. C’est elle qui m’a sauvé. La foutue blessure que tu m’as faite, rétorqua la roussette à l’encontre de Lena.
Celle-ci grimaça en se tordant les mains.
-   Bon, reprit Sephyra après un court silence. Flake est morte… D’accord. Tu n’y es pour rien. C’est bon. J’ai compris.
-   Myosotis et les enfants également…, conclut Donf.
-   Mais au final, pourquoi vous vouliez ouvrir cette foutue Porte ?
-   Le monde se consumait par ses propres habitants, énonça Lena en fronçant les sourcils, retrouvant la motivation qui l’avait conduite pendant ces dernières années. Vols, viols, meurtres, manipulations, etc… Par toutes les formes. Le mal guidait les actions du plus grand nombre. Il n’y avait plus de justifications, pas plus de raisons. On tue, on pille, on ment et on empoisonne son voisin pour violer sa femme, sa fille, sa sœur… Nous voulions montrer au monde, aux personnes qui le peuplent, la perversité qui guidait leurs actions quotidiennes. Ils faisaient de la vie de leur prochain un véritable cauchemar. Nous voulions mettre tout le monde sur un pied d’égalité. Vous voulez jouer avec le mal ? Nous allons vous montrer ce que sont les ténèbres.
-   Et maintenant que la Porte est ouverte, est-ce que tu sais ce qui va se passer ? demanda Donf après laissé Lena se calmer.
-   Oui.
Elle inspira profondément et serra les poings.
-   Le monde va nous détruire. Tous. Tout.
-   La planète ? S’étrangla Sephyra.
-   Non. Notre planète est infiniment plus résistante que nous. Météorites, éruptions volcaniques, sécheresses, périodes glaciaires… Elle a tout connu, et en connaitra encore bien d’autres. L’être vivant qui se croit capable de détruire sa planète avec sa seule force d’imagination et ses travaux sur les implosions nucléaires se trouverait bien arrogant. Même nos guerres et nos bombes – qui détruisent pourtant des villes entières – ne lui font pas une seule égratignure.
-   Elles détruisent des forêts entières, objecta Donf. Bouleversent l’écosystème. Annihilent des espèces vivantes.
-   Oui. Et après ? La vie reprend son cours. Retenez bien ça : la vie arrive toujours à reprendre son cours. Nous ne connaissons qu’une partie infiniment méprisable de ce cycle, de ses effets, de ses origines surtout. Nous ne connaissons que ce qui nous permet, nous, de survivre. Egalement le système de quelques autres espèce, par exemple celles aquatiques. Et ? Des mutations ont dû intervenir. Pendant des millions et des millions d’années. Un écoulement de temps qu’on ne peut prendre en conséquence. Une vie de cent ans n’est rien pour la planète. Inventez tous les systèmes que vous voudrez. Échafaudez des théories, des axiomes et des lois naturelles. Vous ne pourrez jamais comprendre.
-   C’est bien joli tout ça, mais pour en revenir à nous, qu’est-ce qu’il va se passer, concrètement, avec votre Porte ?
-   Toute espèce vivante, ou globalement, va s’éteindre dans les jours qui vont suivre, conclu simplement Lena d’une voix froide.
-   Et suite à ça la vie reprendra son cours. C’est ça ?
La jeune femme hocha la tête.
-   Vous vouliez débarrasser ce monde du mal. Et nous en étions les origines. Donc…
-   Détruire cette origine.
-   Nous, conclut Donf.
-   Vous avez fomenté un plan pour nous tuer tous, résuma Sephyra sans y croire. Vous y compris.
-   Oui.
-   Vous êtes suicidaires.
-   Quelqu’un devait le faire.
Un silence lourd de sous-entendus plana sur le petit groupe. Donf avait le cœur qui battait la chamade. Il pensait à elle.
-   Vous n’avez pas pris en considération qu’il existe de belles choses dans ce monde. Des choses que nous seuls pouvons apporter. Si le mal existe…
-   Le bien existe aussi, je sais, rétorqua Lena en fixant Donf. Je suis au courant de ces théories philosophiques.
-   Ce ne sont pas simplement des théories. Nous avons tous en nous des désirs contradictoires. Nous faisons tous de bonnes et de mauvaises actions. Certains plus que d’autres. Et c’était notre mission…
-   D’équilibrer ces choses. Je sais aussi.
Donf fixa Lena. Il tremblait un peu. La colère montait en lui, Sephyra le sentait. Lena également, mais elle gardait son calme. Sûre d’elle.
-   Pourquoi vous ne nous avez pas rejoints ? S’exclama le jeune homme. On aurait pu œuvrer tous ensemble pour essayer de rendre les choses meilleures !
-   Tuer les tueurs pour ne plus qu’il y en ait ? Et une fois que vous auriez effacés vos mauvais meurtriers, qui vous aurait effacé vous, tueurs également ?
Donf ouvrit la bouche pour rétorquer, ne trouva rien à redire, ferma la bouche, la rouvrit, grogna.
-   Toutes les actions ne peuvent être mises dans le même panier juste parce qu’elles attentent les mêmes résultats. Il faut prendre également en compte le souhait qui se cachait derrière chaque action.
-   Et l’enfer est pavé de bonnes attentions.
-   Tu ne comprends pas, Lena.
-   C’est toi qui ne comprends pas, Donf.
-   Et que fais-tu des bonnes choses ? La confiance, l’entraide ? L’amour !
-   Et que fais-tu de l’équilibre que vous étiez censés surveiller ? Vous saviez que le bien était peu de choses contre le mal. Le vrai sentiment d’amour, le véritable acte d’aimer est devenu bien trop rare, en comparaison du nombre de viols et de meurtres qui se passent chaque jour.
-   Nous œuvrions pour équilibrer ça !
-   Vous n’auriez jamais pu équilibrer les choses. C’était une quête vaine, une perte d’énergie.
-   Si on avait eu plus de temps, on aurait eu des résultats.
-   Vous avez eu plus de quatre ans pour travailler là-dessus. Et aucun résultat. Donf, reprit Lena en s’avançant cette fois vers lui et en lui prenant la main – il la retira d’un geste sec. Ecoute… Votre patron était Kane. En quatre ans, comment justifies-tu qu’il n’ait pas procédé à plus de recrutements ?
-   Parce qu’il fallait trouver les bonnes personnes… C’était difficile, il fallait rester discret…
-   Kane connait la plupart des gens les plus importants. Il a des relations partout. Dans la politique, dans l’armée, dans la police. Rester discret, il le pouvait sans problème.
-   Peu de personnes veulent en tuer d’autres.
-   Tes travaux sur l’Equilibre prouvent le contraire.
-   Je parle de bonnes personnes ! Des personnes qui souhaitent faire le bien en tuant…
-   Donf. Kane était avec Nicolas les maîtres de ce mouvement, asséna Lena d’une voix douce.
Sephyra assista à la complète éviction de son récent ami. Elle le regarda fixer la jeune femme, les yeux écarquillés, la bouche entre-ouverte. Elle crut un instant qu’il allait pleurer. Le jeune homme de son côté vécut une brève réminiscence. Lors de son voyage en train avec Hunter ; la venue de Rika et Loth ; et Loth qui leur avait expliqué que leurs deux organisations étaient sûrement liées ; ils les avaient amenés à Station Square. Là où les grandes pontes se cachaient : Kane et Nicolas. Leurs patrons. Et à la lueur des explications de Lena, il n’avait pas fait le rapprochement avec cette scène, qui lui semblait dater de plusieurs années en arrière. Il s’était passé trop de choses.
-   Donc leur organisation était un leurre, résuma doucement Sephyra en s’approchant d’eux.
-   Oui, répondit Lena en regardant la roussette. Kane savait depuis le début où il voulait en venir.
-   Dans ce cas, pourquoi votre patron à vous, ce Nicolas, a voulu nous tuer ? Si Kane et lui étaient amis, Kane aurait tout simplement pu leur interdire de faire quoi que ce soit. Ou leur cacher. Je ne sais pas… mais faire en sorte de ne rien faire, justement.
-   Je n’en sais rien, rétorqua faiblement Lena en secouant la tête. Ce qu’on peut conclure, c’est que votre mort n’était pas indispensable à ce plan, puisque la Porte est ouverte.
-   Et que nous sommes encore là.
-   Oui. Je ne sais pas. Peut-être y a-t-il encore quelque chose qui m’échappe. Un détail qui rendrait toute cette histoire compréhensible.
-   Existe-t-il un moyen de refermer cette Porte avant… avant la fin ? demanda Donf d’une voix un peu rauque.
Lena hocha la tête négativement.
-   Pas à ma connaissance. Une fois le rituel mis en place, il y a un temps de latence de quelques jours…
-   Pourquoi ? demanda à son tour Sephyra.
-   Je ne sais pas, répéta Lena en baissant la tête.
-   Peut-être… pour laisser aux personnes habitant ce monde le temps de se repentir, tenta Donf en souriant faussement.
Il ne semblait pas croire à ses paroles, même si une partie de lui espérait de tout son cœur qu’il y ait une part de vérité dans ce qu’il considérait comme une absurdité naïve.
Il ferma les yeux et pensa à la personne qui comptait plus que tout pour lui. Son cœur tambourinait très fort dans sa poitrine.

*****
***
Journalisée
Donf : Vous êtes folles.
Rekkua : Je me demande ce que ça peut être, d'être folle, quand c'est toi qui qualifie la personne...

Niark! :] :
*ND ça veut dire glauque en fait? ok
Niark! :] :
*"putain ce château il est ND o_o
 
 
Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #501 le: Janvier 07, 2013, 07:56:12 am »
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J'aime bien ce chapitre. J'ai l'impression de retrouver un peu plus de l'esprit ND d'avant (ça fait vieux con ce que je dis XD).
Plus sérieusement, ça m'a permis de me remémorer plein de chose sur l'histoire, et ça répond ENFIN à un certain nombre de questions.
La forme est bonne aussi, ça se lit tout seul.
Pas de remarques négatives à faire cette fois-ci, j'ai pas repéré de fautes ou de choses choquantes.
Vivement la suite. :)
Journalisée
Sephyra n'est pas plate !

Et si tu veux vérifier, demande Dieu au 8 200 200 !
 
 
Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #502 le: Janvier 10, 2013, 11:49:59 am »
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  • Donfy
Content que cette partie ait pu te plaire, Hawk : )
Oui on commence ENFIN à avoir un peu de réponses !... Mais pas trop non plus. *SBAF

Comme vous l'aurez remarqué, je poste donc aujourd'hui, par peur de ne pas avoir le temps de le faire samedi.
J'en ai profité pour refaire un planning, l'ancien étant vétuste - je ne pensais pas morceler ce chapitre 34 en autant de posts.
J'en ai donc tiré une conclusion pour vous : mieux vaut une lecture agréable, courte mais régulière, qu'un gros pavé à se manger de force pour avoir l'impression d'avancer.
De toute façon, nous approchons à grands pas de la fin !

J'en profite également pour remercier les lecteurs non inscrits sur ce forum - j'en connais deux, qui même s'ils ne postent pas ici parviennent à me faire part de leur avis via l'immensité du net. Merci à vous ! Pour ceux qui aimeraient me contacter autrement, je rappelle mon adresse mail : [email protected]. N'hésitez pas !

Avant-dernière partie de ce chapitre 34, la dernière sera postée samedi prochain donc.
Elles se composent toutes deux de 4 ou 5 pages word, ce qui vous permet une lecture facilitée.

A la semaine prochaine !








Ce n’était pas un après-midi comme les autres au port de Judia. Les mouettes ne volaient pas en piaillant autour des mâts, les rares vacanciers tardifs – des retraités pour la plupart, qui évitaient les foules d’été – ne se baladaient pas sur le bord de la plage avec leur gilet sur les épaules pour contrecarrer le vent d’automne qui déferlait sur la côte. Une année en arrière, c’était le tableau qui se serait brossé aux yeux du détective et de son ancien mentor. Mais Jack Olwen et Van Singhel n’eurent droit qu’à la vision d’une ville côtière muette et austère. Volets fermés, boutiques grillagées, les bateaux, amarrés aux pontons, ballotant tranquillement en quelques clapotis discrets sur la mer calme. En fond sonore, les vagues venaient régulièrement et timidement lécher le ressac en laissant leurs remous barbouillés d’algues sur le sable mouillé.
Les deux hommes sortirent de la voiture et boutonnèrent leurs manteaux jusqu’au col. Ils s’avancèrent sur le petit chemin qui surplombait la plage d’un muret composés de vieilles pierres ; Jack en s’allumant une cigarette, Singhel en s’appuyant sur sa canne. Et le bruit de leurs pas et du bout métallique sur les pavés mouillés par le crachin marin de la nuit dernière semblaient faire écho à la ville morte d’où ne provenaient aucun son, aucun mouvement. Au loin, la brume empêchait d’apercevoir l’horizon.
Ils gagnèrent après un petit quart d’heure de marche le port en tant que tel, le vrai, le grand, où étaient construits les plus grands bâtiments et amarrés les plus gros navires ; la section « marketing maritime » de la petite ville. Par chance, quelques hommes semblaient travailler dans les grands bâtiments ouverts – avec peu d’ardeur, certes, mais au moins étaient-ils présents. Jack et Singhel s’avancèrent.
-   Le ferry ? leur répondit un des travailleurs en salopette, tout en continuant de décharger les plaquettes en bois qui lui parvenaient sur un tapis roulant. ‘Passe pas avant ce soir. Il a pris du retard le bougre, ‘comprenez, avec tout ce qui se passe en ce moment.
-   A quelle heure pourrons-nous le prendre exactement ? demanda Singhel de sa voix chantante.
-   Dix-huit heures m’sieur. Z’êtes pas du coin vous, j’parie. Si vous voulez attendre au chaud, y a le café du coin, où on va toujours avec les collègues. Le Quai des brumes, qu’il s’appelle. Vous le trouverez en continuant votre chemin le long de la rive, sur vot’gauche. Pas très loin. De bonnes crêpes qu’ils servent, pour sûr !
-   Le temps sera clément pour le voyage, cette nuit ? demanda à son tour Jack.
-   Vous savez, c’est pas nous qui décidons de quand sera que la mer sera bonne à prendre. Vous connaissez le refrain : « c’est pas l’homme qui prend la mer…
-   … c’est la mer qui prend l’homme », oui, acquiesça Singhel. Nous verrons ce soir avec le capitaine.
-   C’est le mieux à faire pour vous, conclut le travailleur en se passant un revers de main sur son front.
Jack et Singhel remercièrent l’homme, qui hocha la tête en signe d’adieu. Ils reprirent leur chemin et trouvèrent rapidement le café. Ils prirent une table près de la fenêtre, commandèrent à déjeuner et mangèrent silencieusement, le regard et l’esprit perdus tous deux dans la contemplation de la mer.
-   Jack, puis-je vous poser une question ? demanda doucement le vieil homme après qu’on leur eût apporté leur café.
-   Bien sûr, professeur.
-   Pourquoi ne m’avez-vous pas appelé après notre aventure contre cette femme revenue d’outre-tombe, lorsque Olivia a commencé à montrer des signes de ce que vous appelez sa folie ?
-   Vous savez, Professeur…, répondit Jack en touillant son café, après avoir réfléchi quelques secondes. Vous savez, après ce que nous avons vécu avec cette Lucia, j’étais… J’étais vide. Concrètement. Je ne savais plus quoi penser du monde, de la vie… Cette parenthèse a bouleversé tout ce en quoi je croyais.
-   Je peux comprendre, mon ami. Mais vous avez su faire front.
-   Pas au début. En fait, même aujourd’hui, j’hésite à m’avouer que tout cela s’est réellement passé. Je dois vous confesser qu’au sortir de cette aventure, j’avais peur de vous. Je ne voulais plus avoir aucun lien avec cette histoire.
-   Vous vouliez oublier.
-   Oui.
Singhel porta la tasse à ses lèvres.
-   Donc, lorsque Olivia a commencé ses crises, vous avez tout d’abord évité de prendre le problème au sérieux.
-   Tout à fait. Je pensais que c’était sa propre réaction de rejet à la suite de ce que nous avions vécu. Puis, quand ça a commencé à devenir de plus en plus sérieux…
-   Vous avez mis de la distance entre elle et vous.
Jack garda le silence quelques instants en contemplant l’horizon brumeux. Une métaphore de son état d’esprit, à cet instant. Il devait bien l’avouer. Il ne l’avait pas aidée. Il l’avait abandonnée.
-   Oui…, finit-il par dire tout bas, presque honteux. Oui. Je me suis éloigné d’elle. Petit à petit. Un pas après l’autre. J’avais peur que tout ça ne ressurgisse. J’avais l’impression qu’une partie de cette Lucia était restée en Olivia. Et lorsqu’elle me réveillait en sursaut, en pleine nuit, en faisant ses sempiternels cauchemars, j’avais l’impression de revivre la même horreur qu’auparavant. Oui. J’ai pris peur.
-   Vous n’avez pas à vous en vouloir, Jack. Votre réaction était humaine. Tout le monde aurait pris peur.
Le détective hocha la tête en silence, pas sûr de lui cependant.
-   Je regrette simplement que vous n’ayez pas fait appel à moi, reprit Singhel sans montrer de méchanceté.
-   J’avais vraiment peur. Je voulais arrêter tout ça. Je n’ai pas voulu voir que le problème d’Olivia était d’ordre spirituel, je ne voulais pas l’accepter. Alors j’ai pris la décision de la sauver de la manière la plus pragmatique possible.
-   Vous l’avez faite interner, conclu le vieil homme.
En fermant les yeux, Jack pouvait encore revivre la scène. Elle n’avait en rien perdu de sa réalité, et les détails les plus infimes venaient encore le hanter parfois dans son sommeil. Ses cernes qui soulignaient les insomnies à répétition dont elle était victime, ses longs cheveux noirs d’ébène mal coiffés, ses mouvements lents et ratatinés et son corps tassé, recroquevillé dans la douleur et la peur. Il n’en pouvait plus. Il avait quitté la police pour elle, pour ce qu’il avait entrepris d’accomplir à ses côtés, et il avait le sentiment qu’elle l’abandonnait. Ce n’était pas sa faute, non, bien sûr ; elle ne voulait pas. Elle était victime. Et il ne voulait plus être le veilleur de ses longues nuits de terreur. Il en était incapable. Physiquement et mentalement, il avait un nouveau statut à défendre pour sa vie ; pour leur vie. Il était devenu détective. Et ce maléfice dont elle était victime lui dévorait toute son énergie. Pour son bien, pour leur bien… il devait la faire soigner. Loin de lui.
« Où on est ? » avait-elle demandé d’une petite voix faible en entre-ouvrant les yeux lorsqu’il s’était garé. Il n’avait pas répondu. Il avait enlevé sa ceinture, puis la sienne. Elle avait répété sa question en le regardant faire. Un ton insistant dans la voix. Cela l’avait un peu mis en colère. « Tu ne vois pas que je fais ça pour toi ? » avait-il envie de lui répondre. Il avait ouvert sa portière, était descendu du véhicule. Elle l’avait appelé, une note de détresse maintenant, dans la voix. Elle comprenait qu’il se passait quelque chose. Dehors arrivaient déjà les deux infirmiers. En blanc. « Mon dieu, comme c’est stéréotypé », se rappelle-t-il avoir pensé en leur serrant la main. Question de politesse. Ils avaient fait le tour de la voiture, avaient ouvert sa portière à elle. Elle leur avait demandé qui ils étaient. Quand ils l’avaient forcée - doucement, certes, mais forcée quand même - à se lever, elle leur avait demandé « qu’est-ce que vous faites ? ». Puis : « Jack ? qu’est-ce qu’il se passe ? Jack ? ». Elle répétait son prénom. Peut-être pensait-elle que le simple fait de le dire encore et encore allait lui apporter du réconfort. Comme pour se dire que tout ceci était bien réel. Lorsqu’ils avaient commencé à l’emmener, en la tenant serrée entre eux deux, vers l’entrée de l’hôpital ; quand elle avait commencé à comprendre que Jack ne venait pas, ce n’était plus la détresse qui coulait de ses mots : c’était la peur. « Jack ! Jack ! Lâchez-moi ! Jack, ne me laisse pas ! ». Ils l’obligeaient à marcher droit devant elle en la tenant des deux côtés, mais elle se débattait pour tourner la tête de l’autre côté, vers Jack Olwen, qui restait immobile à côté de la voiture. Il ne la suivait pas. « Jack ! Ne me fais pas ça ! Jack ! ». Elle se débattait avec l’énergie du désespoir. Et elle était pathétique avec ce semblant d’énergie qu’elle essayait en vain d’avoir dans ses mouvements ; une énergie qui la quittait depuis qu’elle était sous l’emprise de sa folie. Les deux gorilles en blancs n’avaient aucun mal à la faire avancer. Et Jack resta un long moment encore après qu’ils furent entrés à l’intérieur. Même si ses cris n’étaient plus là, ils résonnaient encore dans sa tête.
Et dans sa mémoire. Toujours. Aujourd’hui encore.
Jack se passa une main sur les yeux. La migraine revenait.
Avait-il fait le bon choix, ce jour-là ? Il avait tenté de se dire que oui. Il avait essayé de se convaincre. C’est mieux pour elle. Elle allait être soignée. Elle irait mieux. Mais lui ? N’était-ce pas aussi, et peut-être avant tout, même s’il ne voulait pas se l’avouer, pour lui qu’il l’avait internée ? Pour reprendre sa tranquillité, pour arrêter de voir son énergie se consumer dans le mal d’une autre ? Pour ce qu’il s’en était passé par la suite, cela n’avait rien changé… Il avait passé des nuits d’insomnie à s’en vouloir, puis à se convaincre, avant de se remettre en question encore une fois. Pleurer, hésiter, se mettre en colère contre elle, même parfois. Bon sang, c’était pourtant vrai ! Il n’avait pas à assumer une telle maladie ! Qu’y pouvait-il ?
Mais le fait est qu’il n’avait jamais vraiment retrouvé un sommeil sain. Il avait repris le travail. S’était fait une clientèle, avec des efforts et de la persévérance. Il ne s’était jamais retiré cette histoire de la tête – ce n’était pas faute d’essayer, mais comment oublier sa voix chargée de peur, ce regard empli de terreur à l’idée de s’être fait trahir par celui qu’elle aimait ? Il avait vécu, simplement, à côté. Et les années étaient passées.
Jusqu’à cette affaire. Une affaire en or, d’après Nestor. Un coup de pouce pour lui, en tant qu’ancien collègue. Il avait mis la main sur un dossier non classé. Et l’avait remis à Jack. « Si tu réussis à faire le point là-dessus, c’est une autre clientèle que tu auras, crois-moi. Et plus des femmes trompées qui te demanderont de suivre leur mari pendant des jours pluvieux. Un coup à choper des pneumonies, ça. Non, mon pote, cette fois c’est la gloire. Fonce. »
Il avait foncé. Et s’était retrouvée nez à nez avec Lucia. Le cauchemar du passé. La hantise des vieux jours. Une vieille cicatrice qui se réveille, à un endroit du corps qu’on ne peut pas gratter. Une démangeaison insupportable.
Cette fois-ci, il n’avait pas eu d’autre choix : il avait rappelé Van Singhel.

Le vieux professeur avait écouté l’histoire sans dire un mot.
-   Mon pauvre ami, déclara-t-il au bout d’un temps interminable, avec beaucoup de compassion dans sa voix.
-   Voilà pourquoi, Professeur, conclut Jack d’une voix enrouée en fixant sa tasse vide. Voilà comment tout s’est passé.
-   Jack, le rassura le vieil homme en lui tapotant affectueusement le dos de la main. Vous avez cru faire ce qu’il était bon de faire. Vous le savez, et j’en suis sûr. Ne vous en voulez pas. Vous aviez les bonnes intentions.
-   Mais pas les bonnes manières de procéder.
-   Certes…
-   Où croyez-vous qu’elle soit ? Demanda Jack après un silence lourd, en relevant ses yeux cernés sur Singhel. Avez-vous une idée de ce qu’elle fait, de ce qu’elle est devenue ? Est-elle sortie de l’hôpital ?
-   Je pense effectivement qu’elle en est sortie. Mais pas de la bonne manière.
-   Comment ça ?
-   Je ne saurais vous dire exactement ce qu’elle fait, où elle est et pourquoi, ni ce qui lui est arrivée. J’ai quelques hypothèses, et pour être honnête avec vous, elles ne sont pas très bonnes. Mais sans argument valable, je ne veux pas vous faire souffrir pour rien. De grâce mon ami, veuillez me comprendre ! il faut maintenant tenter par nous-même d’avoir des réponses fiables à ces questions.
-   Croyez-vous, Professeur… qu’Olivia soit, d’une manière ou d’une autre, liée à ce qui se passe ces derniers temps ? A cette affaire que je tente d’élucider ?
Van Singhel fixa son ancien compagnon d’aventure dans les yeux.
-   Oui.
Il regarda au dehors et contempla la brume au loin qui s’épaississait au fil des heures.
-   Oui, mon ami. Je le crains fort.

*****
***

Ils s’étaient séparés sans vraiment dire quoi que ce soit. Chacun dans son coin et un coin pour chacun pour ruminer, digérer, accepter. Lena dans sa chambre, Donf dans un fauteuil, dans une grande salle en compagnie de Sephyra, qui buvait lentement un thé.
Pour elle, les dernières révélations s’étaient bien vite estompées en ce qui concernait le dramatique de l’histoire. Tous mourir… Et puis quoi encore. Non. Athem était déjà mort. Jaël également.
Mais elle était persuadée que c’était en mourant dans ce monde ci qu’elle les rejoindrait dans l’autre. Point final.
L’envers du décor. Un foutu miroir. Ce monde était faux, archi-faux, composé de lambeaux de réalité épars, additionnés ici et là, placardés sur les murs, un océan d’ondulations illusoires et un état semi-végétatif où la plupart des personnages de ce mensonge se contentaient de vivre et d’agir comme il était écrit. Sans se poser de questions. Mais la faille se trouvait là : redevenir conscient de ses mouvements, de ses questionnements.
Parce qu’une fois qu’on se demandait comment tout cela pouvait être crédible, c’était à cet instant qu’on comprenait que tout le reste était faux. Détruire ce monde ? Tant mieux. Et après ? Il n’en restait rien dès le début, de toute façon. Des glaçons friables, de la glaise à l’état pur, qu’on avait façonné patiemment pour donner forme et vie à des ombres. Et on avait fait croire à ces ombres qu’elles étaient les identités réelles de leur propriétaire.
Mensonges. Manipulations.
Sephyra ne se posait qu’une seule question : comment rejoindre l’autre monde ? Le vrai, le seul. L’unique. Celui où l’attendait tout ce qui lui était le plus cher. Elle avait une vague idée de comment elle s’était retrouvée dans celui-là. Pas de souvenir après son combat final. Tout vu. La lumière aveuglante qui les avaient submergés était la principale responsable de son altération. Elle repensa à Caëla, Seneka et aux autres. Des habitants d’une autre planète, un autre monde encore. Etaient-ils sérieux ? Etait-ce vrai ?
Existait-il encore un autre monde en plus du sien, une autre époque, d’autres coutumes, d’autres croyances ? Et si, dans la lumière, Seneka et les autres étaient repartis dans leur monde à eux, tandis que Sephyra plongeait dans ce miroir atroce et sans vie ? Il lui fallait savoir où se trouvait ce qu’ils appelaient la « Porte ». Instinctivement, elle se dit qu’elle était peut-être l’unique moyen de revenir dans la réalité.
C’était le but d’une porte, non ? Ouvrir sur un autre monde. Un chemin, une lueur.
Elle en était là de ses pensées, songeant à retrouver Lena dans sa chambre pour le lui demander, lorsqu’un garde s’approcha d’elle, visiblement inquiet et pressé. Il se courba rapidement devant elle.
-   Ma Reine, pardonnez-moi de vous déranger. Votre invitée a fait un malaise dans sa chambre.
-   Lena ? Que s’est-il passé ? demanda aussitôt Sephyra en se levant.
Derrière le garde, Donf fit de même, ayant entendu les paroles du loup.
-   Une personne s’occupait de faire le ménage dans la pièce d’à côté lorsqu’elle a entendu un bruit sourd. Quand elle est entrée dans la chambre, elle a découvert votre amie allongée par terre. Il y avait du sang, rajouta le garde avec une moue alerte.
-   Alertez le médecin immédiatement.
Le garde se courba de nouveau et repartit au trot pendant que Sephyra et Donf gagnèrent rapidement la chambre de Lena. La louve qui s’occupait de faire le ménage était encore là, au chevet. Aidée du garde, ils l’avaient allongée sur son lit. Il y avait par terre, près du lit, une petite flaque de sang presque noir, mélangé à une substance verte. De la bile.
-   Je vais nettoyer tout de suite, Madame, dit la louve en se levant immédiatement lorsque Sephyra entra la première dans la pièce.
La roussette acquiesça sans vraiment faire attention. Elle était bien trop occupée à fixer le pantalon de Lena. Il s’y trouvait une grosse tache sombre entre les jambes. La louve avait pris soin de nettoyer la commissure des lèvres de Lena. Elle avait vomi.
-   Elle a saigné de…, commença Donf en s’avançant avec Sephyra auprès du lit.
-   Apparemment.
-   Merde…
Le médecin arriva quelques minutes plus tard, un peu essoufflé. C’était un loup massif, pas corpulent mais large d’épaule, au regard dur et impénétrable. Dû à son âge et à son statut, c’était une personne respectée dans le village, et il avait cette façon directe et franche de parler sans toutefois se montrer bourru. Il hocha la tête en signe de respect pour sa Reine avant d’examiner la jeune femme allongée sur le lit. Il lui ouvrit les paupières, fit jouer une allumette devant ses yeux. Il l’ausculta ainsi rapidement, en silence.
-   Bon, le pire est passé, semble-t-il.
Il se retourna vers Sephyra et Donf.
-   Je vais devoir l’examiner un peu plus sérieusement. Ma Reine, si vous et votre ami vouliez bien sortir de la chambre le temps que je m’exécute…
-   Bien entendu.
Ils refermèrent la porte de la chambre. La louve ressortit peu de temps après eux, le museau livide. Elle s’inclina devant Sephyra puis repartit dans le couloir. Donf se laissa tomber contre un mur. Sephyra attendit en croisant les bras, visiblement plus inquiète que ce qu’elle aurait souhaité montrer.
-   Ce matin j’ai vu qu’elle n’allait pas bien, commença-t-elle. Quand elle s’est levée elle avait l’air d’avoir mal au ventre. Je lui avais dit d’aller voir notre médecin.
-   Ça devait couver depuis un petit moment. Quand tu étais à l’hôpital, j’avais discuté avec elle, sur le toit. Il me semble que pendant que nous parlions, elle se passait parfois une main sur le ventre, oui. Je n’avais pas remarqué… J’espère que ça va aller, reprit-il après un petit moment.
A ce moment-là, le médecin entrebâilla la porte.
-   Excusez-moi ma Reine. Je vais avoir besoin d’un peu plus de temps, vous feriez mieux d’aller patienter de manière plus confortable. Et voudriez-vous demander à quelqu’un de me ramener mes affaires ?
-   Bien sûr. De quoi avez-vous besoin ?
-   Des instruments gynécologiques.
« Dernière édition: Janvier 10, 2013, 11:53:02 am par Blackdoom »
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Donf : Vous êtes folles.
Rekkua : Je me demande ce que ça peut être, d'être folle, quand c'est toi qui qualifie la personne...

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*ND ça veut dire glauque en fait? ok
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*"putain ce château il est ND o_o
 
 
Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #503 le: Janvier 10, 2013, 08:31:04 pm »
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PS Zalosta : Katejina c'est un fake, comme le gâteau. *Meurs

THE KATE IS A LIE.
...M'enfin, c'était trop tentant quoi ;o; *PAN*

Allez bref, revenons à la fic, je vais faire un peu vite (compte tenu de tout ce qui a été dit précédemment par les autres... enfin bref) en précisant déjà que ça fait plais' d'avoir la suite depuis quelques semaines (et encore, une lecture progressive vaut mieux qu'un énorme pavé direct sans fin comme tu le dis >>)... j'ai été pas mal troublé par cette succession d'évènements (un peu trop brusques et directs par moment, du moins au moment où les toutes premières pages de la suite ont été postés... mais on va pas chipoter pour ça hé ^o^ *PAF*) mais tout en gardant cette oeil attentif au déroulement de la trame qui tend à donner progressivement les réponses à tout ce "ramdam" , rapprochant de plus en plus tous les "pions" essentiels, et pour ainsi dire en arriver jusqu'à l'épisode final... wait and see donc. >3>

Juste un truc quand même : la scène de destruction d'Ycanesca m'a étrangement rappellé le film "2012", du moins dans le déroulement de l'action... j'devrais p'têt changer mes préférences cinématographiques en fait...(hahaha même pas vrai, ce film reste un sacré nav*PAN*)

En bref, conclusion du chap' la semaine prochaine; en fait c'est pas si mal que ça le fait de poster régulièrement une partie par semaine, ça permet de nourrir notre petit cerveau histoire de s'imaginer toutes les probabilités quant au suivi du déroulement de l'intrigue (et même les probabilités les plus improbables... INCOMPATIBILTÉ ENTRE DEUX TERMES, WOUHOU o3O *BLAM*)

...Mine de rien (également), j'y repensais : tu prend encore des illustrations liées à la fic ? 'Fin j'te dis ça mais y'a une des scènes qui m'a tellement "inspiré" (l'intro de la partie 3 de ce chap' donc) que j'en ai fait un petit dessin (disons plutôt "croquis bien poussé" hein XD)... et si tu es d'accord je la ferai en plus "propre", m'enfin c'est toi qui a le dernier mot dans tout ça >DDDD
« Dernière édition: Janvier 11, 2013, 10:43:44 pm par Coco »
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Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #504 le: Janvier 11, 2013, 11:02:05 am »
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J'ai conscience que les événements doivent s'enchaîner brusquement depuis la reprise, vous n'étiez pas habitués à ça auparavant. Je m'en excuse.
Feurnard le dit bien : ND est trop fleuve, et il a raison. Ce récit est beaucoup trop long pour ce qu'il est au final. Et surtout, il contient beaucoup trop de personnages parasites qui n'avaient rien à foutre là pour le fil conducteur "principal" (même si j'adore les fils secondaires dans un bon roman, personnellement). Trop de quelque chose tue ce quelque chose, n'est-ce pas ?
*Soupire* Parfois je me dis qu'il faudrait que je fasse une version édulcorée des passages inutiles, pour ce forum. Mais de vous à moi... C'est un trop gros travail et j'avoue que je n'en ai pas la motivation...

Enfin en tout cas merci, Coco, c'était un super commentaire que tu m'as pondu !
Une analyse intéressante, qui va dans le bon sens sans creuser trop loin... tu fais bien car à mon avis, personne ne pourra jamais deviner le final d'une histoire aussi compliquée :'D (et ce n'est pas par vantardise, mais par honte que je dis ça : je voulais au départ écrire quelque chose qui pourrait faire comprendre aux plus attentifs ce qui se passerait à la fin ; j'ai échoué).

Bref je te réponds tout de suite sans attendre pour te dire que oui, je prends toujours les petits dessins qui me font toujours aussi plaisir ! N'hésite pas à me filer ce que tu as, dans une forme ou dans une autre, qu'importe, toi seul est inspiré : )
Entend par là que je ne te demanderai pas de le faire en couleurs ou quoi que ce soit, c'est à toi de voir, pour résumer. Je suis déjà suffisamment content que ce que j'écris puisse t'inspirer !
Je vous réserve d'ailleurs une bonne surprise pour la fin de ce récit concernant également tous ces dessins, parce que oui, mine de rien, y en a quand même un sacret paquet maintenant !

Si vous voulez faire partie des crédits, à vos crayons ! *Meurs
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Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #505 le: Janvier 19, 2013, 09:33:14 pm »
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  • Donfy
Désolé pour le petit retard, je passe en vitesse vous poster la suite !
Donc suite et fin du chapitre 34, enfin ! Je vous laisse savourer, pour ma part je retourne somnoler dans mon petit week-end sagement mérité.
Bonne lecture, et à la semaine prochaine !






Ils attendirent de longues minutes, en silence. L’après-midi touchait à sa fin, et avec la saison, le soleil se couchait de plus en plus tôt. Le ciel se colorait d’orange lorsque le médecin revint en s’essuyant les mains dans un mouchoir. Il venait de se les laver.
-   Le pire est passé, dit-il directement. Je me suis occupé du plus grave.
Il tendit une petite feuille à Sephyra ainsi que quelques boîtes de médicaments.
-   Vous devriez demander à quelqu’un de s’occuper d’elle pour le traitement, je vous ai noté les doses et les heures sur le papier. Et il faudrait que cette personne passe régulièrement dans la chambre s’assurer que tout va bien.
-   Que s’est-il passé exactement ? Demanda Sephyra.
-   Hémorragie vaginale. Elle a attrapé une sale infection.
-   Comment ?
-   Je ne pourrais pas le dire. Il y a beaucoup de moyen pour qu’une femme soit atteinte d’une infection de ce niveau. Toilettes publiques, mauvaise hygiène corporelle, rapports sexuels… Toujours est-il que ça couvait depuis un moment. Elle devait souffrir depuis quelques temps, mais elle n’a rien fait. Ça s’est empiré. Et ça a donné ce qu’il s’est passé.
-   Et… donc, reprit Donf, vous avez fait ce qu’il fallait ? Il n’y a plus de problèmes ?
-   Je ne suis pas gynécologue, lui répondit le médecin en se tournant vers lui, mais j’ai fait le nécessaire. Je ne pense pas qu’il y aura de nouvelle hémorragie. Le vomissement est dû à la forte nausée qui a accompagné la perte soudaine de sang et enclenché également la perte de connaissance. Ce qu’il faut voir maintenant, c’est l’état de l’infection.
-   En prenant ces médicaments, cela la combattra ? s’assura Sephyra.
-   Normalement, oui. Je vous ai donné de quoi combattre la fièvre et les vomissements, et une gélule pour l’infection en elle-même. Si elle n’est pas très grave, le médicament suffira. Sinon…
-   Il lui faudra voir un spécialiste, conclut Donf.
-   Exactement.
Sephyra remercia le médecin avant qu’il ne prenne congé, ses instruments rassemblés dans une petite sacoche. Elle et Donf se rendirent au chevet de Lena. La roussette posa une main sur le front de la jeune femme, qui dormait profondément.
-   Elle a encore un peu de fièvre.
-   C’est normal, répondit-il. Tu sais, ce dont on a parlé tout à l’heure.
-   Oui.
-   Elle a raison.
-   Comment ça ?
-   On aurait rien pu faire.
Sephyra le laissa continuer. Elle sentait qu’il en avait besoin.
-   On aurait rien changé au fond. On ne peut changer les mentalités en tuant simplement ceux qui font le mal, sans signer aucun acte. Il aurait au moins fallu que nous soyons connus, que nos actions fassent la une des journaux. Là, les criminels auraient pu avoir peur qu’on leur tombe dessus. Et encore… Nous n’étions pas assez nombreux, de toute façon. Lena a raison.
-   Vous avez essayé de rendre ce monde meilleur. Vous avez au moins tenté quelque chose. C’est mieux que de ne rien faire et de se tourner les pouces en attendant que les choses viennent d’elles-mêmes.
-   Oui. J’ai réfléchi à autre chose, aussi. Sur Lena.
Donf s’assit sur la chaise, au chevet du lit. Il s’avança vers Sephyra, sur la confidence.
-   De ce que je sais et de ce qu’elle nous a raconté… Sephyra, tu es certaine que tu n’as pas de sœur ?
-   Sûre. Je n’en ai aucun souvenir. Et c’est Zalosta qui m’a secourue des flammes lorsqu’Euresias a été attaquée. Elle m’a assuré qu’il n’y avait personne d’autre à mes côtés. Pas d’enfant.
-   Zalosta… ? Notre Zalosta ?
-   Oui. Elle n’est pas… « normale », dirons-nous.
-   Oui, ça je le savais déjà, mais de là à… Enfin bref. Donc, tu es vraiment certaine de ne pas avoir de sœur.
Sephyra acquiesça une ultime fois, sûre d’elle. Donf jeta un coup d’œil à Lena, qui semblait dormir à poings fermés.
-   Sephyra, écoute. Je pense que Lena n’existe pas.
-   Quoi… ?
-   Tu l’as entendue. On a créé ses souvenirs. On l’a manipulée pour qu’elle te tue.
-   Et pourquoi elle n’existerait pas ? Elle est bien là, sous nos yeux. Il y a même son sang à côté de tes pieds. Elle est bien vivante.
-   Je parle de son identité. Elle m’a raconté qui elle était. Le corps que tu vois ne lui appartient pas, Sephyra. C’est celui d’une autre femme.
Sephyra se prit le museau d’une main.
-   Attend, mais qu’est-ce que tu me racontes, là…
-   Je t’assure que c’est ce qu’elle m’a raconté. L’autre femme s’appelle Olivia, et elle, elle est bien humaine, bien vivante. C’est elle qui est venue me parler hier soir. Pas Lena. Olivia.
-   Schizophrène ?
-   Ça dépasse la maladie. Non, écoute. L’esprit de Lena, ou ce qui fait en tout cas l’essence de l’identité appelée Lena, vient d’une invocation, ou d’un truc du genre. Olivia m’a raconté qu’on l’avait faite participer à un rituel, où elle était allongée par terre, nue, dans la nuit. Des gens l’entouraient.
-   Ils ont créé une identité ? Mais… C’est impossible !
-   Pourtant c’est ce qu’il semble. Ecoute-moi jusqu’au bout : Olivia m’a dit que lorsqu’elle était allongée, il y avait de l’herbe partout. Et un peu plus loin des arbres brûlés. Calcinés, Sephyra. Un incendie, ça ne te rappelle rien ?
-   Euresias… ?
-   Ce serait une des réponses pour lesquelles elle se prendrait pour ta sœur. Ils ont peut-être réussi, par un moyen un peu ésotérique, à amener des ressentis, des souvenirs, des images vécues par une roussette avant l’attaque de votre île.
-   Nom de Dieu…, jura Sephyra. Non, attend… Ça ne colle pas. Lena – ou Olivia, n’importe -, elle a des ailes, Donf. Je les ai vus sortir de son dos. De vraies ailes de roussette, de vrais os, pas en plastiques, eux non plus. Et elle vole avec. Elle vole même très bien.
-   Une malformation, peut-être… Non, une malformation n’irait pas jusqu’à construire des ailes. Encore moins à un point où elles fonctionneraient. Peut-être que lors de ce rituel ils ont fait plus que de ramener des souvenirs…
-   J’ai du mal à y croire.
-   Pourtant crois-moi, il y a bien deux esprits distincts dans ce corps. Elles ont chacune leur propre voix et leurs propres ressentis.
-   La schizophrénie est une maladie scientifique, Donf.
-   Qui ne va pas jusqu’à moduler le timbre vocal à ce point. Ça, ce n’est pas scientifique, Sephyra.
-   Dans tous les cas, tu penses donc que la personne qui s’appelle Lena n’existe pas.
-   Dans le sens où aucun corps ne lui appartient sur cette terre, et où ses souvenirs sont de pures inventions, oui. Lena n’existe pas. Parce qu’elle n’a jamais existé.

Il y eut un silence où ils regardèrent tous deux la dénommée Lena. Elle ne bougeait pas.
-   Donf, Il faut que je te parle de quelque chose, moi aussi.
-   Je t’écoute.
Sephyra s’assit doucement sur le matelas, à côté de Lena. Elle lui jeta quelques coups d’œil de temps en temps, en parlant.
-   J’ai vécu beaucoup de choses entre-deux. Tu sais, l’introspection dont elle parlait.
-   Oui. Le truc qui vous a fait revivre des souvenirs.
-   Voilà. Ça, et des rêves. Mais ce n’était pas que des rêves. Je pense que c’était une sorte d’intuition. Un message caché, qui ne pouvait se faire que dans un rêve.
-   Au moment où tu étais inconsciente.
-   Oui. Tout ça fait que j’ai aujourd’hui ma propre idée sur ce qu’il se passe. Un truc encore plus important que ce que Lena nous a appris tout à l’heure.
-   A quoi est-ce que tu penses ? demanda Donf en fronçant les sourcils.
Sephyra prit une bonne inspiration avant de se lancer ; elle le devait. Il pouvait la prendre pour une folle complète si elle ne lui expliquait pas en bons termes ce que ce monde lui inspirait.
-   Je pense que ce monde est faux, Donf.
Elle le regarda, guettant un sourire, une grimace, une lueur dans les yeux, une étincelle dans le regard ; quelque chose, n’importe quoi qui montrerait qu’il prenait en considération ce qu’elle venait de dire. A la place, elle ne lut en lui que l’initiative qu’il lui donnait de continuer. « Je ne peux pas juger sur si peu de choses », semblait dire son regard. « Va au bout de tes pensées, et je te dirai ce que j’en penserai.
-   Comme je te le disais, durant l’introspection – appelons cela comme ça – et mes « rêves », j’ai vécu et entendu beaucoup de choses qui le prouvent. Je me suis vue dormir, tranquillement, sur un lit, seule. Avec l’impression que personne d’autre que moi ne pouvait me réveiller. Une voix durant l’introspection m’a raconté que la plupart des choses étaient fausses également, depuis la fin de la guerre. Nelson a été jugé, c’est bien ça ?
-   Oui. Jugé et condamné à mort par le peloton d’exécution.
-   Au début, avant cette introspection, je pensais y avoir assisté. Je pensais être revenue à Anethie, m’être mariée à Athem. La voix m’a fait comprendre que tout n’était qu’une illusion. La bague est fausse, les souvenirs sont faux. Je ne suis jamais revenue, Donf !
Sur ces mots, le  jeune homme se leva, chercha dans la poche arrière de son jean et en retira l’alliance. Il la prit entre deux doigts et la montra à Sephyra.
-   Donc, ça, c’est faux ?
-   Oui.
-   Pourtant elle n’est pas en plastique.
-   Tout a été calculé, Donf. On m’a manipulée pour que je croie à toute cette histoire. Elle est peut-être en or, cette bague, ça ne change rien. Je ne me suis jamais mariée. Je n’en ai aucun souvenir !
-   Et quel est le lien entre tes souvenirs manipulés et le fait que ce monde soit faux ?
-   Je l’ai compris pendant ces rêves. C’était en plusieurs étapes, si tu veux. On m’a montré, palier après palier, que tout n’était que mensonge. De mon histoire, pour commencer, jusqu’à la réalité de ce monde.
Donf se leva. « Suis-moi », dit-il. Ils quittèrent la chambre et sortirent du palais.

Le jeune homme l’amena jusqu’à la tombe d’Athem et de Jaël. Il lui montra plus précisément cette dernière.
-   Avant la fin de la guerre, est-ce que cet enfant était déjà né ?
-   Non, répondit Sephyra en percevant ce que Donf voulait lui faire comprendre. Mais…
-   Donc il est né après la fin de la guerre.
-   … Oui…
-   Tu es sûre qu’il s’agit de ton enfant ?
-   Oui.
-   Il ne s’agit pas d’un enfant qu’Athem aurait eu avec une autre… ?
-   Non. Il n’aurait jamais fait ça.
Quand elle prononça ces paroles, elle imagina ses conséquences et cru perdre pied un instant. Elle était partie pendant un long moment. Et si Athem, pendant ce temps, était tombé amoureux d’une autre…
-   Non. C’est mon enfant, asséna Sephyra en secouant le museau.
Son instinct maternel le savait.
-   Bien, reprit Donf. Donc, tu es forcément revenue après la fin de la guerre pour le concevoir, Sephyra. Je ne vois pas d’autre explication, termina-t-il d’une voix plus douce.
La roussette resta silencieuse. Elle savait quoi en penser : Donf ne la croyait pas. C’était acquis. Elle était sûre de ce qu’elle pensait, il n’y avait pas d’autre moyen. Et si ce n’était qu’une question de conception, alors Jaël n’existait pas non plus. Ce n’était qu’un leurre. Sa tombe pouvait être fausse. Pour l’induire en erreur.
-   Viens, rentrons, l’intima le jeune homme en lui massant affectueusement l’épaule.
Elle le suivit sans démordre de son idée. Tant pis, elle éclaircirait tout ça sans lui. Ce qui lui importait, c’était de retrouver son chez-elle réconfortant, en compagnie de son mari.
Et elle ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour y arriver.

*****
***

Plus de la moitié de la ville d’Yvanesca avait été réduite en morceaux après le passage de l’immense vague. Cette dernière était encore entièrement congelée sur plusieurs centaines de mètres, le long de la ville, et bloquait la vue de l’horizon.
-   C’est du beau travail, reconnut Zalosta en s’approchant du petit groupe.
La fumée du portail se distordit derrière elle. Elle rejoignit en quelques pas ses deux compagnons : Kane, et un inconnu qui portait sa capuche sur la tête. L’ambiance était irréelle, presque magique, avec cette vague entièrement glacée qui surplombait le reste de la ville intacte en pleine nuit – presque le petit matin.
Kane hocha la tête.
-   D’autres villes n’ont pas eu cette chance, expliqua-t-il de sa voix grave et lente.
-   L’ouragan sur le troisième continent ? acquiesça Zalosta.
-   Et le volcan de Piémont sur le premier. Plusieurs centaines de victimes.
-   Ce n’est pas comme si vous ne l’aviez pas souhaité.
L’échidné et l’inconnu gardèrent le silence. Ils contemplèrent quelques instants l’immense vague qui les surplombait.
Le petit groupe s’était donné rendez-vous sur le toit d’une grande surface commerciale, un des rares grands bâtiments qui avaient échappé à la folie destructrice de la nature. Car de ceux qui avaient survécu à la pression de l’eau, certains étaient encore tombés en morceaux par l’amplitude du tremblement qui avait secoué la terre. Yvanesca n’était pas censée connaître ce genre de catastrophe, et de ce fait, la plupart des bâtiments n’étaient pas construits dans le but de survivre à un tremblement de terre.
-   Où est le renard ? demanda subitement Kane.
-   Il a atterri derrière la chaîne d’Helem. De là il a gagné Sya, et il a passé la journée en train pour gagner Helem. En ce moment il tente de rejoindre Anethie à pieds. Savez-vous combien de temps nous reste-t-il avant la fin ? reprit Zalosta.
-   Non, répondit Kane. Personne ne sait. Chaque jour peut être le dernier que nous vivons.
-   Et puisque nous touchons au but, ne serait-il pas temps de tomber les masques, cher inconnu ?
Zalosta se tourna vers l’encapuchonné avec un sourire cynique.
-   Mais tu sais déjà qui je suis, Zalosta.
Une voix douce. Le sourire de la hérissonne disparut. Elle connaissait cette voix. L’inconnu – ou plutôt l’inconnue – rabattit sa capuche et dévoila son museau.
-   Eska… ?
Zalosta la fixa, ébranlée. Cette rencontre du passé raviva en elle bien des souvenirs dont elle croyait que le temps s’était chargé d’effacer lentement et consciencieusement.
-   Ce n’est pas possible, répliqua-t-elle tout bas. Tu es morte.
-   En effet.
La hérissonne eut du mal à détacher son regard de la chatte pour se retourner vers Kane.
-   Qu’avez-vous fait ? lui demanda-t-elle le ton chargé de reproches.
-   Pour elle en particulier ? Rien.
-   Ne mentez pas. Qu’avez-vous fait, Kane.
-   Il te dit la vérité, Zalosta, reprit cette fois Eska.
Elle vint se placer près de l’échidné. Ses yeux reflétaient une réelle sincérité. Zalosta s’avança lentement vers elle et, timidement, approcha sa main de son museau. Eska prit sa main dans la sienne et lui fit toucher sa courte fourrure.
-   Tu es bien réelle…, commenta simplement Zalosta d’une voix triste.
-   Non. Non, Zalosta, je ne suis pas réelle.
-   Mais je peux te toucher, te voir, te sentir. Tu es là, Eska ! Je n’arrive pas à le croire.
La hérissonne tomba dans les bras de son amie. La chatte lui caressa doucement les cheveux.
-   Mais si tu es là, est-ce que Hood…, commença Zalosta.
-   Non.
Eska fixa durement la hérissonne. De manière maternelle.
-   Ecoute-moi, Zalosta. Tu sais ce que ça sous-entend, n’est-ce pas, si je ne suis pas réelle ?
-   Mais…
-   Non. Tu es seule. Depuis ce jour, tu l’es, et tu l’es restée. Aujourd’hui encore.
-   Ne dis pas ça, tu es là !
-   Je ne suis qu’un souvenir, ma Zalo, renchérit Eska d’une voix douce, avec un sourire triste.
Elle continuait de lui caresser les cheveux. Zalosta lui retira sa main d’un geste sec. Ses yeux étaient brillants. Elle fixa Eska, puis Kane.
-   Pourquoi avez-vous fait ça ? demanda-t-elle, pleine de reproches.
-   Il te manquait une pièce du puzzle.
La hérissonne baissa les yeux.
-   Eska n’est pas réelle, marmonna-t-elle. Alors ce monde…
-   Oui, affirma Kane. C’est pour ça. Tout doit rentrer dans l’ordre, maintenant.
Zalosta regarda à nouveau Eska. Telle qu’elle était, cette fois : un vestige, et rien d’autre.
-   La vraie Eska ne se souviendra jamais que nous nous sommes à nouveau rencontrées.
-   Non, admit la chatte.
Elle s’avança et prit la main de Zalosta dans les siennes.
-   Mais il faut que tu saches que Hood et moi n’avons jamais regretté ce que nous avons fait. Une partie de nous continue de vivre avec toi, Zalosta.
-   Comment… comment ça s’est passé. Je veux dire, après.
-   Ils nous ont rattrapés juste après. Nous avons été jugés, comme c’était censé se passer. Mais nous sommes partis le sourire aux lèvres en sachant que toi, au moins, tu t’en étais sortie. Nous avions fait ça pour toi, pour nous. C’était notre vengeance sur leur système.
-   Vous êtes morts par ma faute.
-   Avec ou sans toi, nous aurions été jugés, Zalosta. Tu le sais très bien.
-   Vous êtes morts sans moi…
-   Et nous restons à tes côtés. Depuis toujours.
Zalosta ferma les yeux. Elle avait envie de fondre en larmes dans les bras de son ancienne et éternelle amie. De lui dire, paroles gorgées de larmes qu’elle avait tant d’années retenues, combien ils lui manquaient. Combien elle se sentait seule depuis. Combien elle en souffrait.
Elle aurait préférée mourir avec eux.
Mais cette Eska n’était qu’un mirage. Ses paroles étaient creuses. Tout ce qui faisait sa personne n’était qu’un tour de magie, tout ce qu’elles se disaient n’était que dialogue de sourd.
Car rien ne resterait, dans cette histoire ; celle du temps.
Elle retira doucement sa main de celles d’Eska.
-   Tu sais maintenant ce qu’il te reste à faire, lui dit Kane.
Zalosta hocha la tête.
-   Tu sais pourquoi tu dois le faire.
-   Oui…
Un portail d’ombre s’ouvrit derrière elle. Elle regardait Eska.
-   Même si rien ne restera de tout ça dans l’histoire en générale et dans la mienne, ce qu’il se passe actuellement restera gravée en toi, Zalosta.
-   Alors faisons ce que nous n’avons pas pu faire avant.
-   Adieu, Zalo, prononça simplement Eska avec son sourire bien à elle.
La hérissonne écrasa une larme. C’était ce visage qu’elle avait toujours retenu d’elle. Si seulement…
-   Adieu, Eska.
Si seulement nous pouvions remonter le temps…
-   Et passe le bonjour à ce crétin de Hood, lança-t-elle avant de se retourner définitivement sur le passé.
Si seulement nous pouvions revivre pour toujours nos bons moments.
Elle entra dans le portail qui se referma sur elle.
Et si seulement en terminant tout ça…

… nous pouvions nous retrouver tous les trois.
La fumée s’échappa dans les airs. Elle ouvrit les yeux. Une larme glissa sur sa joue, se glaça dans la chute et se brisa sur le sol gelé, sous ses pieds.
Devant elle se trouvaient Saïko et Joshua, tous deux surpris. Mais ce n’était pas eux qu’elle regardait. C’était les conséquences qui se trouvaient derrière, et devant. Un souvenir du futur.
-   Désolée, murmura-t-elle.
Dans ses yeux s’alluma la lueur rose. Ses longs pics se levèrent les uns après les autres derrière elle.
-   Cette fois-ci, c’est vraiment personnel.









Je suis invisible mais on me voit.
Je suis immatériel mais on me touche.
Enfin je peux incarner la plus belle chose de ce monde comme la plus cruelle.
Que suis-je ?


l’Amour.
Ad Lunam
« Dernière édition: Janvier 19, 2013, 09:39:09 pm par Blackdoom »
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Donf : Vous êtes folles.
Rekkua : Je me demande ce que ça peut être, d'être folle, quand c'est toi qui qualifie la personne...

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*ND ça veut dire glauque en fait? ok
Niark! :] :
*"putain ce château il est ND o_o
 
 
Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #506 le: Février 25, 2013, 07:13:18 am »
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Je sais que je n'ai pas commenté la fin du chapitre 34, désolé, je ne commente pas souvent. Cela ne veut pas dire que je ne lis pas hein, j'ai même une notif par mail pour me dire quand il y a de nouveau sur ce sujet. Et d'ailleurs, ça fait un bon mois que j'en ai pas reçu, de notif. Du coup, je viens demander : elle arrive bientôt cette suite ? :p
C'est pas que ça fait quelques années qu'on attend, mais le coup du retour pour poster 1 chapitre et repartir 3 mois, ça a déjà été fait ici hein ! Fait un peu dans l'original, fait quelque chose de complètement fou et inédit sur ce forum : finit ta fic (*se prend des patates dans laggle par tout ceux qui ont finit leurs fics Xd*).

Non sérieusement Donf, je ne sais pas si c'est les critiques un peu sèches que tu as reçu à ton retour qui font qu'on ne te voit plus depuis 1 mois, ou si c'est juste le manque de temps, mais bon, malgré les critiques, personnellement, j'aimerai beaucoup avoir la fin de ND, et je ne pense pas être le seul.
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Sephyra n'est pas plate !

Et si tu veux vérifier, demande Dieu au 8 200 200 !
 
 
Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #507 le: Mai 29, 2013, 12:10:00 pm »
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Et bien, la voilà, la fin de cette fic.
Une bonne fois pour toute.
4 Chapitres, et un épilogue.

Ah, au fait, désolé pour les double-posts.
J'en aurais certainement fait beaucoup moins, s'ils n'avaient pas été limités à si peu de signes dans la section fanfic. Depuis le temps que je le dis...










Donf retira ses lunettes et les posa sur la table de chevet. La lampe était éteinte. Il se trouvait dans la pénombre de sa chambre, les mains moites, tremblants de tous ses membres. Il avait chaud et froid en même temps, et ressentait un léger mais tenace mal de crâne au niveau du front. Il était fébrile ; des étoiles dansaient devant son champ de vision. Elles étaient de plus en plus nombreuses au fil du temps.
Son cœur battait irrégulièrement. Parfois presque plus, le privant d’air ; il manquait de suffoquer à ce moment-là. Parfois très vite, et dans ce cas là une bouffée de chaleur lui donnait de l’hyperventilation. Que ce soit l’un ou l’autre, il s’obligeait à se calmer, à respirer convenablement et à se concentrer sur son rythme cardiaque. « Calme-toi, là, doucement… ».
Mais ce soir, rien n’y faisait. Et il savait au fond de lui ce que cela voulait dire.
Fébrile, donc, il rassembla ses maigres affaires. Il laissa ses lunettes et l’alliance de Sephyra sur la table de chevet. Puis il sortit.
Les couloirs ne semblaient plus être rigides : ils se contorsionnaient sur eux-mêmes, se tordaient comme du chewing-gum à son passage. Donf était obligé d’avancer à tâtons, essoufflé, une main sur un mur pour assurer son équilibre. Son cœur tambourinait. Il avait peur de tomber sur quelqu’un, mais il ne croisa personne. Il sortit du palais sous la pâle lumière d’une demi-lune au croissant rougeâtre.
Il évita le chemin principal bordé de braseros et choisit de passer par derrière les petites habitations précaires, dans le noir. Il regagna la forêt en courant presque, une main au niveau du cœur, craignant qu’on ne le surprenne. Chaque petite foulée lui arrachait une plainte sourde.
Il gagna la forêt sans avoir été vu par personne. Soulagé, il prit quelques minutes pour reprendre son souffle, adossé à un tronc. Mais son cœur ne tarissait pas d’efforts malsains pour le faire souffrir. Comprenant qu’il n’arriverait plus, dorénavant, à reprendre un rythme normal, il grogna – de colère et de peur – puis s’engouffra entre les grands arbres.
Ces derniers offraient un couvert parfait. Encore touffus malgré l’époque de l’année, et surtout rapprochés et massifs. Donf se sentait seul dans le noir, perdu dans l’obscurité. Et c’était exactement ce qu’il recherchait.
Il marcha très lentement pendant plusieurs minutes, en aveugle. La lumière était inexistante et il avançait à tâtons. Lorsqu’il se sentit suffisamment éloigné, il s’adossa à un tronc et sortit son téléphone portable ainsi qu’un petit bout de papier.
C’était celui que lui avait donné Nathalie. Avant que tout cela n’arrive. A cette pensée, son cœur se serra un peu plus et il réprima un frisson de tristesse autant que de souffrance. Il tapa sur son clavier tactile les dix chiffres qui étaient écrits.
Et il hésita. Si jamais ce n’était pas le bon ? Tout ça pour rien ? Et si c’était le bon, quoi dire ? Ne l’enverrait-elle pas se faire voir ? Après tout il l’avait laissé sans nouvelles depuis tant d’années…
Pas maintenant.
Son cœur cognait de plus en plus fort. Il avait du mal à garder un souffle correct. Il devait faire vite.
J’ai suffisamment été lâche.
Il tapa sur l’icône d’appel.

« Oui ? »
Sa bouche s’ouvrit mais sa gorge était coincée. Une émotion étrange lui étreignait le cœur. « Allô ? Répéta la voix féminine au téléphone.
-   Bonjour Ethel, parvint finalement à répondre le jeune homme dans un souffle mesuré. »
Court silence au combiné. « Donf… ?
-   Ça faisait un bail, pas vrai ?
-   Donf, mais… Mais putain ! Je me faisais un sang d’encre pour toi ! Tu imagines depuis combien de temps tu m’as laissé sans nouvelles ?! J’ai appelé plusieurs fois chez ta sœur, mais même eux ne savaient rien ! »
A l’élocution de Nathalie, le cœur de Donf se serra. Il réprima un frisson alors qu’un sanglot lui obstrua la gorge. Il se força à rire doucement. Sans joie. « Je savais bien que j’allais me faire engueuler un jour ou l’autre…
-   J’espère bien oui. Si t’étais là je t’en foutrais une !
-   Je l’aurais sûrement mérité…
-   Tu es sûr que ça va ? Tu as l’air essoufflé… ?
-   Oui, ça va je t’assure, mentit le jeune homme en se passant furtivement un revers de main sur la bouche. Et toi, tu te trouves où ? Tu as vu les infos ?
-   Oui, c’est horrible ce qui se passe en ce moment. J’étais en train de préparer quelques bagages pour rejoindre mes parents, le temps que ça se calme. »
Le temps que ça se calme, hein… ?
Donf souffla discrètement. « Ecoute, je pense que ça va pas aller en s’arrangeant pour l’instant.
-   Quoi ?
-   Il faut impérativement que tu prennes de quoi vivre et te réfugier pour le moment. Evite de sortir surtout, et ne parle à personne.
-   Attend, de quoi tu…
-   La panique gangrène les gens et sème la folie sur la foule. Il faut à tout prix que tu évites les regroupements, quels qu’ils soient, tu m’as compris ?
-   Euh oui, mais… »
A ce moment-là, une jeune fille interrompit Ethel dans le combiné. Elle demanda de sa petite voix qui était-ce au téléphone, sans avoir l’air très rassurée. Le cœur de Donf s’arrêta de battre une seconde. Dans le même temps, les larmes lui montèrent automatiquement aux yeux, car il ne lui fallut pas plus longtemps pour comprendre et pour voir en un éclair ce qui s’était passé dans leur vie, dans sa vie à elle le temps de ces quelques années.
Alors il comprit qu’il l’avait perdue. Qu’il avait toujours vécu dans l’espoir un jour de la retrouver, de rire à nouveau avec elle, et de l’embrasser après le repas au restaurant lors de leurs retrouvailles. Parce que c’était dans l’ordre des choses. Le naturel n’avait pas d’autre manière d’être, il n’était fait que pour l’aimer, elle. « Maman, c’est papa ?
-   Non, ma chérie. Va t’asseoir sur le canapé, je reviens… »
Il ne put réprimer le sanglot qui sortit des tréfonds de son cœur, cette fois. Il s’en voulut tout de suite et baissa les yeux en se prenant la tête de sa main libre, essuyant maladroitement les larmes qui inondaient son visage. Il renifla. « Donf… ?
-   Non, je… ça va, je t’assure… c’est juste…
Il releva la tête, souffla un coup et renifla discrètement alors que ses larmes ne cessaient de dégouliner. Puis, à sa propre surprise et sans s’y attendre, il éclata brusquement de rire. Un rire franc et bruyant. Un rire qui relâche toutes les peines sans les faire oublier. Simplement pour les concrétiser. « Euh… Donf… ?
-   Ca va aller ! S’exclama le jeune homme entre deux excès d’hilarité. Désolé, c’est juste que… Je suis content pour toi. »
Il sourit et deux perles glissèrent sur ses commissures. Un goût salé imprégna ses lèvres. Son cœur se révolta alors et il se cambra en avant, ses jambes s’arc-boutant sous l’effet de la douleur. Il glissa lentement contre le tronc pour finir les fesses par terre. En serrant les dents, il réussit à ne pas laisser passer son gémissement. « Oui…, reprit-il en se forçant à sourire. Vraiment heureux. Et puis, moi aussi j’ai une bonne nouvelle. »
Il releva la tête en mettant de côté juste un instant ses douleurs vivaces, et regarda le ciel nocturnes à travers les branches qui semblaient flotter doucement de droite à gauche au-dessus de sa tête, comme un rempart bienveillant. Il réussit à sourire et ferma les yeux pour s’imprégner de ce court instant de paix et d’acceptation. « J’ai finalement pris la décision d’arrêter de fumer.
-   C’est super ! Je suis vraiment contente, Donf, depuis le temps… C’est génial, vraiment, que tu ais pris cette décision.
-   Oui. Je vais arrêter définitivement…
-   Je suis contente d’entendre ça.
-   Et moi je suis content de t’avoir eu au téléphone ce soir. »
Nouveau coup. Il s’affaissa doucement sur le côté. Son cœur battait de moins en moins vite. Et chaque battement lui arrachait une souffrance. « Moi aussi. Je suis soulagée d’avoir pu te parler, ça faisait tellement longtemps… Je ne veux plus que tu me laisses sans nouvelles comme tu l’as fait. Tu es important pour moi, Donf, même après tout ce qui nous a séparés.
-   Je suis désolé, souffla-t-il
-   Il faut que je te laisse, je dois encore rassembler quelques affaires.
-   Je vais devoir y aller aussi…
-   Ecoute-moi, je veux à tout prix que tu m’appelles demain, d’accord ? Je me fous de l’heure, mais je veux que tu appelles.
-   Ok…
-   Promis ?
-   Promis. »
J’ai toujours été le roi des promesses non tenues.
« Je vais te laisser, répéta-t-elle d’une voix plus douce.
-   Oui. »
J’aurais voulu te dire que je t’aimais, mais finalement ce n’était peut-être pas une bonne idée, tu as raison.
« Passe une bonne nuit.
-   Toi aussi. »
C’est dommage… On s’est loupés dans cette vie-là.
« A demain, Donf.
-   Fais de beaux rêves, Ethel… »
Mon dernier vœu, maintenant, c’est qu’on ait une chance de rattraper le temps perdu…
Sa main glissa lentement le long de sa joue froide. Le téléphone tomba à terre, à côté. Il avait refermé les yeux depuis un moment déjà. Son dernier souffle forma une pellicule de buée à peine palpable.
… dans une autre vie.

C’est un des gardes, lors de sa ronde, qui tomba sur le corps le premier. Il partit chercher de l’aide et ramena le jeune homme. On réveilla la Reine ; qui ne dormait pas vraiment. Sephyra ramassa le téléphone portable et ordonna qu’on inhume l’ancien cuisinier dans les règles du village. Immédiatement. Ce qui laissa les gardes perplexes ; on n’enterrait pas d’inconnus parmi ceux d’Anethie. Mais c’était un ami et un ordre de la Reine. Point.
Y assistèrent seulement Luna, qui s’occupa de la coordination des mouvements - la creusée du trou, la portée du corps, et bien évidemment le recouvrage définitif – et Sephyra. Lena dormait encore, victime de son mal. La roussette remarqua alors combien la mort pouvait être cruelle dans son œuvre. Après avoir assisté au décès de sa sœur et de son beau-frère, Donf, qu’on recouvrait lentement de terre depuis son lit de mort naturel, était entouré de personnes ne le connaissant que très peu ; voire pas du tout. Elle dût bien se rendre compte elle-même qu’elle ne savait pas grand-chose de lui.
« Je fume… Depuis le jour où j’ai perdu une amie. »
Ses paroles lui revinrent subitement en mémoire. Elle eut une image de lui, fumant sur le perron du chalet. Et il lui sembla que des années étaient passées depuis.
« Je sais qu’on est encore ensemble, quelque part. On ne s’est jamais oubliés. Savoir qu’elle se bat au quotidien sous le même ciel que le mien, ça me suffit… »
Sephyra releva lentement les yeux. Elle eut le temps de voir une toute dernière fois, à la lueur des torches, le visage de son ami. Comme s’il dormait. La seconde d’après, un monceau de terre le recouvrait. Pour toujours. Elle regarda le téléphone portable qu’elle tenait dans une main, et porta délicatement cette dernière sur sa poitrine. Une foule d’images, de sons, de voix et d’odeurs lui revinrent en mémoire.
« Ah ! … C’est une poitrine ? »
« Donf, ne profite pas du fait que je t’ai planté pour aller mater !
Pas de problème, pour ce qu’il y a à mater, de toute façon… »

Sephyra ferma les yeux.
Tu avais peut-être raison, finalement.
Elle sera le poing tout contre son cœur.
Ma poitrine est plate. Parce que mon cœur n’y bat plus. Je suis désolée… Tu as attendu toute ta vie qu’elle revienne. Mais je ne suis plus capable de verser une larme.
Même pour elle.
Même pour toi.


Sur un autre continent, dans une maison en bordure de route, plus précisément dans le salon de cette maison ; sur la cheminée trônaient quelques photos. Une femme et sa petite fille dans les bras, ou bien la même jeune femme dans les bras d’un homme ; ou encore en compagnie d’autres personnes, des amis ou de la famille. Mais il y avait également une autre photo, un autre cadre. Un peu plus poussiéreux, et derrière tous les autres. Un peu caché.
La photo d’une jeune fille avant d’être femme, et d’un jeune garçon avant d’être un homme. Lui la pointant du doigt, le visage moqueur, elle faisant la moue en regardant son tee-shirt tâché de la glace qui avait coulé dessus.
Un souvenir d’antan qui avait peut-être pris la poussière sur le verre qui le protégeait de l’oubli, mais qui n’avait pas pris une ride dans la mémoire des deux destins aux chemins qui s’étaient croisés, une fois, par hasard.
Le temps d’une vie.

*****
***

Viktor jeta un coup d’œil à sa montre. Ils avaient roulé pendant plus de trois heures, et à vive allure. C’est ce qui leur avait permis d’atteindre Glanys aussi vite.
Ou tout du moins ce qu’il en restait.
Sous leurs yeux, à quelques centaines de mètres, s’étalaient les ruines fumantes de l’ancienne ville de Glanys. La fumée s’élevait haut dans le ciel, et s’il ne restait presque rien des flammes qui avaient dû condamner bon nombre d’habitants quelques heures auparavant, l’ironie du sort avait voulu que plusieurs lampadaires aient gardé leur indépendance au cœur de la tourmente. Ce qui jetait des lueurs blafardes au spectacle, de loin.
Hunter et Viktor reprirent la route tout doucement. Ils ne disaient mot. Pas besoin.
Ils entrèrent dans la ville en roulant le plus lentement possible. Le moteur de leur véhicule ronronnait presque silencieusement parmi les ruines encore fumantes.
Sur la route ou les trottoirs passaient quelques fois de rares habitants, boitillants, blessés. Ils semblaient marcher comme des fantômes, hagards, perdus. Certains pleurnichaient tout doucement, comme des enfants. Pas un hurlement. Pas un cri.
En passant à côté d’une petite maisonnée, Hunter s’arrêta. Devant le perron, sur les marches, une femme était assise et berçait son enfant inerte. Dans ses bras, il semblait dormir. Il n’y avait pas de sang, de là où Hunter regardait la scène, seulement quelques marques noires. Ses vêtements étaient un peu brûlés. La femme lui chuchotait une berceuse. Elle pleurait silencieusement.
Hunter descendit de sa moto et s’approcha. La maman leva timidement son visage larmoyant et le regarda avec un sourire doux.
Elle est en état de choc, comprit Hunter.
Il y avait de quoi. En s’approchant de plus près, il remarqua que le visage de l’enfant n’existait plus, pour ainsi dire. Il n’en restait qu’une bouillie infâme, saccagé par le feu, d’où perlaient ici et là quelques bouts d’os. Hunter avait remarqué qu’une allée se dirigeait vers l’arrière de la maisonnée, sur le côté. Tout doucement, il prit l’enfant des bras de sa mère et s’engagea dans l’allée, avec la femme à ses côtés. Viktor les suivit.
Dans le petit jardin, Hunter déposa le corps frêle qui ne pesait rien entre ses bras. Puis il s’échina à creuser un trou avec ses mains. Pris de pitié, Viktor trouva deux bâtons traînant non loin. Ils creusèrent tous les deux le petit trou, silencieusement, la femme les regardant faire en continuant de chuchoter sa berceuse auprès de son enfant. Il leur fallut plusieurs dizaines de minutes.
Ils le déposèrent sans heurt. Avec l’aide de la mère cette fois, ils remirent la terre en place, à la main, poignée après poignée. Quand ils eurent terminés, la femme resta assise sur le sol, à contempler la terre retournée sous laquelle reposait son enfant. Elle avait le regard vide. Sans doute son esprit ne voulait-il pas se rendre compte de ce qu’il s’était passé.
Après quelques minutes de silence religieux, son visage s’empourpra soudain, sans prévenir. Ses traits se durcirent, ses lèvres esquissèrent une grimace horrible. Puis un son terrible, lancinant ; un long pleur, distordu par la perte irréversible, jaillit de ses poumons avec une force dont les deux hommes ne lui auraient pas cru capable auparavant.
Hunter s’agenouilla et la pris contre elle. Ils restèrent ainsi un long moment.
Quand Viktor et son compagnon rejoignirent leur moto, la femme pleurait encore sur la tombe. Plus doucement.
Viktor ne dit rien. Hunter ne prit pas la peine d’ajouter quelque chose non plus.
Il n’y avait rien à dire, tout simplement.

Pendant le temps qui lui avait fallu pour creuser la tombe, Hunter avait eu l’impression de sentir quelque chose. Quelque chose de profondément enfoui en lui. Une vérité implacable qui n’attendait que d’être révélée au grand jour.
Il y réfléchissait en roulant doucement dans la nuit. Ils n’étaient pas encore sortis de la ville.
Le jeune homme sentait que son esprit avait frôlé une chose très importante. Son cœur battait encore.
Il devait aller quelque part. Il ne savait pas où exactement. Mais il avait l’impression de pouvoir trouver le chemin, sans connaître la destination exacte. Son instinct le lui dictait. Et il avait le sentiment d’entendre une voix féminine le lui murmurer à l’esprit. « Viktor, commença-t-il. Je dois aller quelque part. Seul.
-   Où ?
-   Je ne sais pas exactement. L’instinct. »
Viktor émit une sorte de grognement affirmatif, comme s’il comprenait. Ils arrêtèrent les motos l’une à côté de l’autre. « Nos chemins se séparent donc, résuma Viktor.
-   Oui. Merci pour ce que tu as fait, Viktor, rajouta Hunter après un court silence.
-   Pas de quoi. Je suppose que tout est terminé ?
-   Oui. On ne se reverra sûrement plus. »
Le motard hocha la tête. Nema s’approcha de Hunter et leva son museau vers lui. Le jeune homme lui passa une main sur le chanfrein en lui murmurant un au revoir. « Au fait, à propos de notre petite discussion de tout à l’heure. J’étais sincère. Je n’ai jamais ressenti l’envie de sauver ce monde. Pour moi il n’en vaut pas la peine. » Hunter se redressa sur le siège de sa bécane et fixa un point invisible dans le ciel nocturne. « Ce qui compte vraiment, c’est de se battre pour les choses qui nous sont précieuses. Sauver le monde n’est qu’une utopie. Mais si chacun de nous se bat pour protéger ceux qu’il aime, alors…
-   Nous pouvons sauver ce monde tous ensemble, chacun par ses propres forces. C’est ça ?
-   Ouais. Un truc du genre. Et puis…, continua Hunter en haussant les épaules, je suppose que ça coûte rien, une fois de temps en temps, d’aider un inconnu. »
Viktor émit un rire bref. Il donna une tape dans l’épaule de Hunter, en bon camarade. « Bonne continuation, l’ami ! ». Hunter sourit. Sans le lui montrer. Il leva un bras à ses côtés et tendit son poing. Celui de Viktor vint taper contre le sien.
Puis le jeune homme fit vrombir son moteur et partit sans se retourner.
En sortant de la ville à toute allure, le visage de Hunter ne souriait plus. Il avait quelque chose à accomplir. Une toute dernière chose.
La plus importante.

*****
***
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Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #508 le: Mai 29, 2013, 12:16:04 pm »
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Les fortes odeurs marines lui remuaient l’estomac. Il éternua bruyamment. « Ce n’est pas le moment d’attraper froid, Jack ! » lança Van Singhel en s’approchant de lui. Le vieil homme s’accouda à son tour au bastingage. Ils ne voyaient pratiquement rien, faute de lumière convenable. Mais ils entendaient les forts remous de la mer. « Je ne crois pas avoir le pied marin » avoua Jack en se passant une main sur le front. Il transpirait un peu. « Tenez bon cette nuit seulement, le rassura Singhel. Au petit matin nous serons arrivés.
-   Professeur, pourriez-vous m’en dire un peu plus sur cette Porte des Enfers ? »
Le sourire du vieil homme disparut. « Je n’en connais que des détails très vagues…
-   S’il vous plaît. J’ai besoin de savoir. Il s’agit de mon enquête.
Le professeur fixa un instant le détective, semblant chercher dans ce regard aux yeux dorés la force et la motivation pour tout raconter. « Très bien, lâcha-t-il enfin. Vous rappelez-vous de Kane ?
-   L’échidné qui nous a aidés avec Lucia ? Oui.
-   Il s’agit de mon ancien mentor. C’est lui qui m’a tout appris, ou presque, il y a des années.
-   A-t-il un lien avec ce qui se trame actuellement ?
-   Je n’en doute pas un instant, articula posément le vieil homme en s’appuyant sur sa canne de ses deux mains, le dos bien droit. Il faut que vous sachiez une chose sur les mages. Il s’agit d’une population bien à part des êtres humains normaux – humains ou hybrides bien entendu. »
Jack écouta les explications du professeur sans en perdre un mot. Le vieil homme lui raconta que les mages les plus puissants, après avoir des années durant appris et pratiqué les arcanes de toutes magies (« blanche, rouge, verte et noire », précisa Singhel), après tout ce temps, ces mages se tournaient ensuite dans le murissement de l’âge vers une question unique, existentielle. « Chaque mage a sa question », continua Van Singhel en illustrant ses propos par des gestes vagues. En cela, chaque mage trouve sa propre hypothèse sur la vérité de ce monde, et doit par la suite s’échiner à prouver la véracité de cette vérité. « En somme, ils cherchent tous à découvrir l’Origine. La seule, l’unique. Celle de ce monde, de ses habitants, de ses lois…
-   L’Origine…, murmura Jack, qui admira automatiquement ce terme pour tout ce qu’il contenait de précieux, de magique et de mystérieux… de dangereux également.
-   Exactement. Kane était – est toujours, un puissant mage. Sans doute le plus redoutable que j’aie jamais connu. Et il avait une question tout à fait intéressante sur l’Origine, qui se résumerait à peu de choses près comme ceci : qu’est-ce qui fait et d’où vient la substance de notre existence ?
-   La substance ? »
Van Singhel expliqua que par substance, un mage entend tout ce qui fait l’existence de quelque chose de réel. En remettant en question l’Origine autant de l’existence que de sa substance, Kane émettait donc une sorte de doute sur la réalité de l’existence elle-même. Qu’est-ce qui fait la substance, l’élément primordial d’une existence ? Son âme ? Son corps ? Son esprit ? Et d’où vient cette substance ? Sous-entendu : est-elle réelle ? Et si oui, par quel moyen ? « Je crois que je comprends, mentit à moitié Jack. Et donc, quel est le rapport avec la Porte ?
-   J’y viens. Après notre aventure commune, Kane m’a fait une proposition douteuse. Il m’a demandé si je voulais changer ce monde. Lui rendre… sa substance.
-   A ce monde ? Qu’est-ce qu’il a d’étrange, ce monde ?
-   Je ne sais pas. Je n’ai pas compris non plus. Il m’a dit œuvrer sur un projet de longue date, qui se mettait lentement en marche. Il m’a sous-entendu qu’il n’était pas seul. Et que mes compétences ne seraient pas de refus si j’acceptais de les rejoindre.
-   Qu’avez-vous répondu ?
-   Que pensez-vous que j’aie pu répondre, mon ami ? »
Van Singhel le fixait droit dans les yeux. Jack eut un instant de doute. Le regard de son professeur avait quelque chose d’étrange. Il prit soudain conscience que son souffle était court et que la brume enveloppait le bateau. « J’aurais dû suivre mon instinct depuis le début, confia Jack en grognant.
-   Vous auriez dû en effet. Vous aviez voulu vous montrer fort, mais vous avez eu un instant de faiblesse.
-   Puisqu’on en est là, pourquoi ne pas continuer vos explications ?
-   En effet, rétorqua le professeur en reprenant son masque de sympathique vieil homme. »
Jack ne put s’empêcher de l’admirer. Son jeu avait été parfait. Il ne s’était pas méfié une seule fois. Tout en l’écoutant continuer, il prit conscience, peu à peu, que ce voyage en bateau serait le dernier voyage de sa vie, assurément. « Kane avait effectivement mis en œuvre un plan grandiose et incroyable. Un jeu de rôle à taille mondiale, une manipulation comme on en n’avait jamais vu. Personne n’avait essayé.
-   Vous avez manipulé les habitants de ce monde ?
-   Ce n’était pas exactement le but. Vois-tu, notre dessein n’est pas si mauvais en soi : le monde est gangrené par les démons, nous souhaitons simplement le libérer.
-   En utilisant cette Porte, conclut Jack en s’accoudant de nouveau au bastingage.
-   C’était le moyen le plus rapide et le plus complet pour arriver à un résultat parfait.
-   Et qu’avez-vous fait d’Olivia ? »
Le Professeur eut un sourire plein de candeur. Il expliqua avant tout que lorsque Kane avait fait de lui son élève, il n’avait pas été seul. Kane avait formé deux personnes. Van Singhel, lui-même, et Michael Roa Valdamjong, un orphelin de l’Eglise. Jack écoutait distraitement, subjugué qu’il était par la tournure des événements. A peine avait-il entendu cet étrange nom qu’il l’avait déjà oublié. « Je m’intéressais plutôt à la psychologie des choses, continua Singhel, à ce qui se cache derrière le masque que chacun porte en apparence. Vous voyez, mon ami, ma propre question sur l’Origine porte sur ce mode des apparences qui nous concerne tous, et tout. Toutes choses, tout le monde portent en lui, une « apocalypse », une révélation cachée. Alors, pourquoi ne pas se demander si le monde lui-même, si cette Origine que nous cherchons tous, ne cacherait pas elle-même une vérité cachée derrière toutes celles que recherchent nombre de mages sur cette planète ? »
Jack opina du chef. Il pensait à Olivia. Pourquoi en étaient-ils arrivés là ? Où était-elle ? « Mon camarade Valdamjong, lui, était porté sur l’artificialité de l’existence, et sur la finitude de celle-ci. Il a fait des recherches en alchimie, un art pourtant disgracié aux yeux des mages. Il s’intéressait de près à l’immortalité, sous prétexte d’abord d’en découvrir une vérité sur l’Origine, mais aussi et surtout parce qu’il avait peur de ne pas avoir le temps de pousser ses recherches jusqu’au bout. A ses yeux, une vie humaine était trop courte. Sa vraie passion était les pantins, les marionnettes. Les homoncules, comme on les appelle en alchimie. Il était obnubilé par l’idée de créer un être porteur des codes d’Origine. Une existence qui aurait la vue d’un dieu, qui serait capable de décoder la vie et la mort en toutes choses. Je crois bien qu’il n’a jamais réussi, le pauvre…
-   Et quel est le rapport avec Olivia ? demanda Jack d’un ton plus ferme.
-   C’est Valdamjong qui s’est occupée d’Olivia, mon ami.
Jack le pourfendit d’un regard sombre. Là, à cet instant, il n’avait qu’une envie : étrangler ce vieil homme innocent en apparence, doux et tranquille, avec son sourire plein de compassion ; l’étrangler contre le bastingage jusqu’à suffocation et jeter son vieux corps par-dessus bord. Mais l’ambiance était sinistre : le brouillard s’intensifiait tellement qu’il avait du mal à apercevoir concrètement la cabine du capitaine, à quelques dizaines de mètres seulement de distance, un peu en hauteur. Et puis il sentait que quelque chose grouillait dans cette brume. Quelque chose qui n’était pas normal. Son cœur battait dans sa poitrine. Il prenait peur. « Pour ses expériences, Olivia était une aubaine, reprit Singhel, semblant ne pas remarquer l’état de son interlocuteur. Quand elle a été internée, il en a profité pour l’utiliser, sous le couvert de Kane et de ses nombreuses relations. Il voulait voir, avant tout, s’il subsistait quelque chose de la mort, là où elle s’était produite. Il a pris l’exemple d’Euresias, pensant en toute logique que plus la mort était survenue de manière brutale et inattendue, plus le désir des victimes de vouloir rester, d’une quelconque manière, rattachée à leur terre était fort. Ils ont mené un rituel pour tenter de faire entrer en Olivia des parcelles de vies passées. »
Le discours révoltait Jack au plus haut point. Il prit peu à peu conscience, sans vraiment s’en rendre compte, que la peur le poussait à la paralysie. A moins que ce ne soit pas la peur…
Cette idée l’horrifia bien plus encore. « Il y est arrivé, semble-t-il, persévéra Van Singhel en se détournant vers la mer. D’après ses résultats, ils ont réussi à amener des souvenirs, des ressentis d’une existence qui n’était plus de ce monde. Des sensations que personne ne pourrait comprendre ou inventer, puisque tous ceux ayant vécu à Euresias sont morts lors de cette nuit. Tous sauf cet hybride que Kane voulait à tout prix protéger. Et comble de l’ironie, les souvenirs vivants qui parasitent maintenant Olivia se prennent pour la sœur de cette rescapée !
-   Olivia a deux personnalités… ? »
Jack avait du mal à articuler. « Valdamjong a-t-il, sans le vouloir, créé ces souvenirs passés ? En a-t-il rassemblé des fragments différents qui tentent de ne former qu’une seule personne ? Ou bien cette identité de la « sœur » n’a-t-elle jamais réellement existé ? Personne ne le saura jamais, je le crains…
-   Vous avez expérimenté vos hypothèses sur une innocente…
-   Elle n’était pas innocente, Jack. Son existence prétendait à ces expériences. Elle était là pour ça. Vous le savez d’autant mieux que moi, puisque c’est vous qui l’avez internée pour les mêmes raisons, termina Singhel en retenant son chapeau qu’un coup de vent menaçait de faire s’envoler. »
Il se tourna vers Jack avec un sourire sincère. « Il ne reste plus qu’à attendre que la fin vienne nous attraper. Je pense que vous avez compris que ce bateau n’allait nulle part. Soyez rassuré : j’éprouve une profonde et réelle amitié pour vous, Jack. J’ai donc décidé de vous accompagner au cœur des ténèbres.
-   Vous aviez dit qu’on arriverait au petit matin, articula difficilement Jack en sachant que ce serait les dernières paroles qu’il aurait la force de prononcer. Mais cette nuit n’aura pas de fin. »
Van Singhel lui fit un clin d’œil.
« N’êtes-vous pas rassuré de n’être pas seul pour cet ultime voyage ? »
Et c’est en silence que la lourde embarcation, dont le capitaine et les hommes de bord étaient déjà morts dans leurs cabines, s’enfonça dans le brouillard dense de l’obscurité.

*****
***

Sephyra entra dans la chambre sans un bruit, comme une ombre. Elle s’approcha de Lena et resta quelques longues minutes à la contempler, immobile dans la nuit. « Où pars-tu ? » demanda soudainement la jeune femme sans ouvrir les yeux. « Je vais à la Porte. Montre-moi le chemin », ordonna Sephyra avec une tranquillité presque effrayante.
Lena se releva sur sa couche en retirant le drap qui lui couvrait le corps. Elle portait encore le pantalon souillé par son sang, mais cela ne semblait pas la déranger. Elle s’assit sur le bord du lit. « Donf est mort ». Il y eut une transformation brusque dans les traits de la jeune femme. De fermés, ils passèrent à étonnés, puis terrifiés. Lena – où était-ce plutôt « l’autre » ? – fixa Sephyra sans y croire. Dans le regard de la jeune femme semblait se dérouler un duel silencieux. Deux flammes se battaient. Puis l’une d’elle remporta le combat et reprit le dessus. Lena reprit son visage renfrogné et impassible. Elle soupira. « Arrêtons-nous lui dire au revoir », exigea-t-elle simplement. La roussette hocha la tête.
Elles s’arrêtèrent donc au cimetière du village. La « tombe » de Donf - une petite pile de terre fraîchement retournée - se trouvait dans le fond. Lena ferma les yeux et garda le silence quelques instants. Puis elle fit signe à Sephyra qu’elles pouvaient y aller.
Sans d’autre geste, Sephyra déplia ses longues ailes dans la nuit. Lena fit de même. Elles regardèrent une dernière fois la tombe, puis s’élancèrent dans les airs sans un bruit.
Elles quittèrent le village d’Anethie dans un bruissement feutré, rapides comme le vent, par-dessus la forêt.

*****
***

Il faisait nuit noir, mais la campagne était surplombée de la blancheur des nuages. Ils s’amoncelaient au-dessus, cotonneux, reposants. Joshua prit conscience qu’il tremblait. Il porta les yeux à ses bras. Il tremblait vraiment beaucoup. « Saïko…
-   Reste derrière moi, ordonna le renard sans un regard. »
Il fixait Zalosta. Il sentait que la hérissonne était différente. Quelque chose avait changé en elle. Et elle avait déjà commencé le combat. Un air glacial se répandait autour d’eux, les resserrant dans une chape de plus en plus insupportable. Saïko frappa le sol d’un pied, envoyant lui-même une charge de courant d’air chaud. Cela ne se vit pas mais les trois protagonistes le sentirent.
Une petite boule blanche entra dans le champ de vision de Saïko. « De la neige ? » s’étonna Joshua en jetant un coup d’oeil circulaire. En effet, les flocons tombaient lentement dans les airs, autour d’eux. Saïko fronça les sourcils et regarda plus attentivement la hérissonne. Elle restait toujours immobile. Etait-ce elle qui était à l’origine de ça ?
L’attaque survint brutalement par le flanc droit. Mais Saïko avait des réflexes. Le bloc de glace se coula en eau en passant à travers le mur de feu qui s’était élevé in-extremis. Une seconde attaque, par la gauche. Même opération. Puis deux attaques en continu, et deux autres simultanées, par deux côtés différents. Aucun des deux combattants ne bougeait. Zalosta commandait ses attaques sans un geste, Saïko se défendait pareillement. Ils se fixaient. Et pendant ce temps, le combat continuait.
Les blocs de glace arrivaient de plus en plus vite, de plus en plus gros, de tous côtés. Au bout d’un moment, Saïko dut réagir en levant ses bras pour commander les murs de feu, dû à la vélocité des attaques. A un instant fatidique, ils furent encerclés par de gros blocs énormes. Le renard établit un champ de feu autour d’eux. « Au-dessus ! » s’écria soudainement Joshua. Mais Saïko l’avait senti. Il leva les bras en hauteur, sans cesser de fixer la hérissonne à travers les flammes qui les entouraient. Une langue de feu vint stopper la chute de l’iceberg qui s’apprêtait à tomber sur leur tête.
Toute l’eau s’évapora en chape de brume. Un instant de paix dans un combat silencieux. Les deux adversaires se toisèrent. Joshua regarda attentivement leur ennemi. Il eut un doute. Ses yeux s’écarquillèrent. « Tu es… »
Puis toute la puissance déferla d’un coup. Saïko ne vit qu’une petite étincelle, au niveau du torse de la hérissonne. Une vive lumière, douce et discrète. Il sentit plus qu’il ne vit l’attaque la plus foudroyante. Et il eut tout juste le temps de lever ses deux bras en face de lui.
La vague de gel percuta la langue de flammes avec une puissance colossale. A l’endroit où les deux forces élémentaires essayaient de prendre le dessus, l’herbe du côté feu brûlait, tandis que celle du côté gel était glacée.
L’obscurité s’effaçait autour d’eux, sous l’impulsion des deux attaques qui se confrontaient encore. Aucune des deux n’arrivaient à prendre le dessus.
Puis Zalosta leva ses bras. Lentement. Sûre d’elle.
Le médaillon de Saïko s’illumina. Le corps du renard s’entoura de flammèches. Ses yeux brillèrent d’un rouge profond.
Les deux gangues de magie, l’une rouge, l’autre rose, déployèrent leur toute-puissance. Ce fut une explosion monumentale qui souffla les trois protagonistes.
Ils furent tous trois jetés à terre sans ménagement.
C’est Zalosta, la première, qui se releva rapidement. Véloce, elle profita de ce court instant pour se jeter  en avant. Alors que Saïko se remettait sur pieds et s’apprêtait à combattre au corps au corps, Joshua passa devant son champ de vision. « C’est toi qui a tué ma grand-mère ! » hurla le jeune homme en s’élançant face à Zalosta. Il tenait un bâton dans ses deux mains.
Tout se passa très rapidement. La hérissonne ne ralentit pas. Elle leva un bras face à ses yeux. Saïko comprit qu’elle n’arrêterait pas son attaque. Joshua continuait de courir en hurlant sa rage, bâton levé au-dessus de sa tête. Saïko cria quelque chose.
Un bras bloqua le mouvement du bâton, l’autre le propre bras de Zalosta. Et leurs yeux se fixèrent, si proches qu’ils n’avaient jamais été, perçant l’âme de chacun. La hérissonne sentit la vague de chaleur et d’air dont s’était servi le renard pour se déplacer si rapidement. Et surtout elle sentit, dans le regard brûlant de son homologue élémentaire, une énergie la foudroyer au plus profond d’elle-même.
Elle retira son bras de l’emprise de Saïko d’un geste vif, et recula maladroitement sans cesser de le fixer. « Je t’ai… déjà rencontré… ? » murmura-t-elle sans croire à ses paroles.

Froid. Solitude. Sommeil.
Des souvenirs vieux comme le monde qui berçaient ses songes. Le contact du métal proche. Des « bips » réguliers, au loin. Qui se rapprochaient.
Un bruit dans le fond. Comme un tremblement sourd. Ondulations à la surface onirique. Elle entrouvrit ses paupières sur ses yeux froids comme la mort. Ils ne portaient plus rien.
Le bruit se rapprochait. Une vague de chaleur qui rassura son cœur de glace.
Son regard croisa le sien. Et pendant une seconde d’éternité, ils se reconnurent à travers la vitre gelée de la capsule.
Mais il était trop tôt. Les « bips » de la machine, réguliers, assommant, la replongèrent dans sa gangue de sommeil hivernal.
Elle referma les yeux.
Un renard…

*****
***

La roue arrière de la moto effectua un dérapage à quatre-vingt-dix degrés, projetant des grains de sable à la volée. Hunter contempla l’océan. Son cœur bondissait. C’était tout proche.
Là-bas. Dans les flots.
Il cala son deux-roues avec le trépied et s’avança sur la dune. En contre-bas, près de la plage, il repéra non loin une vieille cabane en bois avec un court ponton. Sur l’eau ballotait tranquillement un canot.
Le chemin vers la rédemption, prophétisa Blowback avec une voix étrange, que Hunter ne lui avait jamais entendue.
Il lui sembla que le Démon s’était parlé à lui seul. Et qu’il avait entendu l’écho de ses pensées. Ce n’était jamais arrivé auparavant.
Ce qui allait se passer, de toute évidence, n’était de toute façon jamais arrivé.
Il descendit la dune en direction de la cabane, suivant son instinct.

*****
***
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Donf : Vous êtes folles.
Rekkua : Je me demande ce que ça peut être, d'être folle, quand c'est toi qui qualifie la personne...

Niark! :] :
*ND ça veut dire glauque en fait? ok
Niark! :] :
*"putain ce château il est ND o_o
 
 
Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #509 le: Mai 29, 2013, 12:20:20 pm »
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Sephyra et Lena atterrirent souplement à l’entrée du building présidentiel de Station Square. Un détail en plus qui ne fit que conforter la roussette dans ses projets. La ville était détruite, entièrement. Rasée. Il ne subsistait que des ruines tassées sur elles-mêmes. Mais le building, lui, n’avait rien. Pas une marque. Tout ça n’était qu’un mauvais rêve.
Elles entrèrent par les deux portes coulissantes. Silencieuses.
Elles gagnèrent l’ascenseur réservé au Président et n’eurent pas à attendre ; il s’ouvrit dès qu’elle appuya sur le bouton. Comme s’il les attendait.
La cabine de métal les fit descendre jusqu’au sous-sol secret. Ses diodes clignotèrent plusieurs fois pendant le temps du voyage. Les deux portes de métal s’ouvrirent péniblement sur la mine.
Elles traversèrent le labyrinthe sans se perdre. Instinctivement, Sephyra connaissait le chemin. Cette fois encore, les bougies accrochées aux murs de terre illuminaient leur route, projetant leurs ombres blafardes à leur passage.
Elles arrivèrent à l’immense tunnel de métal. A ses côtés apparut tout doucement la présence fantomatique qui était déjà venue à elle à maintes reprises. Elle lui sourit, gardant ses paupières fermées, comme toujours. Son tatouage semblait luire, dans la pénombre que sa présence illuminait par un halo légèrement effacé. « C’est par ici, dit alors Sephyra, sûre d’elle maintenant qu’elle était accompagnée par cette étrange et familière amie dont elle ne parvenait pas à se souvenir du nom. Nous ne sommes pas seules. J’avais raison.
-   Je ne vois personne d’autre que nous, Sephyra.
-   Il fallait que je vienne ici. Je le savais. »
Apparemment, la roussette se fichait de savoir ce que pensait Lena. Cette dernière fronça les sourcils. Non, assurément. Il n’y avait qu’elles deux dans ce tunnel obscur.
Après plusieurs minutes de marche dans un silence religieux seulement perturbé par l’écho de leurs pas se répercutant contre les murs de métal, elles débouchèrent sur l’immense hall naturel, bien en-dessous de la terre ferme. C’était ici que Sephyra avait mené son combat final, quelques années auparavant. A cette époque, l’entité maléfique qu’ils avaient combattue leur avait certainement caché la Porte. Ou alors elle n’y avait pas fait attention, prise par le combat.
Ce qui était nouveau en revanche, c’était les trois braseros en contre-bas. Elle ne se souvenait absolument pas de leur présence. Mais ils permettaient de distinguer la Porte. Massive. Imposante. Elle régnait en silence dans le fond du hall. Le fantôme sourit une nouvelle fois à Sephyra et, d’un geste du bras, lui indiqua les marches taillées à même la roche qui lui permettraient de descendre. La roussette sourit. « Elle me montre le chemin. Viens, Lena. »
Lena, elle, ne voyait toujours personne.

*****
***

Le bâton tomba à terre. Saïko prit le jeune homme par les épaules. « Qu’est-ce qui s’est passé ? Te rends-tu compte que tu aurais pu te faire tuer ?
-   C’est elle, répondit Joshua en tremblant de rage. C’est elle, la hérissonne aux longs pics roses ! »
Saïko regarda de nouveau Zalosta. Celle-ci semblait s’être remise de son coup. Que lui était-il arrivé ? Au moment où il l’avait stoppée, il l’avait senti en proie au doute. Dans son regard, maintenant, ne subsistait qu’un étonnement sincère, mais surtout une grande méfiance. Elle n’avait plus l’air prête au combat. « Zalosta, tu connais ce garçon ? » demanda le renard sans pour autant relâcher sa méfiance, pour sa part. La hérissonne daigna, pour une fois, jeter un coup d’œil au jeune garçon. Elle l’interrogea d’un regard froid. « C’est toi qui a tué ma grand-mère », répéta Joshua en faisant un pas vers elle. Saïko plaqua une main sur son torse pour qu’il n’aille pas plus loin. « Vous et ce maudit manoir, vous avez amené la malédiction sur notre ville !
-   Notre… manoir ? interrogea cette fois Zalosta en perdant un peu de sa froideur. Ta grand-mère… »
Son visage trahit sa surprise, puis sa culpabilité. Légère, mais réelle. « Que t’ont raconté les habitants ?
-   Tu t’es battue avec un renard qui avait une faux, ou je ne sais pas quoi. C’est à cause de vous que tout ça est arrivé. »
Joshua ne pleurait pas. Il était bouillonnant de colère. « Le renard avec la faux…, poursuivit Saïko en regardant Zalosta. Il parle de celui que tu as combattu au chalet ?
-   Oui. Il était déjà venu nous rendre visite en ville, Sephyra et moi. Et…, reprit-elle en baissant légèrement les yeux. Et oui, il a effectivement tué une dame âgée.
-   Par votre faute ! ajouta Joshua.
-   C’est vrai. Il nous poursuivait, mon amie et moi. Nous nous sommes réfugiées, le temps de souffler, dans la première maison qui passait. Et ta grand-mère, par malchance, se trouvait là. Quand il est entré pour nous chercher, il a…
-   C’est bon, Zalosta, la coupa Saïko. Donc, ce n’est pas toi qui l’as tué ?
-   Non. Sephyra était là, je pensais avant tout à la protéger elle. Je n’ai rien pu faire pour la vieille dame. Pardonne-moi, gamin, ajouta-t-elle avec une sincérité réelle.
Ce qui ébranla Saïko. Mais pas Joshua. « Tes excuses ne me la ramèneront pas ! C’était ma seule famille. C’était la seule… la dernière à être vivante…
-   C’était un ennemi redoutable. Il était incontrôlable. Si ça peut te soulager, je l’ai moi-même réduit au silence.
-   J’aurais préféré le faire moi-même, proféra le jeune garçon en crachant par terre. »
Une larme, enfin, glissa sur sa joue. Lentement. Saïko s’agenouilla face à lui. « Tu veux toujours t’en prendre à Zalosta ? ». Joshua esquiva son regard. Il tremblait encore de rage, et sur son visage s’exprimait l’indécision cruelle qui accaparait son esprit.
Soudain, le médaillon de Saïko s’illumina vivement. Le renard regarda le sol, effrayé. Zalosta huma l’air. Un tremblement violent secoua le sol sans prévenir et tous trois furent jetés à terre sous la violence de la secousse.
Au loin, dans les cieux, les nuages dévoilèrent la lune qui brillait de sang.

*****
***

Deux rames se trouvaient dans le canot. Hunter naviguait lentement sur les flots en moulinant des bras. Il s’était déjà considérablement éloigné de la rive. Il sentit la secousse par les vagues qui ne tardèrent pas à monter. La mer se déchaîna rapidement. Hunter grogna. Vite. Plus vite. C’était tout proche.
Le moment arrivait.

*****
***

Lena resta en retrait, très inquiète sur le déroulement des choses. La roussette se stoppa face à l’ouverture gigantesque. Elle releva lentement ses paupières et fixa sans sourciller les deux rubis d’un rouge menaçant qui perçait l’autre-monde, au-delà de la Porte. « Caela Sephyra…
-   Je suis venue reprendre ce qui m’appartient.
-   Tu es venue « reprendre », dis-tu… ? Ce qui t’appartient… De quel droit penses-tu que ces choses t’appartiennent, roussette ?
-   C’est ma vie. Mes liens. Mes souvenirs et mes ressentis. Ce que j’ai bâti au fil de mes choix, de mes décisions. Après tout ce que j’ai vécu.
-   Et tu penses être la seule à avoir fait ces choix ?
-   Personne ne les a pris à ma place.
-   En es-tu certaine… ?
Sephyra fit un pas vers la Porte, toisant le Démon sans trembler. Sûre d’elle. « Ce monde est un leurre. Un rêve mensonger.
-   Hypothèse intéressante… Au tel cas, tu souhaites briser ce « rêve » ?
-   Oui.
-   Ce monde comporte effectivement une Faille, révéla le Démon de sa voix grave et ancienne. Si tu la trouves, tu pourras peut-être exaucer les souhaits qui te tiennent tant à cœur…
-   Pas besoin. Je l’ai déjà trouvée.
-   Réfléchis bien aux conséquences de tes « choix », Caela Sephyra…
-   Sephyra…, tenta vainement d’intervenir Lena en s’approchant de la roussette. »
Mais celle-ci ne faisait pas attention à elle. Elle regardait à sa droite. Semblant écouter quelque chose. Elle hocha la tête face à l’invisible. Et fixa de nouveau le Démon derrière sa Porte.
« Cette Faille… C’est moi. »
Il y eut un long silence pensant. Lena avait peur. Réellement peur. Elle fixait le dos de Sephyra, qui elle ne semblait pas broncher. Les deux rubis menaçants la transpercèrent. Puis il y eut un vrombissement sourd, derrière la Porte. Et les yeux du Démon s’affinèrent dans la cruauté.
« Faux », prononça-t-il gravement.
Et ce mot fut répété en écho dans la caverne. Le visage de Sephyra perdit de sa confiance. « Mais, ce n’est pas… ». Deux langues de ténèbres fumeuses sortirent sans prévenir de la Porte et attrapèrent les bras de la roussette. « Sephyra ! » s’écria Lena en accourant pour secourir la roussette.
Deux lances de la même matière que les langues de ténèbres jaillirent et coupèrent net les deux bras de la jeune femme qui stoppa sa course sur-le-champ. Elle fixa ses deux moignons d’avant-bras sanguinolents sans y croire. Les pulsations de son cœur envoyaient des jets réguliers d’hémoglobine au sol. Elle releva lentement la tête et regarda une dernière fois Sephyra, son visage exprimant la surprise la plus totale. Un dernier trait noir fila de la Porte et se ficha dans sa gorge. Prise sur le coup, suffocante, elle tomba lentement en arrière et s’étala de tout son long sur le sol dans une grande éclaboussure.
« Lena ! » Sephyra mordit les langues de ténèbres et réussit à s’extraire difficilement. Elle tenta de prendre la fuite, complètement terrifiée.
Un trait lui attrapa la jambe et elle s’étala à terre, non loin de Lena, en s’éclaboussant le museau dans le sang de la jeune femme. Elle se releva aussi vite qu’elle put et reprit sa course. Une langue l’attrapa alors par un bras et la leva en hauteur. Une deuxième le lui tordit dans toute sa longueur. La roussette hurla. Les ténèbres la relâchèrent et elle tomba lourdement à terre.
Sephyra sortit vivement ses ailes pour s’extraire de ce cauchemar. Elle allait se relever lorsqu’elle sentit les deux traits attraper les os de ses membranes. « Non ! Non ! » hurla-t-elle soudain avec panique. Elle sentit dans toutes les fibres de son corps la pression qui s’exerça sur ses ailes. Elle hurla en pataugeant dans le sang de son alliée, impuissante. Les os craquèrent de manière sinistre. Son corps se raidit des pieds à la tête sous l’effet de la douleur, et elle sentit une chaleur lui monter aux yeux. Ses dents grincèrent.
On l’attrapa par les pieds avant de la traîner. Elle hurla de terreur en se retournant à moitié sur le dos pour apercevoir l’autre-monde, derrière la Porte, s’approcher d’elle.
Et elle comprit qu’elle avait fait la plus grande erreur de sa vie.
En se faisant traîner inexorablement vers la mort, elle assista également à la projection de la fin de ce monde. Un tourbillon d’âmes tourmentées et d’esprits malfaisants sortit en effet en trombe de l’autre-monde. Ils étaient des centaines, des milliers, des milliards. La force de l’Obscur envahissait le monde.
Mais elle ne pourrait y assister. Elle ferma les yeux de toutes ses forces. Une dernière prière pour que tout aille le plus vite possible.
La dernière chose qu’elle vit, avant de quitter ce monde, fut une langue de ténèbres s’abattre sur ses yeux.

*****
***

Le tourbillon de l’Obscur jaillit du building présidentiel par toutes les sorties possibles : il éventra l’entrée du bâtiment, balaya les cabines d’ascenseurs, brisa les fenêtres ; il se mêla au ciel, formant une masse compacte tournant sur elle-même, doublant, triplant de taille au fil des secondes. Puis la masse s’étala sur elle-même et redescendit lentement au sol avant de suivre les courbes de la terre.
Même de loin, on ne pouvait manquer ce gigantesque flot gris et tourbillonnant. C’était une tornade, un cyclone composé du mal le plus pur. Malgré les secousses qui les ballotaient dans tous les sens au sol, Saïko, Zalosta et Joshua purent apercevoir le déluge. Et ils ne purent que contempler le tourbillon rejoindre le sol et gagner toutes les directions à la fois, gagnant la terre entière.
Impuissants.
Plus la masse s’avançait vers eux, plus ils pouvaient percevoir les centaines, les milliers de cris qui se chevauchaient les uns sur les autres. Des hurlements de peur, de folie, de colère.
Impuissants.
La gangue infernale se jeta sur eux en détruisant les arbres.

*****
***

Hunter avait arrêté de ramer. Il se trouvait pile au bon endroit. Il sentait, dans son cœur, sous les flots, la terre trembler avec puissance. Il ne savait pas ce qui allait se passer. Il savait juste qu’il était là où il fallait.
Soudain, jaillissant d’écumes, un rocher éventra la surface de l’eau et s’éleva dans le ciel. Hunter compris qu’il s’agissait d’un énorme pic de montagne lorsque la surface qui le supportait brisa elle aussi la mer. C’était une île entière qui se levait de sous l’eau. Et il avait ramé jusqu’à se trouver au-dessus.
Hunter se cramponna à son canot, contemplant sans y croire la terre ferme, au loin, descendre de niveau ; c’était lui qui montait, avec l’île, dans les airs. Il vit arriver de loin le déluge des âmes infernales gagner les dunes, ramper sur le sable, puis s’étaler sur toute la surface de l’eau. Il entendait les hurlements abominables qui constituaient cette vague démoniaque. Mais il se trouvait en hauteur, et il semblait que la fin du monde ne toucherait pas cette île protégée du temps.
Il y eu un dernier et violent tremblement, et le canot se renversa. Hunter s’étala sur le sol encore mouillé, composé pour l’essentiel d’algues vertes et de plusieurs dizaines de poissons qui s’était trouvés pris au piège par la remontée soudaine de cet étrange corail. Ils sautillaient sur place, pathétiques, sans rien pour les sauver.
Les secousses s’étaient arrêtées. Hunter se releva lentement, un peu tremblant. Il gagna, avec mille précautions, la limite de l’île.
Et contempla du haut de son promontoire la fin de ce monde.


NightDreamers
Chapitre 35 ~ La fin d’une ère



« Un jour viendra dans la vieillesse du monde
Où l’océan libérera ce qu’il enserre
Et une terre apparaîtra dans toute sa gloire
L’océan découvrira des continents nouveaux
Et Thulé ne marquera plus l’extrémité du monde »

Sénèque, Médée
Journalisée
Donf : Vous êtes folles.
Rekkua : Je me demande ce que ça peut être, d'être folle, quand c'est toi qui qualifie la personne...

Niark! :] :
*ND ça veut dire glauque en fait? ok
Niark! :] :
*"putain ce château il est ND o_o
 
 
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