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Planete Sonic ForumsL'Atelier Fan AreaFanficsBest of[Terminée] NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
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[Terminée] NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #510 le: Mai 29, 2013, 12:24:03 pm »
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Il n’y avait pas un bruit. Pas même de vent. La noirceur de la nuit englobait toute vie dans une chape informe et incolore, gommant les contours du paysage, paralysant les lumières des villages sur les collines environnantes. Kane s’accroupit devant la tombe. Les fleurs y étaient fanées. Il dessina d’un doigt les contours du nom inscrit sur la pierre tombale.
-   Je suis surprise que tu aies demandé à me voir. Dans cet endroit qui plus est.
L’échidné se releva lentement en poussant un soupir de lassitude. Il était fatigué. Vraiment. Lucia ne se laissa pas décontenancer par cette marque visible de la part d’un personnage qui avait toute sa vie durant caché le moindre de ses sentiments – c’en était même à se demander s’il en ressentait. Il ne se retourna pas pour lui parler, laissant ses paroles se fondre dans la nuit.
-   Je savais que tu viendrais.
-   Je sais. Qu’est-ce que tu veux ?
-   Rien en particulier. Simplement discuter du bon vieux temps. Comme deux vieux qui se respectent.
Lucia se laissa à ricaner. Décidément, elle ne pouvait pas cacher sa surprise plus longtemps.
-   Toi, te laisser aller dans la nostalgie ? Ça ne te ressemble pas.
-   Et pourtant… Je suis vivant, moi aussi.
-   Ah bon ?
Un léger sourire berça les lèvres de l’échidné.
-   Tu ne penses pas que nous avons assez vécu, Lucia ?
-   Tu sais très bien ou tu peux te la mettre, ta sollicitude. Je ne suis pas venue écouter un vieux radoteur du passé.
-   Ma chère Lucia, il y a une chose que je souhaitais te dire.
Kane se retourna. Il ne portait pas sa capuche.
-   Je suis désolé.
Elle ouvrit la bouche. Décroisa les bras. Son corps, frêle et dénudé, fut assailli par un violent tremblement.
-   Tu… quoi ?
-   J’ai fait bien des erreurs dans ma vie. Par ma faute tu es enchaînée. Depuis bien trop longtemps.
-   Qu’est-ce que tu racontes ?
-   Je voulais expérimenter le sentiment qu’on appelait « amour ». Tu représentais pour moi une opportunité de le vivre.
-   Tais-toi.
-   Mais j’étais jeune à cette époque, je n’avais pas mesuré l’amplitude de cette émotion.
-   La ferme…
-   Tu es morte par ma faute. Et dans ma folie je t’ai…
-   TAIS-TOI !
Lucia frémissait à présent. D’un geste rageur, elle décrocha violemment le bandage qui lui cachait les yeux.
Mais il ne cachait pas grand-chose en vérité. Simplement deux cavités sombres et vides. Elle les montra d’un doigt en balançant le morceau de bandage de l’autre main.
-   Parce que tu appelles ça de l’amour, toi ? Faire ça à celle que tu étais censé aimer ? Tu m’as manipulée ! Et non content de me tuer, tu m’as… tu m’as !...
-   Je t’ai ramenée à la vie.
Elle tituba. Cacha les cavités oculaires de ses mains et plia les genoux.
-   Regarde. Ce que tu as fait de moi. Je ne peux… même pas pleurer…
Les chaînes filèrent en avant comme deux serpents. Mais le coup n’atteignit pas sa victime. Arrêtées par une barrière invisible à quelques centimètres seulement du museau de l’échidné.
-   Je ne peux même pas t’atteindre. Je ne peux rien faire.
Elle ricana. Puis se laissa tomber à genoux. Elle tremblait des pieds à la tête.
-   Et tu me fais vivre cette humiliation devant sa tombe. Ta femme. Celle… que tu aimes. S’il te plaît…
Kane effaça les quelques pas qui l’éloignait d’elle.
-   Je t’en supplie. Je veux dormir, maintenant. Je n’en peux plus. S’il te plaît, s’il te plaît… Meurs…
L’échidné s’agenouilla face à elle.
-   Tu n’étais qu’une enfant quand je t’ai rencontrée. Et tu l’es toujours au fond de toi.
Elle tressaillit lorsqu’il posa une main sur ses cheveux. Elle releva la tête et dans un même mouvement voulut lui administrer une gifle rageuse. Mais comme ses chaînes auparavant, son geste se stoppa de lui-même. Il lui attrapa la main. Elle poussa un petit cri de surprise face à la pression qu’il lui imposa. De sa main libre, il la prit par le menton pour lever son visage à ses yeux. Elle tremblait toujours.
-   Ton cœur ne bat plus quand tu voudrais aimer. Tu n’as plus d’yeux pour le pleurer. Tu es enchaînée à moi, mais tu ne peux ni me tuer, ni te tuer.
Son corps fut à nouveau parcouru d’un frisson, et sa mâchoire se contracta. Kane pouvait aisément s’imaginer son visage d’autrefois. Et voir de ses yeux marron tomber les larmes qui lui manquaient.
Il caressa doucement la joue de la jeune femme, puis passa une main dans ses longs cheveux d’ébène et elle baissa la tête sans cesser de trembler. Il desserra l’étreinte qu’il portait à sa main, et celle-ci retomba mollement sur son manteau. Elle s’y accrocha et pencha la tête en sa direction.
-   S’il te plaît.
-   Je suis désolé.
-   S’il te plaît…
Et d’un geste vif, il attrapa une des chaînes métalliques qui lévitaient autour d’elle et la passa autour du cou de la jeune femme. Lucia s’écroula, son visage exprimant soudainement toute la surprise et l’horreur lorsqu’elle comprit ce qui allait se passer.
-   Non, non ! éructa-t-elle d’une voix rauque en postillonnant. Tu ne peux pas… me tuer une deuxième fois… !
Elle battit des bras et des pieds dans le vide, suffoquant de plus en plus, tandis que Kane serrait sans hésitation. Elle porta une main sur la chaîne, se coinça un doigt dans un des maillons et essaya de tirer. Sa force décuplée par la panique ne lui permit que de se retourner le doigt dans un sinistre craquement. La bouche étirée dans un rictus de souffrance, cherchant un nouveau souffle, elle tenta dans ses ultimes forces d’agripper Kane avec sa dernière main valide. Mais c’était trop tard. Elle se raccrocha au col de son manteau. Ses doigts épousèrent, dans un lent mouvement de chute, le vêtement de son bourreau. Son corps convulsa une dernière fois. Et sa main retomba à terre. L’autre pendait dans le vide, le doigt retourné coincé dans un maillon. Kane le lui retira. Puis il posa la chaîne à terre, à côté de la seconde. Le maléfice qui les animait s’était évanoui en même temps que le filet de vie de leur propriétaire.
L’échidné aux yeux blancs se releva en portant Lucia dans ses bras. Elle semblait dormir, tête contre lui. Il se dirigea vers la tombe de sa femme, et pendant le temps qu’il lui fallut pour parcourir les quelques pas qui le séparait de la sépulture, le corps de la jeune femme se métamorphosa : sa peau sécha et se craquela en plusieurs endroits, son visage se transforma en une bouillie boursouflée de rides, son ventre se creusa, découvrant les côtes. Brusquement, la terre meuble, à côté de la première tombe, se leva d’une seule masse pour creuser un second trou. Kane y déposa le corps sans vie de Lucia, vieilli en quelques secondes de plusieurs décennies. Elle n’avait plus que la peau sur les os. Son visage était méconnaissable, tant il était creusé, rongé même par le temps et les affres de sa décomposition. Des fragments de peau, d’ailleurs, s’étaient détachés en plusieurs endroits du corps et laissaient entrevoir la blancheur des os. Kane contempla ce spectacle un long instant. Puis il leva un bras, et la terre défraîchie recouvra le corps épuisé d’une triste et longue existence qui s’achevait enfin dans le repos éternel.
A ce moment, Kane émit un râle dans la nuit et posa brusquement un genou à terre. En baissant la tête, la capuche de sa parka se rabattit en avant. Il prit plusieurs minutes pour reprendre son souffle ; un souffle qui n’était plus qu’un filet salvateur, ténu et sifflant.
-   Encore… un peu…, murmura Kane d’une voix brusquement vieillie.
Il se releva tant bien que mal, essoufflé par l’effort, et fit apparaître un chemin de ténèbres face à lui. Il attendit d’être un peu remis avant de s’y engouffrer, non sans avoir jeté un dernier regard aux deux sépultures, dont l’une d’elle ne portait aucune autre trace que celle de la terre fraîchement retournée.
Puisses-tu reposer en paix, jeune fille.
Au moment où il s’en allait par le portail, la vague démoniaque apparut au loin.


NightDreamers
Chapitre 36 ~ L'Autel du Démon


Saïko se mit sur ses genoux et contempla le décor. Des forêts environnantes, il ne restait plus que troncs déracinés, jetés les uns sur les autres, pêle-mêle ; un fouillis de branches déchiquetées. L’air était lourd et poisseux, et Saïko éprouva un frisson désagréable en sachant qu’un courant purement malsain, rassemblant en une vague tout le mal le plus parfait, était passé sur ces terres. Son cœur battait fort dans sa poitrine, et le médaillon de FireFox continuait de luire.
Il faisait sombre, et pourtant le renard y voyait suffisamment. Les nuages, dans le ciel, avaient disparu ; il ne subsistait que la lune, immense, rouge. Seule majesté dans cette nuit d’encre où aucune étoile ne perçait les ténèbres de l’espace. Saïko tremblait en contemplant cet astre rouge comme la mort. Il sentait, au fond de lui, que quelque chose venait de se terminer.
Reprenant peu à peu ses esprits, il jaugea les alentours d’un regard circulaire. Zalosta se relevait un peu plus loin. Mais où était…
Joshua.
Il le découvrit allongé face contre terre, à quelques mètres de lui. Un tronc d’arbre énorme lui barrant tout le bas du corps. Le renard s’élança vers le jeune homme et s’accroupit à côté de son visage. « Joshua, tu m’entends ? ». Pas de sang. Les yeux du garçon étaient fermés. Il ne semblait pas souffrir. « C’est terminé pour lui, affirma Zalosta en s’approchant de la scène. Pour tous. »
Saïko posa deux doigts sur le cou du garçon, au niveau de la carotide. Pas de battement. Le renard soupira en posant une main sur les cheveux de Joshua. « Que s’est-il passé ? demanda-t-il simplement sans relever les yeux.
-   La Porte est arrivée à maturité. Elle a projeté dans ce monde ce qu’elle était censée faire.
-   Explique-toi.
-   Elle a annihilé toute espèce vivante. »
Saïko la regarda, bouche-bée. Il était tenté d’en rire, si seulement un pauvre garçon qui n’avait rien demandé ne se tenait pas inerte à ses pieds. « Mais nous sommes encore là, releva simplement le renard avec une grimace désabusée.
-   Je ne comprends pas exactement. Même si je pense voir une certaine révélation dans ce fait.
-   Une révélation ?
-   Comme le fait que, d’une certaine manière, nous ne faisons pas partie de ce monde, assena la hérissonne en pourfendant Saïko de son regard indéchiffrable. »
Le renard frissonna à nouveau. Ne pas faire partie de ce monde… Ce n’était pas nouveau. Il ne venait pas de ce temps, effectivement. Il ne faisait pas partie de ce présent. « Quoi qu’il en soit, Saïko, reprit Zalosta en croisant les bras. Tu peux considérer dès maintenant que nous sommes certainement, toi et moi, les derniers survivants de ce monde. »
Le renard reporta son attention, sans le vouloir, sur le corps de Joshua. Il n’avait pas l’air d’avoir souffert. Il ferma les yeux et pria pour l’âme du jeune garçon. Et s’excusa de ne pas avoir su le protéger. « Tu n’aurais rien pu faire, lui dit Zalosta comme si elle comprenait ses pensées. Ce n’est pas l’arbre qui l’a achevé. Il était déjà mort avant.
-   Alors que va-t-on faire, maintenant ? demanda Saïko en se relevant avec un sourire sans joie. »
A cet instant ils sentirent tous deux, avant de le voir, le portail ténébreux apparaître derrière eux. En sortit l’échidné en parka noire, capuche sur la tête. Il fit un pas en dehors du passage fumeux et contempla les deux hybrides. Il s’arrêta plus particulièrement sur le renard. « Je vois que tu n’es toujours pas capable d’aller jusqu’au bout de ta mission, Zalosta.
-   A quoi cela rimerait-il, maintenant ? rétorqua effrontément Zalosta. Le monde est foutu. Expliquez-nous plutôt pourquoi nous sommes encore vivants.
-   Tu vas un peu vite en besogne. Le monde se porte pour le mieux.
-   Vous voyez très bien où je veux venir. Répondez à ma question.
-   En fait… »
Kane retira sa capuche et dévoila son museau à ses interlocuteurs. Zalosta resta profondément troublée par les traits brutalement vieillis de l’échidné aveugle. Il semblait avoir vieilli de plusieurs décennies. « … tu n’as toujours pas compris, Zalosta. » Vif, il sortit sa main gauche de la poche et attrapa le pistolet dans son holster, au niveau de sa poitrine. Il pointa le canon sur Saïko et tira. Le coup de feu résonna dans la plaine.
La douille rebondit par terre avec un cliquetis métallique. Une parcelle de glace était apparue devant le museau du renard. Ce dernier contemplait la couche bleutée à quelques centimètres de son nez, tétanisé. Il n’avait rien vu venir. Sans Zalosta, il serait mort aussi simplement que ça. La glace s’évapora dans les airs. Il regarda Zalosta. Elle fixait Kane, les bras toujours croisés. « Intéressant », releva simplement l’échidné. Il lança l’arme au sol. Zalosta se rapprocha de Saïko sans cesser de fixer son ancien allié. « Nous avons peut-être une chance, lui glissa-t-elle. Il semble affaibli.
-   Quoi… ? Vous voulez vous battre ?
-   Il veut te tuer.
-   Tu n’étais pas censée le faire toi-même ? »
Les deux hybrides se lancèrent un bref échange de regard. Et pendant cet infime instant, Saïko crut reconnaître une sorte d’affection au fond des yeux sans pupilles de la hérissonne. « A deux nous pouvons y arriver, reprit-elle. Peut-être.
-   Il est si fort que ça ? »
Saïko se concentra en fixant Kane. Zalosta fit de même. « Infiniment plus » rétorqua-t-elle simplement.
Le fond de l’air se transforma. L’atmosphère était électrique ; et ce n’était pas qu’une impression : des éclairs, vifs, légers, apparurent bientôt. Ils provenaient de Kane. Saïko comprit qu’il n’y aurait qu’une attaque. Une seule et unique, pour décider du ou des vainqueurs. Il ferma les yeux et se concentra plus intensément en attrapant son médaillon d’une main.
Zalosta, de son côté, continuait de fixer son adversaire. Il lui semblait que Kane la regardait pareillement, même si ce n’était pas simple de le distinguer correctement avec ses yeux blancs. Le bras gauche de l’échidné s’entoura d’un halo bleu. « L’électricité et la glace, murmura Zalosta.
-   Je peux faire fondre ta glace, ou la sienne, répondit Saïko sans ouvrir les yeux. Si nous parvenons à le tremper…
-   N’y pense même pas. Le combat ne sera pas aussi long. Il n’y a aucune stratégie à mettre en œuvre. Seulement de la puissance. »
Dans le ciel, un amas de nuages noir s’assembla dans un tourbillon. Un éclair immense jaillit d’un coup et tomba sur Kane qui avait levé les bras en hauteur. Tout son corps se couvrit d’électricité statique. Le halo bleu l’entourait complètement.
En gardant les yeux fermés, Saïko exécuta des mouvements lents et précis dans les airs avec ses bras, se concentrant pour rassembler en une seule attaque le plus de puissance possible. Sur son torse, le médaillon brillait, attendant la venue du combat. Zalosta leva un seul bras en hauteur, et aussitôt le sol autour d’elle gela. Au fond de ses yeux perça la lueur rose qui dansait lascivement. « Il arrive », prévint-elle.
Kane baissa ses deux bras vers ses ennemis. Un carré se dessina devant ses mains, paumes ouvertes. Un cercle s’inscrivit à l’intérieur du carré avec des formules compliquées, dans un langage incompréhensible. Le halo bleu quitta le corps de l’échidné pour se rassembler derrière la figure. L’électricité couvrit le tout.
Et le coup partit dans un claquement de tonnerre assourdissant, secouant les trois protagonistes.
A quoi répondirent Zalosta et Saïko en projetant chacun de leur côté une ligne orange et rose qui se rassemblèrent pour n’en former qu’une, plus grosse, qui vint percuter l’attaque de Kane. Le choc fit reculer les deux camps. Mais les trois hybrides gardèrent chacun leurs deux bras levés, le corps en avant, projetant leur force respective dans leur ultime attaque. Saïko serrait les dents, gardant ostensiblement les yeux fermés. Kane gronda. Un nouvel éclair s’abattit sur lui, et son attaque augmenta en taille et en puissance. Zalosta recula d’un pas. Saïko dut reprendre ses appuis en posant un pied derrière. « C’est phénoménal, pensa-t-il.
-   Maintenant ! cria Zalosta. »
La lueur rose rongea ses yeux. Ses pics se dressèrent derrière elle. La colonne rose qui s’élevait de ses mains s’illumina considérablement. Saïko leva ses paupières sur ses yeux d’un rouge profond. Le médaillon brilla avec force. La colonne orange devint écarlate et dévora l’attaque orange précédente. La puissance rose s’enroula autour du feu et les deux attaques percutèrent à nouveau la puissance de Kane qui avait, entre-temps, avancé de quelques centimètres.
L’électricité et la glace reculèrent. Le corps de Kane fut rejeté en arrière, mais il puisa dans ses forces pour tenter d’endiguer l’attaque combinée des deux hybrides. « Allez ! » s’écria Zalosta tandis que son corps se recouvrait de rose. Saïko hurla.
L’attaque déferla sans plus aucune limite et recouvrit très rapidement la puissance de Kane. L’échidné se fit happer par le déferlement des éléments.
Journalisée
Donf : Vous êtes folles.
Rekkua : Je me demande ce que ça peut être, d'être folle, quand c'est toi qui qualifie la personne...

Niark! :] :
*ND ça veut dire glauque en fait? ok
Niark! :] :
*"putain ce château il est ND o_o
 
 
Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #511 le: Mai 29, 2013, 12:30:08 pm »
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L’amas de nuages noirs se disloqua rapidement dans le ciel. Saïko et Zalosta, tous deux essoufflés, avaient à peine la force de tenir sur leurs jambes. Ils essayaient tant bien que mal de distinguer quoi que ce soit dans la fumée qui s’évaporait trop lentement en face d’eux.
Sans prévenir, une silhouette creva soudainement la surface opaque. Les deux hybrides ne purent rien faire. Kane enfonça profondément son poing dans le ventre de Zalosta qui se cambra en avant, les yeux écarquillés. Il l’acheva d’un coup de pied dans le museau. Pendant qu’elle s’écroulait sur le côté, il s’élança avec une vivacité hors normes sur le renard. Saïko n’eut que le temps d’envoyer une boule de feu que l’échidné esquiva facilement. Il percuta son torse d’un coup de coude puissant qui coupa le souffle du renard, avant de lui faire un croc-en-jambe maîtrisé pour le faire tomber de tout son long arrière. Il bloqua sa gorge avec un bras en s’accroupissant sur lui. « Tu as le droit de savoir, héritier, puisque telle est notre fatalité ! » assena Kane d’une voix forte. Il comprima la tête de Saïko d’une poigne puissante. Une lueur vive éclaira la nuit.
Le coup de pied arriva sans prévenir ; Kane était affaibli et concentré dans les souvenirs qu’il imprimait en Saïko. Le pied de la hérissonne percuta son dos avec puissance et il s’affala plus loin en roulant à terre. Zalosta se laissa tomber sur ses genoux en se tenant le ventre, un filet de sang sur la commissure de ses lèvres. « Saïko ! ». Ce dernier avait les yeux grands ouverts et respirait vite. Trop vite. La hérissonne le gifla puis l’aida à se relever. Il se mit à quatre pattes pour vomir par terre. « Ça va, reprit-il en s’essuyant la bouche. Il m’a… montré…
-   Qui tu étais et ce que tu as fait, répondit Kane à sa place. »
Il peinait à se relever. La capuche à nouveau rabattue sur sa tête sans qu’il le veuille par le coup précédent, il essayait tant bien que mal de s’asseoir par terre. Mais ses bras tremblaient trop et ne supportaient pas son poids. Il s’affala une nouvelle fois dans un soupir de lassitude. « Pourquoi ? demanda simplement Zalosta d’une voix qui trahissait sa faiblesse, à elle aussi.
-   Tu n’as toujours pas compris, hérissonne. Ce monde… court vers la mort.
-   C’est vous qui vouliez ça.
-   C’était le seul moyen de contrecarrer le destin.
-   … Détruire le monde pour le sauver… ? reprit Saïko en avalant difficilement sa salive.
-   Ce n’est pas ce monde que je cherche à sauver, répliqua Kane après avoir soufflé.
-   C’est nous… ? »
Zalosta attendit la réponse, fébrile. Elle ne comprenait plus. « Les éléments principaux de cet univers… Peu importe le monde en tant que tel, il est au même niveau que les personnages secondaires… simplement une donnée programmée en arrière-plan pour la cohérence du récit… ». Kane toussa avec souffrance. Les pièces du puzzle s’assemblaient. Zalosta eut un frisson. « Il nous faut sortir de ce monde.
-   Exact, asséna Kane. »
Zalosta et Saïko s’aidèrent mutuellement à se relever. La hérissonne fixait Kane sans y croire. « Saïko est l’Elémental ? » demanda-t-elle d’une voix blanche. L’échidné hocha la tête. « Alors ma glace… » Il hocha une nouvelle fois la tête.  « Qu’est-ce que ça veut dire… ? » demanda faiblement le renard. « Mais vous vouliez que je le tue ! rétorqua Zalosta avec force en battant l’air avec son bras valide.
-   Néanmoins tu n’as pas pu t’y résoudre, à plusieurs reprises. Un renard que tu ne semblais pas connaître. Tu n’as jamais été capable de le tuer, Zalosta.
-   Vous le saviez… ?
-   Non. C’est toi qui as fait ce choix. Dans ton cœur.
-   Mais ces enfants… »
Kane parvint finalement à se mettre à quatre pattes. Essoufflé, terriblement affaibli. Il releva la tête alors qu’un portail se dessinait à ses côtés. Et sous sa capuche, Zalosta sut, cette fois, qu’il la regardait. « N’oublie jamais, Zalosta, qu’il n’appartient qu’à toi de te battre pour créer le futur dont tu rêves…
-   Mais je n’ai jamais choisi d’être ce que je suis aujourd’hui !...
-   Il n’est jamais trop tard, rétorqua faiblement Kane en se traînant difficilement dans le portail. On a toujours le choix, Zalosta. C’est notre plus grande force… »
Le portail se referma sur lui à tout jamais.


Saïko et Zalosta restèrent un instant silencieux. Puis la hérissonne flancha, et Saïko, lui-même affaibli, n’eut d’autre choix que de ralentir sa chute. Il la fit s’asseoir sur le sol, et se posa lui-même face à elle. Ils reprirent leur souffle. « Alors, commença Zalosta sans oser regarder son interlocuteur, qu’est-ce qu’il s’est passé ? Quand il a posé sa main sur ta tête…
-   J’ai reçu un flot d’images, de pensées, d’odeurs, de sons et de ressentis en vrac. C’était comme si on intégrait de force tout ça dans mon cerveau. J’étais complètement paralysé.
-   Et… Qu’est-ce que tu as vu… ?
Saïko baissa la tête. Il se passa une main sur le museau en soupirant.
Qu’est-ce qu’il avait vu ?
A dire vrai, tellement de choses…
Il lui raconta pour commencer qu’il l’avait vue enfant, sous un taudis, dans une ville détruite. Elle avait déjà son regard vide. Des cernes. Une enfant seule et perdue, qui avait déjà vu l’enfer.
Un bond. Un peu plus grande. Adolescente. Dans une ville aux allures futuristes. Elle courait dans des rues mal éclairées, elle fuyait quelqu’un, quelque chose. Des images floues, des grésillements.
Un bond encore. Au sortir de l’adolescence. Sur une falaise cette fois, surplombant une autre grande ville avec de grandes, grandes tours illuminées. Elle était accompagnée de deux hybrides. Ils regardaient la ville, puis se retournaient et s’enfonçaient dans les bois derrière eux.
Fuite à nouveau. Composée de moments de peur, peur d’être trouvée, peur d’être prise. La peur d’un être traqué. Alternée avec des passages de joie, de bonheur. Rassurée d’être accompagnée.
La route illuminée par la confiance que l’on parcourt avec ses amis. Des moments de rire, de confidences. Des conflits parfois, et des retrouvailles toujours.
Ceux qui s’aiment vraiment ne se séparent jamais réellement.
Et puis la capture. Soudaine. Imprévue. On n’est jamais trop jeune pour mourir.
Enfermée à part des deux autres. Ennemie public. Dangereuse. Objet de tests, de toutes les horreurs. Au nom de la Religion et des conventions, élément impie.
Jugement. Condamnation.
L’enfermement est long. Solitude dans la pièce hermétique. Séparée de ceux qui l’avait acceptée. Puis ils apparaissent devant la cellule. Ils la font sortir.
« On ne t’abandonnera pas. On va te sauver. »
Fuite à nouveau, dans le grand bâtiment. Tous les couloirs se ressemblent. Affrontements rapides contre les gardes. Courir, encore, toujours. Trouver la sortie. Mais ils l’amènent dans une salle de lancement. Eska l’enchaîne avec un tour de magie. Hood la place dans une capsule. « Aie confiance. C’est le seul moyen. » « Qu’est-ce que vous faites ? Et vous ?! ».
Paroles diluées dans le temps. La capsule se referme lentement sur elle, la vitre qui la protège la séparant pour toujours de ses seuls amis.
« On ne t’oubliera jamais. Même dans quatre mille ans, nous serons toujours avec toi, Zalo ! ». Et sous ses cris, Hood qui appuie sur le bouton. Elle se démène pour se libérer du maléfice que lui a jeté Eska pour l’entraver. Les boutons s’illuminent dans la petite capsule. Un grondement la fait secouer. Eska et Hood reculent. Zalosta hurle. Larmes.
Puis elle s’élève lentement.
Et son regard. Le sien. Le dernier. Des mots mimés des lèvres.
Pour l’éternité.
« On t’aime ! »
La capsule regagne l’espace très vite. Trop vite pour les autorités. Trop tard.
Des bips. Réguliers. Sonores.
Sommeil.

Brisé un instant, un court moment, si petit dans le temps, si grand par les sentiments.
Leur rencontre. Oubliée, effacée. Evaporée dans le passé.
C’est si dur de se rappeler du futur.
Le renard et la hérissonne. La capsule coincée dans le lac du village caché des Aquawolf. Lac gelé, vitre givrée. Ils s’aperçoivent l’espace d’un instant d’éternité.

« Je n’ai pas le pouvoir de l’eau, répondit Saïko à la question muette de Zalosta. Quand je suis passé par le village des Aquawolf, les gardiens du pouvoir de l’Eau, le lac où se trouvait leur Temple était gelé. En plein milieu, il y avait un engin étrange…
-   Une capsule, rectifia Zalosta d’une voix douce, perdue dans ses souvenirs.
-   C’est le seul élément qu’il me manque, sur les quatre… »

Réveil tardif, brutal. Quand ? Comment ? Pourquoi ?
Aucune réponse. La capsule s’ouvre. Elle reste un long moment à l’intérieur. Peur. Que va-t-elle découvrir ? Elle sort lentement. Lac gelé. Autour, un ancien village. Détruit depuis combien de temps ? Où aller ?
Aucune réponse. Elle s’éloigne. Au début, elle décrit des cercles, puis chaque nuit retrouve la sécurité de la capsule. Le seul détail connu dans cet environnement hostile par nature. Combien de temps s’est-il passé ? Que sont-ils tous devenus ? Sur quel continent se situe-t-elle ?
Aucune réponse. Le temps passe. Les quatre saisons alternent et elle reste dans la machine, immobile, déconnectée de tout.
Et puis, un jour de neige, elle se décide à partir. Sans émotion aucune. Sans plus se poser de questions. Ses yeux ont retrouvé leur éclat d’origine : vides. Elle parcourt des kilomètres et des kilomètres. La neige tombe sur son museau, les flocons mettent un certain temps à fondre au contact de sa peau froide.
Son cœur est gelé. Les villes ne se ressemblent plus. Celles qu’elle connaissait avant ont disparu. Pourquoi ? Comment ? Elle ne le saura jamais. Dans les rues on la regarde. Au cœur d’une ruelle sombre, la moitié d’une cape noire rapiécée dépasse d’une poubelle puante.
Le vêtement lui servira pendant des siècles à arpenter ces terres inconnues dont elle fait bientôt plusieurs fois le tour, machinale, sans faire attention à rien. Elle assiste sans émotion à l’orgueil renouvelé des consciences qui croyant faire de nouvelles découvertes ne savent pas qu’elles avaient déjà été faites auparavant. En son temps.
Et chaque génération voit passer ses croyances, ses coutumes. Ses guerres, ses atrocités. Ses morales et ses doctrines. Chaque génération pensant apporter au monde sa vérité, seule et unique, définitive. Chacune de ces générations pensant être meilleure que la précédente.
Eternel recommencement.
Et puis un beau jour Kane apparaît dans la ruelle. Parka noire. Capuche. « Tes yeux portent la douleur du monde ».
« Vous vous trompez. » Voix éraillée. Terriblement atrophiée par un cruel et vieux manque d’utilisation. « Mes yeux ne portent que ma propre douleur. Je suis incapable de comprendre ce monde ».
« Dans ce cas, viens, je vais te le montrer. Ce monde ».
Machine. Elle se lève. Le suit. Ne sait pas trop pourquoi. Parce que. Et puis après tout, pourquoi pas…
Missions. Une nouvelle guerre, sempiternelle. Toujours une de plus. Complots. Machinations. Les Hydres, semblants de Dieux, s’y mettent à leur tour. Un Equilibre rompu par leurs combats qui voient s’emmêler la haine que se vouent humains et hybrides.
Beaucoup de choses se succèdent. Le sauvetage de Sephyra. Roussette, dernière survivante de son peuple. Confiée au clan d’Anethie sur les ordres de Kane.
Et puis la guerre se tasse. Kane disparaît du jour au lendemain. Comme il était arrivé. Seule, à nouveau. Un homme intervient. Même endroit, la ruelle. Il ressemble à Kane. Mais il est humain. Elle ne veut pas le suivre. Elle ne veut plus rien.
Et, un soir, rencontre sous la pluie. Deux enfants dans la rue…
Un déclic. Le Manoir. Elle amène les deux enfants à l’homme. Il accepte de s’en occuper à condition qu’elle le rejoigne. Elle refuse au début. Va voir les enfants. Ils dorment dans un lit. Passe la nuit à côté d’eux.
Le lendemain, elle accepte. Vie au Manoir. Donf. Les enfants. Hunter.
Elle sent qu’il se passe quelque chose. Elle a vu trop de choses, vécu trop de vies. Elle sent que les enfants étaient sur son chemin pour une raison particulière. Les missions du Manoir ne sont qu’un prétexte.
Millie et Arthur ne sont qu’un leurre.
Ce n’est qu’une mission de plus.
Ce n’est qu’une mission.
Juste…
Une mission…

Saïko regardait Zalosta. Elle avait les yeux baissés. Elle n’osait pas le regarder.
Tu vis depuis tellement de temps… C’est normal, au bout d’un moment, de déconsidérer la vie. De regarder les choses qui passent sous un autre angle. De ton point de vue, tu dois certainement voir beaucoup d’éléments comme étant futiles, ou sans importance.
Tu as dû assister à tellement d’existences passagères.
Mais tu avais finis par trouver cette vie au Manoir. Peut-être qu’au départ ce n’était qu’une mission, comme tant d’autres. Mais tu as finis par te laisser aller au quotidien. Arthur, Millie, Donf, Hunter, puis Sephyra sur la fin. Tu as finis par te savoir proche d’eux. Tu as fini par vivre parmi eux.
C’est ce qu’on nomme une famille, Zalosta. Et c’est normal de ressentir ce genre d’émotions parmi ceux qu’on aime. Mais tu n’étais probablement pas prête.
Alors peut-être que tu avais oublié ce que c’était. Ou bien que tu ne voulais pas te l’avouer. Peut-être que tu avais peur de l’admettre, peur de te rapprocher d’eux, parce qu’ils allaient partir, eux aussi. Comme tant d’autres que tu as dû connaître par le passé.
Peut-être que tu as finis par oublier qu’Arthur et Millie devaient mourir. Que tout ça n’était qu’un plan. Mais ça aussi, c’est normal. Tu as voulu vivre ainsi pour toujours.
Combien de fois exactement est-ce que tu t’es retrouvée seule dans ta chambre, dans le noir ? Combien de fois as–tu regardé les étoiles par la fenêtre ? Combien de fois es-tu venue au chevet des enfants, pour les regarder dormir ?

Il revoyait en images toutes ces scènes ; parce qu’elle les avait réellement vécu. D’un geste, il posa sa main sur la sienne. La hérissonne releva la tête. Et il plongea son regard dans le sien.
Tu as dû te perdre. Et personne n’était là. Dans la rue, au milieu de la foule, tu as dû te sentir seule. Tout le monde passait sans faire attention à toi. Et tu savais que personne ne s’arrêterait pour te tendre la main. Tu savais tout, du début à la fin, des origines de cette histoire jusqu’à la façon dont elle devait se terminer. Mais en les regardant s’amuser dans le jardin, tu as mis tout ça de côté. Personne ne peut te le reprocher.
Personne n’aurait pu comprendre ce que tu vivais. Ni avant, ni même au moment où ça s’est passé.

Doucement, sans geste brusque, il se leva et s’approcha plus près d’elle. Il s’accroupit face à la hérissonne, la regarda un instant, puis la pris dans ses bras.
Tu étais tellement heureuse auprès d’eux. Au point que plus rien n’a eu d’importance une fois qu’ils étaient morts. Personne ne peut t’en vouloir d’être retombée dans ta léthargie. De suivre les ordres.
D’avoir voulu me tuer. D’avoir coopéré pour ouvrir la Porte. Au point de vouloir changer le monde. Peut-être même de le détruire.
Mais, Zalosta… Personne ne peut t’en vouloir de ressentir des émotions. A commencer par toi-même. Tu ne peux pas t’en vouloir d’hésiter, de laisser tomber, de prendre toi-même tes décisions.
Tu aurais pu pleurer plus longtemps, sans te cacher. Au lieu de ça tu as enfouis ce que tu ressentais.
Et maintenant te voilà ici. Perdue et seule, dans le noir. Alors même que le monde se perd dans le chaos, tu cherches ta propre porte…


« Que va-t-il se passer, maintenant ? demanda-t-il en tenant toujours Zalosta serrée contre lui.
-   Il n’y a qu’un seul moyen pour terminer cette histoire. Nous devons mourir.
-   Mourir… ? »
La hérissonne hocha la tête, nichée au creux de l’épaule du goupil. « C’est la seule façon de sortir de ce monde faux. Pour briser l’illusion.
-   Je ne vois pas comment mourir pourrait nous sauver, c’est complètement paradoxal…
-   Saïko, reprit la hérissonne en se séparant de lui pour mieux le regarder dans les yeux. C’est notre destin. Ce monde n’est qu’un archétype, nos désirs étaient paramétrés, nos décisions écrites. Nous ne faisons que suivre un scénario depuis longtemps réfléchi. Ton FireFox ne me contredira pas. La seule voie qui s’offre à toi depuis le début de ton existence, c’est de devenir l’Elémental. »
Saïko porta une main à son médaillon et questionna silencieusement l’Esprit. Il acquiesça sans un mot, dans son esprit. « Plus précisément, des choix t’ont été offerts pour mûrir ton parcours. Tu les as pris en toute conscience. Mais ta conscience elle-même n’est qu’une donnée programmée dans ce monde.
-   Donc… En devenant l’Elémental, je mourrai…
-   Oui. »
« Tu sauveras le monde d’une catastrophe intemporel… Ou bien tu le détruiras. » Ces paroles lui revinrent en tête. Elles provenaient de l’Oracle du clan des Pyrofox. Son clan. Un passé lointain.
Et des paroles qui prenaient tout leur sens aujourd’hui. Soit il acceptait le destin funeste de l’Elémental et sauvait cet univers ; soit il refusait et mourrait en même temps que ce monde. « Mais il reste un détail. Je ne contrôle pas le pouvoir de l’Eau.
-   Tu m’as expliqué pourquoi, tout à l’heure. Tu n’as pas pu le contrôler. Mais le destin façonne les détails à son image, et il y a toujours une raison au hasard. Tu sais ce que contenait cette capsule dans le lac des…
-   Aquawolf. Oui. C’était toi, à l’intérieur.
-   J’ai drainé le pouvoir de l’Eau au moment où la capsule est tombée dans leur lac. Pourquoi, comment, je ne sais pas. Mais c’est la seule solution.
-   Ce qui explique que tu puisses contrôler la glace. »
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Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #512 le: Mai 29, 2013, 12:33:16 pm »
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La hérissonne hocha la tête. Elle jeta un regard aux alentours, puis se releva. Saïko fit de même sans la suivre. Il tressaillit lorsqu’il vit ce que Zalosta était partie chercher : le pistolet abandonné par Kane. Elle revint vers lui en vérifiant le chargeur et en le remettant à sa place. « Tu es sûre que c’est la seule solution… ? demanda Saïko quand il vit qu’elle le fixait en attendant qu’il se décide.
-   Oui. Je porte en moi l’Elément qu’il te manque. On ne peut pas mourir n’importe comment. Kane le savait…
Zalosta avait compris ce que Kane avait voulu faire depuis le début. Elle aurait dû comprendre toute seule. Mais elle n’avait pas regardé la réalité en face, trop troublée, perdue dans ses pensées depuis tout ce temps. Kane, lui, avait compris dès le départ. Peut-être même avant.
Zalosta n’aurait jamais pu tuer Saïko. Elle avait compris pourquoi. Mais ça, elle ne le dirait jamais à haute voix. Kane le sachant, il avait confronté la hérissonne à ce dilemme. Tout en sachant quel choix elle ferait. Jusqu’à ce qu’elle comprenne.
La vérité, c’était que Zalosta devait mourir avant Saïko. « Tu dois me tuer pour récupérer ce pouvoir. Avec les quatre éléments en main, tu deviendras ce que tu étais destiné à devenir. Tu as la Serpe, non ?
-   Ce truc là ? » répondit Saïko en lui montrant la Serpe que lui avait donné son père il y a très longtemps, et qu’il gardait toujours accroché à son pantalon, bien à l’abri.
La Serpe en question possédait quatre petits trous sur son manche. Sur trois d’entre eux, trois petites billes de couleur différente luisaient doucement ; une pour chaque élément : feu, terre et vent. Il ne restait qu’un trou vide.
Zalosta acquiesça. « Pose-la sur mon corps une fois que je serai morte. Tu récupéreras l’Elément.
-   Une fois que tu seras morte…, répéta faiblement Saïko. »
Zalosta le transperça du regard. Ce n’était plus un regard froid et distant comme avant. Il était franc. Plein de compassion. Triste aussi, un peu. Mais confiant dans ce qu’elle entreprenait.
Elle mit le pistolet entre les mains de Saïko. « N’hésite pas, et vise bien. Je ne tiens pas à souffrir plus que nécessaire. »
Le renard fixa l’arme en hésitant, une moue désapprobatrice sur les lèvres. La hérissonne s’agenouilla face à lui. « C’est ainsi que ça doit se passer, affirma Zalosta en posant docilement ses mains sur ses jambes repliées. »
Saïko hocha lentement la tête et ingurgita difficilement. Il mit lentement la hérissonne en joue. Son bras tremblait. Il prit l’arme des deux mains. « Je… Je ne peux pas, dit-il d’une voix tremblante. »
Zalosta posa doucement ses propres mains sur celles du renard. L’arme cessa de trembler. Elle sourit et regarda le renard dans les yeux. « Ne t’en fais pas, je suis consciente de ce qu’il se passe. Crois-moi, il faut le faire. Laisse-moi faire ce choix pour la toute dernière fois. »
Saïko serra les dents et plissa les yeux. Son regard devenait flou. Des larmes montaient. Les mains de Zalosta se raffermirent autour des siennes. Le renard renifla. « Je ne voulais pas qu’on en arrive là, souffla-t-il, la gorge nouée.
-   Je n’ai confiance qu’en toi. Il n’y a que toi pour le faire. »
Elle rapprocha sa tête et colla le canon contre son front en fermant une dernière fois les yeux. Ses mains se crispaient sur celles du renard, maintenant, alors que le museau de celui-ci s’inondait de larmes. « Tu es quelqu’un de bien, Zalosta, parvint-il à dire entre ses pleurs. Quoi qu’il y ait après la mort, je souhaite que tu sois heureuse avec les enfants.
-   Vas-y, souffla la hérissonne en contenant elle-même ses larmes.
-   Adieu, Zalosta… »
Une seule et unique véritable larme tomba dans la neige. Toutes les autres étaient pourpres.
Le coup de feu résonna très longtemps dans la plaine et emplit les oreilles de Saïko. Le corps de la hérissonne était tombé sur le côté dans un bruit sourd. Le renard resta figé un long moment. Il pleurait sans retenue, hoquetant comme un enfant, seul dans la nuit. Il mit un certain temps à baisser les bras et finit par lâcher l’arme qui rebondit sur le sol. Saïko s’agenouilla près de Zalosta et l’allongea sur le dos. Ainsi, elle n’avait qu’un petit trou dans le front par où s’écoulait un mince filet de sang. Le renard ne voulait pas voir le trou immonde qui ouvrait l’arrière de son crâne, par où était ressortie la balle.
Comme elle le lui avait dit, il sortit sa serpe et la posa sur elle des deux mains. Une douce lumière violacée entoura le corps de la hérissonne. Puis plusieurs petites ramifications de la même couleur s’échappèrent du halo et vinrent se rassembler dans le quatrième trou du manche en bois. Elles formèrent une minuscule bille qui passa très rapidement de l’état de fumée en véritable joyau bleu qui s’incurvait précisément dans l’orifice.
La serpe fut complète. Après des années pendant lesquelles il avait voyagé dans son monde, avant d’atterrir dans celui-ci. Depuis la première fois où il avait rencontré le FireFox, le jour où son village avait été attaqué.
Son travail était à partir de cet instant et dorénavant complet. Il sut à ce moment précis, sans jamais l’avoir su auparavant, ce qu’il lui restait à faire. Ce qu’il incarnait lorsque les autres entités élémentaires avaient hésité à le considérer comme étant « l’élu ».
L’Elémental.
Le renard se releva lentement. Il renifla en se passant un revers de main sur le nez, puis essuya maladroitement mais calmement les larmes sur son museau. Il ne pleurait plus. « Allons-y, FireFox » dit-il simplement en attrapant son médaillon.
Son corps s’illumina. La serpe qu’il tenait en main prit la même teinte dorée.
Le corps du renard se détacha  du sol. Il monta lentement dans les airs. Les quatre joyaux élémentaires se détachèrent de leurs orifices et vinrent tournoyer autour de Saïko, de plus en plus rapidement.
Une lumière éblouissante illumina la nuit. Le corps du renard était entouré par un halo circulaire des quatre couleurs différentes de chaque joyau. Les éléments semblaient tourner sur eux-mêmes en totale harmonie les uns avec les autres. A l’intérieur du halo, Saïko reposait les yeux fermés, les bras levés. Dans les cieux, une étrange lumière dorée perça les nuages noirs et capta le cercle. La terre trembla.
Le cercle descendit lentement et rentra dans le sol comme s’il s’agissait d’un mirage, le corps de Saïko y compris. Le sol se fissura alors. Il en sortit une longue branche qui se déploya dans le ciel avec une force et une vitesse incroyable. Elle grandit et grossit en l’espace de quelques secondes. Des branches apparurent sur ce qui se constitua comme étant un tronc énorme et sans commune mesure. De longues branches vivantes et imposantes qui étendirent leurs ramures dans les airs.
Au pied du tronc, divers fleurs sortaient du sol. Le halo de lumière qui perçait les cieux s’agrandissait de seconde en seconde. Des plantes de toutes sortes poussaient dans son périmètre.
Tout ceci dura quelques minutes. Puis il arriva un moment où l’arbre sembla ne plus pouvoir grandir – énorme qu’il était déjà. L’événement se stabilisa alors et la lumière cessa aussi d’augmenter le périmètre fleuri autour de l’arbre gigantesque.
Un ovale se dessina soudainement sur le tronc de l’arbre. Un ovale gris et brillant qui dessinait comme un passage en son intérieur de la même luminosité. Un museau en sortit alors. Il s’agissait d’un chien très grand – de la taille d’un humain. Il possédait en outre cinq queues aux pointes de chaque couleur représentant les éléments, la cinquième étant la couleur de son pelage : gris.
Le chien contourna l’arbre. A chaque fois qu’une de ses pattes quittait le sol, une pousse en sortait et grandissait à vue d’œil, comme par magie. Il s’approcha du corps de Zalosta, qui était restée un peu en retrait. Elle baignait sur le dos, le visage paisible, dans une mer de roses rouges. Les fleurs avaient, semblait-il, bu le sang de la hérissonne, car au sol il n’y avait plus aucune trace.
Le chien baissa son museau jusqu’à effleurer son front. De ses naseaux sortit un faible souffle qui fit fléchir la mèche de la hérissonne. Puis il releva le museau et hurla longuement au ciel. Quand il eut fini, l’animal légendaire huma l’air, comme s’il attendait un signe.

*****
***

Hunter faisait face à l’Autel. Des marches s’élevaient face à lui. En haut il n’y avait rien.
Jusqu’à ce moment.
Il avait attendu patiemment, conscient qu’ailleurs se déroulait un autre combat, dont il devait attendre le dénouement. Il avait monté les marches, lentement, et s’était assis à mi-chemin du parcours pour regarder le ciel, au loin.
Quand l’Autel se mit à trembler, il ne fut pas étonné. Son instinct le lui avait dicté au même moment.
Le temps était venu.
Il se releva et reprit sa marche. Il vit l’Emeraude Mère se lever lentement de sous l’Autel, pour reprendre la place qui lui revenait de droit.
« C’est maintenant ou jamais, camarade.
-   Ouais… Un dernier sayonora avant la fin. »
Lorsqu’il atteignit la dernière marche, l’Emeraude était déjà en place. Sur les sept pylônes qui l’entouraient reposaient les sept Emeraudes du Chaos. Il n’avait pas besoin d’en grimper un pour s’en rendre compte par lui-même.
Il le savait. Des souvenirs de son peuple.
Il s’approcha lentement de l’Emeraude, sa démarche empreinte d’un respect ancestral. Il se trouvait devant le Trésor parmi tous, le régisseur du Chaos sur cette terre. Bien des gardiens avant lui avaient dû se sacrifier comme il s’apprêtait à le faire, lors des grandes tourmentes qu’avait connu ce monde.
Il était le dernier de ceux-là. Le dernier des Gardiens.
« T’es prêt, mon ami ?
-   C’est à moi de te demander ça. Malheureusement, je te donne pas vraiment le choix…
-   T’en fais pas, va. C’est toi le héros principal, ici. Et désolé pour ce que je t’ai fait faire, jusqu’ici.
-   Tu seras pardonné à la fin, si ça peut t’aider à pas retourner en Enfer. Au moins pour que tu ne reviennes plus sur terre faire chier ton monde.
-   Tu gardes ton sens de l’humour malgré ça ! ricana le démon. Tu me plais, petit gars ! »
Hunter sourit. Il leva sa main droite, resta tendu un instant, puis la posa tout doucement sur la surface de la gemme. Cette dernière se mit à briller plus intensivement. L’échidné dut fermer les yeux. Il sentit au plus profond de lui la lumière percer son âme et mettre à jour son existence entière. Quand il rouvrit les yeux, Blowback se tenait à sa droite, nappé d’une silhouette blanche. Il semblait un fantôme voletant à quelques centimètres du sol. Ils se regardèrent. La silhouette floue de Blowback esquissa un sourire.
-          Il aura fallu vivre tout ça pour en arriver là ! Résonna sa voix nasillarde, trouvant un écho dans ce présent malgré ses origines lointaines.
Hunter sourit en fermant les yeux. Puis il reposa son regard sur la gemme.
-          Tout le monde nous attend, murmura-t-il.
Blowback hocha la tête. Il posa sa propre main gauche sur l’Emeraude. Tandis qu’elle se remettait à luire puissamment, Hunter ferma les yeux et se remémora tout ce qu’il avait vécu jusqu’ici. Plusieurs personnes s’imprégnèrent dans les images de sa mémoire. Tous ceux qu’il avait côtoyés. Et ceux qu’il n’avait pas su protéger.
Pardonnez-moi.
Hunter rouvrit les yeux. Sa main, tout comme son bras et son corps entier, s’étaient mis à luire de même que l’Emeraude.
Je n’ai pas su trouver la force de me battre assez pour vous protéger. J’ai toujours été impuissant.
L’échidné esquissa un sourire triste.
Mais attendez-moi. Il ne me reste plus qu’une petite chose à accomplir, et après… Je vais vous rejoindre.
-          J’espère payer ma quittance du passé, déclara le démon. Hors de question de refoutre les pieds en Enfer !
Fly, maman…
-          Quand faut y aller…, commença Hunter en appuyant plus fortement la paume de sa main contre l’Emeraude du Chaos.
-          Faut y aller ! Camarade !
Et tous les autres…
La lumière les engloba tous les deux. Puis une colonne blanche se leva en hauteur, perforant les cieux.
J’arrive.

*****
***

Un portail perça l’obscurité face à la Porte. Une jambe en sortit soudainement. Le reste du corps suivit.
La personne s’avança sans s’arrêter face à la Porte. Le corps de Lena avait disparu. Les tâches de sang aussi. Le monde orangé se tordait encore et toujours, derrière l’ouverture.
Il serra les poings, le regard droit.
Et, résolu, sûr de lui, Hunter entra dans la Porte.






« Dire que la guerre est parfois nécessaire n’est pas un appel au cynisme, c’est la reconnaissance de l’Histoire. »
Extrait du discours d’Obama prononcé lors de la remise du prix Nobel de la paix, à Oslo, le 10 décembre 2009
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Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #513 le: Mai 29, 2013, 12:38:26 pm »
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Le coup de poing lui perfora l’estomac. Il rouvrit les yeux sous l’emprise de la douleur et sous le coup de la surprise. Blowback avait beau n’avoir que l’aspect d’un fantôme déphasé par le temps, son attaque, elle, était bien réelle, et la douleur bien présente.
Hunter avait reculé de quelque pas, les mains sur le ventre, courbé en avant. « Désolé gamin, mais à partir de maintenant, j’en fais mon affaire.
-   Qu’est-ce que t’as en tête, enfoiré… ? »
Hunter jeta un regard rageur à Blowback. Le démon haussa les épaules avec un sourire désabusé. « C’est juste le pacte qu’on a signé, ton vieux et moi. J’agis comme il était convenu que je fasse.
-   Kane ? Demanda Hunter qui restait plié en deux.
-   Ouais. Ton vieux. Pourquoi tu crois qu’il m’a mis dans ton corps ? Un père ferait ça à son fils, tu penses ?
-   Il a jamais agis comme un père pour moi, rétorqua Hunter d’un ton dédaigneux.
-   Ouais, c’est vrai… T’as pas faux. Dans les apparences, il a pas vraiment été là, le vieux. »
Derrière Blowback, l’Emeraude envoyait toujours son champ lumineux dans les cieux. Mais il était moins puissant qu’avant. Comme s’il manquait quelque chose. « Ce con va tout faire foirer, pensa Hunter.
-   Je vais t’expliquer rapidement. Ton vieux m’a capturé en tant qu’esprit démoniaque. Moi parmi d’autres, c’était juste un coup de chance. Il menait des expériences avec tous les autres pour essayer de tomber sur un ancien… pour tomber sur moi, en fait. Putain j’y avais jamais réfléchi ! »
Pendant ce temps, Hunter essayait de se rapprocher de l’Emeraude sans perdre Blowback du regard, le contournant lentement. « Quand il est tombé sur moi, donc, il m’a proposé un marché. Un corps, le tien, pour que je puisse rester dans ce monde – puisqu’un esprit seul, sans corps, ne peut pas résister bien longtemps aux ondes de ce monde matériel. En échange de ça, je devais me familiariser complètement avec toi, avec le temps. Je devais rentrer en toi au moins assez pour te piquer ton rôle de gardien, petit gars.
-   Pourquoi ? demanda Hunter qui reprenait ses forces, intéressé quand même par ce que racontait son ancien démon.
-   Il voulait te sauver du destin, mon pote. »
Hunter s’arrêta et fixa Blowback, cherchant à savoir s’il disait la vérité. Kane, le sauver ? C’était bien la première fois qu’il entendait ça. « Comment ça me sauver de mon destin ?
-   Tu sais, ton vieux est du genre borné. Pour lui, tout le monde doit pouvoir faire ses propres choix. Il a horreur de penser qu’un destin attend quelqu’un, et que cette personne ne fasse que suivre ce qui est écrit, sans rien décider par elle-même. Ça le faisait vomir.
-   Et donc ?
-   Il ne voulait pas que tu sois sacrifié à cause de ton foutu destin, gamin. Tu piges pas ? Il voulait t’enlever cette malédiction. En me mettant, moi, démon, ancien membre de ta lignée, en toi, il voulait que je m’incorpore ton putain de destin.
-   Et t’as accepté de te sacrifier ? Ça te ressemble pas.
-   Pas faux. Mais là c’est pour une bonne cause. »
Blowback sourit de toutes ses dents. « Parce que y a une chance qu’en me sacrifiant pour sauver tout le monde, je gagne mon ticket d’entrée pour le bon côté !
-   Là je comprends tout, rétorqua Hunter en souriant. Ça te va bien de passer un marché qui t’avantage.
-   Ben quoi ? C’est à ça que ça sert, un marché. C’est pour convenir aux deux parties ! Toi tu meurs pas comme un con, ton père est content, et moi je deviens gentil, j’évite l’enfer, je suis content ! Tout le monde est content ! Happy end ! s’exclama Blowback en élevant les bras au-dessus de sa tête. Sauf que, bon, reprit-il. C’est pas aussi simple.
-   Comment ça ?
-   Apparemment t’as un autre rôle à jouer. Enfin, j’ai pas tout suivi à l’époque, j’avoue. C’était un peu long, moi je voulais juste avoir un corps. Mais bon. Tu dois aller quelque part, à la Porte, je crois. »
Blowback leva un bras. Un portail ténébreux apparut derrière Hunter. Celui-ci le contempla sans y croire, puis se retourna vers le démon pour l’invectiver. « Tu maîtrisais ça ? Pourquoi tu me l’as pas dit avant ? On aurait pu l’utiliser !
-   Pas le droit. Ordre de ton paternel !
-   Fais chier. Bon. Alors moi je vais par-là, et toi…
-   Je m’occupe de ce gros bijou brillant, pas de soucis !
-   Mh. Alors à plus. »
Blowback lui fit un salut militaire ironique. Hunter se retourna, fit quelques pas vers le portail, puis s’arrêta. « Ah, et je suppose que je dois te remercier, pour ça. Le rôle du Gardien.
-   Pas la peine, c’est plus pour moi que j’ai accepté, votre histoire ou ce monde, dans le fond, j’en ai rien à foutre, pour tout dire.
-   Ouais. Ça m’aurait étonné.
-   Ton vieux est quand même vachement bizarre. Mais y a pas à dire. Y avait que quand il parlait de toi ou de ta mère qu’il était vraiment humain. »
Hunter ne répondit rien. Il reprit sa marche. Avant d’atteindre le portail, il leva un bras en signe d’adieu, sans se retourner.
Mais Blowback s’était lui aussi retourné pour accomplir son dernier geste.


NightDreamers
Chapitre 37 ~ Le Cinquième ['Cause we all have a place to go back to 1/2]


Un défilement d’images très rapide. En désordre. Des cris, des rires, des paroles qui se chevauchent, des hurlements, des pleurs, des murmures.
Une vérité.


Un immeuble en feu. Point de vue en hauteur. Sur le toit du bâtiment d’en face, certainement.
En contre-bas, dans la rue, Hunter fait face à son immeuble, proie des flammes. Il s’élançe sur la porte d’entrée de l’immeuble et découvre un mot accroché. Il l’arrache, le lit, puis s’élançe dans une autre direction. Kane sait, pour l’avoir écrit lui-même, ce qu’il y était apposé : « Nous prenons ton quotidien. Nous prenons ton amour. Tu ne sauveras pas ta vie des flammes, mais tu pourras peut-être sauver la sienne en te dépêchant. Hangar n°4, au port. Vite. Le temps file. Le sien est déjà compté. »

Autre point de vue en hauteur, cette fois depuis le toit du hangar. Il pleut. Un trou dans le plafond de verre et d’acier permet de voir ce qui se passe dans la grande et large bâtisse.
A l’intérieur est rassemblé le gang des katanas, des dizaines et des dizaines d’hommes aux allures de racailles, occupant tout l’espace. A leur ceinture, pour chacun d’entre eux, pend un fourreau. Au centre, sous le trou du toit, sur un petit piédestal, se tiennent le chef du gang et Fly ; cette dernière les mains accrochées par une chaîne depuis le plafond. Kane se trouve justement près de la chaîne accrochée à un pilotis de biais. Les pieds de la jeune femme traînent sur le sol. Elle a l’air à demi consciente. Son corps porte des marques sombres, mais elle n’a pas l’air blessée. Seuls ses yeux restent vides et portent le malheur. « Fly ! »
Hunter vient d’arriver. La plupart des hommes ricanent en encerclant Hunter qui s’avance parmi la foule pour gagner le centre de la salle. Kane assiste à la scène sans faire un geste.
« Relâche-la, entend-il Hunter proclamer en contre-bas. Elle n’y est pour rien là-dedans. Je ne veux pas me battre contre vous. On peut discuter. »
Les racailles ricanent une nouvelle fois. « Discuter ? rétorque le chef. Mais on ne veut pas discuter avec toi, Hunter ! Tu as incendié notre putain de repaire, sale fils de pute ! s’écrie-t-il soudainement en pointant en doigt accusateur sur Hunter. »
Celui-ci serre les poings. « Je t’assure que je n’y suis pour rien. Je ne voulais pas que ça aille plus loin, j’ai plus à perdre qu’à y gagner en me confrontant à vous. Je veux passer à autre chose. Relâche Fly.
-   Tu sais quoi ? C’est trop tard. On t’attaquant à notre repaire, t’as signé la guerre entre nous. Tu crois qu’on va oublier ça tranquillement et te laisser partir avec ta copine ? Tu sais pas à qui t’as affaire, connard.
-   J’ai rien incendié du tout, je peux te le jurer.
-   La parole d’un minable ne vaut rien. »
Les hommes sortirent leur katanas de leur fourreau. Hunter jeta un rapide coup d’œil circulaire. Ils étaient bien trop nombreux. « Stan, ne fais pas de conneries. Ça nous apportera rien, ni à l’un, ni à l’autre…
-   C’est toi qui as voulu la guerre, mon pote. Assume. »
Ses hommes pointèrent leur lame vers Hunter, l’invitant à ne pas faire de geste inutile. Le chef posa une main sur l’épaule de Fly. « Mes amis, nous sommes réunis ici ce soir parce qu’un rat a décidé de nous provoquer ! Ce rat, le voici, il est là : je vous l’offre ! » Cris de joie, rires qui emplissent la salle. « Et celle que je tiens à mes côtés n’est autre que sa petite copine ! Comme c’est touchant… Tu veux lui faire un petit bisou, Hunter ? » Nouveaux rires, plus forts cette fois. Kane vit Hunter serrer les poings. Il se concentrait certainement pour trouver une échappatoire. « Mes amis, je vous le donne en mille. Celui qui a bousillé notre repaire, c’est ce petit connard de merde ! Alors, qu’est-ce qu’on doit faire ? Je vous le demande ! Est-ce qu’on doit le laisser partir sans rien faire ? » Des plaintes s’élèvent avec force. « Je suis d’accord avec vous, reprit le dénommé Stan, qui tournait autour de Fly en proclamant son discours. On ne peut pas se permettre de laisser partir innocemment ceux qui ont bousillé notre petit paradis. On ne peut pas ! s’exclama-t-il soudain avec force, et son cri fut repris avec force par la plupart de ses camarades.
-   Stan, je t’en prie, ne fais pas ça. S’il te plaît.
-   Comment ? rétorqua l’homme en tendant une oreille de manière comique. Tu me supplies ? Regardez, écoutez ! Le petit rat me supplie !
Nouveaux rires, accompagné d’applaudissements. « Il est trop tard pour me supplier, minable. Ca… il fallait y songer avant. »
Et d’un geste précis et impeccable, Stan sort sa lame et l’enfonçe dans le ventre de Fly sans aucune hésitation. Hunter hurla. Il fit un geste pour avancer. Des dizaines de katanas l’empêchèrent tout de suite de faire un pas de plus. Des rires gras se mêlèrent aux cris de Hunter.
Un filet de sang perla de la bouche de la jeune femme qui restait amorphe. Stan retira son katana dans une gerbe de goutelettes éclarlates. « Voilà ! La guerre est déclarée ! ». Il libéra Fly de son entrave et, d’une main, la jeta dans le tas d’hommes. La jeune femme rebondit sur le sol et roula aux pieds de Hunter. Celui-ci s’agenouilla et la prit contre lui.
D’où il était, Kane n’entendit pas les murmures que le couple s’échangea pour la dernière fois. Il sut simplement que la drogue faisait encore son effet, car Fly ne semblait toujours pas bien réveillée.
Il assista simplement à la suite. Après quelques minutes, Hunter reposa Fly sur le sol. Elle ne bougeait plus. Le jeune homme se releva lentement, et une aura démoniaque pesait sur ses épaules. Kane le sentait. Mais les hommes, eux, ne voyaient rien. Ils ne se doutaient pas de ce qui était en train de se préparer. « Ne m’en veux pas Hunter ! J’ai rétabli l’équilibre. Tu nous as pris quelque chose de cher, j’ai fait pareil ! » continuait Stan avec de grands gestes.
Les hommes les plus proches de Hunter durent s’apercevoir que quelque chose n’allait pas. Quelque uns d’entre eux reculèrent lentement, tandis que d’autres, plus sûrs d’eux, s’avancèrent avec leur arme, apostrophant leur ennemi.
Hunter leva lentement son visage en hauteur, les yeux fermés. Un son montait de sa gorge. Il semblait y rester bloqué, comme un gargouillement qui convulsait ses membres. Puis, lentement, il ouvrit la bouche et le hurlement prit de l’ampleur seconde après seconde. Son intonation vira à une note grave irréelle, déchaînant alors une vague de puissance démoniaque qui propulsa les hommes les plus proches en arrière, sur leurs propres camarades. Des vitres du toit explosèrent, et Kane dut faire quelques bonds salvateurs pour éviter de tomber. Quand il reprit le spectacle, le carnage avait déjà commencé.
Avec un rire féroce et inhumain, Hunter saccageait les corps, tordait les membres, lapidait les visages, détruisait les vies. Véloce, doté d’une puissance irréelle, son corps était entouré par un halo blanc et rien ne semblait pouvoir le briser. Les coups de lame passaient sur lui comme une caresse, et la contre-attaque, par derrière, était meurtrière. Il se joua de ses attaquants, exécutant une longue et interminable chorégraphie pour passer au-dessus ou en-dessous d’eux, les esquivant pour mieux les étriper d’un seul geste. Le sang se répandait sur le sol avec une facilité déconcertante.
Seul sur son piédestal, Stan hurlait des ordres. Et plus les minutes passaient, plus il prenait peur. Hunter faisait le tour du centre de la salle, resserrant progressivement sa position au fil de ses mouvements.
Et bientôt, il ne resta plus qu’eux deux. Tous les hommes gisaient à terre. Rares étaient ceux qui respiraient encore. La plupart étaient découpés, les membres arrachés, les viscères répandues sur les corps de leurs camarades. Le sang imbibait complètement les vêtements de Hunter. Son visage lui-même en était ruisselant. Il leva lentement ses yeux sur Stan. Et ce dernier plongea dans ce regard d’un violet sombre sans pupilles, porteur des plus atroces supplices de l’enfer. L’homme crut perdre la raison seulement en regardant dans les yeux ce démon. Il recula instinctivement. Et dans un clignement de paupière, Hunter, qui se trouvait à une dizaine de mètre de lui, se retrouva juste devant son nez.
Stan hurla. Il se retourna pour s’enfuir, mais le démon ne lui en laissa pas le temps. Il l’attrapa par le haut du crâne et l’envoya sur le sol d’un geste brusque. Puis il releva Stan en le prenant par le visage, enfonçant ses griffes dans sa bouche. Il le releva comme ça et le remit sur ses pieds. D’un seul geste. Stan cracha une giclée de sang.
Hunter déchira son pantalon au niveau de l’entre-jambe d’un seul geste avec ses griffes. Il prit ses testicules et son pénis d’une poigne solide et les arracha fermement. Des lambeaux de peau atterrirent par terre avec un claquement de sang. Il fourra sa marchandise dans la gorge de sa victime, interrompant son hurlement.
Puis il perfora son estomac avec son bras gauche. Fourrageant au cœur de ses entrailles, il remonta petit à petit dans le corps jusqu’à trouver le cœur. Il l’arracha d’un geste vif et le sortit à l’air libre. Et le coinça dans la bouche de son propriétaire qui était pris de convulsions. Avant de le laisser s’écrouler, il prit des deux mains la mâchoire de Stan et l’ouvrit en grand, rompant les muscles, avant de la rabattre avec force pour écraser le cœur de sa victime avec ses propres dents.
Des morceaux de chair dégoulinèrent de la bouche écartelée de Stan. Hunter le relâcha. L’homme tomba en avant. Il s’affala lentement sur son tueur. Sa tête atterrit à ses pieds.
Il y eut un silence lourd dans le hangar. Puis lentement, Hunter écarta ses bras et retroussa ses babines. Un rire fort, sauvage et malsain ; démoniaque, sortit de sa gorge. Il rit pendant quelques minutes avec une folie sans pareille, dansant entre les corps déchiquetés, s’enivrant de l’odeur du sang répandu dans l’atmosphère et sur son visage.
Puis soudain il y eut comme une déconnexion. Le rire s’interrompit aussi vite qu’il était apparu. Hunter s’immobilisa, puis s’écroula lourdement par terre.


Nouveau lieu. Une cave, semblait-il. Froide, humide. Fly était enchaînée à une chaise. Inconsciente. Son menton reposait mollement sur son torse. Elle trembla légèrement.
Et se réveilla lentement.
Elle cligna des paupières en jetant un coup d’œil circulaire, mais mit plusieurs minutes avant de comprendre réellement la scène. Elle regarda en face d’elle et ses yeux rencontrèrent celui qui assistait à ce moment. « Qui êtes-vous ? demanda-t-elle, méfiante, en serrant les poings entravés par des chaînes sur sa chaise.
-   Je suis le père de Hunter, répondit une voix grave et fatiguée. »
Kane s’avança. On ne le voyait pas. On avançait avec lui. A travers ses yeux. « Son père… ? Que me voulez-vous ? Pourquoi m’avoir attachée ?
-   J’ai besoin de toi pour sauver mon fils, jeune femme.
-   Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ? demanda-t-elle alors en semblant se calmer, prenant peur pour son compagnon plus que pour elle.
-   Sa naissance est synonyme de mort. Connais-tu le devoir des Gardiens, Fly ? »
Surprise qu’il connaisse son prénom, elle hocha lentement la tête. « Oui. Leur devoir est de veiller sur la puissance du Chaos. C’est une légende qui se transmet de génération en génération au sein du clan échidnés.
-   La mère de Hunter était une Gardienne.
-   Mais ça ne signifie pas forcément qu’il devra se sacrifier, rétorqua calmement Fly avec un petit sourire rassurant. Le monde ne se porte pas si mal…
-   J’admire ta pureté d’esprit, répondit l’échidné avec un sourire sincère. Je consens à te détacher, mais acceptes-tu de rester et d’écouter ce que j’ai à te dire, Fly ?
-   Oui. Bien sûr. »
Gros plan sur les entraves de la jeune femme. Les mains de Kane la libèrent. Ses poignets. Ses chevilles. Puis retour en arrière. Kane se relève. On voit Fly se caresser les poignets meurtris. « Pourquoi m’avez-vous attachée ? C’est vous qui m’avez fait venir ici ?
-   Oui. Il ne fallait pas qu’on puisse nous trouver. Et je n’étais pas sûr que tu veuilles me suivre et m’écouter.
-   Si vous étiez venu à la maison je ne vous aurais pas chassé. Vous êtes son père. Quel est votre nom ?
-   Hunter ne te l’a pas dit ? Je m’appelle Kane.
-   Hunter m’a simplement raconté, très brièvement, que c’était par votre faute que ce démon sommeillait en lui. Il vous déteste pour ça. Je pense que vous en êtes conscient.
-   Oui. »
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Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #514 le: Mai 29, 2013, 12:42:12 pm »
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Virement de cadrage. Kane regarde sur le côté. Une chaise est là. Il l’attrape d’une main, la place en face de Fly et s’y asseoit. « Il ne peut pas encore comprendre pourquoi je fais tout ça. Il ne le doit pas.
-   Pourquoi vous ne lui expliquez pas, tout simplement ? Vous savez, Hunter est intelligent. Et sous ses airs de brute, il sait pourtant rester calme quand il le faut. C’est vous qui avez mis ce démon en lui ? reprit la jeune femme après un court silence. »
Kane hocha la tête en signe d’acquiescement. « Pourquoi ? demanda simplement la jeune femme.
-   Pour lui enlever ce rôle de Gardien. Blowback, le démon, fait partie de notre lignée. Il a vécu il y a de très nombreuses années. Je l’ai placé dans Hunter afin qu’il puisse s’accaparer le devoir du Gardien.
-   Est-ce que c’est possible… ?
-   Il faut espérer. C’est la seule solution.
-   Qu’est-ce qui vous fait croire que Hunter aura à se sacrifier obligatoirement ?
-   Je ne le crois pas. Je le sais.
-   Vous… connaissez l’avenir ? demanda Fly avec une moue sceptique.
-   Il n’y a pas d’avenir proprement dit. Simplement une trame principale. Et dans celle-ci, Hunter doit se sacrifier à la fin pour rétablir l’équilibre du monde.
-   Une « trame » ?
-   Tu n’es qu’un personnage secondaire, Fly. En suivant la trame, jamais je n’aurais dû avoir cette conversation avec toi. Mais les conséquences m’y obligent, si je veux sauver mon fils de son destin.
-   Un personnage secondaire ? s’esclaffa rapidement la jeune femme. Mais enfin, de quoi parlez-vous ?
-   Tout ceci n’est qu’une histoire écrite depuis bien longtemps. On nous offre un scénario dans lequel nous sommes censés croire avoir le pouvoir de faire nos propres choix. Mais il n’en n’est rien.
-   Et selon ce scénario, vous êtes donc sûr que Hunter devra se sacrifier.
-   Oui. »
Fly jaugea Kane d’un regard soupçonneux. « Je ne comprends toujours pas. En admettant que vous ayez raison, même si, pour être franche, j’ai du mal à croire une histoire pareille… En quoi avez-vous besoin de mon aide ?
-   Tu es une personne remarquable, Fly. Nos créateurs ont su t’imaginer avec beaucoup de crédibilité. Vous formez un joli couple, tous les deux. Et tu prends soin de mon fils. Je t’en remercie.
-   C’est gentil…
-   Mais votre histoire n’est qu’une histoire écrite dans la poussière du temps. Il faut qu’elle cesse pour briser le destin. Mon fils doit devenir la faille de ce monde, et il ne le pourra pas quand tu seras là. »
Confrontation de regard. Fly fixait Kane d’un regard lourd. « En gros, vous voulez qu’on se sépare.
-   Non. Ce ne serait pas suffisant. Il faut un traumatisme pour Hunter. Et il faut que tu puisses rester à ses côtés pour lui indiquer le chemin jusqu’à la fin.
-   Mais enfin, qu’est-ce que vous voulez ?
-   Ta mort. »
Le mot résonna dans la cave. Une porte s’ouvrit en grinçant horriblement. Le visage de Fly se décomposa littéralement en jetant un coup d’œil derrière Kane ; pour distinguer ceux qui entraient. « C’est vous qui avez tout manigancé… murmura-t-elle, bouillante de rage. » Elle se leva de sa chaise comme un ressort, sans prévenir, les muscles bandés. Le poing en avant s’arrêta dans son geste, face aux yeux de Kane. Comme si son corps ne répondait plus. Comme un pantin, elle se rassit lentement sur sa chaise. « Ce n’est pas de ta faute, Fly. Ni celle de Hunter. Je ne fais que protéger ceux qui doivent l’être. » Kane se lève. S’approche de Fly et lui murmure à l’oreille : « Et tu n’es pas de ceux-là. » La jeune femme tremble. Elle ne peut pas bouger. Même son regard semble ne pas pouvoir se déplacer pour fixer sur Kane sa rage démesurée de s’être fait prendre au piège aussi facilement. L’échidné murmura encore un peu plus bas à son oreille : « Je peux au moins faire en sorte que tu ne souffres pas. Désolé, jeune fille. Si cela aurait pu se passer autrement, crois-moi, je l’aurais fait. »
Il lui inséra une seringue dans le cou. Les lèvres collées de Fly ne purent retenir un faible gémissement de peur. La drogue s’inséra dans ses veines aussi rapidement qu’un venin.
Kane se retourna pour faire face aux membres du gang des katanas qui attendaient leur tour. Leur chef se trouvait à leur tête. « Faites ce qui était convenu. »
L’homme opina du chef avec un sourire malsain. Ceux qui se trouvaient sur le chemin de la sortie se déplacèrent sur le côté pour laisser passer Kane.


« N’y va pas, Hunter. »
Le regard de Fly était franc. Dans ses yeux se mêlaient la colère et la peur. « Je vais juste parler avec eux, rétorqua le jeune homme.
-   C’est une provocation, est-ce que tu t’en rends compte au moins ?! Ils ne veulent pas parler !
-   Je vais m’expliquer, et on arrêtera les conneries. »
La scène était vue depuis la fenêtre de leur appartement. Leurs voix apparaissaient un peu lointaines, mais l’écho de leur dispute se faisait entendre.
Fly prit la main du jeune homme dans la sienne. « Je t’en prie Hunter, arrête tout de suite. Ca ne mènera nulle part, tous ces combats !
-   Je sais. Je te le dis : je vais juste leur parler rapidement. Je ne répondrai pas à leur provocation.
-   Mais ils ne savent pas parler ! En y allant, tu y réponds, à cette foutue provocation !
-   Calme-toi, Fly. Tout ira bien. Fais-moi confiance. »
Hunter la dépassa pour se diriger vers la porte. La jeune femme se retourna pour se coller à son dos. « Je t’en prie. Reste », murmura-t-elle. Le jeune homme la serra contre elle et déposa un baiser sur son front. « Je ne serai pas long. »
Et il sortit. Fermant la porte sur sa compagne à tout jamais.


Kane s’avança en titubant jusqu’au corps de son fils. Il sortit de sa parka un couteau au manche stylisé gravé dans le bois. D’un geste vif, il arracha le maillot de Hunter au niveau du torse. Puis il inspira profondément, et sans hésiter, d’un geste sûr, il entailla profondément la peau du jeune homme, traçant un sillon entre les côtes. Puis il chercha dans sa poche et en retira une petite pierre à l’aspect rouge sang. Il la retint fermement dans son poing et pria que tout se passe comme il l’avait prévu. Puis il regarda son fils avec un regard indéchiffrable, et plongea les doigts dans la plaie. Le garçon grimaça, éructa, et s’éveilla brutalement de son inconscience en crachant une giclée de sang. Kane plaça la pierre le plus loin possible, puis retira ses doigts et plaça ses deux paumes l’une contre l’autre sur la torse du jeune garçon. Il psalmodia à voix basse un nouveau sort en fermant les yeux. Il y eut une lueur rouge au niveau de la plaie. Il retira ses mains lentement, contemplant le sang s’écouler. Le cœur battant.
Puis la plaie se referma lentement sur elle-même, laissant une profonde et disgracieuse cicatrice. Kane poussa un soupir de soulagement non feint. Il se rendit compte que son fils avait les yeux ouverts, même s’il était retombé dans l’inconscience. « J’ai fait de toi, comme je le suis, mon fils, un démoniste. Tu portes en toi la marque des mages. Libre à toi dorénavant de chercher à me retrouver. Traque-moi, et tu auras peut-être les réponses à tes questions. »
Il abaissa lui-même les paupières de l’enfant. Il s’assura qu’il respirait convenablement avant de partir dans un portail ténébreux, ne laissant aucune trace de son passage.


Couloir sombre. A l’embouchure, Kane apercevait l’homme à la tête de fouine qui tenait la main de son fils. Ils se dirigeaient vers la salle d’expérimentations. Le gamin posait des questions, et le scientifique répondait avec une voix calme et rassurante. Kane savait qu’à l’intérieur, il jubilait.
Ils pénétrèrent dans la salle. Kane s’adossa à la porte une fois fermée. Elle comportait une petite vitre pour voir à l’intérieur, mais l’échidné n’avait pas besoin d’assister au spectacle. Il attendit patiemment. Et entendit.
Un grondement sourd et puissant. Le démon sentait qu’il avait trouvé. Le premier coup contre le tube. Au deuxième coup, il entendit le crissement du verre. Il y eut un silence lourd dans la petite salle. L’enfant cria quelque chose. Puis un dernier coup, fort. Et de gros morceaux de verre éclatant par terre en bruits cristallins. Un nouveau silence. Puis le cri de joie du scientifique. Automatiquement suivi par un hurlement stoppé dans un gargouillis infâme.
Des bruits de pas dans le couloir. Le couple de scientifiques venait à sa rencontre. « Qui êtes-vous, que faites-vous là ? demanda la femme en s’approchant la première.
Dans son dos, l’homme jeta un coup d’œil à travers la vitre. Il dut voir au premier regard une horreur sans nom, parce que son visage se décomposa littéralement et vira au blanc. Puis il reconnut l’enfant. « Hunter ! » s’écria-t-il en se précipitant sur le bouton d’ouverture. Kane bloqua son bras d’un geste. « Je vous déconseille d’entrer là-dedans. » Le scientifique le bouscula sans ménagement. L’homme et la femme entrèrent en courant. La porte se referma sur eux.
Il ne se passa que quelques secondes avant que Kane ne commence à entendre leurs longs cris de supplice.

L’échidné n’entra lui-même dans la pièce que plusieurs minutes après. Hunter était encore en train de m’amuser à dépecer les corps. Hunter ; ou plutôt le démon. Celui-ci releva ses yeux violets sans pupilles. Il se pourlécha les lèvres et se releva en tremblant, excité à l’idée de se découvrir une nouvelle victime. Dans un hurlement sauvage, il s’élança sur Kane.
L’échidné leva un bras et stoppa le démon dans sa course par un sort. Puis, disposant du corps de sa victime comme il le souhaitait, il le leva dans les airs en gardant la paume de sa main en direction de Hunter. De son autre bras, il dessina un sigle invisible dans les airs qui s’illumina d’un rouge brillant lorsqu’il psalmodia à voix basse une incantation. Une aura blanche entoura le corps de son fils et le démon gronda dans l’invisible. « Démon de ma lignée, tu fais honte à tes ancêtres, lança Kane d’une voix forte. » L’esprit éructait dans un dialecte inconnu, crachant des diatribes incompréhensibles de sa voix de serpent. L’atmosphère se tordait face à la puissance démoniaque et des ombres dansaient dans les recoins sombres de la salle. « Je connais ton nom, Démon. Et par ce nom, je t’oblige à parler dans notre langue humaine. Tu sais ce que cela veut dire ! Si tu m’obliges à épeler moi-même ton nom de vie sur cette terre, tu seras enchaîné à mes désirs, sommé de répondre à mes appels pour la durée qu’il me conviendrait. Énonce ton nom que tu portais dans ton ancienne existence, Démon ! » L’entité à l’aura blanche se tordit dans des grognements terribles au-dessus du corps de Hunter. Un regard noir et perçant surgit et une voix puissante fit trembler les murs en énonçant gravement et lentement « Blowback ».
-   Blowback, Démon de ma lignée, j’ai un marché à te proposer, énonça Kane tout en gardant le contrôle de sa magie avec son bras. Libre à toi d’y consentir ou non. Autel cas, selon ton choix, tu pourras garder ta place dans ce corps qui fait partie des générations qui ont suivi ton existence ; sinon, je t’obligerai à retourner là où se trouvait ta place : en Enfer ! »
Le Démon se tordit une nouvelle fois et un râle affreux parcourut les murs de la salle. L’air vibrait dans la chaleur malsaine qui se répandait. « Je désire que tu gardes ta place dans ce corps sans en prendre le contrôle totalement. Je souhaite que tu t’imbibes de l’identité qui parcourt ce corps. Je te demande de t’accaparer le rôle de Gardien de mon fils de par le sang qui coule dans ses veines et qui était le même que le tien auparavant ! Blowback, Démon de ma lignée ! Acceptes-tu ? »
Le grondement qui suivit fut moins féroce qu’auparavant. Blowback pourfendait Kane de ses yeux entièrement noirs et sans vie. « Sans ce corps, tu n’en auras pas d’autre à posséder. Ils ne seront pas de ta lignée, tu n’y tiendras pas une semaine. Je t’offre celui-ci, tu pourras y rester toute une vie si tel est ton souhait. De plus, ce marché te permettra de t’accaparer le rôle de Gardien. Une bonne action qui, je l’espère autant que toi, te permettra peut-être d’éviter l’Enfer. » Les pupilles ovales du démon s’affinèrent dans la cruauté. « Il faut simplement que tu assimiles l’identité de mon fils, que tu ne fasses qu’un avec lui. Tu auras toute sa vie humaine pour y parvenir, et à la fin de celle-ci, pour t’éviter l’Enfer. Juste une vie humaine, contre des centaines d’années de tourments d’où tu proviens, et où tu retourneras si tu refuses. Démon ! Que choisis-tu ? Donne-moi ta réponse ! »
Kane commençait à transpirer. L’énergie qu’il lui fallait manier pour garder le Démon sous contrôle était phénoménale. Dans quelques minutes, il lâcherait. Et c’en serait fini. De lui, de son fils.
De tout.
Blowback trembla. Un grondement recouvrit une nouvelle fois l’atmosphère de la salle. Mais il était différent : le Démon riait. « Très bien, énonça-t-il d’une voix grave et lente, provenant d’un autre monde. J’accepte le marché, vieil homme. Je jalouse mes deux confrères qui se partagent ton propre corps, toi, l’élu du temps. Mais je ferai avec ton fils… Cependant écoute-moi bien, Kane ! » Les morceaux de vitre qui étaient restés accrochés au tube explosèrent sous la puissance du Démon. Kane lui-même serra les dents et se concentra pour puiser dans ses forces restantes. « Si jamais à la fin de ce contrat je n’évite pas l’Enfer, sois certain que je te retrouverai à travers les siècles et les autres-mondes. Je te traquerai pour l’éternité et je ferai de ta vie et de ta mort un supplice inégalable, parole de Démon…
-   J’y consens, Blowback. Je souhaite que notre contrat fonctionne, c’est mon désir le plus cher. Pour mon fils ! Maintenant, Démon, je vais rendre le contrôle de son corps à son possesseur ; et malgré son état de faiblesse, j’exige que tu te tiennes tranquille au fond de son âme !
Kane leva son autre bras et exécuta la dernière incantation, renvoyant Blowback où il devait se tenir dorénavant. Le Démon grogna une dernière fois mais se plia à l’exigence. Le halo blanc s’effaça lentement dans les airs pendant que le corps de Hunter redescendait sur le sol.


Un bureau de scientifique. Des cadres avec des paysages accrochés au mur. Une rangée d’étagères avec des ouvrages techniques. Une photo sur le bureau, à côté de l’écran de l’ordinateur. Kane prit le cadre en main. Cela faisait quelques années qu’il n’avait plus vu Hunter. Un jeune garçon qui avait l’air paisible sur la photo, entouré d’un homme et d’une femme. La quarantaine. C’était eux qu’il attendait.
Ils entrèrent dans leur bureau alors qu’il reposait le cadre. « Kane ! Cela faisait longtemps », jeta l’homme d’une voix forte et franche en allant serrer la main de son ex beau-frère. Sa femme, et sa collègue dans ce milieu, lui fit la bise rapidement. Il sentait qu’elle se méfiait quelque peu de lui. « Comment va Hunter ?
-   Pour le mieux. Je crois qu’il s’entend bien avec ma mère.
-   Vous n’avez pas le temps de vous en occuper ?
-   Trop peu. Nous avançons beaucoup dans notre projet, grâce à toi. Les expériences que nous faisons demandent énormément de travail.
-   Nous devons constamment être présents au labo pour les recherches, renchérit la femme. »
Châtain, les cheveux mi-longs attachés en queue de cheval, elle était mignonne, mais d’aspect trop froide et trop réservée pour que les hommes s’arrêtent sur son chemin dans la rue. Lui était très séduisant avec son visage carré et autoritaire, que des yeux noisettes à l’éclat tranquille et rieur rehaussaient. « Comment se passe sa scolarité ?
-   Pour le mieux. Bon élève, tranquille en classe. C’est un gentil garçon.
-   A la maison ma mère ne s’en plaint pas, continua l’homme. Même si la connaissant, elle doit l’élever un peu à la dure. Mais ça lui fera du bien. Quand on voit ce que je suis devenu !
-   Je n’en doute pas, rétorqua Kane avec un sourire aimable. Et concernant le projet Arès, maintenant ? Est-ce que vous avancez ?
-   Oui ! s’exclama l’homme en se redressant soudainement. Grâce à toi nous avons pu avoir un spécimen en labo. Ton aide est inestimable, nous devons être les seuls sur cette planète à pouvoir regarder comment réagit un véritable esprit. Nous avançons lentement, puisque nous ne connaissons que peu de choses ; mais nous avançons tout de même.
-   Avez-vous pu discerner ses longueurs d’onde et ses réactivités par rapport à divers sujets ?
-   Oui et non. Les ondes changent constamment, c’est comme s’il ne savait pas lui-même comment se sentir et s’établir ici. Nous avons la preuve, je pense, qu’un esprit ne peut survivre très longtemps dans ce monde.
-   Pour le plasma c’est à peu près la même chose, continua la femme. Les équipements actuels ne permettent pas un rendu définitif, même si nous avons pu décrire des courbes. Elles ne sont pas très précises malheureusement.
-   Pour les sujets, aucun ne semblait l’intéresser, termina l’homme. C’est comme s’il attendait quelqu’un de spécial. C’est assez intéressant, jusque-là  nous pensions qu’un esprit prenait un corps au hasard, le plus rapidement possible pour sa survie. C’est une découverte sur laquelle nous devons nous pencher.
-   Pourriez-vous m’emmener sur le lieu de recherches ? demanda Kane. »
Les deux scientifiques se jetèrent un coup d’œil avant d’acquiescer.
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« Répondre #515 le: Mai 29, 2013, 12:45:43 pm »
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La salle était circulaire, assez grande. Quelques plots de lumières pendaient du plafond mais seulement la moitié était allumée. « Nous avons rapidement compris que l’esprit n’aimait pas particulièrement la lumière. Ce qui nous pousse à travailler dans ces conditions. Nous n’allumons que celles les plus proches des bureaux. »
Au centre de la salle trônait un long tube qui couvrait toute la hauteur de la salle. Au jugé, Kane se dit qu’il devait faire entre trois et cinq mètres de diamètre. Quand il s’en approcha, une masse brumeuse s’agita soudainement à l’intérieur, derrière la vitre. Elle bougea doucement au début, comme si elle s’éveillait ; puis sans prévenir elle heurta le carreau avec force. Kane eut un mouvement de recul. « N’ai pas peur, cette vitre est une des plus résistantes sur le marché, le renseigna son ex beau-frère. Elle est spécialement conçue pour les travaux les plus dangereux. Cet esprit n’est pas facile à manier, c’est un vrai fauve. Mais il a beau se cogner tout le temps là-dessus, il ne s’en ira pas de sitôt !
-   Je vous le souhaite… »
Kane fit le tour des installations. Le couple lui expliqua leurs procédés et leurs travaux, sans rien omettre. Il s’intéressa à leurs recherches sur la densité de la substance de l’esprit. Par quoi était-il formé, comment était-il « vivant » ? Ils avaient découvert par exemple, un peu par hasard, que l’esprit parlait constamment dans sa prison. Ils ne l’entendaient pas, mais le démon hurlait en permanence. Seulement il utilisait une fréquence inaudible pour l’oreille humaine. « Pour le dialecte, il est incompréhensible, évidemment. Mais pas dénué de sens d’après les experts que nous contacté. C’est certainement une langue très ancienne, oubliée maintenant. Une découverte archéologique ! » s’amusa le scientifique. Il lui expliqua que le nuage qu’ils voyaient dans le tube, et dont ils avaient pensé qu’il constituait, tout d’abord, le « corps » de l’esprit, n’était qu’un amas de gaz différents et bien présents sur terre. « Des gazs carboniques pour la plupart, amassés pour former ce nuage. S’il provient vraiment de l’enfer, cela prouverait que cet endroit est composé de gazs carboniques vieux comme le monde ! »
Il lui expliqua ensuite que, selon lui, s’ils ne parvenaient pas à voir l’esprit en lui-même, c’était parce qu’il s’agissait certainement du même procédé que sa voix : d’une nature que l’homme ne pouvait atteindre. Peut-être que le corps de l’esprit ne se situait pas dans l’éventail de couleurs visibles et connues de l’homme. L’image ne pouvant être interprétée par le cerveau, puisqu’elle ne pouvait être reconnue par l’organisation visuelle actuelle, le corps de l’esprit restait donc invisible… pour l’œil humain. « Une preuve que ce n’est pas parce que nous ne voyons pas quelque chose que cette chose n’existe pas », assena le scientifique.

Kane les quitta en leur demandant d’essayer de sortir un peu plus Hunter. Il leur intima l’idée de lui faire visiter le laboratoire.
Cependant, avant de quitter les lieux, il passa par le bureau d’un autre collègue, travaillant lui aussi pour le projet Arès. Le couple qui s’occupait de Hunter ne savait pas que Kane avait contact avec lui.
Il le mit au courant que dans peu de temps, un enfant viendrait visiter le laboratoire. Il s’agissait du fils des deux scientifiques. L’homme, aux allures de fouine avec son crâne chauve et ses petits yeux rentrés dans leur orbite, hocha la tête avec un petit sourire. « Vous pensez que ce gamin pourrait être un sujet d’expérience pour l’esprit ? »
-   A toi de voir, conclut Kane avant de sortir de la pièce. »


Quelques minutes après, il sortit de la chambre. Il referma la porte sans un bruit derrière lui. Le directeur de l’hôpital l’attendait dans le couloir, accoudé au mur, les bras croisés. « Des suites de son accouchement, murmura Kane sans le regarder. » L’homme à la blouse blanche hocha la tête, les traits durs et impassibles. « Tu mettras Hunter, sur l’état civil.
-   Tu veux savoir pourquoi je fais ça pour toi, Kane ? Il faut bien plus que de l’amitié pour couvrir un tel truc. » Le directeur le fixa sans sourciller. Il eut un mince sourire sur son visage buriné. « Un homme tel que toi me fascine. Je veux voir de mes propres yeux jusqu’où tu seras capable d’aller dans tes projets sans verser une larme. Je veux assister au moment où c’en sera trop pour toi, et où tu te briseras. Car si tu es vraiment humain, tu te briseras forcément. On ne peut vivre sans émotions toute sa vie. »
Il y eut une sonnerie dans la salle de garde, à côté. Les infirmières sortirent en courant en se dirigeant vers la chambre de Julianne. Le directeur finit par suivre le mouvement. En passant près de Kane, il lui posa rapidement une main sur l’épaule.


Il l’attendait sur le toit de l’hôpital. Sa parka noire sur les épaules. La capuche sur la tête. « C’est fait. », dit-il simplement. L’échidné se retourna et s’avança vers lui. Au moment de poser une main sur son front, il le fixa étrangement. « Tu pleures », remarqua-t-il simplement. Le clone à travers qui se voyait la scène ne répondit pas. « Je vois. Tu as mené ta mission jusqu’au bout. Tu es vraiment tombé amoureux. Dans ce cas… » Une vive lumière étincela dans la nuit. Et le regard de la scène passa du clone au vrai Kane. L’humain s’affala tout d’un bloc sur le sol. « … peut-être ressentirai-je moi aussi ce sentiment dans ce qu’il restera de toi ».


« C’est notre fils, Kane. » Julianne tenait le petit bout de chair rose qui criait entre ses bras. Elle le regardait avec attendrissement. « C’est notre enfant. Te rends-tu compte ? Tu es le père de ce petit… »
Kane, assis à côté du lit, en costume-cravate cette fois, regardait l’enfant, le visage impassible. Il portait des lunettes aux vitres teintées pour cacher ses yeux blancs. On voyait la scène à travers, un peu assombrie.
Julianne lui tendit le bébé. Il le prit avec mille précautions, avec des mains humaines. « Et toi Julianne, te rends-tu compte que tu viens de faire naître une existence de plus dans ce monde ? Des centaines d’années d’expériences en magie et en science n’arrivent toujours pas à accomplir ce miracle. Et toi, en neuf mois, tu y arrives simplement. Sans rien demander à Dieu.
-   Pas simplement Kane, rétorqua la femme en lui caressant une main. Nous portons cette petite vie pendant neuf mois, en nous. C’est une charge responsable. C’est une expérience déroutante et terrifiante, Kane, de savoir qu’une futur existence se situe en nous. Et nous souffrons beaucoup au cours de l’accouchement, rajouta-t-elle avec un petit rire fatigué. »
Elle portait encore sur son visage les marques des cris qu’elle avait poussés quelques minutes plus tôt. Ses traits étaient tirés, mais son regard brillait de bonheur. Kane sourit à l’enfant qui avait cessé de pleurer pour le regarder avec de grands yeux ronds. « C’est ton papa, dit doucement Julianne.
-   Mais cet enfant, il est…, commença Kane sans être capable de terminer sa phrase.
-   Oui. Il est un Gardien. De génération en génération, les échidnés ont fini par devenir humains après bien des rapprochements interdits et souvent secrets… Cet enfant fera perdurer notre lignée. »
Kane garda le silence. L’infirmière s’avança vers lui. « Nous allons l’emmener à la couveuse pour qu’il se repose, en attendant que madame se sente mieux. D’accord ? » Il lui tendit le petit être qui se remit à pleurer. La jeune femme sortit de la chambre en berçant le bébé. Kane et Julianne la regardèrent s’éloigner jusqu’à ce qu’elle ferme la porte derrière elle avec un dernier sourire pour les rassurer. « Voilà, reprit Julianne. Nous sommes parents, désormais. »
Kane restait dans son mutisme. Elle lui demanda ce qui le rendait silencieux. Il ne répondit pas.
Tout doucement, elle lui retira ses lunettes. Et fixa ses yeux blancs. Elle porta une main douce sur son visage. « Qu’est-ce qui ne va pas ?
-   Je suis désolé, Julianne. »
Et il leva ses deux mains sur son cou.


Le monde que nous avons créé est rompu. Toi seul peux le rétablir. Agis de l’intérieur, agis sur le temps, sur le destin. Rétablis l’équilibre et la cohérence de ce monde.
Sans toi, il se détruira de l’intérieur et sombrera à nouveau dans une spirale dévastatrice.

« Oui. Je m’en occuperai, je vous en fais la promesse. »
C’est pour cette mission que nous t’avons créé. Tu as eu toute notre attention. Nous t’avons façonné ensemble. Tu es né parfait, tu es né avec la Vérité. Tu es un Dieu fait chair.
Tu es le Cinquième. Trouve maintenant une solution pour ce monde. Nous t’en conjurons.

« J’ai déjà un plan. Mais pour cela il faut que vous consentiez à rendre la liberté à vos personnages. »
Nous ne pouvons pas. C’est contre-nature. Ils sont nos créations, et suivront les traces que nous leur avons écrites. Nous ne pouvons pas revenir en arrière, effacer ces traces reviendrait à les effacer eux.
« Bien. Dans ce cas, puisque j’échappe à votre contrôle, étant libre de ma conscience, je donnerai vie à une existence que vous n’aviez pas prévu de créer. Elle aura donc elle aussi la liberté de sa conscience.
Je créerai la Faille de ce monde. »
N’est-ce pas trop dangereux ? Etant la Faille et libre de ses choix, s’il décide de détruire son monde, consciemment ou de manière passive, personne ne pourra l’en empêcher. Pas même toi.
« C’est vrai. Mais c’est la seule solution pour sauver cet univers que vous avez créé de manière bancale. La Faille décidera par elle-même, en contemplant la Vérité, si cet univers mérite d’être sauvé… ou non. »

*****
***

Hunter ouvrit les yeux. Il respirait fort et tremblait un peu.
Il se trouvait dans la chambre qui avait été la sienne, au Manoir. Tout était en ordre. Le lit était fait. Sur la table de chevet reposait son Desert Eagle. Sur l’étagère, à sa droite, après la commode, se trouvaient ses quelques livres et la photo de lui et de Fly dans son cadre. Les rideaux étaient tirés sur les carreaux, mais dehors il semblait faire jour. Timidement. Peut-être était-ce l’aube. Ou le soir.
Mais ce qui attirait l’attention de Hunter, c’était la silhouette qui se trouvait face à lui, de l’autre côté du lit. Fly le regardait. Ce n’était pas une silhouette fantomatique aux contours flous. C’était bien elle. « Te voilà enfin, mon amour », dit-elle simplement en lui souriant. Elle fit le tour du lit. Hunter ne pouvant détacher ses yeux d’elle. Elle s’arrêta face à lui. « Tu as compris, maintenant ? »
Il ingurgita difficilement. Ses bras tremblaient. « Tu ne devais pas exister, continua Fly avec un sourire doux. Tu n’as pas été créé pour cette histoire, mais par ton père. Ton existence n’avait pas été programmée. Nous sommes deux. Si ton père ne t’avais pas fait, je n’aurais peut-être jamais existé, moi non plus. Tu comprends enfin, mon amour, la vérité ? »
Incapable de parler et de bouger. Elle perdit son sourire et approcha une main de son visage. « Qu’y a-t-il mon chéri ? » demanda-t-elle en lui caressant la joue. « Nous sommes enfin tous les deux, comme tu le souhaitais. Je t’ai même attendu avant de partir, tu vois. Je suis resté là à t’attendre… Tout ce temps…
-   Où sommes-nous… ? parvint-il à articuler.
-   C’était tellement long de t’attendre dans cette petite pièce froide et sans vie…
-   Fly. Où sommes-nous, reprit Hunter en attrapant doucement la main de la jeune femme dans la sienne. »
Elle plongea son regard dans le sien et retrouva son sourire. « Nous sommes là où tout a commencé, Hunter. Et où tout va se terminer.
-   Comment ça… ? Qu’est-ce que c’était, ces images que j’ai vues ?
-   La vérité. Ta vérité, rajouta-t-elle en accentuant le premier mot. Pour que tu connaisses ton origine. Et ta finitude. La raison de ton passage dans l’autre-monde.
-   Quel autre-monde ?
-   Celui que tu viens de quitter pour me rejoindre.
-   Je n’ai fait que… passer la Porte. Je suis mort… ?
-   Hunter, mon chéri… Un être qui n’a jamais vécu ne peut mourir. »
Elle voulait le rassurer avec son sourire et son ton. Hunter jeta un coup d’œil aux alentours. « Je reconnais cet endroit. C’est le Manoir.
-   Oui. Je te l’ai dit. Là où tout a commencé.
-   Qu’est-ce qui a commencé ?
-   Cette histoire. Mais ce n’est pas la nôtre. Cela ne nous concerne pas.
-   Quelle histoire, Fly ? insista Hunter en prenant les mains de la jeune femme dans les siennes. De quoi parles-tu ? Que faisons-nous ici ? »
Fly le regarda, surprise, puis grimaça. Hunter craignit de l’avoir mise en colère. Elle retira ses mains des siennes et recula sans oser le regarder. « Je t’ai attendu tout ce temps, et c’est comme ça que tu me remercies ?
-   Attends, je ne voulais pas…
-   C’est par ta faute que je suis morte, et c’est à ces retrouvailles que j’ai droit alors que je t’ai attendu ?
-   Fly, je t’en prie…
-   Tu as vu la vérité, non ? C’est ton père qui m’a tuée. Il a tué ta mère. Il a manipulé tout le monde pour sauver ce soi-disant univers. Il n’en n’avait rien à faire de toi, de moi, ou de ta mère. Tu l’as vu, non ? Tu n’as pas encore compris ?
-   Il y avait certainement une raison.
-   Quelle raison y a-t-il à tuer consciemment des êtres qui n’ont rien demandé ? Comme moi ? Comme ta mère ? Ta mère, Hunter ! Pour sauver l’univers ? Tu me tuerais pour sauver ce monde, toi ?
-   … je ne sais pas…
-   Quoi… ? »
Journalisée
Donf : Vous êtes folles.
Rekkua : Je me demande ce que ça peut être, d'être folle, quand c'est toi qui qualifie la personne...

Niark! :] :
*ND ça veut dire glauque en fait? ok
Niark! :] :
*"putain ce château il est ND o_o
 
 
Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #516 le: Mai 29, 2013, 12:52:03 pm »
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Fly s’interrompit et fixa le jeune homme sans le croire. « Tu provoquerais ma mort pour sauver le monde ? Tu préfères les autres à moi ?
-   La question n’est pas là, Fly.
-   Il ne devrait pas y avoir de question du tout. Tu n’es pas heureux de me retrouver… ?
-   Si… ! Si, bien sûr ! Mais… c’est tellement soudain, je suis paumé. Je ne sais plus ce que je dois croire… »
Hunter réfléchit rapidement. Il reconnaissait le Manoir. Un environnement familier. Il regarda Fly, s’avança vers elle, la prit par les épaules pour la regarder dans les yeux. Puis il passa à côté d’elle pour sortir de la chambre. « Ça ne sert à rien, Hunter ! voulut l’empêcher Fly. » Il se dirigea vers la chambre de Donf. Il ouvrit la porte.
Le jeune homme était là, assis sur le sol, dos au mur, sous la fenêtre. Il avait le regard perdu dans le vague. Hunter voulut entrer dans la pièce, mais une énergie l’en empêcha. Un kekkai. Une barrière magique. « C’est impossible, je viens de te le dire, lui expliqua Fly derrière lui. Ils sont là, mais tu ne pourras ni leur parler ni même les toucher. Ils se sont retranchés dans leur monde. Tu comprends, Hunter ? Eux ont compris. Ils sont partis pour une vision meilleure et éternelle. Auprès des êtres qui leur sont chers. » Hunter reposa son regard sur Donf. Il semblait sourire étrangement, la tête sur le côté. Il entendit, en tendant l’oreille, le rire d’une petite fille et des paroles presque inaudibles de femme. « Des lambeaux de sa vie derrière la Porte, expliqua à nouveau Fly. Nous pourrions faire pareil, tu sais…
-   Comment ça ?
-   Partir, nous aussi, rejoindre ceux qu’on aime. Derrière notre Porte à nous, il n’y a plus de mort, la vie tourne en boucle sans fin, on retrace nos plus beaux moments. Tel qu’on aurait voulu les vivre dans notre existence. Tu vois ? C’est comme la vie, mais en mieux. Version corrigée.
-   Je pourrais rejoindre ma mère… ?
-   Oui. Et nos amis, ceux que nous avons connus à l’époque. Tout le monde nous attend, si nous décidons de les rejoindre.
-   C’est ce qu’a fait Donf ?
-   Oui. Probablement.
-   Et les autres, ils sont dans leur chambre ? »
Sans attendre de réponse, Hunter ouvrit toutes les chambres. Il n’y avait que Saïko, Zalosta et Sephyra. Tous trois, comme Donf, à moitié dans le vague, un semblant de sourire accroché aux lèvres. Sephyra était assise sur son lit. Zalosta était assise sur une chaise, près de la table de chevet. Quant à Saïko, il était assis dans la position du lotus, à même le sol, face à la porte de sa chambre. Pour chacune d’elle, un kekkai en interdisait l’entrée. « Tu vois, rajouta Fly. Eux ne t’ont pas attendu.
-   Je n’ai pas l’impression qu’ils aillent très bien.
-   Ne t’en fais pas pour eux.
-   Ils sont en train de dormir, en fait… ?
-   Enfin Hunter, regarde-moi ! »
Les deux derniers mots résonnèrent dans le Manoir. Fly les avait presque criés, perdant patience. Hunter lui tournait le dos. « Qu’est-ce qui t’arrive… ? demanda-t-elle d’une voix plaintive. Je ne comprends pas, Hunter. Tu as passé toutes ces années à me chercher dans le noir, à me retenir dans tes rêves. Tu t’en es voulu pendant si longtemps. Et maintenant que tu m’as rejoint, tu ne fais pas attention à moi… Qu’est-ce que tu cherches ?
-   Je cherche la vérité, Fly, lui répondit le jeune homme en se tournant vers elle.
-   Tu as déjà découvert la tienne.
-   Et elle me pousse à comprendre ce qui est arrivé aux autres. C’est toi qui ne comprends pas, Fly. Pourtant tu l’as dit toi-même. Si je n’avais pas existé, tu n’aurais jamais ouvert les yeux dans ce monde. »
Il s’avança vers elle. Face au regard qu’il avait, elle recula. « C’est pareil pour moi, au final. S’ils n’avaient pas existé, eux… Kane n’aurait jamais eu besoin d’un fils. Fly, est-ce que toi, tu peux comprendre ça ?
-   Ne me regarde pas comme ça, rétorqua Fly avec un murmure presque rageur. »
Ils se trouvaient devant la balustrade au-dessus des escaliers. En contre-bas, au rez-de-chaussée, se trouvait la porte d’entrée du manoir. « Je veux bien le croire, mais qu’est-ce que ça peut faire au final ? L’histoire est terminée, Hunter, tes amis sont partis rejoindre les leurs. Il ne reste plus que nous deux !
-   Je ne suis pas sûr que ce soit la fin. En tout cas, pas la bonne… »
Hunter réfléchit un instant en revenant sur les dernières images qu’il avait vues. Ou plutôt qu’il avait entendues. Il n’y avait pas eu d’images, simplement des paroles. Non, en fait…
Hunter ferma les yeux avec force pour se concentrer. Non. Seul Kane avait parlé. Le reste, c’était des phrases qui s’étaient inscrites par image. Mais qui était celui qui avait écrit ? Il avait parlé en « nous ». Kane semblait être disposé à leur obéir…
Il avait façonné Hunter pour qu’il soit la Faille. Tout ne pouvait s’arrêter comme ça. Il lui restait certainement quelque chose à accomplir.
Il se dirigea vers le bureau de Kane. Les portes étaient déjà ouvertes. Fly le suivit, une grimace sur les lèvres. Le jeune homme gagna l’ordinateur qui était posé sur le bureau. L’écran était allumé. Seule lumière dans la pièce sombre, sans fenêtre. Sur l’écran, un message était inscrit en plein milieu :
!AVERTISSEMENT! ENTREE NON AUTORISEE
Hunter tapa sur la barre d’espace. Le message s’effaça. L’écran resta noir, ne subsistant qu’une petite barre clignotante en haut à gauche. Il tapa sur le clavier la phrase qui s’afficha sur l’écran :
H : Que dois-je faire ?
Ce à quoi l’ordinateur sembla lui répondre automatiquement, à la ligne du dessous :
O : Question non valide.
Hunter insista :
H : Où je suis ?
Même réponse. Hunter soupira. Puis il eut une autre idée. Il écrivit :
H : Hunter.
L’ordinateur sembla réfléchir, puis répondit :
O : Hunter. Personnage non originel. Faille de l’histoire. Donnée sensible.
Il écrivit à la suite :
H : Saïko.
Et l’ordinateur de répondre cette fois :
O : Saïko. Personnage originel. Lien de création. Donnée prioritaire.
Hunter laissa l’ordinateur. Il devait certainement pouvoir apprendre d’autres choses avec lui, mais il ne savait pas quoi écrire exactement, et il avait la conviction que sans connaître la formulation exacte, la machine ne lui répondrait pas. Il perdait du temps. Et il avait la preuve qu’il devait faire quelque chose.
Mais quoi ?
Il sortit du bureau et gagna l’entrée de la chambre de Sephyra. Il la contempla, assise sur son lit, immobile, et se sentit perdu. Fly lui prit la main. « Hunter, s’il te plaît… »
Elle l’entraîna. Il se laissa guider. Elle le ramena dans leur chambre et le fit asseoir sur le lit. Puis elle l’allongea doucement, sans geste brusque, et se positionna au-dessus de lui. Elle le regarda dans les yeux.
Puis elle approcha son visage du sien et l’embrassa. Doucement. Puis de plus en plus passionnément. « Fly, j’ai compris quelque chose… » Elle le laissa parler tout en continuant à lui faire de légers baisers sur les joues et dans le cou. « Après cette histoire, je n’ai pas réussi à reprendre une vie normale. Il ne se passait pas un seul jour sans que je m’en veuille. Tu me manquais atrocement.
-   Je sais, mon chéri…
-   Mais j’ai fini par comprendre un détail important, ces derniers jours. Ce qui me restait en mémoire, c’était la scène de ta mort. Ce qu’il s’était passé. Je n’arrivais pas à retirer la culpabilité qui me rongeait le cœur.
-   Je sais, répéta la jeune femme. Ne t’en fais plus maintenant. Tout ça c’est terminé.
-   Tu ne comprends pas là où je veux en venir. Ce n’est plus toi qui me manquais, Fly, à la fin. Je cherchais simplement à expier ma faute. Tu es morte à cause de moi. Et ça, je ne pouvais pas me le pardonner. Mais j’avais compris qu’il ne me servait plus à rien de te chercher. Tu étais morte. Je devais passer à autre chose.
-   Qu’est-ce que tu veux dire… ? murmura Fly en se redressant pour regarder Hunter dans les yeux. »
Elle vit du coin de l’œil que le Desert Eagle ne se trouvait plus sur la table du chevet. Elle réagit trop tard. Le canon glacé de l’arme à feu se plaqua sous son menton. Ils se fixèrent. « Je ne t’aimais plus, Fly. Tu avais raison. Tu aurais dû partir et ne pas m’attendre.
-   Qu’est-ce que tu racontes ! s’exclama la jeune femme en poussant un éclat de rire bref.
-   Ce n’est peut-être pas ta faute. Mais le résultat est là. Je t’avais oubliée. Tu n’aurais jamais dû te tenir ici. La Fly que j’ai connue est partie au moment où j’ai compris que je ne l’aimais plus. Autrement dit, tu n’es pas Fly. »
Il y eut un lourd silence pendant lequel ils se fixèrent sans dire un mot. Les lèvres de la jeune femme tremblaient. Puis tout son visage se décomposa dans une rage sans nom que Hunter ne lui avait jamais connu. Avant même qu’il réagisse, elle lui donna un violent coup sur ses mains. Il lâcha l’arme qui tomba au pied du lit. « Espèce d’ordure ! Espèce de sale enfoiré !! » hurla-t-elle en portant ses mains sur le cou du jeune homme. Avant même qu’elle ne commence à l’étrangler, Hunter la fit basculer sur le côté et elle tomba du lit en criant. Il s’accroupit lui aussi à côté du matelas et chercha dans le tiroir de sa table de chevet. Il y récupéra le couteau au manche de bois que lui avait laissé son père, le jour où il avait fait entrer Blowback en lui.
C’était cette lame qui avait dessiné la cicatrice qui lui barrait le torse.
Il s’élança en dehors de la chambre en courant. Un coup de feu faillit lui faire perdre l’équilibre. Il se protégea le visage d’un bras en passant le chambranle, où des copeaux de bois fusaient dans tous les sens. La balle s’était fichée juste à côté. Il courut dans le couloir pour atteindre la chambre d’à côté et se mit à couvert. « On n’aurait jamais dû en arriver là, Hunter ! clama Fly en s’avançant lentement dans le couloir. » Elle s’arrêta en plein milieu. Ils étaient au bout du Manoir. Elle avait vu Hunter s’échapper par la droite. Et à droite, hormis la chambre de Donf sur sa gauche bloquée par le kekkai, il ne restait qu’une chambre vide.
Il ne pouvait être qu’ici. Elle releva son arme en tenant en joue l’entrée de la chambre. De l’autre côté du mur, Hunter réfléchissait à toute allure. « Essaye de comprendre, Fly ! C’est quelque chose qui nous échappe, ça va beaucoup trop loin. Tu ne peux pas t’arrêter à ta seule considération ! Nous n’aurions jamais dû exister. On a été créés pour sauver ces personnes-là !
-   Parle pour toi, héro de merde ! T’as un rôle principal, toi ! Moi je n’ai été qu’une petite gamine effacée qu’on a tuée dès le début sans aucune compassion. Pour toi. Pour eux ! Pour votre putain d’histoire !
-   Fly. Sans eux tu n’aurais jamais existé. Accepte-le.
-   Ouais, rétorqua-t-elle d’une voix tremblante de rage – Hunter comprit qu’elle pleurait. Ouais, je l’accepte. Sauf que, puisque j’existe, j’ai moi aussi mes désirs, maintenant. Un truc que ton père n’a pas pris en compte. Il a fait une erreur, Hunter ! Ton père s’est gouré !
-   Fly, je t’en prie. Il faut qu’on les sauve.
-   C’est toi que je voulais sauver ! Toi et moi ! Tout ce que je voulais… »
Il l’entendit renifler. Un hoquet de pleur s’échappa de sa gorge. Elle reprit d’une voix plus forte : « Tout ce que je voulais, c’était qu’on puisse terminer tous les deux ! Je suis morte pour toi, putain ! Je voulais qu’au moins, ça serve à quelque chose ! Qu’on puisse rester ensemble ! ». Elle avait hurlé ses derniers mots. Cette fois, elle pleurait vraiment. « Tu veux vraiment me tuer ? demanda-t-il d’une voix la plus douce possible.
-   Si je ne te tue pas, c’est toi qui le feras. Tu veux sauver tes potes avant tout, pas vrai ? Je le sais. Je le sens. Je veux plus mourir. Plus pour eux. Plus pour toi.
-   Si tu me laisses trouver une issue, je ne te tuerai pas. Je t’en fais la promesse.
-   Mon cul ! Y a aucune solution. La seule qui existe, c’est moi, Hunter ! C’est moi qui t’empêche de les sauver… »
Hunter comprit qu’elle avait raison. En la tuant, quelque chose se briserait. C’était la dernière épreuve. La dernière chose qui le rattachait à son existence qui n’aurait jamais dû se produire.
C’était le dernier détail qui empêchait la Faille de se réaliser. Il ferma les yeux et inspira un grand coup. « Fly.
-   Oui ? répondit-elle d’une petite voix entre deux reniflements.
-   Je peux te jurer une chose.
-   Quoi… ?
-   Je t’ai vraiment aimée. Sincèrement. Tu as été pour moi la seule personne que j’ai véritablement aimée. Sans toi je ne serai jamais devenu ce que je suis aujourd’hui.
-   Oui…
-   Tu m’as sauvé à cette époque. Et j’aurais voulu continuer cette vie avec toi. Je t’ai aimé de tout mon cœur, Fly. »
Elle pleurait. « Moi aussi, Hunter…
-   Alors pardonne-moi. Mais il faut terminer cette histoire.
-   Je sais…
-   N’oublie pas ce qu’on a vécu.
-   D’accord, Hunter… »
Tout se passa au ralenti. Il sortit de sa cachette et s’élança dans le couloir. Elle était là, au milieu. Il avait espéré que la discussion l’avait affaiblie. Qu’elle aurait comme effet de lui faire relâcher son attention. Mais elle avait gardé pendant tout le long son pistolet pointé dans sa direction.
Quand il sortit, il eut le temps de distinguer son visage dans tous ses détails. Ses yeux verts, ses cheveux roux, ses lèvres qu’il avait embrassées avec amour. Il eut le temps de voir ses traits tordus dans le désespoir, mais résolus dans la douleur. Il vit le canon se redresser lentement vers lui pour suivre sa course vers elle.
Leur regard se rencontra le temps d’une éternité. Et pendant cet instant, il sut que malgré ce qu’il avait dit, il l’aimait encore au fond de lui. Qu’il n’avait jamais aimé qu’elle.
La détonation lui parut lointaine. Le flash l’aveugla un court instant, mais il ne ralentit pas sa course. A peine eut-il l’impression qu’on lui avait jeté un gros caillou dans le ventre. Il leva son couteau. Fly ne recula pas. Elle se contenta de lui sourire en baissant son arme.
Il plongea la lame dans son ventre. Elle posa sa tête sur son épaule.
Le pistolet rebondit contre le sol, à leurs pieds. Hunter gardait le couteau des deux mains dans la plaie. Il l’enfonça un peu plus. Elle suffoqua.
Et il la sentit s’effacer lentement de tout son poids contre lui. Elle tomba à genoux. Puis s’effondra sur le côté, le couteau encore planté bien droit dans le ventre.

Il la regardait, étendue, immobile, sur le sol. Une flaque de sang imprégnait la moquette. Elle avait encore les yeux à moitié ouverts. Et il fixait ce regard vide, essoufflé.
Son esprit chavira. Il tomba à genoux. Son ventre lui faisait un peu mal. Il posa une main dessus, sur le tissu imbibé de sa chemise.
Hunter se releva en titubant, en prenant appui contre le mur. Il fit demi-tour et s’avança vers la chambre la plus proche : celle de Donf. Il cogna contre le kekkai. « Donf, réveille-toi… » Il tapa du poing contre la barrière. « Donf sale fainéant, arrête de jouer au con, putain ! ». Il se lançait de plus en plus contre le kekkai, s’abîmant les membres contre la barrière magique. « C’est pas comme ça que cette histoire doit se terminer ! Réveille-toi ! » Les épaules endolories, l’esprit dans le vague, Hunter se jetait de toutes ses forces contre le kekkai. « Réveillez-vous ! » hurla-t-il en abattant son poing avec toute la force qu’il lui restait.
Plusieurs phalanges se brisèrent dans un craquement sinistre. Et la barrière n’avait aucune égratignure. Hunter recula pesamment en laissant retomber mollement son bras le long de son corps. Son poing n’était qu’un filet de sang dégoulinant. La chemise au niveau de son ventre était noire à force d’imbiber le sang qui traçait des sillons sombres sur son pantalon. Il transpirait beaucoup.
Hunter rit sans force. « Me dites pas que c’est tout ce que ça vous fait… » Il leva la tête en fermant les yeux, retenant un peu plus le temps où il tomberait dans les pommes.
Définitivement.
« Merde… J’ai tué Fly de mes propres mains, pour vous… »
Il sera son seul poing valide et cria : « Alors putain, me laissez pas en plan ! »
Il prit son élan et se jeta de toutes ses forces sur la barrière en hurlant. L’espace d’un instant, il crut apercevoir une silhouette à ses côtés. Une silhouette qui lui souriait.
… maman… ?
Il percuta la barrière la tête la première, mais il ne sentit rien. Simplement un craquement sonore. Puis quelque chose lui échappa. Comme si un poids fondamental se détachait de lui. Une brisure apparut sur la barrière. Toute fine, dans le milieu. Presque imperceptible. Mais elle était là. Hunter la contemplait sans y croire. Puis il regarda à ses pieds.
Son corps gisait sur le ventre, inerte. Le cou formait un angle bizarre. Il rit doucement. Derrière la barrière, il vit alors que Donf s’était levé. Il semblait le regarder, par derrière, même s’il avait toujours les mêmes yeux hagards. Le jeune homme aux lunettes s’avança lentement jusqu’au kekkai. Hunter posa une main dessus en lui souriant. Il ne savait pas s’il le voyait réellement, mais toujours est-il que Donf posa sa main sur la sienne, à travers le kekkai. Et il sourit également.
Je voulais te dire, mon ami…
Hunter sentit une larme se frayer un chemin sous une paupière.
Que je m’en vais…
Elle glissa le long de sa joue. Il se détourna et s’avança dans le couloir. Il n’avait plus mal au ventre. Ses épaules et son poing ne le lançaient plus. Il se sentait bien.
Il descendit lentement les marches, l’une après l’autre.
Je vous fais confiance. Maintenant…
La main qui tenait la rampe disparut en scintillement de lumière. Aux bas des marches, la même silhouette qu’il avait aperçue en se jetant sur le kekkai l’attendait. Elle lui tendit une main. Lorsque Hunter l’attrapa dans la sienne, il ne restait déjà plus rien de son corps.
La suite ne me concerne plus…


Dehors, à travers les grandes fenêtres du salon et de la cuisine, il semblait faire beau. Une vive et douce lumière éclairait le Manoir de l’extérieur. Et en tendant l’oreille, des rires et des cris joyeux pouvaient se faire entendre.
L’innocence de deux enfants parcourant le rez-de-chaussée en riant aux éclats.
La cannette d’une bière non terminée semblait attendre sur la petite table basse, près des canapés. Sur un fauteuil reposait un magazine encore ouvert.
Souvenirs du temps passé.






Courir, courir, sans fin
Regarder les étoiles et rire dans tes yeux
Un temps infini, infini
Dans notre vie, pour tous les deux

Ad Lunam
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Donf : Vous êtes folles.
Rekkua : Je me demande ce que ça peut être, d'être folle, quand c'est toi qui qualifie la personne...

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Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #517 le: Mai 29, 2013, 12:56:46 pm »
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Après avoir terminé sa cigarette, assis dans la voiture, les jambes hors de l’habitacle de métal, Donf se leva et s’étira en poussant un grognement de satisfaction. Il referma la portière de sa petite Peugeot bleue à cinq portes. Le mécanisme électronique verrouilla le véhicule tout seul.
Les mains dans les poches, il rejoignit le libre-service hors de prix – ils l’étaient tous sur les autoroutes. L’aire de repos était calme ; peu de monde s’y était arrêté. En cela, ce n’était pas non plus une vraie période de vacances. Une petite semaine de congés scolaires n’engendrait pas, dans cette partie du continent, un immense exode de loisirs qui faisait la joie des boutiques et des restaurants de provinces cotées en tourisme.
Les portes vitrées coulissèrent à son approche et il pénétra dans le bâtiment. L’atmosphère conditionnée, avec sa climatisation industrielle, lui aguicha les narines. Un frisson lui parcourut le dos ; il faisait frais à l’intérieur. Il salua l’hôtesse qui tenait la caisse et s’avança un peu plus loin en direction des machines à café. Pour les sevrés du breuvage noirâtre, des petites tables hautes et rondes en plastique leur étaient disposées. « Tiens, te voilà, lança une jeune femme en le voyant arriver.
-   J’ai terminé ma pause-clope ! »
Il rejoignit sa compagne aux cheveux blonds foncés – presque châtains – accoudée à une des tables. Elle buvait tranquillement un thé. « Bon ? demanda-t-il en se dirigeant lui-même vers une des machines pour se servir un café.
-   Industriel ».
Petite moue convenue, avec en sous-entendu qu’on ne pouvait pas demander beaucoup mieux à une machine automatique. « Dis-moi plutôt où est passée notre chère petite tête blonde.
-   Aux toilettes, pardi !
-   Sacrebleu. Elle est comme sa mère.
-   Dis donc, j’ai pas eu envie une seule fois depuis qu’on est partis ce matin, lui reprocha-t-elle en s’amusant.
-   Comme quoi, tout arrive ! »
Il haussa les épaules d’un air fataliste avec un sourire entendu. Elle lui donna une petite tape sur le crâne. « Ne me manque pas de respect, homme.
-   Respecte ton seigneur, femme.
-   Tiens, elle revient. »
Donf se retourna pour apercevoir la petite fille qui sortait des toilettes publiques. Elle les rejoignit d’une petite démarche tranquille, en jetant des coups circulaires. C’était la première fois qu’ils s’arrêtaient à une aire d’autoroute. « Tu as fait attention ? demanda Ethel à sa fille.
-   Oui maman. Dis, vous buvez quoi ?
-   Tu veux un chocolat ? lui demanda son père.
-   Oui j’en veux un, merci papa ! »
Donf s’occupa de commander la boisson. Puis ils sortirent tous les trois pour rejoindre la voiture, gobelets en main. Ethel tendit son chocolat à sa fille. « Fais attention, le gobelet est un peu chaud. Pose-le sur le capot de la voiture, plutôt. »
Son père s’en alluma une autre sous le regard courroucé de sa compagne. « C’est ma troisième depuis ce matin, mon cœur, se défendit l’homme.
-   Fais attention quand même. Moins t’en fumes…
-   … mieux c’est, je sais. Je fais gaffe. »
La petite fille demanda si le trajet serait encore long. Ils étaient partis aux aurores, après tout, et avaient bien roulé pendant toute la matinée. Il était près de onze heures maintenant. Son père lui répondit qu’ils arriveraient dans le courant de l’après-midi, et qu’ils feraient une autre pause dans une ou deux heures pour manger les sandwichs qu’ils avaient préparé tous les trois ensembles la veille au soir.
Le départ avait été décidé très rapidement. Tout était venu d’une idée spontanée de Donf, mue par une envie soudaine de partir. Un désir de prendre la voiture et de rouler, longtemps, loin, de s’arrêter quelque part pour prendre un peu de bon temps. Changer d’air, juste deux ou trois jours. Après tout, après la sortie de son deuxième livre en librairie, ils pouvaient se le permettre. Le chèque que lui avait signé son agent en était pour quelque chose. Ses livres n’étaient pas spécialement connus du grand public, ils avaient le succès modeste des connaisseurs. Mais cette notoriété timide parvenait tout de même à Donf de remplir sa part de budget dans leur vie familial ; ça et le travail à mi-temps qu’il effectuait dans la librairie du coin.
Assez, enfin, pour qu’ils puissent se permettre cette petite sortie.
Leurs boissons terminées, Donf alla jeter les gobelets dans la poubelle non loin, et tout le monde reprit sa place dans la voiture. « Tu vas encore dormir ma puce ?  demanda le père à sa fille en l’installant à l’arrière.
-   Non. Je vais jouer à la console.
-   Tu fais attention à ta ceinture, d’accord ? Toujours sur l’épaule, jamais en-dessous.
-   Oui papa. »
Il monta à l’avant et inséra la clé dans le noman. « Je pense que je vais me reposer un peu, lui dit Ethel.
-   Comme tu veux ma chérie. De toute façon on quittera pas l’autoroute avant un moment. Je te fais signe dès que j’ai besoin de tes compétences de co-pilote !
-   Ça marche. »
Il lui déposa un baiser sur le front, comme elle les aimait. Puis il démarra le moteur, et ils quittèrent tranquillement l’aire de repos. Quand il rejoignit l’asphalte des voies rapides, Ethel rouvrit les yeux. « Thomas… ?
-   Oui ? »
Elle contempla le décor qui passait à toute allure par la vitre. Puis elle hocha la tête et referma les yeux. « Non, rien. »


NightDreamers
Chapitre Final ~ Prologue [‘Cause we all have a place to go back to 2/2]



Il faisait beau dehors. On était en plein été. La brise était douce et bienvenue, le soleil chauffait la peau. Dans la forêt, les oiseaux discutaient entre eux de leurs paroles chantantes. Silencieuse, le regard vif, le corps et l’esprit tout entier concentrés dans la traque, Sephyra sillonnait entre les arbres sans un bruit. Quelques rayons de soleil transperçaient le feuillage touffu des grands arbres, parsemant ici et là la forêt d’une ambiance presque magique. Ses grandes oreilles sursautèrent doucement. Elle ouvrit ses ailes et décolla subitement du sol pour atteindre les branches en hauteur. « Trouvé ! » s’écria-t-elle en pointant du doigt une silhouette recroquevillée sur l’une d’elles, contre un tronc.
-   Ah, c’est pas juste ! T’es trop forte à ce jeu ! ronchonna le jeune hybride. »
Il se laissa pendre de la branche, puis d’un mouvement preste se jeta en avant pour atterrir souplement sur le sol. Sa mère se posa près de lui. « C’est le jeu, Jaël. Tu n’es pas encore assez rusé en camouflage, mais ça viendra avec l’âge !
-   Mouais…
-   Tu veux qu’on arrête ?
-   Il fait quoi papa ?
-   Je ne sais pas…, éluda la roussette en levant les yeux en hauteur. Tu veux qu’on aille voir ?
-   Ok. On fait la course ! »
Et sans attendre, le jeune hybride se jeta en avant. Pour ce jeu, par contre, il était bien meilleur qu’elle. En cela il tenait beaucoup de son père pour la vivacité et la rapidité. Son jeu de jambes était sans égal, et il avait le don naturel de slalomer entre les arbres et d’éviter les branches qui sortaient du sol. Sephyra le poursuivit du mieux qu’elle put, mais elle n’arriva pas à rattraper l’avance qu’il avait pris.
Il arriva un peu avant elle au palais et éclata de rire. « T’as perdu, cette fois ! s’exclama-t-il en la regardant arriver.
-   Gros malin. »
Elle lui ébouriffa les cheveux, sachant qu’il n’aimait pas ça. Il s’esquiva en grognant, portant les mains à son crâne. Et sous les rires de sa mère, ils entrèrent dans le palais. « Madame, prononça un garde qui sortait, en s’inclinant devant elle.
-   Boujour Kanel. Saurais-tu où se trouve mon mari ?
-   Bien sûr Madame. Il est dans la salle de lecture, en train de réviser le dernier rapport de Luna sur les rondes de nuit.
-   Bien. Je te remercie. »
Elle lui tapota affectueusement l’épaule d’une main, puis entraîna son fils dans le palais en lui prenant la main. Jaël ne venait jamais seul dans ces lieux. Ils n’habitaient pas à l’intérieur même du palais. Sephyra, Athem et leur fils avaient leur propre hutte dans les arbres, comme la plupart des autres habitants d’Anethie. Roi et Reine se devaient de gérer la communauté cachée des loups ; cependant leur place dans la communauté restait égale aux autres lorsqu’il s’agissait de la vie privée.
Sephyra et Jaël gagnèrent la petite pièce illuminée exclusivement par de grandes bougies situées sur les deux longues tables de lecture. Athem était assis au fond, un parchemin déroulé sur la surface en bois, concentré dans sa lecture. Lorsque la roussette dégagea l’entrée formé de fines et longues coutures en tissues accrochées en haut du chambranle, il ne remarqua même pas leur présence. Jaël s’approcha de son père et voulut s’asseoir sur ses genoux. « Ah, vous êtes là, constata enfin le Roi d’Anethie quand son fils tira un bout de son ample vêtement. » Sa femme et lui se sourirent, et le loup prit son enfant sur ses genoux. Le jeune hybride fixa avec grande attention le parchemin à l’écriture cursive élancée et compliquée. « Papa, un jour, je prendrai ta place ?
-   Si tu t’en montres digne, oui, mon fils.
-   Ça veut dire quoi digne ? demanda-t-il en regardant son père dans les yeux. »
Athem aimait son enfant. Son regard toujours curieux mais néanmoins sérieux. Comme si, malgré son jeune âge, ses yeux portaient en eux le devenir d’un adulte sage et mesuré. « On ne devient pas souverain en le voulant, Jaël. Il faut savoir se montrer digne de ce peuple. Les gens qui habitent Anethie doivent te connaître. Ils doivent avoir confiance en toi. Tu seras là quand ils auront des problèmes, et tu devras les résoudre. Avant de te montrer digne d’être Roi, il faut d’abord se montrer digne de ces personnes. »
Jaël hocha la tête comme s’il comprenait ces paroles. Athem se doutait qu’il était trop jeune pour percevoir toute l’importance de ces mots, mais malgré tout, comme toujours, le regard que portait son enfant tendait à prouver le contraire ; Jaël semblait toujours tout comprendre en lui-même. Sephyra cala son museau au creux de son épaule, par derrière. « Que dit ce rapport ? demanda-t-elle d’une voix douce à l’oreille de son mari.
-   Rien de très urgent. Luna apporte juste des idées quant à un meilleur rendement des tours de garde pour la nuit. Ce sont des initiatives à réfléchir, cependant. Elle connait son travail et ses hommes.
-   Je n’en doute pas un seul instant.
-   Moi aussi je peux être un garde ? demanda Jaël.
-   Pas tout de suite, mon grand ! s’amusa Athem, sans se moquer.
-   Quand je serai plus grand tu pourras m’apprendre à me battre, père ?
-   Luna sera certainement meilleure professeur que moi.
-   Mon Roi, ma Reine, les interrompit soudain une voix féminine. »
C’était Luna elle-même qui se tenait à l’entrée de la salle, courbée en avant. Lorsqu’elle se releva, son regard glissa rapidement sur Sephyra. Elle le lui renvoya. Entre elles tenait toujours cette rivalité qui faisait leur lien. « J’ai cru entendre sans le vouloir que vous parliez de moi ? demanda-t-elle en reposant son attention sur Athem.
-   Luna, je veux que tu m’apprennes à me battre ! demanda sérieusement Jaël en se redressant sur les genoux de son père. »
La louve rit doucement en compagnie des parents du jeune hybride. « Mon prince, répondit Luna en toute sincérité, je vous assure que je vous formerai lorsque l’âge sera venu. Ce sera un honneur.
-   Maintenant, Luna ! Je suis le prince, et je te l’ordonne !
-   Doucement, mon fils, rétorqua Athem en descendant Jaël de ses genoux. Avant de donner des ordres, assure-toi de montrer du respect aux personnes que tu pourras commander. Si tu respectes ces gens, ils te respecteront en retour. Et, seulement à ce moment-là, tu pourras faire preuve d’autorité.
-   Mais pas n’importe quelle autorité, intervint Sephyra.
-   Oui. Il faut réfléchir aux ordres que tu donnes. Ils doivent être justes, et il leur faut toujours une raison. Un ordre ne peut être donné simplement parce que tu désires que tout soit fait selon tes humeurs. Ce ne sont pas les manières d’un bon Roi.
-   Mais…, tenta de se défendre Jaël.
-   Vous comprendrez en grandissant, mon Prince. Athem, reprit Luna, pardonnez-moi de m’être immiscée parmi vous, mais le marchand est arrivé et nous avons besoin de vous pour le stock d’armes.
-   Bien sûr, Luna. »
Athem prit la main de Sephyra dans la sienne et lui déposa un furtif baiser. La roussette lui sourit tendrement, et dans leur regard, leur amour se répondit réciproquement. Puis le Roi posa humblement une main sur la tête de son fils avant de rejoindre Luna. Les deux loups sortirent de la pièce en reprenant leur discussion sérieuse. Sephyra et Jaël les suivirent à distance pour sortir du palais.
Sur la place publique, un attroupement s’était fait. Le marchand ambulant qui venait de Station Square passait chaque trimestre apporter de nouvelles curiosités au clan. Il était l’un des rares étrangers dont la venue était acceptée dans le village bien gardé. Autour de sa roulotte, les habitants s’échangeaient les breloques avec curiosité et forts palabres. Athem et Luna rejoignirent l’attroupement, et Sephyra les perdit de vue dans la masse. « Maman, je peux aller voir moi aussi ?
-   Bien sûr mon cœur. Tu peux y aller.
-   Cool ! Merci m’man ! »
Jaël descendit les marches du palais et rejoignit l’attroupement en courant. A son tour, elle le perdit de vue.
Sephyra resta debout à l’entrée du palais, fixant l’horizon derrière la cime des arbres. C’était une journée normale, parmi d’autres, dans la vie du village d’Anethie.
Une journée commune dans sa propre vie. Et qui faisait tout son bonheur. Un mari aimant. Un peuple qui la respectait. Un enfant intelligent à instruire jour après jour, dans les traditions d’un village qui l’avait accueillie et acceptée malgré ses différences, et qu’elle aimait par-dessus tout.
Un bonheur simple.
Sephyra entrouvrit les lèvres, semblant percevoir quelque chose.
Elle les referma.
L’horizon lui semblait lointain.

*****
***

La porte s’ouvrit et un son de clochette retentit dans la grande salle. Derrière le comptoir, la hérissonne sourit au visiteur. C’était un homme un peu lourdaud qui marchait d’un pas pesant, comme s’il traînait sa carcasse par dépit de ne pouvoir faire autrement. En marchant vers le bar, il retira son chapeau. Il s’y accouda en reprenant son souffle. « Quelle chaleur !
-   Que vous dites ! rétorqua la tenancière en prenant appui sur son évier. Heureusement que vous pouvez compter sur notre clim. »
L’homme acquiesça et prit commande. Zalosta se retourna pour attraper un verre sur l’étagère en hauteur, puis prépara la boisson de son client.
Le jeune couple en marge de la salle se leva de table et salua poliment la hérissonne en quittant la brasserie. L’homme à l’embonpoint serait certainement leur dernier client pour la journée. Celui-ci sirota son verre en lisant le journal mis à disposition sur le comptoir. Il discuta passivement avec la hérissonne de choses et d’autres, prit son temps même alors que son verre était vide, et finit par partir en remerciant la tenancière de sa sympathie.
Seule dans leur boutique, Zalosta poussa un soupir de contentement. Le torchon posé sur l’épaule, elle quitta le comptoir pour aller nettoyer la table du couple, et revint à son évier pour nettoyer les trois derniers verres. Puis elle se dirigea vers l’entrée et contempla quelques instants la société vivante derrière la vitre de la porte en bois. Le tram électrique passa un peu plus loin. Le soleil se couchait sur la droite, derrière les grands immeubles. Elle retourna le carton « ouvert » pour afficher « fermé » par dehors et verrouilla la porte. Puis elle gagna l’arrière-boutique.
La petite pièce était simplement constituée d’une table avec un ordinateur. Au-dessus du moniteur à écran plat était accroché un calendrier, qu’ils avaient fait tous les trois. Pour chaque mois, une photo différente d’eux ; ils s’étaient bien amusés à les choisir. Pour le reste de la pièce, plusieurs gros cartons étaient empilés ici et là. Au fond, une porte ouvrait sur l’escalier qui menait à la cave, où étaient conservées les bouteilles.
Sur le siège à roulettes reposait nonchalamment Hood, les pieds posés sur le bureau. Il avait coincé un gros carton derrière la chaise pour qu’elle ne lui fasse pas perdre l’équilibre. Il ronflait fortement quand Zalosta entra dans la pièce.
Elle lui donna un petit coup de chiffon sur l’épaule, et il sursauta légèrement. « Tu devrais peut-être songer à dormir, la nuit, tu sais. » Il la regarda de biais, les yeux cernés de fatigue. Puis il lui bâilla au visage en ouvrant grand la bouche, et s’étira sur son fauteuil en poussant un soupir lancinant. « Il est quelle heure ? demanda-t-il d’une voix pâteuse.
-   L’heure de fermer boutique !
-   Quoi ? rétorqua-t-il en jetant un coup d’œil à sa montre. Merde. Je me suis même pas rendu compte que je m’endormais. »
L’ordinateur était passé en veille. Lorsqu’il bougea la souris pour le réactiver, l’écran afficha un tableur composé de chiffres et de tableaux divers. « Du coup, t’as pas finis de faire les comptes ?
-   J’emporte le fichier sur ma clé, je terminerai chez moi ce soir.
-   Tu peux aussi terminer ça ici demain et te reposer ce soir chez toi.
-   Aussi, certes. »
Il se gratta la nuque, en proie au doute. Elle lui claqua une petite tape sur le crâne. « Allez imbécile, la journée est terminée, va ! ». Il acquiesça en grommelant, éteignit l’ordinateur, puis se leva.
Zalosta ferma la porte de la brasserie à clés. Hood l’attendait à côté. « Tu fais quoi toi ce soir ? demanda-t-il les mains dans les poches.
-   Je sais pas… Je suis un peu fatiguée moi aussi. Tu penses à quoi ?
-   Eska devait terminer son truc vers vingt heures. On pourrait se faire une soirée pizza-cinéma ! lança-t-il avec son plus beau sourire innocent.
-   Envoie-lui un message pour lui demander sur le chemin. »
Il acquiesça et dégaina son téléphone portable d’une main alerte. Il pianota sur son écran tout en marchant sur le trottoir aux côtés de la hérissonne. Celle-ci passait une main furtive sur le bout des plots rouges en métal qui bordaient la route. Ils empêchaient les voitures de sortir de leur trajectoire avec un système électromagnétique. Ou quelque chose comme ça. Zalosta ne savait plus trop. « Y a eu des clients aujourd’hui ?
-   Pas mal oui. Pas de mauvais en tout cas, c’était une bonne journée. »
Elle s’étira à son tour, prenant conscience qu’elle était fourbue. Au loin, elle vit encore le tramway passer. Il glissait sur ses monorails sans les toucher. Sa route le rapprochait d’eux. « Y a quoi au cinéma en ce moment ? »
Comme d’habitude, Hood s’y connaissait. Il lui fit une liste qu’elle écouta distraitement, plus concentrée sur l’horizon qui se déployait entre deux buildings, au loin.
Son cœur se serra furtivement, et elle s’étonna de la mélancolie qui la berça le temps d’un instant fugace.
Ils gagnèrent l’arrêt au moment où le tram s’y arrêtait, et montèrent sans se précipiter dans les wagons vides. Pourtant c’était l’heure de la sortie des bureaux, songea Zalosta. Et on était vendredi. Le tram devrait être bondé à cette heure-ci. Ce qui n’intriguait pas vraisemblablement son ami, plus occupé à comparer le dernier film qu’il avait vu avec un autre du même réalisateur. Ils prirent place sur les strapontins et Hood arrêta sa diatribe passionnée pour dégainer à nouveau son portable qui venait de vibrer dans sa poche. Zalosta le vit sourire. « C’est bon, elle est ok pour ce soir, lui répondit-il sans la regarder. » La hérissonne reposa son attention sur le paysage urbain qui défilait derrière les vitres du wagon.
L’impression que tout allait trop vite et qu’elle manquait quelque chose ne se fit que plus forte dans sa conscience.

*****
***
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« Répondre #518 le: Mai 29, 2013, 01:00:43 pm »
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Les mouettes criardes voletaient, gracieuses, autour des mâts. A la proue, Saïko ferma les yeux et guetta cet instant le plus profondément possible. Il respira un grand coup, et l’air marin lui rafraîchit le corps et l’esprit, chargé d’iode et de senteurs salées. Il se sentait faire corps avec les mouvements du navire, son lent balancier de haut en bas.
La mer était calme. Le ciel était d’un bleu limpide, et le soleil commençait à se coucher de l’autre côté. Ils naviguaient vers l’est. Sans ouvrir les yeux, Saïko senti une présence s’approcher de lui. « Alors Saïko, comment trouves-tu ce premier voyage en mer ?
-   Incroyable, papa. L’air est tellement différent des plaines de chez nous, et l’horizon est sans fin !
-   Plus pour longtemps, mon fils. As-tu remarqué les mouettes dans le ciel ?
-   Oui, je les entends depuis peu.
-   C’est le signe que nous approchons de la terre ferme. »
Le renard hocha la tête. Il se sentait mélancolique à l’idée que le trajet en bateau toucherait bientôt à sa fin. C’était leur premier voyage hors du clan des Pyrofox, et Saïko goûtait le parfum exotique et grisant de l’aventure. Il allait, dans peu de temps, poser les pieds sur un continent nouveau. Ce serait ses premiers pas sur une autre terre, inconnue de lui. Son cœur tremblait d’excitation.
Déjà, pour gagner le village côtier, il avait été émerveillé par le marché qui s’était tenu là-bas. Tant d’odeurs différentes, de gens et de mouvements ! Les badauds négociant les prix, les marchands parlant fort et vantant leurs produits à tout va… tout cela était nouveau pour le jeune renard. Quel autre village découvrirait-il à l’autre bout de cet horizon infini ? Quelles surprises l’attendaient encore ?
Saïko imaginait toutes ces choses, le regard perdu dans les eaux. Soudain, son attention crut déceler un détail dans les remous qui semblaient attaquer la proue du navire, en contre-bas. Il guetta un moment les vagues, puis, sans perdre son attention sur l’océan, longea le bastingage pour quitter la proue du navire. Il s’arrêta un peu plus loin, près de la cabine du commandant de bord, toujours hypnotisé par les profondeurs de l’eau.
Au loin, en-dessous, résonnait comme une présence qui l’appelait.

*****
***

Un ressac timide venait lécher le rivage. Le soleil se couchait lentement à l’horizon, semblant se fondre dans l’océan. Sur le sable, la petite fille s’amusait à creuser un canal depuis une petite flaque en direction de la mer. Donf la regardait jouer. A ses côtés, Ethel restait silencieuse depuis plusieurs minutes. Ils semblaient tous deux perdus dans la contemplation de leur progéniture. « C’était une belle journée », dit-elle simplement au bout d’un moment. Donf acquiesça d’un mouvement de tête. Il y eut un bruit sourd derrière, dans la ville. Assez fort semblait-il, mais rendu discret par la distance. Il ne se retourna pas.
Le soleil se couchait. Cela se terminait, et il en profitait avant de dire adieu. « C’était bien le temps que ça aura duré », continua sa compagne.
Ils ne firent pas attention à la silhouette qui passa près d’eux pour emprunter l’escalier de pierre qui descendait sur le sable. Quand elle entra dans le champ de vision de Donf, il lui sembla qu’elle lui était familière. Peut-être. Une réminiscence quelconque.
Il ne lui sembla pas qu’il se passait quelque chose d’étrange alors qu’il regardait la silhouette s’approcher directement de sa fille. Ethel, elle, sembla le remarquer.
Quand l’inconnu, qui portait un ample manteau noir, sorti un objet métallique de sous son habit, Ethel hurla. Mais Donf l’entendit de très loin. Il était hypnotisé par le reflet du couchant de soleil sur la surface de l’arme à feu que l’homme aux cheveux bruns pointait sur sa propre fille. Le coup, cette fois, fut plus fort, plus audible. Il le fit sursauter. C’était là, tout près.
En face de lui.
Sa fille était couchée à terre. L’homme se tenait debout à côté. Il avait encore le pistolet dirigé vers son corps.
Le temps de cligner des paupières, il se trouvait lui aussi à côté. Ethel était à terre, leur fille dans les bras. Il ne voyait pas son visage. Sa compagne pleurait doucement. A côté de Donf, la silhouette pointa son pistolet cette fois vers la tête de la femme.
Donf sursauta encore. Maudit bruit. Il lui était dérangeant. C’était comme un moustique qui le réveillait en pleine nuit. Ethel et sa fille dormaient sur le sable à ses pieds. De la semoule rouge. « C’est pas comme ça que cette histoire doit se terminer ». C’était l’autre qui parlait. Il était à côté. Mais sa voix semblait parvenir depuis l’autre bout d’un long tunnel sous-terrain, avec un écho affreux. Il esquissa un sourire.
Un nouveau bruit, différent celui-là. Donf ne sursauta pas cette fois. Au contraire, ce bruit lui parut salvateur. Comme un verre qui se fêlait.
Tu as raison Hunter.
Il avait murmuré. Mais sa voix n’était pas audible dans ce monde. Il l’entendait en pensée, depuis un autre endroit. Son regard défit alors le faux temps et l’espace erroné, et à ses côtés, le monde bascula alors que le soleil disparaissait dans les flots à l’horizon ; tout se mit à devenir brillant, trop brillant, d’un blanc aveuglant.

Ce n’est pas comme ça que cette histoire s’est passée, psalmodièrent tout bas les quatre voix à l’unisson.

Le monde se rétracta sur lui-même dans ses données, et Donf resta seul dans cet univers vierge dont il avait réussis à s’extraire. Il leva la tête et appela les autres du bout des lèvres.

Sephyra aperçut dans le ciel la même disparité qu’elle avait cru remarquer. Toutes les personnes sur la place centrale du village s’étaient immobilisées. Les conversations s’étaient tues. Les données étaient entravées, le temps suspendu. Sephyra descendit lentement les marches alors que derrière elle, le Palais s’effondrait dans un amas de lignes noires qui dessinaient son architecture virtuelle. Lorsqu’elle posa le pied à terre, tout explosa subitement en un éclair blanc et elle rejoignit Donf qui l’attendait au centre de cet univers.

Zalosta vit les contours du paysage s’estomper alors que le tramway semblait prendre de la vitesse. Tout devint blanc. A ses côtés, Hood était immobile, lui aussi suspendu dans cette image onirique fantasmée. La hérissonne s’approcha des portes coulissantes du véhicule automatisé. Elles s’ouvrirent quand il s’arrêta sur les deux personnages familiers.

Saïko répondit à l’appel. Il se pencha sur le bastingage jusqu’à basculer par-dessus bord, et pénétra dans l’eau tête la première. Au fond il discerna, dans la pénombre s’éclaircissant peu à peu, le centre de l’univers. Et les trois autres. Il les rejoignit sans rien faire, tombant dans l’eau, puis dans le vide quand tout disparut, comme siphonné par l’effacement de l’illusion.

Ils se regardèrent, se dévisagèrent, se reconnurent.
Ils se prirent les mains en se souriant.
Et appelèrent d’une seule voix la Vérité.

*****
***

Des coups de crayon. Des lignes tracées les unes après les autres, à coups brefs, professionnels. Des traits qui se rejoignent, qui se courbent, se font plus noirs. Une silhouette composée d’un squelette de cercles sous-jacent. Des proportions infimes et calculées. Des yeux apparaissent. Un regard calme et profond qui semble vivant sous de simples traits au crayon.
Un renard.

D’autres coups, plus longs, plus appuyés. Des couleurs. Différents crayons aux mines changeantes. Du bleu, du violet, du vert, et d’autres. Une touche ici, une autre là. On comble le vide, on donne une personnalité à la silhouette esquissée par le noir du crayon de bois.
De longs cheveux ondulés châtains.
Une roussette.

Un papier qu’on enserre entre deux plaques, celle du haut plastifiée, celle du bas en verre. Un bouton sur lequel on appuie, et un rayon de lumière qui capte l’image dans sa virtualité pour la redonner sur l’écran dans toute sa splendeur. Au personnage, on y ajoute un contexte, un environnement. Une chambre. Un bureau, un ordinateur. Une étagère pleine de livres. On étoffe la psychologie par de simples objets du réel.
Une paire de lunettes.
Un jeune garçon.

Nouvelle feuille. Le travail se fait plus intérieurement. Il n’est plus extériorisé. L’icône clignote sur l’écran. La page est encore vierge de toute création, mais quel Dieu se cache derrière de simples mots ?
Première lettre. Une phrase. Un paragraphe. Enchantement de l’écriture. On appose un sens, un style. Magie de la lecture. On imagine. Et le monde se fait vivant. Les personnages bougent, parlent, les décors changent, les oiseaux volent lorsque c’est précisé, on anticipe le mouvement de la branche puisqu’il est écrit qu’il y a du vent. Les mots nous disent elle vit, et elle vit.
Des yeux sans pupilles.
Une hérissonne.

Puis les quatre personnages sont rassemblés. A travers les mots est créé un monde. Dans ce monde est constituée une histoire générale. Puis une pour chaque personnage. Une naissance, une enfance. Une évolution. Des joies, des peines. Des défis pour les apprentissages. Des détentes pour le bien-être.

Sephyra, Saïko, Zalosta et Donf s’entre-regardent. Des personnages.
Que veut dire ce mot ? Qui sont-ils ?
Que sont-ils ?
Non loin d’eux apparaissent quatre silhouettes dans la blancheur immaculée de ce monde. Elles s’approchent. Elles sont lumineuses. Pas floues, palpables même, mais les traits précis ne sont pas distinguables.
Une des silhouettes, féminine, s’avance vers Sephyra. Elle lève sa main vers sa poitrine, puis la tend vers la roussette. L’hybride contemple cette main blanche en comprenant peu à peu. Elle répète le geste.
L’une provient de l’autre. Elle fait face à sa créatrice. La silhouette s’affine alors, et le halo aveuglant se perd peu à peu pour montrer l’entité à l’apparence humaine. Il s’agit d’une femme aux cheveux châtains ondulés et aux yeux verts.
Les autres silhouettes s’approchent à leur tour, perdant tour à tour, elles aussi, le halo qui les enveloppait. Et Zalosta, Saïko et Donf font bientôt, eux aussi, face à ceux qui les ont créés. Pour Zalosta, il s’agit d’une autre femme aux cheveux légèrement bouclés eux aussi, mais blonds. Le créateur de Saïko est un homme au teint halé et aux cheveux courts, surmonté d’une paire de lunettes discrètes, plus grand que celui de Donf, qui lui porte des cheveux bruns au teint clair. Les créateurs se regardent. Les quatre personnages aussi. Puis chaque créateur et son personnage se prennent les mains, enchantés de cette rencontre en dehors du temps et de l’espace.
Dans les yeux des créations cependant demeurent une question muette.
Les créateurs perdent peu à peu leur sourire. Derrière eux surgit alors l’image du monde.
Et avec elle, son histoire.


Il était une fois…
Un monde vierge, capable de toutes les créations. Ce monde était né de l’imagination de quatre concepteurs, qu’un lien unissait au-delà de leurs existences propres, et qu’ils souhaitaient voir perdurer.
Ils donnèrent alors naissance, chacun d’eux, à un être. Ces personnages portaient en eux les données de leur Créateur, sans toutefois n’être qu’une simple copie. Ils détenaient surtout l’espoir de n’être pas séparés, quoi qu’il advienne, pour exaucer le vœu de ceux qui leur avaient donné naissance. Chaque personnage eut droit à son univers, à sa famille, ses amis, et son histoire. Mais inconscients de leurs actes, les quatre Créateurs donnèrent ainsi naissance à un monde sans logique, sans temps réel. En effet, deux des personnages vivaient dans un passé lointain de ce monde, tandis que les deux derniers existaient dans un présent nébuleux. Ainsi était apparue la première faille de ce monde : les Créateurs avaient conçus une histoire trop précise à leur personnage, contredisant ainsi leur souhait le plus cher de les voir cohabiter ensemble.
Il en résulta la première désynchronisation de ce monde : passé, présent et futur n’étant pas équilibrés, les données de l’univers s’embrouillèrent et s’emmêlèrent dans une spirale dévastatrice qui se détruisait elle-même pas sa propre force.
Conscients de leur échec, les Créateurs inventèrent alors un Cinquième personnage. Ils voulaient que cet être, à l’intérieur même du monde qu’ils avaient créé, puisse interagir avec les éléments sur lesquels ils n’avaient plus contrôle pour rétablir l’équilibre. Ils façonnèrent ce Cinquième personnage à eux quatre et lui donnèrent toute la sagesse, la connaissance et l’intelligence qu’ils purent. Ils créèrent, car tel était leur vœu, un Dieu fait chair.
Le Cinquième aussitôt né dans sa plus parfaite complexité au sein de ce monde, eut dès lors la connaissance de la Vérité : il était conscient de l’origine et de la finalité de cet univers. Mais il avait été créé pour corriger les erreurs de ses concepteurs, et tel fut fait : pour éviter que la désynchronisation du temps ne réduise tout à néant, il envoya les Quatre personnages clés de ce monde dans un univers propre à son histoire.
Ainsi, les éléments nés pour vivre ensemble se retrouvèrent séparés. Les Créateurs assistèrent à la décision du Cinquième sans rien pouvoir y modifier : il était tout-puissant – ou presque – et pire ; son choix était salvateur. Rien d’autre ne pouvait sauver leur univers de la destruction. Blessés de leur échec, les Créateurs ordonnèrent au Cinquième de faire en sorte que les Quatre se retrouvent réunis, quoi qu’il advienne. Il réfléchit alors à un scénario qui permettrait, au terme, de réunir les éléments principaux. Mais il était long, ardu et dangereux. C’était un pari risqué pour la survivance de ce monde. Mais le Cinquième savait aussi que cet univers avait été enfanté pour que les Quatre cohabitent ensemble. Trop longuement séparés, ce monde perdrait sa raison d’être et le résultat resterait le même : il se détruirait de l’intérieur.
Pour ne plus bousculer l’équilibre, le Cinquième et ses Créateurs devaient maintenant faire bouger les choses dans chaque monde, de chaque personnage, sachant que ces mondes se faisaient suite dans la trame du temps. L’univers avait été édicté selon la volonté de ses Créateurs ; les personnages suivaient donc la trame qui leur était imposée. A une exception : le Cinquième.
Fort de son libre- arbitre, il imposa ses conditions aux Créateurs. Il voulait par-dessus-tout que les Quatre puissent avoir l’occasion d’atteindre la Vérité, pour comprendre leur origine. Et qu’ils puissent, après cette connaissance, décider par eux-mêmes si leur monde, et leur vie, méritaient d’être sauvés, et par quel moyen. Pour ne plus être de simples personnages.
Rompus à leurs obligations, les Créateurs n’eurent d’autre choix que d’accepter. Ils expliquèrent au Cinquième qu’un système avait été mis en place dès la création de ce monde. En effet, forts de leurs sentiments pour leurs personnages et leur monde, les Créateurs avaient conçus à l’aube de cet univers une Porte qui permettait de transcender ce monde fictif. Une Porte donnant sur la conscience des quatre Créateurs, pour atteindre la vérité.
Une Porte qui permettrait aux Quatre de rencontrer leurs Créateurs.
Alors sur ce commença le scénario qu’avait imaginé le Cinquième. Les Créateurs ne purent que regarder de loin, en attendant l’heure où sonnerait, enfin, les retrouvailles entre leurs êtres principaux…


L’histoire leur avait été dictée dans leurs pensées, sans aucun timbre. Les mots s’étaient acheminés d’une façon ou d’une autre dans leur esprit, tout en images. Suite à cette narration, ils assistèrent, chacun d’eux, au résumé de leur propre histoire. Les visions succédaient aux paroles, et chaque décision prise prenait tout son sens.
Chaque clé importante apparue pour chacun d’eux, et derrière celles-ci ils savaient que le Cinquième en était l’origine. Détenant la vérité dorénavant, ils assistèrent à leur vécu avec un recul impossible à atteindre en un autre endroit, et trouvèrent chacun le sens de son histoire.

*****
***

On toqua à la porte. Hood et Eska se regardèrent. Depuis la prise de Zalosta, ils changeaient chaque jour d’endroit et prenaient soin derrière eux de ne laisser aucune trace de leur passage. Evitant les grandes villes, ils vadrouillaient de taudis en taudis, passaient même parfois leur nuit au creux d’un bois sombre et perdu dans les campagnes environnantes. Les seules fois où ils se risquaient à gagner les villages du coin, c’était pour se constituer des vivres. Ils se séparaient toujours lorsque c’était le cas, l’un gardant un œil sur l’autre, se fondant le plus possible dans la masse, préférant les heures où les marchés étaient bondés.
Ils avaient passé la nuit dans une petite cabane perdue en forêt. Le bois était vieux et les quelques vitres fendues, et ils avaient passé une longue nuit à lutter contre le froid de l’hiver, mais au moins étaient-ils en sureté. Pour éviter toute surprise, chacun ne dormait que d’un œil. Lorsqu’on toqua à la petite porte miteuse, Hood et Eska réagirent de suite en attrapant leur arme dérisoire : un pistolet à impulsion électrique pour Hood, et une fine dague à la lame émoussée par le temps pour la chatte. Ils gagnèrent la porte sans un bruit. Hood se plaça derrière, et fit signe à Eska d’entrouvrir la porte. Elle suivit les ordres.
Dans l’aube du matin se dessina la silhouette d’un hybride encapé. « Je peux vous aider à sauver Zalosta », dit tout de suite l’inconnu ; ce qui eut pour effet de déclencher un signal d’alarme silencieux chez les deux fugitifs. Eska, féline, ouvrit la porte en grand d’un coup et se glissa avec une vélocité animale dans le dos de l’hybride sans que celui-ci ne puisse réagir. Elle lui coinça un bras par derrière tout en apposant sa lame contre son cou. Hood sorti au même moment pour braquer son arme sur lui. Il jeta un coup d’œil aux alentours, s’assurant qu’il n’y avait pas de danger immédiat, puis fit signe à Eska de faire entrer leur otage dans la cabane. Elle n’eut pas vraiment à le forcer ; l’inconnu entra sans résister.
Une fois à l’intérieur, Eska le relâcha et vint se placer aux côtés du hérisson qui garda l’inconnu en joue. « Qui êtes-vous ? demanda-t-il aux aguets.
-   Mon nom n’a pas d’importance. Je suis au courant pour votre fuite, et je connais Zalosta. Je ne suis pas votre ennemi.
-   On l’a souvent entendu, celle-là, répliqua Eska d’une voix méfiante. D’où venez-vous ? Comment nous avez-vous retrouvé ?
-   Je sais tout ce qui passe dans cette société, répliqua l’inconnu d’une voix calme et posée. Zalosta est importante pour moi. Je veux vous aider à la sauver.
-   Pour quelle raison est-ce qu’on devrait vous croire ? rétorqua Hood à son tour.
-   Je n’ai aucun moyen de vous forcer à me croire. Le constat est simple : je vous offre le moyen de la sauver. A vous de choisir. »
L’hybride encapé, capuche sur la tête, se dirigea lentement et calmement vers la petite table dans un coin de la cabane. Il y déposa une lettre, un passe électronique, et une clé. Malgré le fait que Hood le garde en joue, il ne semblait pas particulièrement alarmé. « Voici les plans du complexe d’enfermement. Je vous ai noté l’endroit où ils retiennent Zalosta. La clé est celle de sa cellule. J’y ai ajouté les heures de gardes et les roulements, ainsi que la position de chaque gardien pour chacun de ses postes, à chaque heure. Vous avez tout ce qu’il faut pour monter votre plan.
-   Pourquoi nous aidez-vous ? demanda Eska en perdant un peu de son agressivité, sans toutefois baisser sa vigilance. »
L’inconnu se tourna vers eux. Dû à sa capuche, les deux fugitifs ne pouvaient savoir qui il regardait. Hood avait la sensation de tenir un jouet entre les mains plutôt qu’une arme mortelle, tant la réaction de l’hybride semblait calme et sûre d’elle. « Zalosta est un personnage principal de cette histoire. Elle ne doit pas mourir de cette façon. Vous devez la sauver, et vous trouverez le moyen de le faire sur place. »
Journalisée
Donf : Vous êtes folles.
Rekkua : Je me demande ce que ça peut être, d'être folle, quand c'est toi qui qualifie la personne...

Niark! :] :
*ND ça veut dire glauque en fait? ok
Niark! :] :
*"putain ce château il est ND o_o
 
 
Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #519 le: Mai 29, 2013, 01:04:44 pm »
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« Zalosta, on est là. »
La hérissonne releva le museau du fond de sa cellule. A la porte de celle-ci, Hood et Eska étaient déjà en train de glisser la clé dans la serrure en ferraille. « Mais… Qu’est-ce que vous faîtes là ?! » répliqua-t-elle aussitôt en accourant aux barreaux. Hood ouvrit la porte en lui souriant. « On est venus te sauver, à ton avis !
-   Ne traînons pas, objecta Eska en prenant la hérissonne par la main. »
Ils quittèrent le long couloir aux innombrables cellules. La hérissonne ne put s’empêcher de jeter un regard aux quelques autres détenus. Ils ne semblaient pas même faire attention à leur évasion. Au bout, Hood passa la carte électronique dans la fente prévue à cet effet. La porte s’effaça sur la côté dans un glissement feutré. « Mais comment vous avez eu…, commença la hérissonne.
-   Pas maintenant. Viens ! répliqua Hood en s’élançant dans le long couloir circulaire vivement éclairée. »
Il avait le plan à la main, et jetait fréquemment un œil dessus. Ils trottinèrent un moment dans le labyrinthe du complexe, enchaînant les portes coulissantes, quand soudain ils croisèrent des gardes à l’autre bout d’une salle. Il y eut un moment de surprise et les deux camps se fixèrent avec désarroi. Puis les hommes en tenue bleues, gilet pare-balle sous leur veston barré de l’inscription « surveillance » en jaune, les hélèrent en s’élançant vers eux. Les trois hybrides firent demi-tour et détalèrent dans l’autre direction en courant. L’alarme ne tarda pas se déclencher dans le complexe avec son bruit strident typique, et les diodes au plafond passèrent de leur lumière artificielle à un rougeoiement sinistre. Hood, Eska et Zalosta naviguaient dans les couloirs sans fin, gravissaient les marches quatre à quatre, se perdant sans faire attention dans le long complexe d’enfermement. Lorsque Hood risqua un nouveau coup d’œil à sa carte, il s’interrompit brusquement. Eska et Zalosta l’encadrèrent. Un sourire cynique s’esquissa sur ses lèvres qui tremblaient. « Vous trouverez quoi faire sur le coup, répéta-t-il. Le salaud.
-   Quoi ? questionna Eska qui comprit qu’il faisait référence aux mots de l’inconnu qui les avait aidés. »
Le hérisson lui montra rapidement la carte et pointa un doigt sur une grande salle. « Tout le reste est bloqué. On ne peut plus descendre sans se faire cueillir par la sécurité. On ne peut que monter, et en haut, il ne reste que ça. Rappelle-toi de ce qu’il a dit sur Zalosta. »
Eska hocha la tête sans y croire en comprenant là où voulait en venir son compagnon. La hérissonne dévisageait l’un et l’autre sans y voir clair, les pressant de questions auxquelles ses deux amis évitaient de répondre.
Ils l’entraînèrent, comme convenu par l’encapé, dans la salle de lancement.



Une habitation précaire en torchis. Des bougies étaient allumées dans le petit habitacle. Les lueurs fugitives éclairaient la même cape. La capuche était rabattue et laissait apercevoir le blanc des yeux de l’échidné. Le chef du clan n’en restait pas moins concentré sur leur discussion. « C’est le moment ou jamais de rétablir la suprématie des échidnés. Les quatre clans ne s’attendront pas à une attaque surprise.
-   Mais ils possèdent le contrôle de leur élément. Nos armes seront-elles efficaces contre leur magie ? questionna le chef du clan échidné d’une voix profonde et véhémente.
-   Le nombre jouera en notre faveur. Les gardiens des éléments procèdent à une forte régularisation des naissances, et de ce fait, le nombre de jeunes est équivalent au nombre d’anciens. Si vous attaquez en masse, ils n’auront probablement que peu de temps pour réagir.
-   L’attaque surprise évitera aux autres clans d’être prévenus à temps… »
L’encapé acquiesça d’un signe de tête. Il rajouta pour terminer de convaincre son interlocuteur : « Il faut que vous sachiez qu’en ce moment, pour chaque clan est mis en place la phase d’apprentissage pour les jeunes ayant atteint l’âge convenu. Ils partent quelques jours seuls en quête, dans la nature, pour asseoir la force et le contrôle de l’élément qui est le leur. En attaquant à ce moment, vous allez prendre au dépourvu les chefs, et vous n’aurez pas à vous battre contre quelques éléments qui pourraient, passé ce délai, devenir plus dangereux. »
Le vieil échidné hocha gravement la tête. Il demanda, selon les conseils de son informateur, quel clan attaquer en premier. Et la réponse tomba comme un couperet sous le dôme de l’habitacle.
Le clan des Pyrofox.

L’attaque avait surpris tout le monde. En pleine nuit, les assaillants, discrets et rapides, avaient mis en place leur plan. Le chef du clan Pyrofox n’avaient su réagir assez vite lorsque les échidnés s’étaient introduits dans son habitation. Il était alors dans la pièce qui lui servait de salle de lecture. Il avait entendu sa femme crier, et s’était de suite élancé vers la grande pièce à vivre de la petite habitation, pour voir sa femme couchée sur la table, deux échidnés la dénudant malhabilement avec dans les yeux un éclat cruel et sans pitié. Ils ne firent pas attention à son hurlement de fureur. Deux autres échidnés, qui se tenaient sur le côté, se jetèrent sur lui. Il eut le temps d’en mettre un à terre, avant que le second ne le blesse gravement. Il entendit sa femme hurler longuement.
Quelques minutes plus tard, on l’amena, sanglant, vers l’entrée du village. Il eut le temps d’apercevoir ici et là les corps de ceux qu’il avait connu éventrés par terre.
On amena deux échelles. Agonisant, perdant peu à peu conscience, il sentit qu’on le montait en hauteur par des poignes puissantes. Contemplant une dernière fois son village détruit, il put apercevoir que quelques échidnés mettaient le feu à leurs habitations. Il ne sentit pas qu’on lui clouait les mains sur le portique de bois. Lorsqu’on enfonça un long et gros pieu dans son poitrail, il expira longuement en songeant une ultime fois à son fils.
Saïko…


Les loups encadraient la hérissonne qui tenait la petite roussette endormie dans ses bras. Anetham, le Roi d’Anethie, la perçait du regard. Lui et Zalosta se trouvaient dans la pièce circulaire qui servait aux entrevues importantes. Assis en tailleur, le sage méditait la demande en silence. « Pour quelle raison avoir choisi notre clan ? demanda-t-il enfin après un long silence.
-   Sur ordre de Kane, répondit la hérissonne en prononçant chaque mot distinctement. »
Le nom eut l’effet escompté. Anetham hocha la tête. Il reposa ses yeux bleus que portait un regard profond sur la petite roussette, qui s’était endormie après avoir trop pleuré. « Une petite existence fragile déjà bien tourmentée dès son jeune âge, commenta-t-il d’un ton apaisant.
-   Vous comprenez qu’elle est la dernière représentante de toute une race. Puis-je compter sur vous pour prendre soin d’elle ?
-   Nous n’avons pas pour habitude d’accepter les étrangers à Anethie, déclama le loup d’une voix forte. Je veux que Kane comprenne que ce n’est pas parce qu’il s’agit de lui que j’accepte de prendre cette roussette dans notre village. »
En entendant cette décision, les loups à côté se dévisagèrent. C’était une première d’importance, et pour sûr, elle entraînerait des réticences chez bien des villageois. Anetham sentit la méfiance de ses gardes mais, contre toute attente, il tendit les bras vers la roussette. Zalosta se leva et lui passa le corps frêle qui ne pesait presque rien. Le chef du clan la regarda longuement. « Nous ne pouvons pas priver cette existence de la vie qui lui est destinée. Mes compagnons comprendront qu’il s’agit de notre devoir d’accepter sa venue ici. Des temps sombres vont survenir. L’attaque d’Euresias n’en est que le prélude…
-   Je vous remercie pour votre compréhension, Sire, répondit respectueusement Zalosta en courbant la tête.
-   Dites à Kane qu’il peut compter sur moi pour élever cette enfant comme l’une des nôtres. Je m’occuperai personnellement de son intégration dans notre village, dit-il d’une voix paisible en relevant le museau pour fixer Zalosta, coupant court aux rumeurs murmurées par les gardes. »
La hérissonne se courba une nouvelle fois. Les loups armés se levèrent pour la raccompagner hors du village. En se levant, elle prit le temps de regarder une dernière fois la roussette avant de se retourner définitivement.

Le jeune loup s’approcha du lit et regarda avec une grande curiosité la forme étrangère qui semblait assoupie sur le matelas. Il contemplait avec émerveillement les petites ailes repliées sous le dos de l’hybride, et se demanda fugitivement comment faisait-elle pour ne pas en être gênée dans son sommeil. « C’est quoi ? demanda-t-il dans un murmure à son père.
-   Une roussette, Athem. Elle est la dernière existante, et nous devons prendre soin d’elle. Je l’accepte comme ma fille. Elle sera ta sœur, dorénavant, et tu devras la protéger comme Katejina. Tu comprends ? »
Le jeune prince hocha la tête en signe d’acquiescement. Il ne savait pas ce qu’était une roussette, mais il irait piocher cette information tout seul dans la grande pièce remplie de vieux livres de son père, dans laquelle il adorait se perdre. « Comment elle s’appelle ?
-   Puisqu’elle commence une nouvelle vie ici, nous devons lui trouver un nom. Que penses-tu de… Sephyra ? Vent nocturne.
-   Sephyra, répéta le jeune loup en décortiquant chaque syllabe. C’est joli, Sephyra. »
Anetham lui passa une main bienveillante sur la tête. Athem se rapprocha un peu plus de la roussette pour contempler son museau paisible. « Sephyra », répéta-t-il avec un sourire bienveillant en posant, avec beaucoup d’attention, une main sur la sienne.


Le dossier sur le bureau portait le nom de la jeune fille. A l’intérieur, son dossier scolaire complet. Sur la première page que le directeur de l’école scrutait avec attention était agrafée sa photo d’identité. Il lut son prénom : Ethel. « Ses résultats sont suffisants pour entrer dans cette école. Votre démarche est presque inutile, nous lui aurions certainement proposé une place, je pense.
-   Je m’en doute, répondit l’homme en costume-cravate assis en face du directeur, derrière le bureau. Mais je voulais m’assurer que vous le fassiez, Keenan. Cette fille doit venir ici.
-   Vous pouvez tenir compte de ma parole. Nous lui proposerons, mais le choix lui appartient. Kane, reprit-il en refermant le dossier de la jeune fille et en plongeant son regard intelligent dans celui de son vieux compagnon, pourquoi tenez-vous autant à ce que cette demoiselle vienne ici ? Nous sommes situés loin de chez elle. Vous n’êtes pas sans savoir que de nos jours, les enfants ont du mal à quitter le cocon familial. C’est certes une bonne expérience, mais les conjonctures actuelles font que cette décision est difficile à prendre : le coût de la vie est cher pour une étudiante qui doit assumer un loyer et un train de vie suffisant pour sa santé, en plus de ses cours.
-   C’est justement ce qu’il lui faut, et sa famille aura de quoi subvenir à ses besoins. Elle acceptera votre proposition, j’en suis certain.
-   Si vous le dites… Vous pouvez compter sur moi pour lui proposer une place. »

Donf regardait son téléphone sans vraiment le voir. La discussion avait été rapide, et le rendez-vous était pris. Demain. La pensée qu’il devait préparer des affaires pour partir émergea dans son cerveau avec beaucoup de difficultés. La torpeur dans laquelle  il vivait depuis plusieurs mois, depuis son départ, distillait les informations importantes de sa vie au compte-goutte. Il ne s’était plus intéressé à quelque chose depuis un moment. Il ne lisait plus depuis qu’elle était partie.
Il avait trouvé l’affiche accrochée sur la vitrine du bar-tabac dans lequel il allait acheter ses cigarettes. Il avait appelé sans vraiment y croire, juste pour se donner une certaine contenance. Un semblant d’envie illusoire de passer à autre chose. Il savait au fond de lui qu’il devait passer le pas, même s’il ne s’en sentait pas l’énergie. Alors il avait pris le numéro de l’affiche, et il avait appelé une fois revenu dans sa chambre. Et le rendez-vous était là.
Il lui faudrait partir demain à l’aurore. Faire le trajet en train jusqu’à l’autre bout du continent toute la journée. Partir loin d’ici…
Pour oublier qu’il l’avait perdue. Pour aller à l’entretien et, peut-être, devenir le gardien que l’affiche lui avait proposé d’être…


Au terme de son parcours pour rétablir l’équilibre des éléments, Saïko se rendit à la source de tout : l’Autel de l’Emeraude. Il y avait été invité par les échidnés, qui avaient reconnus en lui le sauveur de la nature. Voulant se faire pardonner et tirer un trait sur cette histoire, le nouveau chef de clan avait envoyé en personne un messager venu cueillir le renard qui avait mûri pendant son voyage.
Lorsque Saïko se retrouva parmi ceux qui avaient tué sa famille et ses amis, un sentiment étrange le parcourut de la tête aux pieds. Bien sûr, il savait que la plupart avaient agi simplement sur ordre. Mais il avait l’intime conviction également que « on me l’a ordonné » n’était pour beaucoup qu’un prétexte. Car l’image de sa mère dénudée et violentée sur la table de leur maison le hantait encore par les nuits sans lune. « Jeune renard, au nom de toute ma tribu, je m’incline face à toi pour tes actions qui ont rétabli l’équilibre sur ce monde. Je baisse également les yeux face à toi pour te prouver combien nous regrettons, tous, les gestes qu’ont engendré la soif de pouvoir de mon aïeul.
-   Je sais combien vous accordez de dignité dans vos gestes, répondit Saïko en se tenant droit, et je comprends que pour votre stature, baisser la tête face à un étranger du clan soit un signe de profond respect. Cependant, permettez-moi de vous dire que votre geste ne m’atteint pas. Ce n’est pas en courbant la tête que vous effacerez les images cruelles qui envahissent encore mes cauchemars chaque nuit.
-   Je peux le comprendre, répondit humblement le chef du clan en se redressant. Rien n’effacera ce qu’il s’est passé. Nous souhaitons simplement, ma tribu et moi, repartir sur de bonnes bases avec les autres clans. L’équilibre ne doit, en aucun cas, être de nouveau dissous par une soif d’arrogance d’un chef qui ne mérite pas d’être respecté par ses velléités.
-   Votre façon de penser est la bonne. Je ne cherche pas non plus la vengeance. Il s’agit qu’une quête et d’un sentiment stérile qui ne laissent entrevoir aucun lendemain.
-   Tu es sage, Saïko le renard. »
Le chef fit un geste ample du bras, et tous les échidnés rassemblés sur la place centrale du village s’inclinèrent en baissant genou à terre. « Nous perdurerons ton histoire, en ne cachant jamais les erreurs commises par les nôtres. Le passé ne peut être changé, mais il a le mérite de nous montrer les erreurs d’hier pour avancer demain en ne les commettant plus. » Saïko hocha la tête. Ces marques de respect ne l’attendrissaient pas. Mais il devait avouer qu’il était fier, au fond de lui, d’avoir pu apporter un semblant de paix à travers ses épreuves. Le chef lui proposa, en gage de confiance suprême, de monter jusqu’à l’Autel et de prier face à l’Emeraude Mère du chaos. Le renard accepta, et il suivit l’échidné à travers le village.
Ils montèrent dans un silence religieux  les marches jusqu’à la source du pouvoir. Face au trésor parmi tous, un sentiment de profond respect envahit Saïko. Il s’avança timidement vers le grand caillou lumineux. Il lui semblait entendre un appel à l’intérieur.
Hypnotisé, il avança une main vers la surface de l’Emeraude. Elle s’alluma alors d’une vive lueur qui aveugla les deux hybrides. Le renard sentit comme une césure au plus profond de lui. Une partie de son âme qui se détachait progressivement, à mesure que la puissance du chaos s’amplifiait et l’englobait. Il entendit l’échidné hurler quelque chose.
Puis la césure s’opéra, et Saïko fut attiré par la faille.
En une seconde, il traversa le temps et l’espace.


Au même moment, la lumière de Jahëkumra englobait la caverne où se tenait la Porte, encore invisible à ce moment. Tous les acteurs du dernier combat de la Grande Guerre se retrouvèrent englobés par la césure.  Ce fut la porte de sortie pour Seneka et les autres, qui retrouvèrent leur monde, et c’en fut une d’entrée pour Saïko sans qu’il le sache.
Lorsque Sephyra reprit vaguement connaissance, elle sentait qu’on la transportait en dehors. C’était Nelson qui la tenait dans ses bras. Elle retrouva les chaleurs de l’inconscience en apercevant son visage ravagé par le poids de ses erreurs, mais digne dans le fait qu’il assumait et qu’il s’attendait à ce qu’il allait se passer une fois remonté à la surface.

Quelques jours après en effet, Sephyra assistait de loin à son jugement. Les mains accrochées à l’arrière du long poteau de bois, le visage droit et le regard impénétrable, il assumait jusque dans l’imminence de sa mort les erreurs de son existence. Il s’était fait manipuler. Mais il savait qu’on n’avait fait que profiter de son arrogance déjà existante. Il était autrement plus coupable que n’importe qui d’autre.
Les soldats le mirent en joue et retirèrent la sécurité de leurs armes avec un cliquetis sonore. Deux ou trois secondes passèrent avant que l’officier sur le côté, casquette vissée sur le crâne, ne rabaisse le bras en ordonnant la mise à feu. Pendant ce court laps de temps, il sembla à Sephyra que Nelson la distingua, malgré la distance. Il plongea son profond regard dans le sien, et elle discerna presque un sourire désolé sur ses lèvres. Un dernier adieu. Sephyra sut qu’elle avait fait plus qu’admirer son ancien chef, son tout premier. Son cœur lui murmurait une toute autre vérité que le cri de mise à feu enterra dans sa mémoire aussi rapidement que se passa la suite.
Le visage de Nelson retomba inerte sur sa poitrine. Et pendant qu’une explosion de joie retentissait parmi la foule qui congratulait la mort du tyran, Sephyra, elle, laissa tomber une dernière larme.

Elle se maria peu après. Quelques mois suivant la célébration, alitée, le médecin lui apprit qu’elle était enceinte. L’accouchement se déroula correctement.
C’est quelques semaines plus tard qu’elle partit sans se retourner et qu’elle gagna le désert sans s’apercevoir du chemin parcouru ni du temps suspendu, voguant comme un fleuve silencieux le long de son cours inconnu.

*****
***

Les Créateurs les regardaient avec appréhension, guettant leurs réactions. Un moment passa sans que personne n’esquisse un geste. Puis Donf s’avança le premier vers son Créateur. Ils se fixèrent. Puis l’entité à l’apparence humaine ouvrit ses bras et Donf répondit à son appel. Les autres suivirent.
Les créations comprenaient que leur histoire n’était qu’une trame parmi d’autres, et que leurs traumatismes, leurs défis et leurs échecs n’avaient été édifiés que pour mieux les fortifier face au destin qu’on leur avait projeté. Ils regardèrent ceux qui les avaient façonnés. Et leur sourirent. Oui.
Nous vous pardonnons.
Ils se détachèrent d’eux et se rejoignirent. Puis ils reculèrent sans cesser de les regarder. L’heure était venue. Ils s’éloignèrent tranquillement, presque à contrecœur, puis finirent par se retourner définitivement. Ils se regardèrent, rirent un peu.
Et Sephyra, Zalosta, Saïko et Donf se prirent la main et s’avancèrent dans la lumière qui les nimba bientôt.
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Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #520 le: Mai 29, 2013, 01:13:47 pm »
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Ils rouvrirent les yeux tous les quatre en même temps, et ne s’étonnèrent pas de l’endroit où ils se trouvaient. Tout était logique. Calculé.
Le bureau de Kane était toujours plongé dans le noir. Seul l’écran de l’ordinateur projetait sur leurs visages sa lumière artificielle.
O : Bonjour, Sephyra. Et bonjour, Saïko. Bonjour aussi à Zalosta. Et également à toi, Donf.
Affichait l’écran sur un fond noir. Les Quatre s’entre-regardèrent ; comme s’ils n’avaient plus besoin de mots pour se comprendre. Ils se concertèrent en silence, et c’est Zalosta qui prit place sur le siège en cuir, face à l’écran. Elle tapa :
Z : Bonjour. Nous sommes tous là.
O : Je le sais.

Réponse automatique, comme si quelqu’un, au loin, avait également les yeux fixés sur leur dialogue virtuel.
O : Vous êtes face au dernier choix de ce scénario. Et vous avez, cette fois-ci, votre libre-arbitre pour décider. Votre conscience seule en portera la responsabilité.
Z : Nous le savons.
O : Voici l’arbre des possibles.

Un schéma se dessina sous la dernière ligne de dialogue. Un arbre avec trois lignes horizontales se regroupant pour former deux autres lignes plus bas. Trois choix possibles, pour deux finalités différentes. Lorsque le dialogue reprit, les lignes s’inscrivirent en-dessous. Et pendant l’explication, chaque décision s’inscrivit dans l’ordre sur la branche indiquée.
O : Choix Un. Vous décidez de remettre les données à zéro, et reprenez un nouveau scénario. Vous retrouverez ceux que vous connaissez, ceux que vous aimez. Mais le Cinquième ne sera, cette fois, plus présent. Les conséquences en seront affectées. Ce nouveau scénario vous permettra de vivre ensemble dans un même présent, au sein d’un monde recréé et rééquilibré qui ne s’effondrera pas. Néanmoins, vous n’aurez pas accès au libre-arbitre.
Choix Deux. Effacement des données. Mise en place de l’effacement total de l’univers créé. Plus de monde. Plus de personnages. Finalité : effondrement immédiat.
Choix Trois. Formatage des données. Le scénario sera effacé pour laisser place à une feuille blanche. La base restera telle quelle : vous reprendrez une histoire vierge à votre naissance comme indiquée dans le premier scénario : vos parents, votre lieu de naissance, et les circonstances de votre naissance resteront les mêmes. A partir de votre venue au monde, vous serez conscients. Accès direct au libre-arbitre. Finalité au long terme : impossible à définir. Vos choix seuls décideront du futur. Le Cinquième n’existera plus, vos Créateurs ne pourront plus intervenir.

L’écran se figea après cette dernière ligne. Les Quatre se regardèrent une nouvelle fois. Zalosta écrivit :
Z : Pour le choix 1, les personnages que nous avons connus seront-ils présents ?
O : Précisez question. Quels personnages ?

Ils prirent un moment pour réfléchir.
Z : Arthur, Millie, Loth, Rika, Lena, Hunter…
O : Certains oui. D’autres non. Dû à l’inexistence du Cinquième, certaines existences ne seront plus envisageables, car elles n’étaient pas prévues dans le premier scénario. Pour celles qui existeront, il ne peut être prédit que vous les reverrez. Leur schéma psychologique est, de même, impossible à prévoir. Ils ne seront peut-être plus les mêmes.  
Z : Pour le choix 3 ?
O : Réponse impossible.
Z : Choix 3. Nous serons dans le même présent ?
O : Oui.
Z : Mais nous venons de temps différents.
O : Le formatage des données assimilera les différences et créera le présent comme un bloc intemporel pour vos naissances. Il est certainement possible d’envisager que le formatage procédera aux naissances de temps différents en créant un continent pour chaque.
Z : Alors nous ne serons pas ensemble.
O : Vous serez présents à la même époque.
Z : Nous retrouverons-nous à cette époque ?
O : Réponse impossible. Vos choix seuls en décideront.
Z : Nous souviendrons-nous des autres ?
O : Une petite partie de vos données contiendra les expériences précédemment enregistrées. Vous n’y aurez pas accès dans votre Conscience.
Z : Si les existences du premier scénario ne se produisent pas dans le Choix 3,  nous souviendrons-nous d’elles ?
O : Même réponse que précédemment.

Zalosta se retourna vers les trois autres. Avec le même éclat au fond des yeux : leur décision était prise. Ils se mirent d’accord d’un hochement de tête. Zalosta se leva, et Donf, Sephyra et Saïko l’entourèrent pour faire face à l’écran.
Z : Nous prenons le Choix 3.
O : Réponse enregistrée. Préparation au formatage des données.

Un temps. Puis :
O : Les données du premier scénario vont être effacées. Le monde tel que vous l’avez connu sera remodelé en conséquence. Vous allez passer par une phase inverse de croissance au cours de laquelle les données enregistrées de votre précédent vécu vous seront retirées. Comme dit auparavant, elles seront sauvegardées dans votre Inconscient lors de votre prochaine naissance.
Le dialogue resta ainsi quelques secondes, puis il s’effaça. Et apparut au milieu de l’écran :
O : Pour commencer le formatage, tapez Entrée.
Êtes-vous prêts ?
Les Quatre se regardèrent une nouvelle fois. Ils se sourirent. Prêts ? Oui. Ils l’étaient. Zalosta leva la main.
Elle appuya d’un doigt certain sur la touche.
Le message s’effaça soudainement et l’écran passa du noir au gris, puis au blanc. Un blanc aveuglant qui les engloba, eux et l’univers entier.

A nouveau dans cet espace intemporel sans couleur. Autour d’eux passaient, dans toutes les directions, des lettres et des chiffres : les données de ce monde. Ils passaient vite et brièvement, toujours suivies par d’autres séries plus ou moins longues, aux tailles différentes. Les Quatre formèrent un cercle. Ils se regardaient, conscients de leur choix. Le seul, dans ce scénario, qu’ils avaient pris en toute liberté.
Saïko prit la main de Zalosta. Elle prit celle Donf, qui attrapa la main de Sephyra. La roussette ferma la boucle avec le renard. Les données, autour d’eux, se faisaient de plus en plus rares, de plus en plus courtes. Apparut, dans leur esprit, le reste et la fin du dialogue virtuel entamé avec l’écran. La phrase apparut sans timbre :
Un compte à rebours va être entamé à partir de trois. Quand il arrivera à zéro, votre Conscience sera complètement formatée comme le reste des données. Chacun d’entre vous, l’un après l’autre. Sephyra va commencer quand elle sera prête.
Leur cœur battait à l’unisson. Ils appréhendaient un peu le résultat. Mais ils sentaient qu’ils avaient fait le bon choix. Le seul choix valable, pour tout dire.
« Trois », commença Sephyra.
Ils comprirent qu’ils oubliaient en fonction du compte à rebours. A trois, Saïko sentit qu’il avait perdu quelque chose. L’image d’une femme en kimono apparut dans son esprit mais il ne sut mettre un nom sur son visage. Sephyra avait oublié Lena. Zalosta gardait encore en mémoire les enfants, s’efforçant de ne pas laisser ce souvenir se perdre parmi des méandres de données impersonnels. Donf, lui, tenait à garder l’image de Hunter. Il entendait encore sa voix : « réveille-toi, fainéant. »
« Deux », continua Zalosta.
Ils rouvrirent les yeux pour se regarder, sentant leur mémoire s’effilocher. Il ne servait à rien de se retenir : mieux valait se laisser aller. Saïko fut le premier à rire. Un rire léger. Zalosta le suivit. Puis Donf et Sephyra s’y mirent à leur tour. Ils ne se rendaient pas compte qu’ils rajeunissaient. Ils revenaient peu à peu à l’enfance.
« Un », dit Saïko à son tour avec un grand sourire.
On se retrouvera.
Oui, forcément.
Il faudra se souvenir de nous tous !
Ne m’oubliez pas surtout…

Puis il y eut comme une suspension dans l’univers. C’est Donf qui, le premier, détacha ses yeux des autres pour regarder face à lui, derrière Saïko. Celui-ci regardait derrière l’épaule de Donf. Idem pour Sephyra et Zalosta. Ils eurent tout quatre un grand sourire innocent, redevenus enfants. Et ils se dirigèrent chacun en face de lui-même, se croisant sans se toucher, sans plus se voir ; rejoindre les silhouettes qui étaient apparues.
Leurs parents.
« Zéro. »

*****
***

Après cette expérience, il est nécessaire de revenir sur un certain point important. Le résultat offre une perspective intéressante qu’il m’est permis de constater en tout état de cause. Voici ce que j’ai déduis durant cette existence qu’il m’a été permis de vivre, et que je considère comme une expérience en tant que telle.

Légers soubresauts. Un air vaguement nostalgique. Une odeur de vieux cuir. La surface crisse, d’ailleurs, lorsqu’il se redresse sans ouvrir les yeux. Il se trouve dans cet état entre le rêve et le réveil – ni vivant, ni mort. Un entre-deux étrange, somnambulique, où la réalité n’est qu’une éponge proche et lointaine à la fois, et où les bribes sans aucun sens de ses songes s’écoulent de ses pensées comme s’il sortait la tête de sous l’eau. La grande inspiration vient d’ailleurs au même moment ; une goulée d’air bienvenue après cette incursion en profondeur.
Immersion.
Hunter ouvre les yeux et papillonne face à la lumière. Le carreau vibre doucement contre sa tempe. Dans la bouche, une sensation de sucre sur la langue dynamise sa mâchoire. Ses dents tremblent ; il bâille.
Il se redresse doucement et trouve le courage d’ouvrir les yeux pour de bon, cette fois. Il fait le tour du secteur : autour de lui, des sièges. Et sur ces sièges, assis sagement, les autres contemplent le paysage inexistant par sa blancheur ; il ne défile pas. Le tableau reste le même. Et chacun y voit son paradis.

L’équilibre réel ne repose pas sur le Bien et le Mal. Ces deux concepts sont inhérents à une conscience développée, comme l’ont les humains et les hybrides. Bien avant leur développement biologique qui a permis à ces espèces de devenir ce qu’elles sont aujourd’hui, ces deux concepts n’existaient pas. Ils sont artificiels. Les animaux ne connaissent pas de principes bons ou mauvais. Le Bien et le Mal n’ont aucune place dans la l’état de Nature.

Flake, assise sur le siège à côté du sien, de l’autre côté du passage, tourne la tête et le contemple de ses yeux bleus. Un sourire étire doucement ses lèvres douces, et son regard porte le rire d’un enfant innocent. En face d’elle, Melysia a la tête tournée vers le carreau. Il la reconnaît de par son kimono. Hunter détourne les yeux et porte son regard en face. Kishi et Rika, main dans la main. Il s’approche du bout de son siège pour apercevoir le wagon en entier. Sur le passage, accoudés contre les dossiers en cuir, Arthur et Millie jouent à pierre-feuille-ciseau. Il entend leurs paroles et leurs rires avec un écho lointain. Lorsqu’il passe la tête pour les voir, ils tournent la leur vers lui et adressent des signes de main. Il leur répond. Arthur n’a plus les dents pointues. Les yeux de Millie sont simplement ceux d’une enfant timide.
Tous rassemblés ici et chacun dans son coin. Ensemble mais séparés.

Ce qui fait l’Equilibre, dès l’apparition d’un système, c’est le principe régit entre sa Création et sa Destruction. La Création car le système a été inventé, il existe. La Destruction de l’autre qui signe la finitude de ce système, et paradoxalement qui permet d’affirmer que ce système existe bien. Il existe car il peut être Détruit, parce que Créé.
Toute chose est régie par cet Equilibre suprême. Ces deux forces antagonistes ne sont ni blanches, ni noires ; ni bonnes ni mauvaises. Elles sont naturelles. Des forces créent. D’autres détruisent.


Le train vogue, calme, majestueux, sur sa route blanche. Et chacun attend son arrêt.
Le premier à venir est pour Kishi et Rika. Ils se lèvent en sentant les lourds battements de ferrailles régissant l’allure de l’ange métallique se faire de plus en plus lents. Le sifflet retentit, loin. Les deux jeunes gens se lèvent et, traversant le passage, s’arrêtent face à Hunter. Il leur serre la main à tous deux. Adieu, oui, adieu.
Hunter se retourne sur son séant crissant pour regarder les deux frères et sœur attendre devant la porte vitrée, dans le soufflet qui sépare les wagons. La porte s’ouvre sans un bruit et, sans un regard en arrière, ils descendent tous deux main dans la main dans ce grand et infini paysage vierge.

Celia représentait le mal, dans ce monde. Les ténèbres. Elle n’était qu’un amalgame créée de toute pièce par cette conscience qui, même si elle permet le libre-arbitre, donne à servir dans des concepts duaux. Celia n’était qu’une entité enchaînée par ceux contre lesquelles elle voulait se donner une stature plus puissante. Dans cet état, elle apparaît plus pathétique que monstrueuse.
Pour résumer, je dirais que la force antagoniste contre laquelle je devais avant tout me battre était incarnée dans Nicolas et dans Valdamjong. Deux êtres utilisés par la force Destructrice, créés par mon existence et asservis par sa puissance.


Nouveau sifflet. Soubresaut léger. Le train reprend sa route, doucement, calmement. Bercé par le rire lointain des enfants qui jouent à cache-cache. Arthur incurve son petit corps sous un siège. Le jeu est vite terminé par le peu d’endroits intéressants où se cacher, mais dans ce voyage, le temps n’a que peu d’importance ; seul compte le moment.
Le train ralenti. Flake se lève, Hunter aussi, pour la prendre dans ses bras. Il ne l’a jamais vu, mais à cet endroit où les données se croisent une ultime fois, il sait tout. Il la prend dans ses bras, ou plutôt est-ce l’inverse, et avec un dernier regard rieur, Flake se détourne pour descendre du train qui mène la danse sur le chemin des âmes perdues.

Quant à cette Porte, pour y revenir, je doute qu’elle soit unique, après cette expérience. Certes, la Porte en tant que telle a été créée par nos concepteurs, et en cela, elle est la seule représentante de l’ouverture qu’ils ont voulu donner à leurs entités chéris de tout cœur. Mais il convient de se demander ce qu’il se passe dès lors qu’une entité non voulue passe cette Porte. Que peut-il l’y attendre, elle qui n’était pas conviée à la passer, qui n’était pas même programmée pour exister ?
« Dernière édition: Mai 29, 2013, 01:15:32 pm par Blackdoom »
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Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #521 le: Mai 29, 2013, 01:37:12 pm »
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Un endroit où retourner. Un endroit qui attend chacun et tous. Un paysage blanc parce que le paradis est personnel.
Les prochains sont les enfants. Hunter s’agenouille dans le passage pour les prendre contre lui ; même Millie qui, timidement, vient se serrer contre son épaule. Arthur s’évapore assez rapidement – jeunesse qui a l’avantage sur les adultes de sécher bien vite les larmes en rires – et accourt à la porte du wagon en trépignant sagement. Millie colle un baiser fugace sur la joue de Hunter avant de le rejoindre, et de partir pour toujours.
Sourire nostalgique. Les souvenirs passent avant d’être enraillés par le formatage, effacés sans nulle trace. Et les images défilent, pleines de sons et d’odeurs, de sentiments et de chaleur. Les soirées au coin du feu, sur la grande table du salon, à laisser passer le temps en discutant, en jouant, en mangeant – la forme n’a que peu d’importance, seule compte la substance de l’instant.

Voilà pourquoi mon ressenti me porte à croire qu’une Porte existe pour chacun d’entre nous. Expérience que j’ai pu mener avec le trio Rika-Kishi-Marvin, dont les résultats, faute d’être certains, donnent un semblant de conviction à mon hypothèse. Quant à savoir ce qu’il s’y cache derrière…
La question restera sans doute en suspens pour l’éternité.
Et c’est peut-être ce qui donnera sa substance au temps, qui continuera de défiler.


Melysia se lève à son tour, et découvre son visage aux traits parfaits en se détournant enfin du paysage. Son regard plonge dans celui de Hunter et un sourire, survenus trop rarement auparavant, émerveille son visage et le jeune homme. Son regard porte le monde et le monde ne la portera plus. Sans doute. Elle hoche la tête en signe d’adieu.
Oui, adieu.
Le train reprend sa marche, et Hunter reste seul. Il a l’impression d’entendre encore, très loin, le rire des enfants. L’odeur des fourneaux qui se répandait dans le manoir à l’heure des repas. Cette lumière particulière qui envahissait le rez-de-chaussée, les rayons du soleil couchant transperçant sans violence les grandes fenêtres du salon. Tout ceci est loin, très loin.
Trop loin pour qu’il ne tente de lever un bras pour les ramener à lui. Ils partent, transportant avec eux leurs odeurs, leurs impressions, leur chaleur ailleurs, par-delà les montagnes et les océans de l’inconscient, monde tourbillonnant où soufflent les vestiges poussiéreux d’une mémoire qui n’était pas programmée.

Pour les Quatre, il m’est permis de penser que le choix qu’ils feront sera ce libre-arbitre que tout être pense avoir. En cela chacun est juge de lui-même, et tous partent en quête de la vérité, sans voir ou même penser qu’il se pourrait qu’elle soit cette liberté qu’ils imaginent avoir.
L’être a fondamentalement quelques chaînes à porter. Des actes non voulus, des traumatismes passés qu’il doit endurer… Les maillons peuvent être nombreux et complexes.


Hunter, lentement, se lève. Il parcourt le passage entre les sièges, et traverse les différents compartiments, calmement. Il y a sur sa peau comme une délicieuse sensation de chaleur, un rayon perdu de soleil inexistant dans cet univers en déstructuration. Il atteint bientôt le dernier wagon, et devant lui, c’est la porte de la cabine du chauffeur. Il abaisse la poignée de métal doré ; la porte n’est pas fermée. Lentement, il l’ouvre.
Personne ne conduit la machine. Ou rien ne subsistant à son regard. Il contemple le paysage, et se demande si le chemin est tout tracé. Jamais la machine apaisante ne tourne, ne monte, ne descend dans ce paysage de blanc. Elle suit, et Hunter avec.
Il revient dans les wagons en chantonnant une ancienne comptine que lui avait apprise sa grand-mère – ou plutôt la mère de l’oncle qui l’avait élevé – sans se rappeler des paroles. Elles ont disparues, elles aussi, à travers la brume du temps qui retire la source de son existence. Il sait tout cela, il le sent, il le comprend dans l’instant ; mais son esprit s’étend si loin et si fort qu’il se sent étranger à tout cela. Il ne dépend plus de rien ni de personne. Pas plus de lui-même.
Une source qui s’étend calmement dans son berceau, perdant peu à peu sa substance. Et il la laisser couler hors de lui, tranquillement, laissant venir avant qu’elles ne disparaissent les sensations qui l’ont habité précédemment.
Une vie bien longue, et pourtant très courte. Un passage fugace dans une réalité brumeuse.

Il m’est ici permis de me demander ce qu’il adviendra des Quatre dans un monde où la Conscience sera maîtresse, et où la liberté sera totale, même si elle ne sera pas conquise en tout état de cause – je pense qu’on leur retirera les souvenirs de ce qu’ils auront fait pour mériter cette victoire.
Quelle histoire écriront-ils cette fois, libres de leurs choix ? Eux seuls auront leur propre plume pour défier les lignes de leur prochain scénario.


Il sent bientôt le train ralentir, comme les autres fois. Mais cette fois, c’est pour lui.
Il attend devant la porte vitrée, les mains dans les poches, sifflotant doucement. Lorsque le train s’arrête, derrière le carreau, il aperçoit une silhouette, et il s’arrête de siffler. Ses lèvres restent entrouvertes, et il murmure un nom dont la substance se délie dans cet univers pour ne plus former qu’un vague son au teint exotique.
La porte s’ouvre. La lumière l’englobe dans sa majesté. Le paradis est personnel, et il contemple son intimité. Dans un sourire, il descend du train et pose le pied dans ce monde qui l’attendait. Il s’avance doucement, et lorsque le sifflet du train retentit, cette fois très proche et plus vivant que jamais, il se retourne.
Là, dans le wagon, quatre personnes le regardent. Ils ne se rappellent plus leur nom, mais il sait qu’il les a connus, une fois, quelque part. Le renard et la hérissonne sont assis sur un siège près du carreau, l’un en face de l’autre ; le jeune homme accoudé nonchalamment contre le dossier, et la roussette à ses côtés, bras croisés. Ils lui sourient, et il le leur rend.
Et alors que le train entame son départ, Hunter est pris d’un léger frémissement. Une larme glisse sur sa joue. Les quatre personnes lèvent un bras et lui font signe d’adieu.

Aurons-nous l’occasion d’en lire un jour le résultat ? Peut-être.

Il lève une main à son tour et leur dit au revoir. Le wagon passe devant lui, lentement, les quatre personnes avec.
Oui, au revoir, adieu.
Et, tandis que le train s’en va à jamais, il se retourne définitivement, remettant nonchalamment les mains au fond de ses poches, rejoindre les deux silhouettes qui lui sont chères et qui l’attende dans un monde qui sera, pour toujours, le sien.

Cela sera sans nul doute… Une autre Histoire.


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Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #522 le: Mai 29, 2013, 01:43:21 pm »
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(Ne manquez pas l'épilogue juste en bas, après le petit mot d'adieu !)

Je ne chercherai pas à me justifier ni à me faire pardonner ; aucune excuse ne sera jamais valable. Mais au moins partirais-je de ce forum la conscience tranquille.
Pour finir, je l’aurai terminée, cette fic.
Encore une fois, désolé pour tous ces posts enchaînés. Vous comprendrez qu'il ne s'agit pas de flood, au moins.

Ceci est mon dernier message, aussi je prendrai le temps de remercier comme un faux-cul les concepteurs de PSo ainsi que l’équipe qui fait quand même, mine de rien, du gros boulot. N’empêche que sans eux, on n’en serait pas là.
Plus perso, merci à ceux qui m’ont fait tous ces jolis dessins : en vrac Kayra, Coco, Zalosta, Eska, Sephyra… J’espère que j’en oublie pas un. Ah et merci à Saïko de m’avoir laissé utiliser les siens, pour ses persos. Vous pourrez trouver toutes ces œuvres et bien plus sur ce compte dA : NightDreamers.
Ils n’y sont pas tous encore, mais ça fait un an que j’y travaille… Oui. Quand je vous dis qu’il y a beaucoup de dessins, c’est pas une image (haha).
Merci aussi à Miko pour sa poupée à mon effigie. Ma maman descend bientôt dans le sud nous voir, je lui demanderai de la prendre avec elle, puisque je n’ai pas encore eu l’occasion de le faire moi-même. Ainsi elle rejoindra le petit coin de l’étagère où sont soigneusement rangés croquis et livres de notes diverses sur le projet « ND ». De bons souvenirs.
Je ne manquerais pas également de remercier spécialement mes chers homologues qui ont pris le pari de me laisser utiliser leurs si précieux personnages chéris, au risque qu’ils se retrouvent dépecés dans ma version des choses. Merci à Hunter, Sephyra, Zalosta, Saïko, Rekkua, Miko… Euh… Ah, oui, Kayra aussi, je suis désolé ma fille, je voulais vraiment utiliser ton personnage en fin d’histoire, mais le scénario ne s’y prêtait finalement pas. Désolé d’avoir entretenu – peut-être – de faux espoirs… Pour autant le cœur y était et tu seras peut-être contente de savoir que j’avais écris quelques passages quand même. Tu devais être en compagnie de Hunter et de Viktor, sur la fin ! Je les ais toujours en réserve, si tu souhaites y jeter un coup d’œil à l’occasion !

Enfin, et surtout, merci à tous ceux qui auront lu la fic jusqu’à arriver ici ; sans vous, l’écrit reste creux. J’espère en tout cas que vous vous serez autant amusés à lire tout ça autant que moi à l’écrire !

Pour ceux qui voudront me laisser un message, quel qu’il soit – même des insultes si vous voulez, ça pourrait me divertir le temps d’une minute, n’hésitez pas à utiliser cette adresse, puisque je ne passerai plus voir mes MPs : [email protected]


Enfin, pour la suite, bon courage à l’équipe, amusez-vous bien tous ici, et longue vie à PSo !
Bye bye tout le monde.



Donf.



P.S. : ND fêtera ses 4 ans mardi prochain, le 4 juin. Une dernière fois, merci à vous tous de m'avoir permis d'aller jusque là.
« Dernière édition: Mai 29, 2013, 02:03:07 pm par Blackdoom »
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Re : NightDreamers [Avertissement pour les plus jeunes]
« Répondre #523 le: Mai 29, 2013, 01:48:42 pm »
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Quant à moi...

















Il s’était retiré du combat, mal en point. Le portail l’avait amené directement dans le plus profond sous-sol que la planète abritait : il fit face à la Porte.
Essoufflé, se traînant plus qu’il ne marchait vraiment, il avança jusqu’à atteindre l’extrémité des deux battants entrouverts et entra à l’intérieur sans plus de cérémonie.
Il atterrit immédiatement à l’entrée du Manoir et entreprit de gravir avec efforts les marches qui conduisaient à l’étage. S’aidant du mur, il gagna son bureau et contourna le meuble pour faire face à l’écran. Il tapa sur le clavier une commande compliquée. L’ordinateur répondit automatiquement :
ENTREE NON PERMISE DETECTION D’OUVERTURE DE PASSAGE
VEUILLEZ ENTRER LE MOT DE PASSE
Il tapa lentement sur chacune des touches, appuyant chaque lettre qui formèrent à l’écran :
NightDreamers
L’ordinateur émit plusieurs bips. Puis :
COMMANDE VALIDE
PROCESSUS D’OUVERTURE EN COURS
O : Kane ? Que faites-vous ? Vous essayez de passer de l’autre côté ?
Il ne prit pas la peine de répondre, contemplant plutôt les messages informatiques qui affichaient les commandes mises en cours pour activer le programme, et qui noyaient les phrases qui s’inscrivaient. L’une d’elle l’interpella et il sourit avec ironie :
O : Kane, arrêtez tout de suite ! Vous n’avez jamais eu la permission d’entrer cette commande ! Annulez immédiatement !
Il prit le temps d’y répondre.
K : Vous m’avez créé tel que je suis. Vous auriez dû y songer bien avant. Je viens vous chercher.
O : Vous outrepassez vos droits en tant que Cinquième ! Kane ! Interrompez ce programme !

Il y eut un infime tremblement dans l’air, et les commandes arrêtèrent de noyer leur discussion. Une dernière phrase restait en suspens sur l’écran :
O : Kane, nous vous en conjurons, ne faites pas ça ! Vous n’avez pas votre place de l’autre côté, vous risquez de mettre en péril notre équilibre !
Il sortit du bureau en boitillant, redescendit lentement les marches en se tenant fermement à la rampe, et se dirigea à pas lents vers les double-portes du Manoir. Il attrapa les deux poignées dans ses mains, et prit le temps de savourer sa victoire avant de les ouvrir lentement.
Un flot de données perça l’ouverture et l’entourèrent pour le transporter en dehors.
Les portes se refermèrent sur lui.
Sur l’écran de l’ordinateur ne restait qu’un message :
! AVERTISSEMENT ! ENTREE NON AUTORISEE


Dans la rue, les gens marchaient vite sur le trottoir. Une autoroute piétonne. On ne doublait pas n’importe comment, et il fallait rester dans le rythme pour ne pas créer d’embouteillages mal venus. C’était bientôt noël et la capitale bouillonnait de l’intérieure, avec son flot de métros ininterrompus, ses vagues de voitures klaxonnant dans les bouchons et ses torrents de piétons se partageant les trottoirs noirs de monde. Parmi ceux-là, un homme marchait d’un pas tranquille, dénotant son allure des autres. Tandis que la foule se ruait dans les magasins ou se bagarraient la priorité de passage avec les voitures sur les passages cloutés, lui avançait calmement. Il se dirigea vers un grand parc et pris place sur un banc public en posant ses mains bien à plat sur ses jambes. Il avait posé sa serviette en cuir noire à côté de lui. Un moment passa avant qu’il ne la prenne contre lui et qu’il en retire ce qu’elle contenait : un épais ouvrage à la couverture noire et rigide. Sur celle-ci, sans autre artifice que sa couleur, n’était apposé qu’un titre en lettres blanches.
Il déposa précautionneusement le livre sur le banc, à côté de lui.
Puis, au bout de quelques minutes, il se leva et s’en alla.

Les jours passèrent. Noël également. Avant que la neige ne commence à tomber ; peu avant le jour de l’an, quelqu’un finit néanmoins, un jour, curieux, par prendre le livre. Il le feuilleta, le soupesa distraitement, puis regarda les premières pages. Et sans s’en apercevoir, commença sa lecture.
Happé par les mots, il se rendit compte au bout d’un moment que le temps passait. Il décida de prendre le livre avec lui.
Chez lui, il le termina rapidement. En parla à un ami. Le lui prêta.
L’ami lui-même le donna à un filleul. L’adolescent recommanda sa lecture à sa mère, qui adorait les livres tout comme lui. Elle en parla à une amie qui travaillait dans l’édition.
Le livre à l’auteur inconnu termina sur le bureau du chef d’édition. Il le parcourut rapidement, d’un œil consciencieux, et s’enquit de la genèse de cet étrange livre. Il remonta rapidement la liste des personnes l’ayant eu en mains, jusqu’à tomber sur la première. Trouvé sur un banc.
Sous le charme de cette histoire originale, et ayant personnellement aimé le récit, l’éditeur prit la décision de publier l’ouvrage.
Les mots écrits dans un ouvrage unique sans auteur furent tapés sur un écran, puis imprimés en ébauches. On corrigea certaines tournures, quelques fautes. On retapa le texte. On passa les planches à l’imprimeur.
Les pages jusque-là uniques furent imprimées en plusieurs dizaines d’exemplaires. Chacune d’elle, encore et encore, inlassablement ; puis assemblées pour former autant de livres. On avait gardé le noir de la couverture, mais changé la police du titre pour faire une écriture plus élancée, plus mystique. On avait rajouté « anonyme » pour l’auteur, et dans la quatrième de couverture, on avait apposé la courte mais sympathique biographie de l’histoire du banc.
Les cartons furent envoyés aux librairies. Le lendemain matin, le personnel de plusieurs boutiques en plusieurs endroits du pays découvrirent, en arrachant le carton, les exemplaires de ce nouveau livre. Ils furent posés sur les étagères, mis en première ligne par l’aura étrange et attirante que son origine développait.
A l’ouverture, quelques clients, curieusement attirés, se laissèrent aller à l’achat. Et plusieurs exemplaires du mystérieux livre se retrouvèrent à nouveau embarqués dans les sacs à main, dans les poches et les cabas.
Une personne parmi d’autres, le livre à la main, se rendit dans le parc et s’assit avec un ami, sans le vouloir, sur le même banc d’où venait le premier exemplaire du précieux ouvrage. Il le posa à côté de lui sans y faire attention et, pris par la conversation et par le temps, les deux amis finirent par s’en aller.
Le livre resta seul sur le banc, rejoignant son ancêtre.
La même journée, un peu plus tard, un homme en costume s’assit à ses côtés. Après quelques minutes, il le prit en main avec un étrange sourire, le feuilleta, puis le reposa sur le banc avant de se lever.
Sur ses lunettes aux carreaux noirs se dessinait l’imposante silhouette de la Tour Eiffel.


Un livre sur un banc. Il est là depuis un petit moment. Mais ce n’est pas l’image du livre ouvert et des pages tournant et tournant d’elles-mêmes avec le vent. Non.
Un livre fermé sur un banc public. Il est là et personne n’y fait attention. Beaucoup de gens passent devant ce banc sans y jeter un œil. C’est comme s’il n’existait pas. Parfois ils s’assoient à côté, mais ça ne change rien. Il y a même une fois un sans-abri qui a voulu dormir sur ce banc. Quand il s’est allongé, sa tête a cogné contre le livre. Il s’est relevé, l’a regardé de travers, puis, comme s’il était impossible ou formellement interdit de le bouger, ne serait-ce que de le mettre à terre pour pouvoir dormir convenablement… ; le clochard a changé de banc.
Parfois il pleut. Sa couverture est cartonnée mais ses pages prennent un peu l’eau. Tant pis. Le livre reste là.
Sur le banc.

Ce livre existe, quelque part, dans le monde.
Et moi aussi j’existe. Quelque part.
Dans ce monde.



Paris, le 14/12/12




































NightDreamers

Fin
« Dernière édition: Mai 29, 2013, 01:51:53 pm par Blackdoom »
Journalisée
Donf : Vous êtes folles.
Rekkua : Je me demande ce que ça peut être, d'être folle, quand c'est toi qui qualifie la personne...

Niark! :] :
*ND ça veut dire glauque en fait? ok
Niark! :] :
*"putain ce château il est ND o_o
 
 
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