Imprimer la page - [Terminée] The Black Spies

À vrai dire, il y a longtemps que j'ai écrit cette histoire sur un autre site, et je voulais vous la montrer pour avoir votre avis. Elle risque vraiment de sortir de l'esprit "Sonic", pour se rapprocher d'un tout autre univers fantastique, tout en gardant des personnages et des points communs.
En espérant que vous apprécierez, bonne lecture.

THE BLACK SPIES :

Les Ravins Obscurs

Chapitre Premier : Les Ravins Obscurs

Minuit. L´immense ville de Black City était plongée dans les ténèbres. Le vent nocturne sifflait entre les grands immeubles scintillants de lumières. C'était la cité la plus avancée et la plus technologique de la région, et ses gigantesques immeubles noirs, à qui la ville devait son nom, rendaient les rues les plus étroites inquiétantes et sinistres. Nombre de voitures y circulaient nuit et jour, sans interruption. Mais cette nuit, parmi elles progressaient des voitures de police. Les agents équipés de casques à visière et de combinaisons s'adressaient aux autres conducteurs, à l'aide de hauts parleurs :
- Laissez passer ! On a repéré des intrus ! Laissez passer !
Les voitures s'écartaient du mieux qu'elles le pouvaient afin de laisser champ libre aux forces de l'ordre. Car en effet cette nuit-là, un être mal intentionné fondait, du haut des immenses immeubles noirs, en direction d'un prestigieux musée où étaient enfermées les reliques les plus précieuses de ce temps. Prévoyant la trajectoire du voleur, les agents de police se trouvaient à présent et à leur tour au sommet des gratte-ciel, armés, et prêts à débusquer leur sombre adversaire, qui, invisible, se servait, quand un immeuble était trop loin, d'un engin cracheur de grappin pour progresser au mieux vers son objectif final. Et les policiers scrutaient en vain les ténèbres de la nuit noire ; complètement impuissants face au hors-la-loi qui, après un mois de tranquillité, recommençait à faire des siennes.
Deux, trois vols sous le nez de la justice, à l'insu des forces policières ; sans le moindre affrontement avec ses adversaires : le voleur à Black City qui pillait les richesses chaque nuit avec plus d'habilité avait sa célébrité en ville. Le général des Forces Armées de Black City, le général Kawari, était peut-être le plus agacé des cambriolages à répétition, et qui plus est, toujours du même brigand. Réputé pour sa discrétion et son habilité, il voyageait comme une ombre à travers toute la ville. Il venait parfois seul, ou accompagné d'un assistant qui avait pour tâche de se mettre à dos une bonne partie des policiers afin de facilité le cambriolage. Enfin, après un déroulement toujours parfait, et avec aussi peu d'encombre que s'il n'y avait pas eu en ville le moindre homme pour les empêcher de nuire, un vaisseau à l'allure de base volante venait rechercher ses deux voleurs et s'éloignait entre les nuages sombres, aussi mystérieusement que comme il était venu.
Comme prévu, le voleur se trouvait maintenant sur le rebord d'un immeuble, et en dessous, sur le sol si bas, le prestigieux musée de Black City étincelait de beauté. Le voleur regarda en bas. De son altitude, les voitures qui circulaient sur le sol de la rue obscure paraissaient minuscules. Le voleur commença à préparer son engin à grappin lorsqu'un coup de feu retentit derrière lui et qu'il sentit une balle lui frôler l'oreille. Parcouru d'un frisson, il se retourna en un éclair et sortit une arme à l'allure de katana, dont la lame dorée s'agitait au milieu d'éclairs et de courants électriques. Il bondit sur les policiers qui se trouvaient en face de lui, et leur fit tâter de sa lame de tonnerre. Abasourdis, les policiers qui tentèrent de demander du renfort se firent à leur tour frapper. Des cinq policiers qui s'étaient trouvés sur le toit, il n'en resta bientôt plus qu'un ; et ce dernier dépourvu de munitions et de balles que le voleur avait toutes esquivées se mit à trembler de peur. Il n'avait pas réalisé depuis une dix secondes qu'il était en très mauvaise posture que le voleur le lui confirma en brandissant sa lame, et en le foudroyant en même temps de son arme et de son rouge regard.
Le voleur serra les dents : les policiers étaient à terre, mais il s'était sans doute fait repérer. Sans perdre plus de temps, il courut vers l'extrémité du toit plane et bondit dans le vide, dans l'immense ravin obscur. Il se laissa tomber un instant, à une vitesse vertigineuse, laissant le vent gifler son visage ; puis il lança son grappin sur le toit du musée, lorsqu'il en fut à la hauteur. La puissance de son engin lui permis de rester accroché au toit du musée ; suspendu à la corde du grappin. Il entreprenait à peine de se hisser jusqu'au toit que des coups de feu retentirent près du sol. Vite, il jeta un coup d'oeil en bas : où une vingtaine d'agents de police le visaient de leurs armes à feu. Le voleur remonta avec toute la hâte qu'il éprouvait de se sortir de cette situation délicate, car cela ne lui arrivait pas souvent. Une fois parvenu sur le toit, il souffla un moment ; puis il sortit un mécanisme qu'il posa sur la vitre du toit ; et qui se mit à découper un large cercle sur le verre. Puis le voleur retira la machine et la rangea, il accrocha l'extrémité de son grappin sur le rebord de l'immeuble, puis il se laissa glisser le long de la corde à l'intérieur de la vaste salle, qui se trouvait juste sous lui. Grâce à une lunette spéciale, il put repérer les lasers de sécurité et les éviter, afin de descendre sans encombres jusqu'à une petite capsule de verre, posée au centre de la salle sur un piédestal de marbre. Une fois parvenu à côté de la capsule, le voleur ne se laissa pas captiver par la splendeur de l'émeraude du chaos rouge qui s'en trouvait à l'intérieur : il se servit de sa machine portable pour découper un cercle dans la capsule, puis il plongea sa main dans cette dernière et s'empara de l'émeraude qu'il rangea hâtivement dans l'une des poches de sa ceinture. Puis il se laissa remonter le long de son grappin rapidement jusqu'au plafond avant que les policiers n'enfoncent la porte, et ne voient qu'un trou dans la capsule et un autre plus grand dans le plafond de verre :
- Appelez toutes les unités ! cria un agent. Il était là il y a une minute ! Il ne doit pas être loin !
Les policiers se retirèrent bien vite. Mais le voleur était déjà loin. Il s'aventurait d'immeubles en immeubles en direction de la grande place absolument immense, dans les environs de laquelle son vaisseau l'attendrait. Mais avant il lui fallait retrouver son assistante qui, s'étant mis à dos la moitié des policiers de la ville, avait sans doute besoin d'aide. Le voleur arriva au sommet de l'un des bâtiments qui se trouvaient au bord de la grande place, et il s'en tapit au bord pour observer sans être vu ce qui se tramait sur la place. Et dressant les oreilles, il aperçut son associée.
Laissant voler derrière elle une cascade de cheveux violets, elle courait sous les lumières de la place, poursuivie par un grand nombre de policiers. Elle était très rapide, mais les agents avait l'avantage du nombre, et elle ne tiendrait pas longtemps. Le voleur se dit qu'il devait agir. Vite. Il descendit d'un côté sombre de son immeuble. La voleuse sentit elle aussi qu'elle ne tiendrait pas longtemps ; elle regarda autour d'elle et entendit ses poursuivants arriver. Elle se mordit la lèvre, en se sentant en très mauvaise posture. Mais soudain, une main surgit des ténèbres d'une ruelle si sombre que l'on y voyait rien, et attrappa la voleuse qui s'en trouvait juste à côté, avant de la tirer dans les ténèbres.
La personne qui l'avait attrapée lui mit une main devant la bouche pour qu'elle n'hurle pas. Les policiers arrivèrent, regardèrent partout : rien. Dans la ruelle, les deux individus se retenaient presque de respirer. Finalement, après avoir averti leurs alliés, les agents se retirèrent, et la personne qui avait attrapé la voleuse lui chuchota à l'oreille :
- Tu prends des risques, Mina.
Cette dernière se débattit et son complice la lâcha, un mince sourire amusé aux lèvres.
- Tu aurais pu me laisser me débrouiller, non ? fit Mina.
- Un peu plus et ils t'auraient attrapée, répondit l'autre.
- Je ne risque pas de progresser si tu passes ton temps à me venir en aide !
- C'est juste que je n'aurais sans doute pas très envie d'aller faire un tour en prison pour venir te chercher.
- VOUS ÊTES REPÉRÉS ! RENDEZ-VOUS !!
Les deux complices tournèrent la tête et virent arriver vers eux et à une vitesse impressionnante un grand nombre de véhicules de police. Heureusement à ce moment-là, le vaisseau de leur boss se fit voir dans le ciel.
- Mina ! On se tire !
Les voleurs escaladèrent un immeuble en un clin d'oeil, puis le premier tira son grappin sur le vaisseau.
- Vite, Mina !
Cette dernière le rejoignit en toute hâte : il l'attrapa par la taille et se laissa remonter jusqu'au vaisseau grâce au mécanisme puissant de son engin. Une fois de retour dans leur vaisseau, celui-ci remonta en trombe vers le ciel et disparut bien vite entre les sombres nuages nocturnes.

Fin du Chapitre Premier.

Deuxième chapitre : Un an passé

- Ouf ! J'ai bien cru qu'on allait y rester !
Essoufflée, la voleuse se redressa, et elle ouvrit la fermeture éclair de sa combinaison noire, qu'elle retira par la suite pour être plus à l'aise. Puis elle ôta ses lunettes et secoua sa longue chevelure violette.
Elle n'était pas humaine, bien que par sa petite taille on s'en eût douté. Elle était mobienne, et de la race des mangoustes, ces êtres rapides qui, comme beaucoup d'autres, avaient combattu l'injustice sur leur planète d'origine : Mobius. Mina était arrivée sur Terre suite à un choc dans sa vie, qui l'avait grandement bouleversée.
Elle se tourna vers son complice qui achevait d'ôter sa combinaison ainsi que ses lunettes. Lui aussi était Mobien, mais seulement d'apparence. En effet il avait été créé, il y a longtemps, dans une arche spatiale voguant autour de la Terre. Et tous ceux qui le connaissaient l'appelaient Shadow le hérisson.
Les voleurs se regardèrent, histoire de confirmer que tout allait bien, puis ils s'engagèrent dans le couloir de leur vaisseau en direction de la salle des commandes. Ils ne dirent mot, jusqu'à arriver dans le cockpit où était assis leur chef, qui se tourna vers eux.
- Mina, Shadow, vous revoilà enfin. Il faut croire que le général Kawari s'était attendu à nous voir arriver, cette fois.
- En effet, docteur Robotnik, répondit Shadow avec tout le calme qui le caractérisait.
- Avez-vous récupéré l'émeraude ?
Shadow porta la main à sa ceinture, ouvrit une poche et en retira l'émeraude du chaos rouge, qui luisait de beauté sous les lumières de la salle. Il la lança à son boss qui la contempla ensuite avec un sourire :
- Bien joué, les Black Spies.
- Robontik, quand est-ce que nous arrêterons ces vols ? demanda Shadow. Un jour où l'autre, le gouvernement nous arrêtera !
- Oui, approuva Mina. Cette fois on a failli y rester !
- Je le sais, déclara Eggman. Mais tant que Black City aura des choses intéressantes à nous céder, vous devrez continuer à la cambrioler. Mais si vous voulez quitter les Black Spies, je ne vous en empêcherai pas. Sauf que j'ignore ce que vous ferez de votre vie par la suite. Vous deux êtes recherchés par tout Black City et par le général Kawari, et vous aventurer seuls sur Terre serait très peu prudent. Vous savez bien que deux mobiens sur Terre sont très mal vus ces temps-ci. Sur cette planète il se passe des choses étranges.
Shadow et Mina baissèrent les yeux. C'est vrai qu'ils n'avaient rien d'autre à faire de leur vie, maintenant. Cela faisait frémir de rage Shadow, et Mina, d'impuissance.
- À part cela, je dois vous dire que vous vous en êtes bien sortis cette fois, déclara Eggman. Je vous préviendrai comme d'habitude lorsqu'il y aura du nouveau à aller voir à Black City.
Soudain, Shadow fit un pas en avant et s'adressa à son chef, sous les yeux surpris de Mina.
- Attendez ! Cela fait trop longtemps que nous pillons la même ville ! Si Kawari organise des recherches aux alentours, nous n'aurons pas la moindre chance de nous en sortir !
- Shadow.
- Non, écoutez-moi ! Vous vous souvenez de la fois où vous m'avez chargé de voler les plans de la dernière machine des Forces Armées de Black City ? Lorsque Mina ne s'était pas encore jointe à nous ? Eh bien alors que je m'étais introduit secrètement dans le quartier général, j'ai entendu Kawari parler à son sergent ! Et vous savez ce qu'il a dit ?
Mina fronça les sourcils. Shadow ne lui avait jamais parlé de ça. Mais il faut dire qu'il ne parlait pas beaucoup.
- Il a dit que s'il mettait la main sur les Black Spies ou sur le moindre Mobien, il les tuerait dans les pires souffrances ! Kawari ferait n'importe quoi pour nous retrouver ! Il nous faut partir ; revenir dans plus de temps !
- Shadow. Si on attend, Kawari deviendra plus fort. Nous ne sommes que trois, avec un rien d'expérience et un vaisseau. Nous ne sommes pas de taille à affronter Kawari et toute son armée. Alors on fera comme je le dis, je suis suffisamment intelligent pour savoir que faire.
- Mais, docteur...
- Je n'ai rien à ajouter, et toi non plus d'ailleurs. Alors maintenant, vous pouvez vous retirer dans vos chambres. Vous êtes libres jusqu'à ce soir.
Shadow resta un moment en place, puis lorsqu'il admit qu'il n'avait plus aucun moyen de protester, il se retira, suivi de son associée.

- Shadow, qu'est-ce que tu as ?
Le hérisson noir progressait d'un pas nerveux dans le couloir menant aux chambres, sans rien dire, le poing serré. Mina devait trottiner derrière lui pour ne pas se faire semer.
- Shadow ? Pourquoi tu ne dis rien ? questionna Mina. Pourquoi tu ne dis jamais rien ?
Shadow l'ignora une fois de plus. Lorsqu'il était agacé, il état tout bonnement impossible de le faire parler. Mina fronça les sourcils. Elle accéléra, le dépassa, puis se posta devant lui en lui barrant la route. Shadow s'arrêta alors, cependant peu impressionné par Mina qui pointa son doigt sur lui en l'accusant :
- Tu penses vraiment qu'on va passer toute notre vie à cambrioler les Forces Armées toute notre vie si tu ne me dis jamais rien ? Tu l'ouvres seulement en mission pour me critiquer et te moquer de moi !
Shadow dut faire fort pour réprimer un sourire.
- Si tu me parlais un peu plus, on se comprendrait plus ! Allez, si tu me disais tout à ton sujet ?
Mina se plaça à côté de lui et ils continuèrent à marcher en direction des chambres, l'un à côté de l'autre. Il y eut un moment de silence, puis Shadow déclara :
- Je n'ai rien à raconter.
- Ah ! Ca, c'est juste une excuse pour cacher ton passé ! On a tous quelque chose à raconter ! Allez, dis-moi tout, et si c'est un secret, je le garderai ; c'est promis.
Shadow se stoppa un instant et la regarda dans les yeux.
- ( Elle... est étrange ), pensa-t-il.
- Pourquoi tu me regardes comme ça ?
Shadow cligna des yeux.
- Oh, pour rien.
Il ouvrit la porte de sa chambre et entra. Mina s'y introduit elle aussi, sans se faire prier. Shadow fut surpris qu'elle soit une pareille sans-gêne.
- Allez, on sera tranquilles ici ! fit-elle. Racontes-moi tout ton passé.
Shadow resta silencieux un instant. Puis, réprimant tout issue pour ne pas la satisfaire, il commença à raconter.
- Je suis un être créé dans une arche spatiale, en vogue autour de la Terre. C'est un scientifique du nom de Gérald Robotnik qui m'a mis au monde. Ce qu'il voulait, c'était créer un être invincible et immortel, résultant du Projet Shadow, un projet qui recherchait l'immortalité. Après m'avoir mis en vie, je m'ennuyais profondément sur l'arche spatiale. Heureusement, il y avait également une jeune fille, nommée Maria, et qui en raison de sa faible constitution ne pouvait pas aller sur Terre. Nous restâmes donc ensemble durant des jours et des jours ; au fil du temps, je ne saurais en dire combien, nous devînmes de grands amis. Ma vie était telle que je pouvais l'espérer, jusqu'à ce que tout s'effondre...
Il ferma les yeux un moment, et Mina devina sans mal que la suite n'était pas joyeuse. Shadow reprit sa respiration et poursuivit, comme avec tout le mal du monde :
- Ce que tout le monde redoutait arriva. Sur Terre, on jugea les expériences menées sur l'Arche trop dangereuses. C'est pourquoi des troupes d'élites furent envoyées dans la station pour arrêter tout le monde. Les scientifiques de Gérald furent tous arrêtés, mais Gérald, Maria et moi avons plutôt pris la fuite. Malheureusement, les ordres donnés aux agents étaient formels : ils devaient tuer tous ceux qui résisteraient. Maria et moi avons réussi à nous enfuir dans la salle où l'on éjectait les capsules de secours, tandis que derrière nous, Gérald s'était sacrifié pour nous permettre de mieux fuir. En voyant la capsule de secours, je ne compris pas sur-le-champ, jusqu'à ce que Maria m'en pousse à l'intérieur en me souhaitant bonne chance.
Mina prit un air attristé.
- Je ne comprenait pas. J'avais beau lui prier de ne pas me laisser seul, elle semblait elle décidée à sauver ma propre vie. Rejetant ses sentiments, elle enclencha le compte à rebours pour l'éjection des capsules. Et alors qu'elle posait ses mains sur ma capsule de verre, et ses yeux bleus dans les miens, en me disant adieu, l'un des hommes armés arriva, sortit son arme à feu, et...
Shadow détourna la tête, plein de douleur. Mina n'eut aucun mal à deviner la suite. Le hérisson noir poursuivit cependant :
- J'ignore combien de balles est-ce qui lui a tirées, mais ce qui est sûr, c'est que Maria s'est effondré sans vie sous mes yeux, alors que, aveuglé par la tristesse et en même temps par la colère que je sentais naître en moi, le compte à rebours s'achevait, et bientôt ma capsule s'éjectait dans l'espace, en direction de la Terre.
Puis le temps s'écoula... Cinquante ans, pour être précis. Sur une île-prison, où demeurait ma capsule, Eggman vint finalement me libérer, après cinquante années de coma durant lequel grandissaient en moi colère et haine. Et après mon réveil... je me joignis à Eggman pour faire le mal à ses côtés. Nos plans fonctionnaient comme prévu, nous devions récupérer les sept émeraudes du chaos pour alimenter l'Eclipse Cannon, sur l'arche spatiale, et qui serait par la suite assez puissant pour détruire la Terre. Mais une bande de justiciers s'est mise en travers de notre route, pour contrecarrer nos plans. Après une véritable course contre eux pour récupérer les émeraudes... nous arrivâmes tous sur la station spatiale. Tout, malgré la bande de gêneurs, fonctionnait comme prévu, et bientôt, nous pûmes mettre les sept émeraudes en place. Mais à notre grande surprise, les émeraudes ne servirent pas à alimenter le canon ; mais elles enclenchèrent l'auto-destruction de la station, qui se dirigea bientôt vers la Terre pour exploser à son contact.
Mina se mit les mains devant la bouche, terrifiée.
- Alors, par un coup du sort, je dus m'allier avec ce hérisson justicier, pour combattre la créature qui allait faire s'échouer la station. Après avoir utilisé la force des émeraudes, nous avons téléporté la station sous une orbite sans danger. Sauf que moi, j'étais mort... je m'étais vidé de mon énergie pour permettre la réussite du Chaos Control. Heureusement que Eggman m'a récupéré voguant dans l'espace, peu après l'affrontement, sinon je ne serais vraiment plus de ce monde. Après cette aventure, je suis resté avec Eggman, qui m'avait sauvé la vie. Et comme j'avais une dette envers lui, je me mis à piller les villes, et nous formâmes par la suite l'association des Black Spies. Quant au hérisson, Sonic il s'appelait, je crois, avec ses amis il rôde sans doute quelque part sur cette planète.
Mina ouvrit grand les yeux. Shadow connaissait celui qui...
- Ton histoire est terrible, dit Mina, désolée. Mais... tu connais Sonic ?
Shadow leva les yeux vers elle. Elle le regardait également, les yeux tremblants.
- Malheureusement, déclara Shadow.
- Je... Moi aussi ! s'exclama-t-elle soudain.
Elle rouvrit la bouche pour continuer, mais sembla se raviser et se tut. Shadow la regarda d'un air pensif :
- Toi aussi, ton histoire te fait souffrir ? lui demanda-t-il.
Mina approuva d'un mince signe de tête.
- Je t'ai tout dit à mon sujet, déclara Shadow. Alors et toi, c'est quoi ton histoire ?
Mina le regarda avec de grands yeux étonnés. Le hérisson noir la dévisageait l'air sincère... le même air que lorsqu'il lui avait annoncé, après l'avoir accueillie chez les Black Spies, qu'elle et lui seront désormais alliés...
Résignée, elle se décida alors à raconter son histoire.
- Je venais d'avoir quinze ans lorsque ma mère et moi nous fîmes capturer, sur Mobius. Avec plein d'autres mobiens, nous étions alors destinés à nous faire robotiser. Heureusement, arrivèrent pour nous sauver une troupe nommée Freedom Fighters, un groupe de mobiens qui venaient en aide à ceux qui en avaient besoin. Ils parvinrent à stopper le massacre... mais pas assez rapidement pour sauver ma mère, qui s'était déjà fait robotiser après leur arrivée.
Elle se stoppa un instant, puis reprit :
- Alors ma mère et moi suivîmes les combattants, et nous installâmes dans le même village qu'eux. Ce village s'appelait Knothole. Et parmi les Freedom Fighters, il y avait un hérisson du nom de Sonic, je suppose que nous parlons du même.
- Un très rapide, bleu, vantard et orgueilleux ?
- En caricature, oui... Et... Et donc au fil du temps, je m'en suis rapprochée, j'éprouvais vraiment beaucoup de sympathie pour lui.
- ( Je ne vois pas comment )
- Alors... j'ai fini par en tomber amoureuse.
Shadow cligna des yeux, surpris. Mais cette réaction aux paroles de Mina l'étonna encore plus.
- Mais lui était amoureux d'une autre fille, la princesse Sally Alicia Acorn, qui faisait partie des Freedom Fighters... Et alors que Sonic et moi étions allés la libérer, car Nack l'avait faite prisonnière dans un château, lors de ses retrouvailles avec Sally, ils se sont embrassés... et... Mon coeur est tombé en morceaux !
Shadow leva les yeux au ciel. Difficile pour elle, avec un tel prétexte, de se trouver une vie plus malheureuse que son histoire à lui.
- Alors j'ai fui Mobius, poursuivit Mina. Je me suis servi d'un petit vaisseau qui n'avait plus d'énergie lorsque j'ai abouti sur Terre. Alors j'ai marché indéfiniment, mais ça je te l'ai déjà raconté... C'était juste avant que je ne me fasse attaquer par d'étranges créatures, et que toi et le boss ne veniez à mon secours, par pur principe...
- Je ne pense pas que si j'ai insisté pour accourir t'aider, c'était par simple principe.
Mina leva sur lui des yeux étonnés. Shadow fit un effort pour ne pas baisser les siens.
- Tu dis vrai ? questionna la jeune mangouste.
- Je... oui, quel intérêt aurai-je à te mentir ?
Il détourna les yeux d'un air agacé. Mina eut un petit rire amusé.
- Bon. Je vais me coucher, sinon le jour va se lever et je n'aurais pas fermé les yeux, déclara Mina. À plus tard !
Elle quitta la chambre et en ferma la porte après son passage. Et, après l'avoir suivie des yeux et réfléchi un instant, Shadow se laissa tomber sur le dos sur son lit, étendu de tout son long, scrutant son plafond de métal. Était-ce là la vie qu´il allait avoir jusqu´à ce qu´on le capture et le tue?

Fin du Deuxième chapitre.

Troisième chapitre : Une mission difficile.

D'intenses secousses se mirent soudain à vibrer dans tout le vaisseau. Shadow se réveilla en sursaut, horrifié. Ils se faisaient attaquer ! Eggman aurait mieux fait de l'écouter ! Le hérisson noir espéra simplement qu'il n'était pas encore trop tard pour les défendre, lorsqu'il sauta de son lit, empoigna une mitraillette au manche énorme et sortit de sa chambre à toute allure pour détaler dans le couloir, en direction du cockpit. Lorsque la porte de ce dernier s'ouvrit à son approche, Shadow dût se mettre un bras devant le visage et plisser les yeux, car cendres et braises ardentes jaillissaient de toutes parts. Mais où était donc Eggman ? Avait-il péri dans les flammes ? Le hérisson noir rebroussa chemin après qu'un éclair de terreur l'eut frappé. En flammes, une base volante telle que cette où il se trouvait pouvait exploser à tout moment.
Il croisa Mina dans le couloir, celle-ci filait vers la salle de contrôle, mais s'arrêta en le voyant :
- Shadow ! Que se passe-t-il ?
- Le vaisseau est attaqué ! Il faut sortir au plus vite !
- Et le chef ?
- J'ignore où il peut être. Mais il faut quitter la base ! La salle de contrôle est en feu !
- Il y a une issue de secours ?
Mina commença à paniquer :
- Comment va-t-on sortir ? Nous sommes coincés ici !
- Non, il doit bien avoir une issue de secours pas loin. Suis-moi ! On ne peut plus sauver la base, alors faisons notre possible pour nous sauver !
Sur ce, il attrapa le bras de son associée et s'engagea dans le couloir qui menait à l'infirmerie, relié directement à celui où ils se trouvaient. Pendant leur course le sol tremblait sous leurs pieds et les menaçait d'une féroce chaleur. Mina était effrayée :
- Qu'est-ce que c'est ??
- Ce doivent être les machines de la salle de contrôle reliées à celles des sous-sols ! Elles commencent à prendre feu aussi ! On peut plus attendre, il faut sortir maintenant !
Shadow s'arrêta brusquement devant une porte blindée : leur dernière chance de sortir. Il se mit à la frapper du plus fort dont il était capable.
- Shadow ! s'exclama Mina. Les flammes se rapprochent !
Le hérisson noir n'entendait presque plus les gémissements de Mina, à cause des flammes qui progressaient rapidement vers eux, et des machines qui explosaient un peu partout. Au bout d'un court moment, la porte blindée commença à céder en laissant apparaître une faille :
- J'y suis presque !
Shadow donna encore deux coups de pied dans la porte pour qu'elle s'ouvre sur l'extérieur, laissant ainsi le vent de la nuit ébouriffer cheveux et piques des deux voleurs en s'engouffrant dans le vaisseau. Sans perdre plus de temps, Shadow attrapa Mina et bondit du vaisseau. Aussitôt après, une détonation enflamma la quasi-totalité de la base, derrière les deux alliés qui atterrissaient en roulant dans l'herbe. Puis ceux-ci commencèrent à s'enfuir en courant, avant que derrière eux leur vaisseau ne s'écrase sur le sol, en explosant dans sa totalité avec tant de puissance qu'ils se s'effondrèrent sur le sol, recouverts bientôt par les fumées de l'explosion.

Shadow rouvrit lentement les yeux. Il sentit que tout son corps était meurtri par les flammes et l'explosion de sa base. Il se redressa, puis regarda Mina. La jeune mangouste avait elle aussi quelques brûlures, mais elle vivait, assoupie dans l'herbe fraîche. Dans le ciel, le soleil matinal se levait à peine. Les oiseaux déjà rayaient de leur vol l'immense voûte céleste. Shadow et Mina avaient atterri avec leur base désormais en ruines dans une petite plaine entourée d'arbres et d'une falaise. Le hérisson noir se leva alors, et se dirigea vers ce qui restait de leur vaisseau ; même si les flammes étaient éteintes, l'avant de la base, la plus endommagée, semblait encore chaude. Shadow chercha la moindre trace d'Eggman, en écartant les morceaux de métal encore brûlants, les morceaux de bois carbonisés, mais il ne trouva rien. Par contre, il fit une découverte qui attira son attention : un petit objet brillant parmi les décombres et les machines démolies. Shadow plongea sa main et attrapa l'objet : il s'agissait de la rouge émeraude du chaos, que lui et Mina avaient dérobée la veille. Mais Eggman ? Était-ce par le gouvernement qu'ils avaient été attaqués, et celui-ci avait-il enlevé leur boss ? Ces questions l'énervaient, car il ne pouvait en tirer aucune réponse. Il retourna auprès de Mina, encore allongée dans l'herbe. Elle semblait dormir à poings fermés, comme une jeune enfant. Shadow rangea l'émeraude dans une poche de sa ceinture. Au fond, il aurait très bien pu décider d'abandonner les Black Spies avec Mina, et de laisser tomber son chef, qui avait refusé de l'écouter. Mais il ne voulait pas abandonner ainsi celui qui lui avait sauvé la vie, il y a un an de cela.
Mina remua un peu, puis elle ouvrit les yeux. Et soudain, elle se redressa et regarda tout autour d'elle.
- Shadow ? On a survécu ! Mais tu n'as pas retrouvé le boss ?
- Non. Je ne sais pas pourquoi, mais je pense que le gouvernement l'a enlevé, avant de saboter notre base. Quand je te disais que Black City nous en voulait vraiment...
- Je te croyais et je te crois, mais on dirait que c'est le boss qui ne t'a pas vraiment pris au sérieux...
- Hum. Intelligent comme il est, il a dû s'y attendre, alors pourquoi est-ce qu'il a décidé de rester dans les parages ?
- Si tu veux mon avis, il a pris un risque, et ça a mal tourné. La preuve : on a failli finir grillés.
Soudain, Shadow sentit sa ceinture vibrer. C'était son appareil électrique, dont Eggman en possédait lui aussi un exemplaire, et qui permettait de se communiquer avec des messages écrits.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda Mina. Tu as reçu un message ?
- Ca ne peut venir que d'Eggman. Seul lui possède mon code d'accès !
Shadow s'empara de son appareil et l'activa. Sur son écran s'afficha alors un message qui sembla faire monter en lui la colère :
- J'avais raison... souffla-t-il.
Mina s'approcha et lut le message à voix haute :
" Black Spies,
Nous savons que vous détenez l'émeraude du chaos, et vous conseillons de la rendre au gouvernement au plus vite, car votre patron, que nous détenons prisonnier, pourrait en payer les conséquences. Vous avez deux jours pour vous rendre au quartier général des Forces Armées de Black City.
Cordialement, le général Kawari. "
Mina cligna des yeux et relut le message plusieurs fois. Puis elle demanda :
- Bon... que va-t-on faire, alors ?
Shadow réfléchit un instant, puis annonça :
- Retournons à la base pour voir s'il nous reste quelques affaires intactes à emporter. Prépares-toi comme il faut et tiens-toi prête surtout. Parce que cette nuit, on va aller libérer notre boss.

Le soir tombait déjà. Les Black Spies choisirent ce moment pour quitter les ruines de leur vaisseau. Shadow avait retrouvés intacts son grappin et son katana à la lame de foudre, l'une de ses armes à feu, ainsi qu'un long manteau noir à ceinture qu'il avait revêtu. Mina, elle, portait à sa ceinture deux pistolets et avait attaché ses cheveux. Les deux alliés progressèrent vers Black City, plus silencieux que le feuillage des arbres secoués par le vent. Ils ne tardèrent pas à arriver, et grimpèrent rapidement en haut des immeubles pour pouvoir repérer le bâtiment principal des Forces Armées.
- Il doit se trouver plus au nord, dit Shadow. Il nous faut avancer encore un peu. Et sois discrète, il n'est encore que dix heures.
Mina approuva d'un signe de tête, et suivit son complice, qui, à une vitesse grandiose, courait sur les immeubles et faisait des bonds prodigieux pour progresser vers les autres bâtiments éloignés.
Ils n'eurent besoin que de vingt minutes pour traverser la quasi-totalité de la gigantesque cité. Ils aboutirent finalement en haut d'un immeuble, d'où ils pouvaient voir se dresser devant eux l'imposant quartier général des Forces Armées.
- Bon, nous y voilà, annonça Shadow.
Mina contempla le bâtiment, impressionnée. Il avait l'air vraiment bien gardé, et au sol, ils pouvaient encore apercevoir malgré l'obscurité un haut grillage de barbelés tout autour de lui.
- ( Je la sens pas super bien, cette mission ), songea-t-elle.
- Il y a une corniche droit devant, informa Shadow. Si on s'y accroche, on pourra progresser jusqu'au toit et entrer par là.
Shadow avait comme d'habitude l'air sûr de son plan. Il avait déjà, il y a longtemps, pénétré dans le quartier général, mais sauf que cette fois, son chef ne serait plus là pour le couvrir. Il regarda Mina. Elle frissonnait à vue d'oeil.
- Ne t'inquiètes pas, lui dit-il, si on se fait attraper, on n'aura qu'à s'évader ; il paraît que les gardes des prisons passent leur temps à dormir.
Sur ce, il tira son grappin sur le rebord de la corniche, attrapa Mina et se laissa porter avec elle jusqu'à l'énorme bâtiment, en un rien de temps. Une fois plaqués sur le rebord de celui-ci, ils en profitèrent pour souffler un instant. Ils n'avaient pas été repérés.
- Le toit est proche et sera sans doute le meilleur moyen d'entrer, déclara Shadow. On va devoir faire un peu d'escalade. Avec le grappin.
Shadow tira alors son grappin sur le rebord du toit, et s'apprêta à remonter d'une traite :
- Prête ?
Mina s'approcha de lui et approuva d'un signe de tête. Ensemble, ils se laissèrent alors porter jusqu'au toit, puis une fois dessus, posèrent un genou au sol : ils se trouvaient enfin au sommet du bâtiment.
- Bon. La prochaine étape consistera à entrer par le vitre devant nous, dit Shadow. Je pense avoir toujours mon laser dans ma poche. On se fera un trou avec ça.
Shadow fouilla dans sa ceinture et en retira un petit engin qui lui servit effectivement à tracer un cercle dans la vitre, avant de le retirer à l'aide d'une petite poignée. Il y avait maintenant un trou dans le toit, il ne leur restait plus qu'à descendre.
- Sois prête à courir.
- Pourquoi ? demanda Mina.
- S'il nous repèrent. Kawari n'est pas stupide au point d'ignorer que nous tenterons malgré son message se libérer notre chef. Il nous connaît, cet humain...
Shadow se leva alors et descendit par le trou qu'il avait fait. Prenant son courage à deux mains, Mina le suivit et atterrit agilement à ses côtés, sur le sol poli du quartier général. Shadow s'était déjà redressé, et scrutait attentivement les couloirs sombres, attentif au moindre bruit.
Après s'être assuré que tout allait comme il l'avait prévu, Shadow fit signe à Mina de le suivre, en redoublant de vigilance. Ils s'engagèrent alors dans une galerie en longeant les murs. Ils marchaient pendant deux minutes à peine qu'ils entendirent des bruits devant eux. Vite, ils se cachèrent dans un recoin de la galerie, espérant ne pas être repérés. Le garde passa devant eux, à demi assoupi, sans les voir ni les entendre. Mina poussa un maigre soupir de soulagement, puis ils reprirent leur route.
C'est alors qu'un autre garde arriva, de derrière. Il semblait marcher plus vite. Shadow et Mina regardèrent autour d'eux, sans trouver de refuge pour se cacher. Et ils ne pouvaient pas compter sur les ténèbres pour les dissimuler complètement. Le plafond était trop haut pour qu'ils n'eussent le temps de s'y accrocher. Tant pis. Ils n'avaient plus d'autre issue.
Shadow vit les yeux étonnés du garde avant de lui bondir dessus et lui décocher une droite en plein visage. Sonné, l'homme tomba à terre, et Mina le frappa dans la tête avec un genou pour lui faire perdre connaissance. Les deux espions se regardèrent, alertés, et conscients qu'ils avaient fait trop de bruit pour passer inaperçus, ils commencèrent à courir.

- Monsieur le général ?
Kawari se retourna et toisa l'officier qui l'avait dérangé.
- Que me vaut cette visite ?
- En fait... Les... Les Black Spies sont de retour... Ici même...
Kawari commença à s'énerver, et il frappa son magnifique bureau de bois verni avec son poing.
- Cette fois, il faut les arrêter !
- C...Certainement, mon général !
- Rassemblez les troupes ! Ils ne doivent en aucun cas quitter cet endroit vivants !
L'officier ne se fit pas prier pour aller exécuter les ordres de son chef. Kawari écumait de rage, cependant il put décocher un maigre sourire :
- Ils viennent récupérer leur patron, hein ? Eh bien, c'est dommage pour eux, mais ils n'ont pas la moindre chance ! Cette fois je les tiens !

Shadow et Mina couraient à vive allure dans escaliers et couloirs pour tenter de retrouver la cellule de leur chef. Mais celle-ci n'apparaissait pas. Mais leurs ennuis n'étaient pas encore terminés : lorsqu'ils arrivèrent en trombe dans une vaste salle, et que la porte se referma derrière eux, ils réalisèrent seulement qu'ils étaient entourés d'hommes armés qui les menaçaient de la pointe de leurs fusils. Shadow et Mina se mirent dos à dos et sortirent leurs armes, bien que contre tant d'homme ce fut totalement inutile :
- Bon... fit Mina, s'efforçant de rester calme. Et maintenant, tu as un plan j'espère ?
Shadow répondit avec dignité :
- Non... et toi ?
Les armes se redressèrent sur eux et les deux espions furent contraints de lâcher les leurs. Un des agents cria :
- Un geste, et vous êtes morts !
- ( Ca se complique ), pensa Shadow.
- ( Nous aurions vraiment dû quitter Black City, dans quel pétrin sommes-nous ? )
Soudain, une main attrapa Mina sans que Shadow ne puisse rien faire :
- Mina !
Le général Kawari la tenait fermement d'une main et la menaçait d'un couteau de l'autre. Shadow voulut se précipiter sur Kawari pour aider son alliée, mais les lames et armes qui se braquèrent sur lui l'obligèrent à se stopper :
- Bien, grogna le général. Je vois que vous êtes gentiment venus nous donner l'émeraude, Black Spies... Alors je vous conseille de me la rendre avant que cette charmante Mobienne ne se retrouve gorge tranchée !
- Ordure... murmura Shadow, écumant de rage.
- Alors, cette émeraude ? Vous préférez peut-être que votre amie meurt sous vos yeux ?
Kawari rapprocha dangereusement la lame de son couteau de la gorge de Mina. Celle-ci serrait les dents avec effroi.
- Arrêtez !!
Kawari se stoppa. Shadow avait sorti l'émeraude.
- Ne la touchez pas ! cria-t-il.
- L'émeraude ! tonna alors Kawari.
Se retenant de la lui envoyer en pleine tête, Shadow lui lança l'émeraude. Kawari la rattrapa avec un sourire :
- Hum. Merci bien, fit-il avec un sourire narquois. Mais ne vous imaginez pas vous en tirer comme ça, avec tout ce que vous m'avez fait jusqu'à aujourd'hui, vous méritez largement la peine de mort !
Le général poussa Mina qui s'effondra devant Shadow en criant.
- Enfermez-les dans une cellule qui ferme bien ! ordonna Kawari.
Et avant de se faire emmener, aux côtés de Mina, en direction des sous-sols, Shadow trouva le temps de jeter un regard haineux au général, qui ne se gêna pas pour le lui rendre.

Fin du troisième chapitre.

Ah, ok ! Désolée, je suis plus une connaisseuse en BD Archie qu'en jeux de Sonic. Enfin sinon, merci pour ton commentaire, voilà la suite.

Quatrième chapitre : Prisonniers du gouvernement

Shadow et Mina se firent entraîner dans les sombres couloirs par une vingtaine d'hommes qui les maintenaient fermement. Mina en gémissait même de douleur. Lorsqu'ils entrèrent dans les cachots, l'atmosphère changea d'un coup, pour se faire lugubre et inquiétante. Il faisait un froid terrible, et Shadow se demanda un instant si ce n'était pas dans les intentions de Kawari de les faire mourir de froid. Parvenus à une cellule légèrement creusée dans le sol et pas moins froide que le couloir, les hommes en jetèrent les deux voleurs à l'intérieur avant de refermer les lourds barreaux de fer rouillé.
Après le départ des hommes, le silence s'installa. Shadow et Mina s'étaient relevés sans bruit et cherchaient en vain une sortie possible. Shadow jugea les barreaux indestructibles pour ce dont il disposait comme armes, et le plafond était dissimulé par les ténèbres, mais aussi par d'énormes tuyaux rouillés et emboîtés vulgairement les uns dans les autres, sans empêcher à des liquides verdâtres et malodorants d'en fuir en glissant sur les murs. Il avait l'air d'y faire si humide que quelques mousses avaient poussé sur les murs et les tuyaux.
Mina abandonna bien vite l'idée de fuir et se rendit très vite à la raison : ils étaient coincés ici. Elle se laissa tomber contre un mur en poussant un profond soupir, qui se changea en un petit nuage de buée. Shadow, malgré le froid, ouvrit son manteau et sortit de sa ceinture un manche de katana inoffensif.
- C'est inutile, ils sont bien trop résistants, dit Mina.
Shadow la regarda un court instant puis regarda son manche de katana. Sans doute avait-elle raison. Mais alors qu'il allait quand même en faire sortir la lame de foudre pour en avoir le coeur net, il vit soudain que de l'autre côté des barreaux, accrochée aux murs, une caméra de surveillance les fixait d'un air louche. Il rangea alors le manche et se tourna vers Mina :
- Ne sors pas tes armes, ils nous surveillent. Garde-les sous ta veste, d'accord ?
La jeune mangouste approuva d'un signe de tête.
- Alors comment allons-nous faire ? demanda-t-elle ensuite.
- Trouvons quelque chose pour désactiver cette caméra, et ensuite, on mettra un plan de fuite en exécution. Mais pour le moment... J'ignore si j'en aurai la force.
- Moi aussi, avoua Mina en baillant. Je vais essayer de dormir malgré ce froid terrible...
Elle prit un air tragique. Shadow soupira et se laissa tomber contre un mur. Il avait à peine fermé les yeux, qu'il sentit Mina s'asseoir à ses côtés et se blottir contre lui.
- Il fait trop froid... gémit-elle.
Shadow l'ignora et ferma les yeux, en essayant en vain de se détendre.

Il n'était pas loin de deux heures du matin lorsque le hérisson noir se réveilla en sursaut, dans la cellule glacée. Il regarda tout autour de lui. L'atmosphère lugubre n'avait pas changé, et il se demanda comment est-ce qu'il avait bien pu s'endormir dans un froid pareil. Sans doute était-il plus fatigué qu'il ne le croyait. Mina, elle, toujours blottie contre lui, ne semblait pas gênée non plus par la température. Sans doute avec leur fourrure les mobiens étaient-ils plus résistants au froid. Mais Shadow n'essaya pas de se rendormir, certain qu'il n'y parviendrait pas. Au lieu de ça il se leva et obligea ainsi Mina -qui dormait à poings fermés- à faire du sol son oreiller.
Le hérisson noir s'appuya juste après contre un mur et jeta un regard furtif vers la caméra de surveillance. Puis il réfléchit à son plan pour s'enfuir. Sans doute n'avaient-ils pas le choix, et seraient-ils alors obligés de le mettre à exécution. Tant pis. Ca valait le coup d'essayer.
Shadow s'agenouilla auprès de Mina et la secoua doucement pour qu'elle se réveille.
- Hum ?... Shadow ?... Qu'est-ce que...
- Parles moins fort, souffla le hérisson noir. J'ai peut-être un moyen pour nous enfuir. Mais il va falloir être rapides.
- Aucun problème, fit Mina avec un sourire. À nous deux la rapidité est notre point fort...
- Bien. On va commencer par la caméra. Tu te mettras près des barreaux et tu tireras sur la caméra pour qu'elle soit hors fonctionnement. Aussitôt après, on foncera sur les tuyaux qu'il y a au plafond pour nous y cacher. On fera de notre mieux pour tenir jusqu'à ce que les gardes arrivent et ouvrent la cellule, pour essayer de voir par où est-ce qu'on est sortis. Et à ce moment là, il ne nous restera plus qu'à descendre et à combattre les humains avant de nous enfuir.
- Ca me paraît bien, mais... Où est-ce qu'on ira, ensuite ?
- Je l'ignore. On se débrouillera. Allons, sortons d'ici, maintenant si tu es prête.
Mina se leva sans se presser et marcha d'un air naturel vers les barreaux. Puis, avec une vivacité singulière, elle dégaina son revolver et tira sur la caméra de surveillance dont l'écran se brisa et se brouilla bien vite.
Aussitôt après, Shadow fonça sur le mur face à lui et réussit à faire quelques pas dessus grâce à sa grande vitesse. Il se hissa ensuite sur les énormes tuyaux, desquels lui parvint quelque odeur nauséabonde. Mina suivit son mouvement bien qu'elle eut un peu plus de difficultés à ne pas glisser sur le mur sale et poisseux. Enfin, les deux voleurs restèrent immobiles, dissimulés par les tuyaux et les ténèbres, attendant patiemment le moment où les gardes se rueraient auprès d'eux dans leur cellule pour voir ce qui s'était passé.
Shadow et Mina faisaient fort pour respirer le moins possible lorsque moins d'une minute plus tard, ils entendirent les pas lourds et bruyants des gardes qui arrivaient. Ils s'arrêtèrent devant la cellule, regardèrent la caméra cassée, puis contemplèrent à nouveau l'espace derrière les barreaux.
- Ils étaient armés... grogna l'un des gardes. Ils ont explosé la caméra !
- Et ils on dirait qu'ils ne sont plus là, continua un autre, leur cellule est vide !
- Avertissons le général au plus vite ! lança le dernier.
Ils repartirent bien vite.
- C'était prévu, ça ? demanda Mina tout bas.
- Techniquement non, mais tout n'est pas perdu, répondit Shadow. Tant que le général ne nous aura pas découverts, on aura une chance de s'en tirer.
- J'espère que tu dis vrai. Ces tuyaux sont trop glissants, j'ignore si je vais tenir encore longtemps...
- Courage ! Si on ne tient pas bon, cette mission sera notre dernière.
Les deux alliés durent ensuite se taire car ils distinguèrent, parmi les voix qui se rapprochaient hâtivement, celle du général :
- J'espère pour vous qu'ils ne se sont pas enfuis ! cracha-t-il. Car il se pourrait bien que vous le payiez de votre place, sergent !
Le sergent en question ravala sa salive. Quand les cinq hommes arrivèrent devant la cellule des deux voleurs, ceux-ci retinrent leur respiration.
- Ouvrez la cellule, ordonna le général après une brève inspection.
Shadow ne réagit aucunement, mais Mina ne put s'empêcher de décocher un sourire. L'un des gardes sortit un gros trousseau de vieilles clefs et se servit de deux d'entre elles pour ouvrir la cellule. Les barreau s'ouvrirent lentement, en grinçant bruyamment. Le général resta un moment à scruter la cellule, sans bouger. C'est alors que son regard se figea soudainement sur le plafond. Les deux voleurs qui s'y cachaient faillirent tressaillir. Mais les ténèbres les masquaient tant et si bien que le général se tourna bien vite vers son sergent en lui ordonnant simplement :
- Trouvez-les et capturez les.

Shadow fronça les sourcils. Dernièrement, il était pourtant question de les tuer...
Le général quitta les cachots en laissant ses quatre hommes sur place. Ces derniers s'échangèrent ensuite quelques instructions, avant de partir à leur tour. Shadow en profita et sauta des tuyaux, pour atterrir sans un bruit sur le sol. Mina suivit son mouvement, et bien vite, ils s'enfuirent de la cellule restée ouverte.
Les gardes sur leur chemin se faisaient assommer sans ralentir les deux voleurs. Bien vite, des renforts furent envoyés pour les arrêter ; une centaine de gardes armés furent bientôt à leurs trousses. Mais les deux mobiens, d'une rapidité effrayante, gagnaient facilement du terrain. Soudain, tout droit devant eux, une trappe s'ouvrit dans le sol et un énorme robot en sortit. Shadow, par réflexe, sortit une arme à feu qu'il avait volée à un garde vaincu. Mais la machine était tellement grande qu'une telle arme risquait d'être inutile. Mina se retourna, mais derrière eux les gardes arrivaient et ils n'avaient plus d'issue. Le robot tourna se petite tête carrée vers le hérisson noir, et à peine ce dernier l'avait regardé à son tour que sans comprendre comment son arme vola en éclats :
- Mina ! Occupes-toi du corps, et moi je me charge de la tête ! cria Shadow à sa complice, en sortant son manche à la lame de foudre.
Puis il chargea la machine en sentant vibrer dans sa main le manche jonché d'éclairs. Il sauta très haut, et frappa le robot en pleine tête, ce qui le dérégla un instant et le fit chuter au sol. Mina sauta par-dessus la machine et recommença à courir, bien vite rejointe par Shadow.
- Belle diversion, la félicita Shadow, mais on dirait que ce n'est pas fini.
Cette fois, ils se stoppèrent et se mirent dos à dos. Une bonne vingtaine de gardes étaient également arrivés devant eux, et ils étaient encerclés. Shadow rangea son katana, mais alors qu'il allait sortir un pistolet à la place, il sentit soudain une douleur aiguë lui transpercer l'épaule. Horrifié, il constata qu'un des humains lui avait tiré une fléchette sur l'épaule : il la retira bien vite, avec toute la rage qu'il éprouvait pour ses adversaires, mais c'était inutile. Sous les yeux apeurés de Mina, il s'effondra au sol, et ne bougea plus.

Lorsque Shadow rouvrit les yeux, il fut aveuglé par une lumière intense. En levant la tête, il constata qu'il était attaché à un mur, Mina à sa gauche, de nombreuses lumières braquées sur eux. Il avait à peine compris qu'il était dans une grande salle où lui et son alliée étaient attachés à un mur qu'il entendit une voix qu'il détestait grogner :
- Coriaces, oui... Mais plus pour longtemps !
Le hérisson noir avait reconnu sans mal la voix du général Kawari. Celui-ci se tenait seul à deux mètres d'eux, avec un ou deux scientifiques en blouse blanche. Il sourit de toutes ses dents, puis reprit :
- Tiens, mais vous voilà aussi réveillé.
Shadow détacha son regard assassin de celui du général pour regarder Mina. Celle-ci semblait effrayée.
- Sans doute vous demandez-vous pourquoi je ne vous ai pas tués, continua Kawari. Sachez que j'ai un marché à vous proposer...
- Un marché ? fit Shadow avec un petit rire dédaigneux. C'est juste une tactique pour nous tuer plutôt qu'autre chose ?
Kawari et le hérisson noir se toisèrent un moment, puis finalement le général continua :
- Si vous acceptez le marché et réussissez , je vous libère ainsi que votre chef. Dans le cas contraire ou si vous refuser, je peux vous abattre tout de suite, mobiens.
Shadow ne répondit rien. Alors ce fut Mina qui risqua :
- Et... c'est quoi votre marché ?
Le général décocha un sourire cruel avant de commencer son récit :
- Sachez qu'à environ deux kilomètres de Black City, à l'Est, se trouve une ancienne cité technologique du nom de Dark Towers. À l'origine, elle était habitée par des humains, mais un immense incendie la ravagea et en tua tous les habitants. La ville resta abandonnée pendant longtemps, mais récemment, elle semble avoir repris vie.
- Comment pouvez-vous le savoir ? questionna Mina en essayant de dissimuler sa peur.
- Car tous les espions que nous y avons envoyés sont morts.
- Alors vous voulez nous y envoyer... comprit Mina.
- Oui, mais si vous réussissez à détruire le générateur principal, les créatures qui ont pris le contrôle de la cité seront vidées de toutes forces. Ainsi, Dark Towers ne pourra lancer aucune attaque contre nous.
- Ca ressemble vraiment trop à un prétexte pour vous débarrasser de nous, déclara Shadow. Mais nous n'avons pas le choix, je suppose.
Le général sourit de toutes ses dents :
- Parfait, dit-il avec satisfaction. Vous avez fait un choix raisonnable. Je vous remets donc en cellule pour l'instant, et on ira ce soir vous chercher. Je vous donnerai moi-même les instructions.
Il appela alors un sergent qui eut pour mission de les ramener en cellule, avec une escorte d'hommes.
- Et enfermez le hérisson noir dans la cellule la mieux gardée, dit le général.

Fin du Quatrième chapitre.

Merci beaucoup à vous trois ! Voilà le chapitre suivant.

Cinquième chapitre : Floues réalités

Shadow se réveilla en sursaut. Le vacarme des barreaux de métal de sa cellule l'avait tiré de son sommeil, où il s'était glissé sans même s'en rendre compte. Les humains avaient déjà libéré Mina, et la traînaient déjà avec eux lorsqu'ils vinrent libérer Shadow à son tour. Ils avaient jugé prudent d'enfermer les espions dans deux cellules différentes. Le hérisson noir s'essaya pas de s'enfuir une deuxième fois, peut-être parce que cette fois ils pourraient bien le payer de leur vie. Et même si mourir lui était plutôt égal, il ne voulait pas que Mina, sans doute fortement attachée à la vie, paie pour ses erreurs.
Les gardes les emmenèrent à travers salles et couloirs inquiétants, baignés en grande partie de ténèbres. Les armes des hommes, braquées sur eux en permanence, leur empêchait le moindre faux mouvement. Shadow et Mina étaient presque soulagés lorsqu'ils arrivèrent dans une pièce éclairée où les attendait le général Kawari, avec quelques uns de ses scientifiques.
- Bienvenue, Black Spies, fit le général avec un mince sourire rentré.
Le général eut le droit à un regard assassin de la part de Shadow, tandis que les scientifiques se rapprochaient d'eux avec des puces électroniques minuscules. Les deux espions n'eurent d'autre choix que de se laisser faire lorsqu'ils les leur implantèrent dans le bras, en raison de toutes les armes braquées sur eux.
- Ces puces, informa Kawari, nous permettront bien évidemment de vous surveiller, mais elles font encore plus que ça. Voyez-vous, grâce à elles, nous pourrons regarder votre progression, et si vous vous éloignez trop de là où vous devez aller, il existe une jolie petite machine, derrière moi, qui possède un bouton, sur lequel il nous suffirait d'appuyer pour vous verser dans le sang une goutte de poison. Nous n'avons créé aucun antidote, et vous êtes certains de mourir lentement et dans les pires souffrances.
Il ricana méchamment, avant d'ajouter :
- Et si vous essayez de les enlever -ce qui est de toute façon impossible, le poison se versera automatiquement dans votre corps. Maintenant que vous êtes au courant de ça, nous pouvons vous laisser partir. Dark Towers se trouve à l'Est, comme je vous l'ai déjà dit, et à environ deux kilomètres.
- Et qu'est-ce qui nous dit que notre chef n'est pas déjà mort ? grogna Shadow avec toute la haine qu'il pouvait extérioriser.
- Si vous voulez on va le voir, ricana le général. Ca sera la dernière chose que je vous permettrait de faire avant votre départ.
Toujours entourés des gardes, Shadow et Mina repartir par la porte où ils étaient entrés. Ils passèrent entre temps devant la cellule d'Eggman, qu'ils eurent le temps de voir et en effet vivant, assis contre le mur de sa cellule, songeur.
Une fois dehors, le hérisson noir s'en alla aux côtés de son associée à travers Black City, en direction de l'Est. Arrivés à la forêt, ils tendirent l'oreille un moment, avant de s'élancer entre les arbres, à une vitesse impressionnante. Shadow voyait défiler les arbres et les feuilles à ses côtés, les feuillages semblaient lui passer au travers, comme si rapide qu'il n'existait pas. Le vent n'était, étrangement, pas présent pour une soirée d'automne. Sous le ciel orné de vagues lueurs pâles, les deux voleurs filaient comme des faucons en direction de Dark Towers.

Ils ne mirent ainsi que très peu de temps pour arriver à destination. Ils restèrent cachés sous les arbres, en observant devant eux un immense bâtiment qui marquait l'une des limites de la ville de Dark Towers.
- Voici la centrale, déclara Shadow. Il va à présent falloir redoubler de vigilance.
- Comment va-t-on s'y prendre ? demanda Mina.
Shadow plongea dans ses pensées, comme il avait bien l'habitude de le faire.
- Il va falloir faire vite, finit-il seulement par dire. On court, on grimpe sur le toit directement grâce à notre vitesse, et on s'arrange pour rentrer. Tant pis si l'on fait du bruit, on n'a pas le temps d'étudier le bâtiment, et ni les moyens, d'ailleurs.
Mina regarda le bâtiment, peu confiante. Puis elle dit :
- Je suppose que nous n'avons pas le choix.
- Prête ?
- Prête.
Ce signal seul leur suffit pour qu'ils s'élancent à toute vitesse en direction du mur dressé devant eux. Bien des armes automatiques sortirent des parois du bâtiment et firent feu, mais les balles avaient au moins une seconde de retard sur le passage de leurs cibles. Shadow et Mina furent rapidement parvenus sur le toit, sur lequel arrivèrent bientôt des robots armés, destinés à leur barrer la route. Les deux espions n'eurent aucun mal à se débarrasser d'eux, et ils filèrent bien vite à l'intérieur de la centrale, par la trappe que les robots avaient ouverte pour les rejoindre.
Shadow et Mina aboutirent dans une salle qui paraissait plutôt grande ; mais ils ne pouvaient s'en assurer vraiment en raison des ténèbres dont elle était baignée. Mise à part Shadow, qui ne semblait nullement gêné par l'obscurité. Il avait déjà repéré plusieurs portes, mais il pensait -sans même savoir pourquoi- que ces issues ne les mèneraient qu'à leur perte. Soudainement, il eut l'idée de regarder le plafond. Et là, en appuyant son regard, il finit par détecter l'entrée d'un conduit d'aération, vieux et dépourvu de grille, et dont l'entrée était juste assez vaste pour qu'ils s'y engouffrent sans grand mal.
- Il y a un conduit d'aération en haut, souffla le hérisson noir.
- Hein ? fit sa complice en scrutant le plafond. Mais... je ne vois rien.
- Vraiment ? Eh bien pourtant il y a bien une entrée là-haut. Suis moi.
Shadow la guida jusque sous le conduit, il sauta sur le mur puis disparut dans le conduit :
- Woah ! Comment as-tu fait pour voir ça ? demanda Mina, impressionnée.
Puis, sans attendre de réponse, elle suivit le mouvement, et se retrouva rapidement avec Shadow à progresser dans le conduit.
- C'est l'endroit le plus sûr pour ne pas se faire repérer, dit Shadow à Mina, tandis qu'ils rampaient dans le conduit maintenant à l'horizontal.
Ils essayèrent de faire moins de bruit lorsqu'ils passèrent au-dessus d'une pièce, où les voix de deux hommes, du moins si c'en était, parvinrent à leurs oreilles :
- Deux agents ? Ce doit être le général de Black City qui nous les envoie. On en aura vite fini.
- Devons nous faire appel aux autres robots ?
- Il vaut mieux, oui. Mais faites attention dans votre choix, la plupart sont devenus complètement fous...
- Bien.
- Et doublez la garde des sous-sols, ils vont sûrement vouloir faire sauter le générateur. Mais nos pièges risqueront de nous être utiles, comme à chaque fois...
- À vos ordres, sergent.
Le regard de Shadow s'assombrit. Des robots. C'étaient eux qui tuaient les espions de Black City à chaque fois. Sans un bruit, il continua sa route, suivi de son alliée.
Ils ne purent descendre du conduit qu'une trentaine de mètres plus loin. Ils descendirent sans un bruit du plafond, atterrissant légèrement sur le sol, et regardèrent tout autour d'eux. Ils avaient abouti dans une autre salle très vaste et plutôt vide, où seules quelques machines apparemment hors de fonctionnement et reposant sous un voile de toiles d'araignées compatissaient à remplir au mieux l'espace.
- Shadow, souffla Mina. Peut-être est-ce l'obscurité qui me joue des tours, mais... je crois voir un couloir, par là...
Shadow suivit son regard et repéra immédiatement la vaste voûte servant de sortie et peu accueillante, mais qui à elle seule leur faisait office d'issue.
- Tes yeux ne t'ont pas trompée, répondit Shadow. Allons-y, c'est notre seule issue. J'espère seulement qu'elle peut mener aux sous-sols.
Mina suivit Shadow sans broncher jusqu'à l'entrée du couloir. Celui-ci s'enfonçait un peu entre deux murs droit devant eux, avant d'effectuer un tournant un peu plus loin. Shadow posa sa main sur le manche de son sabre foudroyant, dont la lame absente dormait encore. Mina se rapprocha du hérisson noir, peu rassurée, tandis qu'ils entreprenaient de s'avancer dans le sombre tunnel.

Mina restait collée à Shadow, qui ne s'occupait absolument pas d'elle, mais qui n'était pas rassuré pour autant. Seuls le bruit de leurs pas, déjà quasiment inaudibles, et celui de l'eau qui gouttait de quelque dalle au plafond, parvenaient à leurs oreilles. Plus ils avançaient, plus le froid se faisait sentir. Bientôt, leur souffle se mit à se changer en un petits nuages de buée.
- Ce froid... souffla Mina en grelottant.
- Il vient peut-être des sous-sols, suggéra Shadow.
Il voulait y croire, mais n'en était pas certain : dans une base aussi grande, il y avait peu de chances de trouver le bon chemin du premier coup. Mais pour les deux espions, réussir leur mission était le moindre qu'ils pouvaient espérer, malgré leur confusion et leur inquiétude, mêlée à tous les événements étranges qu'il advenait sur Terre.
Soudain, Shadow se stoppa net. Mina leva vers lui des yeux étonnés :
- Qu'est-ce qui t'arrive ?
- ...
Shadow avait à un moment juré ressentir une vibration émanant du sol. Mais bien vite, il se fit à l'idée qu'il avait rêvé :
- Ce n'est rien, allons-y.
Mina n'osa rien lui demander d'autre et recommença à marcher avec lui. Mais ils n'avaient pas fait deux pas que Shadow marcha sur une dalle qui s'enfonça sous son pied :
- Que...
Aussitôt, une vaste trappe s'ouvrit juste sous leurs pieds, soulevant pierres et poussière. Shadow sauta à temps en avant, mais dût rattrapper Mina qui n'avait pas réagi assez vite. Il l'aida à se hisser de l'autre côté du gouffre, et déclara :
- Maintenant, on est repérés, c'est sûr. Hâtons-nous !
Shadow n'avait pas lâché le bras de Mina lorsqu'il l'entraîna avec lui dans sa course, car courir était maintenant leur dernière issue ; ils ne pouvaient plus repartir en arrière. À chaque pas frôlant le sol, Mina craignait que ne se referment sur eux d'autres pièges. Et elle n'avait pas tort de s'inquiéter : car l'alarme silencieuse, qui avait été déclenchée en même temps que la trappe où Mina avait failli tomber, commençait à déclencher sur leur chemin petits canons sur les murs, lanceurs de fléchettes, pas assez rapides pour la vitesse à laquelle filaient les deux voleurs. Soudain, le sol qui descendait progressivement se gela peu à peu ; Shadow ne fut nullement pas gêné car ses pieds ne touchaient pas le sol mais Mina, toujours maladroite dans sa course, commença à chanceler et à glisser :
- Shadow, ralentis ! Le sol glisse !
Une brume glacée s'éleva dans le couloir et en masqua l'extrémité. Ce pourquoi Shadow n'eut pas le temps de ralentir lorsqu'un mur se dressa droit devant eux, car le couloir effectuait un tournant perpendiculaire à la galerie où ils se trouvaient. Shadow s'arrêta mais il glissa tout en se tournant vers la suite du couloir, et son épaule s'éclata contre la paroi du brusque virage. Il ignora tout de suite la douleur et repartit dans l'immédiat.
- Shadow ! Tu vas trop vite ! s'exclama Mina.
Le hérisson noir freina soudain et fit gicler devant lui des morceaux de givre, qui atterrirent dans un grand trou rempli d'eau. Il se dressait maintenant devant les deux voleurs en une grande cuve qui remplissait toute la largeur de la salle, empêchant ainsi aux intrus de contourner le bassin. Et, de l'autre côté de ce dernier, une porte en métal les empêchait d'aller plus loin, si toutefois ils trouvaient comment passer.
- Le tunnel descendait, dit Shadow. Par la porte d'en face, on atteindra certainement les sous-sols.
- Heureusement que tu as freiné à temps, fit Mina. Sinon on serait en train de faire trempette.
- Alors il faut trouver un moyen de traverser sans faire trempette.
- Tu penses qu'on pourrait sauter par-dessus ?
- Je n'en sais rien. Je préfère ne rien tenter tant que je ne serais pas sûr de la manière dont on va s'y prendre.
- Tu as sûrement raison. Je me demande quel sorte de piège dissimule toute cette eau.
- On peut voir ça tout de suite, si tu veux.
Sur ce, il sortit son katana et en fit jaillir la lame électrique ; avec laquelle il frappa le mur à côté de lui, faisant partir en l'air quelques morceaux de pierre. Il rattrapa l'un d'eux, et le lança dans l'eau de la fosse.

Dans une brève éclaboussure, le morceau de pierre commença à couler. Shadow et Mina restèrent immobile, et, à peine deux secondes après que la dalle eut pénétré dans l'eau, un éclair luisant trancha le bassin de toutes parts dans une grande explosion électrique, qui inonda la grande salle de lumière dans un vacarme foudroyant, les ondes de choc ébouriffèrent pendant quelques secondes cheveux et piques des deux voleurs. Mina était interdite. Shadow avait gardé son air sérieux.
- Bien, ça confirme ce que je pensais, déclara le hérisson noir. L'eau reçoit des décharges électriques à chaque fois qu'un intrus y reste plus de deux secondes.
- Oh là là... gémit Mina. Comment va-t-on faire pour...
- Moi, je peux passer en courant sur les murs, déclara Shadow. Mais je pense que la bassin est trop long pour que tu puisses sauter par-dessus. Et puis le couloir glissant ne sera pas idéal pour que tu prennes ton élan. Il va falloir te trouver une autre méthode.
- Je peux peut-être m'accrocher au mur, moi aussi, dit Mina. Les mangoustes sont les reines de l'escalade.
- D'accord, essayes, si tu es sûre de toi. Mais sois prudente.
Mina approuva d'un signe de tête et s'accrocha au mur. Elle commença à se déplacer vers l'autre côté du bassin. En effet, elle était habile à l'escalade. Shadow fut presque soulagé lorsqu'elle posa les pieds de l'autre côté de l'eau :
- À toi ! fit-elle.
Shadow sauta sur le mur et commença à courir dessus, très vite. Il rejoignit Mina en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire :
- Bon. Maintenant, dit-il, essayons de détruire cette porte.
Shadow s'avança vers la porte et la frappa à trois reprises pour qu'elle cède. Mais lorsqu'elle s'effondra sur le sol, une autre alarme se déclencha et fit trembler les murs :
- Shadow ! s'écria Mina. Le niveau de l'eau monte !
Serrant les dents, Shadow se retourna et put constater en regardant le bassin que son alliée disait vrai.
- Vite, il faut partir ! fit Shadow.
Il attrappa le bras de Mina et s'élança dans la porte.

Aussitôt, les deux alliés durent faire face à une pente ardue et descendante, givrée comme les autres couloirs, et qui elle seule leur faisait office d'issue. Sans perdre plus de temps car l'eau derrière eux arrivait, ils s'élancèrent sur la pente gelée.
Sans risquer de courir, ils se laissèrent glisser à une grande vitesse sur la pente. Il fit de plus en plus froid, mais Shadow et Mina étaient trop alertés pour s'en préoccuper. Lorsque l'eau, à son tour, se mit à glisser sur la pente, elle alla à une vitesse supérieure à celle des deux voleurs :
- ( Mince ! On a perdu trop de temps, là-haut ! ) pensa Shadow, peu rassuré.
Heureusement, une porte automatique s'ouvrit tout en bas de la pente, laissant passer Shadow et Mina qui s'effondrèrent lamentablement au sol, puis la porte se referma pour bloquer l'eau.
Shadow se releva sur-le-champ en grinçant des dents, et contempla, à vingt mètres environ, l'immense générateur de la base. Ca y est, ils étaient parvenus aux sous-sols. Mais leur mission n'était pas encore gagnée : bientôt, une vingtaine de robots robustes s'avancèrent vers eux pour les éliminer. Et Shadow ne voyait qu'une issue dans ce piège : un autre conduit dans le plafond, qui semblait directement déboucher sur le toit.
Shadow ne vit pas venir un coup qui le renversa. Écumant de rage, il se releva aussitôt, et contempla Mina allongée sur le sol. Elle était immobile et glacée. Une coulée de sang venait de son ventre.
Le hérisson noir se redressa, soudainement animé par toute la colère qu'il gardait en lui. Il se jeta sur les machines pour les détruire. Mais sa hâte et son manque de concentration lui coûta de se faire frapper encore une fois, en pleine poitrine. Shadow vacilla un instant, yeux grands ouverts, puis s'effondra sur le sol tandis que tout se faisait flou autour de lui. D'étranges voix se mirent à résonner dans sa tête, un rire glacial s'éleva dans son esprit en même temps que deux yeux rouge sang terrifiants s'y allumaient, puis le noir s'empara de lui.

C'est seulement alors qu'il rouvrit les yeux, et réalisa qu'il était toujours allongé dans sa cellule, à Black City.

Fin du Cinquième chapitre.

Je vous remercie beaucoup pour vos encouragements !
Je vous envoierai la suite dès que possible, mais comme je suis plutôt occupée, je ne peux pas vraiment vous garantir quand.

Merci encore !

Sixième chapitre : La base

Cela faisait maintenant une dizaine de minutes que Shadow, assis dans sa cellule glacée, réfléchissait ardemment pour tenter de se remémorer tout ce qui c'était passé. Il y avait eu cette base, ces pièges, et le vent qui n'était pas là... Avait-ce été un rêve ? Shadow l'aurait bien préféré plutôt que ce fut la réalité, car il avait échoué dans sa mission. Et à présent, il était de retour à Black City, vaste ville au bord de la mer, et d'une plaine immense qui s'étendait jusqu'à l'horizon.
C'est alors que des pas se firent entendre, et les gardes arrivèrent auprès de la cellule de Shadow. Et celui-ci ouvrit de grands yeux en voyant que parmi eux se débattait en vain sa jeune alliée. Il en était certain maintenant : il avait rêvé. Mais tout se passa exactement comme dans ce rêve : il se fit emmener dans le même couloir, la même salle que la dernière fois. Tout se passa exactement comme dans ses souvenirs : les puces, les avertissements, et Eggman, assis contre le mur de sa cellule. Puis on l'amena dehors avec son alliée, et ils s'en allèrent à travers la ville, comme la dernière fois. Shadow essaya de se comporter à peu près comme il l'avait fait dans son étrange rêve. Puis, lorsque lui et Mina se furent arrêtés devant la forêt, et qu'ils virent devant eux s'étendre les arbres, il se stoppa. Il leva la tête et huma l'air du soir : le vent froid soufflait parmi les feuillages, il secouait les piques du hérisson avant de repartir vers le ciel en tourbillonnant à travers les nuages. Mina s'était arrêtée elle aussi, et interrogeait son allié du regard :
- Shadow ? Est-ce que ça va ?
- Je... je crois, oui.
- Tu me parais songeur. J'espère que tu n'envisages pas un autre plan pour nous enfuir ?
- Non, pas du tout.
- Alors dis-moi ce qu'il y a ? Si on ne se dépêche pas, le général Kawari risque de s'énerver et de nous tuer grâce à ces satanées puces !
- Tu n'y penses pas ? Tous ses espions ont échoué, on est ses derniers espoirs pour sauver Black City.
- Alors tu peux me dire ce qui te tracasse, avant que le jour ne se lève ?
Shadow soupira et commença à s'avancer dans la forêt. Mina le suivit et se rangea à côté de lui, curieuse de ce qu'il allait lui raconter.
- J'ai eu une vision.
Mina afficha un air étonné :
- Une... vision ? Comment cela ?
- J'ai vu ce qui allait nous arriver lors de notre mission dans la base de Dark Towers.
- Je... peine à y croire, avoua Mina, un peu perdue.
- Je m'en doutais. C'est pour ça que je ne voulais pas en parler.
- ...
- Le vent se lève. Viens, il faut se dépêcher.
Shadow se lança à sa vitesse vertigineuse au-travers des arbres, rapidement rejoint par Mina. Lorsqu'ils parvinrent à la base, ils demeurèrent pour le moment cachés dans les buissons à l'orée du bois.
- Je peux te prouver que j'ai tout vu, déclara Shadow. Alors écoutes bien : on va s'élancer sur le mur de la base, grâce à notre vitesse, et sur le toit nous attendront des robots. Et fais attention au mur, des armes s'y cachent.
- D'accord, dit Mina avec un sourire de défi. Je vais bien voir si tu mérites que je te fasse confiance.
Shadow ne répondit rien et s'élança sur la base, en même temps que son alliée. Comme prévu, bien des armes sortirent du mur pour leur tirer dessus, mais en vain. Une fois parvenus sur le toit, ce qui fut très rapide, ils combattirent et détruirent les robots venus pour les défendre d'accomplir leur travail, et, une fois qu'il n'y eut plus personne pour leur en empêcher, Shadow et Mina descendirent par la trappe et aboutirent dans une pièce sombre.
Tout était semblable que dans le rêve de Shadow. Il releva la tête vers le toit et vit le conduit d'aération, qu'il avait auparavant repéré à l'aide d'un étrange frisson.
- Il y a un conduit là-haut, dit le hérisson noir à son alliée. C'est par là qu'on va aller.
Mina ne rétorqua rien, car elle avait été obligée d'admettre que Shadow avait eu raison. Mais pourtant, elle avait encore du mal à croire à une vision de la part du hérisson noir. Cependant, ce dernier doutait lui aussi encore et préférait tout de même rester sur ses gardes.
Comme dans le rêve de Shadow, ils progressèrent dans le conduit d'aération, et, en passant au-dessus d'une salle, ils entendirent deux voix dialoguant :
- Deux agents ? Ce doit être le général de Black City qui nous les envoie. On en aura vite fini.
- Devons-nous faire appel aux autres robots ?
- Il vaut mieux, oui... Mais faites attention dans votre choix, la plupart sont devenus complètement fous...
- Bien.
- Et doublez la garde des sous-sols, ils vont sûrement vouloir faire sauter le générateur. Mais nos pièges risqueront de nous être utiles, comme à chaque fois...
- À vos ordres, sergent.
Shadow fronça les sourcils et continua à avancer. Lorsque lui et Mina parvinrent dans l'autre salle, ils atterrirent agilement sur le sol ; et Shadow put voir comme dans son rêve les machines désaffectées couvertes de poussière et de toiles d'araignées.
- Exactement comme dans ce que j'ai vu cette nuit... murmura-t-il, pensif. Il faut qu'on passe par notre seule issue à présent, c'est-à-dire ce couloir, continua-t-il à haute voix en désignant le tunnel sans même le regarder.
Mina commença à croire de plus en plus à la prétendue "vision" du hérisson noir :
- Alors... souffla-t-elle. C'est bien vrai que tu as eu une vision...
- On dirait bien, répondit Shadow en inspectant l'entrée du couloir dont il s'était rapproché.
Mina se rapprocha de lui, peu rassurée :
- Alors... c'est dangereux, là-dedans ?
- Pour être franc, oui. Mais il ne nous arrivera rien si tu fais ce que je te dis. D'accord ?
- ... Oui, d'accord...
Ils s'engagèrent alors dans le tunnel. Au bout d'un moment de silence tendu, seulement brisé par le bruit de leurs pas et de l'eau gouttant du plafond, Shadow ressentit la même vibration, en plus fort, que dans son rêve. Aussitôt il se stoppa et riva ses yeux sur le sol. Presque invisible, la dalle piégée n'était reconnaissable que par sa teinture légèrement plus claire, que dans les ténèbres il était quasi-impossible de détecter. Shadow prit alors bien garde de ne pas marcher dessus ; Mina l'évita également en ravalant sa salive puis ils continuèrent leur route.
Ils purent marcher sans ne rien craindre ensuite, car ils n'avaient pas enclenché la première alarme, celle de la dalle claire. Ils purent donc progresser sur le sol qui se givra progressivement, en rendant l'air glacial. Pour des humains, il était sans doute impossible de ne pas en succomber. Puis ils arrivèrent au virage brusque, où Shadow ne put s'empêcher de jeter un oeil : le souvenir de cette douleur aiguë, qu'il avait malgré tout ressentie dans sa vision -à son plus grand étonnement- lui revenait en mémoire, et il serra les dents. Mina avançait toujours derrière lui, en redoublant à chaque pas de prudence.

Ils ne tardèrent pas arriver à la salle qui était sensée leur donner du fil à retordre. Un bassin immense y avait été creusé, et l'eau électrifiée y reposait tranquillement. Une porte de métal se dressait sur le mur d'en face.
- À présent, écoutes-moi bien Mina, dit Shadow. Ce bassin contient de l'eau électrifiée : si on y reste plus de deux secondes environ, on est morts. Alors il faut à tout prix réussir à passer de l'autre côté sans la toucher. Tu devrais pouvoir t'accrocher au mur pour passer. Ensuite, attends-moi près de la porte, mais surtout ne l'ouvres pas. Ca déclencherait une alarme.
- Ce que tu me dis ne me rassure pas, dit Mina, mais j'ai compris. J'y vais.
Sur ce, elle s'accrocha au mur et progressa vers l'autre côté du bassin. Elle resta concentrée, et parvint sans grand-mal à passer. Une fois qu'elle fut descendue du mur, à proximité de la porte, Shadow commença à s'avancer également vers le mur. Mais alors qu'il allait s'y lancer, il eut soudain une idée : il attrapa le manche de son katana, en fit jaillir la lame d'éclairs et frappa le mur derrière lui. Il fit ainsi voler des morceaux de dalles, dont il en rattrapa un en plein vol. Mina se demandait bien à quoi allait servir ce morceau de pierre.
Shadow s'élança alors sur le mur et rejoignit son alliée en un rien de temps. Celle-ci l'interrogeait du regard.
- Je t'explique la suite, dit le hérisson noir. Derrière la porte en métal, il y a une autre galerie qui descend à pic, et qui est également givrée. On pourra glisser dessus jusqu'en bas. Lorsqu'on fera s'effondrer la porte en métal, le niveau de l'eau va monter. C'est à ce moment-là, sans perdre de temps, qu'il nous faudra descendre dans le tunnel. Nous aboutirons dans une salle où se trouve le générateur, gardé par des robots. Une porte, à l'issue du tunnel, est sensée se fermer après notre passage afin de bloquer l'eau ; mais avec cette dalle, je vais pouvoir empêcher ça. L'eau électrifiée va détruire le générateur.
Mina regarda le morceau de pierre dans la main de Shadow, puis le regarda lui et déclara :
- J'ai compris, je suis prête.
Shadow était étonné d'une telle détermination de la part de son amie. Attendant son accord, il s'avança vers la porte et, la frappant à trois reprises, celle-ci s'effondra.
Comme l'avait prédit Shadow, une alarme se déclencha et le niveau de l'eau commença à monter : sauf que cette fois, les deux alliés étaient déjà dans le tunnel, et avaient un train d'avance sur l'eau électrifiée.
Ils parvinrent vite en bas. Mina roula au sol à l'issue du tunnel et se remit directement sur pied, arme à la main. Elle fut d'abord impressionnée par la taille et le nombre des robots, mais son courage reprit le dessus : elle commença alors à attaquer les machines, avec habileté.
De son côté, Shadow avait saisi la pierre qu'il avait ôtée de son mur et la plaça entre les deux parois de la porte coulissante, avant que celle-ci ne se ferme. La porte força sur la pierre mais celle-ci tint bon : puis l'eau à qui on avait laissé libre passage commença à s'écouler dans la salle de plus en plus vite :
- Mina ! Il faut partir ! cria Shadow.
Mina abaissa son arme, évita encore deux balles et rejoignit Shadow, qui venait de tirer son grappin dont il s'était emparé sur le conduit d'aération, au plafond, qu'il avait repéré dans sa vision. Il attrapa Mina et se laissa porter jusqu'en haut ; il décrocha la grille du conduit dans lequel lui et son alliée s'engagèrent aussitôt après. Ils entamèrent une escalade hâtive pour parvenir jusqu'au toit. Mais, conscient qu'ils n'en auraient jamais le temps avant que le générateur n'explose, Shadow tira son grappin jusqu'au sommet du conduit, puis il attrapa la main de Mina et se laissa porter avec elle, à toute vitesse, jusqu'au sommet de la base.

Pendant leur trajet rapide, l'eau électrique dans la salle du générateur commença à atteindre les robots qui explosèrent les uns après les autres. Finalement l'eau atteignit également le générateur qui commença à vibrer, puis à exploser, entraînant dans ses flammes les sous-sols. Mais les flammes mêlées aux cendres et gaz grimpèrent avec puissance dans le conduit. Lorsque Mina s'en rendit compte, elle poussa un cri de stupeur. Mais l'extrémité du conduit leur arriva, et Shadow put détruire la grille qui s'y trouvait. Il aida Mina à sortir du conduit, puis tous deux coururent sur le toit en direction de la forêt, tandis que le vent de la nuit les parcourait de son haleine glaciale, et que les flammes derrière eux jaillissaient du conduit d'aération, en faisant s'ébranler dans un grand fracas la base toute entière. Le vide se dressa devant eux, tandis que derrière eux, les flammes les rattrapaient. Alors Shadow tira son grappin sur une branche d'arbre très haute, attrapa Mina, et bondit du toit de la base.

Dans leur dos, la base se faisait engloutir par les flammes. Bien agrippés l'un à l'autre, Shadow et Mina se laissaient porter jusqu'à la branche où le grappin s'était accroché. Mais soudainement, la machine se bloqua : les deux alliés s'arrêtèrent en plein vol, avant de retomber vers le sol. Mina poussa un hurlement qui fut à moitié étouffé par le vacarme des explosions de la centrale. Mais le grappin, bloqué, les retint alors qu'ils se trouvaient à une dizaine de mètres du sol. Shadow avait son bras droit occupé par le grappin, tandis que de l'autre, il tenait Mina. Alors, essoufflés et épuisés, ils contemplèrent le spectacle de la base de Dark Towers qui implosait, dans des volées de flammes et de cendres qui partaient vers le ciel en un grand nuage noir.

Fin du Sixième chapitre.

Merci à vous trois ! Voilà le septième chapitre. Au fait, il y en a 38 en tout.

Septième chapitre : Un enfant parmi les ruines

- Eh bien ! s'exclama Mina. On peut dire qu'on l'a échappée belle !
Shadow et Mina s'enfonçaient dans la forêt en direction de Black City, après le succès de leur mission. Shadow bricolait son engin à grappin attaché à son bras droit, depuis qu'il s'était bloqué lors de leur escapade pour s'enfuir de la base où ils avaient mis le feu.
- Dis, demanda Mina en constatant que le hérisson noir ne se résignait à prononcer mot, tu crois que le général Kawari va nous libérer lorsqu'on rentrera ?
- Je n'en suis pas convaincu, déclara Shadow. Cet homme ferait n'importe quoi pour nous tuer, ne l'oublie pas.
- D'accord.
- Il nous faudra rester sur nos gardes. Mais n'oublions pas, non plus, que ces puces que ces satanés humains nous ont implantées sont capables de nous tuer à n'importe quel moment.
Ils marchèrent ensuite dans un silence, seulement brisé par le souffle du vent, ou par les feuilles ou les brindilles craquant leurs pieds. Puis, une fois sortis de la forêt, ils trouvèrent que les immeubles devant eux étaient baigné d'un bien trop profond silence. Mais lorsqu'ils grimpèrent au sommet d'un très haut bâtiment, ils eurent le souffle coupé.
Il ne restait de la partie nord de Black City qu'un tas de bâtiments à moitié détruits, et noircis comme par des flammes atteignant ainsi presque l'état de cendres.
- C'était prévu, dans ta vision, ça ?... demanda Mina, tremblante.
- Non, répondit Shadow après quelques hésitations. Mon rêve s'est arrêté à l'intérieur de la base de Dark Towers, je ne savais aucunement que Black City allait...
- Et le pire, c'est que ce n'est pas un rêve, cette fois... je te le garantis...
Afin de s'en garantir lui-même, Shadow réfléchit un instant, essaya de se calmer, rouvrit les yeux sur la ville : mais rien. Les immeubles presque effondrés restaient immobiles sous le ciel noir comme la suie qui avait recouvert les routes.
Mais la partie plus éloignée de la ville, qui s'étendait très loin au sud et à l'ouest le long de la mer, semblait ne pas avoir été frappée par le cataclysme dont Shadow et Mina ignoraient encore l'origine. Peut-être quelques humains survivants s'étaient-ils réfugiés là-bas. Puis les deux voleurs restèrent un moment immobiles, regardant d'un air songeur la partie de Black City détruite, le vent soufflait fort et les frappait des cendres qu'il soulevait. Au bout d'un moment, Mina songea soudain aux puces qui demeuraient sagement dans leur bras, elle se tourna alors vers Shadow :
- Dis, on devrait retrouver la machine du général Kawari, pour se débarrasser de ces puces.
Shadow approuva et ils s'aventurèrent à travers les ruines, en direction du quartier général des Forces Armées.
Ce dernier aussi était à première vue détruit, et lorsqu'ils rentrèrent, des cadavres jonchaient le sol et reposaient près des murs, parfois dans des bains de sang, ou dans la plus noble attitude.
- Quelle horreur... murmura Mina.
Shadow ignora les morts et poursuivit sa route en direction des sous-sols, bientôt suivi par son alliée.
Le bâtiment avait beau être à moitié détruit, certaines salles restaient abritées, car le toit avait tenu en partie. Le quartier général des Forces Armées avait comme été mordu par une mâchoire énorme sur son angle pointant au nord. Lorsque Shadow et Mina atteignirent les sous-sols, ils découvrirent que la machine qui contrôlait les puces étaient en miette.
- On peut les retirer, dit Shadow. Elles sont hors d'état de nuire.
Mais leur tâche ne fut pas facile, car elles étaient profondément enfoncées. Après quelques minutes d'affrontement avec les minuscules engins, ils parvinrent enfin à les faire sortir :
- Bon, ça c'est fait, fit Shadow. Maintenant, le boss ??

D'un coup de pied puissant, Shadow défonça la porte de métal de la cellule de son boss. Mais elle était vide. La cellule était parsemée de trous dans le plafond et dans le sol, des morceaux des murs jonchaient le sol de part et d'autre. Il n'y avait plus la moindre trace d'Eggman.
- On s'est peut-être trompés de cellule ? dit Mina.
- Non, impossible, je reconnais l'endroit, dit Shadow. Je l'ai revu deux fois.
Il s'avança sur un morceau de sol qui tenait encore, et regarda dans les moindres recoins la petite cellule :
- En tout cas, dit-il, une chose est sûre : le boss n'est plus là, alors soit il s'est enfui soit il fit partie des victimes du massacre.
Shadow baissa la tête, ferma les yeux et réfléchit un instant. Mais ses pensées étaient toutes brouillées dans sa tête, il n'arrivait pas à se concentrer. Mina s'en était bien rendue compte, elle lui souffla :
- Arrêtes, tu te fais du mal. Si nous allions trouver un endroit pour nous reposer ? Je suis épuisée, et certaine que toi aussi.
Shadow revint sur Terre, un peu à contrecoeur, mais il s'investit ensuite sans broncher pour trouver un endroit où dormir.
La salle la plus chaude qu'ils trouvèrent fut un grand salon aux parois de fer qui avait tenu bon en grande partie. Les deux espions s'y endormirent bien vite.

Le hérisson noir se réveilla en sursaut. Combien de temps avait-il dormi, il ignorait, mais Mina était toujours à ses côtés et profondément endormie. Il la regarda un instant, avant de laisser basculer sa tête en arrière, elle toucha alors le mur juste derrière lui. Il se demandait bien si il trouverait réponse à ses questions, si lui et Mina trouveraient que faire sur cette planète où ils n'avaient pas leur place. Mais ils étaient dans l'incapabilité de partir sur Mobius, faute d'avoir un vaisseau assez puissant pour. Mais, pour l'heure, il leur fallait déjà découvrir comment est-ce que la ville avait bien pu être détruite, en si peu de temps, et sans qu'ils n'en sachent rien. Tant de questions trottaient dans sa tête, il ne savait pas par laquelle commencer. Seule l'une d'entre elles le perturbait vraiment. C'était celle au sujet de sa vision. Était-elle liée à ses pouvoirs de Forme de vie Ultime ? Il en doutait. Car jamais auparavant ces rêves n'étaient arrivés.
Soudain, il entendit un bruit sourd qui le surprit. Il tourna la tête vers le mur où une autre porte délabrée donnait sur une pièce sombre. Trop épuisé peut-être, il ne l'avait pas remarquée avant de sombrer dans le sommeil. C'était de là qu'était venu le bruit, il en était certain. Alors, il se leva, et non sans s'assurer que Mina dormait toujours, il s'avança vers la porte. Il en passa d'abord la tête dans l'encadrement, afin de regarder à l'intérieur. Elle était vraiment sombre, mais il y voyait, et y sentait. Sur les murs abîmés pendaient des morceaux de tapisserie brûlés, les meubles étaient renversés, et une odeur de souffre s'y élevait encore plus que dans les autres salles. Shadow posa sa main sur le manche de son katana de foudre et s'avança prudemment à l'intérieur de la pièce.
Près des murs ou étendus devant lui, il voyait d'autres cadavres ; hommes en uniformes, hauts fonctionnaires ou même jeune enfants. Peut-être étaient-ils formés dans cette base. Shadow ôta bien vite son regard de leurs corps inanimés pour scruter l'extrémité de la salle. Et là, dans un peu de lumière donné par la lune à travers une fenêtre brisée, un jeune homme était assis contre le mur. Il tremblait à vue d'oeil, et respirait bruyamment. Ses cheveux bruns-doré étaient couverts de cendres et de poussière, ses vêtements étaient à moitié déchirés, et parsemées de taches de sang. Il semblait proche de la mort. Surpris, Shadow s'avança vers lui. Lorsque le jeune homme l'entendit, il releva la tête brusquement, et distingua la silhouette du hérisson noir se mouvant dans les ténèbres, il s'écria alors :
- Ne m'approchez pas ! Partez ! Allez vous-en !! Ne me dévorez pas !!
Shadow comprit que le jeune garçon ne pouvait savoir qui se trouvait devant lui. On le voyait à ses yeux bruns qui tremblait d'effroi. Shadow s'avança alors dans la lumière et s'agenouilla devant lui :
- Calmes-toi, ça ne sert à rien de t'agiter, dit le hérisson noir d'une voix très calme. Je ne te veux aucun mal.
Le jeune garçon cessa de crier mais n'était pas plus rassuré pour autant :
- Qui êtes-vous ? Un mobien ? Que les mobiens se trouvent sur Terre n'est pas normal !
- Dorénavant, tu considéreras que ça l'est. Maintenant, dis-moi ce qui s'est passé ici. Nous avons quitté cette base lors d'une mission et lors de notre retour, Black City était en partie détruite.
- Je n'ai plus confiance en personne ! En plus vous n'êtes pas seul ? Qu'est-ce qui me dit qu'en réalité, vous ne voulez pas ma mort ?!
- Qui serais-je pour vouloir tuer lâchement un jeune homme désarmé ?
- Peut-être l'un de ces sales monstres, seuls responsables de ce carnage !
- Une attaque de monstres ?
- J'en ai trop dit ! Allez vous-en !
- Je ne partirai pas tant que tu ne m'auras pas dit ce qui s'est passé.
- Des monstres ! Des monstres venus de Syrùth ! Voilà ce qui s'est passé ! Des Lygarus, des Sédek ! Toutes sortes de monstres ! Ils étaient au moins mille, ils ont ravagé la base et tué tout le monde ! Je suis certainement le seul survivant...
Il se recroquevilla un peu en toussant, puis baissa les yeux.
- Dire que lorsqu'on me disait que raconter ces histoires portait malheur, je ne le croyais absolument pas... murmura-t-il. Finalement, le malheur qui s'abat sur Black City est bien réel...
- Tu ne peux pas rester ici, dit Shadow. Tu es blessé, et si ce que tu dis est vrai, si des monstres sont réellement venus tout saccager, il doit bien en rester un ou deux ici.
- Alors qu'ils me tuent ! déclara finalement le jeune homme. Comme ça, j'irai rejoindre mon père !
- Ne dis pas ça, et laisses-moi t'aider à te relever.
- Shadow !
Celui-ci se retourna et vit Mina s'avancer vers eux. Elle semblait s'être réveillée à l'instant.
- Mina, j'ai retrouvé un survivant parmi les décombres. Il est très mal en point, il faut l'aider.
- C'est ton amie ? demanda le jeune homme, qui avait un peu gagné confiance.
- Oui. Tu n'as plus à t'inquiéter, maintenant.
Mina s'accroupit devant le garçon :
- Ca va aller ? C'est vrai que tu es mal en point. Viens avec nous, nous allons panser tes blessures.
Elle décocha un sourire bienveillant, et Shadow aida le jeune homme à se lever. Puis les deux espions le conduisirent dans la grande salle où ils s'étaient assoupis, et ils l'aidèrent à s'asseoir contre un mur.
- Maintenant, dit Mina, il nous faudrait trouver de l'eau.
- Dans... la salle d'à côté, souffla le jeune homme tant bien que mal. C'était une salle de bain...
- D'accord, j'y vais, dit Shadow.
Il alla dans la salle, et trouva une bassine avec des serviettes étalées sur le carrelage. Un robinet brisé gouttait ; c'est comme ça qu'il remplit la bassine. Puis il revint auprès de Mina et du jeune homme.
- Génial ! fit Mina. Il y a tout ce qu'il faut !
Ce fut elle qui s'occupa de panser les blessures du garçon.

Le soleil n'allait pas tarder à se lever lorsque le jeune homme vit ses blessures guéries. Shadow et Mina s'assirent ensuite à côté de lui, et le hérisson noir commença à l'interroger :
- Alors comme ça, tu as perdu ton père ?
- Mes deux parents, en fait, répondit le jeune homme. Ma mère est morte peu après ma naissance, et... mon père, un Sage réputé, s'est fait tuer lors de cette attaque de monstres...
- Il était un Sage ?
- Oui.
- C'est quoi, un Sage ? demanda Mina.
- Une personne possédant un immense savoir au sujet de notre galaxie. Beaucoup ignorent quels secrets elle contient, à vrai dire. Vous semblez en faire partie.
Il trouva le courage de décocher un sourire. En temps normal, le jeune homme avait l'air d'être de nature plutôt joyeuse.
- Mais, continua-t-il, les Sages sont très rares, il y en a de moins en moins. C'est parce que le président d'ici prétend que les problèmes des monstres est inexistant, il renie toute force magique et ferme les yeux sur tout ce qui est surnaturel. Il veut jeter tous ces problèmes loin d'ici et par-delà les mers, mais c'est impossible...
- Et tu penses qu'un Sage pourrait nous renseigner sur ce qui se passe ? demanda Mina.
- Sûrement, encore faut-il le trouver ! Parce que je suis certain que nos problèmes ne font que commencer... Mais je ne pourrai pas vous en dire plus, pour la bonne raison que mon père ne m'en parlait pas beaucoup. On se voyait peu, et il s'occupait peu de moi... c'est d'ailleurs pour ça qu'il m'a fait entrer dans l'armée de Black City à onze ans, pour recevoir dans ce bâtiment-même ma formation...
- Et quel âge as-tu, aujourd'hui ? demanda Mina.
- Quatorze tout juste.
- ( Il en fait moins ), pensa Shadow.
- Mais assez parlé de moi, dit le jeune homme. Et vous ? Pourquoi vous-êtes sur Terre ?
Mina allait répondre mais Shadow fut plus rapide qu'elle :
- On préfère que ça reste entre nous. Nous savons maintenant que les mobiens sont mal vus sur Terre, alors nous nous en iront dès le lever du soleil pour ne plus vous causer d'ennuis.
- Des ennuis ? Vous m'avez sauvé la vie ! s'exclama le garçon, en éprouvant enfin de la reconnaissance envers les deux mobiens.
- Je pense que tu devrais nous oublier malgré tout, jeune homme, dit Shadow. Ca t'évitera sans doute des problèmes.
- Je m'appelle Jak ! Et jamais je n'oublierai ce que vous avez fait pour moi. Mais vous, au fait, c'est quoi vos noms ?
- Moi c'est Mina, et lui Shadow, fit la jeune mangouste.
- Ravi d'avoir fait plus ample connaissance.
- Mais, qu'est-ce tu faisais exactement dans cette base ? demanda Shadow.
- Oh, j'étais juste un agent apprenti. Je suis à peine capable de me servir d'un katana, mais, je suis un pro pour piloter les vaisseaux.
Il serra le poing avec un clin d'oeil et un sourire fier.
- ( Quel vantard ), pensa Mina avec un sourire.
Mais soudainement, un grognement sinistre résonna dans la pièce. En une fraction de seconde, Shadow était déjà debout, son katana à la main et prêt à l'action. Jak poussa un cri de stupeur, et Mina s'empara d'un pistolet et visa l'énorme chien-loup aux yeux rouge lumineux qui s'avançait vers eux.

La monstrueuse créature devait bien mesurer un mètre, si ce n'est plus, au garrot. Elle était pourvue d'une encolure robuste, de muscles et d'une allure puissants. Mais elle paraissait très blessée, et sa dense fourrure marron sombre était parsemée de taches de sang.
- Un Lygarus !! s'écria Jak en se collant au mur derrière lui. Heureusement que celui-là n'est pas très grand, et salement amoché !
- Parce que celui-là il est pas grand ?! s'exclama Mina.
Jak allait confirmer mais un rugissement assourdissant de la créature l'en empêcha. Il resta alors immobile, tétanisé.
L'énorme monstre tourna alors sa tête déformée par la colère vers Shadow. Celui-ci brandit son katana, prêt à l'action. Poussant un ultime cri de rage, le Lygarus lui bondit dessus à une vitesse impressionnante. Shadow l'esquiva et lui frappa la nuque aussitôt après. La bête hurla et commença à contre-attaquer. Shadow reculait sous les coups de crocs qu'il essayait de lui placer.
Mais lorsque la créature reçut un second coup de la part du hérisson noir, elle secoua la tête avec rage, puis son regard se posa subitement sur Jak. Ce dernier tressaillit. Le Lygarus allait lui bondit dessus, lorsque Mina brandit son arme sur le monstre. On entendit un coup de feu, et la bête se retrouva avec une balle logée dans l'encolure.
Un autre hurlement déchira les environs. Le Lygarus était complètement aveuglé autant par la fureur que par la douleur, il se mettait à vouloir attaquer ses trois adversaires en même temps. Shadow se rua sur lui au bon moment et lui frappa la mâchoire. Mais cette fois-ci, la créature n'eut pas le temps d'hurler qu'une seconde balle, dans un second coup de feu, se logea en plein milieu de son poitrail. Le monstre resta immobile un instant, grognant en montrant ses crocs dégoulinant de sang presque noir, puis il s'effondra enfin dans un bruit sourd sur le sol, raide mort. Shadow, Mina et Jak restèrent silencieux un moment, puis finalement, Shadow se tourna vers ses deux alliés :
- Mina, Jak, ça va aller ?
- Oh, oui, ça va, répondit Mina.
Jak approuva également. Mais la jeune mangouste était étonnée : c'était sans doute l'une des premières fois que le hérisson noir s'inquiétait de la santé de ses amis. Quoique le mot "amis" fusse peut-être un peu fort.
- On a eu une sacrée veine ! s'exclama Jak, soulagé. Et vous êtes vraiment forts ! Mais si la Commandante Kawari avait été là, ce monstre n'aurait pas eu le temps de faire un geste !
- La Commandante Kawari ? demanda Mina. Qui est-ce ?
- C'est la fille du général Kawari. Elle est à peine plus âgée que moi, mais elle est une tireuse d'élite... Elle prend déjà en charge pas mal de troupes d'hommes pour les entraînements, et elle part même en mission sous le poste de commandante !
- Si elle est si douée, elle a sans doute réussi à s'enfuir, elle aussi.
- Ca oui ! Cette Ino est épatante.
- Ino ?
- C'est son prénom. Ino Kawari. Je l'admire.
- Où est-ce que tu penses que les survivants de la base se sont réfugiés ? demanda Shadow.
- Hum... Sans doute dans la deuxième base, qui se situe vers le sud-est. elle n'est pas très loin, et on s'en sert comme base de secours, justement.
- Tu pourras t'y rendre seul ?
- Oh oui ! Sans aucun problème.
- À moins qu'il ne reste des monstres, dehors, non ?
- Euh...
- Shadow, je pense qu'on devrait l'accompagner, suggéra Mina.
- Avec tous ces humains en ville ? Pas question !
- Tu n'as pas tord, Shadow, dit Jak en baissant la tête. Les humains, en ce moment, traquent tous les mobiens qu'ils peuvent. Seuls les Sages sont encore respectés. Où va-t-on avec ce comportement-là ?...
Chacun demeura silencieux. C'est alors que pendant une fraction de seconde, Shadow sentit des vibrations dans le sol. Il se tourna vers la porte d'entrée de la salle.
- ? Shadow ? Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Mina.
- Il y a des gens qui arrivent, répondit Shadow sans quitter la porte des yeux.
- Des gens ? s'exclama Jak en se redressant.
- Mais, fit Mina. Ils doivent être loin, je ne les entend pas ! Comment sais-tu qu'ils arrivent, Shadow ?
- Je l'ai senti, c'est tout. Moi aussi j'ignore pourquoi.
- Bon, s'ils viennent chercher Jak, il nous faut partir, en tout cas, dit Mina.
- Non, c'est trop tard ; ils sont déjà là.
Mina se retourna vivement. Devant eux, venant à peine d'entrer dans la salle, un groupe d'humains armés les fixaient. À leur tête, une jeune fille aux cheveux roses semblait les mener. Elle avait attaché sa chevelure en queue de cheval qui retombait dans sa nuque, était vêtue d'un uniforme bleu ; sans doute ceux des commandants. Ses yeux bleus s'étaient posés sur Jak :
- Jakurio ! s'exclama-t-elle. Je savais que vous vous en étiez sortis. Mais malheureusement, vous sembles être le seul survivant. Qui sont ces deux mobiens ?
- Commandante Kawari ! s'exclama Jak en la saluant. Ces mobiens m'ont sauvé la vie ! Ils ont pansé mes blessures, alors que j'étais presque mort, et ils ont achevé un Lygarus qui se serait fait une grande joie de me dévorer !
Ino regarda Shadow et Mina à tour de rôle, puis baissa son arme. Les autres humains firent pareil.
- Mon nom est Ino Kawari, et vous remercie, fit-elle. Jakurio n'est pas du genre à mentir, je suppose que ce qu'il dit est vrai. Mais... pourquoi éprouver de la pitié envers les humains qui n'aspirent qu'à vous détruire jusqu'au dernier ?
Shadow prit la parole :
- Ce n'est apparemment pas votre cas, dit-il, comme quoi il reste bien quelques humains à qui nous pouvons faire confiance.
- Je vois. Je n'ai foncièrement rien contre les mobiens, comme vous pouvez le voir, déclara Ino. Mais Black City est contre vous. Mon père est contre vous. Vous ne devez pas rester ici.
Mina baissa la tête. Shadow s'adressa alors à Ino :
- Nous en sommes conscients. Nous comptions repartir dès le lever du soleil.
- Et où comptiez-vous aller ?
- Nous n'en savons trop rien. Mais Jak - ou Jakurio, comme vous l'appelez - nous a dit que le sort de nos mondes s'aggrave. Et... que seuls les Sages pouvaient nous venir en aide, afin que nous puissions faire quelque chose.
- Encore une fois, il a raison, répondit Ino. Si c'est d'un Sage dont vous avez besoin, je vous conseille de vous rendre à Metropolan City. Elle se situe vers le nord d'ici, et est tellement grande que vous ne risquez pas de la manquer.
- Très bien, merci pour vos conseils, dit Shadow.
- Je pense qu'il nous faut repartir, maintenant, suggéra Mina. Le soleil commence à se lever.
Shadow approuva d'un signe de tête, et Jak leur montra une porte située sur le mur de gauche :
- Allez par ici, dit-il. Montez tous les escaliers que vous trouverez ; ils vous mèneront au toit. De là, il vous sera plus facile de vous diriger au nord.
- Merci, Jak, dit Mina.
- Faites bonne route, dit Ino. Les monstres rôdent dans les plaines, mais si vous avez réussi à abattre un Lygarus, alors les autres risquent de ne pas vous poser trop de problèmes. Ah, autre chose. Black City n'est pas en guerre contre Metropolan. Nous communiquons régulièrement avec eux, et ils déclarent ne pas faire la guerre aux mobiens. Ils disent même qu'avec eux, ils ont un Sage mobien pourvu d'un immense savoir.
- Eh bien, j'espère qu'ils disent vrai, et que nous pourrons le rencontrer, dit Shadow.
- Je l'espère aussi. Partez dès maintenant. Je dirai à mon père que je ne vous ai absolument pas vus.

Suite à leurs adieux à Ino et Jak, et maintenant au sommet de la base, Shadow et Mina virent les premiers rayons de soleil s'élever au-dessus des arbres de la forêt.
- Quelque chose me dit... que ce n'est pas la dernière fois que nous mettons les pieds à Black City, déclara Shadow.
Mina ne répondit rien, et ils tournèrent la tête vers le nord. Dans cette direction, une grande plaine commençait à peine à s'éveiller.
- Le boss m'avait déjà parlé de Metropolan, continua le hérisson noir. Il m'avait dit que c'était là-bas que les immeubles étaient les plus haut, les personnes les plus distinguées. Il paraît même que c'est plus grand que Black City.
- Vraiment ? Étant donné la taille de cette ville, je demande à voir ! s'exclama Mina.
Cette fois, ce fut Shadow qui se tut, et lorsqu'ils se regardèrent avec un signe de tête, ils descendirent de l'immeuble, et se lancèrent dans la plaine à une vitesse vertigineuse. Ils disparurent tels deux éclairs en direction du nord, soit celle de la plus grande ville du continent.

Fin du Septième chapitre.

Merci, Blackdoom !

Huitième chapitre : L'arrivée à Metropolan City

Les rayons du soleil inondaient la plaine de lumière. Shadow et Mina gardaient une allure extrêmement rapide ; ils sentaient l'herbe leur fouetter les jambes, même pour Shadow qui ne touchait pas le sol. Les quelques forêts environnantes avaient tout ce qu'il y a de paisible, les oiseaux dans les arbres, le soleil perçant les feuillages des arbres dans le sous-bois, où s'aventurent les cerfs prudents. Le paysage changeait rarement, tout n'était qu'une immense plaine parsemée de quelques forêts.
Seulement, au bout d'une dizaine de minutes, Shadow et Mina virent se dresser devant eux une sorte d'immense portail de forme ronde. Intrigués, ils s'arrêtèrent devant lui. En essayant d'en apercevoir le sommet, ils se firent mal au cou.
- Qu'est-ce que c'est ? questionna Mina.
- Je n'en ai aucune idée, répondit Shadow. On dirait un portail, mais... mes hypothèses s'arrêtent là.
Il regarda la pierre dont était faite le portail. Elle était bleue, d'un bleu sombre et souillé par le temps. On pouvait y voir, gravés, des signes sans doute de langue ancienne.
- Je suis de plus en plus intrigué par ce monde, déclara le hérisson noir. Depuis que Black City a été détruite, il se passe des choses étranges.
- C'est bien vrai ! renchérit Mina. Les attaques de monstres, les Sages... auparavant, je n'avais jamais entendu parler de tout ça !
- Moi non plus. Et même si je préférerais ne pas être embarqué dans ces histoires, je suppose qu'en tant qu'habitant de cette planète, ça me concerne.
Il serra les dents :
- Même si c'est énervant, je me dois de l'admettre. Mais, mieux vaut ne pas nous faire d'idées pour l'instant. Nous ignorons encore ce qui se trame vraiment.
Shadow devait être très perturbé, songeait Mina, pour parler autant d'un seul coup. D'habitude, il n'était pas fichu d'aligner trois phrases. Qui sait, peut-être qu'au cours de cette aventure, allait-il se décider à changer un peu...
Souhaitant ne pas s'attarder ici pour ne pas perdre plus de temps, Shadow fit signe à Mina de reprendre la route. La jeune mangouste le suivit dans sa course en direction de Metropolan City, mais elle restait songeuse. Si le mal était arrivé sur Terre, peut-être allait-il également toucher sa planète voisine, Mobius.

Leur voyage n'avait pas duré longtemps lorsque devant eux se dressèrent des immeubles si hauts dont cette fois, ils ne se risquèrent pas à essayer d'en regarder le sommet. Ils furent vite engloutis par les ténèbres de la ville, et s'engagèrent dans les rues pleines de vie malgré une nuit permanente.
Tout un tas de lumières luisaient de tous les côtés, les panneaux lumineux étaient nombreux à en perdre le compte, et les passants ne semblaient s'étonner de rien dans leur ville. En effet, tous les humains qu'ils avaient croisés ne les avaient pas regardés bizarrement, et même certains d'entre eux les avaient salués.
- Oh, elle est vraiment super, cette ville ! s'écria Mina en regardant le ciel, que, très loin, on arrivait tout de même à apercevoir.
Elle semblait vraiment heureuse, et tout en marchant, elle dansait et sautillait sous la mélodie des chansons qui passaient un peu partout, dans des hauts-parleurs, ou du moins des engins qui y ressemblaient. Il y avait un nombre impressionnant de restaurants, d'hôtels et de centres commerciaux. Les gens qui y vivaient semblaient elles aussi ignorer les dangers du monde extérieur ; beaucoup de personnes passaient leurs journées à s'amuser, cela se voyait rien qu'en regardant leurs visages souriants et leurs yeux pétillants de bonheur. Mina enviait ces humains aussi ouverts aux étrangers.
- Si on mangeait au restaurant ? fit-elle, les yeux brillants, en contemplant un superbe restaurant sur la rue d'en face.
- On n'a ni le temps ni l'argent pour ça, répondit le hérisson noir avec le sentiment que cette question était profondément stupide. Il nous faut trouver le Sage, au plus vite.
Ils progressèrent parmi bien des rues. Au-dessus d'eux, des vaisseaux passaient entre les immeubles, tandis que des voitures très sophistiquées, ou même dépourvues de roues, en lévitation au dessus du sol, passaient sur les très larges routes à côté d'eux. La technologie de la ville était pour le moins impressionnante.
Mais dans une cité pareille, ils pouvaient s'attendre à bien des surprises. Durant leur promenade, ils virent des tours immenses à tel point que leur sommet se perdait entre les nuages, ils rencontraient des machines aussi intelligentes qu'un être humain. Des engins dressés autour des routes leur étaient inconnus, peut-être servaient-ils à la circulation. Ils aboutirent à un moment dans une galerie couverte par un plafond de verre violet maintenu par des barres d'acier, si c'en était. La galerie ressemblait à une salle informatique et virtuelle, plusieurs types de jeux vidéo étaient mis à disposition. Mais ce fut une carte de la ville qui attira Shadow et Mina : elle figurait sur un écran d'ordinateur, et donnait des informations précises sur le moindre bâtiment ou la moindre maison.
- Regarde là ! fit Mina en remarquant le plan la première. On va peut-être trouver où habite le Sage !
Ils s'approchèrent du plan et entamèrent les recherches. Ils regardaient les informations du jour, cherchaient les personnes importantes, dans les bâtiments placés par différentes sortes de catégories. L'utilisation de la carte était simple et rapide, ce pourquoi ils obtinrent rapidement des informations :
- Il semblerait que le quartier où ont habité tous les Sages de Metropolan se situe près d'ici, dit Shadow. J'ignore avec quel genre de personnes les Sages s'attardent de discuter, mais peut-être qu'en tant que mobiens, celui dont parlait Ino acceptera de nous voir.
- Oh, je l'espère ! s'exclama Mina. Allons, il nous faut y aller tout de suite !
Sa bonne humeur permanente ne s'était pas encore évanouie. On aurait dit que peu de choses sussent la faire triste ou en colère. Ignorant cette joie dont le secret lui était totalement inconnu mais aussi complètement égal, Shadow entreprit de rejoindre avec elle le quartier où il espérait rencontrer le Sage.

- Tu as lu les informations du jour ?
- Non, ce n'était pas mon objectif.
- Alors tu as mal fait ! J'ai lu que ce soir il y allait avoir un somptueux défilé !
- Et alors ?
- Ce pourrait être amusant ! Il paraît que le Sage de la ville va y participer !
Shadow s'arrêta brusquement et la regarda avec de grands yeux :
- Comment ?! Pourquoi tu l'as pas dit plus tôt !
- Eh bien, parce que la nuit n'est pas encore tombée, il nous reste du temps.
- J'espère que tu dis vrai ! Allez, il faut se dépêcher.
Ils accélérèrent le mouvement, mais purent arriver bien à temps dans le quartier. Une somptueuse bâtisse à l'allure d'hôtel attira leur attention.
- Je crois que c'est ici, dit Mina.
Ils entrèrent dans le bâtiment. Tout était somptueux, un tapis rouge les faisait progresser jusqu'à l'accueil, le temps qu'ils admirent les murs ornés de décorations en plaqué or ; et les lustres scintillants qui les éclairaient de mille feu.
- C'est pourquoi ? demanda l'homme de l'accueil qui leur parut grossier par rapport à l'endroit où ils se trouvaient.
- Est-ce bien ici qu'habite le Sage mobien de cette ville ? dit Shadow.
- Ici même.
- Pourrions-nous le voir ?
- Je vais demander, mais il faut pas trop espérer. Le Sage ne reçoit plus personne.
- Ah non ?
L'homme de l'accueil appela un petit homme très élégamment vêtu, et lui demanda d'aller prévenir le Sage de leur arrivée.
- En fait, reprit l'homme ensuite, il paraît que la Terre est menacée par une sorte de mal, d'où surgissent des monstres qui se mettent à attaquer les villes. Le Sage a un très grand savoir, et s'inquiète du sort de nos mondes. J'ignore ce qu'il peut bien voir, mais nous voulons tous qu'il se sente mieux. Nous avons même organisé un défilé ce soir en son honneur.
- Je vois.
- Alors comme il semble aller mal, ou attendre quelqu'un, j'en ai aucune idée, il ne reçoit plus personne. D'ailleurs, vous devriez partir vous aussi. Même si voir des mobiens dans cette ville n'est plus très courant maintenant...
- Jeunes gens ! s'exclama alors le petit homme, de retour. Je vous ai décrits au Sage ; il va vous recevoir.
Shadow et Mina se jetèrent un regard surpris et entreprirent de suivre le petit homme. Celui de l'accueil, étonné, les regarda passer sans rien dire.

- Sa porte est au bout du couloir.
- Très bien, je vous remercie.
Le petit homme les salua et repartit d'un pas vif vers l'accueil. Il grimpa dans l'ascenseur et disparut.
- Quelle chance ! s'exclama ensuite Mina tandis que lui et Shadow marchaient vers la porte. Un vieux Sage va nous écouter et peut-être nous aider à nous rendre utiles dans tout ce qui se trame !
Shadow ne répondit rien. Arrivé près de la porte, il frappa à la porte puis entra aux côté de Mina.

Ils restèrent ensuite interdits. À la place du vieux Sage rabougri et courbatu par le temps, ils se trouvaient maintenant en présence d'une hérissonne blanche aux yeux couleur saphir, d'une rare beauté et surtout jeunesse chez un Sage. Elle devait bien avoir la moitié de l'âge auquel ils s'attendaient. Ses piques étaient si longs qu'ils lui glissaient sur la taille, et une tresse de cheveux argentés attachés avec un long ruban rouge lui retombait dans le dos. Elle était habillée plutôt légèrement, surtout de bleu, et de longues bottes de cuir achevaient de charmer tous ceux qu'elle croisait.
Assise sur un côté de son bureau comme une jeune enfant, elle regarda Shadow et Mina comme s'il elle revoyait soudain de vieux amis. Elle resta elle aussi ébahie un instant, avant que son visage de se fende en un large sourire et qu'elle ne leur dise, d'une voix mélodieuse :
- Shadow, Mina. Mes enfants. Vous voilà arrivés bien tard en ce lieu qui vous attend depuis des années.

Fin du Huitième chapitre.

Merci à vous trois ! Et Miko : Bah, juste une faite de frappe, ça arrive ^^

Neuvième chapitre : Une Sage nommée Lie-ker

Shadow et Mina restèrent un moment immobiles, sans rien dire. On leur avait bien dit que les Sages avaient un savoir immense, mais pas au point de connaître leur prénom. Puis la Sage, voyant qu'ils ne se résignaient pas à répondre, rit un peu et s'avança vers eux :
- Et moi qui pensait ne jamais vous revoir, dit-elle. Vous avez tellement grandi... Et toi aussi, Shadow ! Ca me fait plaisir de te voir en bonne santé, depuis ces jours paisibles passés sur Mobius.
Shadow restait interdit. Il ne comprenait rien aux dires de la Sage.
- Vous vous trompez sans doute de personne, finit-il par déclarer. Je ne vous ai jamais vue, et ne comprends pas de quoi vous voulez parler. Je ne suis jamais allé sur Mobius.
La Sage s'arrêta et poussa un soupir :
- Oh, j'aurais tant aimé que ça ne soit pas à moi de tout t'avouer ! dit-elle. Mais il semblerait que j'y sois contrainte.
Elle transperça Shadow du regard, si bien que ce dernier tressaillit. La Sage avait réellement un regard perçant, lorsqu'elle le voulait ; ses yeux devenaient presque transparents et semblaient lucides au point de pouvoir lire dans les pensées. C'était vraiment une sensation gênante et curieuse, et l'on aurait dit qu'elle pouvait regarder au-travers de son interlocuteur.
- Écoutes, lui dit la Sage d'une voix que le hérisson noir jugea plus sérieuse qu'avant. Tu ignores maintenant tout de ton passé.
Shadow fronça les sourcils :
- Comment ça ?
- Tu ignores tout ce qui s'est passé avant tes dix-huit ans.
Shadow ne daigna répondre.
- Si mes calculs sont bons, aujourd'hui tu en as vingt, et tu as eu tes dix-huit ans lorsque tu es soit disant " né " sur l'Arche. Je suppose... que tu ne crois pas un mot de ce que je te dis, n'est-ce pas ?
Shadow fut contraint d'approuver. C'était la vérité. Il ne savait absolument pas pour qui le prenait cette hérissonne, qui d'après sa réputation était pourtant d'une grande intelligence. Mais il fut contraint de croire finalement à cette rumeur lorsque, comme si elle avait - bel et bien - lu dans ses pensées, la jeune Sage s'exclama :
- Cesses juste de te poser tant de questions ! Je suis digne de ma réputation, si tu veux savoir, et en tant que Sage, je sais quand même à qui je m'adresse. Ah, et au fait, je ne vous l'ai pas encore dit, mais mon nom est Lie-ker.
Elle porta à nouveau son regard sur Shadow, regard effrayant que ce dernier n'eut pas le temps d'éviter.
- Shadow. Là encore tu risques de ne pas me croire. Mais je vais devoir te parler de Lucéria. Il s'agit de ta mère.
Mina regarda Shadow, abasourdie. Celui-ci avait juste changé de regard, mais le pire dans ce que disait la Sage, c'est que c'était la stricte vérité. Indéniable, celle-ci se se traduisait dans ses yeux par une étincelle particulière.
- Lucéria était sans doute la plus grande Prêtresse de toute l'histoire de Mobius, tu sais. Depuis l'aube des temps, les Prêtresses sont là pour combattre les monstres et détruire la terreur qui règne dans la galaxie. En ce jour, et comme vous avez pu le constater, cette terreur est plus puissante que jamais. Ainsi que sa source même, une créature plus puissante que tout ce que vous pouvez imaginer.
- En admettant que vous disiez vrai, dit Shadow, ( Lie-ker prend soudain un air agacé ) pour quelles raisons suis-je ici en ce moment ? Et comment se fait-il que je n'aie aucun souvenir ?
- Parce qu'on t'a privé de ta mémoire, tout simplement, fit sèchement Lie-ker. On t'en a privé à l'endroit où tu penses naïvement avoir ouvert les yeux pour la première fois.
- Alors... souffla Shadow, qui croyait de plus en plus aux dires de la Sage. Gérald Robotnik ne m'a pas créé, mais... Il m'aurait effacé la mémoire ?
- Exactement. C'est moi, ou tu te fais raisonnable, à croire enfin ce que je te dis ?
Lie-ker se tut soudain, comme s'il elle avait dit quelque chose qu'il ne fallait pas. Shadow et Mina étaient perplexes.
- Je... pardonne-moi, dit-elle enfin. Tu ne te souviens de rien, et donc c'est normal que pour toi je ne sois qu'une vieille folle qui essaye de te faire avaler tout ce qui d'après toi n'est que pures bêtises...
- Vieille ? fit Mina, réagissant soudain. Mais, Sage Lie-ker, vous êtes jeune !
- Jeune ? J'ai trente-huit ans, souffla la Sage d'un air dépité.
Mina cligna des yeux. Elle trouvait que la hérissonne blanche en faisait moins que ça.
- Mais pour revenir à des propos sérieux, dit Lie-ker, je me permets de vous dire tout ça, les enfants, tout simplement parce que Lucéria est ma soeur aînée. Et... je voulais voir mon neveu, depuis qu'il s'était fait enlever par les humains, et cet abominable Gérald !
Ses cheveux argentés ondulèrent joliment sous son élan de colère, traduit par ses yeux étincelants de rage et plus effrayants que jamais. Par ailleurs, elle préféra les orienter vers la fenêtre plutôt que sur ses deux interlocuteurs. Elle ne faisait pas semblant de souffrir de ses propres paroles. Shadow et Mina l'avaient remarqué tout de suite.
- Vous semblez tout savoir à mon compte, dit enfin le hérisson noir. Dans ce cas, pour quelles raisons Gérald m'aurait-il effacé la mémoire ?
- Tout simplement pour que tu croies qu'il est ton maître, répondit Lie-ker, qui semblait un peu calmée. Gérald avait besoin d'un modèle pour sa Forme de vie Ultime, et il t'a fait croire que c'était toi, sa création. En réalité, il comptait se servir de toi pour créer sa véritable créature. L'histoire du Biolizard, ton soit-disant prototype, n'est qu'un tissu de mensonges. Cette créature est simplement le prototype de l'être supérieur que comptait créer Gérald. Et toi, tu étais sensé être son modèle. Mais à cause de l'attaque des humains et leur invasion sur l'Arche spatiale, ses plans ont été contrecarrés.
Shadow était surpris, et se demandait pas quelle miracle les Sages pouvaient-ils tout savoir sur tout. Plongeaient-ils en transe pendant des jours, jours durant lesquels leur était traduite la vie de tout le monde en détails ?
- Tout ça pour te dire, Shadow, qu'il faut que tu te joignes à moi avec Mina pour aller affronter le Mal qui règne dans la galaxie. C'est à tous les deux votre devoir, vous savez. Shadow, tu es le fils de la dernière Prêtresse à s'être battue pour notre galaxie, et quant à toi Mina, tu es la fille du plus grand Brave que Mobius n'ait jamais abrité.
- Vous connaissiez mon père ? s'exclama soudain Mina.
- Oui. ( Elle regarde le plafond, et se met à parler comme si elle récitait un proverbe ) Arthur, le Brave le plus talentueux et le fidèle compagnon de Lucéria. Accompagnée de la Sage Lie-ker, tous trois partirent en quête du " Ke souSidera Talim " , le Royaume aux Illusions.
Il y eut un silence tendu.
- Je vous expliquerai tout cela en détails, avec l'un de mes vieux amis Sidus. Nous irons le voir au Village Paisible, plus couramment appelé Myokoara, pour qu'il vous renseigne à son tour sur le déroulement de notre quête.
- Lie-ker... dit Mina. Quelle est cette langue étrange, dont vous nous avez traduit les termes ?
- Eh bien, - ça fait bizarre de vous entendre demander cela - il s'agit de l'Akurah. C'est une langue ancienne qui se parlait autrefois sur Mobius. Les noms des cités et des villages ancien ou même mythiques sont tous en Akurah. Et c'est également la première langue que tu as parlée, Shadow, avant de te faire enseigner celle des humains. Mais tu as dû tout oublier, avec ta mésaventure dans l'espace...
Shadow n'était toujours pas entièrement convaincu par ce que lui disait la Sage. Même si tout avait l'air bel et bien réel, malgré sa méfiance. Cependant, plutôt que de douter, il préférait s'assurer vraiment que Lie-ker était franche avec lui. Même si elle avait d'indiscutables preuves, à savoir son récit sur l'Arche spatiale, construit en toute logique, le hérisson noir n'avait trouvé dans ses dires aucun élément dont il se souvenait lui.
- Lie-ker, dit-il. Puisque vous m'avez dit la stricte vérité jusqu'à maintenant, vous sauriez sans doute aussi me raconter comment j'ai fait pour me sortir de l'Arche alors qu'elle était sensée s'exploser sur Terre.

Mina comprit tout de suite ses intentions en le regardant et en l'écoutant parler. Shadow n'était pas aussi crédule que certains autres mobiens, notamment le gardien de la Master Emerald, justement réputé non seulement pour sa force mais aussi sa naïveté.
Lie-ker avait planté ses yeux perçants dans ceux de Shadow. Mais ce dernier soutint son regard. Alors la Sage déclara :
- Que cette parole te serve d'ultime preuve de l'authenticité de mes dires. Prisonnier de l'Arche avec ton ancien patron et quelques ennemis, vous étiez voués à la mort. Mais une hérissonne rose a réussi à te convaincre d'aller aider tes ennemis à tous vous sauver. Toi et un célèbre justicier, ancien membre des Freedom Fighters, avez réussi, dans l'espace, à anéantir le Biolizard et à sauver l'Arche de sa destruction assurée. Mais, à bout de forces, tu es tombé dans l'espace. Ainsi que sur le point de mourir avant que ton chef ne retrouve et ne te récupère dans son vaisseau. Tu avais alors une dette envers lui, et tu t'es par la suite mis à voler pour son compte.
Mina baissa la tête. C'était bien ce que lui avait dit Shadow. Malgré son sombre caractère, celui-ci se devait à présent d'admettre que la Sage avait raison.
- Maintenant, est-tu convaincu ? demanda Lie-ker.
Shadow ne répondit pas. Il était songeur. Lie-ker avait bel et bien dit vrai, il avait eu ce qu'il voulait. Mais pourtant, il avait encore du mal à se résigner. Cependant, il dit bientôt :
- Je vous suivrai.
Lie-ker décocha un sourire.
- J'aime te l'entendre dire, tu as fait le bon choix. Car tu es le seul à pouvoir nous sauver, en tant que fils de la dernière Prêtresse. Et Mina, en tant que fille du dernier Gardien. Ainsi que moi, soeur de la Prêtresse et Sage confirmée. Une quête nous tend dès maintenant les bras, les enfants. Mais je n'ai pas fini de vous renseigner. Ce qu'il vous faut savoir sur les attaques de monstres, c'est qu'elles seront de plus en plus nombreuses, et il faut à tout pris les arrêter. Bien entendu, je n'y arriverai jamais seule ; nous les Sages ignorons quel sera l'avenir, nous savons seulement beaucoup de choses. Lucéria la Prêtresse aurait pu le savoir, elle, mais comme elle n'est pas là, je vous demande votre aide. Nos mondes ont besoin de vous, les enfants. Car si on ne fait rien... La Terre... Mobius... Ces planètes disparaîtront sous peu.

Mina redressa la tête :
- Elles risquent la destruction ?!
- Parfaitement. De plus, tu as de la famille là-bas, n'est-ce pas ?
- Oui... ma mère, répondit la jeune mangouste en tremblant. C'est hors de question que je laisse ces monstres faire !
- Tu es déterminée. C'est bien. Tu vas avoir besoin de beaucoup de volonté pour parvenir à tes fins, mais surtout toi, Shadow. Je sais que tu ne me fais pas encore totalement confiance, mais tiens parole, et suis-moi, que je puisse te rendre ta mémoire. Tu verras alors par toi-même que j'avais raison.
- Si vous le dites, répondit Shadow. De toutes façons, Mina et moi ne pouvons rien faire d'autre sur cette planète. Et puis, nous voulions à tout prix connaître la source de ces attaques de monstres.
- Et vous le saurez très bientôt, dès que nous arriverons à Myokoara, affirma Lie-ker. Pour l'instant, je ne peux pas vous communiquer plus d'informations que ce que je vous ai déjà dit, mais plus vite nous partirons, plus vite vous aurez des nouvelles.
- Et quand comptiez-vous partir ? demanda Shadow.
- Ce soir-même.
- Ce soir ? s'exclama Mina. Mais, et le défilé ? Je pensais que vous y participeriez ?
- Eh bien je n'irai pas, répondit simplement la Sage. Je suis dans l'incapacité de rester un jour de plus dans ce bureau inquiétant, alors qu'au-dehors de la ville se trament bien des choses. Vous me comprenez, j'espère ? Vous deux et moi partirons ce soir-même pour Myokoara. Mais ne vous en faites pas, je laisserai un mot aux gens de Metropolan, et nous pourrons nous enfuir discrètement par de sombres ruelles ; je les connais toutes. Personne ne nous verra ; je vous le garantis.
- Dans ce cas, qu'est-ce qu'on attend ? fit Mina qui commençait à apprécier de plus en plus l'idée d'une nouvelle aventure.
- Si vous êtres prêts, rien du tout, déclara Lie-ker. Mais ne nous précipitons pas. Un lourd destin repose sur vos épaules.
- Mais grâce à vous, nous savons que faire de nos vies ! Merci beaucoup ! dit Mina.
- Ne me remerciez pas, murmura la Sage. Je n'ai fait que vous ouvrir la porte. Mais ce sera à vous de gravir les marches qui s'en trouveront de l'autre côté.
Il y eut un silence, silence au cours duquel les trois désormais alliés firent le vide dans leur tête. Ils se préparèrent mentalement à l'imprévisible, et à une quête qu'ils n'oublieraient jamais. C'est seulement au bout de quelques minutes tendues que Lie-ker leur dévoila une porte cachée et qu'ils s'y engouffrèrent, avant de descendre des escaliers, puis de s'enfoncer dans la nuit.

La Sage avait dû prévoir un message pour ses fidèles de Metropolan, car elle ne retourna pas au bâtiment où elle résidait, mais chercha plutôt à s'en éloigner. Ils marchèrent en silence, des minutes durant, sous le voile obscur de la nuit de l'hiver naissant, un peu masqué par les hauts immeubles noirs. La nuit était agitée ; ils entendirent sous peu le défilé débuter. Et c'est à l'issue d'une longue demi-heure qu'ils sortirent de la ville, laissant le vent leur caresser le visage. Une longue plaine se dévoilait devant eux. Non sans s'assurer que Shadow et Mina étaient bien derrière elle, Lie-ker commença à s'avancer sur l'herbe grasse. Il était minuit. Il n'y avait pas un bruit jusqu'à l'horizon.

Fin du Neuvième chapitre.

Je vous remercie beaucoup ! Voilà le chapitre suivant ( assez long ).

Dixième chapitre : Myokoara

Dans la plaine, il n'y avait pas un son. Lorsque le ciel était sombre, chacun semblait se terrer d'effroi sans bruit, si bien qu'un silence inquiétant rôdait autour de Lie-ker, Shadow et Mina depuis leur départ-même. Ils marchèrent pendant longtemps, sans dire mot. L'herbe grasse frétillait alentour, pas un oiseau ne volait dans le ciel. Cela inquiétait grandement Mina. Elle se demandait si il fallait réellement se fier à la hérissonne blanche, qui prétendait être la tante de Shadow. Mais de toutes façons, que pouvait-elle, maintenant qu'ils étaient en route pour une cité dont elle n'avait jamais entendu parler ? Elle était impuissante pour le moment, et ne voulait pas se risquer à parler à Shadow, de crainte de se faire entendre par la Sage. Elle avait un regard qui savait transpercer tout ce qu'elle voyait ; alors pourquoi pas des oreilles capables de tout entendre à au moins cinquante mètres à la ronde ?
Le vent de la nuit repartait dans les montagnes du nord lorsque le soleil commença à se lever, à leur gauche. Il se détachait parfaitement de l'horizon, grande boule de feu orangée qui eut bien vite fait d'inonder l'herbe de lumière. Le ciel s'éclaircit enfin ; et les quelques oiseaux voyageurs recommencèrent à rayer de leur vol la voûte du ciel, en piaillant joyeusement.
Soudain, un cratère se dressa devant eux. Vaste, sombre, boueux ; il était pour le moins repoussant, et une fumée noire malodorante s'y élevait.
- Qu'est-ce que c'est que ça ? fit Mina avec dégoût.
- Ca sent la chair brûlée, dit Shadow.
- Exact, répondit la Sage. Il doit y avoir des monstres vivant dans ce cratère. On ferait mieux de partir.
Ils étaient tous trois sur le point de s'exécuter lorsqu'un tremblement se fit ressentir dans le sol, et qu'une étrange créature sortit de la terre avec des crissements et des signes très expressifs de colère.
- Un Talem ! s'exclama Lie-ker.
La créature ouvrit des ailes d'odonates et s'envola du cratère, avant de se poster devant eux en criant de la voix d'une guitare mal accordée. Elle ressemblait à une mante religieuse noire, avec des yeux de xylocope et des pattes acérées de griffes. Le tout avait quelque chose de vraiment effrayant, mais seule Mina tremblait à vue d'oeil.
- Reculez ! ordonna Lie-ker.
Sa voix était telle qu'ils ne protestèrent pas. La Sage sembla se concentrer un moment, et elle sortit un long bâton de nulle part. Il était d'un brillant superbe, et était surmonté d'une rose rouge à moitié fermée. La rose se mit à briller, et ont eut juste le temps pour voir une boule enflammée dans la main de Lie-ker qu'elle la lança sur la créature qui se la prit de plein fouet.
Le sort devait être d'une grande puissance, car le Talem recula sur plusieurs mètres et faillit retomber dans son cratère. Plus furieux que jamais, il se rua sur Shadow et Mina. Le hérisson noir sortit son katana électrique et chargea la créature à son tour. Certes, la créature était plus robuste que les policiers dont il avait si souvent dû se charger jadis, mais elle ne perdait rien pour attendre.
Shadow lui tournait autour, le frappait de tous côtés, et évitait toutes les attaques du Talem. Peu à peu, il lui coupait les pattes, lui tranchait les ailes, engendrant ainsi la montée en puissance de sa colère. La créature réussit finalement à anticiper une attaque de Shadow et l'évita, puis elle donna à son adversaire un grand coup de patte qui faillit lui faire perdre l'équilibre. Le Talem allait en profiter pour l'attaquer à nouveau, lorsqu'on entendit deux coups de feu ; et qu'il s'effondra sur le sol au milieu de son sang noir.
Mina rangea son arme, satisfaite, et s'avança vers Shadow et Lie-ker. Mais elle ne souriait pas ; le monstre l'avait véritablement effrayée.
- Qui sont tous ces monstres ? demanda alors Shadow.
- D'anciens Syriens, un peuple dont l'espèce a disparu. Enfin, à vrai dire, elle a juste été presque entièrement changée en monstres sanguinaires de toutes races, répondit Lie-ker.
- Mais qui les a transformé en monstres ? questionna Mina.
- On la nomme Inferna, dit Lie-ker. C'est l'une des dernières Syriennes à exister encore. Elle était la maîtresse suprême de cette race. Et elle s'est retournée contre notre galaxie, Ethera, il y a fort longtemps. Elle a alors changé presque tous les siens en monstres pour pouvoir attaquer et détruire entièrement les trois planètes qui constituent notre maigre galaxie. Les monstres sont manipulés, continua Lie-ker en recommençant à marcher. Ils sont comme morts, tous autant qu'ils sont. Mais lorsqu'ils disparaissent, ils se changent parfois en âmes qui rôdent sans fin, sans jamais trouver le repos. Et elles ne trouveront pas le repos tant qu'un Prêtre ne nous aura pas débarrassé d'Inferna. Ca vous paraît sans doute compliqué pour l'instant, mais ne vous en faites pas, vous comprendrez avec le temps.
Elle et ses deux alliés se turent ensuite pendant longtemps, jusqu'à ce qu'ils arrivent à une forêt, qui, de près ou de loin, semblait très dense.
- Voilà la forêt où est caché Myokoara, ou le village paisible, dans votre langue, dit Lie-ker.
- Si c'est seulement la nôtre, demanda Mina, alors pourquoi est-ce que vous la parlez vous aussi ?
La Sage se tourna vers Mina avec un sourire malicieux :
- Mon enfant, un Sage doit ma foi savoir pas mal de choses.
Sur ce, elle s'enfonça la première dans la forêt.

Sous le dense feuillage des arbres, tout était obscur. Jamais on ne sût dire sans avoir jeté un coup d'oeil à l'extérieur s'il faisait jour ou nuit. Seuls les quelques chansons des oiseaux auraient peut-être su l'indiquer.
- Le village est vraiment bien caché, dit Mina au bout d'une dizaine de minutes afin de briser le silence.
- C'est normal, répondit Lie-ker. Depuis les attaques de monstres, les humains en général nous supportent de moins en moins. Ils disent que nous sommes à l'origine de ces attaques. C'est pour cette raison qu'il ne reste qu'un seul village de mobiens qui n'a pas été rasé, sur cette planète. Tous les autres à ma connaissance et à celle de bien d'autres Sages ont été détruites, et les habitants tués sans pitié.
- Mais, Lie-ker, pourquoi n'êtes-vous pas repartie à Myokoara ?
- Parce que ceux de Metropolan font partie des rares humains à ne pas vouloir notre mort, d'une part, et d'autre part... Parce que je vous attendais.
Mina cligna des yeux, surprise. Peut-être que Lie-ker savait plus de choses encore que ce qu'elle prétendait.
La Sage les guida à travers bien des sentiers, tortueux et étroits. Shadow et Mina avaient de plus en plus l'impression qu'elle cherchait à les égarer au milieu des feuillages que même la lumière du soleil n'arrivait pas à percer plutôt qu'autre chose. Mais lorsqu'une clairière joliment ensoleillée se dressa tout à coup devant eux, Shadow oublia d'un coup tout ce qu'il avait pu penser.
Mina était elle aussi émerveillée. L'herbe était fraîche et encore luisante de la rosée du matin. Une petite rivière ondulait entre les maisons de bois et de pierre, et de petits champs avaient été plantés alentour. La clairière était véritablement immense, si bien qu'elle savait abriter un village entier. Lie-ker les amena à l'entrée du village, où quelques mobiens les virent. Abasourdis, ils se lancèrent à travers tout le village en poussant des cris pour prévenir tout le monde. En plus d'être une Sage talentueuse, Lie-ker semblait également célèbre. Bien vite, des dizaine de mobiens furent à leurs côtés et ne les quittèrent plus du regard. C'est alors qu'un mobien qui semblait plus âgé que les autres s'avança vers eux. C'était un vieux porc-épic habillé d'une sorte de toge orange, de la même couleur que ses yeux flamboyants.
- Lie-ker, grogna-t-il dans sa barbe. Ainsi, tu es de retour, avec le fils de notre Prêtresse bien-aimée, que nous croyions tous parti ? Ainsi que la fille du Brave Arthur ?
Lie-ker s'avança en souriant vers le porc-épic et lui serra la main :
- Ravie de vous revoir enfin, Sidus. Comme vous avez pu vous en douter, ces enfants ne sont pas n'importe qui. Ils n'allaient quand même pas laisser des humains les abattre.
Sidus esquissa un sourire :
- C'est vrai, j'ai été bien naïf. C'est sans doute l'âge. Shadow, je me réjouis de te revoir, après tant de temps. Mais que t'est-il arrivé ?
Shadow ne répondit pas. Lie-ker vint à son secours :
- Sidus, il s'est passé quelque chose de grave dont je dois vous parler, souffla-t-elle.
Le regard de Sidus s'assombrit, comme si Lie-ker lui avait déjà dit la moitié de l'histoire rien qu'avec les yeux. Puis finalement, faisant signe à Shadow et Mina de les suivre, ils s'enfoncèrent à travers les maisons sur les chemins de terre, suivis par quelques curieux. Mais lorsqu'ils entrèrent dans la plus grande maison qui se révélait être celle de Sidus, ils se retrouvèrent enfin tranquilles.
Il faisait bon dans la maison, comme si elle était chauffée des rayons du soleil de midi. Des peaux de bêtes étaient attachées au mur, et une plus dense était étalée de tout son long sur le sol. Certaines étagères, vieilles et poussiéreuses, étaient à demi remplies de livres qui semblaient eux aussi être dotés d'un certain âge. Mais il faisait clair dans la maison, et les étagères semblaient être les seuls éléments du décor mal nettoyés. Peut-être parce qu'elles étaient si abîmées, qu'elle s'écrouleraient au moindre contact avec quelque chose de solide ?
Lie-ker avait commencé par aller parler à Sidus dans son coin, oubliant Shadow et Mina. Ces derniers se doutaient bien que ce qu'elle racontait était des histoires qu'eux ignoraient totalement. Quelques instants plus tard, Lie-ker et Sidus revinrent vers eux. Ce dernier avait un regard différent de tout à l'heure.
- J'ai parlé à Sidus de votre situation, les enfants, informa Lie-ker. Je ne vous l'ai pas encore présenté, mais il 'agit d'un vieil ami à moi, et d'un Sage au grand savoir.
Sidus avait l'air de trouver ces paroles étranges. Quoi de plus normal ; il disait avoir connu Shadow toute sa vie.
- Shadow, dit le vieux porc-épic, tu es certain d'avoir tout oublié ? Tu ne te souviens plus de Lucéria ? D'Arthur ?...
Mina releva la tête d'un coup. Parlait-il de son père ?
- Quel drame... murmura ensuite Sidus. Mais l'important est que tu sois en vie, après tout.
- Et maintenant que vous êtes conscients que je ne comprends absolument rien à ce que vous dites, allez-vous enfin vous résigner à m'expliquer ce qui se passe ? lança Shadow.
Les deux Sages baissèrent la tête d'un air coupable.
- Pardonne-nous, Shadow, dit Sidus. Lie-ker dit vrai, tu as vraiment tout oublié à cause des maléfices humains. Je vais devoir te raconter, ainsi qu'à toi Mina, tout ce que vous êtes censés savoir au sujet de nos mondes ainsi que se qui s'y trame.
- Vous connaissez mon père ? demanda soudainement Mina, avec un entrain rempli d'espoir.
- En effet, répondit Sidus. Je ne t'ai jamais vue, mais il m'a été facile de reconnaître Arthur en toi. Toi et lui avez les mêmes yeux.
Mina afficha un air peiné. Parler de son père qu'elle savait parti lui faisait de la peine.
- Mais parlons de choses sérieuses, dit Sidus. Tout cela va vous faire beaucoup d'un seul coup, mais il faut au plus vite vous rafraîchir la mémoire.
Il se tourna vers Shadow :
- Shadow, tu es le fils de la Prêtresse Lucéria. Et en tant que son fils, tu deviens Prêtre à ton tour : tu disposes d'un pouvoir d'esprit considérable, et d'une puissance dont tu n'as même pas idée. Et en tant que Prêtre, tu as pour but de détruire la Syrienne traîtresse : Inferna.
Laissant Shadow enregistrer ce qu'il avait dit, il se tourna ensuite vers Mina :
- Mina, ton père Arthur était le Brave qui accompagnait Lucéria aux prières. Avec Lie-ker, il eut pour but de la protéger, car elle était le seul moyen, en tant que Prêtresse, d'anéantir Inferna une bonne fois pour toutes. Comme Arthur, ton rôle à présent, en tant que Brave, est de suivre Shadow où qu'il aille, pour l'aider à dévier les pièges de nos ennemis. Les enfants, il va vous falloir aller sur chacune des trois planètes d'Ethera, dans leurs trois temples différents pour aller y converser avec les démons gardiens. Ces démons ont pour but de défendre leur planète respective des monstres ; tu dois les convaincre de recommencer à le faire, Shadow. Une fois les trois temples visités, tu pourras te rendre à "Ke souLun Daare", la Forteresse d'Argent dans la langue des humains, pour aller y chercher l'épée divine. Cette épée seule est capable de tuer Inferna.
Il y eut un silence tendu ; comme n'importe qui aurait pu s'y attendre.
- Je serais donc Prêtre ? fit Shadow avec un brin d'ironie. Comment comptez-vous me le montrer ?
- Tu verras toi-même, déclara Sidus. ( il commence à reculer, en entraînant Lie-ker et Mina avec lui ) Restes où tu es, Shadow. Si tu as vraiment du sang de Prêtre, alors Caelumbra, notre dieu, va te raconter comment nos planètes se sont formées.
- Et comment va-t-il s'y prendre ?
- Tu verras, contentes-toi de fermer tes yeux, et d'ouvrir ton esprit.
Sidus tendit son poing fermé vers Shadow. Toujours sur ses gardes, Shadow ferma les yeux. Sidus rouvrit sa main brusquement, et le hérisson noir commença à voir quelque chose, enfoui dans les ténèbres de son esprit.

Ce n'était pas un objet. Ce n'était pas une personne. Ca ressemblait plutôt à une lumière, une lumière blanche et vide, qui luisait faiblement comme une étoile lointaine. Tout autour, c'était le néant, le calme absolu. Sans odeur, sans couleur, sans rien. Shadow put regarder alentour, mais ne distingua encore que du noir. Inévitablement, ses yeux portèrent alors sur cette lueur qui se mouvait non loin de lui, narguante et espiègle. Shadow décida de la suivre, sans pouvoir en tirer la moindre pensée. Même s'il avait l'impression que la lueur s'atténuait au fur et à mesure qu'il avançait, il ne s'arrêta pas. Il sentait que cette chose l'appelait, même si elle ne voulait pas de lui...
Il parvint finalement à son niveau. Et, en réalité, elle brillait intensément, bien plus qu'une émeraude du chaos. Il approcha lentement sa main de la lumière, et lorsqu'il la toucha à peine, un grand flash éclata dans son esprit. Shadow vit alors qu'il n'était plus au même endroit.
Il semblait être dans l'espace, et il voyait une planète. Une planète claire qui devait bien faire trois fois la taille de la Terre. C'est alors qu'elle se mit à briller. Et comme dans un rêve, la planète se sépara en trois planètes distinctes. Il reconnut l'une d'elle sans grand-mal, il s'agissait de la Terre, bien ronde et bleue comme le ciel. La seconde était de la même taille, mais verte ; il y vit Mobius. Mais la troisième lui était inconnue. Plus petite que ses deux soeurs, brunâtre, bosselée, elle ne semblait pas abriter à sa surface la moindre goutte d'eau. Shadow n'avait jamais ressenti une telle chose. Toujours debout dans la maison de Sidus, la tête inclinée et les yeux clos, il commençait à froncer légèrement les sourcils. Mina était inquiète pour lui, mais Lie-ker et Sidus avaient l'air sûr de leur coup.
Dans l'esprit de Shadow, au centre de la courte ronde triangulaire que formaient les trois planètes, une sphère argentée commença à se former, plus majestueuse et éblouissante que toutes les étoiles de l'Univers. Shadow voulait se rapprocher de cette lumière pour découvrir de quoi il s'agissait, mais lorsqu'une voix étrange et des paroles inconnues pour lui se mirent à résonner dans sa tête, il arracha son esprit à cette vision.
Tirant d'un coup sa tête à sa droite, il perdit l'équilibre, soudainement replongé dans le monde réel, et il posa un genou au sol. Mina se précipita vers lui :
- Shadow ! Ca va ?
Le hérisson noir refusa son aide, et reprit peu à peu ses esprits tandis qu'il se redressait. Même s'il essayait de le cacher, il était très intrigué par ce qu'il venait de ressentir, et de voir.
- Drôle de sensation, n'est-ce pas ? fit Sidus en s'approchant de lui. Ta mère nous avait raconté à quel point elle a eu de mal à s'y faire. Mais ce n'est pas étonnant que tu résistes si bien à ces visions déstabilisantes. Après tout, c'est sûrement dû au sang qui coule dans tes veines, car il n'y a pas seulement du sang de Prêtre et...
Mais le regard foudroyant de Lie-ker le fit taire. Sidus comprit son imprudence, à lui parler de ses origines, alors qu'il était trop tôt pour ce faire.
- Enfin, reprit le Sage, maintenant que tu as eu une véritable vision, que l'on appelle " transe " chez les Prêtres, comment te sens-tu ? Es-tu enfin convaincu de ce que Lie-ker et moi te disions ?
Shadow se tut quelques secondes, puis finalement répondit :
- En partie, oui. Mais je suppose qu'il me reste encore beaucoup de choses à voir et à savoir.
Lie-ker et Mina décochèrent un sourire. Sidus lui demanda ensuite :
- Et... qu'as-tu vu ? Dans ta transe ?
Shadow le leur expliqua, avec tous les détails possible. Lorsqu'il eut terminé son récit, les yeux des deux Sages brillèrent. Malicieux, ils semblaient avoir tout compris sur ce dont il s'agissait.
- La grande planète que tu as vue au début de ta transe se nomme Ethera, déclara Lie-ker. Je crois, Sidus, qu'il va enfin être temps de leur raconter son histoire.

Fin du Dixième chapitre.

Merci à vous quatre !

Blackdoom : Oui, Bahamut est ma G-Force préférée dans FF8 ! J'aurais bien aimé mettre le dessin de "Sephyra", la chauve-souris que j'ai inventée avec mon pseudo, mais mon scanner ne fonctionne pas... `

Sonadow : Tu as remarqué ?^^ Tu as raison, cette histoire est très inspirée de divers Final Fantasy ; surtout le 10. Elle est aussi inspirée de mangas, comme Nana ( pour un personnage ) ou DN Angel.

Yohvui : Je suis contente que cette nouvelle version te plaise ! D'ailleurs, je vais mettre la suite dès maintenant.

Onzième chapitre : L'histoire d'Ethera

Lie-ker s'appuya contre un mur. Sans doute le récit de Sidus lui était grandement familier, ce pourquoi l'entendre une fois de plus ne serait pas d'un très grand intérêt. Shadow, lui, resta debout, mais Mina préféra s'asseoir par terre, sur une dense fourrure. Sidus commença alors son récit.
- Bien, dit-il. L'histoire que je vais vous conter est celle de la Légende d'Ethera. C'est une légende car personne ne l'a vu de ses propres yeux. Ce sont les anciens Sages qui prétendent l'avoir vu pendant une transe. Et comme nous ne pouvons prouver le contraire de ce qu'ils affirmaient, cette histoire s'est transmise pendant des générations entre les Sages et les Prêtres. Je vais à présent commencer.
" Jadis, la Terre n'existait pas. À sa place, voguait une autre planète, bien plus grande et imposante : Ethera était son nom. Son coeur était une sphère d'argent où résidait le Dieu de la magie dans notre galaxie : Caelumbra. On dit que ce sont les rayons magiques qui fusaient sans cesse dans la planète qui lui donnèrent vie.
- À quoi est-ce qu'il ressemble ? demanda Shadow.
- Personne ne le sait. Personne ne l'a jamais vu. Ou n'a jamais eu la chance de le voir, déclara Sidus.
- Sur certaines fresques des royaumes anciens de Mobius, ajouta Lie-ker, Caelumbra est représenté comme étant un immense dragon blanc aux formes vagues.
- Exactement, confirma Sidus. Caelumbra veillait sur Ethera et ses habitants. Il existait à cette époque trois grandes races principales : les terriens, les mobiens, et les syriens. Et, pour chaque race, il existait un être supérieur, élu par Caelumbra, pour diriger et veiller sur les siens. Le prince des terriens se nommait Arthus, la princesse des mobiens se prénommait Lunnaby, et la princesse des syriens, Angea. Tous vivaient en harmonie, comme l'avait prévu Caelumbra. Mais il vint un jour funeste, où Angea se retourna contre son maître et fit son possible pour l'anéantir.
- Et qu'est-ce qui s'est passé, ensuite ? demanda impatiemment Mina, tandis que Sidus avait pris un temps d'arrêt.
- Alors ce fut la guerre. Angea voulait des alliés dignes de ce nom, mais les syriens refusèrent de trahir leur dieu. Alors Angea n'eut d'autre choix que de changer tous les syriens en des monstres hostiles et sans coeur, qui obéirent facilement à leur nouveau chef. Angea les envoya alors combattre les terriens et les mobiens, qui voulaient défendre leur dieu. Les pertes furent lourdes, notamment Arthus et Lucéria, car, s'étant rangé du côté du mal, Angea s'était montré d'une puissance sans égale. Pour mettre un terme au combat, Caelumbra dut agir. Il rassembla une puissance monstrueuse, et sépara son immense planète magique en trois planètes distinctes. La première fut baptisée la Terre, et fut donnée aux terriens. La deuxième porta le nom de Mobius, et devint la planète des mobiens, en héritant de la plus grande partie de magie d'Ethera. Et quant à la troisième planète, Caelumbra y enferma Angea avec tous ses syriens, sur une planète désolée et aride dont le nom choisi fut Syrùth.
- Mais alors, qu'est devenu Caelumbra ? demanda Mina.
Sidus se tourna vers Shadow :
- Shadow, tu te souviens de la sphère blanche que tu as vue briller entre les trois planètes, pendant ta transe ? Il s'agissait de "Ke souLun Daare", la Forteresse d'Argent. Autrement dit, le repaire de Caelumbra. Car en séparant Ethera, notre dieu qui était enfermé au centre de cette planète s'est libéré ; et il s'est forgé une sorte de barrière magique en sphère, à l'intérieur de laquelle il est possible à n'importe quel être de respirer.
- Pourquoi nous faire respirer ? demanda soudainement Shadow. On est sensés y aller ?
- Oui, répondit Sidus. Tu dois aller y trouver l'épée d'Argent, plantée dans le seau de la forteresse de Caelumbra. Grâce cette épée, tu pourras anéantir Inferna à jamais.
- Mais qui est Inferna ? demanda Mina.
- Ah, c'est vrai que j'ai oublié de vous le dire. En fait, c'est Angea qui, en se retournant contre Caelumbra, a changé de nom. Couramment, on l'appelle Inferna.
- Je comprends mieux, dit Shadow. Mais pourquoi est-ce que l'épée est toujours là-bas ? Aucun Prêtre n'est jamais allé la chercher ?
- Effectivement. Ou plutôt aucun Prêtre n'y est jamais arrivé.
- ( Pas même grande soeur ) pensa Lie-ker tristement. En fait, jamais personne n'a jamais mis les pieds dans la forteresse, dit-elle ensuite à voix haute.
- Hum. Et comment accéder à cette forteresse ?
- Il faut commencer par chasser tous ces monstres, dit Lie-ker. Pour se faire, il existe sur chaque planète d'Ethera un temple, où réside une créature que l'on nomme démon gardien. À l'origine, Caelumbra les créa afin de défendre leur planète respective des monstres. Mais, à chaque fois que meurt un Prêtre, les démons gardiens cessent de protéger leur planète. Tant que toi Shadow, tu n'iras pas leur parler pour leur redonner leur fonction d'antan, les monstres continueront à rôder aussi bien sur Terre que sur Mobius.
- Mais en quoi la mort des Prêtres les empêche de faire leur travail ? demanda Shadow.
- À vrai dire... c'est l'explication que l'on s'est donnée, déclara Sidus. Mais ce n'est pas toujours vrai. En fait, cette fois-ci, les démons ont complètement cessé de chasser les monstres. C'est pour cela qu'il y en a deux fois plus que d'habitude. Shadow. Tu dois découvrir pourquoi est-ce qu'ils ont cette fois complètement cessé de faire leur travail.
- Mais à quoi bon avoir dressé un temple sur Syrùth ? questionna Mina. C'est le domaine d'Inferna ; si les monstres rôdent là-bas, c'est sans importance !
- Si, au contraire, dit Sidus. Anéantir les monstres rôdant sur les trois planètes, va d'une part vous aider grandement à vous déplacer sans dommages sur Syrùth, et ensuite cela affaiblira un peu plus Inferna.
- Soit, dit Shadow. Mais en quoi les Prêtres, exactement, sont-ils les seuls à pouvoir parler à ces démons ?
- Je vais te le dire, dit Lie-ker. L'entrée de chaque temple est libre. Mais une fois à l'intérieur, il y a une stèle de pierre qui bouche l'accès au tunnel principal. Cette stèle, seul un Prêtre a le pouvoir de la détruire. Ensuite, tu... oui, tu peux parler aux démons.
- Pourquoi moi je peux parler aux démons ? Les autres Prêtres aussi, non ?
Lie-ker et Sidus se turent soudainement. Il détournèrent le regard, comme s'il essayaient d'éviter celui de Shadow.
- Dis, Shadow, fit alors Mina. Tu penses que c'est aussi lié à ton sang de Prêtre, la vision que tu as eue ?
Lie-ker redressa la tête soudainement.
- Tu as eu une vision ? questionna-t-elle.
- Oui, affirma Shadow. Une vision qui m'a prévenue de la mort. Si je ne l'avais pas eue, sans doute ne serais-je plus de ce monde.
Lie-ker et Sidus se regardèrent à nouveau, comme effrayés. La hérissonne blanche se passa la main sur le visage. Elle craignait visiblement quelque chose, mais quoi ? Un secret dont Shadow ne devait jamais connaître le sens ?
- Sidus... dit Shadow. C'est bien lié à mon sang de Prêtre, ce genre de vision prémonitoires ?
Sidus prit un air gêné :
- Hem... À vrai dire, je...
- Oui, coupa Lie-ker. C'est un don de Prêtre.
- Alors tout s'explique, conclut le hérisson noir. Comme quand dans la base, mon esprit me guidais pour me faire repérer les issues et les pièges.
Cette fois, aucun des deux Sages ne se risqua à dire mot. Il parut évident à Shadow que les deux Sages lui cachaient quelque chose. Mais s'ils ne disaient rien, il y avait sans doute une bonne raison. Le hérisson noir ne se risqua pas à regarder sa tante dans les yeux, mais devina rien qu'à ses paroles hésitantes et ce ton dans la voix qu'il y avait quelque chose, à son sujet, dont il faudrait attendre encore le dévoilement. L'idée d'attendre ne lui plaisait pas vraiment ; mais il se dit qu'après tout, il ignorait encore bien des choses au sujet des événements présents. C'est alors qu'il se figea.
- Alors tout s'explique ! lança Mina joyeusement afin de briser le silence. Pas vrai, Sha... Shadow ?
Le regarda figé vers l'extérieur, les oreilles dressées et les pieds immobiles sur le sol en bois, Shadow semblait complètement coupé de ce qui se passait à l'intérieur de la hutte. Le regard des deux Sages retrouvèrent leur étincelle. Shadow fixait toujours intensément la porte fermée, comme s'il cherchait à en voir au-travers. Mina ne comprenait pas :
- Shadow ? risqua-t-elle. Tout va bien ?
La jeune mangouste crut à un moment que Shadow avait parlé ; un léger murmure à peine audible s'était élevé dans la maison. Les deux Sages semblaient l'avoir senti, car ils jetèrent à ce moment-là des regards soucieux tout autour d'eux. Puis le regard de Lie-ker se braqua sur Shadow :
- Que vois-tu ? demanda-t-elle d'un ton sec et infaillible en s'avançant vers lui.
Mina recula jusqu'au mur et s'y plaqua, terrifiée. Autant par le regard de Lie-ker que par ce qui arrivait si soudainement à Shadow.
Car ses pupilles semblaient s'être amincies, ses yeux devinrent encore plus froids que d'habitude. Le sol vibra bizarrement tout autour de lui, et sa forme devenait comme floue ; sans que l'on eût su dire si c'était une illusion ou ce qui se passait vraiment. Shadow avait presque pris la posture d'un lion prêt à bondir sur sa proie. Nullement impressionnée, Lie-ker arriva auprès de lui d'un pas rapide et poussa Shadow, qui dut pour se rattraper poser un pied en avant, le faisant redevenir normal brusquement. Le hérisson noir cligna des yeux, et se redressa lentement.
- Qu'as-tu senti ? répéta Lie-ker à Shadow.
- Très loin... articula Shadow, apparemment encore bouleversé. Plus loin encore que Metropolan... la...
La voix du hérisson noir sembla prendre soudain un ton d'acidité :
- L'odeur du sang.

Fin du Onzième chapitre.

Merci à vous ! C'est vrai que Final Fantasy a été une grande source d'inspiration pour moi. Mais j'aime tellement ces jeux ^^

Allez, voilà la suite, en espérant qu'elle soit à la hauteur ^^

Douzième chapitre : Retour dans les Tours Sombres

Mina se mit à trembler. Sidus et Lie-ker s'échangèrent un regard entendu, mais désespéré. Tandis que Shadow se remettait de ces étranges sensation, la Sage se redressa, et demanda :
- Shadow, tu es certain de ce que tu as senti ?
- Absolument, garantit Shadow. C'est étrange. Ca ne m'était jamais arrivé auparavant.
- Je suppose qu'il se trame quelque chose dans les environs de Black City, dit Lie-ker.
- Mais c'est évident ! s'exclama alors Mina. Le général de Black City, le général Kawari, disait qu'il allait livrer la guerre à Dark Towers ! Enfin, il le sous-entendait... Parce qu'il nous a envoyés, moi et Shadow, pour aller faire sauter le générateur de la base principale de Dark Towers ! Il voulait les affaiblir !
- L'imprudent... murmura Sidus, alors que son regard s'assombrissait. Laitutarae - ou Dark Towers, comme vous l'appelez - est pleine de ressources malsaines, et d'une puissance mortelle. Si les derniers guerriers de Furaara décident de passer à l'attaque avant l'ennemi, elle court à sa mort.
- Furaara ? fit Mina.
- Black City, si vous préférez.
- Ca veut dire que Jak et Ino sont en danger, dit Shadow. Il nous faut partir pour Black City maintenant, ou il va se passer quelque chose de terrible !
- Jak ? s'étonna Lie-ker. Jakurio, le fils du Sage Bahrane ?
- J'ignore le nom de son père, mais je le connais lui. Mina et moi l'avons secouru alors qu'il était grièvement blessé. Il m'a dit que son père s'était fait tuer lors de l'attaque de monstres.
Lie-ker et Sidus parurent en prendre un méchant coup. Ils froncèrent les sourcils, comme s'ils refusaient d'y croire.
- Bahrane est mort ?... fit Lie-ker en tremblotant. C'est pas vrai... Il était l'un des derniers humains à croire en nous...
Ils y eut un silence, que Shadow respecta en comprenant qu'il avait apporté une bien mauvaise nouvelle.
- Tu l'ignores peut-être, dit finalement Lie-ker à l'issue de cinq minutes tendues, mais Jakurio est un descendant d'Arthus. Ce qui se trame dans notre galaxie le concerne également, puisqu'il descend du plus courageux et fort des hommes.
- Puisqu'il est important, réagit Mina, on doit aller l'aider !
- Je suis d'accord, déclara Shadow. Sidus, Lie-ker, nous vous remercions de votre patience. Moi et Mina partons sur-le-champ pour Black City.

À ces mots, Sidus redressa la tête :
- Partir pour Furaara ? Mais, Shadow, nous avons déjà perdu trop de temps ! En ce moment même, tu devrais déjà être dans le temple de la Terre !
Shadow se retourna et planta son regard dans celui du Sage. Il n'éprouvait plus la moindre frayeur pour les yeux perçants de Sidus.
- Soit, nous avons perdu assez de temps, dit Shadow. Mais si Black City se fait ravager par Dark Towers, que se passera-t-il ? L'étrange puissance des Tours Sombres va peu à peu engloutir les autres villes, et si ça se trouve, cela va engendrer un autre problème ! Mon objectif n'est pas de sauver Black City, si vous voulez savoir. C'est d'empêcher Dark Towers de sévir !
Chacun resta silencieux.
- Shadow, risqua Sidus au bout d'un moment. En tant que Prêtre tu te dois d'agir avec efficacité.
Il s'adressa à Lie-ker avec les yeux. À la réponse apparemment affirmative de cette dernière, le Sage poursuivit :
- Alors dépêches-toi d'arrêter Laitutarae, car le temps presse. Mais je te fais confiance. Tu n'es pas n'importe qui, et je sais qu'un jour, tu parviendras à prouver ta valeur. Je t'ai dit ce que je pouvais. Vas, à présent.
Shadow salua le Sage d'un signe de tête, Mina fit de même. Lie-ker quant à elle s'inclina très bas devant son vieil ami, avant de tourner les talons avec Shadow et Mina et de quitter la maison. Tandis qu'ils quittaient le village, Sidus les regardait partir.
- Lucéria, sois-en certaine, ton fils sera celui qui sauvera nos mondes, murmura-t-il.
Il avait à peine fini de parler qu'une étoile apparut dans le ciel.

Une fois sortis de la forêt, Shadow regarda le ciel. L'après-midi s'entamait à peine, et Dark Towers était loin.
- Dark Towers est loin, déclara Lie-ker, comme si elle avait lu dans ses pensées. Avec un peu de chance, on y sera avant la nuit.
- On peut y être dans moins d'une heure, si tu veux.
- Comment ?!
Shadow prit Lie-ker dans ses bras et se tourna vers Mina :
- Prête ?
La jeune mangouste approuva d'un signe de tête. Alors tous trois disparurent dans deux éclairs qui chargèrent à toute vitesse vers Dark Towers. Shadow allait si vite que Lie-ker n'avait pas le temps de crier. À leur passage, c'est à peine si l'on pouvait voir voler quelques herbes et mottes de terre. Ils dépassèrent Metropolan City en un rien de temps, et parcoururent les plaines en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Ce fut très rapidement au goût de la Sage qu'ils arrivèrent devant une ville dont les sombres immeubles ressemblaient à des tours délabrées. Shadow posa Lie-ker une fois que lui et Mina se furent arrêtés, puis ils contemplèrent la cité d'un oeil méfiant.
- L'odeur venait d'ici, affirma Shadow. Il doit se passer quelque chose.
- Sans doute, oui, dit Lie-ker, mais la cité semble presque inaccessible.
- Peut-être que nous pouvons passer par ces ruelles ? tenta Mina.
Au bas des immenses parois de fer, de étroits couloirs s'enfonçaient dans la ville. Les nuages couvraient le ciel en permanence, et il commençait à pleuvoir lentement. Le ciel au-dessus de Dark Towers s'était couvert d'une teinte noire, comme si elle avait été colorée par des cendres.
- Avant qu'on y aille, dit Lie-ker, il faut que vous promettiez d'être prudents, les enfants.
Elle sortit son bâton et regarda Shadow et Mina. Ceux-ci lui firent un signe affirmatif de la tête, avant de dévaler la colline sur laquelle ils étaient perchés, et de foncer vers les ruelles.
Ils s'engouffrèrent entre deux murs immenses, où ils ne purent que sentir la pluie tomber sur eux. Tandis qu'ils marchaient, des bruits de combat et de coups de feu se faisaient de plus en plus forts. Plusieurs plaintes, vite masquées par des explosions, s'élevaient en se lamentant dans le ciel obscur. Au bout d'un moment, ils débouchèrent sur une grande place, où un combat entre les humains de Black City et des machines réveillées faisait rage.
- Voilà ce qui vit à Dark Towers ! s'exclama Lie-ker. Ce sont d'anciens robots, qui n'ont pas été désaffectés !
Les machines semblaient d'une puissance inouïe, même malgré leur vieillesse et la rouille qui les recouvrait en partie. Sans doute les humains les avaient-ils abandonnées car elles étaient jugées trop dangereuses.
- Il faut retrouver Jak ! s'exclama Shadow, en s'avançant vers la bataille.
Les deux filles suivirent le mouvement. Tous ne combattirent que pour se défendre, afin de ne pas perdre de temps. Mais tenir tête à autant d'adversaires était rude. Shadow, Mina et Lie-ker finirent par se plaquer derrière un mur, afin de respirer un instant.
- On ne tiendra pas comme ça très longtemps ! haleta Lie-ker. Il faut faire quelque chose !
- Commençons par retrouver Jak, dit Mina. Si Black City a bel et bien envoyé ses derniers guerriers sur la cité, alors il doit en faire partie.
Shadow approuva d'un signe de tête et se faufila dans d'autres ruelles. Il fit presque le tour de la ville, guettant chaque combattant qu'il pouvait distinguer. Il trouvait lâche de se cacher ainsi, mais que faire contre des machines aussi puissantes ? Une fois qu'il aurait retrouvé Jak, il aiderait les humains à se sauver des griffes de tous ces terribles engins.
Ce fut à l'issue d'un bon quart d'heure que Shadow et ses alliées, passés par une autre ruelle, arrivèrent dans une salle assez abritée, et bien cachée. Quelques humains en difficulté s'y lamentaient, blessés le plus souvent gravement. Les trois mobiens circulèrent entre les combattants, craignant de reconnaître Jak parmi eux. Mais il ne s'y trouvait apparemment pas.
- Cherchons ailleurs, suggéra Lie-ker. Ce garçon a certainement survécu.
Alors qu'il allait sortir, ils entendirent une voix :
- J'amène les seaux d'eau ! Ca va aller mieux !
Et, à leur plus grand étonnement, Jak sortit d'une pièce, blessé lui aussi mais encore debout, avec de grands seaux d'eau et des serviettes. Il allait commencer à panser les blessures de ses semblables, lorsqu'il remarqua les trois mobiens, et que ses yeux s'illuminèrent :
- Shadow ! Mina ! Vous êtes venus !
- Jak, tout va bien ? questionna Mina d'un air inquiet.
- Ca peut aller, tous mes vaisseaux se sont faits détruire, alors maintenant je porte secours aux blessés. On ne tiendra pas très longtemps ; les robots prennent le dessus. À vrai dire, il ne reste qu'un moyen à mon avis pour gagner la bataille.
- Ah oui ? Quel moyen ? demanda Shadow.
- Le plus sophistiqué de nos vaisseaux ! Il est super rapide et se nomme La Chimère. C'est un scientifique qui l'a construit, et nous l'a donné pour se racheter, et nous permettre de gagner la guerre ! Mais malheureusement, La Chimère est enfermée dans un entrepôt à l'autre bout de la ville.
- Comment ça se fait ? demanda Mina.
- Les robots s'en sont emparés ! répondit Jak. Et comme ils ne voulaient sans doute pas gâcher leur puissance pour détruire un vaisseau aussi grand, ils l'ont enfermé dans un de leur entrepôts, dont ils sont les seuls à savoir l'ouvrir. C'est Commandante Kawari qui me l'a dit quand elle est revenue ici. Elle doit avoir un plan pour le récupérer, mais il lui manque des guerriers...
Il y eut un bref silence, avant que Jak ne porte à nouveau son regard sur ses anciens sauveurs, et s'écrie :
- Mais ! Vous pouvez nous aider, vous ! Vous êtes des combattants hors pair, vous avez même réussi à tuer un Lygarus !
En entendant ça, Lie-ker interrogea Mina du regard. La jeune mangouste lui confia que le monstre était déjà très amoché à ce moment-là.
- Shadow, Mina ! Vous êtes notre dernière chance de nous en sortir ! assura Jak. S'il vous plaît, aidez Commandante Kawari à récupérer La Chimère !
- Bien sûr que nous allons t'aider, fils de Bahrane, fit Lie-ker.
Jak la regarda avec de grands yeux.
- ( Je sens qu'elle ne va pas en manquer une de faire son intéressante ) songea Shadow.
- Vous... vous êtes la Sage mobienne de Metropolan ? bafouilla Jak. Ca alors ! Je suis honoré !
Il s'inclina aussi bas qu'il le pouvait, mais il était déjà à raz du sol.
- Allons, redresses-toi, Jakurio, fit Lie-ker avec un geste impérial de la main. ( Shadow lève les yeux au ciel et Mina toussote ) Euh... oui. L'heure est grave, après tout. Tu dis qu'il nous faut retrouver la jeune Ino Kawari ?
- Oui ! fit Jak, le regard plein d'espoir. Retrouvez-la, et informez-la de tout ce que je vous ai dit. Je suppose qu'elle se trouve non loin dudit entrepôt, de l'autre côté de la ville.
- Parfait, allons-y, dit Shadow.
Jak leur souhaita bonne chance, et les trois mobiens quittèrent le refuge avant de s'avancer à nouveau entre les explosions et la poussière des batailles. Assez en retrait, ils ne manquèrent pas pour autant de détruire quelques robots au passage.
Ils coururent pendant longtemps, sautant de robots en robots et escaladant parfois même quelques tours délabrées, pour trouver des passages plus sûrs. Ils parvinrent à un moment sur une immense passerelle et de seulement un mètre de large. Elle reliait les deux tours les plus hautes de la ville, qui s'étendaient fièrement malgré leur aspect délabré dans les ténèbres du ciel. La pluie s'écroulait en trombe sur toute la cité, et le vent était si fort que garder l'équilibre sur la passerelle s'avérait de plus en plus difficile. Il faisait un froid terrible, que les humains ne sauraient sans doute pas supporter. Alors qu'ils n'étaient pas encore arrivés au milieu du pont, ils constatèrent avec frayeur que, devant eux, il n'y avait plus de barrières sur leurs côtés. Elles avaient été brisées. Et chaque pas qu'ils faisaient, aussi lentement que ce fût, faisait trembler les planches de métal environnantes.
- Ca devient dangereux ! cria Lie-ker pour se faire entendre sous le souffle du vent. Faites attention !
Shadow et Mina furent aussi prudents que possible, Shadow en tête, Mina derrière et Lie-ker fermant la marche. Pendant sa traversée peu rassurante, Mina trouva le courage de détourner les yeux de ses pieds et des planches de métal sur lesquelles elle marchait pour balayer du regard l'étendue de la ville. La pluie semblait la nettoyer un peu. Mais tout était plongé dans le noir et il n'y avait pas la moindre source de lumière.
À l'issue de quelques dix minutes tendues, il ne resta à leur soulagement qu'une dizaine de mètres de passerelle à parcourir. C'est alors qu'en bas, ils purent voir que des robots décollaient grâce à des réacteurs. Et l'un d'eux, qui les avait remarqués, remonta en trombe jusqu'à eux.
- Attention ! cria Shadow.
Le robot percuta le pont qui se pencha dangereusement, mais tenu bon. Le robot s'accrocha sur les planches de métal avec ses longs bras à moitié détruits. Pleins de fils en pendaient, émettant quelques sons électriques. Le robot les regarda avec sa petite tête carrée, et ses yeux dont l'un était plus ouvert que l'autre. Il commença à s'avancer vers eux prudemment, en essayant de faire bouger la passerelle le moins possible pour ne pas tomber.
- Shadow ! Mina ! cria Lie-ker. Derrière moi !
En un bond agile, les deux mobiens s'exécutèrent. Lie-ker se retrouva face au robot. Elle prit un air sinistre, et la rose de son bâton se mit à briller.
Il y eut une détonation et le robot s'écroula, il tomba du pont en emportant ce dernier avec lui.
- COUREZ ! s'écria Lie-ker.
Les trois mobiens s'élancèrent sur le pont en train de s'effondrer, à toute allure, sous la pluie qui les frappait et le vent qui manquait de leur faire perdre l'équilibre. Il y avait une porte juste devant eux, qui leur permettrait d'entrer dans la tour. Lie-ker entra la première, suivie de Mina. Le pont s'effondra complètement, une seconde après que Shadow eut bondit des planches de métal pour atterrir à son tour sain et sauf dans la porte.
Ils regardèrent le pont s'effondrer sur les robots qui se trouvaient tout en bas, le vent profitant de la porte ouverte pour s'engouffrer dans la tour en secouant les vêtements des mobiens. Finalement, les trois alliés jugèrent qu'ils n'avaient pas de temps à perdre ; et ils s'engagèrent dans la tour.
Il y faisait clair, étrangement : les néons fonctionnaient encore pour la plupart. Tout était calme, ils ne rencontrèrent que quelques robots de garde qui leur furent faciles à détruire. Ils essayèrent de nombreuses portes ; mais la tour s'avérait être un véritable labyrinthe. Il leur fallut du temps pour trouver la porte de métal rouillée qui débouchait sur le vide, à trente mètres de hauteur. Il y avait bien une trappe pour descendre plus sûrement en bas ; mais elle était verrouillée et semblait solide. De cette altitude, les trois mobiens pouvaient voir une grande place et des robots défendre sauvagement de longs bâtiments et peu hauts. Le plus haut était un peu plus éloigné, et semblait également le mieux gardé.
- Les entrepôts ! s'exclama Lie-ker. Ino Kawari ne doit pas être loin !
- Mais comment va-t-on descendre ? demanda Mina.
- Descendre sur le sol ? fit Lie-ker. Ce serait de la folie. Nous allons plutôt... courir les toits.
Shadow comprit son plan en repérant un toit à leur gauche, il fallait sauter loin pour l'atteindre mais il s'en sentait capable :
- Prêts ? questionna Lie-ker.
Mina ravala sa salive. Les trois mobiens firent ensemble un bond prodigieux et atterrirent agilement sur le toit. Il était tout de même moins élevé que la porte d'où ils avaient sauté.
- Descendons du côté des ruelles obscures ! cria Lie-ker pour parler plus fort que les détonations environnantes.
Ils coururent un peu sur le toit, puis descendirent en douceur sur le sol trempé. C'est alors qu'ils entendirent une voix familière :
- Vous, ici ? Je vous croyais à Metropolan !
Ils se retournèrent et se retrouvèrent nez à nez avec Ino, ses cheveux roses trempés et son fier uniforme foncé par la pluie. Derrière elle, quelques humains assuraient sa protection.
- Sage Lie-ker ? dit-elle ensuite. Vous avez quitté Metropolan ? Mais que venez-vous faire ici, en plein carnage ?
La Sage lui expliqua rapidement pourquoi elle était partie, ses liens avec Shadow et Mina, et ce avec une habilité surprenante pour esquiver les propos dont elle ne devait pas dire mot.
- Vous êtes venus forcer l'entrepôt 441 ? demanda-t-elle. C'est courageux de votre part. Mais merci de nous venir en aide. Écoutez : Nous allons faire diversion sur l'entrée principale, tandis que vous contournerez le bâtiment pour entrer par-derrière. Il y a une entrée, mais elle est très petite pour des humains et ne servait aux humains qui vivaient ici autrefois qu'à faire un peu d'air dans l'entrepôt.
- Très bien, fit Shadow. Nous partons sur-le-champ.
- Merci à vous, et bonne chance, dit Ino.
Les trois mobiens fondirent en direction de l'entrepôt 441, tandis que Ino et ses hommes se dirigeaient vers le front de ce dernier.

Shadow, Mina et Lie-ker marchaient en file indienne entre les parois de métal rouillées des maisons. Ils finirent par arriver au bord d'une place où, devant eux, se dressait l'un des murs de l'entrepôt 441. Ils attendirent dans l'ombre, que tous les robots s'en aillent faire face à l'attaque soudaine de la commandante Kawari et de ses hommes.
- À mon signal, on se lance, souffla Lie-ker.
Le dernier robot s'en alla finalement en direction de la porte principale. Lie-ker compta encore quelques secondes avant de donner le signal et s'élancer d'un bond vers l'entrepôt. Les trois mobiens coururent sur le sol de béton aussi silencieusement qu'une bande de félins et arrivèrent au mur de derrière sans encombres. Vers le haut, ils virent la petite entrée dont parlait Ino :
- J'y vais en premier, dit Lie-ker. Suivez-moi ensuite.
La Sage fléchit les genoux, puis sauta très haut. Elle prit appui sur le mur, exécuta un deuxième saut et atterrit directement dans l'ouverture. Elle fit un petit signe de la main à ses alliés, avant de s'engouffrer dans le mur.
Mina suivit le mouvement. Shadow trouvait cela plus prudent. La jeune mangouste n'eut aucun mal à escalader le mur jusqu'à l'ouverture, où elle se glissa avec agilité.
Shadow n'eut quant à lui besoin que de courir sur le mur après avoir pris un rien d'élan. Il s'aventura dans le mur, et déboucha dans une salle immense et éclairée, au milieu de laquelle trônait un splendide vaisseau.
Il était essentiellement noir, avec quelques bandes rouges tout le long. Le cockpit était la tête d'un immense dragon que représentait l'engin volant. Ses réacteurs à l'arrière devaient être très puissants, à en juger par la taille de l'engin à déplacer. Il devait bien faire dix mètres de haut, pour trente de long. Il avait fière allure, et intimidait par ses formes qui rappelaient celles de créatures oubliées. Sa porte était ouverte, sur son côté, et Lie-ker et Mina lui faisaient signe. Il les rejoignit, et dit :
- Je propose que vous deux, Mina et Lie-ker, grimpiez à l'intérieur du vaisseau pour apprendre à le manier. Quant à moi, je vais ouvrir la porte de l'entrepôt, et venir en aide à Ino.
- D'accord ! fit Mina.
- Ca me convient, dit Lie-ker.
Les deux filles entrèrent dans le vaisseau, tandis que Shadow se dirigeait vers une manette à côté de la porte. Il n'eut que besoin de l'actionner pour qu'elle s'ouvre. Les robots se retournèrent, étonnés ; et dehors les humains reprirent le dessus. Shadow vint les aider, tandis que Mina et Lie-ker, aux commandes, faisaient décoller le vaisseau. Elles survolèrent la bataille qui se déroulait devant elles, faisant décoller avec elles un nuage de poussière, et s'envolèrent dans le ciel sombre sous la pluie torrentielle. Ino les regarda s'éloigner vers les nuages avant de revenir en trombe pour détruire les robots au moyen de lasers.
- ( Ils ont réussi ! ) pensa-t-elle avec un soupir de soulagement que, contrairement à d'habitude, elle n'essaya pas de dissimuler.

Fin du Douzième chapitre.

Merci à toi, Sonadow ! Voilà la suite.

Treizième Chapitre : Le Temple de la Terre

Éclair rouge dans le ciel obscur, La Chimère nettoyait littéralement les rues, détruisant les robots et brisant d'inquiétantes machines. Les humains s'arrêtèrent en grand nombre de combattre, pour acclamer leur vaisseau sauveur. Ino le regarda encore voler quelques instants, puis se ressaisit. Elle reprit sa posture de Commandante, et sortit un petit engin ressemblant fort à un talkie-walkie. Elle l'actionna et le porta à son oreille.

- "Chimère. Chimère ! Vous m'entendez ?"
Lie-ker regarda un petit micro, vers la droite du plateau de commandes. Elle s'en approcha, tandis que Mina continuait à piloter, et répondit :
- Je vous reçois cinq sur cinq !
- "Excellent, dit la voix d'Ino. Les derniers robots ont été maîtrisés grâce à vous par nos troupes. Je vous invite à aller vous poser sur la grande place centrale, votre ami le hérisson noir s'y trouve déjà."
- Très bien, nous arrivons. Terminé !
La jeune Sage se redressa d'un air fier :
- J'ignorais que j'avais de telles connaissances en matière de pilotage, dit-elle. Je ferais un excellent copilote, qu'en penses-tu ?
- Personnellement, je vous préfère en tant que Sage, répondit Mina.

La pluie s'était arrêtée lorsque Shadow, de la place centrale, vit arriver le vaisseau rouge dans le ciel. Quelques hommes étaient également arrivés avec Ino, et comme celle-ci n'avait aucunement réagi à la présence d'un mobien avec eux, les hommes attendirent en silence.
La Chimère se posa délicatement malgré son poids sur le sol encore trempé. La porte s'ouvrit, et Lie-ker et Mina en jaillirent, toutes excitées.
- On a réussi ! s'exclama Mina en dansant. Les humains sont sauvés !
Surpris, ceux-ci partagèrent alors leur allégresse et purent enfin crier victoire. Bien que ce ne fut pas dans ses habitudes, Ino les laissa s'amuser à leur gré, les laissant oublier un peu les règles de base pour un soldat militaire.
- C'est super génial ! Vous avez réussi !
Ino, Shadow, Mina et Lie-ker se retournèrent. Pourtant couvert de blessures, Jak les rejoignait en courant :
- Vous êtes formidables ! hurla-t-il à tout bout de champ.
- Jakurio... dit Ino, avec tout de même un maigre sourire amusé non conforme à ses habitudes.
Le jeune soldat fit de son mieux pour se calmer, mais ne résistait pas à l'envie de sautiller un peu partout, au risque de se casser quelque chose. Mina eut bien vite fait de le rejoindre, amusée par son positivisme.
- ( On dirait que Mina a trouvé son alter ego ) pensa Shadow.
Lie-ker s'était elle aussi calmée. Elle porta son attention sur Ino :
- Maintenant que le calme est revenu et que Dark Towers est hors d'état de nuire, dit-elle, mes amis et moi allons repartir pour poursuivre notre quête.
- Vous allez partir tuer Inferna ?
Lie-ker fut étonnée. Ainsi Ino connaissait elle aussi l'histoire d'Ethera !
- Je connais l'histoire que les anciens nous ont cachée, confirma Ino, comme si elle aussi savait lire dans les pensées des autres. Mon père, le général Kawari, sait beaucoup de choses à ce sujet, mais sait aussi se taire. Si après tout je vous connaît, Sage Lie-ker, ce n'est pas pour rien.
- Je vois, fit la Sage avec un sourire. Donc, pendant que nous, trois mobiens sans importance, risqueront notre peau pour sauver toutes les autres, vous saurez parler à Kawari et lui expliquer que les deux mobiens qu'il a capturés et dont il a souhaité la mort sont en fait issus des familles nobles de Mobius, et que ce seront eux qui sauveront Ethera ?
- Bien sûr, répondit Ino. Maintenant, je pense que votre route sera longue. Partez dès maintenant. Vous avez ma parole que je parlerai à ceux de Black City, et que leur expliquerai que les mobiens sont aussi bons que les hommes, au fond.
Jak, qui avait entendu le mot "partir" à l'intention de ses nouveaux amis, s'exclama :
- Ils partent déjà ?! Mais, c'est pas juste...
Il prit un air affligé. Ino le considéra avec une pointe d'agacement, mais surtout un fond de peine pour lui. C'est alors que Lie-ker proposa :
- Et s'il venait avec nous ?
Ino se tourna vers la Sage, surprise de sa proposition. Un garçon tel que Jak avait plus une tête de fardeau qu'autre chose.
- Jak descend de la famille d'Arthus, qui était à l'origine le roi des humains. Fort et brave, il ne reculait devant rien. Mais il est aussi le fils de Bahrane, le Sage, que vous connaissiez, je pense. Or tous les Sages sont liés d'une façon ou d'une autre à ce qui se trame ces derniers temps. Jak serait donc, si nous avons son accord, le bienvenu dans notre bande.
En entendant cela, Jak oublia d'un coup toute tristesse ou blessure ; il s'écria :
- Oui ! Je veux venir ! Je prends mon katana, et on est partis !
- Jakurio ! rétorqua Ino, consciente que cette quête serait dangereuse pour un si jeune garçon.
- Ino, dit Lie-ker. Jakurio n'en a peut-être pas l'air, mais je sais qu'il est très fort. Il est le gai luron dont personne ne peut réprimer la présence.
À ces mots, Ino sourit. Elle était bien d'accord là-dessus.
- Acceptez-vous donc de lui faire confiance ? demanda Lie-ker.
Ino demeura immobile, la tête légèrement baissée. Chacun se tut, prêt à entendre sa réponse.
- Prenez La Chimère, finit-elle par dire, elle vous sera utile. Et puis, il y a quatre chambres, ce sera parfait pour votre nombre.
Jak vit ses yeux s'illuminer et sauta partout en criant victoire. Mina se réjouit, malgré Shadow qui restait de marbre à première vue. Lie-ker dit :
- Merci pour lui. Il rentrera sain et sauf.
Elle marcha vers le vaisseau, rappelant sa troupe à l'ordre, tandis que Ino lui déclarait :
- J'en suis convaincue...
Sur un dernier salut, les trois mobiens accompagnés de Jak rentrèrent dans le vaisseau ; lequel décolla peu de temps après. Il s'éleva dans le ciel, tandis que le ciel s'était légèrement éclairci, puis il s'en alla vers la plaine immense, sous le regard des humains de Black City.

Malgré la terrible envie de Jak d'aller aux commandes du vaisseau, ce fut Mina qui y alla. Après tout, le jeune homme était encore blessé, et Lie-ker entreprit de soigner ses blessures à l'aide de sorts magiques, tandis qu'ils se dirigeaient vers le Temple de la Terre, qui se trouvait au-delà encore de Metropolan ou de Myokoara.
La Chimère était en effet un vaste vaisseau. En entrant, l'on se retrouvait dans un hall plutôt long. À gauche, il y avait tout de suite la porte d'une chambre ; qui avait été élue comme étant celle de Lie-ker. À droite, il y avait deux portes. La première permettait l'accès à la salle des machines, et la deuxième porte était une autre chambre, celle de Mina. Puis il y avait un escalier tout droit ; il longeait le mur d'en face, partait de la droite pour arriver en haut à gauche. Une fois en haut, l'on pouvait se rendre au-dessus de la chambre de Mina, à l'aide d'un pont qui amenait à la chambre de Shadow, et à côté à une salle de rangement. Et, à l'opposé, une porte coulissante donnait accès à un couloir, suivi du cockpit après une salle de bain. Le cockpit était doté de trois fenêtres : une devant pour le pilote, et une de chaque côté. Au centre, il y avait une boussole surélevée recouverte d'une capsule de verre. Et le vaisseau abritait également de nombreuses cartes, qui furent utiles aux quatre alliés pour se repérer.
Deux ou trois heures passèrent, dans le calme la plupart du temps. La Chimère se déplaçait très vite, mais le Temple de la Terre était loin. Le vaisseau rouge et noir traversa lacs, forêts, et même une chaîne de montagnes, qui formait un épais cercle autour d'un poing rouge qui, sur la carte du pays, portait le nom de Temple de la Terre.
- Après cette chaîne de montagnes, dit Lie-ker, on arrivera au temple. Mina, prépares-toi à atterrir !
- Très bien !
La Chimère descendit progressivement, puis finit par s'arrêter devant un temple immense aux pierres bleutées ornées de mousses et de gravures en langue ancienne. On voyait vers le sommet de l'édifice quelques fenêtres très petites, et en bas, une voûte servant d'entrée aux visiteurs. Le toit était pointu, et décoré de gravures représentant des créatures telles que des dragons ou des monstres.
- Magnifique, n'est-ce pas ? fit remarquer Lie-ker tandis qu'elle et ses alliés, sortis du vaisseau, contemplaient l'édifice.
- Bon, alors allons-y, dit Shadow.
- Attends Shadow, dit Lie-ker. Il faut que tu sois sûr de toi avant d'entrer. Tu risques ta vie là-dedans.
- Ca va, je suis prêt. Et donc, une fois à l'intérieur, je devrai parler au démon gardien ?
- Après un petit parcours non semé d'embûches, oui, répondit Lie-ker avec un sourire gêné. Tu lui dis de chasser les monstres de la Terre même si... Inferna est plus puissante que jamais, et puis... ensuite on avisera...
Pour une fois, la Sage semblait avoir perdu sa légendaire assurance. Cela ne rassura ni Mina, ni Jak, mais ces derniers n'étaient pas prêts à abandonner.
- Jak, dit Shadow, si tu es certain de pouvoir te battre, on y va.
- Oui ! s'exclama le jeune garçon.
Il brandit son katana, une arme bleu clair ou sombre selon les endroits. En cette époque, les katana n'étaient plus les fiers sabres japonais. Ils étaient devenus d'étranges épées, généralement sans garde, pointues ou arrondies et dotées de toutes autres formes. Le katana de Jak était pour sa part orné de trois grandes épines à son extrémité, et une autre sur la longueur de la lame.
- Dans ce cas, à toi l'honneur, Shadow ! fit Lie-ker.
Le hérisson noir s'exécuta en s'avançant vers l'entrée du temple. À chaque pas, il se sentait de plus en plus menacé, et les formes du temple qui se rapprochaient de lui semblaient vouloir l'engloutir. Son esprit se brouilla, et il eut du mal à marcher droit. Il ne tarda pas à poser un genou au sol, soudainement pris d'un mal étrange, et, tandis que des voix affolées qu'il n'arrivait plus à reconnaître s'élevaient autour de lui, il s'effondra sur le sol.

- "Sô caens aoku da fura..."
Des mots étranges s'élevaient dans sa tête.
- "Aoku da..."
Shadow rouvrit soudainement les yeux, et reprit ses esprits lentement. Il eut d'abord l'impression qu'il flottait dans l'air, puis lorsqu'il réalisa qu'il était au fond d'un lac très mince mais très profond, il remonta à la surface tant bien que mal, sans prendre le temps, pour le moment, de se demander où est-ce qu'il avait abouti. Se hissant sur la terre ferme, il se rendit alors compte que malgré son plongeon dans cet étrange lac à l'eau rosée, il n'était absolument pas mouillé.
- ( Qu'est-ce que... )
Il regarda tout autour de lui. Il se trouvait dans un endroit étrange, flou comme un rêve. Le ciel n'était qu'une lueur claire, et l'on marchait sur un sol bizarre dans lequel poussait des fleurs dotées de plumes en guise de pétales.
- ( Qu'est-ce qui se passe ? Je ne me sens pas en sécurité, ici... )
Mais il s'interrompit, car il venait d'apercevoir au loin une silhouette lumineuse comme l'étrange ciel. Shadow se leva et s'avança vers elle, étonné. Les plumes du champ se détachaient pour s'envoler à son passage. Il s'arrêta à quelques pas de la chose, ou plutôt de la personne, qui lui dit d'une voix mélodieuse sans se retourner :
- "Ainsi, les dieux n'avaient pas menti..."
La personne se retourna alors. Surpris, il contempla alors une hérissonne rose clair, et aux yeux d'un bleu si vif qu'il semblait presque argenté. Ses piques lui arrivaient aux hanches, et deux longues tresses de cheveux fins blancs et relativement souples lui tombaient par-dessus l'épaule. Elle devait avoir une trentaine, ou quarantaine d'années. Pourtant, elle restait d'une grande beauté.
- "Jadis, continua la hérissonne en commençant à avancer, Ethera fut divisée en trois planètes. Ce jour, Caelumbra fut libéré. Il se forgea une forteresse dans l'espace, dans un endroit que personne n'a jamais vu ; ke souLun Daare était de loin le plus beau des monuments".
Shadow la suivit, intrigué.
- "Trois temples furent ensuite dressés sur chacune des trois planètes. Sur les murs de ces temples étaient gravées des histoires en Akurah. L'on racontait principalement l'histoire d'un héros".
- Un héros ? fit Shadow, pourtant peu sûr que la hérissonne prête attention à ce qu'il disait.
- "Ce héros devait sauver Ethera des griffes des traîtres, répondit pourtant la hérissonne. Et aujourd'hui, ce nouveau héros commence à naître".
- Que voulez-vous dire ? questionna Shadow, pas moins intrigué qu'au début de son récit.
- "Tu comprendras, Shadow. Tu sauras l'histoire. Sô caens aoku da fura ; et tu sauras tout dans ton avenir. Aussi vrai que resurgira du sombre passé notre héros, blanc et noir".
- Blanc et noir ?
L'hérissonne lui décoche un sourire tendre en s'arrêtant :
- "Noir d'apparence, mais blanc de fond".
Shadow fit un pas de plus vers elle :
- Qui êtes-vous ?
Alors l'hérissonne, lui adressant un autre sourire, disparut dans un éclair blanc, en même temps que tout le reste, que cet étrange monde dont il ignorait tout encore.

- Shadow, réveilles-toi !
Le hérisson noir rouvrit les yeux. Il fut quelque peu soulagé en constatant qu'il était de retour dans le monde réel, avec près de lui Jak, Mina et Lie-ker, qui avaient sans doute dû s'inquiéter.
- Tout va bien ? demanda cette dernière.
- Ca va aller, répondit Shadow en se relevant, et en retrouvant sa noirceur habituelle. J'étais dans un endroit bizarre, on aurait dit un rêve...
- Raconte-moi.
Shadow s'exécuta, sans omettre de détails. Il ne sut répéter les étranges paroles qu'il avait entendues, mais Lie-ker sembla comprendre tout de même. À la fin de son récit, elle baissa la tête et prit un air désolé :
- Pardonne-moi, Shadow, mais je ne peux rien te dire pour l'instant. Ce doit être vraiment agaçant pour toi, mais, tu vas devoir comprendre par toi-même...
Shadow tourna les talons et s'avança vers le temple. Mina le considéra avec une pointe d'inquiétude, avant de suivre ses pas avec Lie-ker.
Ils entrèrent finalement dans le temple. À peine avaient-ils passé l'encadrement de pierre que le froid s'empara d'eux. Le calme, aussi. Ils aboutirent dans une salle carrée où sur le sol était dessiné un grand triangle, équilatéral, et à chacun de ses trois sommets se trouvait une sphère de couleur différente. En haut, la sphère était bleue. En bas à gauche, elle était rouge, et en bas à droite, verte. Et, contre le mur en face d'eux, une grande stèle gisait. Dessus étaient gravés de nombreux signes en langue ancienne.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda Shadow en s'approchant des gravures.
- C'est étrange de t'entendre demander ça ! s'exclama Lie-ker. Figures-toi qu'il s'agit de la première langue que tu as parlée, on l'appelle l'Akurah.
- C'est beau ! fit Jak.
Shadow se souvint soudainement des paroles de l'étrange hérissonne rose clair ; elle avait parlé de cette langue.
- Sur ce mur, il y a écrit : "Toi qui est digne d'entrer en ce lieu, prononces les mots divins, et la porte s'ouvrira", déclara Lie-ker.
- Les mots divins ?
- Écoutes. Laisses parler ton coeur. Souviens-toi de tout ce que tu as su, mais que tu as pu oublier. Souviens-toi...
Sur ce, elle recula jusqu'à la porte, entraînant Jak et Mina avec elle. Shadow se plaça au centre du triangle, intrigué.
- Au fait, dit alors Lie-ker. Sais-tu ce que signifie ce triangle ?
- Non, répondit Shadow, avec le sentiment que cela paraissait évident.
- On l'appelle le triangle de force d'Ethera, dit la Sage. Chaque sommet du triangle représente une planète : la bleue, c'est la Terre, la rouge, Syrùth, et la verte, Mobius. Ce signe est le signe de la légendaire Noblesse qu'avaient au temps jadis les fidèles de Caelumbra.
- Je vois.
Ne cherchant pas à en savoir plus, Shadow commença par fermer les yeux et se détendre. Le sol émit quelques vibrations autour de lui, jusqu'à devenir très flagrantes. Le hérisson noir se ravisa d'ouvrir les yeux, mais plutôt, possédé par une force et envie dont il ignorait totalement la provenance, il croisa les bras devant lui, tandis qu'autour de lui, des éclairs blancs et un bruit assourdissant faisaient rage, il dit d'une voix calme et assurée :
- Caelumbra, Sena souEthera, montre-moi la voie.
Et, sur ce, la stèle commença à laisser apparaître des fissures comme de lumière, qui grandirent, grandirent, puis émirent une lumière intense, avant d'exploser en entraînant la stèle avec elles. L'explosion de la stèle avait, juste derrière, laissé place à un tunnel qui semblait s'enfoncer dans les profondeurs du temple.
- Bien joué ! s'exclama Lie-ker. On va pouvoir descendre, maintenant. On dirait pas, mais ce tunnel va nous amener sous terre.
- Lie-ker, fit alors Shadow. Qu'est-ce que j'ai dit, avant que la stèle ne se brise ?
- En fait, je n'ai pas compris grand-chose à ce que tu as dit toi, mais ta mère, Lucéria, pour briser les stèles, elle disait en Akurah : "Caelumbra, dieu d'Ethera, vois-moi digne d'entrer en ce lieu". Tout ce que je sais, c'est que toi aussi tu as parlé en Akurah. Enfin, si on y allait ?
Mina se demanda si ce que ressentait Lie-ker était plus de l'amusement ou de la hâte. Puis, suivant Shadow et Jak et précédée de la Sage, elle s'engouffra dans le sombre tunnel.
Leur route souterraine devint de plus en plus sombre au fur et à mesure qu'ils avançaient ; bientôt Mina et Lie-ker ne virent plus rien :
- Je ne vois plus rien ! gémit la voix de Mina dans le noir.
- Moi non plus, affirma celle de Jak. je vais finir par me manger.
- Ces ténèbres ne sont pas naturelles, répliqua la voix de la Sage. Que je crée un sort magique dans le but de nous éclairer ne servirait à rien.
Shadow, qui marchait en tête, ignorait pourquoi est-ce que ses compagnons de route se plaignaient ainsi. Lui parvenait très bien à voir ; il détectait une faible lumière au sol et détachait distinctement la suite du tunnel des ténèbres.
- Shadow, t'arrives à voir, toi ? demanda alors Mina, à a plus grande horreur de Lie-ker.
- Oui. Je suppose que c'est encore un "don de Prêtre", ironisa-t-il.
Lie-ker baissa les yeux dans les ténèbres. Elle était parfaitement consciente que Shadow se trompait, mais ne pouvait rien lui révéler pour l'instant.

Ils finirent par aboutir dans une salle éclairée sous terre. On se demandait par quels miracles pouvait-elle l'être, mais avec tous les événements qui s'accumulaient sur Terre en ce moment, Shadow, Mina et Jak ne posèrent pas de questions.
La salle était plutôt ovale, recouverte de dalles ocres sur les murs. Mais le sol était parsemé d'ossements, et n'était que de terre. À leur opposé se trouvait une porte ; sans doute leur permettrait-elle de continuer leur chemin. Lie-ker sortit son bâton :
- Qu'est-ce qu'il y a ? questionna Jak.
- Sortez vos armes, répondit simplement la Sage.
Les trois alliés ne comprirent pas pourquoi mais s'exécutèrent tout de même. Shadow sortit le manche de son katana électrique, Mina sortit son épée courte dont elle ne se servait pas souvent, et Jak sortit fièrement son katana bleu.
- Il y a du danger, ici ? questionna Jak afin de briser le silence.
Lie-ker soupira :
- C'était pourtant d'une évidence...
À peine les mots avaient-ils surgi de sa bouche que le sol se mit à trembler, et des créatures étranges en sortirent. Elles avaient l'air robustes, avec leur lourde cuirasse sombre, mais étaient courtes sur pattes. Elles avaient une tête dépourvue d'yeux mais d'une mâchoire ornée de dents acérées.
- Ces monstres sont appelés Sédeks, déclara Lie-ker. Comme le Temple de la Terre est plongé dans l'obscurité, ils n'ont pas besoin d'yeux, mais leur ouïe surdéveloppée fait d'eux de redoutables adversaires. Ils ont envahi tout le temple, après la première attaque d'Inferna sur cette planète.
- D'où tu sors tout ça ?! s'exclama Jak, peu convaincu que c'était le bon moment pour s'instruire au sujet des monstres.
L'une des créatures s'avança en crachant férocement, et reçut en échange une boule de feu en pleine gueule de la part de Lie-ker. Ce signal alarma les autres créatures qui se lancèrent en avant, engageant un terrible combat entre eux et ceux qu'ils jugeaient d'intrus.
Shadow avait fait surgir sa lame semblable un aigle doré et frappait de tous les côtés avec une vitesse impressionnante. Les Sédeks commençaient à comprendre, malgré le fait qu'ils étaient aveugles, que Shadow était l'adversaire dont ils devaient le plus se méfier. L'autre adversaire qui lançait des magies avec un bâton était dangereux aussi. Les deux autres se débrouillaient bien, mais les Sédeks, communiquant d'une façon qui était inconnue des mortels, se regroupèrent : et ils bondirent en masse sur Shadow qui se retrouva plaqué au sol. Lie-ker, Jak et Mina vinrent en aide à leur allié, en tuant quelques autres créatures au passage. Mais il en venait de tous les côtés et Shadow était toujours recouvert d'un amas de cuirasses sombres.
Shadow ne parvenait presque plus à respirer. C'est alors qu'il sentit sa main gauche se resserrer autour du manche de son katana, puis il donna un grand coup en arc de cercle, qui trancha facilement les ventres non protégés des Sédeks. Ils s'effondrèrent tous en même temps, et s'évaporèrent peu à peu, comme à chaque fois qu'ils mouraient. Et lorsque le hérisson noir se releva, il n'y avait plus uns seule créature en vie. Souriant en le voyant se relever, Lie-ker, Mina et Jak se rapprochèrent de lui.
- Bravo à tous, dit Lie-ker, mais ce n'est pas encore fini. Il reste un bout de chemin à parcourir. Allons, ne perdons pas de temps.
Ils s'engagèrent dans la porte suivante qui les mena dans un autre couloir encore plus ardu que le premier.
- On a encore un peu de route à faire dans les catacombes du temple, les informa Lie-ker, tandis qu'ils avançaient prudemment. D'après mes souvenirs, on doit marcher une vingtaine de minutes à cette allure après la salle où nous avons combattu les Sédeks.
- Mais au fait, Lie-ker, dit Shadow, tu savais déjà que ces monstres nous attendraient, n'est-ce pas ?
- Effectivement. Mais la première fois, si Arthur n'avait pas été là pour réagir le premier, on aurait je pense eu du mal à s'en sortir.
Mina baissa la tête. Lie-ker comprit son erreur que d'avoir parlé du grand Sire Arthur, et s'excusa :
- Pardonnez-moi, dit-elle. Shadow, fit-elle ensuite, tu te sens prêt pour parler au démon ?
- Puisque tu dis que j'en suis capable. Mais toi aussi, tu pourrais lui parler ?
- S'il parle en Akurah, oui. Mais je pense qu'il parlera plutôt en Akurah ancien ; plus complexe mais que tu connais tout de même. S'il parle en Akurah ancien, en tout cas, ça sera bien pour que tu sois le seul à comprendre. Les Prêtres seuls peuvent maîtriser cette langue.
- Mais pourquoi vouloir que je sois le seul à comprendre ? questionna Shadow.
- C'est toi le Prêtre, ici, répondit simplement Lie-ker en accélérant le pas.

Fin du Treizième chapitre.

Merci beaucoup à vous trois ! Je vais essayer de rendre l'histoire la plus intéressante possible.

Quatorzième chapitre : La chambre des âmes

Lie-ker fut la première à pénétrer dans la salle dans laquelle les amena le couloir.
- Ici, dit-elle à Shadow, Jak et Mina, se réunissent les âmes ayant péri dans les sous-sols du temple.
La salle était plutôt sombre, mais l'on y voyait aisément. En son centre, une pierre blanche polie était posée sur un socle de pierre. Elle brillait fort, et autour d'elle volaient lentement comme des lueurs généralement de couleur verte, ou bleue. Elles étaient en même temps floues comme des flammes, et luisantes comme des étoiles.
- Je débecte ce spectacle, gémit Jak au bout d'un moment.
- Moi aussi... avoua Mina. Ca me fait mal de regarder ça...
- C'est normal, répliqua Lie-ker. C'est une sensation étrange la première fois. D'ailleurs, avec toutes celles que j'ai vues, je ne m'y suis toujours pas habituée...
Shadow, pour sa part, restait silencieux. Lui aussi était affecté par ces formes mélancoliques, mais sa noirceur permanente lui ordonnait de ne pas le montrer. Les âmes avaient comme un visage triste, et parfois, l'on croyait entendre de brefs hurlements suraigus et à peine audibles ; c'était comme si les âmes souhaitaient pousser leurs longues plaintes infiniment désespérées à travers tout Ethera. En les regardant, leurs formes vous serraient le coeur ; vous faisant grande envie de partir pour ne pas pleurer mais en même temps, elles vous clouaient au sol.
- Les âmes sont prisonnières, murmura Lie-ker après un moment de silence. Une fois mortes, elles prennent cette apparence, et ne pourront en ressortir. Elles sont prisonnières des puissances magiques d'Inferna qui les empêche de partir à la Forteresse d'Argent, là où elles sont sensées aller trouver le repos. Et tant qu'Ethera sera sous l'emprise maléfique d'Inferna et de ses monstres, les âmes ne pourront pas repartir, et elles demeureront prisonnières.
Mina essayait de dérober son propre regard de ces âmes. Même Shadow avait cessé de les regarder. Et Jak, même s'il les contemplait toujours, il avait grandement envie de faire comme ses alliés. Lie-ker, quant à elle, commença à longer l'un des murs de la salle en disant :
- Venez, les enfants, on s'en va.
Lesdits enfants ne se le dirent pas redire, et ils suivirent la hérissonne blanche dans le couloir suivant, encore plus abrupt que le deuxième.
- Ca va être de plus en plus en pente, ou quoi ? fit Jak.
- C'est la dernière pente, le rassura Lie-ker. Elle est très abrupte pour nous empêcher de nous échapper facilement. Préparez vos armes, maintenant. Il y a des monstres en bas.
- D'accord, répondirent en coeur Shadow, Jak et Mina.
Une fois en bas, les quatre alliés se trouvaient à nouveau dans un tunnel aux parois de pierres ocres. Mina prépara son épée et Jak son katana, Lie-ker sortit son bâton, et Shadow le manche de son katana. Le premier Sédek qui apparut sortit du sol en grondant, gueule béante. Shadow lui répondit le premier par un coup électrique dans la mâchoire. Mais d'autres apparurent bien vite, plus volumineux les uns que les autres, et les quatre alliés cette fois durent commencer à se battre. Lie-ker leur lançait des sorts magiques, Jak, Shadow et Mina les frappaient, mais les créatures arrivaient toujours, de plus en plus nombreuses :
- Courez ! ordonna Lie-ker. Abattez seulement ceux qui sont sur votre passage !
Chacun s'exécuta ; et pendant leur course, ils assénaient quelque coup aux Sédeks qui les gênaient, ne les tuant pas en général.
- Ils sont bien plus nombreux que la dernière fois ! s'exclama Lie-ker entre deux sorts. On dirait qu'Inferna est de plus en plus puissante ! Hâtons-nous !
Ils accélérèrent le rythme de leur course déjà précipitée, évitant avec encore plus d'efforts les Sédeks menaçants.
- Regardez ! cria Shadow afin de se faire entendre. On dirait qu'on y est !
Son intuition ne l'avait pas trompé. Ils aboutirent tous les quatre dans une salle absolument immense. Elle était si sombre que détecter son extrémité était impossible. Pour l'instant, ils se trouvaient sur les marches d'un très large escalier, aux marches peu hautes, mais nombreuses. Ils descendirent avec prudence, entre quelques piliers destinés à soutenir le lourd plafond souterrain. Toujours tout droit, ils marchèrent ensuite sur un sol de pierre durant trois ou quatre mètres, avant de redescendre un nouvel escalier. Enfin ils aboutirent sur le véritable sol de la salle, qui s'était légèrement éclaircie devant eux, dévoilant alors la plus grande créature que Shadow n'eut jamais vue.
Elle avait une allure de dragon, noir et rouge en grande partie, avec deux immenses ailes dans le dos. Les griffes de ses mains étaient rouges et énormes, sa tête était relativement petite et son museau court. Il avait comme une armure sur la tête, ornée de deux longues cornes pointues comme des lances. Elle fixait à tour de rôle les quatre alliés à l'aide de petits yeux jaunes à la pupille étroite :
- Ainsi, les dieux n'avaient pas menti... fit-il d'une voix profonde résonnant dans toute la salle et semblant pourtant ne venir de nulle part. Mon nom est Arès, démon gardien du Temple de la Terre. Et vous, venez pour que je défende à nouveau cette planète des monstres, c'est bien cela ?
- Effectivement, dit Shadow. Vous savez bien que les Prêtres sont là pour ça.
- Shadow, si je ne me trompe... Je savais que tu viendrais un jour. Les dieux nous l'avaient bien dit, après tout...
- Que voulez-vous dire ?
- Simplement que le Héros des fresques anciennes est sans doute une réalité.
- Mais quoiqu'il en soit, reprit Shadow, je te demande maintenant de reprendre le contrôle de cette planète et d'en chasser les monstres.
Lie-ker était surprise. Arès ne parlait pas du tout en Akurah ancien, mais ni en récent non plus. Il parlait la langue des humains, était-ce parce que chacun ici la comprenait ?
- Je regrette, ça ne sera pas possible aussi facilement, répondit Arès après un bref silence.
- Pourquoi ça ? demanda Shadow en croisant les bras.
- Je n'obéis qu'au roi des démons, pas aux Prêtres.
- Il existe un roi des démons ?
Lie-ker se frappa le crâne. Cet idiot de démon gardien risquait de tout dévoiler !
- Tu l'ignorais ? fit Arès. Il existe un roi des démons, qui depuis toujours nous dicte d'obéir aux Prêtres. Sauf que cette fois, le roi des démons s'est allié à Inferna. Depuis, nous cessons totalement de chasser les monstres. À quoi bon agir alors que l'allié de taille de Caelumbra nous a trahis ?
- ( C'était donc ça ) pensa Mina. ( Voilà pourquoi il y avait beaucoup plus de monstres qu'auparavant )
- Cependant, dit Arès, je puis faire une exception pour toi, Shadow. Je vois dans les yeux de la Sage Lie-ker que je ne dois pas t'en dire plus, mais... ( Lie-ker redresse la tête, étonnée ) Si tu parviens à me battre, je me soumettrai à tes ordres de chasser les monstres sur Terre, et de plus, je te rendrai une partie de ta mémoire ; que l'on ta ôtée dans l'arche spatiale des humains.
- Très bien.
Le démon se mit en position d'attaque sur ses quatre pattes. Il devint encore plus imposant qu'auparavant.
- Saches avant de combattre que c'est un honneur pour moi que de t'affronter, Shadow, déclara Arès. Après tout, tes parents avaient une réputation au moins aussi grande que toi... Ta mère, une prêtresse renommée, et...
Une sorte de sourire lui fendit ce qui lui faisait office de visage :
- Allons, cessons ce bavardage inutile. Si j'en dis plus, Tarylis, le démon gardien du Temple de Mobius, n'aura plus rien à te raconter.
Shadow fit un pas en avant, et cria d'une voix menaçante :
- Vous savez qui est mon père !
- Certes, mais ce n'est pas à moi de te le dire, rétorqua Arès en secouant avidement ses ailes. D'ailleurs, je te conseille de te concentrer un peu, car sinon...
Il s'éleva dans la salle en chargeant très fortement son énergie :
- Tu risques de mourir !
Des sphères électriques jaillirent de sa gueule et s'éparpillèrent sur le sol en explosant.
- Attention ! cria Lie-ker.
Mina se jeta sur le côté pour éviter l'une des sphères. Lie-ker se créa un bouclier magique contre elles, et Jak sauta agilement sur les côtés.
- Shadow ! Fais gaffe ! cria ensuite ce dernier.
En effet, une grosse boule de feu se dirigeait vers le hérisson noir en crachant des étincelles. Au lieu de reculer, Shadow plaça son katana de travers, juste devant son visage :
- Mais il va se faire tuer !! s'affola Mina.
Shadow, au grand étonnement de tous, frappa la boule de feu de toutes ses forces ; le projectile et l'arme se séparèrent en un éclair, et la boule de feu repartit en direction d'Arès, qui la fit exploser d'un coup de griffe.
- Intéressant. Mais il va falloir faire mieux que cela pour me vaincre, déclara le démon gardien.
- J'en suis conscient, répondit Shadow en faisant tourner sa lame. Allons, qu'attends-tu ?
Arès ne se le fit pas redire : il s'envola à nouveau, mais encore plus haut, avant de laisser jaillir de sa gueule un rayon doré qui fendit la salle en deux, atteignant Mina à la jambe :
- Mina ! s'écria Lie-ker.
La jeune mangouste répondit, les yeux emplis de larmes de douleur :
- Allez-y ! Ne vous occupez pas de moi !
Jak lui désobéit en s'élançant vers elle pour l'aider.
Shadow porta à nouveau son attention sur le démon gardien qui semblait préparer une nouvelle attaque sur la Sage. Pour éviter cela, Shadow sortit de sa ceinture deux pistolets, qu'il avait précautionneusement gardés, puis il tira une rafale de balles sur Arès en lui visant la tête. La sorte d'armure qu'avait le démon gardien le protégea, et il orienta alors son regard sur le hérisson noir qui lui lança :
- C'est moi ton adversaire, pour le moment.
Arès, méconnaissable, poussa un hurlement strident et cracha des flammes comme un enragé. Dans ses yeux, l'on parvenait à lire la rage infinie que pouvait manifester une créature telle qu'un démon gardien. Il se posa presque dans un tremblement de terre, puis plongea son long cou et sa petite tête - par rapport à son corps - en direction du hérisson noir ; qui réagit en faisant un bond en arrière. La gueule d'Arès, longue comme le double de sa taille, se trouvait à un mètre de lui ; elle était emplie de flammes ardentes, et son armure qui lui couvrait le dessus de la tête était maintenant visible, mais en plus à sa portée.
Agacé d'avoir manqué son coup, Arès plongea encore sa tête en avant pour attraper Shadow, mais celui-ci esquiva encore en sautant en arrière, puis, conscient que les balles de ses pistolets ne seraient pas assez puissants pour détruire son armure, il se hâta en direction de Lie-ker :
- Écoute ! lui dit-il. Je crois que la tête est son point faible, mais elle est protégée par une armure ! Concentres ton énergie, quant à moi je vais essayer de l'attirer vers toi !
Entre-temps, le démon gardien avait relevé sa tête et fusillait d'un regard hargneux les quatre alliés successivement. Il remarqua alors que Mina avait du mal à tenir debout, et il s'avança vers elle et Jak qui avait brandi son katana férocement. Mais le démon ne semblait pas du tout impressionné. Il fondit sur Mina, la gueule grande ouverte. Jak intervint en un éclair : il enfonça son katana dans la gorge de la créature, lui brisant deux dents. Arès cracha une giclée de sang qui sortit noir tandis qu'il poussait un cri suraigu, puis il retira sa tête de là en la secouant douloureusement.
- Mina, ne restes pas là ! s'exclama Jak.
- Mais je veux vous aider !
- Fais ce qu'il te dit, conseilla Shadow qui venait d'arriver. Avec une jambe dans cet état, tu es plus un fardeau qu'une aide ; mais même quand tu es en bonne santé, à vrai dire.
Mina ouvrit grand les yeux, surprise d'autant de cruauté de la part de Shadow. Elle pensait pourtant qu'elle lui était utile...
Jak aida la jeune mangouste à se mettre à l'abri, la consolant gentiment. Mais Mina avait reçu en ce combat plus de douleur morales que physiques.

Shadow repartit alors en essayant d'attirer Arès vers Lie-ker qui préparait son attaque. Mais le démon gardien savait pertinemment qu'ils préparaient quelque chose : il fit mine de charger à nouveau son énergie, mais, plus rapide que la foudre, il fondit sur Shadow et parvint à le saisir par le bras droit :
- Shadow !! s'écria Lie-ker.
Le hérisson noir fit un véritable vol plané jusqu'au plafond mais parvint à s'y accrocher, à l'aide des quelques racines qui y étaient fixées. Son bras droit douloureux, il visa le dos du démon gardien. Il y avait là des rangées de plaques et d'épines dorsales tranchantes ; il ne devrait alors pas manquer son coup.
Lie-ker, au sol, chargeait toujours sa sphère d'énergie, car Arès était occupé avec Jak qui faisait diversion afin qu'il ne s'occupe plus de Shadow ; et en lançant sa sphère d'énergie, elle risquerait peut-être d'atteindre le jeune garçon. Mais soudainement, Arès redressa la tête d'un coup : Shadow avait réussi à lui sauter sur le dos en évitant les plaques dorsales, et en s'aidant de ces dernières, il progressait jusqu'à la tête du démon gardien. Celui-ci remuait dans tous les sens, énervé, mais il ne parvenait pas, à cause de sa grande taille, à se débarrasser de celui qui n'était pour lui qu'un insecte. Agilement, Shadow parvint sur la tête d'Arès, sortit le manche de son katana, en brandit bien vite la lame, et en donna un grand coup sur la tête du démon gardien. À moitié sonné, celui-ci laissa tomber sa tête jusqu'au sol, non loin de Lie-ker :
- Jak ! cria Shadow. Éloignes-toi ! Lie-ker, c'est le moment !
La hérissonne ne se fit pas prier, et tandis que Shadow sautait de la tête du démon, la boule d'énergie partit à toute allure la direction de cette dernière.
L'armure d'Arès vola en éclats lorsque la boule d'énergie le frappa de plein fouet. Mina était épatée. Elle se dit qu'après tout, Shadow avait peut-être bien raison sur son compte...

Mais le combat n'était pas terminé. Arès avait retiré sa tête comme un fou furieux, et il se mit à cracher des flammes un peu partout autour de lui. Les quatre alliés se firent toucher en de nombreux endroits. La tête d'Arès, sans armure, était plutôt repoussante. Elle était rouge sang et un liquide étrange de la même couleur en dégoulinait sans grâce :
- ( Il était mieux avant ) pensa Jak.
Puis soudainement, le regard d'Arès se figea sur Shadow qui en tressaillit presque. Aveuglément, le démon gardien se jeta sur Shadow qui fit un bond sur le côté puis enfonça la lame de son katana dans la tête, et ce avec une vigueur peu commune. Lorsqu'il retira son arme, Arès se mit à hurler tout ce qu'il pouvait en faisant trembler le temple tout entier avec lui. Puis une lumière intense brilla dans la salle, enveloppant tout et tout le monde. Et lorsque les quatre alliés rouvrirent les yeux, Arès n'était plus là. Il y avait seulement une voix qui résonnait :
- " Shadow, tu as prouvé ta valeur. Je tiens ma promesse et protégerai la Terre contre les monstres. Je fais maintenant ce que tu m'as demandé d'autre, et ce qui je l'espère pourra éclaircir ton coeur pour le reste de ta quête. "
Soudain pris d'une multitude de sensations étranges, Shadow s'effondra sur le sol.

Shadow dormait. Perdu dans des rêves d'enfance, il entendait la voix de sa mère qui le berçait, l'incitant à partir pour le pays des rêves.
Quelques années plus tard, il fut grand : courant après les criquets dans les champs bordant le village Akurah, faisant la course avec les écureuils jusqu'en haut des arbres, allant retrouver ensuite ses amis et sa mère ; il était tout ce qu'il y a de plus libre. Et lorsque venait le soir, il s'asseyait au sommet de la haute tour et admirait la lune, chaque soir plus belle et luisante. Après quoi il descendait s'étaler dans l'herbe pour penser à tous ses proches. Lucéria. Arthur. Lie-ker. Nahru, et ses autres amis de l'école. Il poussait un long soupir, comme accablé par tant de bonheur, et persuadé que cette vie si parfaite continuerait toujours.
Il se revoyait étudier la langue Akurah, puis celles qui était très parlée sur Terre. Il se revoyait visiter le bâtiment des Sages, où il allait rendre visite à sa jeune tante, Lie-ker, une Sage très expérimentée malgré son jeune âge. Il se revoyait grandir, sous l'oeil de ses proches, passer ses soirées avec sa mère qu'il aimait plus que tout au monde. Il se souvint du premier jour de ses douze ans, où pour la première fois l'on lui a tendu un katana et où Arthur lui avait appris le maniement des armes ainsi que de nombreuses techniques de combat. Lui revenaient également les souvenirs des moments qu'il avait passés dans son école, avec ses amis. Mise à part les nouveaux-nés, ils n'étaient que sept enfants au village, tous à peu près de son âge. Il passait chaque journée avec eux, sans pouvoir se séparer d'eux.
Chaque année de son enfance défilait sous ses yeux. Il se souvint encore plus fort de chaque instant qui aurait pu rester gravé dans sa mémoire, et particulièrement lui revinrent certains souvenirs, comme celui où il était parti voir Arthur dans sa hutte, il était âgé de seize ans :
- Arthur ! Arthur !
Une fois dans la hutte, il s'était avancé vers la mangouste affalée dans un fauteuil, et il s'était arrêté près d'elle :
- Arthur, Mère m'a dit que dans deux ans vous allez partir ?
- Oui. Nous irons voyager dans Ethera.
- Mais pourquoi ?
- Demandes à Lucéria.
- C'est justement pour ça que je suis là !
- Elle n'a pas voulu t'en parler.
- Oui.
- Alors ça signifie que tu n'es pas prêt pour savoir.
Shadow avait soupiré en faisant quelques pas dans la pièce.
- Shadow, avait demandé Arthur, sais-tu au moins qui est ta mère ?
- Mère ? Une Prêtresse.
- Et qui sont les Prêtresses, d'après toi ?
- Je...
- Ce sont les élues de Caelumbra. Elles ont pour mission de sauver Ethera.
- Je sais tout cela, mais... quel est le rapport avec moi ?
- Il y a que tu es le fils de la Prêtresse. Alors plus tard, tu seras Prêtre à ton tour.
- Mais pour quelles raisons aura-t-on besoin que je le devienne ? Quand Mère aura sauvé le monde, on sera tranquilles, et...
- Shadow. Je sais que pour toi ta mère est la réincarnation de la puissance et de la sagesse, mais elle n'en reste pas moins une mortelle et comme tous les mortels, ses pouvoirs sont limités. ( Et nous avons peu de chances de gagner, mais cela, tu le comprendras par toi-même... )
- Mais même si ses pouvoirs sont limités, elle devrait pouvoir y arriver, non ? Vous êtes le meilleur guerrier de tout Ethera !
- ( Je ne pense pas )
- Alors on ne doit pas s'inquiéter de l'avenir.
- Si, Shadow. On doit toujours se méfier, et être prudent. Même quand Ethera sera sauvée, les dangers resteront innombrables.
Arthur avait pris un air sombre :
- Car il n'existe pas de monde sans mal, Shadow... Toujours, où que tu sois, quoi que tu fasses, la mort te guettera... Qu'elle soit dissimulée derrière un rocher, où bien à découvert dans une plaine sans fin ! On ne peut échapper au mal. Rien ne peut exister sans son contraire, c'est pour cela qu'il ne peut y avoir de bien, sans mal.
Sans mal...
Cela signifie-t-il qu'un jour, j'arrêterai d'être heureux ?...

Shadow se réveilla, en un sursaut, tremblant de toutes parts, le regard vide. Comment avait-il pu oublier ?

Fin du Quatorzième chapitre.

Merci de ton commentaire, Sonadow !
Tu trouves qu'elle parle comme Auron ?... C'est peut-être vrai, c'est parce que c'est celle-qui-sait-tout, peut-être, et qu'elle guide un peu les autres. Il faut dire que, comme Auron, elle est sage.

Quinzième chapitre : Knothole

Shadow se redressa péniblement. En retrouvant ses esprits, il constata qu'il était à l'intérieur de La Chimère, allongé sur le lit de sa chambre. Il s'assit en se tenant la tête d'une main, et Mina, qui avait longuement guetté son réveil, s'exclama :
- Shadow ! Enfin de retour !
- Ca va ? questionna Jak.
Le hérisson noir ne répondit pas mais son regard croisa alors celui de sa tante, appuyée contre un mur juste à côté du lit. Elle semblait peu soucieuse de l'état de Shadow.
- Alors, tu commences à vraiment me faire confiance, maintenant ? lâcha-t-elle.
Encore une fois, Shadow s'abstint de répondre. Il était furieux : venant de se souvenir de son village, de sa véritable vie, il se demandait comment avait-il pu oublier sa propre existence.
- Maintenant, j'ai compris la vision que j'ai eue avant le Temple de la Terre, dit finalement Shadow. La hérissonne que j'ai vue, c'était ma mère... Comment ai-je pu l'oublier ? Ainsi qu'Arthur ? Nahru ? Je me sens si impuissant...
- Qui est-ce Nahru ? demanda Mina.
- Ma meilleure amie. Elle et sa gentillesse légendaire... J'aimerais tant qu'elle soit là.
Mina parut surprise. Elle tenta en vain de se détendre avant de porter son regard sur Lie-ker. Celle-ci fit quelques pas vers le lit où Shadow était toujours assis :
- Tu vas trouver que je suis injuste avec toi, dit-elle sans douceur. Mais voilà ce qui arrive lorsqu'on s'imagine mener une vie absolument parfaite ! Ton destin t'a trompé ; admets-le !
- Soit, répondit Shadow. Mais maintenant que je me souviens au moins d'eux, je vais faire ce que je dois, et sauver Ethera. J'irai retrouver ma mère où qu'elle soit et ensemble, on mettra fin au sombre règne d'Inferna.
- D'après toi, l'interrompit Lie-ker, comment se termine la quête d'une Prêtresse ?
Shadow se taisait toujours, et Mina ainsi que Jak faisaient de même, impressionnés par l'autorité dont faisait preuve la Sage.
- Une Prêtresse combat ses ennemis jusqu'à la mort, continua cette dernière. Avec ce que je te cachais à Myokoara, mon attitude envers toi, réfléchis un peu, maintenant que tu as retrouvé tes souvenirs !
Shadow redressa la tête et fixa Lie-ker dans les yeux :
- Lucéria est morte, Shadow !!
Mina se leva la main sur le coeur en regardant Lie-ker. Celle-ci s'empressa de sortir de la salle pour dissimuler ses larmes, et Mina et Jak la suivirent. À présent seul dans sa chambre, Shadow se laissa retomber sur son lit, et demeura silencieux.

Dans le cockpit, Lie-ker, Jak et Mina étaient silencieux, tout comme leur confortable vaisseau. La Sage restait appuyée contre une paroi près d'une fenêtre, Jak était assis par terre près de la boussole, et Mina conduisait en silence. Mais pour percer tout ce calme qu'elle jugeait inquiétant, elle demanda :
- Lie-ker, pourquoi avoir été si brutale avec Shadow ? Après tout, perdre sa mémoire et la retrouver aussi brusquement ne doit pas être facile à vivre...
- Il était simplement temps pour lui ; je voulais m'assurer qu'il comprenne. Lui qui par le passé avait toujours vu la vie en rose, je sais maintenant qu'il pu lui-même se prouver le contraire. Il est certainement en pleine confrontation avec lui-même, à l'heure qu'il est...
Elle regarda Mina, les yeux brillants d'intelligence et un mince sourire aux lèvres :
- Tu dois vraiment tenir à mon crédule neveu pour t'inquiéter ainsi à son compte, n'est-ce pas ? Pourtant, il ne s'est pas montré sympathique avec toi.
Mina rougit, mais comme elle tournait le dos à la Sage, elle estima que cela resterait invisible. Et à peine Lie-ker avait terminé sa phrase que Jak se releva brusquement :
- Shadow n'est pas crédule ! s'exclama-t-il.
Lie-ker transperça Jak du regard avec son sourire sombre, et le jeune garçon regretta d'avoir parlé.
- Si du moins il ne l'est plus maintenant, murmura la Sage, alors je peux t'assurer qu'il l'était, par le passé.
- Ah bon, fit Jak. Mais, vous dites que la mère de Shadow est morte ?
- Oui. Sous mes yeux et ceux du père de Mina.
À ces mots, Mina sentit son coeur doubler l'allure :
- Vous savez où est mon père ?! s'exclama-t-elle, en restant difficilement concentrée sur le pilotage du vaisseau.
- Je n'en sais rien, dit Lie-ker en haussant les épaules. Mais pour ne pas de créer de faux espoirs, je préfère t'avouer qu'en cette heure, à mon humble avis, il ne vit plus.
Mina prit de ces mots un grand coup. Durant toute la soirée et la nuit qui suivirent, elle ne parla plus.

Au matin, tout le monde dormait encore. Mina, réveillée de bonne heure, se leva en s'étirant. Elle avait garé le vaisseau tôt le matin, près d'un énorme rocher. Elle remonta dans le cockpit, puis fit décoller le vaisseau qui reprit la route. Peu de temps après, Lie-ker fit son apparition dans le cockpit :
- Où nous conduits-tu ? demanda-t-elle.
- À Knothole, le village où habite ma mère actuellement. On pourra y faire une halte ?
- D'accord. Mais on est encore loin, mets les gaz !
- À vos ordres !
La Chimère doubla presque l'allure, et se rapprocha de Knothole par une vitesse incroyable.

Quand le vaisseau se posa, l'après-midi était déjà bien avancée. Le soleil luisait d'une couleur orangée dans le ciel et n'allait sans doute pas tarder à disparaître à l'horizon. Shadow fut le premier à sortir, suivi de Jak, puis Mina, et enfin Lie-ker. Le hérisson noir vit simplement des collines, des huttes, et des chemins de terre serpentant entre elles. Plus loin, il y avait comme un château. L'endroit était agréable et fort joli. Mina bondit sur le chemin le plus proche, et se précipita vers un groupe d'habitants qui les regardaient, impressionnés :
- Maman ! C'est moi, Mina ! Je suis de retour !
Tandis qu'elle embrassait ses proches, Lie-ker rejoignit Jak et Shadow. Elle souffla à ce dernier :
- Tu as vu ? Elle parle à un robot.
En effet, Mina était en pleine conversation avec une mangouste robotique. Malgré son aspect surprenant et un peu effrayant, son regard n'en restait pas moins doux et empli de tendresse.
- Je crois qu'elle parle à sa mère, répondit Shadow.
- Sa mère ? s'étonnèrent Lie-ker et Jak en coeur.
Mina, accompagnée du robot, commença à se diriger vers eux.
- Elle s'est fait robotiser, souffla Shadow avant que la mangouste robotique ne soit assez près pour entendre.
- Maman, dit Mina, je te présente Shadow, Jak et Lie-ker !
Shadow la salua d'un signe de tête, Jak se pencha en avant pour ce faire, et quant à Lie-ker, elle dit avec amabilité :
- Je suis très heureuse de vous rencontrer enfin ! Je suis la Sage Lie-ker. J'étais... Vous savez... la Brave de Lucéria, avec votre mari...
- Oui, répondit la mangouste robotique, j'ai fort entendu parler de vous. Ainsi que de toi, Shadow. Et Jak...
- Je suis le fils de Barhane ! annonça Jak fièrement.
- Barhane, bien sûr, murmura la mère de Mina. Soit, je vous souhaite à tous la bienvenue à Knothole ! Et je ne vous l'ai pas encore dit, mais je m'appelle Isabella. Et de grâce, ne laissons pas nos douloureux souvenirs venir gâcher votre séjour.
- J'y ferai attention, soupira Lie-ker en baissant la tête.
- Allons, la réconforta Isabella, j'ai appris ce qu'il s'est passé ; ce n'est pas votre faute.
- ( Que s'est-il passé ? ) s'interrogea Shadow.
- Allons, venez vous mettre au chaud, le vent est frais ces temps-ci. Vous pourrez passer la nuit chez nous, si vous le souhaitez. En attendant, je vais à tous vous préparer un bon repas.
- Merci de tout coeur, lui dit Lie-ker en la saluant très bas.
Shadow, Jak et Lie-ker suivirent Mina et sa mère jusque dans une fort jolie hutte de bois. En attendant que le repas soit prêt, Mina conversait joyeusement avec Jak et Lie-ker, mais Shadow restait dans son coin, la plupart du temps immobile, et sans un mot.

Lorsque le repas fut prêt, les cinq se mirent à table. Isabella avait préparé de délicieux légumes, cueillis le jour même. Mais tous ne mangeaient pas avec le même appétit : contrairement à Shadow qui prenait son temps et n'avait pas grand-faim, Jak dévorait toute son assiette voracement. Cela amusait beaucoup Mina et sa mère, mais Lie-ker, maniaque des bonnes manières, se retenait non sans peine de le corriger.
- Vous avez sans doute dû faire un sacré bout de chemin pour arriver de la Terre à Mobius, non ? demanda Isabella.
- Nous sommes passés par un Ring Portal, déclara Lie-ker. Il y en a un non loin de Black City.
- Je vois. Et demain, vous repartez déjà ?
- En fait, il me semble que...
- Mais demain, l'interrompit Mina, je dois faire un concert au village ! Ca faisait longtemps, tout le monde comptait m'entendre chanter à nouveau.
- Tu chantes ? demanda soudainement Jak, trahissant sa faim un instant.
- Oui ! Je me souviens de la première fois, j'étais morte de trouille à l'idée de chanter devant tout le monde, mais mes amis qui étaient là m'ont redonné courage.
- Oh, comme je me souviens de ce jour ! approuva Isabella. J'étais si fière de toi !
Mère et fille se sourirent. Mais Lie-ker n'avait pas la moindre envie de sourire, en repensant encore à ce qui était arrivé il y a un peu plus d'un an. Isabella le remarqua et le comprit, et dit à la Sage :
- Lie-ker, vous avez fait de votre mieux. Arthur était certainement conscient que tout cela était risqué. S'il a voulu vous sauver, c'est parce qu'il estimait que vous deviez rester en vie, pour votre neveu, alors ne vous découragez pas. Son honneur est sauf.
Lie-ker baissa les yeux en approuvant d'un très maigre sourire de tête. Shadow et Jak comprenaient de moins en moins. Mais ils savaient bien à présent qu'Arthur le renommé Brave était le père de Mina. Et d'après ce qu'avait insinué Isabella, il serait mort en ce jour ?

La nuit tomba vite. Mina et Jak dormaient déjà ; la jeune mangouste s'était écroulée toute habillée sur son bon vieux lit et avait fermé les yeux aussitôt, comme Jak pour qui on avait installé un matelas au sol, ce qui avait l'air de lui suffire amplement. Lie-ker s'était endormie assise contre un mur, la tête baissée et son bâton à la main, comme quand elle dormait dans la nature. Shadow, de son côté, était dehors. Perché sur une colline où étaient plantés deux arbres, l'on voyait l'horizon mieux qu'à n'importe quel endroit. Tout en regardant les étoiles, il pensait à Nahru. Allait-il la revoir bientôt, elle et ses anciens amis ? Qui sait, peut-être qu'au cours de sa quête, leurs chemins se croiseraient...
C'est alors qu'il entendit des bruits de pas derrière lui. Se relevant, il vit Isabella marcher veux lui jusqu'à s'arrêter à ses côtés :
- Tu n'as pas sommeil, Shadow ?
- Pas vraiment, non.
Il y eut un court silence, à l'issue duquel Isabella dit à Shadow :
- Je voulais te remercier de t'être aussi bien occupé de Mina. Elle a bien grandi, même en une seule année passée avec toi.
- Elle est courageuse, déclara Shadow en guise de réponse. Je crois qu'elle veut à tout prix surmonter ses peurs, et être à mes côtés en combat.
Le hérisson noir repensa inévitablement au Temple de la Terre, lors de leur combat contre Arès. Il avait dit à Mina qu'elle l'encombrait plus qu'elle ne l'aidait. Un peu honteux, il baissa les yeux.
- Tu dois certainement te demander ce qui s'est passé avec Arthur, dit ensuite Isabella.
- C'est vrai, répondit Shadow. Arthur était un si grand ami pour moi... Presque un père... C'est lui qui m'a appris à vivre et à combattre, quand ma mère n'était pas là pour le faire. Parce que mon père à moi, je ne l'ai jamais connu...
Isabella se tut.
- Mais savez-vous où est Arthur ? demanda Shadow. Même si ma quête n'est pas de partir à sa recherche, je ferais tout pour le retrouver !
- En fait... Je ne sais rien du lieu. Mais sans vouloir te décourager, d'après ce que m'a rapporté ta tante, il ne reste pas la moindre chance de le retrouver, à l'heure qu'il est. Et d'ailleurs, je n'ai plus aucune nouvelle directe de lui, depuis qu'il a quitté l'endroit où j'habitais avant, afin de retourner aux Runes Akurah pour retrouver ta mère, Lucéria, en tant que Brave.
- Alors, vous ne venez pas de Knothole ?
- Non. Je viens d'une contrée plus éloignée. C'était en temps de guerre... les nôtres combattaient les Overlanders, et un groupe d'entre eux me poursuivaient... C'est là qu'Arthur est arrivé pour me défendre. Il a surgi avec son épée et a repoussé les ennemis, grâce à lui, j'ai pu m'enfuir. Il m'a raccompagnée chez moi, et je lui ai proposé de rester chez moi pour le remercier. Nous sommes finalement tombés amoureux... Et environ un an plus tard, un peu moins, il m'a quittée, pour rejoindre les Runes Akurah. Je voulais l'accompagner, mais il pensait que pour ma sécurité, le mieux était de rester où j'étais. Mina est alors née, en octobre. Les années qui se sont écoulées ensuite, je les ai passées seule avec ma fille... Jusqu'au jour où l'on s'est fait capturer...
- La suite, je la connais, l'interrompit Shadow. Mina me l'a racontée.
- Oh, je vois. Mais en tout cas, je suis vraiment contente de la retrouver. Shadow. S'il te plaît, j'ai besoin que tu veilles sur elle. Depuis qu'elle a eu son coeur brisé, il lui arrive de montrer bien des faiblesses. Elle a besoin d'amis fidèles à ses côtés.
- Faites moi confiance, répondit alors Shadow, un peu à son propre étonnement. Je la défendrai, même au péril de ma vie.
- Merci, Shadow.
Isabella sourit et commença à partir :
- N'oublies pas d'aller te coucher, tout de même. Demain, il y a un concert, et Mina souhaite à tout prix que tu y assistes.
Sur ce, elle s'éloigna sur les chemins de terre. Shadow resta encore un moment à regarder le ciel, avant d'à son tour s'en retourner dans la hutte.

Le lendemain, Knothole était baigné d'un temps radieux. Vers le centre du village, il y avait une très grande place voisine de la forêt. L'après-midi, cette place était remplie de villageois : en effet sur une estrade se trouvaient des musiciens accordant leurs instruments, et attendant leur chanteuse. Quand celle-ci arriva sur scène, les cris redoublèrent d'enthousiasme. Mina marcha en direction du micro, accroché à une barre métallique, et s'adressa à la population de Knothole.
- Ces temps sont assombris par la venue d'un nouveau danger dans nos mondes. Le mal règne dans notre galaxie d'Ethera, et la vie devient dangereuse. Mais heureusement, le courage et la bravoure de certains pourront nous sortir de ce mauvais pas, ainsi que sauver ce monde des griffes de nos ennemis.
Chacun écoutait attentivement. Un peu en retrait, assis à l'ombre, Shadow était appuyé contre un arbre et observait la scène de loin. Malgré le fait qu'il était éloigné de l'estrade, il entendait parfaitement.
- Si je suis là aujourd'hui, continuait Mina, c'est pour vous distraire de tout ce mal. Nous allons tous oublier nos soucis ne serait-ce qu'un instant, et faire confiance à l'avenir. Et pour Knothole, pour Mobius, pour Ethera toute entière, je m'en irai très bientôt avec mes amis remplir ma mission, et sauver notre chère galaxie à jamais.
Tout le monde applaudit, puis Mina se tourna vers les musiciens. Elle leur souffla deux mots, et alors la musique commença ; Mina se mit à chanter.
Contrairement à d'habitude, la chanson de Mina était d'une profonde mélancolie. La foule eut bien vite terminer d'acclamer leur chanteuse préférée pour écouter les paroles de sa chanson, qui racontaient la douleur des blessures qui ne s'effacent pas, la magie des rêves qui peut toujours venir en aide. Elle chantait les souhaits jamais réalisés des jeunes enfants. L'espoir qui brûlait au fond de chaque coeur encore en vie. Chacun était épaté. Lie-ker et Jak admiraient grandement son talent pour la chanson, et même Shadow devait reconnaître qu'elle était douée.
Lorsque Mina rouvrit les yeux, laissant ses dernières notes s'envoler avec le vent dans les arbres, il y eut un silence ébloui, avant que la foule, plus admirative que jamais, applaudisse la jeune mangouste avec entrain. Celle-ci salua très bas ses spectateurs et s'en retira par derrière l'estrade.

Shadow fut sans doute le seul à l'avoir repérée : elle était allée se réfugier dans la forêt, à l'ombre des arbres. Il décida de la rejoindre, car même si cette idée ne lui plaisait pas, il devait des excuses à son alliée. Celle-ci s'était assise sur la mousse près d'un gros chêne, et n'avait pas entendu Shadow arriver :
- C'est toi qui a créé les paroles ? demanda-t-il.
Mina sursauta et vit Shadow se tenir juste à côté d'elle.
- Je... Oui, bafouilla-t-elle. Alors tu es venu ? Je craignais qu'encore une fois, tout cela ne serait qu'une plaie pour toi.
Shadow cligna des yeux. La jeune mangouste était bien plus perspicace qu'il ne l'aurait cru.
- Pourtant j'étais là, rétorqua Shadow. Nous l'étions tous.
- Et ça t'a plu ?
- Difficile à dire, répondit le hérisson noir avec son air agacé. Des chansons comme ça, je n'en entends pas tous les jours.
Mina rit un peu :
- Tu ne changeras jamais ! dit-elle. Quand est-ce que tu vas arrêter de jouer les grands ténébreux pour partager notre allégresse, hein ?
Shadow pensa non sans raison qu'il n'avait aucunement besoin de répondre. Cela amusait encore plus Mina.
- La dernière fois que j'ai fait un concert à Knothole, c'est la présence de mes amis qui m'a aidé à tenir sur scène. C'était sans doute par ta présence, que j'ai réussi ?
Shadow la regarda, l'air un peu surpris. Mina avait décoché un sourire radieux.

Le soir, Shadow était retourné sur la petite falaise. Lie-ker était avec lui, et ensemble, ils contemplaient les étoiles.
- Tu sais, dit la Sage après un long moment de silence, quand je t'ai dit que les âmes d'Ethera qui sont libres s'en vont ?
- Oui ?
- En fait c'est pour devenir des étoiles. C'est le signe qu'elles reposent en paix. La plupart d'entre elles souhaitaient rester veiller sur Ethera, c'est pourquoi elles ont pris cette forme. Mais tant qu'Inferna sévira, aucune âme ne pourra partir être une étoile.
Shadow plissa les yeux tandis que sa tante poussait un soupir. Sans doute Lucéria attendait-elle qu'il la libère, elle aussi. Puisqu'elle était décédée, pour des raisons qui lui restaient obscures, sans doute était-elle comme tant d'autres prisonnière sous forme d'âme. Il se jura alors de réussir. Au moins pour tous ceux qui avaient trouvé la mort, de la main de la plus grande menace qu'Ethera n'eut jamais connue.

Fin du Quinzième chapitre.

Ah, merci Yohvui ! Voilà la suite.

Seizième chapitre : Les Runes Akurah

Le lendemain du concert, une bonne partie des villageois s'était rassemblée près de La Chimère pour dire au revoir aux Black Spies. Mina avait dû, difficilement, quitter sa mère peut-être pour toujours ; qui sait si leurs au revoir ne seraient pas des adieux ?
La Chimère avait repris la route. À bord du cockpit, Shadow étudiait la carte de Mobius. Il remarqua un point rouge collé à une forêt et portant le nom de "Runes Akurah". Ce nom lui fit l'effet d'un éclair dans son esprit : c'était son village natal. Vers son centre se trouvaient des huttes de peaux et de bois, et autour, des bâtiments de pierre blanche, tels que le bâtiment des Sages, la tour de guet, les grandes bibliothèques renfermant de vieux ouvrages datant de plusieurs siècles. Shadow s'adressa à Lie-ker :
- Lie-ker, on devrait se rendre aux Runes Akurah, suggéra-t-il. Tout le monde doit s'inquiéter là-bas.
- Je suis d'accord avec toi, répondit-elle. J'espère que depuis cette longue année, il n'est rien arrivé de mauvais.
- Oui. ( Il se tourne vers Mina, aux commandes ) Mina, continues dans cette direction, on devrait arriver à mon village natal dans moins d'une heure.
- Très bien ! répondit la mangouste.
- On met les gaz ! s'exclama Jak, comme si c'était lui qui pilotait le vaisseau.
La Chimère continua alors sa route en direction des Runes Akurah, sous le pâle soleil d'hiver.
Lorsque les quatre alliés arrivèrent à destination, ils laissèrent leur vaisseau à l'orée de la forêt bordant le village, et s'avancèrent vers celui-ci. Mais quelle ne fut pas leur stupeur lorsqu'ils découvrirent que les Runes Akurah, à l'issue d'une funeste année, étaient tombées ! Toujours à l'orée du bois, Shadow et Lie-ker restaient paralysés de stupeur, en contemplant leur village désert et à moitié détruit. Mina et Jak, comprenant leur douleur, n'osaient pas dire mot. Mina se souvint alors que, jadis, son père habitait également ce village. Elle redressa alors la tête, et vit Shadow se précipiter vers les bâtiments effondrés, rapidement suivi par ses trois compagnons.
- Nahru ! Nahru !!
Shadow stoppa ses appels inespérés lorsqu'il faillit trébucher sur une plaque de marbre, où étaient gravés des signes dans la langue Akurah. Il essaya de lire ce qu'il y avait marqué, mais venant à peine de retrouver sa mémoire, il avait encore quelques difficultés à le déchiffrer.
- "... es Sages, dépend de Caelumbra, cac... Akur... , bénis... soit... ", lut Shadow à haute voix.
Il manquait trop de caractères pour que cette phrase eut un sens. Shadow balaya à nouveau les alentours de son regard. La pâle lueur du soleil transperçait le feuillage des arbres du côté du bois, et caressaient les ruines en révélant de plus bel leurs formes brisées et faisant briller leurs pierres polies.
- La cité a beau être détruite, songea Shadow à haute voix, elle est toujours aussi belle. Je sens même encore les auras de magie que faisaient grandir les miens lorsque j'étais jeune.
Quelques âmes, sous forme de lumières vertes, dansaient entre les bâtiments effondrés. C'est alors que, soudain, Shadow aperçut à côté du bâtiment des Sages une âme bleue, qui brillait plus fort que les autres. Étonné, le hérisson noir s'avança vers elle. C'était comme si cette étrange lueur morte l'appelait, et elle avait quelque chose de vraiment attirant. Lorsqu'il s'en trouva à proximité, l'âme fila vers le nord du village, et attendit à nouveau Shadow, une vingtaine de mètres plus loin.
- Qu'est-ce que...
Le hérisson noir s'approcha à nouveau de l'âme, mais celle-ci fila ensuite vers un autre endroit encore. Finalement, après l'avoir poursuivie quelques minutes, Shadow aboutit à l'église, très grande, dont seul l'intérieur semblait s'être fait détruire. L'âme entra dans l'unique salle du majestueux bâtiment, et désigna une dalle de couleur différente que les autres qui composaient le sol de l'église. Shadow s'en approcha, et, non sans efforts, il la souleva. Surpris, il constata alors que la dalle avait révélé un tunnel ; dans lequel l'âme s'engagea bien vite. Le hérisson noir la suivit, intrigué. Jamais il n'avait découvert cette galerie.
Shadow et l'âme aboutirent au bout du tunnel dans une salle souterraine, au plafond bas mais assez haut pour qu'il puisse se dresser de toute sa hauteur. Et dans la salle, trois socles reposaient côte à côte. Et sur chacun des socles, il y avait une pierre de couleur différente : une bleue, une verte, et une rouge. Shadow contemplait ces joyaux, pas moins intrigué qu'avant son entrée dans le tunnel, lorsque l'âme se mit à remuer. Le hérisson noir la regarda, puis un flash bleu apparut dans sa tête et il pensa perdre connaissance.

En rouvrant les yeux, Shadow constata qu'il se trouvait dans le même endroit que dans sa vision avant d'entrer dans le Temple de la Terre. L'herbe étrange, les fleurs à pétales de plumes, le lac et son eau qui ne mouillait pas. Mais, surtout, la même hérissonne, en haut de la colline.
- Mère ! s'exclama Shadow.
Il s'avança vers elle. Lucéria, en le voyant arriver, lui décocha un sourire radieux :
- Shadow... Tu t'es donc décidé à venir. Mais les monstres d'Inferna sont arrivés avant toi, je suis désolée. Rassure-toi, certains villageois ont eu le temps de s'enfuir, dont la jeune Nahru.
Shadow fut parcouru d'un grand soulagement.
- Ils ont fui vers l'est, au-delà de mon regard d'âme, déclara Lucéria. J'ignore où est-ce qu'ils se sont arrêtés. Mais si je t'ai fait venir en ce lieu, c'est pour te montrer ces joyaux, sur leurs socles.
- Ce sont des pierres magiques ?
- Oui. Plus exactement, des runes. Tu ne t'es jamais demandé pourquoi ton village se nommait les Runes Akurah, mon petit Shadow ?
- Je... pas vraiment.
- Eh bien, telle est la raison, répondit Lucéria avec un petit rire amusé. Ces runes représentent toute la puissance de Caelumbra, ainsi que la forte magie qui règne dans notre galaxie. Elles représentent chacune l'une des trois planètes, mais ne sont pas réellement liées à elles. Mais ce que tu dois savoir, c'est que détruire ne serait-ce que l'une des runes pourrait être extrêmement grave pour Ethera toute entière.
- Et c'est leur importance qui fait qu'auparavant, je n'en avait jamais appris un mot ?
- Oui. Seuls certains Sages dont Lie-ker, ainsi qu'Arthur et les Prêtres étaient au courant.
- Alors, il faut que je protège les runes ?
- Autant que tu le pourras. Malgré tout, elles sont normalement en sécurité, ici. C'est s'il leur arrive malheur, que tu dois à tout prix les remettre en place. Les déplacer aussi risquerait d'être crucial.
- Très bien.
Lucéria ferma les yeux, avec un sourire dissimulant tristesse :
- Bonne chance, mon fils...
Sur ce, le songe s'envola, et l'âme de Lucéria disparut. Après son réveil, Shadow sortit de la salle des runes par le tunnel, puis il remit la lourde dalle en place. Il esquissa un maigre sourire de soulagement en se remémorant les paroles de la Prêtresse, qui lui avait affirmé que Nahru avait eu le temps de s'enfuir. Mais il fut tiré de ses pensées par la voix de sa tante qui l'appelait.

Shadow suivit la voix de Lie-ker, et finit par arriver devant un grand bâtiment blanc, plus large que haut, et qui semblait moins détruit que les autres. L'entrée, comme pour la plupart des bâtiments du village, n'avait pas de porte et son encadrement était orné de symboles dans la langue Akurah. Le hérisson noir entra, et, à son étonnement, l'intérieur était presque intact comparé aux autres bâtiments de pierre. Depuis le début, Shadow avait reconnu ce lieu sacré qu'était le bâtiment des Sages, car ceux-ci, en ce lieu, inscrivaient dans de nombreux livres les histoires de la cité, comme d'Ethera toute entière. Shadow reconnut, sur certaines tables casées contre les murs, de longs parchemins encore vierges ainsi que des plumes et des pots d'encre renversés. Il vit également une grande bibliothèque emplie de vieux livres poussiéreux. La partie vraiment abîmée du bâtiment était à droite de l'entrée : c'était comme si toute la partie droite avait été broyée par d'immenses mâchoires. La pâle lueur du soleil fusait à travers quelque petite fenêtre sans vitre, et faisait naître à l'intérieur du bâtiment une magnifique lueur comme de pureté. C'était au centre de la salle qu'était assise Lie-ker, un gros livre sur les genoux. Elle dit à Shadow, en le voyant arriver :
- Regardes ce livre. Je l'ai trouvé ici, je crois qu'il contient des informations intéressantes quant au déroulement du drame.
- Ma mère m'a dit que tout cela était dû à une attaque de monstres.
- Ah, elle t'a parlé ?
- Oui. Elle m'a appris l'existence des runes. Mais pour en revenir à ce livre ?
Lie-ker l'ouvrit et chercha une page parmi les nombreuses poussiéreuses et jaunâtres que contenait l'ouvrage. Quand elle trouva la page qu'il lui fallait, elle souffla dessus pour y voir pus clair, et s'apprêta à commencer sa lecture lorsque, regardant autour d'elle, elle demanda :
- Mais au fait, où sont tes deux jeunes Braves, Shadow ?
- Jak et Mina ? Je pensais qu'ils étaient restés avec toi.
- J'ai dû penser pareil. Allons les retrouver, j'emporte le livre.
Les deux sortirent du bâtiment puis entamèrent leur recherches en lançant quelque appel, avant de s'engager dans l'allée où se trouvaient la plupart des habitations, l'endroit où la voix de Jak leur répondit :
- Ohé ! Nous sommes là !
Shadow et Lie-ker s'avancèrent vers leurs deux compagnons. Jak était debout et détendu à côté d'une vaste hutte détruite en partie, et Mina était à l'intérieur de cette dernière, assise au milieu des décombres. Elle regardait partout autour d'elle, comme désespérée.
- Mina ? risqua Shadow. Ca ne vas pas ?
- Cette hutte... C'était... bien celle d'Arthur... n'est-ce pas ?
Maintenant qu'elle l'avait dit, Shadow reconnut, malgré sa destruction quasi-totale, la hutte où habitait Arthur il y a un peu plus d'un an encore. Mina semblait l'avoir reconnue sans beaucoup d'efforts, il se demanda comment cela était possible.
- Oui, c'était celle d'Arthur, dit ensuite Shadow, se souvenant qu'il était censé répondre.
- Je le savais... dit Mina avec un sourire triste. Avec tout ce qu'il y a ici... Je l'ai deviné... Tout de suite...
Il y eut un silence, durant lequel personne n'osa dire mot. Ce fut à l'issue de la première minute de calme que Mina se décida à se relever, et à marcher vers ses amis, puis elle remarqua le vieil ouvrage entre les mains de Lie-ker.
- Tiens, vous avez trouvé un livre ? demanda-t-elle.
- Ah, oui, c'est pour ça que nous étions venus, se souvint la Sage. Je vais vous lire ce qu'il y a marqué.
Elle ouvrit avec précaution l'ouvrage meurtri par le temps et lut à haute voix :
- "Il reste peu de temps. La première attaque de monstres est survenue plus tôt que prévu. Nous craignons que tout le monde ne meure, les créatures ont déjà détruit une grande partie de la cité. Nous espérons de tout notre coeur que Lucéria la Prêtresse, ainsi que ses deux Braves, réussiront leur quête. Nous résistons avec les autres Sages, mais ne tiendront pas longtemps."
Jak paraissait touché de ces mots sans doute écrits avec l'énergie du désespoir, Mina ressentait la même compassion mais Shadow gardait comme à son habitude son air sérieux. Malgré tout, son regard s'assombrissait au fur et à mesure que sa tante lisait ces mots.
- "Nous craignons que notre bâtiment se fasse dévaster comme tous les autres, et ce faire sans tarder. Jamais nous n'avons vu autant de ces créatures malsaines. Même un Lygarus est en train de tout détruire." ( Je hais les Lygarus ) pensa Lie-ker. ) Il manque un bout... Et ça reprend là. "... ne comprenons plus rien. J'entends la porte de bois que nous avions mise pour nous défendre céder sous les attaques de ces bêtes sans âme. Je vais moi aussi mourir. Que Caelumbra garde ses yeux ouverts sur notre cité et sauve Ether... " Ca s'arrêta là. L'encre coule jusqu'en bas de la page et se mêle à du sang. Très gai, ajouta-t-elle en pinçant les lèvres.
- Alors ça s'arrête là ? questionna Shadow en croisant les bras. Il semble que nos semblables se sont battus jusqu'à leur dernier soupir, pour continuer comme dans leurs coutumes à décrire les événements de cette cité, fussent-ils les derniers...
Lie-ker baissa la tête. Mais pour éviter qu'un nouveau silence ne s'installe, elle ajouta :
- Ce n'est qu'une brève traduction de ces textes en Akurah. Peut-être que j'ai exagéré les mots... Enfin. Shadow, tu m'as dit que ta mère t'avait parlé ?
Shadow leur raconta son escapade rapidement, ainsi que les paroles de sa mère qu'il sut en grande partie rapporter. À l'issue de son récit, Lie-ker poussa un soupir de soulagement :
- Ainsi, Nahru et d'autres ont eu le temps de s'enfuir ? Je suis rassurée. Nahru est la fille d'une famille de sang royal, ajouta-t-elle surtout pour Jak et Mina, et c'est une brave petite. J'espère de tout coeur que nous allons la retrouver.
Shadow ne répondit pas. Certes, il était lui aussi soulagé que Nahru soit sans doute en vie, mais il doutait de la revoir pour autant. Après tout, quels bonheurs lui avait apporté la vie, depuis qu'il avait quitté le village des Runes Akurah ? Suivi de ses alliés, il s'en retourna près du bâtiment des Sages. Ils restèrent tous silencieux un moment, Mina n'osant rien dire, Shadow perdu dans ses pensées et Lie-ker plongée comme dans d'étranges calculs. Ce silence déplaisait à Jak. Alors il se posta devant ses trois compagnons en s'exclamant :
- Eh bien, qu'est-ce qui se passe ? Vous perdez votre entrain ? D'accord, votre village s'est fait détruire. Je suis désolé pour vous, et qui plus est il y a eu des morts. Mais ce n'est pas une raison pour... Mais... Attendez... Si presque tout le monde s'est fait abattre, pourquoi il n'y a aucun cadavre ?
- Parce que les monstres ne sont pas aussi indignes de nature qu'Inferna, répondit Lie-ker comme s'il s'agissait d'une évidence. Ils ont pour coutume d'enterrer ceux qu'ils tuent, peu importent leur âge, leur rang, ou quoi que ce soit d'autre.
- Vraiment ? Ils ont enterré tout le monde ?
Jak était vraiment étonné. Il ne pensait pas que des créatures aussi cruelles puissent faire preuve d'autant de respect vis à vis de leurs ennemis.
- Je te rappelle qu'avant, les monstres étaient des syriens. Autrement dit, ils avaient un coeur comme nous ; or ils n'ont pas tout perdu de leur ancienne personnalité.
- ... Je ne comprendrai jamais les monstres, conclut Jak.
Les quatre alliés tournaient le dos à la forêt. De cette dernière sortirent donc sans que personne ne le remarque trois humains, silencieux comme des ombres. L'un d'eux s'approcha de Jak en brandissant une énorme arme à feu de métal, et avant que Shadow, ressentant un frisson qui le fit se retourner sur-le-champ, n'aie le temps d'avertir le jeune Brave, celui-ci se fit assommer par un violent coup sur le crâne.
- JAK !!
Mina se rua sur lui la première pour amortir sa chute. Elle, Lie-ker et Shadow virent alors les trois humains, fièrement dressés, se tenir devant eux.
Deux d'entre eux étaient massifs et très musclés, grands et vêtus d'armures ainsi que d'imposantes armes à feu. Ils semblaient être les gardes du corps du troisième homme, ou plutôt, jeune homme.
Il devait avoir seize, ou peut-être dix-sept ans. Son épaisse chevelure châtain sombre tombait en partie sur ses yeux de la même couleur, ce qui lui donnait, en plus de ses traits, comme un air de ressemblance avec Jak. Il était habillé d'une armure de cuir et de métal, plutôt élégante, ainsi que d'une très grosse épée. Il avait décoché un sourire ironique, lorsqu'il dit d'un air fier :
- Voilà qui nous fait un adversaire de moins.
- Espèce de lâche... grogna Mina sans quitter les humains des yeux, dont celui qui attirait le plus son regard faisait au moins une tête de moins que les deux autres.
- Nous sommes les fidèles serviteurs de monsieur Shirô, déclara le jeune homme. Que font trois mobiens et un gosse de rien du tout dans une cité morte et des environs aussi dangereux ?
- Sans doute des choses moins malsaines que vous, répliqua Shadow. À quoi vous servent vos armes et votre fierté si tout ce que vous savez faire, c'est d'assommer vos ennemis par derrière ?
- Nous avons pour mission de veiller à ce que ce cet endroit reste notre propriété, pour nous faire encore plus puissants que nous ne le sommes déjà, répondit le jeune homme en toute dignité. Vous savez, les politiciens ne sont pas nos alliés.
- Dans ce cas, nous non plus ! s'exclama Lie-ker en sortant son bâton.
Shadow et Mina sortirent leurs armes à leur tour. Le jeune homme les imita :
- Intéressant. Mais pardonnez-moi, sous les ordres de monsieur Shirô, vous allez devoir mourir.

Fin du Seizième chapitre.

Merci de tes encouragements, Sonadow ! Voilà le chapitre suivant.

Dix-septième chapitre : L'attaque de Lucke

Les deux gardes sortirent respectivement une mitraillette, et une lance. Le jeune homme brandit son épée à très large lame et se mit en position d'attaque. Shadow, Lie-ker et Mina firent de même, après avoir mis Jak hors du champ de combat.
- Ne le prenez pas mal, dit le jeune homme avec un sourire ironique, mais nous devons éliminer les gêneurs ici. Je pense qu'il serait plus poli de me présenter, mon nom est Lucke.
- Pour ma part, je ne donnerai pas mon nom à un criminel, rétorqua Shadow.
- Je vois, répondit Lucke avec un sourire amusé. En garde, alors.
Lucke fit un pas mais Shadow s'était déjà rué sur lui. Le jeune homme parvint à éviter la lame foudroyante de son katana, puis l'épée de Mina ; mais Lie-ker lui lança ensuite un sort qui le foudroya sur place et l'obligea à poser un genou au sol.
- Saleté de mobiens... gémit-il.
- Ca va, chef ? questionna l'homme à la mitraillette.
- Pas trop de mal ? ajouta l'autre.
Agacé, Lucke redressa la tête d'un coup et cria à ses deux hommes :
- Mais qu'est-ce que vous attendez, à la fin ?! ATTAQUEZ, ATTAQUEZ !!
Précipitamment, les deux ne se le firent pas redire : le premier rabattit sa lance sur Mina qui l'évita avec facilité, avant de contre-attaquer d'un coup d'épée dans son casque, qui le sonna. L'autre n'eut pas le temps de se servir de son arme que Shadow lui fit tâter de la sienne en lui donnant un grand coup en travers de la poitrine. Puis Lie-ker conclut en leur lançant un sort de glace qui les paralysa complètement, puis un sort de feu qui les mit hors d'état de nuire : ils s'effondrèrent lamentablement devant leur chef, inconscients :
- ( Mais quels imbéciles... il faut vraiment tout faire soi-même, de nos jours... ) pensa Lucke en se relevant, tout en se tenant la tête.
- Tu peux te rendre, lança Shadow à celui-ci. Je ne te blâmerai pas, étant donné que tu n'as plus aucune chance contre nous trois.
- Tu vois, te conduire lâchement n'aura servi à rien, finalement, renchérit Mina.
Lucke foudroya cette dernière du regard :
- Jamais je ne me rendrai ! Je me battrai, pour l'honneur de monsieur Shirô !
- ( Juste un cinglé qui ferait n'importe quoi pour son chef ) pensa Shadow.
Lucke se remit en garde, puis brandit son épée. Il se lança vivement sur Shadow, qui, surpris, se mit sur la défensive.
Ils s'échangèrent nombre de coups, jusqu'à ce que Shadow bondisse en arrière pour en éviter un puissant : il était déjà légèrement blessé ; et pas n'importe qui pourtant n'aurait su lui infliger de blessures.
- ( Un cinglé animé par l'honneur de son supérieur, c'est bien ce que je pensais ) songea Shadow.
- Alors ? fit Lucke, dédaigneux. Tu me fuis, à présent ?! C'est toi qu'il faudrait traiter de lâche !
- Non, un cinglé tout court, pensa Shadow à haute voix.
- Quoi ?!
- Réfléchis bien, nous sommes trois, tu risques d'y laisser encore plus que ça, dit Lie-ker en désignant brièvement les deux hommes.
Lucke sembla voir sa colère monter en flèche :
- Taisez-vous, saletés de mobiens ! Vous tous ! Vous n'êtes que des lâches !!
Il accéléra encore, son énorme épée brandie. Sauf que cette fois, sa cible était Mina. Il donna un grand coup, que la jeune mangouste eut du mal à parer. Il allait lui en asséner un deuxième, lorsqu'une lame électrique menaça de lui trancher la gorge ; il recula brusquement, sans pour autant baisser sa garde.
- Si tu ne veux rien entendre, déclara Shadow, tu risques d'avoir mal.
Lucke serra les dents. De son côté, Mina posa un genou au sol ; elle était blessée à la jambe. Lie-ker vint l'aider, tandis que Shadow faisait face à Lucke. Ils se toisèrent un moment, avant de se ruer l'un sur l'autre et de s'échanger nombre de coups d'épée.
Pour chacun des deux adversaires, combattre fut rude ; mais ce fut Shadow qui domina Lucke : il lui asséna un violent coup sur son épée-même, ce qui fit reculer maladroitement le jeune homme. Puis le hérisson enchaîna, en brandissant son arme, et en se jetant sur Lucke qui ne sut bouger, pétrifié d'effroi.
Mina se cacha les yeux, puis un bref bruit de lame survint. Quand, son coeur battant fort, elle risqua un regard sur l'arène, elle vit en premier l'arme de Lucke gisant dans la poussière. Alors, elle put voir avec soulagement Lucke étalé au sol et tremblant, et Shadow, debout devant lui, lui plaçant la lame de son katana à deux centimètres de sa gorge.

Lucke ne disait rien. Il avait perdu. Ses yeux restaient rivés sur cette lame qui, de peur, faisait jaillir son sang jusqu'à sa gorge en feu. Finalement, Shadow lui dit :
- Cette fois, tu as perdu. Je te conseille de quitter ces lieux en vitesse si tu tiens à ta vie.
Derrière Lucke, ses deux hommes s'étaient relevés, mais n'attaquaient pas, faute d'ordres. Shadow retira sa lame et laissa Lucke se relever. Il recula un peu, encore tremblant, puis cracha :
- Vous êtes tous pareils ! Lorsque monsieur Shirô dominera le monde, je serai le premier à vous tuer !!
Sur ce, il battit en retraite, accompagné de ses deux hommes. Il s'éloigna en courant vers la forêt, et disparut entre les arbres sous la pâle lumière du matin.
- Que font les éducateurs ? dit Mina, agacée. Ce gamin avait l'air plus jeune que moi, et regardez-moi ce caractère !
C'est alors que Jak remua un peu. Il ouvrit les yeux, puis se redressa en gémissant :
- Jak ! s'exclama Mina. Tout va bien ?
- Je... crois, répondit Jak. Mais... qu'est-ce qu'il s'est passé ?...
- Trois humains sont venus nous tuer, déclara Shadow avec un calme religieux. Un jeune homme à peu près de ton âge, accompagné de deux autres types. Il disait faire partie d'un clan, sans doute celui d'un cinglé qui veut conquérir le monde.
- Et il t'ont assommé par derrière pour se faire un adversaire en moins, informa Lie-ker. C'est désolant de voir à quel point le nombre de braves guerriers diminue, de nos jours...
Il y eut un maigre silence durant lequel Jak se releva, en gémissant un peu. Puis il demanda à Lie-ker :
- Au fait, je voulais te demander, comment ça se fait que légitimement, je sois un Brave ?
- Parce que ton père lui-même avait du sang de Brave dans les veines, répondit la Sage. En plus de posséder un immense savoir, il aurait pu aussi être le Brave d'une Prêtresse, mais...
- C'est à cause de la guerre des humains et des mobiens ? dit Shadow.
- Exactement. Après tout, ne vous-êtes vous, les enfants, jamais demandé pourquoi Caelumbra sépara Ethera en trois, et non deux planètes ? Pourquoi n'a-t-il pas mis sur une planète humains et mobiens, alliés lors de la première Grande Guerre, et sur l'autre les syriens ?
- Non, répondit Mina. Mais c'est vrai que ça semble bizarre...
- Pourquoi est-ce qu'il a fait comme ça ? questionna Jak.
- La raison est simple, dit Lie-ker. Caelumbra est prévoyant : il savait qu'à force de se poser des questions, humains et mobiens finiraient par perdre confiance les uns pour les autres, et à devenir rivaux. Et c'est ce qui arriva ; comme pour le village Myokoara qui est le dernier des villages mobiens sur Terre.
- C'est pour cette raison qu'aucun Brave humain n'a été aux côtés d'un Prêtre pour combattre Inferna ! s'exclama Jak.
- Oui.
- Il faut à tout prix abattre Inferna avant que les derniers humains qui nous font confiance se retournent aussi contre nous, dit Shadow.
- Tu as parfaitement raison, déclara Lie-ker.
- Alors, ne perdons pas de temps ! lança Jak en brandissant son poing, plein d'entrain.
- ( Toujours aussi enjoué ) songea Lie-ker avec un sourire.
Les quatre alliés quittèrent alors le village, non sans espoir en tête. Nahru et d'autres villageois étaient en vie. Quoiqu'il arrive, Shadow se dit qu'il ferait son possible pour les retrouver.

Ils marchèrent dans le bois en direction de leur vaisseau, respirant l'air de l'hiver sous le soleil matinal. Mais alors qu'ils allaient se trouver à proximité de leur grande Chimère, une masse sombre à l'allure robuste surgit d'entre les arbres, vive comme un éclair, et dérapa un peu dans la terre et les feuilles mortes devant le vaisseau, barrant le passage à Shadow et ses compagnons. Jak retint un cri de stupeur et freina tant bien que mal en dérapant lui aussi dans la terre :
- Un Lygarus ! beugla-t-il.
Shadow, Mina et Lie-ker sortirent leurs armes, et vinrent se ranger aux côtés de leur ami.
- Shadow ! s'exclama Lie-ker. Je crois que c'est ce Lygarus qui a détruit le village avec ses alliés !
- Mais comment peux-tu le savoir ?! questionna Shadow.
- Ses pattes sont blessées et couvertes de sang ! Il rôdait sans doute dans les environs depuis son attaque !
Impatient et agressif, le Lygarus montra les crocs en grognant et en lâchant de véritables filets de sang par sa gueule. Les quatre alliés remarquèrent qu'en effet, il tenait encore entre ses dents acérées quelque chose qui fut vivant...
- Vous avez vu ! s'écria Jak, horrifié. Il a chopé quelque chose !
- Il va le regretter, déclara Shadow en brandissant son arme et en fonçant sur la créature.
- Non, Shadow attends !! s'exclama Lie-ker. Attends, tu n'es pas de taille contre lui !
Shadow donna un grand coup de sa lame électrique dans la bête deux fois plus grande que lui ; elle n'essaya aucunement d'esquiver car c'est à peine si elle sentait quelque chose. En effet, elle resta totalement indifférente après le violent coup que lui avait asséné le hérisson noir sur le poitrail :
- ( Mince, il est plus résistant que prévu ) pensa Shadow.
Mais loin d'abandonner, il se rua à nouveau sur le Lygarus et commença à l'enchaîner de coups plus puissants les uns que les autres. La créature ne contrait rien. Le hérisson noir lui lacérait l'encolure, lui taillait les membres, lui frappait la tête. Du moins il était pourtant certain de le faire ; malgré le fait que la créature restait inchangée. Shadow recula, commençant à s'essouffler.
- Saleté... grogna-t-il.
Commençant à sérieusement perdre patience, l'énorme monstre fonça sur Shadow et lui décocha un coup de tête d'une puissance sans pareille. Shadow eut le temps de préparer un saut avant pour amortir le choc, mais malgré tout il réalisa un véritable vol-plané en passant au-dessus de ses amis qui le regardèrent passer, inquiets :
- Shadow ! s'exclama Mina.
Jak accorda à la bête un regard haineux. Il se rua sur elle sans attendre. Mais le Lygarus se contenta de pousser le jeune Brave avec sa tête, celui-ci n'arriva pas à attaquer. Mais à un moment, Jak brandit son katana bleu et le planta avec une vitesse effrayante dans l'oeil droit de la créature. Cette dernière se cabra en hurlant et frappa Jak au passage, qui s'étala par terre.
- Mina ! cria Lie-ker. On fonce !
Mina menaça le Lygarus de se prendre un violent coup d'épée, tandis que Lie-ker lançait un sort de glace sur la créature, qui lui paralysa les postérieurs. Furieuse, la créature frappa ses pattes arrière contre un arbre, explosant la glace à son contact ; Lie-ker et Mina durent éviter les morceaux de glace qui leur retombaient dessus.
Jak, pour sa part, était toujours étalé au sol, son bras droit tenant son katana bloqué par le Lygarus qui marchait dessus. Finalement ce dernier lança son cadavre de côté pour mieux pouvoir goûter à la chair de sa nouvelle victime. Lie-ker vit le cadavre à côté d'elle, c'était celui d'un porc-épic brun, puis s'écria soudain, les larmes aux yeux :
- OH NON !! C'EST KENNETH !!
Sans que personne ne le remarque, le regard de Shadow changea. Le Lygarus, toujours devant Jak, fixa le jeune garçon de ses yeux rouge lumineux, puis tandis qu'il s'apprêtait à l'achever, on entendit comme une explosion d'énergie, un cri bizarre, puis quelque chose d'encore plus rapide qu'un Lygarus fonça sur celui-ci et l'envoya à terre dans un torrent de flammes noires et d'éclairs étranges. Jak, libéré, put ramper douloureusement jusqu'à ses amis qui ne comprenaient pas plus la situation que lui, puis quand tous les trois, ils regardèrent à nouveau l'arène, ils faillirent tomber d'effroi.
Le Lygarus hurlait de douleur, et un hérisson noir aux yeux cruels était dressé devant lui, frappant l'air autour de lui avec deux immenses ailes noires et étroites ; il tendait son point vers la créature en lui brûlant l'échine à l'aide d'un sort étrange, maintenant aussi douloureuse que les flammes qui dévorèrent la bête de l'intérieur.

Que ce fut Jak, Lie-ker, ou Mina : personne n'osait bouger. Finalement, l'étreinte du pouvoir de l'étrange hérisson noir se relâcha, le Lygarus laissa tomber sa tête au sol tandis que la douleur prenait de plus en plus d'ampleur. La créature ne parvenait même plus à hurler, tant la souffrance le hantait. Le sort du hérisson noir l'emprisonnait tout entier dans ses flammes invisibles, ses organes vitaux brûlaient comme du papier, le faisant mourir lentement, et plus atrocement que si on lui avait injecté une dose de venin. Finalement, la bête ne montra plus un signe de vie, et préféra fermer les yeux pour ne jamais les rouvrir. Jak et Mina étaient les plus effrayés. Seule Lie-ker savait ce que tout cela signifiait. Le hérisson noir resta encore un moment debout, ses deux ailes secouées dans l'air du matin, avant de tomber dans les feuilles tachetées de sang. Ses deux ailes rentrèrent dans son dos, et Shadow afficha une expression de souffrance. Une fois redevenu normal, il se redressa lentement, déboussolé. Son dos lui faisait atrocement mal, c'était comme si deux lames en avaient soudainement surgi, et il sentait une étrange colère le parcourir, comme de ténébreuses flammes. Ce fut à l'issue d'une minute tendue que Shadow se tourna vers Lie-ker, tout en serrant son poing meurtri :
- Lie-ker... Qu'est-ce qui m'est arrivé ?

Fin du Dix-septième chapitre.

Merci à vous deux ! Je vous donne le chap 18.

Dix-huitième chapitre : Le Temple de Mobius

Voyageant comme à son habitude à son allure rapide, La Chimère se dirigeait maintenant vers le Temple de Mobius. En rentrant des Runes Akurah, Jak avait insisté pour essayer de conduire le vaisseau. On l'avait laissé faire, mais son enthousiasme a dû faire qu'il était bien trop énervé pour conduire ; et après que le vaisseau eut failli se prendre un gros rocher, on avait préféré rendre les commandes à Mina. Tous se trouvaient à présent dans le cockpit, Mina dans le siège conducteur, Shadow assis sur un banc de mousse contre un mur, Jak à ses côtés et Lie-ker debout devant lui.
- Tout ce dont je me souviens, dit Shadow, est que le Lygarus m'a projeté loin de lui, puis j'ai entendu la voix lointaine de Lie-ker appeler le nom de Kenneth... Mais ensuite, plus rien.
Il redressa la tête, fixant sa tante dans les yeux :
- Lie-ker, tu sais ce qui m'est arrivé ; j'en suis persuadé. Dis-moi ce qui s'est passé !
Lie-ker ne répondit rien.
- D'abord ma vision à Black City, continua alors Shadow, puis à Myokoara lorsque j'ai senti l'odeur du sang, ce pourquoi je vois dans le noir, et pour finir, ce trou de mémoire... À l'issue duquel je me suis retrouvé non là où je m'étais évanoui, avec le dos douloureux.
- Tu parles de choses dont j'ai reçu l'ordre de ne te dire mot, trancha Lie-ker. Nous allons au Temple de Mobius ; et là-bas, je te le promets Shadow, tu auras réponse à chacune des questions que tu m'as relevées.
Sur ce, elle quitta le cockpit d'une démarche royale.
- Dis... demanda Jak au bout d'un moment à Shadow. C'était qui, Kenneth ?
- L'un de mes amis, répondit le hérisson noir d'un air désolé. On se connaissait depuis très longtemps, et il était le deuxième plus âgé des sept enfants du village.
- Et le plus âgé, c'était toi ?
Shadow baissa la tête, et ferma les yeux. Jak n'eut aucun mal à comprendre que pour son allié, c'était un véritable supplice que de parler de ses souvenirs. Depuis le premier jour de ses dix-huit ans, il avait appris la haine, la colère, et tous les sentiments qu'il aurait préféré ne jamais connaître. En quelques heures, sa vie avait basculé à son opposé si brusquement qu'il n'avait rien vu venir. Il n'avait pas vu venir le coup qui, pour toujours, lui avait fait connaître la souffrance. Jak baissa à son tour la tête.
- Oui, c'était moi, murmura le hérisson noir. Mais Kenneth n'avait même pas un an entier de moins que moi.
Aux commandes, Mina aussi ressentait de la peine pour son amie. Mais elle devait continuer à conduire, et faire la sourde oreille à ses propos. Ce qui n'était pour elle pas plus mal, étant donnée leur tristesse. Le ciel se mit à gronder, et la pluie s'abattit sur toute la région. Dans le vaisseau, tout était sombre, et personne ne bougeait. Les flashs des éclairs frappant le sol étaient leurs seules lumières, mais disparaissaient toujours très vite. Shadow était songeur. Il espéra que, comme l'avait promis Lie-ker, le Temple de Mobius donnerait réponse à ses interrogations les plus sombres.

Le voyage dura toute la journée. Le soir, le vaisseau se posa au milieu d'une clairière, au centre d'une dense forêt. La Chimère était près des arbres, et toujours dans la clairière, une dizaine de mètres plus loin, se dressait le somptueux Temple de Mobius. Ce soir-là, des milliers d'étoiles luisaient dans le ciel sombre. Perché au sommet du cockpit du vaisseau, accessible par une trappe à son plafond, Shadow regardait le temple, immense silhouette sombre dans la nuit d'hiver. Shadow s'était enroulé dans une cape sombre pour lutter contre la fraîcheur du vent nocturne. Il poussa un maigre soupir, qui se changea en un petit nuage de buée, avant de disparaître dans l'air.
- La lune est belle, ce soir, fit-il remarquer.
Derrière lui, Lie-ker se stoppa. Implacable, Shadow l'avait entendue arriver.
- Effectivement, répondit-elle alors, rentrant dans son jeu.
Jeu auquel elle eut bien vite fait de mettre un terme ; en s'asseyant à côté du hérisson noir, et en lui déclarant solennellement :
- Je suis venue pour te demander pardon. C'est vrai qu'après tout... tous ces souvenirs qui te manquent ne doivent pas te donner la vie facile. Et puis aussi... je te dois des explications. Au sujet de ta mère.
- Pourquoi te décides-tu maintenant à tout m'avouer ? questionna Shadow.
- Car je pense que maintenant, tu as suffisamment confiance en moi, mais aussi que tu es fin prêt à entendre la dure vérité.
- Je me doutais que ça ne serait pas gai à entendre. ( Il regarde les étoiles ) C'est vraiment étrange. J'ai l'impression que tout ce qu'on m'apprend, je le sais déjà...
- Shadow... Je dois te raconter ce qu'il nous est arrivé, lors de notre quête, à Lucéria, Arthur et moi. Après être allés dans les deux temples, ceux de la Terre et de Mobius, nous nous sommes aventurés sur Syrùth, pour pénétrer dans le dernier des temples. Mais alors que nous allions y entrer, Lucéria s'est stoppée soudainement. Arthur et moi nous sommes arrêtés à notre tour, surpris. C'est seulement alors qu'Arthur nous a déclaré que quelque chose approchait. Il n'avait pas été le seul à le sentir ; Lucéria aussi. Elle nous a ordonné de ne pas nous retourner. Nous avons obéi. Elle nous a ensuite dit d'aller nous réfugier dans le temple. Nous avons refusé.
Shadow fronça légèrement les sourcils, commençant à mettre du sens dans ce que racontait sa tante.
- Je n'ai pas pu voir le visage de Lucéria, mais lorsqu'elle nous a ensuite dit de rester immobile, sa voix était différente. Elle était en train de charger une quantité impressionnante d'énergie. Et c'est alors qu'elle s'est retournée en un éclair, prête à lancer son sort. Mais ce fut notre ennemi, juste derrière nous, qui fut la plus rapide. Arthur et moi n'avons eu aucun mal à comprendre... que c'était Inferna qui nous avait attaqués... Elle a lancé son sort la première... Lucéria s'est figée, et... elle s'est effondrée d'un coup... Je l'ai juste entendue murmurer qu'elle me confiait son fils, me faisant jurer de veiller sur lui... Et c'est là que Arthur a fait face à Inferna, courageusement. Il m'a ordonné de m'enfuir, mais j'ai refusé de le laisser tomber. Il m'a dit d'attraper la main de Lucéria... J'ai obéi, perdue de larmes, et, lui qui maniait le chaos, il m'a transporté avec grande soeur sur Terre, et sans que je puisse riposter. La dernière chose que j'ai vue, c'est que Arthur me souriait, et que Inferna s'avançait vers lui...
Lie-ker ne put retenir ses larmes plus longtemps. Shadow n'en revenait pas :
- Alors c'est Inferna qui... a tué Lucéria ?
- Je... j'ai essayé de l'en empêcher, sanglota Lie-ker. Je ne voulais l'abandonner, ni elle, ni Arthur... et je... Pour quoi est-ce que je passe, maintenant ?!
Shadow eut presque peur de sa tante. Elle avait dit sa dernière phrase avec tant de rage, qu'il en était resté pétrifié. Quelques-unes de ses larmes avaient décollé vers le ciel lors d'un grand signe de tête, et s'étaient envolées dans la nuit en brillant comme des étoiles. Lie-ker remit ensuite son visage entre ses mains et se mit à pleurer. Shadow lui tapota l'épaule et tenta de la réconforter, mais il n'était pas très expérimenté à ce sujet. Et même s'il ne le montrait pas, lui aussi était triste, mais surtout fou de rage. Lui aussi maintenant, était bien décidé à vaincre son ennemie qui finalement, même pour lui, était bien digne de ce nom.

Le soleil venait de se lever lorsque les Black Spies s'avancèrent vers le temple. Il ressemblait à une pyramide, avec ses marches et sa hauteur très élevée. Les motifs de l'édifice semblaient similaires à ceux du Temple de la Terre, coupés par un immense escalier d'au moins cent marches. Quelques plantes grimpantes escaladaient les pierres ocres en de nombreux endroits, et de petits insectes volaient ici et là avant de disparaître dans les failles entre les pierres.
- C'est beau, non ? dit Lie-ker. Shadow, à toi l'honneur.
Espérant que cette fois, il ne s'évanouirait pas devant l'entrée, Shadow s'aventura à pas prudents sur les marches, suivi de près par Mina et Jak, et d'un peu plus loin par Lie-ker. Durant leur escapade, ils sentaient le vent frais siffler dans l'air froid hivernal. Après une montée de cinq minutes au moins, les Black Spies arrivèrent face à un grand trou rond dans la pierre, abrité par une petite salle ouverte dont le plafond, privé de murs, était soutenu par quatre piliers.
- Euh... il faut descendre là-dedans ? questionna Jak, peu rassuré.
- Oui, approuva Lie-ker. J'espère que vous savez tous atterrir.
Sans plus attendre, Shadow s'engagea le premier dans le trou : il bondit à l'intérieur de celui-ci et commença à tomber à l'intérieur d'une étroite cavité perpendiculaire au sol.
Durant sa chute, Shadow sentait l'air devenir de plus en plus froid. La cavité se faisait plus sombre, et humide. À l'issue de quelques secondes, le hérisson noir put voir le sol : il ralentit légèrement en prenant appui sur les pierres autour de lui, puis acheva sa chute dans une vaste salle dont l'unique entrée semblait être le tunnel perpendiculaire par lequel il était descendu. Il s'écarta de ce dernier, puis Mina atterrit à son tour sur les dalles humides.
- Je me suis fait mal à la cheville ! dit-elle en se relevant.
Elle sautilla un peu sur place et sous le regard désespéré de Shadow, puis ce fut au tour de Jak d'arriver :
- Je me suis explosé les chevilles ! brailla-t-il.
Shadow leva les yeux au ciel, et Jak rejoignit Mina avec qui il partageait joies et peines, semblait-il. Enfin, ce fut Lie-ker qui arriva. Elle retomba sur ses deux pieds, genoux pliés, et sans un bruit. Mina et Jak étaient épatés :
- Vous avez pas fait un bruit ! s'exclama Jak.
- T'es super forte ! renchérit Mina.
Shadow ne dit rien. Lie-ker se redressa en disant :
- Ce n'est qu'une question d'entraînement. Maîtriser les forces et son corps fait partie de ce que doit savoir faire un Brave.
Elle alla vers la suite de la salle en dépassant Jak et Mina :
- Vous devrez persévérer pour mériter enfin le nom dont Shadow et moi vous affublons déjà.
Les deux concernés approuvèrent d'un signe de tête, et Shadow suivit sa tante en direction d'une nouvelle stèle, similaire à celle que le hérisson noir avait déjà brisée. Il recommença ce qu'il avait déjà fait au Temple de la Terre, murmura la même incantation, et la stèle se brisa dans des éclats de lumière. Lie-ker alluma le bout de son bâton, et se tourna vers ses alliés :
- Après vous.
Toujours aussi peu rassurés, Shadow, Mina et Jak s'aventurèrent avant la Sage dans le tunnel que la stèle avait révélée.

À nouveau, la galerie semblait interminable. Après avoir marché pendant de longues minutes, Jak demanda le premier à Lie-ker :
- On est bientôt arrivés, tu crois ?
- Pas je crois, je sais, répliqua la Sage. Et oui il ne reste que quelques mètres.
- Tant mieux ! dit Mina. J'ai hâte d'affronter de nouveaux dangers !
Elle jeta un petit coup d'oeil vers Shadow, qui détourna les yeux aussitôt.
Leur route se termina dans une immense salle, déchirée de plusieurs grandes fissures dans le sol, entièrement baignée d'une lueur intense.
- Pourquoi y a-t-il autant de lumière ? On est censés être sous terre, non ? fit Jak.
- C'est à cause des puissances magiques environnantes, répondit Lie-ker. Elles fond fuser directement la lumière du soleil sur la pierre, et la lumière reste enfermée dans les plus vastes salles. Mais tenez-vous prêts ; c'est ici qu'on va se battre.
Des fissures du sol, jaillirent à ces mots des créatures aux ailes d'odonates que Mina et Shadow reconnurent bien vite :
- Des Talems ! s'écria Mina.
- Mais ils sont une vingtaine au moins ! s'exclama Jak en sortant son arme.
- En avant ! cria Lie-ker.
Une rude bataille commença. Chacun combattait de son côté, sans se préoccuper pour le moment de ce qui allait suivre, sinon une difficile bataille contre, de toute évidence, le démon gardien du temple. Les Talems esquivaient de nombreuses attaques, et les combattre eut bien vite fait de fatiguer les quatre alliés. Au bout d'un moment, Shadow posa la lame de son katana au sol :
- Ils sont coriaces ! dit-il. Et il en arrive sans cesse !
Effectivement, en plus d'être difficiles à battre, de plus en plus de monstres émergeaient des failles, augmentant le nombre d'ennemis, et diminuant l'espoir.
- Lie-ker ! cria Mina en continuant à se défendre. Comment aviez-vous fait pour vous en sortir, la première fois ?
- Encore un miracle de ton père ! répondit-elle assez haut pour se faire entendre. Il nous a téléportés à l'étage du dessous !
Jak, qui avait entendu, s'écria :
- Alors on n'a plus de temps à perdre ! Sautons dans les failles !
Sans attendre de réponse, il s'exécuta, et disparut dans le sol.
- Jak !! cria Mina.
Et elle le rejoignit. S'échangeant un regard peu confiant, Lie-ker et Shadow ne purent faire autre chose que de suivre le mouvement de leurs deux compagnons.

Ils atterrirent dans une grande salle ressemblant à la première, mais au centre de laquelle se trouvait une sorte de sphère bleu électrique, jonchée de racines, et qui libérait les Talems :
- C'est leur source ! s'exclama Mina.
- Tiens ! J'avais raison ! lança Jak.
Lui et Shadow se jetèrent ensuite sur la sphère, et la brisèrent d'un coup. Les derniers monstres s'enfuirent, et le silence retomba, lourd et imposant.
- Nous voilà débarrassés des monstres, dit Lie-ker. Tarylis est encore en dessous. Il y a un escalier en face ; descendons.
- Tarylis ? Le démon du temple ? demanda Mina.
- Oui. Allons à présent, il nous attend. De plus, je suis certaine que... tu en avais assez d'attendre, Shadow ?
Comme chacun de ses alliés s'y attendaient, Shadow ne répondit pas, et se contenta de se diriger vers l'escalier nord. Suivi de ses amis, il le descendit en silence, avant d'arriver directement dans une salle réellement imposante.
Six piliers ornés de racines soutenaient mieux le plafond que les vieux murs tout fissurés. De petites lumières volaient ici et là, sortant des murs et voyageant dans les failles, sous une musique très douce, peut-être le son de l'eau, dont un ruisseau s'écoulait du mur et semblait, par l'intermédiaire de la salle, se diriger sous terre. Mais l'élément qui attira le plus le regard des quatre compagnons, était une immense créature assez semblable à Arès, mais verte avec quatre ailes d'odonate dans le dos, des yeux jaunes et une superbe carrure de dragon. En d'autres mots, se tenait face à eux Tarylis, démon gardien du Temple de la Terre.

Fin du Dix-huitième chapitre.

Merci encore, Sonadow ! Je suis contente que ça te plaise, voilà le chapitre 19.

Dix-neuvième chapitre : Le fils du roi des démons

- Ainsi, vous êtes venus.
La voix grave du démon gardien résonnait, comme Arès, dans toute la salle. Shadow et ses alliés s'avancèrent un peu, puis contemplèrent la créature. Celle-ci leur rendait leur regard, d'un oeil inquiétant.
- Mon nom est Tarylis, dit le démon gardien. Tu es Shadow, je présume ? Ton père m'a parlé de toi.
- Vous savez qui il est, dit Shadow en serrant les dents. Dites-moi ce que vous savez à son sujet, et recommencez à combattre les monstres. Ensuite, je dois retrouver ma mémoire que l'on m'a ôtée il y a cinquante et un an.
- Tu es crédule à un point qui m'impressionne, se contenta de répondre Tarylis. Si tu es bel et bien resté cinquante ans dans cette capsule, comment se fait-il que tes proches soient encore jeunes ? Ta tante, la Sage Lie-ker, avait dix-huit ans à ta naissance. Alors comment expliques-tu qu'elle ait maintenant trente-huit ans ?
- Je...
- Je te pensais plus rusé que ça. Il ne s'est pas écoulé cinquante ans pendant que tu étais dans la capsule, mais cinquante jours.
Shadow fronça les sourcils.
- Soit un peu moins de deux mois, continua Tarylis. On t'a dit cinquante ans pour te montrer que tu ne grandissait pas, et pour te faire croire que tu étais immortel.
- ... J'ai compris. Mais maintenant, je vais devoir vous demander de chasser les monstres de cette planète.
- Et qui es-tu à part un Prêtre, d'après toi, pour oser me demander ça ?
- Et à quoi bon existeraient les Prêtres si ce n'est pas pour vous rappeler votre devoir ? J'ai cru comprendre que, contrairement à d'habitude, vous avez complètement cessé de chasser les monstres, cette fois-ci.
- Effectivement. Mais la raison en est convaincante, crois-moi.
- Et quelle est-elle ?
- Tu veux vraiment tout savoir ?
Shadow approuva d'un signe de tête déterminé. Lie-ker baissa les yeux, inquiète, et Jak et Mina se rangèrent à ses côtés.
- Tes yeux me disent que tu es avide de tout savoir, dit alors le démon gardien avec un sourire. C'est vrai que des tas de questions doivent te ronger... Pourquoi as-tu une vision qui t'a prévenu de la mort ? Pourquoi vois-tu dans le noir, ou détectes-tu des éléments importants en situation périlleuse ? Pourquoi sens-tu l'odeur du sang à des kilomètres ?... Et pourquoi es-tu devenu une autre créature qu'un simple mobien en entendant le nom de ton ami défunt ?
La poitrine de Shadow se gonfla de rage.
- Je crois que c'est à moi de te dire qui tu es.
Lie-ker baissa la tête, et Mina essaya de la soutenir, sans comprendre sa réticence. La vérité au sujet de Shadow était-elle si dure à entendre ? C'est alors que Tarylis débuta son récit :
- Il y a longtemps, Caelumbra créa les trois démons gardiens pour chasser les monstres de notre planète respective. Mais comme te l'a dit Arès, il existait un roi des démons. En réalité, ce roi des démons n'était pas comme nous. Il était toujours un mobien issu d'une famille de "semi-démons", c'est-à-dire un mobien dont le corps et l'âme était à moitié abrité par la flamme d'un démon. Par de démons gardiens comme nous ; des démons très puissants, dont l'apparence n'est qu'une flamme quasi-invisible, mais d'une puissance considérable. Chaque individu issu de la famille de semi-démons se doit d'avoir un démon en lui. En d'autres termes, il abrite dans son âme la flamme d'un démon, lui offrant une force incroyable, et aussi le rôle de nous contrôler, nous les démons gardiens.
- Si je comprends bien, le roi des démons en ce jour a un démon en lui, ce qui lui offre une puissance peu égalée, et le devoir de vous dire que faire ? demanda Shadow.
- C'est cela. En réalité, les démons gardiens et les démons sont très différents. Il existe d'innombrables démons, mais seulement trois démons gardiens, à l'origine. Pour en revenir à notre problème, la dynastie des rois semi-démons a toujours été active, mais aujourd'hui, cela a changé. En réalité, c'est parce que Umbra, le roi des démons de cette époque, semble nous abandonner. On n'a compris le pourquoi que très tard. Avant, nous parlions avec lui par télépathie, nous étions très unis, et il était bon avec nous. On lui dédiait par la suite beaucoup de respect. Mais un jour, Umbra a disparu. Normalement, il résidait sur Mobius, dans un édifice appelé le Palais Démoniaque, dans la langue des humains. Lorsqu'on a compris pourquoi Umbra nous abandonnait, cela nous a tellement bouleversés que nous nous sommes arrêtés de chasser les monstres.
- Mais pourquoi vous a-t-il abandonnés ?
- Tu te trompes. Il nous a tous abandonnés. Il s'est retourné contre Ethera.
Chacun dans la salle, sauf Tarylis et Lie-ker, afficha un air surpris, mélangé à beaucoup de stupeur.
- Il s'est sûrement allié à Inferna pour une raison que nous ignorons, ajouta gravement le démon gardien. Il lance des attaques contre notre galaxie, et semble à présent avoir quitté Mobius pour Syrùth, la planète maudite dépourvue de ciel. Le domaine d'Inferna. Mais comme nous sommes des démons gardiens, Arès et moi, nous pouvons communiquer entre nous car nous sommes liés d'une façon ou d'une autre, et pourtant, nous ne sentons plus la présence de Maeth.
- Maeth ?
- Le démon gardien du Temple de Syrùth. J'ignore ce qu'il se trame là-bas, mais tout cela est sans doute lié à Umbra et ne présage rien de bon. Je crois... qu'un complot maléfique doit se préparer.
- Et le rapport avec moi dans tout ça ? fit Shadow.
Tarylis fixa le hérisson noir si soudainement que celui-ci en eut presque peur.
- Umbra est ton père, Shadow.
Le hérisson noir, pour la première fois de sa vie, se sentit incapable d'esquisser le moindre geste. Ces mots l'avaient littéralement paralysé, et il manquait de peu de se faire sérieusement mal aux poings tant ils étaient serrés. Un fils de semi-démon ? Il n'en revenait pas. Mais tout son comportement étrange s'expliquait, à présent. Les détails viendraient plus tard. Pour l'heure, il devait réaliser que son père était devenu son ennemi.
- Et en tant que démon, continua Tarylis, tu possèdes en toi de grands pouvoirs cachés, mais difficiles à maîtriser. C'est la vérité, souviens t'en : un démon ne ment jamais.
Shadow restait silencieux. Pour quelles raisons Umbra, membre de la famille semi-démoniaque d'Ethera, se retournait contre son monde, alors que les semi-démons avaient d'après Tarylis le rôle de combattre indirectement Inferna ?
- Si tu m'affrontes et parviens à me vaincre, je reconnaîtrai ta valeur, t'obéirai, et te rendrait une partie de ta mémoire, promit le démon gardien, après avoir laissé régner dans la salle un court silence.
- ... Très bien, lança Shadow. Puisque ce que vous dites est vrai, je ne vais pas me lamenter sur mon sort. En garde !

Tarylis fit vibrer ses ailes si fort qu'on eut dit qu'elles allaient s'arracher. Une tornade se souleva lentement de sous ses pattes griffues et se dirigea vers les quatre alliés. Lie-ker se jeta d'un côté pour l'éviter, et combattit le phénomène avec l'aide d'un autre sort. Mina regarda la tête de Tarylis : elle touchait presque le plafond, et semblait difficile à atteindre. Mais elle était certaine que c'était là le point faible, comme pour Arès, du démon gardien. Elle avait à peine reporté son attention sur Shadow, que ce dernier fonça sur Tarylis, qui, en le voyant arriver, retomba sur ses deux antérieurs et baissa la tête au niveau de son adversaire, il ouvrit grand la gueule et découvrit deux mâchoires jonchées de dents tranchantes. Shadow freina vite, tandis que Mina se ruait sur le démon gardien. Elle sauta sur sa tête, et, surpris, Tarylis la redressa d'un coup vers le plafond, en poussant un cri strident.
- Mina ! s'exclama Jak.
Lie-ker choisit de faire confiance à la jeune mangouste. Un peu en retrait, elle commença à préparer dangereusement son énergie. Toujours agrippée à la tête du démon, Mina s'accrochait avec peine sur les épines blanches de sa tête. Tarylis bougeait trop pour qu'elle puisse sortir son épée courte, mais elle essaya de ramper vers la gueule du démon gardien, tant bien que mal. Shadow voulut sortir l'un de ses pistolets, mais il se ravisa : il risquait de blesser Mina. Et tout ce qu'il lui restait à faire, bien que cette idée ne lui plaisait pas, c'était de faire confiance à son alliée. Celle-ci était presque arrivée à la mâchoire de Tarylis, lorsque sa tête arrêta subitement de remuer. Elle demeura immobile. Alors, prudemment, Mina porta une main à sa hanche pour sortir son épée, ne gardant qu'une seule main accrochée. Ce fut par la suite que le démon gardien en profita ; il fit valser sa tête en avant, et projeta ainsi Mina dans la même direction. Elle eut du mal à se stabiliser, mais parvint à se rattraper au dernier moment à la mâchoire inférieure du monstre, d'une seule main, le reste de son corps pendant dans le vide. Et ce fut encore pire que si elle était tombée.
Tel un enragé, Tarylis se mit à secouer sa tête presque jusqu'à l'envoyer s'éclater contre un pilier, agitait ses ailes furieusement et grognait en montrant toutes ses dents. Jak, mort d'inquiétude pour son amie, se rua vers Tarylis, katana brandi, mais freina brusquement lorsqu'il vit Mina se lâcher volontairement, pour aller s'accrocher directement aux racines d'un pilier. Celles-ci tinrent bon un moment, puis elles finirent par céder. Mina tomba avec un cri de surprise, Jak rangea son arme à toute allure et se plaça sous elle pour la rattraper :
- Ca va ? Rien de cassé ?
- Non, je te remercie...
Les deux se relevèrent et virent le démon gardien se diriger vers eux, écumant de rage. Shadow en profita. Il brandit son katana électrique et fonça vers Tarylis, ayant remarqué que son ventre était très moindrement protégé. Sans prendre garde à Shadow, Tarylis, se son côté, essayait de donner des coups de crocs à Jak, qui se défendait furieusement. Mais au dernier moment, la lame électrique du hérisson noir frôla le ventre du monstre qui eut le temps de se dresser sur ses postérieurs avant que Shadow n'ait pu lui lacérer le thorax :
- ( Mince ! ) pensa-t-il en serrant les dents.
Ce fut alors ce moment que Mina choisit pour asséner un coup d'épée sur l'une des pattes de Tarylis. Celui-ci hurla et avait à peine tourné sa tête vers la mangouste que Shadow lui planta sa lame électrique dans le ventre.
Le démon gardien poussa un hurlement qui manqua de faire trembler les murs. Jak et Mina rejoignirent à toute allure le hérisson noir :
- Joli coup ! le félicita Jak.
Mais les trois durent reporter bien vite leur attention sur leur adversaire, qui, aveuglé par la colère, était devenu une véritable furie, par rapport à son air si calme lorsqu'ils conversaient, il y a encore peu. Le ventre de Tarylis avait laissé couler un sang noir, peut-être à cause de l'obscurité. Perdant patience, il fonça sur Shadow à toute vitesse, et lui asséna un terrible coup de tête. Shadow fut projeté plusieurs mètres plus loin, son arme lui échappa des mains, et atterrit ailleurs.
- Shadow !! s'exclamèrent Mina et Jak d'une même voix.
Jak n'eut pas le temps de s'inquiéter plus que ce fut son tour de se faire frapper. Il vola à son tour en direction du mur du fond, mais garda son arme solidement serrée dans sa main droite.
Mina regarda ses deux amis à tour de rôle effrayée. Elle était seule face à cette créature, maintenant. Tarylis n'attendit pas que quelqu'un vienne à son secours ; il la frappa à son tour, et elle glissa sur un ou deux mètres, avant de demeurer étalée au sol. Elle avait terriblement mal à l'épaule, là où la mâchoire du démon gardien l'avait atteinte. Elle colla sa tête au sol en fermant les yeux, elle se posa une main sur son épaule, en serrant les dents si fort qu'elles grinçaient. Elle n'allait pas pleurer comme l'enfant qu'elle n'était plus. À présent, elle avait une mission importante, et ne devrait faiblir en aucun cas. Comme son père, courageux et brave, qui affrontait jadis les dangers épée brandie, et sans jamais se défiler. Elle rouvrit les yeux, et vit que le katana de Shadow était tout près d'elle. Lentement, elle tendit son bras, et en saisit le manche, surveillant toujours Tarylis qui s'avançait lentement vers Shadow. Puis elle se leva, ignorant la douleur, avant de charger le démon gardien, et d'enfoncer dans le ventre de ce dernier, une nouvelle fois, la lame du katana électrique. La créature hurla et recula soudainement, puis Mina fit de même, retirant l'arme. Shadow redressa la tête, et Jak se releva. Tarylis hurla et recula encore, comme s'il prenait son élan pour charger les trois alliés. Mais c'est ce qu'il fit ensuite.
- JAK !! cria la voix de Lie-ker.
Le jeune garçon brandit son katana. Lie-ker avait lancé sa boule d'énergie vers lui. Rassemblant une dernière fois la sienne, Jak se mit en position, et frappa la boule de toutes ses forces, lorsqu'elle fut à proximité de lui. La boule partit à toute allure vers Tarylis qui essaya de freiner et de s'envoler pour l'éviter, mais il n'en eut pas le temps. La boule d'énergie arriva sur le démon gardien, le frappa et l'enflamma entièrement. Un cri insupportable s'éleva dans la salle qui se baigna d'une lumière blanche, puis ce fut le silence total, bien vite brisé par une voix :
- "Shadow... tu as prouvé ta valeur. Tes Braves sont loyaux et courageux. Tu mérites que je t'écoute. Je ferai ce que tu m'as demandé, je défendrai Mobius des monstres, mais avant, j'ai une partie de ton histoire à te révéler."
C'est alors que Shadow sombra, dans ce qui parut à ses amis être un profond sommeil.

Shadow dormait. Perdu dans un rêve, il était allongé dans une hutte richement décorée. Son sommeil fut percé soudain par une voix venant de la porte d'entrée :
- Shadow !
La hérisson noir avait ouvert les yeux, puis s'était levé. Il regardait sa mère, rayonnante de beauté sous la pâle lueur du soleil qui arrosait les Runes Akurah derrière elle.
- C'est aujourd'hui que nous partons. Nous allons suivre les pas de Caela la Prêtresse, avait continué Lucéria.
- Caela ?
- Tu te souviens d'elle ? Sans doute non, tu étais très jeune lorsqu'elle est passée ici.
- Je vois. Alors... Toi, Arthur et Lie-ker, vous partez vraiment ?
- Oui. Nous devons mener à bien notre quête pour combattre Inferna. Je suis une Prêtresse, Shadow. Ma tâche est de combattre notre ennemie à tous.
- Pourquoi... pourquoi tant de peines ? On pourrait oublier ce problème, et vivre heureux...
Lucéria avait fermé les yeux avec un sourire :
- Shadow, tu sais bien que c'est impossible. Ne le nies pas, mon fils. Et viens dire au revoir à ta tante et Arthur, nous partons pour très longtemps.
- Très bien. Et à votre retour, on pourrait faire une fête pour célébrer votre victoire ?
Lucéria avait à nouveau fermé les yeux, mais cette fois sans sourire.
Shadow et sa mère étaient sortis dehors, et voyaient presque tous les habitants des Runes Akurah, réunis près du grand portail, pour dire au revoir à leurs trois, peut-être, futurs sauveurs.
- Ohé ! Shadow !
Shadow avait tourné la tête, et une hérissonne blanche d'à peu près son âge s'était avancée vers lui, accompagnée de quelques autres de ses amis.
- Tiens, salut Nahru.
- C'est triste de voir ta mère partir, avait répondu Nahru. Elle était gentille, hein ?
- Je suis d'accord, avait déclara Kenneth. J'espère qu'on la reverra vite.
- Moi aussi.
Lucéria s'était approchée de son fils, Lie-ker et Arthur avec elle, et avait murmuré à l'oreille de Shadow :
- Au revoir, Shadow. Je serai toujours avec toi, quoi qu'il arrive.
- D'accord, maman.
- Portes toi bien, avait dit Lie-ker.
- Et continue à t'entraîner, tu te débrouilles bien, avait continué Arthur.
Après des adieux difficiles, et un sourire tendre, Lucéria s'était tournée vers le portail, qui les amènerait directement sur Terre, dans un village du nom de Myokoara. Lucéria s'était approchée du portail gris-bleu souillé par le temps, et avait murmuré une incantation, après quoi l'intérieur du portail s'était mis à tourner, dans une lumière intense, comme une barrière magique. Lucéria et ses deux Braves s'étaient alors tournés vers le peuple des Runes Akurah tout entier :
- Au revoir à tous, avait dit Lucéria en les saluant très bas. Moi ainsi que mes deux Braves, Sire Arthur et la Sage Lie-ker, partons en ce jour combattre le mal. Mais même si nous ne sommes pas au village, nous seront toujours avec vous, dans vos esprits à tous. Sur ce, Adieu, et que la lumière divine de Caelumbra vous protège toujours du mal, brillant à jamais sur nos cités !
Guidés par la lumière intense, les trois combattants s'engouffraient dans le portail, sous les adieux et encouragements du peuple Akurah. Shadow regarda sa mère partir d'un air absent, ignorant que cette image de dos, disparaissant dans le portail, serait la dernière image qu'il aurait de sa mère vivante.

Mais ces encouragements, cette foi en Lucéria, trompait en réalité les événement funestes qui advinrent quelques jours plus tard.
C'était une journée de pluie, d'orage. Shadow, seul dans sa hutte qu'il était désormais le seul à habiter, se reposait paisiblement, mais tout de même inquiet. Il n'était pas certain, mais sentait qu'un danger approchait, et il n'arrivait pas à fermer l'oeil. Il se demandait si les autres avaient aussi ressenti cette présence. Mais après tout, il était toujours un peu anxieux, depuis que sa mère était partie.
Alors un bruit avait éclaté dehors. Bondissant sur ses deux jambes, Shadow attrapa son katana que Arthur lui avait donné, et se rua dehors. Il courut sous les trombes d'eau en direction de l'entrée du village. Et là, un vaisseau tout bonnement énorme, une créature de métal d'une taille colossale, s'avançait vers eux, semant la panique dans la cité.
- Les humains ! criaient les mobiens. Cachez-vous, les humains arrivent !
- Sortez vos armes ! criaient d'autres plus courageux. Il faut nous défendre !
Shadow était de cet avis-là. Il suivit une troupe de villageois qui commençaient à se défendre contre les premiers humains descendus de leur flotte... volante. Mais les humains, avec leurs armes à feu, étaient redoutables, et au milieu du chaos, sous les trombes d'eau, la panique s'installa même chez les plus courageux.
- N'en capturez qu'un !! criaient les humains dans leur langue. Un seul suffira pour la prime !
Shadow fronça les sourcils : une prime ? Ils voulaient capturer un mobien ? Réalisant soudain qu'il était encerclé, il n'eut pas le temps d'esquisser le moindre geste, que le mobien en question fut désigné comme étant lui-même.
Un fusil à proximité cracha une fléchette qui se planta dans le bras de Shadow. Il l'arracha aussitôt, mais alors qu'il allait ensuite commencer à se battre, son arme lui tomba des mains. Il commença à se trouver mal, puis finit par s'effondrer sur le sol. Là, sa vue se brouilla de noir... Il n'entendit plus les cris des villageois, et ne sentit plus l'eau lui ruisseler sur tout le corps.
Il n'y avait plus que le silence... Un silence que, jamais de sa vie, il n'avait entendu.

Fin du Dix-neuvième chapitre.

Merci de ton soutient, Yoh' !

Vingtième chapitre : Syrùth, la planète sans ciel.

Shadow rouvrit les yeux. La première chose qu'il vit fut le ciel, mais voilé par de gros nuages noirs. Il se redressa, dans l'herbe devant le Temple de Mobius, puis vit ses trois amis se tenir non loin de lui.
- Shadow ! fit Jak. T'étais encore évanoui ! Tout va bien ?
- Ca va, oui.
Mina fut un peu surprise ; elle pensait qu'il ne répondrait pas. Il se releva péniblement, et son regard croisa celui de Lie-ker :
- Retournons au vaisseau, dit-elle. Ces nuages apportent non seulement la pluie, mais également le malheur, de nos jours.
Shadow s'exécuta avec Jak et Mina. Lie-ker marcha au niveau du hérisson noir, et lui demanda :
- Qu'as tu revu, cette fois ? Que t'a rendu Tarylis ?
- Le départ de Lucéria, toi et Arthur pour votre quête. Nos adieux au village... Et puis, l'attaque des humains. Ma vision s'est arrêtée lorsque les humains ont réussi à m'avoir.
- Ah oui, ce terrible enlèvement... Et dire que durant son vivant, ta mère n'en a jamais su un mot... Elle aurait été perdue de larme, en sachant cela.
- Et toi, quand est-ce que tu l'as su ?
- Lorsque Arthur m'a téléporté sur Mobius avec ta mère, c'était non loin des Runes Akurah. Avec elle, je suis retournée au village annoncer la mauvaise nouvelle. Tous m'ont raconté le malheur de ton enlèvement... Les jours qui ont suivi étaient tristes et les gens aussi... Je me souviens que Nahru ne sortait même plus.
À ces mots, la gorge de Shadow se serra.
- Mais pour ma part, je suis repartie sur Terre, venir en aide à Myokoara, continua Lie-ker en ouvrant la porte du vaisseau. J'ai déclaré aux villageois que je reviendrai peut-être au moment voulu, mais je me suis un peu mise à vagabonder ensuite, jusqu'à aller à Metropolan. Là, j'ai fait en sorte d'être facile à retrouver pour toi. Je savais que tu étais en vie. Tu ne pouvais pas mourir pour si peu...
La Sage se tut ensuite jusqu'à arriver dans le cockpit.
En y parvenant à leur tour, Shadow, Jak et Mina s'arrêtèrent à proximité d'elle. Le regard de Jak obliqua vers les commandes pendant un instant, puis il poussa un soupir.
- Tu veux piloter ? fit Mina, comprenant ses intentions. Mais, quand tu as essayé, on a failli tous y passer, et...
- Je sais, dit Jak avec un nouveau soupir et des yeux de chien battu. Mais c'était l'excitation qui m'a fait perdre le contrôle, sans doute... Je pourrais certainement le faire voler correctement, et je réessayerais volontiers, mais... Je ne crois pas que Lie-ker voudra bien...
Lie-ker, qui avait tourné le dos, approuva d'un grognement.
- Eh bien, tu vois...
Le reste de la matinée se passa normalement. Mina avait encore quelques forces et avait pu faire décoller le vaisseau qui partit vers, selon Lie-ker, un Ring Portal qui pourrait les amener tout près de Syrùth.
- Il nous amènera dans l'espace, mais près de la planète, avait affirmé Lie-ker. On ne peut y aller directement, car quel mobien aurait pu aller construire un Ring Portal sur une planète aussi dangereuse et désolée...
- Oui, je comprends, avait répondu Mina.
Durant une courte période du voyage, Jak et Shadow se reposaient, après leur combat contre leur deuxième démon gardien. Mais ledit voyage dura tout le reste de la journée. Mina, épuisée, fit finalement se garer La Chimère à l'abri des arbres d'une forêt, tout près du Ring Portal. Et elle était ensuite allée se coucher, avec Lie-ker, Shadow et Jak. La nuit se passa paisiblement pour tous, sauf Shadow.
Il n'arrivait pas, malgré ses efforts, à trouver le sommeil. Il se tournait et se retournait dans son lit, plusieurs heures durant. Il ne parvint à s'endormir que tôt le matin, après un combat contre son esprit pour réussir à l'apaiser par le sommeil. Mais le matin, comme ses amis, il se sentit de nouveau en forme, ce qui l'encouragea. Car en ce jour, il risquait sans doute d'apprendre des choses terribles, au sujet de son père peut-être, et qui lèverait encore un peu le voile posé sur toutes ses questions.

C'est alors qu'à l'horizon une bande orangée se dessinait au raz des plaines, que le vaisseau décolla de son refuge nocturne pour foncer vers le Ring Portal, immense portail circulaire bleu, et le traversa aussi vivement qu'un éclair.
En un rien de temps, La Chimère se retrouva directement dans l'espace, avec en vue, droit devant elle, une petite planète orange-brun relativement sombre, qui voguait lentement entre les étoiles. Mina lança le vaisseau vers la petite planète, suivant les conseils de Lie-ker, qui lui disait d'activer certaines manettes, de régler la pression ou de réduire la vitesse. Jak lui donnait un coup de main, content de pouvoir les aider. Grâce à son soutien, il fallait l'avouer, ils arrivèrent sans trop d'encombre dans l'atmosphère, mais cette dernière leur donna pour sa part quelques problèmes. Elle était effectivement dense et opaque comme un gros nuage de poussière orange, et Mina perdait peu à peu le contrôle du vaisseau.
- Les commandes ne répondent plus ! s'exclama-t-elle soudain.
- Tiens bon, la surface de Syrùth n'est pas très loin ! dit Lie-ker.
Comme perdu en pleine tornade, le vaisseau chavirait de tous côtés, exécutait des tonneaux sans fin et ne se stabilisait à nouveau que peu avant de foncer vers le sol, toujours secoué par les bourrasques de vent. Mina peinait à apercevoir le sol, où elle devait à tout prix se poser. De temps à autre, une faille dans le nuage de vent laissait apparaître une masse noire sur la vaste étendue presque orange, mais elle disparaissait bien vite, couverte par les voiles opaques du nuage. Mina fit chavirer le vaisseau vers l'avant tout en cherchant une faille, qu'elle finit par repérer juste sous le vaisseau. Elle mit toute sa force pour s'y engouffrer, et ainsi sortir du nuage-tornade pour repartir en trombe vers la terre ferme.
Ce fut son toit couvert de poussière que La Chimère se posa finalement sur une vaste et vide étendue orange et brunâtre, craquelée en de nombreux endroits, et sèche comme un désert. Au loin se dressaient quelques falaises sombres, lugubres et intimidantes. Et juste devant, encore plus imposant, le sombre Temple de Syrùth, immense édifice dont la pierre était plus noircie par les forces maléfiques que par le temps. Les quatre alliés mirent le pied hors du vaisseau, et contemplèrent le temple inquiétant, décoré de dessins étranges et d'inscriptions en Akurah. Personne n'avait envie de mettre le pied à l'intérieur, qui s'annonçait encore plus lugubre que les autres temples.
- Avant d'entrer, soyez sur vos gardes, dit Lie-ker. Cet endroit est dangereux.
- Très bien, dit Shadow. Allons-y.
- Shadow, attends !
Shadow qui avait déjà commencé à s'avancer vers l'édifice se retourna, ses piques violemment secoué par les bourrasques de vent.
- Shadow, répéta Lie-ker. C'est ici... Juste devant le temple, que ta mère a rendu l'âme. Inferna avait décidé de ne pas la laisser entrer, sans doute fera-t-elle de même avec toi. Alors... s'il te plaît, fais attention.
Shadow détourna son regard un instant, puis se tourna à nouveau vers le temple, et il recommença à marcher vers lui, ses amis le suivant de près.
Et c'est alors qu'il se trouvait à quelque mètres de l'édifice qu'il se stoppa. Il commença à se sentir bizarre ; ce faible ressentiment devint bien vite une douleur intense et insupportable, accompagnée d'une voix stridente qui lui disait de se retourner lui aussi contre Ethera.
- Shadow !!
Ce dernier ne pouvait entendre la voix de Jak. La douleur était trop intense. Mais au bout de quelques instants, alors qu'il avait posé un genou au sol et luttait désespérément pour ne pas s'effondrer, comme une bourrasque de vent siffla dans son esprit, et balaya le mal ainsi que la voix stridente, et Shadow, parcouru d'un immense soulagement, pu se relever, essoufflé.
- Shadow ! Ca va ? Tu m'as fait flipper, j'ai cru que t'allais mourir ! fit Jak.
- Je suis sûrement pas passé loin... songea Shadow à voix haute.
- Comment ?
- Non, rien.
- Shadow ! dit Lie-ker. Qu'est-ce qui s'est passé ? Raconte-moi.
- C'est simplement une voix qui est venue dans ma tête et a commencé à me faire souffrir intensément. J'ai cru que j'allais perdre le contrôle de moi-même...
Lie-ker plissa les yeux, songeuse.
- Mais c'est terminé, maintenant. Je ne veux pas m'attarder sur ça, on a un temple à visiter.
Ils repartirent tous les quatre vers l'édifice, craignant le danger à chacun de leurs pas.

L'intérieur du temple était sombre, mais pas assez pour empêcher au petit groupe d'y voir aisément. Ils arrivèrent dans une grande pièce où deux torches enflammées de chaque côté d'une large entrée éclairaient vaguement un couloir qui semblait s'enfoncer dans les profondeurs du temple.
- Ca alors ! s'exclama soudain Jak, faisant sursauter Mina. Regardez au sol !
Shadow recula et contempla le sol avec les autres. Il y avait le triangle équilatéral, entouré d'un cercle, comme dans les temples de la Terre et de Mobius. Mais cette-fois, la sphère rouge était en haut, la bleue en bas à gauche et la verte en bas à droite.
- Qu'est-ce que ça signifie, Lie-ker ?... questionna Mina, peu rassurée.
La Sage réfléchit un instant, puis déclara :
- C'est la première fois que je viens dans ce temple, mais je pense comprendre pourquoi la sphère représentante de Syrùth est en haut. C'est Inferna. Elle est puissante, elle a dû modifier le triangle de force des trois planètes, en plaçant la sienne en haut, pour qu'elle passe pour supérieure. C'est une véritable insulte à celui qui nous a tous créés !
Shadow releva la tête et regarda le couloir. Quelque chose n'allait pas. C'est alors qu'il vit des morceaux de pierre au sol, éparpillés non loin d'eux, juste devant l'entrée du couloir.
- Lie-ker, dit-il. La stèle est déjà brisée.
La Sage releva la tête d'un coup. Là, elle laissa voir la stupeur sur son visage :
- Comment ! Mais c'est...
Mina plaça ses mains sur sa bouche, et Jak afficha stupeur à son tour. Lie-ker s'approcha des morceaux de stèle gisant au sol :
- C'est pourtant vrai... dit-elle. Alors comme ça, l'entrée du couloir a déjà été révélée... Mais c'est pourtant impossible... Aucun Prêtre n'est actuellement en train de mener sa quête, et il m'étonnerait d'ailleurs qu'un Prêtre ait déjà réussi à mettre le pied ici... Mais comment est-ce possible ?! Seuls les Prêtres peuvent briser cette stèle !
- Seulement à ta connaissance, on dirait, dit Shadow en sortant son katana. Allons-y !
- Restons sur nos garde ! prévint Lie-ker. Ce n'est pas un Prêtre qui est entré ici. On dirait que la stèle a été brisée par la force. Quelque chose ou quelqu'un de très puissant nous a devancés. Je ne suis pas rassurée du tout.
- Moi non plus, avoua Jak en ravalant sa salive. Mais je ne me défilerai pas !
- Dans ce cas, en avant, dit Shadow.
Chacun suivit le mouvement du hérisson noir, qui s'aventura dans le sombre tunnel.
Au fur et à mesure qu'ils progressaient dans le couloir au sol éclairé, des bruits sinistres se faisaient entendre. De plus en plus forts, de plus en plus longs. Mina et Jak étaient presque collés l'un à l'autre, leurs armes déjà prêtes à l'action.
Ils arrivèrent alors à une bifurcation. Une route continuait de l'avant, et une autre à leur gauche.
- Continuons tout droit, suggéra Lie-ker. Je crois comprendre comment sont orientés les chemins de ce temple.
Ils repartirent alors tout droit. Mais plus que dans les autres temples, leur marche devint interminable. La tension était donc insupportable, et la moindre goutte d'eau chutant sur le sol parvenait à les faire sursauter. C'est presque au bout d'un quart d'heure de marche que des bruits de pas étouffés et précipités mêlés à des cris stridents et à peine audibles commencèrent à se faire entendre derrière eux. Lie-ker se retourna. Elle regarda vers le fond du couloir, d'où venaient les sons, et elle murmura :
- Nous ne sommes pas seuls. Quelque chose arrive.
Shadow et les autres s'arrêtèrent à leur tour, puis regardèrent la Sage. Shadow commença lui aussi à sentir quelque chose. Il dit à voix basse :
- C'est vrai, je le sens aussi. C'est quelque chose que je redoute.
- On dirait...
- Deux Lygarus.
Assoiffés de haine et de chair, les deux créatures poursuivaient à grande vitesse leur course effrénée dans la galerie, rattrapant rapidement les quatre alliés qui avaient jugé bon de fuir. Les Lygarus étaient des créatures redoutables, et essayer de les tuer serait réellement un geste suicidaire.
- Ils nous rattrapent ! s'exclama Mina.
Lie-ker comprit quelque chose. Le couloir commençait à remonter alors qu'au départ il descendait, la salle de Maeth se trouvant sans doute en haut, le reste du chemin serait trop long, et ils se feraient alors rattraper avant. Alors, elle se stoppa soudainement et se retourna, bâton en main. Vif, Shadow se stoppa à son tour :
- Lie-ker ! s'écria-t-il. Qu'est-ce qui te prend ?!
- Courez ! Je vais les retenir !
- Ne fais pas ça ! Tu vas te faire tuer !
- Mieux vaut moi que quelqu'un d'autre. Shadow... Mina, Jak... Bonne chance.
- Non, on peut y arriver, dépêches-toi !
- Partez maintenant !
- Lie-ker !
- VITE !!
Trahissant sa gentillesse, un regard glacial de la Sage les chassa ainsi que sa voix terrifiante. À contrecoeur, Shadow, Jak et Mina repartirent du plus vite qu'ils pouvaient. Lie-ker sentit les créatures à proximité d'elle, chargea son énergie, et murmura :
- Nul ne peut échapper à son destin... Venez, traîtres de ce monde...
Grandes d'un mètre et demi au garrot, les deux créatures robustes et musclées s'avancèrent en grognant vers la Sage qui les tenait à distance avec ses pouvoirs.
Mais plus pour longtemps.
Lie-ker parait sans relâche les coups de ses adversaires, se défendant avec acharnement. Elle ne céderait pas. Du moins, pas encore. Un bruit venant d'en haut se fit entendre, et Lie-ker devina ses amis dans la salle du démon gardien, et hors de danger. Et dans la foulée, elle sentit son coeur lui faire atrocement mal, ainsi que sa jambe gauche.
- ( Mince, je pensais qu'il me restait plus de temps... ) songea-t-elle avec un sourire.
Alors, puisant dans ses dernières forces pour se redresser, et sourire une dernière fois, Lie-ker ferma les yeux, son bâton serré dans sa main droite. Le plus gros des Lygarus en profita immédiatement : il bondit sur la Sage et lui asséna un coup de mâchoire fulgurant ; la Sage tomba au sol et mourut sur le coup, alors que dans sa tête voguaient ses dernières paroles :
- ( Pardon... Grande soeur... )

Shadow, Jak et Mina arrivèrent essoufflés dans une immense salle sombre, soutenue de deux piliers. Beaucoup de chaleur semblait venir du sol. Shadow ne sentit plus du tout la présence de sa tante, et il ferma les yeux un instant. Puis il s'avança et regarda droit devant, et il entendit une voix venant d'en face de lui.
- Vous en avez mis, du temps.
À l'autre bout de la salle, droit devant, se trouvait une personne, de dos, enveloppée dans une cape noire et d'une écharpe rouge. Mais le plus surprenant était deux ailes noires et lisses aux avant-bras très longs qui sortaient de son dos. Sans se retourner, cette personne continua :
- Je pensais que mes Lygarus t'auraient plus motivé que ça pour venir ici vite, Shadow.
- Ca suffit, qui est-tu ? s'écria Shadow. Et que fais-tu ici ? C'est toi qui as brisé la stèle ! Et où est Maeth ?
Derrière le hérisson noir, Jak et Mina, armes à la main, étaient peu sûrs d'eux. Ils avaient peur, tout comme Shadow, mais qui était pour sa part bien trop énervé pour le montrer.
- Tu es décevant, se contenta de répondre la personne. Maeth n'est plus là, mais il ne peut sortir d'ici. Il ne te reste qu'une hypothèse.
L'étrange personne se retourna alors. Shadow et ses deux amis restèrent sans voix, en dévisageant avec stupeur un hérisson noir, son écharpe rouge lui couvrant la bouche, les piques ornés de bandes rouges, un air si sombre et cruel qu'il vous ferait trembler de peur, une touffe de poils blancs légèrement grisés sur la poitrine, deux yeux rouge sang aux pupilles étroites. Seule une cicatrice sur son oeil droit le différenciait vraiment de Shadow : celui-ci, sur ses gardes, demanda :
- Qui es-tu ?
- Tu devrais le savoir.
Sur ce, le hérisson leva son bras en direction de Shadow qui se retrouva propulsé en arrière et s'étala au sol dans un nuage de poussière, tout près de l'entrée.
- Je fus nommé Umbra, dit le hérisson. Moi, roi des démons, et plus fidèle allié d'Inferna, ainsi qu'ennemi d'Ethera et du dieu traître.
Toujours au sol, Shadow fixait le plafond. Tarylis avait bel et bien dit vrai au sujet d'Umbra. Il ne savait pas s'il devait se réjouir ou s'énerver face à la vue de son père dont il n'avait aucun souvenir. Il se releva.
- Tu... ne peux pas être mon père ! lança-t-il. Min père était quelqu'un de bien ! Il ne se serait jamais allié à Inferna !
- Comment peux-tu le savoir ? Tu ne l'as quasiment jamais connu.
- Mais d'abord, qu'est-il arrivé à Maeth ?
- Je l'ai tué.
Shadow et ses deux amis affichèrent stupeur, une fois de plus depuis leur entrée dans le temple.
- Comment ?! Toi ?... Non, je refuse de le croire !
- C'est pourtant vrai ; il aurait pu t'apprendre des choses que tu ne devais pas savoir. Mais de toutes façons, il est trop tard. Car tu vas mourir ici, avec tes Braves.
Sur ce, il leva son bras en direction de l'entrée de la salle, et des pierres qui s'écroulèrent du plafond en bouchèrent l'accès. Les trois alliés s'étaient retournés, de moins en moins rassurés par ce qu'il se passait. Ils avaient à présent un combat inévitable devant eux, alors autant y faire face. Ils se tournèrent à nouveau vers Umbra, qui déclara :
- Ca faisait longtemps que j'attendais ce moment, mon fils... Lorsque l'on s'affronterait pour la première, et dernière fois...
- Pourquoi est-ce que tu fais le mal, père ?! Tu devrais défendre Ethera !
- Non. Je dois combattre Ethera. Et toi, tu dois la défendre. C'est pour cela que nous sommes ennemis, et que je vais devoir te tuer. Sauf si tu décides de t'allier à moi. Dans ce cas, nous pourrons régner ensemble sur cette chère Ethera, aux côtés d'Inferna !
Horrifiée, Mina cria à Shadow :
- Non ! Je t'en supplie, ne l'écoute pas !!
Sans un mot de plus, Umbra avait tendu un bras vers son fils : celui-ci commença à hésiter. Il avait l'impression qu'avec l'image de son père droit devant lui, ses jambes allaient se soulever et se déposer plus loin malgré lui. C'est ce que fit la première, mais la gauche refusa de se lever à son tour. Shadow se mit à hésiter de plus en plus. À ses yeux, l'image de son père commençait à lui inspirer de plus en plus de confiance. C'était comme si sa propre voix l'appelait et lui montrait la vraie voie.
La jambe gauche suivit finalement le mouvement. Horrifiés, Jak et Mina lui crièrent de s'arrêter. Mais face aux pouvoirs immenses d'Umbra et à l'influence mentale qu'il exerçait sur son fils, leurs efforts étaient vains. Shadow se trouvait tout près de son père, et s'apprêtait à lui prendre la main, lorsque subitement, une voix glacée et étrange lui hurla au fond de lui-même :
- "Mais qu'est-ce que tu fais ?! Tires-toi de là !!"
En une fraction de seconde, qui lui valut de ne pas s'en rendre compte sur le moment, Shadow fonça vers le plafond. Jak et Mina ne comprirent pas. Umbra rabaissa sa main tendue avec une grimace. Encore un peu confus par les pouvoirs d'attirance étranges qui émanaient de son père, Shadow sentit que ses pieds ne touchaient plus le sol. Lentement, il ouvrit les yeux. C'était bien ce qu'il avait imaginé, bien qu'il n'y eut pas cru totalement : il volait.

Fin du Vingtième chapitre.

Vingt et unième chapitre : Les ailes du démon

Shadow était encore à moitié confus, mais il commença à sentir, dans le haut de son dos, deux nouveaux membres aux avant-bras très longs, brodés de membranes en peau lisse, noire et luisante. Deux longues ailes étroites qui frappaient vivement l'air autour d'elles afin de maintenir leur hôte dans les airs, ainsi hors de portée du danger qu'était Umbra.
- ( Qu'est-ce que... )
Shadow ne put s'en demander davantage que ses ailes le firent reculer malgré lui toujours dans les airs, puis le déposèrent près de Jak et Mina. Enfin, elles rentrèrent dans le dos de Shadow, qui se sentit à nouveau comme lorsqu'il avait tué le Lygarus. C'était comme si deux lames avaient surgi de son dos, mais il put retrouver peu à peu ses esprits.
- Je vois, lâcha alors Umbra sèchement. Si Aokura n'était pas là, tu serais déjà mort.
- Aokura ? questionna Shadow.
- Tu n'es pas assez intelligent pour mériter de te mesurer à moi, rétorqua Umbra. Lie-ker ne t'a donc pas prévenu, elle ne t'as pas dit qu'il te restait plein de choses à savoir sur ton propre compte ?!
- Comment sais-tu ce qu'elle m'a dit ?
- Je sais un démon, je sais tout de vous. Et toi Shadow, tu ignores absolument tout des démons et de leurs pouvoirs ! La flamme des démons dont te parlait Arès... Elle entre dans l'âme du descendant du roi des démons, pour lui permettre, avec de ses pouvoirs immenses, de contrôler les démons gardiens... Et ainsi de servir Ethera. Quelle plaisanterie ! Nous, la famille royale des semi-démons, régnons sur Ethera depuis si longtemps ! Pourquoi attendre plus ? Apparemment, j'ai été le premier à réagir. C'est dommage, mais tu vas devoir faire pareil, si tu ne veux pas mourir.
- Pourquoi cherches-tu à faire le mal ?! lança Shadow. J'en ai assez !
- Non, c'est mon destin de faire le mal. Et pas seulement le mien, c'est en vérité le nôtre !
- Comment ?!
- Oui... depuis les premiers jours d'Ethera, notre famille démoniaque ne fait que traquer en silence ce monde traître... Mais aujourd'hui, la patience de nos ancêtres porte finalement ses fruits ! Car nous allons enfin pouvoir reprendre le contrôle d'Ethera et avant, de la combattre... Car elle est traîtresse !
- C'est faux !
- Et qu'en sais-tu ? Tu ne sais même pas que comme moi, un démon partage ton âme, alors que ce monde n'est pas traître, comment peux-tu le savoir ?
- TAIS-TOI !!
En un clin d'oeil, Shadow avait sorti son katana électrique. Peu impressionné, Umbra agita un peu ses ailes et sortit son arme : une large épée à la lame noire et grise, qui s'achevait en arc de cercle au dessus d'une pointe de lame extrêmement coupante. Shadow était pour sa part impressionné par l'arme de son père, celui-ci le sentit :
- Allons, tu viens ? le nargua-t-il. Je t'effraie à ce point ?
Shadow fronça les sourcils et fonça sur Umbra, comme celui-ci s'y était attendu. Un enchaînement de coups et de tintements de lames intervint en même temps que des giclées d'étincelles. Umbra parait chaque coup pourtant rapides de Shadow, ce qui était plutôt décourageant pour le jeune hérisson noir. Jak voulait venir en aide à Shadow, mais Mina lui en empêcha lorsqu'elle le comprit. Après tout, c'était son combat.
- Tu es furieux ? ironisa Umbra.
- Cesse de ne croire qu'au mal ! Je suis sûr que tu n'as pas été toute ta vie comme ça !
- Qu'en sais-tu ?
Père et fils commencèrent à se tourner autour.
- Parce que je me souviens de Lucéria, maintenant ! Et je sais qu'avec sa gentillesse et sa douceur, elle n'aurait jamais épousé un type comme toi, armé de haine jusqu'aux dents !
Le regard d'Umbra changea en une fraction de seconde :
- Ne parles pas d'elle !!
Leurs lames s'entrechoquèrent à nouveau pendant quelques instants.
- Tu veux la venger, c'est ça ? continua Shadow. Mais si tu veux la venger, pourquoi t'allier à celle qui l'a tuée ?!
- Je t'ai dit...
Un coup fulgurant de la part d'Umbra envoya Shadow voler jusqu'à l'autre bout de la salle, jusqu'aux pieds de ses deux amis.
- Ne me parles pas d'elle !! acheva Umbra, écumant de rage.
- ( Il semble craindre ses sentiments ) songea Shadow en se relevant.
- Plus un mot à son sujet, mon fils, ou je jure solennellement que tu le paieras cher ! s'exclama Umbra en pointant son arme en direction de Shadow.
- Il n'y a pas que les ténèbres en toi...
Umbra s'arrêta de marcher vers lui, surpris :
- Hein ?
En un bond, Shadow s'était déjà remis en garde et s'apprêtait à lui décocher un coup de sa lame furieuse. Jak et Mina se placèrent à ses côtés, et le véritable affrontement pu commencer. Umbra, en guise d'introduction, plaça la lame de son épée droite devant son visage, en signe de menace, mais tout en pensant peut-être malgré lui :
- ( J'en suis conscient )

Sans hésiter, Umbra rabattit sa lame au-devant des trois alliés qui durent faire vite pour l'éviter. Agacé, Shadow chargea son énergie dans la lame de son katana, puis il fonça seul sur son père ; s'ensuivirent de méchants coups manifestés par des tintements de lames et des explosions électriques. De temps à autre, Shadow devait exécuter un saut en arrière ou une figure aérienne quelconque pour afin d'esquiver les coups assassins d'Umbra qui ne semblait pas le moins du monde retenir ses coups ; coups qui, quand Shadow parvenait à les parer, faisaient reculer le jeune hérisson noir tant elles étaient puissantes. Umbra, lui, n'évitait pas les attaques de son fils, car il n'en subissait aucun dommage, et contrait la quasi-totalité des attaques adverses avec une facilité déconcertante.
Dès le début, Shadow sut qu'il ne gagnerait pas de cette façon.
Umbra chargea à nouveau son fils, le menaçant d'un grand coup d'épée. Shadow n'eut pas le temps d'esquiver ; il ne put que contrer le coup mortel en y mettant toute sa force. Par la suite, les deux lames adverses étaient légèrement croisées, l'une contre l'autre, et leur propriétaire respectif mettait toute sa force pour repousser l'autre. Le visage de Shadow était tout près de la lame obscure de son père, elle l'effrayait, mais il ignorait de quelle façon, ou de quoi est-ce qu'il avait peur. Ca n'était ni sa forme, ni sa couleur. Ce se trouvait plutôt comme dans la lame. Shadow, de plus en plus, sentit son corps trembler. Il voulait se dégager, mais s'en empêcha lui-même. En essayant de reculer, il relâcherait la pression de l'épée d'Umbra, et il se prendrait alors son dernier coup.

C'est alors que, subitement, Umbra recula d'un bond lorsqu'une épée faillit lui entailler le bras. C'étaient Jak et Mina qui étaient venus au secours de Shadow ; ce dernier put se redresser, encore surpris. Jak se retourna vers lui, et lui lança :
- Courage, Shadow ! On est avec toi, ton vieux va pas tenir plus longtemps !
Shadow eut presque envie de sourire en les voyant ainsi braver un adversaire bien plus puissant qu'eux. Mais il n'était pas dans ses habitudes de sourire. Même à Akurah, lorsqu'il était encore heureux, la joie n'était pas son humeur préférée. Et pour quelle raison, finalement ?
Jak et Mina reculèrent, lorsque Umbra se remit à avancer. Shadow pria à ses deux compagnons de le laisser se débrouiller seul, et ils obéirent. Porter secours seulement s'il y avait vraiment besoin.
En un instant, Umbra avait bondit en l'air, il fit tournoyer son épée et retomba lourdement en enfonçant sa lame dans le sol. Une onde de choc que Shadow évita en sautant par-dessus traversa toute la salle. Umbra retira d'un coup sec sa lame du sol maintenant fissuré, puis sans plus attendre, il se rua à nouveau sur Shadow.
Le jeune hérisson noir fit de même : et les lames s'entrechoquèrent si violemment qu'elles manquèrent de s'abîmer. Leurs bras tremblant presque sous la force de l'autre, père et fils se regardaient méchamment dans les yeux, et Shadow vit à nouveau la profonde cicatrice qu'Umbra portait, perpendiculaire à son oeil droit qu'elle traversait.
- Cette cicatrice... fit Shadow. C'est Inferna qui te l'a faite en essayant de te tuer ?...
- Non... répliqua Umbra. C'est ton grand-père...
Surpris, Shadow relâcha légèrement la pression de son arme, et Umbra en profita pour le repousser, avant de s'avancer vers lui calmement, mais menaçant :
- Cette cicatrice est le symbole de notre famille royale. Chaque père se doit d'infliger cette blessure à son fils, car elle est la preuve que nous connaissons la souffrance, mais aussi la puissance...
- C'est insensé, articula Shadow, encore abasourdi.
- Mais pourtant vrai... Selon la main avec laquelle tu manies ton arme, il te faut recevoir cette cicatrice sur ton oeil correspondant, pour entrer dans notre famille semi-démoniaque. Tu seras mon réel descendant lorsque tu auras souffert de ma lame !
- Je ne suis pas prêt à avoir l'oeil en sang, rétorqua Shadow en redressant sa garde.
- Oh, vraiment ? Il va pourtant falloir que tu t'y prépares.
Faisant luire sa lame, Umbra fonça sur son fils. Celui-ci voulait esquiver, mais ses pieds restaient collés au sol. Il ne comprit pas. Il voulut alors au moins parer le coup, mais ses bras aussi refusaient d'obéir. La lame de l'épée d'Umbra se rapprochait de lui. Et elle paralysait Shadow, l'empêchant d'agir ou de fuir. Ce pouvoir étrange, qui émanait de la lame obscure, avait-il un nom ?
La lame était toute proche ; Shadow ne bougea pas. En un rien de temps, une voix calme s'éleva dans la salle :
- La griffe du démon.
Alors brusquement, la lame se releva d'un coup sur le visage de Shadow qui eut un sursaut alors qu'elle l'atteignait. Puis subitement, elle recula. Shadow crut pendant une fraction de seconde qu'il avait été manqué, mais son hypothèse brûla vivement lorsqu'une douleur dans son oeil gauche fit de même, à sa plus grande stupéfaction. Il sentait que son oeil gauche était sur le point d'exploser, et il voyait de son oeil encore utilisable son père en train de s'éloigner, en raison du véritable vol plané que lui avait fait faire ce dernier. Il sentit son arme lui échapper des mains, il s'étala au sol et glissa sur deux mètres, avant de s'immobiliser enfin dans un maigre nuage de poussière. Jak et Mina firent un pas en avant, horrifiés.

Umbra se rapprochait de son fils, qui, à moitié confus, sentait son oeil gauche comme traversé d'une lame, et un liquide en couler. Il n'eut pas besoin de se poser la question pour savoir ce que c'était. De l'oeil avec lequel il voyait encore, il vit l'image cependant un peu floue de son père se dresser juste devant lui.
- Alors, qu'as-tu ressenti ? questionna la voix glaciale d'Umbra. La peur ? Rien d'étonnant. Mais si tu n'as senti que ça, je vais te montrer pire.
Umbra pointa sa lame sur la gorge de son fils toujours au sol, et en un rien de temps, Shadow sentit son sang jaillir jusqu'à sa gorge sous l'effet d'une peur vive et soudaine. Son coeur se serra et son oeil droit se riva avec terreur sur cette lame étrange qui le menaçait.
- Shadow !!
Umbra releva la tête et vit Jak et courir vers Shadow, précédé de peu par Mina. Il leur dit en guise de mise en garde :
- Fais encore un pas, et celui que tu considérais comme ton ami mourra sous tes yeux.

Jak et Mina se stoppèrent tandis que Umbra leur accordait un regard sinistre. Puis il porta à nouveau son regard sur Shadow, toujours étalé au sol et paralysé par la lame sombre de son épée.
- Tu as perdu, Shadow. Je suis déçu, je ne pensais pas que tu échouerais si facilement.
Shadow ferma les yeux, serrant les dents. Il essayait de résister à l'emprise de cette lame et de sortir ses ailes de démon, mais n'y parvenait pas. Pendant ces efforts vains, Mina avait fait un large détour et s'apprêtait à attaquer Umbra dans son dos. Mais alors qu'elle se trouvait à quelques mètres du roi des démons, elle entendit ce dernier lui grogner sans même se retourner :
- Toi, restes-là, et ne bouges plus.
Puis il jeta un sort par-dessus son épaule. Mina se le prit de plein fouet, et elle heurta le mur du fond de la salle. Abîmé par le choc, ce dernier commença à gronder.
- Mina !! s'écria Jak.
- Restes où tu es ! ordonna Umbra d'une voix forte.
Jak lui dédia un regard assassin en guise de réponse. Celui de Shadow changea. C'était comme s'il avait ressenti la douleur de Mina : il vit des pierres énormes arriver sur lui et le percuter de plein fouet, toutes ces sensations en une fraction de seconde. Subitement, Shadow put se relever, repoussant la lame de son père, qui fut repoussé dans sa surprise. Le plafond gronda de plus bel.
- Jak ! Planques-toi !! hurla Shadow.
Le hérisson noir se rua ensuite sur Mina qui avait à peine eu le temps de se relever, il l'attrapa et l'éloigna du mur qui commençait à s'effondrer. La salle toute entière commença à vibrer, et quelques pierres commencèrent à chuter du plafond. Les éboulements créèrent d'énormes fissures qui obligèrent ensuite à Shadow, Jak et Mina de battre en retraite : ils coururent vers l'entrée de la salle. Mais alors qu'ils s'en trouvaient à quelques mètres, ils se stoppèrent, inquiets, ayant oublié que Umbra l'avait bouchée.
- On est mal... dit Jak en tremblant.
Le sol sous leurs pieds commença à s'effondrer à son tour : il était en réalité au dessus d'un immense gouffre. Mais en bas, c'était le vide, un précipice aux parois rougeâtres, comme si de la lave circulait tout en bas.
Shadow remarqua que dans un coin de la salle, près de la porte, le sol tenait bon :
- Par ici ! s'exclama-t-il.
Jak fut le premier à l'atteindre. Mina fut la deuxième, aidée par Shadow. Celui-ci allait s'y réfugier à son tour, quand le sol sous ses pieds s'effondra subitement, et l'entraîna avec lui dans sa chute.
- SHADOW !!
Jak et Mina le virent tomber au beau milieu d'une cascade de pierres chutant indéfiniment dans un gouffre aux parois rougeâtres, chauffées comme l'intérieur d'un volcan. Les deux alliés, dents serrées ou regard inquiet, regardaient avec peine leur ami disparaître dans l'éboulement du Temple de Syrùth, tandis que les courants d'air chaud et les cendres leur ébouriffaient les cheveux.

Shadow perdait tout espoir. Plus il tombait, plus les murs du gouffre devenaient rouges. Il sentait les torrents d'air brûlant lui ébouriffer les piques, entendait les explosions des pierres qui s'éclataient contre les murs, la douleur de son oeil gauche qui l'envahissait plus que tout : en cet instant, la confusion ne faisait que régner.
C'est alors qu'il ouvrit les yeux.
Il vit un reflet doré non loin de lui : son katana ! Il tendit la main vers lui, les yeux plissés en raison des cendres qui les agressaient, et bientôt il put empoigner le manche et le ranger non sans peine à sa place. Et il avait beau avoir récupéré son arme, il n'était pas beaucoup plus avancé.
- ( Déjà à bout ? Tu n'es pas encore digne d'être un grand semi-démon. Mais après tout, il te reste du temps... )
Abasourdi, Shadow avait à peine réalisé qu'une étrange voix dans son esprit lui avait parlé, qu'il sentit à nouveau deux lames acérées lui jaillir du dos, noires et lisses, avant de se déplier en craquant, découvrant deux longues ailes chatoyantes qui se mirent à battre vivement. Shadow sentait comme de grandes flammes danser en lui ; il mit toute sa force dans ces ailes qu'il ne sortait que pour la troisième fois, puis il les agita avec force pour se maintenir en l'air.
Un moment, il songea à rejoindre ses Braves pour quitter cet endroit au plus vite. Mais le regard de quelqu'un d'autre le lui en empêcha.
Umbra volait non loin de lui, avec deux ailes noires semblables aux siennes, mais bien plus grandes. Sans hésiter, Shadow fonça en piqué sur son père, qui fonça pour sa part en direction de la lave, tout au fond du gouffre. Il était très rapide et agile.

C'est alors que, brusquement, Umbra changea de direction pour filer vers un tunnel bien dissimulé dans la paroi nord, relativement proche de la lave. Surpris, Shadow le suivit. À peine entrait-il dans la galerie horizontale que l'ombre et le froid l'envahit. Un tel changement d'endroit et de température le surprenait. Il voyait toujours son père, ailes repliées contre lui en raison de l'étroit passage, progresser de plus en plus vers un endroit qui était, pour Shadow du moins, inconnu.

Fin du Vingt et unième chapitre.

Vous tous, je vous prie de bien vouloir m'excuser. Je n'avais pas réalisé que j'avais encore autant de lecteurs pour me soutenir. Je vais continuer pour vous, c'est promis. Voilà le chapitre suivant.

Vingt-deuxième chapitre : Souvenirs

Au fur et à mesure qu'ils progressaient dans le tunnel, celui-ci se faisait de plus en plus sombre et étroit. Les dalles humides qui en composaient les parois rendaient l'endroit encore plus inquiétant, mais Shadow et son père passaient si vite qu'ils n'y prenaient pas garde. Durant son vol, Shadow sentait la douleur de son oeil gauche se calmer faiblement, et il parvenait presque à voir de ses deux yeux, bien que le deuxième restait floué par la blessure qu'il portait.
Soudain, Umbra fonça vers le plafond, dans une seconde galerie perpendiculaire au sol. Shadow le suivit vivement, avant d'aboutir peu après dans une immense salle sombre. Grâce à sa faculté de voir dans les ténèbres, Shadow put détecter de grands murs semblables à ceux des deux galeries, ornés en quelque endroit par des mousses humides. Le hérisson noir se demanda comment une pièce de ce temple pouvait être si humide alors que ce dernier se trouvait au-dessus de la lave en fusion. Syrùth était décidément une planète étrange.
Il chercha son père des yeux, mais ne l'aperçut pas. Il s'avança prudemment, battant à peine de ses ailes noires aux avant-bras démesurés. Finalement, il vit Umbra, près de l'entrée d'une autre galerie, qui descendait à pic. Lentement, il se déposa sans un bruit près de son père et le toisa cruellement, son oeil gauche toujours fermé par la douleur, mais le droit agressif, comme s'il disait tout bas : "tu vas le regretter..."

- Il faut partir d'ici, Mina ! Le sol commence à s'effondrer !!
En raison du vacarme des pierre, des courants d'air chaud et des jets de lave, Jak était obligé de crier pour se faire entendre de Mina. Celle-ci semblait contrainte d'obéir, dans sa quiétude envers le hérisson noir. Rapidement, les deux commencèrent à courir vers la sortie toujours bouchée, longeant les murs où une partie du sol avait tenu bon. Alors qu'ils se trouvaient non loin de leur issue, ils découvrirent un grand trou sous leurs pieds. Ils n'avaient plus que deux choix : tenter un saut ou mourir, lorsque leur morceau de sol se serait effondré. Et ils n'eurent aucun mal à se décider.
Mina prit son élan la première, courut quelques pas et fit un bond prodigieux par-dessus le vide, atterrissant sur le palier de l'issue, où elle commença à dégager les pierres du mieux qu'elle pouvait. Pendant ce temps, Jak avait à son tour pris de l'élan. Il souffla un coup, redressa la tête, puis se mit à courir. Puis il bondit. Durant son saut, il vit en bas la lave lointaine engloutir les morceaux de pierre, et comme le menacer de ses flammes mortelles en crachant des cendres. Le jeune garçon n'avait jamais eu aussi peur. Il atterrit de justesse de l'autre côté, et Mina lui attrapa le bras pour l'aider à la rejoindre :
- Vite, Jak ! L'entrée est presque dégagée !
- Merci du coup de main ! Attends, recules !
Mina s'exécuta et Jak sortit son katana. Il visa les pierres, et leur donna un coup fulgurant. Elles s'abîmèrent encore et bientôt, les deux purent prendre la fuite par leur dernière issue qu'ils avaient bien failli ne plus jamais franchir.

- Si tu parviens à me rattraper, dit Umbra, je reconnaîtrais que tu ne vaux pas rien.
- Comment ?!
Mais à peine avait-il prononcé ces mots qu'il se laissa tomber dans la galerie et fonça à une vitesse hallucinante vers le bas. Shadow le suivit, un peu moins vite peut-être, mais avec bien plus de colère. Le jeune hérisson noir mit toute son énergie dans ses deux ailes qu'il ne contrôlait pas encore très bien, et continua à suivre Umbra sans arrêt. Mais celui-ci gagnait du terrain à chaque seconde.
- ( Tu es vraiment pitoyable. Quand je pense que j'ai choisi d'aller dans l'esprit de quelqu'un comme toi. Enfin... Puisque tu veux en faire voir à ton père, je vais te donner un coup de main... )
Shadow écarquilla les yeux : encore cette voix ? Rauque et agressive, comme si c'était son côté sombre qui s'exprimait ? Mais il n'eut pas le temps de se poser des questions très longtemps : bien vite, son regard changea, et il perdit le contrôle de son corps. Il eut juste de temps de voir qu'une force étrange l'obligeait à tendre les bras, puis à jeter sur Umbra un sort électrique qui par la même occasion se mit à détruire les parois de la galerie.

Jak et Mina aboutirent dehors, près de leur vaisseau. Peu après, Mina tomba à genoux, le visage dans les mains. Jak fit son possible pour la réconforter, mais rien n'y fit. Et pourtant, il sentait que Shadow était encore en vie. Il ne savait pas pourquoi, mais il en était certain...

- Shadow.
- ...
- Shadow ! Allons, lèves-toi, mon fils.
Shadow ouvrit les yeux lentement, épuisé et courbatu, et se redressa dans les ténèbres. Il n'avait plus ses ailes dans le dos, et en levant la tête, il vit Umbra face à lui. Réagissant, il sauta en arrière et se mit en garde. Mais Umbra se contenta de lui dire d'une voix apaisante :
- N'aie crainte, Shadow, je ne te ferai rien.
Shadow se méfiait, et pourtant, il sentait qu'il devait lui faire confiance : car Umbra n'avait plus le même regard ni la même acidité dans la voix ; il ne restait que le calme et la sagesse dans l'être qui disait être son père.
- Je sais que tu dois m'en vouloir pour tout ce qu'il se passe, mais... je ne peux rien te dire maintenant, pardonne-moi.
- Te pardonner ! répliqua Shadow. Depuis le début, tu fais tout ce qui a le don de m'énerver !
Umbra se mit à trembler, à moins que ce ne fût l'imagination du jeune hérisson noir.
- Ca serait trop long, murmura Umbra. Je...
Il redressa son regard, et marcha d'un pas sûr vers son fils :
- Regardes bien.
Il lui posa sa main sur le front, et aussitôt après, Shadow pensa perdre connaissance : sa vue se brouilla dans d'intenses ténèbres.

Assis contre le mur droit de sa sombre cellule, Shadow fixait d´un regard haineux chaque humain qui passait dans son couloir, menant à divers laboratoires. Tout était noir sans sa prison si froide, seuls quelques rayons de lumière passaient de temps à autre sur lui pour faire briller ses yeux rouge sang ou sa fourrure plus noire que l´ébène. Parfois un humain en blouse blanche lui lancait un regard méfiant ou même dégoûté, et Shadow ne se gênait pas pour le lui rendre.
Se battre contre les passants avec le regard, tel était son passe-temps depuis qu´il avait été enlevé. Ou quand venait le soir, il se roulait en boule dans sa cellule, tournant le dos au couloir et aux humains, pour mieux les oublier. Il attendait que les derniers scientifiques aient arrêté de le fixer et que le bruit de leurs pas se soit noyé dans le silence nocturne, pour laisser rôder sa colère. Il pensait à sa mère, à cette liberté qu´il ne verrait plus jamais. Puis il haïssait les humains. Il les haïssait tous. Sauf peut être une jeune fille aux cheveux clairs qui semblait s´ennuyer tout autant que lui, et qui en passant dans le couloir lui jetait un regard inquiet et désolé plutôt qu´un regard lourd de reproches. Et parfois, elle restait plus d´une heure, immobile devant les barreaux de la cellule du hérisson noir. Celui-ci tournait donc le dos à chaque fois qu´il l´entendait arriver, par ses pas bien plus délicats et gracieux que ceux pressés et bruyants des scientifiques.
Mais cette étrange jeune fille n´avait jamais prononcé un mot en sa présence. Était-elle muette ? Quoi qu´il en soit, elle représentait le seul être humain méritant peut-être l´estime de Shadow. Elle seule semblait le comprendre. Elle le fixait, ébahie, comme si elle n´avait jamais vu de mobien de sa vie. Peut-être était-ce le cas. Mais Shadow n'osait pas la regarder en face, ce qui le surprenait un peu lui- même. Sans doute était-ce parce qu´avec toutes ces mésaventures, il avait oublié comment lancer un regard ne serait-ce qu'ébahi ou amical, sans l´ombre d'une reproche. Alors qu´elle ne semblait savoir faire que ça, sans compter son triste visage quasi-permanent.
Un soir, alors que comme d´habitude Shadow restait couché sur le côté et tournait le dos au couloir, il entendit les pas caractéristiques de la jeune fille se rapprocher. Mais que faisait-elle là, et à une heure pareille ? Le hérisson noir l'entendit s´arrêter devant sa cellule puis poser quelque chose au sol dans un grincement de métal. Il devina qu'elle restait à genoux, le fixant comme d´habitude, et guettant sa réaction. Comme celle-ci - bien entendu - ne venait pas, la jeune fille baissa les yeux. Puis Shadow entendit sa voix douce et féminine, presque aussi belle que celle de sa mère :
- Je t´ai apporté à manger, fit-elle.
Shadow eut un moment envie de se retourner, mais il se ravisa. Il se contenta de marmonner :
- S´i shès yiv.
La jeune fille fut étonnée :
- Comment ? Oh, tu ne parles pas ma langue, soupira-t-elle. C´est bien dommage. J´aurais tant aimé avoir quelqu´un à qui parler, un ami.
Shadow fut étonné :
- ( Un ami ? Quelqu'un à qui parler ? C´est étrange, cette humaine ne ressemble vraiment pas aux autres ) pensa-t-il.
Puis finalement, il dit sans se retourner :
- Ca veut dire que je n´ai pas faim.
Le coeur de la jeune fille fit un bond :
- Tu comprends ma langue ! s´exclama-t-elle, les yeux brillants. Dis, on peut être amis ? Comment t´appelles-tu ?
Le hérisson noir se dit que de ne pas lui répondre lui ferait de la peine :
- Shadow, répondit-il.
- Shadow ? C'est un beau prénom. Moi, c´est Maria !
Pour la première fois, le hérisson noir risqua un oeil vers elle. Il en resta penaud : elle était vraiment ravissante. Il ne prêta pas garde un instant au plateau plein de nourriture qu´elle avait posé devant sa cellule, puis il s´assit contre le mur à sa gauche. Ainsi, il ne lui tournerait plus le dos.
- Je suis si contente d´avoir quelqu´un à qui parler ! Mais dis-moi, quelle était cette langue que tu as parlée tout à l´heure ?
- La première que j´ai parlée, c´est une langue ancienne qu´on parle encore dans certaines cités de Mobius. Cela s´appelle l´Akurah.
- Je n´en ait jamais entendu parler.
- C´est normal, elle était seulement parlée sur Mobius. Et on la parle de moins en moins.
- Je vois !
Pour la première fois, Shadow éprouvait de la sympathie envers un humain.
- Sauf que je ne m'attendait pas à une telle fin.
- Ne dis pas ça, Shadow ! Mon grand-père ne veut pas te tuer !
- Il m´a arraché à ma mère et à mes proches, rétorqua le hérisson noir. C´en est assez pour que je me laisse mourir. Sur ma planète, tu sais, j'étais quelqu'un d'important.
Maria baissa les yeux.
- Je suis désolée, dit-elle. Mais tu sais, je ne voulais pas qu´il t´enferme ! J'aurais aimé qu´il te laisse tranquille... Je n'aime pas que les humains vous fassent la guerre.
- Quand j´étais encore avec mes proches, sur Mobius, ils me disaient beaucoup de mal des humains.
- ( Quoi de plus normal... ) songea Maria en soupirant.
- Mais toi, tu sembles différente de ce que m'ont décrit mes proches.
Maria décocha un maigre sourire :
- Peut-être... que je sais lire en les coeurs...
- On dirait bien.
Maria vit son sourire s'agrandir. Shadow ne détachait pas ses yeux de son visage : même sans ailes ou auréole, elle avait tout d'un ange.
- Il est très tard, fit remarquer Maria, je devrais déjà être au lit. Et toi, Shadow, tu es sûr que tu n'as pas faim ?
- Un mobien peut rester longtemps sans manger.
- Très bien. À demain, alors !
- Oui, à demain.
Maria se releva alors en emportant le plateau. Ce que Shadow ne voyait pas, c'est que ses yeux commencaient à s'embuer de larmes. Puis le hérisson noir deumera pensif.
Trois longs jours s´écoulèrent, puis un matin, alors que Shadow dormait encore, un humain s´approcha de sa cellule, tenant dans ses mains un long fusil à fléchettes qu'il brandissait. Il passa le canon entre les barreaux en même temps que le hérisson noir, oreilles dressées, ouvrait les yeux. Il se passa alors une suite d´action qu´il ne comprit qu´à moitié : il y eut la poussière de sa cellule, un humain, une fléchette, une vive douleur dans la hanche qui le paralysa, les barreaux de sa cellule, une autre douleur intense dans l'autre hanche qui lui riva les yeux au plafond et qui lui balaya la vue de noir. À son réveil, Shadow entendait des voix :
- Non ! Je t'en supplie grand-père, ne fais pas ça !!
- C´est pour ça qu'on l'a amené ici ! Désolé, Maria !
- Non ! Shadow !!
Ledit hérisson noir se sentait solidement attaché. Il parvint à entrouvrir les yeux, puis à articuler :
- Ma... Maria...
Puis il y eut un cri, un éclair, et plus rien. Ce fut le vide total, le néant, tandis que dans sa tête résonnait encore le cri de détresse de son amie, qui marquait le début d'une bien triste histoire : celle de Shadow le hérisson.

Fin du Vingt-deuxième chapitre.

Merci à vous également, Yohvui et Capita ! Voilà le dernier chapitre de la seconde partie.

Vingt-troisième chapitre : La Forteresse d´Argent

- Alors ?
- Toujours rien.
- Il a quand même de sacrées blessures.
- Ouais, je te raconte pas ce qu'il a dû prendre.
- C'est certain. Et t'as remarqué ? Il a reçu la même cicatrice que son père, mais sur l'oeil gauche.
- Oui. Pendant qu'on fuyait, je ne l'ai même pas remarqué.
- Et son père... tu le trouvais pas un peu... bizarre ?
- Si c'est vrai, mais... Je suis certaine qu'au fond de son coeur, il y a du bon.
- Eh... Shadow se réveille !
Le hérisson noir gémit faiblement et n'ouvrit que son oeil droit. Il regarda l'image floue de ses deux amis penchés sur lui, dans sa chambre à l'intérieur de La Chimère. Son corps tout entier était engourdi, il n'arrivait pas à bouger. Mais Mina et Jak étaient très contents de constater qu'il allait bien, mais un fond d'inquiétude était encore encré en eux. Au bout d'un court moment, Shadow referma son oeil tout en murmurant à ses deux alliés :
- On se retrouve enfin. Je ne vous raconte pas ce qui m'est arrivé.

À moitié somnolent, Shadow leur raconta tout depuis sa chute dans le vide. Sa course-poursuite, sa conversation avec son père, cette voix étrange et ces pouvoirs démoniaques, et pour finir, sa vision. À présent, Shadow avait retrouvé la totalité de ses souvenirs, et même ceux que l'on lui avait fait perdre sur l'Arche. En retour, Jak et Mina lui racontèrent comment est-ce qu'ils avaient pu sortir, et qu'ils l'avaient retrouvé évanoui peu de temps après leur sortie, juste devant l'entrée du temple. Ils s'étaient tout de suite réjouis mais aussi demandé comment avait-il survécu, et atterri là. À présent, tous trois avaient la même hypothèse : Umbra l'avait téléporté devant le temple après qu'il eut retrouvé sa mémoire, et sombré dans le sommeil.

Quelques temps après, Shadow était de nouveau d'attaque et il put se lever. Avec Jak et Mina, il grimpa sur le toit du vaisseau, et contempla les terres désertes de Syrùth. Le hérisson noir leva les yeux, mais à part une vaste étendue blanche, il ne vit rien :
- Je comprends pour quoi on dit de cette planète qu'elle est dépourvue de ciel.
- Ouais, confirma Jak. Mais si le temps vous paraît si long, c'est parce qu'ici, un jour équivaut à deux mois et demi terriens environ.
- Vraiment ? fit Mina. Comment tu le sais ?
- C'est mon père qui me l'avait dit il y a longtemps.
Un silence s'installa pendant quelques instants, puis Shadow demanda à ses deux amis :
- Alors... Vous êtes prêts ?
- Ouais ! fit Jak. Allons-y !
La Chimère décolla bientôt de la surface aride de Syrùth, et repartit vers l'immense voûte vide qui lui servait peut-être de ciel.

Tandis que le vaisseau poursuivait sa course en s'enfonçant indéfiniment dans l'espace, Shadow commença à se sentir soulagé d'un lourd fardeau. Celui de l'ignorance, qu'il avait portée avec lui pendant plus de cinq ans, ainsi qu'un terrible devoir dont la fin se rapprochait. Pour lui, ils devaient gagner ce combat. Ils devraient battre Inferna, ainsi ils sauveraient leur monde, afin de venger leurs alliés morts, et tous les autres qui ont payé de leur corps, de leur vie le fait d'avoir vu le jour, dans cette galaxie où la guerre règne encore.
- Vous êtes toujours résignés à vous battre ? demanda Shadow.
- Oui ! affirma Mina aux commandes.
- Pareil pour moi, affirma Jak.
- Dans ce cas, c'est parfait. Car une fois qu'on aura trouvé l'épée d'Argent, nous pourrons aller vaincre Inferna, et notre aventure s'achèvera enfin. Maintenant que nous sommes allés voir Arès et Tarylis, la Terre et Mobius sont sûrement débarrassés de leurs monstres.
- Ouais, c'est déjà ça, dit Mina. Au moins, si on échoue, les terriens et les mobiens seront encore un moment tranquilles...
- On n'a pas intérêt à échouer, déclara Shadow. Tant de gens doivent compter sur nous.
Leur conversation eut un terme lorsque, droit devant eux, perdue au beau milieu de la galaxie, ils virent briller devant eux une sorte d'immense sphère argentée qui ne pouvait être que ce qu'ils cherchaient.

Jak et Shadow s'empressèrent aux côtés de Mina, pour contempler avec elle et avec stupeur l'étrange immensité qui voguait au milieu des étoiles, en brillant tout autant qu'elles. Des secousses de plus en plus fortes commencèrent à vibrer dans tout le vaisseau, et Shadow commençait à sentir émaner de la sphère d'argent une puissance magique effroyable.
- ( Ce lieu... il me rappelle quelque chose )
Mais il ne put songer davantage : leur vaisseau et eux-même se noyèrent soudain dans la lumière.

- Les gars...
Le vaisseau s'était posé.
- Les gars ! répéta Jak.
Shadow ouvrit les yeux. Les secousses avaient cessé et le silence régnait. Il se leva lentement et par-delà la vitre à côté de lui, il contempla avec étonnement un nouveau monde étrange. Devant ses yeux zigzaguait un petit chemin de terre, si c'en était, entre deux vastes parcelles d'herbe grasse et abondante, décorée de quelques fleurs fort jolies et qui n'existaient sans doute que dans cet endroit. Quelques petites créatures brillantes volaient lentement dans le silence, et sous les lueurs de la sphère d'argent : elles laissaient derrière elles des étincelles en agitant leurs petites ailes vigoureusement, elles voletaient ici et là avant de disparaître dans une fleur ou dans l'une des failles de l'imposant bâtiment blanc auquel conduisait le chemin de terre.
Il était absolument immense, et sa pierre était de la couleur même de la neige tombée du ciel. Quelques failles et mousses ornaient les écritures et gravures qu'il comprenait sur ses murs hauts et imposants. Le tout était d'une beauté étonnante. Les plantes grimpantes avaient recouvert les quelques autels qui reposaient au milieu de l'herbe, les racines des rares arbres argentés ou mauves servaient d'appui au vaisseau, qui s'était échoué au beau milieu des plantes. Shadow et Jak commencèrent à descendre, et restèrent un moment immobiles, à contempler cet unique spectacle. Dehors, il ne faisait ni chaud ni froid, il n'y avait pas le moindre vent, ou la moindre odeur. C'était presque à se demander s'il y avait vraiment de quoi les faire respirer. Shadow leva la tête, mais ne put voir qu'une voûte argentée en guise de ciel.
- On est dans la sphère, dit-il.
- Ouais, c'est trop bizarre !
C'est à cet instant que Mina descendit à son tour du vaisseau. Elle aussi était émerveillée par cet univers fascinant.
- Ca va Mina ? demanda Jak. Rien de cassé ?
- Euh, non, tout va bien. On dirait que ce sont les racines de ces arbres qui nous ont amorti la chute.
Ils s'avancèrent sur le chemin de terre, en direction de l'immense édifice. Ils marchèrent d'un pas calme, pensant sans arrêt à ce qui les attendaient.

En entrant, ils ne trouvèrent non plus aucune différence de température, et pas une odeur. Ils étaient dans une salle vaste et claire, plus longue que large, aux parois de pierres grisées en raison de l'obscurité plus grande qu'à l'extérieur. À gauche comme à droite, on aboutissait à un escalier ascendant. Et devant eux, un autel se dressait, appuyé contre le mur d'en face. Ils s'en rapprochèrent, intrigués.
Il était de forme simple, et dessus étaient gravées de nombreuses représentations, dont l'une qui par sa taille se distinguait des autres : c'était un grand dragon blanc au corps long et aux formes vagues, comme s'il éblouissait de lumière. Sous le dragon était représenté un véritable paysage, avec des habitants d'Ethera, un triangle entouré d'un cercle dont chaque sommet brillait d'une couleur verte, bleue ou rouge. Et au centre de la foule, une personne noire et rouge avec une cape brandissait une épée à la lame d'argent. Cette personne ressemblait fort à un mobien, et avait une cicatrice sur l'oeil gauche. Jak, Shadow et Mina étaient très surpris, mais ils tournèrent ensuite leur regard vers les inscriptions. Shadow tenta de les traduire :
- "Ici réside Caelumbra, dieu du Ciel et d'Ethera, ainsi que protecteur des runes"
Les failles et mousses rendaient la lecture difficile :
- "Vous qui avez pénétré mon Royaume, et qui êtes dignes d'y rester, votre esprit est bénéfique, vous trouverez ici l'objet de votre victoire, ainsi que de celle de tous, dans ma demeure que les dieux vous ont révélée.
Puis il ajouta, en plissant légèrement les yeux :
- "Si votre coeur possède la plus belle des puretés, servez-vous en pour vous frayer un chemin droit devant vous. Si votre coeur le mérite, il pourra alors passer."
Les dernières paroles du hérisson noir se noyèrent dans un silence perplexe. Au bout d'un moment, Jak demanda :
- Euh... Ca veut dire quoi exactement ?
- On dirait une énigme, dit Mina.
- Je suppose qu'il veut parler de notre destinée, dit Shadow en se redressant. Il dit que si l'on est assez forts, on saura aller jusqu'au bout de notre quête, et ainsi accomplir notre devoir.
- Tu crois ? fit Jak.
- J'émets une hypothèse.
- Ah.
- Alors, on va où ? demanda Mina. À gauche ou à droite ?
- Bonne question, fit Jak.
Shadow regarda les murs de chaque côté, ainsi que les formes des marches, il réfléchit un instant, puis déclara :
- Allons par la gauche.
Les deux autres ne protestèrent pas. Ils suivirent Shadow dans l'escalier qui tournait vers la droite devant eux, puis il l'escaladèrent. Après une longue montée, ils aboutirent dans une autre salle qui avait à peu près la même forme que la première, très sombre, avec un escalier descendant au centre, et de l'autre côté, le fameux escalier de droite qu'ils reconnurent de suite :
- En fait, si on avait pris à droite, ça aurait été pareil, dit Jak.
- Peu importe, allons-y, dit Shadow.
- Par cet escalier ? demanda Mina.
Elle désigna le sombre escalier descendant au centre de la pièce.
- Oui. Par celui-là.
Ils s'engagèrent alors sur ses marches étroites et abruptes. Le son de leurs pas hésitants résonnaient dans le tunnel de marches, jusqu'à ce qu'ils marquent une courte pause, au moment où ils arrivèrent dans une petite salle au plafond bas et où une torche enflammée éclairait tant bien que mal deux nouveaux escaliers qui semblaient encore plus étroits et abrupts que le précédent.
- Et cette fois, on va où ? questionna Jak. Droite ou gauche ?
- Gauche, répondit Shadow en commençant à descendre.
- Je l'aurais presque parié, répondit Mina.
Ils firent une courte descente en léger virage vers la gauche, avant d'aboutir dans une autre salle cette fois très vaste et au plafond haut, aux murs bien entretenus et presque blancs sous la lueur des torches enflammées qui y étaient accrochées. Et, au centre de la salle, se trouvait un blanc autel de pierre dans lequel était plantée une superbe épée luisante de lumière. Son pommeau semblait être fait d'or, comme sa longue garde effilée sans doute tout autant que sa lame, même si elle était encore dissimulée dans la pierre.
- C'est Excalibur !! hurla Jak, mort de rire.
Ses paroles dénuées d'humour pour ses deux amis se perdirent dans le silence de la salle, mais l'on entendait tout de même comme un chant doux et mélodieux, qui semblait émaner des murs. Jak, Shadow et Mina s'avancèrent ensuite vers l'autel de pierre où était plantée l'épée. Il y avait là des inscriptions en Akurah. Shadow se chargea de traduire :
- "Ici repose l'épée Gardienne, celle qui chut face à Inferna, dans sa bravoure et sa témérité."
Un autre paragraphe disait, en bas :
- "Que le digne descendant du Brave qui est tombé face à Inferna s'empare de son épée, et vainc le mal à jamais."
Il y eut un silence :
- Alors... dit Mina. Une seule personne est capable de s'emparer de cette épée ?
- C'est le descendant d'un grand Brave en tout cas, déclara Shadow. Mais...
Il regarda l'épée, puis secoua la tête négativement :
- Cette épée n'est pas celle d'Arthur. Donc ces paroles ne doivent pas te concerner, Mina.
- D'accord, répondit celle-ci en reculant de quelques pas.
Jak et Shadow se regardèrent :
- Tu descend d'une famille de Braves, Jak, si je ne me trompe pas. Et si tu allais retirer "Excalibur" de son autel ?
Maintenant peu confiant, Jak vit son sourire fondre en un instant. Mais malgré tout, il se tourna vers l'autel, avança vers lui l'air résigné, empoigna le pommeau doré de l'épée et tira dessus de toutes ses forces.
Soudainement, l'épée illumina la salle tout entière d'une lumière blanche et intense. Puis, doucement, elle s'éteignit. Lorsque Mina et Shadow purent à nouveau y voir, Jak tenait dans ses deux mains une épée à la lame d'un blanc intense, resplendissante de beauté sous une lumière qui semblait maintenant ne venir de nulle part.
- Ca alors ! s'exclama Mina. Jak, tu as réussi !
- Vraiment ? Je peine à y croire ! fit Jak en contemplant l'épée. C'est moi qui vais me servir de ce bijou !
Shadow décocha un petit sourire en voyant Jak et Mina aussi enthousiastes. Soudainement, Jak pointa son épée en direction de Shadow :
- Ha ha ! Maintenant, je vais te vaincre, Shadow !
- Hé, pointes ce truc vers autre chose, répliqua ce dernier.
Mina et Jak éclatèrent de rire. C'est dans l'enthousiasme que les trois alliés remontèrent les marches de l'escalier étroit, où Jak manqua à un moment de tomber. Arrivés dans la petite salle au plafond bas, ils prirent cette fois l'escalier de droite. Ils aboutirent dans une salle identique à celle de gauche, mais sur l'autel de pierre était posé un splendide bâton magique. Il était très long et jaune or, son extrémité resplendissait de lumière, et des formes étranges entouraient comme un diamant magique.
- Ce qu'il est beau ! s'exclama Mina.
Avec ses deux amis, elle s'avança vers l'autel, où Shadow put également lire quelques mots en Akurah :
- "Ici repose le sceptre d'Or, celle qui chut face à Inferna, dans sa bravoure et sa témérité."
Et comme pour l'ancien texte, un autre paragraphe était écrit plus bas :
- "Que la digne héritière de la Prêtresse qui est tombée face à Inferna, la plus grande et prestigieuse des Prêtresses, s'empare de son sceptre et vainc le mal à jamais".
- Eh, dit Jak. Le texte parle "d'une descendante"...
Lui et Shadow tournèrent leur regard vers Mina. Celle-ci fit de même, surprise :
- Moi ? Mais, je suis la fille d'un Brave, comment puis-je mériter le sceptre d'une prestigieuse Prêtresse ?
- Parce que toi seule est assez forte et bien placée pour le mériter, déclara Shadow. Et si tu attends confirmation, pourquoi ne pas t'emparer de ce sceptre ?
Mina avala sa salive, mais avança ses deux mains vers ledit sceptre, et l'empoigna fermement.
Comme pour l'arme précédente, son action illumina la salle intensément, et lorsque la lumière se dissipa, Mina avait dans les mains le bâton doré, qu'elle contemplait déjà avec émerveillement.
- Je... Je n'arrive pas à y croire ! s'exclama-t-elle. Il est tellement splendide !
- Grâce à ça, tu réussira certainement à lancer toutes sortes de sorts, déclara Shadow. Je suis certain qu'il te permettra de devenir plus forte.
Mina dédia à ses deux amis un sourire aussi resplendissant que sa nouvelle arme. Mais avant de repartir, Shadow se remémora les mots de l'autel :
- Alors comme ça, une seule Prêtresse s'est malgré tout confrontée à Inferna... Dire que Lie-ker songeait le contraire... Elle aura finalement eu tort une fois.
Ses deux amis décochèrent un sourire triste en repensant à la défunte tante de Shadow, mais savaient qu'elle était certainement en train de veiller sur eux, malgré les pouvoirs d'Inferna qui l'enfermaient vraisemblablement dans un corps d'âme, aussi brillant qu'une étoile dans un ciel obscur.

Ils ressortirent de l'étroite galerie, et se retrouvèrent dans la vaste salle qui comprenait les deux escaliers descendants.
- Eh, si on passait par l'escalier de droite, cette fois ? demanda Jak.
- Si ça t'amuse, répondit Shadow.
Mais à peine s'étaient-ils engagés sur ses marches que celles-ci commencèrent à trembler et à se dérober :
- Oh, non...
- Descendons vite !! s'exclama Mina.
Elle et ses amis commencèrent à dévaler les marches à toute allure, car derrière eux, elles s'effondraient progressivement. Pendant leur course effrénée, Jak cria :
- La prochaine fois, je me tairais !
- Bonne idée ! approuva Shadow.
En temps final, ils purent se retrouver dans le hall, près de l'autel blanc. Ils étaient passés par tous les chemins, mais n'avaient toujours pas trouvé l'épée d'Argent.
- Elle doit pourtant bien être quelque part ! s'exclama Jak.
- Mais on a cherché partout ! dit Mina.
Peu convaincu des dires de cette dernière, Shadow s'approcha à nouveau de l'autel, et lut dans sa tête les paroles qui y étaient marquées :
- ( Si votre coeur possède la plus belle des puretés, servez-vous en pour vous frayer un chemin droit devant vous. Si votre coeur le mérite, il pourra alors passer )
Soudainement, il redressa la tête, puis regarda le mur derrière l'autel. Il en était certain maintenant : l'épée d'Argent était là, droit devant lui.

Fin du Vingt-troisième chapitre.

Bon, voilà le chapitre suivant, et au fait j'ai fait une grosse erreur : cette histoire ne compte pas en tout 136 mais 127 chapitres ( je sais plus compter ou quoi ? )
Et aussi, j'ai oublié de le signaler, mais le début de la deuxième partie était au chapitre 13... Désolée.

TROISIÈME PARTIE

Vingt-quatrième chapitre : La quête des six fragments

Le hérisson noir recula, se plaça bien face à l'autel, puis commença à marcher droit devant lui. Ses pas étaient sûrs et son regard déterminé. Alors qu'il allait percuter l'autel, celui-ci se mit à trembler : et il s'écarta lentement sur le côté, laissant apparaître une galerie juste assez haute pour qu'un mobien s'y engouffre.
Surpris, Jak et Mina s'approchèrent de leur compagnon et contemplèrent avec lui la nouvelle entrée en forme d'arc étroit qui s'enfonçait dans les ténèbres de la forteresse.
- Apparemment, il suffisait d'avancer, dit Shadow.
- Bien joué, dit Jak. J'aurais jamais trouvé.
- Tu exagères.
Le hérisson noir s'avança peu après dans le tunnel, suivi de ses deux alliés. Sa vue s'assombrissait au fur et à mesure qu'il marchait, mais la traversée ne fut pas longue. Bien vite ils virent de la lumière au bout de la galerie.

De toutes les salle étranges que les trois compagnons avaient vues, celle-là en était la reine : une sorte d'aura douce et agréable flottait dans l'air comme de la brume invisible, il n'y avait pas le moindre courant d'air, mais une belle lumière argentée fusait et semblait émaner des dalles blanches composant les murs. La salle était de forme carrée, plutôt petite, et les quelques fissures qui découpaient les dalles sur les murs ou le sol étaient parfois ornées de mousses, qui sans doute n'en étaient pas en réalité. Et, au centre du jardin silencieux, baigné de lumière, un autel décoré de symboles en Akurah ou de dessins de diverses significations reposait. Et en son sommet était planté une épée :
- Mais pas n'importe quelle épée... souffla Jak.
Shadow lut et traduit ce qu'il y avait de gravé sur l'autel :
- "Ici trône l'épée d'Argent, épée divine forgée au fin fond de ce royaume. Toi, désigné comme étant le Héros dont parlent les légendes d'Ethera, empares-toi de cette arme sacrée qui, grâce à la magie dont je lui ai fait part, pourra triompher à jamais du mal et abattre une fois pour toutes Inferna, mon ennemie fatale"
Un silence dura quelques secondes, puis Shadow se redressa et regarda l'épée. Son manche était bleu et doré, et sa garde avait la vague forme d'ailes bleues à moitié repliées au dessus d'une pierre précieuse ovale. Mais la lame était invisible, sûrement enfoncée dans la pierre.
- Vas-y, prends-la, fit Jak, impatient.
Shadow le regarda, puis posa le même regard sur l'épée, et sembla hésiter. Finalement, il avança plus près de l'autel encore, et il saisit fermement le manche de l'épée. Il tira à peine dessus, et une sorte de coup de vent le projeta subitement en arrière. Surpris eux aussi, Jak et Mina s'étaient redressés. Mais Shadow n'avait tout ce temps pas desserré son étreinte manuelle, il atterrit avec quelques difficultés sur le sol, l'arme dans les mains. Un halo étrange se mit à envahir la salle. Jak et Mina regardèrent alors l'épée avec étonnement. Le hérisson noir, quand à lui, desserra légèrement son étreinte, sans pour autant lâcher l'arme. Comme un frisson venant de celle-ci commença à l'envahir, engendrant chez lui une sensation étrange. Il frissonnait, peut-être malgré lui, et ressentait la peur, comme si l'épée de son père se trouvait dans ses mains. Mais, avec un mélange de stupeur et de frayeur, il continuait à fixer cette épée.
Qui n'avait plus de lame.

Soudainement, la salle se mit à vibrer fortement. La garde et le pommeau de l'épée d'Argent se mit à trembler, et Shadow avait du mal à la maintenir en place. Les murs tremblaient de plus en plus. Cela avait-il été un piège ? Ils n'eurent pas le temps de se poser la question qu'une lame invisible traça des signes dans le mur le plus proche. Les nouvelles écritures s'enflammèrent puis commencèrent à refroidir. Les murs cessèrent progressivement de trembler et le pommeau de l'épée se calma. Étonnés, les trois amis regardèrent en direction du mur où avaient apparu des lettres en Akurah. Sans lâcher ce qu'il restait de l'épée d'Argent, Shadow s'approcha desdites lettres et traduit à haute voix leur signification :
- "Bientôt, ce monde ne sera plus. Je ne tarderai pas à m'emparer d'Ethera. Pour commencer, Héros, j'ai brisé ta lame et en ai confié les fragments à mon plus fidèle serviteur, ton père"
- Oh non ! On va encore devoir le battre ! s'exclama Jak.
- Tais-toi Jak, c'est pas fini ! répliqua Mina.
Shadow poursuivit :
- "À toi de découvrir où se trouvent ces fragments. Une fois ton épée reconstituée à un fragment près, je t'attendrai dans mon Royaume. Saches seulement que ton père Umbra a confié chacun des cinq premiers fragments à mes acolytes : Squama, Silva, Penna, Stella et Terra. Le dernier fragment est entre mes propres mains. Aussi, chacune de mes syriennes réside sur l'une des planètes de cette galaxie. Je ne t'aide pas plus. Car si tu a d'un héros bien plus que le nom, tu devrais pouvoir t'en sortir seul."
Ses paroles laissèrent place à un silence :
- Et moi qui pensait qu'on en avait terminé, soupira Jak.
- Inferna est encore dans le coup... murmura Shadow, entre réflexions et colère. Elle ne nous lâchera pas tant qu'on ne l'aura pas tuée...
- Au moins, on n'aura pas à prendre les fragments à ton père, dit Mina. Il est si redoutable...
- ... Partons, maintenant.
Ce qui restait de l'épée d'Argent bien en main, Shadow quitta les lieux suivi de ses deux Braves. Ils sortirent de la forteresse, traversèrent les contrées d'herbe douce et remontèrent dans leur vaisseau. À peine entré dans le cockpit, Jak ouvrit une petite porte dans la table basse où reposait la grande boussole, et il se retrouva bientôt enseveli par des dizaines de cartes jaunies par le temps.
- Mais... qu'est-ce que c'est que tout ça ? questionna Mina.
- Des cartes ! répondit Jak en émergeant la tête de son grand tas de papier. Je vais trouver où résident les syriennes !
- Et comment est-ce que tu vas t'y prendre ?
- Facile ! Il suffit de traduire le nom de chaque syrienne ! Ils ont tous une signification. Je l'ai compris en les entendant.
- Mais ce n'est pas de l'Akurah, affirma Shadow. Alors, quelle langue...
- Du latin, répondit Jak avec un grand sourire fier. Et "squama" signifie "écaille". J'ai plus qu'à trouver un nom de lieu avec "écaille" dedans.
- Mais ça va te prendre trois heures ! fit Mina.
- Nan, je suis fort en géographie. Je connais plein de lieux de la Terre et de Mobius. Et quelque part sur Terre, je crois bien qu'il y a un lac du nom de...
Il attrapa alors une carte, la contempla un instant, l'ouvrit, chercha un peu, puis s'exclama :
- J'ai trouvé ! C'est le lac de l'Ecaille ! Il est sur Terre au nord-est de Black City !
- Surprenant... dit Mina.
- Bien, puisque tu es sûr de toi, rendons-nous à ce lac, dit Shadow.
- D'accord ! firent en coeur Jak et Mina.
La jeune mangouste sauta aux commandes, La Chimère décolla, puis quitta la sphère d'argent dans une cascade de lumière, avant de foncer vers la Terre.
Ils pénétrèrent dans son atmosphère avec un minimum de turbulences, mais au moment où ils allaient voir le sol, ils se firent repérer par une horde de monstres volants, d'une allure de ptérodactyles brun-orange et dont on ne voyait pas les yeux - du moins s'ils en avaient. Shadow les repéra à son tour et ordonna à Mina d'accélérer. Le vaisseau se fit rattraper par l'un des monstres, de deux mètres d'envergure, qui chavira sur le cockpit dans l'espoir de le faire basculer. Mina s'écroula du siège des commandes, le bras douloureux :
- Mina ! s'exclama Jak.
La Chimère peinait à tenir la route, et pour éviter de finir entre la mâchoire des créatures, Shadow fit atterrir le vaisseau en catastrophe au beau milieu de ce qui ressemblait aux ruines d'un ancien village. Toujours dans le ciel, les monstres perdirent de vue le vaisseau. Ils commencèrent à exécuter des cercles de plus en plus vastes au-dessus des ruines pour tenter de retrouver leur proie.
Bien dissimulée dans un bâtiment à moitié effondré, celle-ci ne risquerait rien tant qu'elle ne bougerait pas. Jak et Shadow s'étaient précipités vers Mina dès l'atterrissage car elle semblait mal en point :
- Où est-ce que tu as mal ? questionna Jak.
- C'est... mon bras droit, souffla Mina. Je n'arrive plus à le bouger...
- Bon, dit Shadow. Je vais t'accompagner dans ta chambre, d'accord ?
Mina approuva d'un maigre signe de tête, et le hérisson noir l'aida à se relever. Avec son ami, elle alla dans sa chambre, où elle s'allongea sur son lit, épuisée.
- Surtout, il faut que tu te détendes, lui dit Shadow. Une fois qu'on aura semé ces monstres, je reviendrai m'occuper de toi.
- Mais... comment allez-vous conduire ?
- Ne t'en fais pas pour ça. Reposes-toi bien, on se voit tout à l'heure.
- Merci, Shadow.
Le hérisson noir quitta la salle à toute allure mais sans omettre d'en fermer la porte. Une fois qu'il fut parti, Mina décocha un petit sourire : décidément, Shadow était de plus en plus méconnaissable.

Shadow arriva en trombe dans le cockpit, où Jak interrompit ses cent pas :
- Jak ! On a besoin de toi aux commandes ; il nous faut vite quitter ces ruines !
- Quoi ? C'est vrai ? demanda Jak, les yeux brillants.
- J'ai l'air de plaisanter ? Alors maintenant, ne perds pas de temps, et sème-nous cette bande de reptiliens ambulants !
Shadow désigna les monstres qui tournaient inlassablement au-dessus des ruines.
- Allez, il faut se dépêcher !
- Oui chef ! s'écria Jak avec le sourire jusqu'aux oreilles, en s'asseyant aux commandes.
Shadow ouvrit la trappe au plafond du cockpit mais avant de sortir, il lança à Jak :
- Et pas de conneries, hein ? Sinon tu vas blesser encore plus Mina, et puis c'est pas le moment idéal pour que La Chimère se brise un réacteur ou quoi que ce soit d'autre !
Puis il sortit du vaisseau. Les yeux de Jak étaient toujours remplis d'étincelles. Il pensa :
- ( Je vais enfin pouvoir manier ce vaisseau ! Génial ! Ces satanées bestioles ne nous suivront pas longtemps ! )
Shadow se plaça sur la plus grande et plus lisse partie du toit, s'y positionna les deux genoux pliés dont un au sol, pour mieux tenir.
- C'est bon Jak, décolle ! cria-il à l'intention du pilote.
- C'est parti ! répondit ce dernier.
Un nuage de poussière signala aux créatures le décollage de leur proie. Les feux des six réacteurs s'allumèrent, et le vaisseau fila vers le sud, suivi par une mer d'ailes et de dents.

La première partie de la course-poursuite aérienne venait de débuter. Le paysage vira d'une forêt à une plaine interminable. Pour le moment, Jak se débrouillait, mais Shadow qui jetait de temps en temps un regard derrière lui constata alors que les volatiles étaient en train de gagner du terrain. L'un d'eux qui semblait plus rapide que les autres arriva à proximité du hérisson noir qui sortit son katana de sa main gauche, la droite restant solidement agrippée au vaisseau. Le monstre découvrit sa mâchoire aux dents effilées et à moitié recouvertes de bave, spectacle déplaisant auquel Shadow eut vite fait de mettre fin, en brandissant son arme puis frappant le monstre qui contre toute attente disparut en direction de sa harde. À présent, Shadow avait décollé son genou du vaisseau et ne prenait plus appui qu'avec sa main droite et ses deux pieds. Il arrivait à tenir, mais la vitesse à laquelle filait le vaisseau était bien trop élevée pour qu'il puisse se battre efficacement.
D'autres créatures, trois cette fois, arrivèrent à leur tour de part et d'autre du hérisson noir et lui crièrent dessus. L'une d'entre elles essaya ensuite de donner un coup de tête à Shadow qui l'évita en se baissant, puis frappa son assaillant qui, étourdi, abandonna la course. Shadow coupa l'aile d'un autre ptérodactyle filant à ses côtés, puis il acheva le dernier qui lui tenait tête à l'aide d'un puissant coup sur le crâne.
Il ne restait qu'une quinzaine de monstres quand Shadow regarda devant lui, et constata que La Chimère s'approchait d'une grande ville, dont les immeubles sombres commençaient à se dresser à l'horizon.
- ( Mince ) pensa-t-il. ( Jak s'en est sorti jusque là, mais ça risque de devenir compliqué, maintenant )
Dans le cockpit, Jak, pour sa part, était confiant : et en un coup de vent rapide, bruyant et comme enflammé, La Chimère entra dans la ville, toujours suivie des quinze derniers monstres.

Fin du Vingt-quatrième chapitre.

Merci, vous deux ! Voici le combat de la première syrienne.

Vingt-cinquième chapitre : Squama

La ville était sombre et il y faisait frais, surtout pour Shadow qui devait plisser les yeux en raison des torrents de vent qui lui arrivaient dans le visage et qui faisaient flotter ses piques. Les nombreuses lumières des bâtiments mettaient en évidence les obstacles dangereux, et le vaisseau parvenait sans grand-mal à les éviter. Les monstres aussi, qui tenaient toujours la route avec plus d'acharnement. Shadow se pencha sur le côté du vaisseau pour regarder en bas : il voyait de petits points lumineux circuler dans les rues étroites, puis d'autres de forme de vaisseau qui se déplaçaient dans les airs, juste sous eux. La Chimère devait bien se trouver à deux cent mètres du sol, c'était très impressionnant, et Shadow détourna son regard d'en bas pour le jeter derrière lui : les créatures parvenaient toujours à les suivre.
Soudainement, Jak et Shadow levèrent la tête et aperçurent un grand arc décoré qui dépassait même les plus hauts bâtiments. Ce devait être-là un monument célèbre de la ville. Quand ils se trouvèrent à cent mètres de l'arc, toujours pour deux cent de hauteur, ils se trouvaient au-dessus d'une place longue et gigantesque, large d'au moins cent mètres. En continuant tout droit, Jak calcula que le vaisseau passerait un petit peu au-dessus du monument. Mais le jeune garçon était conscient qu'en continuant ainsi, ils ne sèmeraient jamais les monstres. Alors il donna l'impression qu'il allait passer par-dessus l'arche, mais alors qu'il allait s'en trouver à proximité, il hurla :
- Accrochez-vous, ça va secouer !!
Shadow eut une fraction de seconde pour s'exécuter, puis soudainement, le vent vint d'en dessous, et un frisson glacé le parcourut dans sa totalité : ils étaient en train de foncer à une vitesse hallucinante vers le sol. Shadow avait à présent le ventre complètement collé au vaisseau. Il n'avait jamais ressenti une telle sensation de frayeur. La Chimère rasait le mur de l'arche quasiment à la perpendiculaire, sans craindre de se heurter au monument. Cinq monstres ne furent pas assez rapides pour se laisser tomber en piqué derrière leur proie, et ils s'éclatèrent contre l'arche, avant de retomber vaincus vers le sol. Shadow et Jak virent ledit sol tout près d'eux, puis subitement, La Chimère se redressa et rasa parfaitement le plafond du tunnel creusé à l'intérieur de l'arche. Cramponnée dans son lit, Mina avait eu bien du mal à se maintenir au sol, et n'avait jamais eu aussi peur de sa vie.
Jak, pour sa part, était fier de lui : il devina l'arche disparaître derrière lui, puis il entendit comme Shadow les cris de la dizaine de monstres restants. Ceux-ci comprirent qu'ils n'auraient pas leur proie de cette façon : deux d'entre eux accélérèrent et vinrent se placer au-dessus du vaisseau, trois autres au-dessous, et les cinq autres toujours derrière. Shadow leva la tête et aperçut les deux monstres, le premier visa le hérisson noir et descendit en piqué sur lui. Sa cible s'écarta du mieux qu'elle le put puis frappa son assaillant qui ne revint pas. Aussitôt après, la deuxième fonça vers Shadow à son tour. Celui-ci n'eut pas le temps de la voir arriver, et elle lui entailla le bras. Shadow grinça des dents sur le coup, puis frappa le ptérodactyle qui revenait vers lui. Jak, aux commandes, vit par l'intermédiaire de petites caméras que son ami avait besoin d'aide. Alors, non sans prévenir Shadow juste avant, il fit accélérer le vaisseau qui exécuta ensuite deux tonneaux, il fonça vers le sol, remonta en trombe, fit deux nouveaux en fonçant dans un tunnel un peu plus loin, puis il remonta dans la nuit, bien au-dessus des immeubles. Shadow resta un instant immobile pour se remettre de ses émotions. Mina elle aussi était encore paralysée de stupeur, et elle avait dû sérieusement s'accrocher pour ne pas tomber de son lit. Le calme et le vent nocturne les submergea, Jak gardait son sang-froid, et Shadow jetait un oeil derrière lui : il ne restait que trois monstres à leurs trousses.

Shadow souffla un instant, et essaya de se détendre. Il regarda à nouveau derrière lui : ils avaient, depuis le début, parcouru cinq kilomètres peut-être, et pourtant les monstres tenaient toujours la route. Aussi Shadow t-était impressionné par la maîtrise que Jak exerçait sur leur vaisseau. En fin de compte, il avait sous-estimé le jeune garçon, car faire des manoeuvres telles que les tonneaux était loin d'être simple.
Shadow vit le monstres gagner encore du terrain, tandis que La Chimère quittait la ville, haut dans le ciel, et nageait dans l'immense voûte du ciel aux côtés des sombres nuages nocturnes. Étrangement, il soufflait pour cette altitude élevée un vent paisible.
Le hérisson noir sortit son katana électrique car il entendait les cris des monstres à pas plus de cinq mètres de lui. Mais pour battre ces créatures, il allait avoir besoin de ses deux mains. Alors il ferma les yeux et se concentra, comme la fois où il avait eu une vision, comme la fois où il s'était transformé subitement, comme la fois où deux ailes pointues comme des lames avaient surgi de son dos. Alors, lentement, il ôta sa main droite de son appui, le toit du vaisseau. Ses pieds étaient à présent comme plantés dans le toit lisse, et même malgré la grande vitesse du vaisseau, ses pouvoirs démoniaques lui permirent de ne pas tomber.
La lutte avec les trois dernières créatures débuta alors. Shadow devait garder une concentration totale, en même temps qu'il se battait, et c'était quelque chose de très difficile, que de lutter contre la gravité. Malgré la sueur qui perlait son visage, il put achever un à un les trois monstres. Progressivement, la Chimère ralentit : ils étaient sauvés.

Shadow sentit à nouveau une douleur dans son bras droit, mais il n'y prit pas garde. Il redescendit dans le cockpit par la trappe au plafond de ce dernier.
- Shadow, tout va bien ? questionna Jak dès que le hérisson noir arriva dans le cockpit.
- Oui, je te remercie. Et, je dois te féliciter pour ta démonstration de vol. Excuse-moi, je crois t'avoir sous-estimé.
- Bah, t'en fais pas pour ça ! répondit Jak avec un grand sourire. Au fait, tu ferais mieux d'aller voir Mina, non ? J'espère que mes figures ne l'ont pas trop amochée.
- Tu as raison.
Shadow quitta alors la salle, pour aller jusqu'à la chambre de Mina. En ouvrant la porte, il vit son amie assise sur le côté de son lit, un sourire faussement rassuré sur les lèvres.
- Jak conduit vraiment n'importe comment, tu ne trouves pas ?
Shadow décocha un très maigre sourire, comme ça ne lui arrivait pas souvent.
- Comment va ton bras ? demanda-t-il.
- Déjà mieux, mais... J'ai encore du mal à le bouger.
- Je vais arranger ça.
Toute la nuit, Shadow s'occupa de Mina tandis que Jak conduisait en pensant à Ino. Le bras de Mina allait mieux grâce aux soins efficaces de Shadow, qui les devait à Eggman. Son ancien boss qu'il ne parvenait pas à oublier lui hantait la mémoire, et il continuait à en dicter les conseils à ses amis. Il apprenait à être un chef à son tour, à présent. Même s'il ne survivrait pas à cette quête, il aurait pu rendre un dernier hommage à son ancien chef en se comportant aussi bien que lui. En prenant soin de ses alliés, avec qui il devait admettre qu'il avait de réels liens d'amitié, et en se montrant brave. Il était comme responsable de la vie de ses deux amis, et était certain d'assumer son rôle jusqu'au bout.

Après un long vol qui dura le restant de la nuit, on put voir du cockpit du vaisseau un lac immense baigné de brume, qui s'éclaircissait dans le matin. Jak fit se déposer La Chimère près du bord de l'eau, puis les trois Black Spies descendirent de cette dernière.
Une fois au bord du lac, le nuage de brume s'amincit légèrement. L'étendue d'eau était d'une couleur claire, et elle s'étendait dans la brume, au loin. Il régnait un silence comme de mort.
- C'est vraiment un endroit étrange, fit remarquer Jak. Dire que mon père m'avait mis en garde de m'y aventurer un jour...
- Il va falloir plonger ? questionna Mina.
- Ca paraît évident, répondit Shadow. Mais je comprends ton inquiétude. C'est risqué de s'aventurer dans des eaux que l'on sait dangereuses.
- Tout le monde sait nager ?
- Je crois, répondit Jak.
- Alors allons-y, dit Shadow.
Jak sauta le premier à l'eau, et il coula à pic. Shadow et Mina purent voir quelques bulles remonter, puis ce fut au tour de Jak qui surgit brusquement de sous les nénuphars en criant :
- Ah ! C'est gelé !!
Shadow et Mina s'accordèrent un signe de tête et sautèrent à leur tour. Avant de plonger, Mina dit :
- C'est vrai qu'elle est froide.
Puis après avoir pris sa respiration, elle s'enfonça dans l'eau trouble, juste derrière Jak et Shadow.
Ils n'eurent à leur soulagement pas besoin de nager très longtemps : en effet, ils virent au fond de l'immense et sombre lac une espèce de grande sphère de pierre, où l'on pouvait entrer par-dessous. C'est ce que firent les trois alliés non sans hâte, et ils débouchèrent dans une caverne sous-marine. Ils se hissèrent sur le sol de pierre, puis observèrent tout autour d'eux.
À l'intérieur de la sphère, tout était calme. Les parois presque lisses étaient très vastes, et l'atmosphère était froide et humide. Les murs arrondis étaient d'une couleur rougeâtre, qui virait parfois à une couleur plus orangée. Et au centre de la pièce circulaire, il y avait un immense trou rempli de l'eau du lac. Peu rassurés, Shadow, Jak et Mina s'en rapprochèrent, mais alors qu'ils allaient pouvoir en regarder le fond, une masse immense surgit de l'eau, s'élevant jusqu'au plafond et en arrosant tout autour d'elle. Surpris, les trois amis sortirent leurs armes : Shadow, son katana électrique, Jak, sa nouvelle épée qu'il avait auparavant accrochée à sa ceinture, et Mina, le sceptre doré qu'elle avait attaché dans son dos. Ils contemplèrent alors avec stupéfaction l'immense créature qui venait de surgir devant eux ; et ils n'eurent pas besoin de temps pour comprendre qu'ils se trouvaient en présence de la syrienne de cette région.

Elle avait plutôt forme humaine, les traits de son visage étaient presque féminins, mais ses joues et son front étaient couverts d'écailles bleues, ses yeux blancs semblaient glauques et ses fines lèvres, glacées. Son corps maigre était recouvert d'abord d'écailles comme celles sur son visage, puis d'une robe volumineuse qui ne semblait faire que d'eau et d'immenses pétales bleues. Une cascade de cheveux bleus océan dansaient littéralement dans son dos, et elle commença alors à parler, d'une voix sans ton et glacée, tout en découvrant des canines acérées :
- Voici donc le légendaire héros. Celui qui devait se servir de l'épée divine afin de sauver Ethera des ténèbres. Je te trouve bien téméraire... pour venir ainsi en ma demeure me demander de te remettre le fragment que je possède de ton épée...
Shadow pointa son arme électrique devant lui qui cracha des éclairs furieusement :
- Je ne te le demande pas, je te l'ordonne, Squama !
- Tiens donc... Le héros de moins que rien essaye de m'effrayer... C'était plutôt toi le plus effrayé, lorsque tu as fui ton royaume natal !
- Je n'ai jamais fui mon village natal, rétorqua Shadow froidement.
- Moi je crois que tu ignores encore beaucoup de ton passé. Moi qui pourrais tout t'apprendre, cela serait dommage de vouloir me tuer, non ?
- Tiens, tu veux que je t'épargne, maintenant ?
La bouche se Squama se fendit en un rictus détestable :
- Si tu crois avoir retrouvé tes souvenirs, tu fais erreur, déclara-t-elle. Tu as seulement retrouvé les souvenirs que Caelumbra t'a cédés...
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- L'écoute pas, Shadow ! s'exclama Jak. Tout ce qu'elle veut c'est nous tuer, et nous pareil ! Alors autant le faire maintenant !
Il brandit son épée et chargea seul son ennemie. Celle-ci envoya une vague sur le jeune garçon qui se retrouva repoussé avec une force phénoménale.
- Ah... Saleté... maugréa-t-il en se relevant, à moitié trempé.
La syrienne regarda fixement les trois alliés de ses yeux glauques, et leur lança sur un ton de défi :
- Alors... Êtes-vous fin prêts ?

Une nouvelle fois, Jak préféra ne pas attendre et fonça immédiatement sur Squama. Il se servit de sa rapidité pour tourner autour de son ennemie et tenter de lui asséner des coups, que la syrienne contrait toujours avec une barrière d'eau.
Mina vint alors en aide à son ami, elle fixa Squama et lui fonça dessus, puis elle fit tourner son bâton autour d'elle, en projetant une vague de lumière qui fit légèrement reculer la syrienne. Celle-ci contre-attaqua : elle lança un puissant jet d'eau que Mina esquiva agilement, avant de renouveler ses attaques, tandis que Jak cherchait le point faible de la syrienne en la frappant de son arme de tous côtés. Pour mettre fin à ces agressions, Squama s'entoura d'une lumière intense qui obligea ses deux assaillants à reculer. Shadow ne bougeait pas, et, son katana en main, il se contentait de contempler cette étrange créature. Jak revint vers lui, à bout de souffle :
- Eh Shadow, Un coup de main ne serait pas de refus !...
- Elle est entourée d'eau, fit remarquer celui-ci en guise de réponse.
- Pardon ?
- Depuis tout à l'heure, tu te fatigues pour rien.
Sur ce, Shadow chargea son énergie dans sa lame de foudre, puis il fonça seul sur son ennemie. Cette dernière, le voyant arriver, envoya à son niveau un nouveau jet d'eau. Le hérisson noir sauta pour l'éviter, il prit appui sur une paroi de la sphère où il faillit glisser, fit un grand bond en direction de Squama, et lui atterrit dans le dos, dans la surprise de son ennemie. Pendant une fraction de seconde, Shadow sentit le froid l'envahir, et il lâcha le corps glacé et comme sans vie de Squama, qui repoussa son adversaire en un rien de temps en s'entourant à nouveau de lumière.
- Tu disais ? fit Jak à Shadow qui atterrissait juste devant lui.
- Plus le temps de jouer ! répliqua celui-ci. Ce coup-ci, on fonce !
Jak sourit : enfin un plan qui lui convenait à merveille.
Mina réagit la première, et atterrit l'attention de Squama en essayant de lui lancer quelques sorts, à peine capables de la chatouiller. Jak profita de l'occasion pour se ruer aux côtés de Shadow sur son ennemie. Squama se retourna alors brutalement et lança des vagues d'eau sur ses deux assaillants dignes de ce nom qui durent par la suite reculer, mais pour éviter la vague Shadow préféra bondir en l'air, et charger le plus d'énergie possible dans son katana. Au milieu des crépitements et des éclairs de son sort, il cria à Jak :
- Occupe-la !
Jak approuva d'un signe de tête, et il contourna Squama pour se ranger aux côtés de Mina, et lança une nouvelle offensive avec elle. La syrienne commençait à faiblir sous les sorts de Mina, faibles mais bien placés, et sous les coups de Jak, mal placés mais puissants.
Elle réalisa trop tard qu'un danger venant de derrière allait bientôt se manifester, elle se retourna brutalement vers Shadow, prête à lancer un jet d'eau, mais ce fut son adversaire le plus rapide : il lança une sphère d'énergie électrique, non sur son ennemie, mais directement dans l'eau. Personne n'eut ensuite le temps de faire un geste qu'une explosion dévastatrice commença à fracturer la sphère de pierre, les murs grondèrent, une détonation résonna au beau milieu d'une vague de lumière, et d'une centaine d'éclairs foudroyants dans un vacarme singulier.

Les Black Spies quittèrent rapidement l'endroit, mais avant, Shadow avait attrapé quelque chose de brillant qui gisait près de l'eau. Une fois sortis du lac, épuisés, trempés et grelottants, Shadow, Jak et Mina purent malgré tout se regarder avec un sourire de victoire. Shadow ouvrit alors sa main droite et vit que l'objet brillant était un fragment de la lame d'épée de couleur blanche, reflétant joliment la lumière sur ses formes brisées. Le hérisson noir sortit le pommeau et la garde de l'épée d'Argent, et le fragment vint se mettre seul en place ; il se souda dans une maigre vague de lumière blanche.
- Et de un ! dit Jak, fier. Maintenant, si on retournait au vaisseau ? Je gèle ici !
Les deux autres ne protestèrent pas. Réunis dans le cockpit et après avoir mis les radiateurs à fond, les trois alliés de mirent à réfléchir quant à leur prochaine destination :
- La prochaine syrienne se nomme Silva, déclara Shadow. Jak ? Tu as une idée ?
- "Silva", c'est encore du latin, répondit ce dernier. Elle manque d'inspiration, Inferna, si vous voulez mon avis. Ca veut dire "forêt". En plus, pas loin d'ici, il y a justement une grande île au milieu d'un lac immense, et c'est une grande forêt. Elle doit être là-bas.
- On peut essayer, dit Mina.
Shadow et Mina s'interrogèrent du regard, et semblèrent se mettre d'accord. Puis ils regardèrent Jak qui fit de même.
- Qu'est-ce qu'il y a ? questionna le jeune garçon.
- Jak, Mina et moi on a pris une décision, déclara Shadow.
- C'est toi le pilote du vaisseau maintenant ! annonça Mina avec un grand sourire.
- C'est vrai ?! cria Jak, aux anges.
- On en a parlé hier dans sa chambre, déclara Shadow. Et puis, t'avais l'air effectivement doué pour le pilotage, alors...
Jak les remercie de tout coeur, puis se mit à sauter partout, tout excité. De retour aux commandes, il fit faire quelques figures au vaisseau tout en se dirigeant vers l'île de la grande forêt. Solidement cramponnés à un banc ou le rebord d'une fenêtre, Shadow et Mina commençaient à se poser des questions :
- Tout compte fait, on aurait peut-être dû ne rien lui dire ? dit Shadow.
- Tu as raison ! On réalise tard notre erreur, répondit Mina en riant.

Fin du Vingt-cinquième chapitre.

Désolée pour le double-post, mais j'avais pas le choix. Je sais pas pourquoi je suis tellement en forme aujourd'hui, mais le fait est que j'ai déjà terminé d'écrire la suite. La voilà, bonne lecture ^^

Vingt-sixième chapitre : Le royaume oublié

Sous le vaisseau, le paysage passait de montagnes à collines, de collines à plaines, et d'une plaine à une immense étendue d'eau. La Chimère était déjà en train de survoler le lac qui les amènerait sur l'île de la grande forêt. Le soleil matinal faisait joliment miroiter sa lueur pâle sur l'eau claire, le ciel était déjà bleu et les nuages peu nombreux. Les Black Spies étaient tous les trois dans le cockpit, où Jak annonça, aux commandes :
- Regardez ça, Shadow et Mina !
Progressivement et sans ralentir, le vaisseau descendit sur l'eau, avant d'atterrir complètement dessus, toujours à la même vitesse, et dans des volées d'eau ainsi que des armées de vagues énormes jaillissant de toutes parts du vaisseau. Telle un bateau, mais bien plus rapide, La Chimère surfait aisément sur l'eau et les vagues. Fascinée, Mina se colla à l'une des vitres du cockpit :
- C'est trop génial ! s'exclama-t-elle. Et ça doit être encore plus génial d'être au sommet du vaisseau, dehors, à cet instant !... Eh... Pourquoi est-ce qu'on s'arrête ?
- R... Regardes la vitre avant... balbutia Jak.
Mina s'exécuta et retint un cri de stupeur : une espèce de grand batracien vert aux pattes palmées, à la tête de varan et à la peau lisse était accroché sur la vitre principale du cockpit, et cachait le paysage qui se trouvait devant le vaisseau :
- Je vais le faire bouger, déclara Shadow en sortant de la pièce par la trappe du plafond.
- Fais gaffe, Shadow ! le prévint Jak. À mon avis, il est plus robuste qu'il n'en a l'air !
Le hérisson noir se retrouva sur la tête du dragon que représentait le vaisseau : le monstre était un petit peu au-dessous de lui, sur la vitre. Alors il sortit son katana, et alors que la bête venait de le remarquer, elle se prit un grand coup électrique dans la tête, elle poussa un cri de surprise, puis de douleur, et s'effondra dans l'eau du lac.
Shadow s'apprêtait à retourner dans le cockpit lorsque brusquement, la créature surgit de l'eau en poussant des hurlements stridents telle une furie : elle avait maintenant deux ailes d'odonate dans le dos, et sa couleur était devenue plus sombre et rouge.
- Je vois...
La bête fondit sur Shadow qui l'évita de justesse, mais le varan revint en contre-attaque et à toute allure : il donna un gros coup de tête au hérisson noir qui ne vit pas arriver le coup, et se retrouva à son tour dans l'eau :
- Il n'y parviendra pas seul ! s'affola Mina. La créature est presque aussi grande que lui ! Il faut que j'aille l'aider !
- Fais attention, alors ! la prévint Jak.
- T'inquiètes pas !
Elle sortit à son tour.
- Si, justement, je m'inquiète, se dit Jak une fois seul.
Lorsque Mina s'avança vers le bord du cockpit, perchée en son toit, les deux adversaires qu'étaient son ami et cette créature surgissaient de l'eau, se frappaient comme ils le pouvaient, puis s'écrasaient dans les flots en même temps, le tout dans une mêlée de gouttes d'eau brillantes et de cris suraigus poussés par la créature. Mina mit la main à sa ceinture pour sortir une arme à feu, mais elle se ravisa : elle ne pouvait pas aider son ami, car elle avait peur de le toucher en essayant d'avoir son adversaire. C'est alors que ledit adversaire donna à Shadow un violent coup dans la nuque : Shadow écarquilla les yeux, puis s'enfonça dans les flots, sans remonter cette fois.
Afin de venger son ami, Mina sortit cette fois son arme et tira deux balles dans la tête de la créature, qui disparut dans un nuage translucide.
- Shadow ! cria Mina en vain.
Celui-ci ne revenait toujours pas à la surface. Elle cria alors à Jak, en le regardant à travers la vitre du cockpit :
- Jak ! Je vais tenter de le retrouver ! Le vaisseau ne pourrait pas aller sous l'eau ?
- Ca m'étonnerait ! Sois prudente, je vous attend !
- D'accord !
Sur ce, elle plongea à son tour. Elle nagea dans l'eau claire, afin de rejoindre une masse sombre qui se dirigeait sans bouger vers le fond. Mais lorsqu'elle en fut près, des bulles jaillirent de sa bouche en guise de cri de surprise : ce qu'elle avait pris pour son ami inconscient était en fait un paresseux monstre à l'allure de brochet.
- ( Je suis dans de beaux draps... ) pensa-t-elle avec frayeur tandis que le brochet se dirigeait vers elle.
Mina commença à fuir vers le fond aussi vite qu'elle le put, mais le monstre était bien trop rapide. Et alors qu'il s'apprêtait à la dévorer, une autre masse sombre arriva, et donna un coup de pied au monstre qui fila aussitôt.
- ( Shadow ! ) songea Mina avec soulagement.
Le hérisson noir lui fit signe de le suivre, et il se dirigea vers le fond. Peu rassurée, mais confiante envers son ami malgré tout, Mina le suivit. Alors qu'ils n'avaient chacun presque plus d'air, ils arrivèrent alors dans un endroit à la vue duquel Mina paralysée, autant de surprise que d'émerveillement.

Juste sous eux, et sous les bancs de poissons circulant dans l'eau clair, il y avait une multitude de bâtiments immenses et blancs, semblables à de grandes tours, et reliés entre eux par de fins ponts apparemment en pierre blanche. Les nombreux édifices étaient parsemés de petites fenêtres en arc correctement alignées, et tout l'ensemble des bâtiments était enfermé dans une sorte de sphère blanche, dans laquelle Mina et Shadow venaient d'entrer, comme dans de l'eau.
- Tu m'entends ?
Surprise, Mina regarda Shadow à côté d'elle. Celui-ci la regardait toujours d'un air interrogateur.
- Shadow ? Mais comment... Comment se fait-il que nous pouvons parler et respirer, et... Je t'entends ! balbutia la jeune mangouste.
- On est dans une cité engloutie par l'eau du lac, dit Shadow. Une aura étrange et puissante en magie en émane, un peu comme au village Akurah. On devrait aller y faire un tour : ce n'est pas normal que l'on puisse parler et respirer ici.
- D'accord, allons-y.
Shadow et Mina nagèrent alors vers les bâtiments. L'eau - si c'en était toujours - devint d'une clarté rare, Mina contempla encore une fois les bâtiments dont ils étaient maintenant tout proches.
- Shadow, je crois que nous ne sommes plus dans de l'eau.
- Tu as sûrement raison. On y flotte comme dans de l'air... Et je commence à me sentir bizarre... Viens, on va se poser sur un des pont.
Tout près du pont le plus proche, ils sentirent l'attraction terrestre revenir un peu, et elle les déposa lentement sur les briques blanches. Aussitôt, Shadow fut pris d'un violent mal de tête. Il tituba un peu, puis s'effondra sur le sol :
- Shadow ! s'écria Mina, inquiète.
Mais elle n'avait pas fait un seul pas vers lui qu'à son tour, la tête lui tourna, et sans rien pouvoir n'y faire, elle sombra dans ce qu'elle pensa être un sommeil...

- Ma tête... Mais qu'est-ce qui a bien pu m'arriver...?
Shadow rouvrit lentement les yeux, une main sur le front. La première chose qu'il ressentit, c'est l'impression d'avoir grandi. Il regarda sa main gauche, puis réalisa avec étonnement qu'elle était démunie de gants, et était semblable à celle d'un humain :
- ( Qu'est-ce que... )
Il bondit sur ses pieds, sans retenir un maigre cri de surprise et d'étonnement. Il vit qu'il était habillé, d'un large pantalon noir et d'un sweat gris sombre avec une bande rouge sur chaque manche. Il se tâta le visage, et sentit un nez jeune, des sourcils fins, et de fins cheveux d'une couleur noire, avec quelques mèches rouge ou argent. Il fonça de l'autre côté du pont, et vit un miroir brisé par terre, dans la salle du bâtiment où il avait atterri. Là, il en resta muet de stupeur : il était devenu un jeune humain, du moins il y ressemblait méchamment, avec des oreilles légèrement en pointe, au teint clair, au visage d'une grande beauté déjà. Ses perçants yeux rouge étaient immobiles, eux aussi paralysés par la stupeur.
- ( Qu'est-ce qui m'est arrivé ?! Je ne comprends plus rien ! ) pensa-t-il en retournant sur le pont.
C'est alors qu'il vit que Mina y était toujours allongée. Elle dormait à poings fermés, dans son corps maintenant d'adolescente au visage jeune. Ses habits n'avaient pas changé, ni ses longs cheveux étalés avec elle sur le sol. Abasourdi, Shadow se baissa vers elle et la secoua un peu :
- Mina. Eh, Mina !
La jeune fille plissa ses paupières, avant de les ouvrir. Quand elle leva les yeux, elle vit penché sur elle un beau jeune homme aux yeux rouge et aux cheveux noirs et rouge.
- Qui... qui êtes-vous ? bafouilla-t-elle.
Shadow se mit à reculer. Quel choc elle allait avoir !
- Mina, écoutes, c'est moi. Shadow. On dirait qu'on est devenu des humains, du moins on y ressemble méchamment. Mais moi aussi j'ignore ce qu'il se passe.
Mina se releva, puis se regarda, et Shadow se boucha les oreilles. Mais la jeune fille cria moins fort qu'il ne l'aurait cru. Elle s'avança ensuite vers son ami, le regard suppliant, les larmes aux yeux :
- Mais qu'est-ce qu'on va devenir ?! On est où, d'abord ?
- Du calme, Mina, lui répondit Shadow gentiment. Je t'ai déjà dit que moi aussi j'ignorais ce qu'il se passe. À mon avis, c'est dû aux puissances magique de cet endroit, c'est tout. Allez, viens, on va visiter un peu cette cité perdue.
- D'accord...
Mina semblait un peu soulagée. Elle suivit Shadow de près dans tout le royaume. Ils traversèrent de nombreux ponts et gravirent de nombreux escaliers en ascendance, et ils finirent par aboutir sur le plus haut et plus large des ponts. Mina et Shadow regardèrent tout autour d'eux. Mina lâcha enfin Shadow pour tenter d'apercevoir le fond du royaume, mais en se penchant au-dessus du pont, elle ne vit en-dessous que du noir.
- C'est vraiment étrange qu'il fasse aussi clair alors qu'on est aussi profond, dit Shadow en contemplant les alentours.
Quand on regardait le ciel, on pouvait voir les poissons nager et les rayons de soleil percer l'eau sans difficultés et arroser de lueur la cité toute entière :
- ... C'est beau, fit remarquer Mina.
Shadow s'avança vers la salle à l'extrémité du pont :
- Mais trop étrange pour moi, déclara-t-il.
Ladite salle semblait être la source d'une bonne partie de la magie, baignée d'une lumière intense.
Il continua à avancer avec Mina, mais se stoppa brusquement lorsqu'une masse surgit devant eux, de sous le pont, en faisant luire un éclair, et dans un bruissement de cape, il barra la route aux deux alliés. Shadow eut pour réflexe de sortir son arme et de la brandir :
- Halte ! On ne va pas plus loin ! cria un jeune homme aux cheveux blanc-argentés.
- Qui est-tu ?! lui cria Shadow en s'énervant.
Le jeune homme ressemblait fort à Shadow. Les mêmes oreilles et le même teint, mais surtout : de perçants yeux rouge, brillant toujours sous ses mèches on ne peut plus claires.
- Moi ? ironisa le jeune homme. Simplement celui qui va t'abattre, soit-disant "Prêtre" ! Voyons si tu es réellement le héros dont parlent les fresques anciennes !
À ces mots, il sortit une arme noire, à la garde en forme d'ailes de dragon et à la lame longue d'un mètre au moins.
- Et tu vas te résigner à me dire qui tu es ?! lança Shadow avant de lancer l'assaut.
- Si tu y tiens tellement... Mon nom est Skay. En garde !

- Mina, ne restes pas là ! fit Shadow à son amie.
Skay fit tomber d'un coup ses yeux perçants sur la jeune fille, si brusquement que celle-ci tressaillit :
- Vous... dit Skay presque en murmurant. Vous êtes la princesse Mina, n'est-ce pas ? La fille unique de Sire Arthur ? Ca alors...
Un sourire crispé et aussi méchant qu'inquiétant se dessina sur ses lèvres et fit s'assombrir encore son regard.
- Tu n'as pas intérêt à l'approcher ! le prévint Shadow. Bats-toi, plutôt, puisque c'est ce que tu veux !
Skay posa son regard sur Shadow avec le même sourire. Puis il fit tourner son épée, la prit à deux mains, et fonça sur son adversaire.
- Recules, Mina ! cria Shadow.
Puis il fonça à son tour sur Skay. Leurs lames se rencontrèrent dans un grincement accompagné d'étincelles. Shadow semblait avoir l'avantage, il faisait reculer son adversaire qui tournait sur lui-même de temps à autre pour prendre plus de puissance. Nombre de fois leurs épées s'entrechoquèrent dans des giclées d'étincelles et des sons stridents. Mina aurait voulu venir en aide à son ami, mais elle ne maîtrisait pas encore son sceptre assez bien pour se rendre utile.
Le duel était d'une grande férocité. Dès le début, Shadow avait ressenti quelque chose de bizarre envers son adversaire. Peut-être était-ce la profonde cicatrice que celui-ci portait, comme lui, mais sur l'oeil droit. Ou bien était-ce son épée noire, qu'il semblait craindre au plus profond de lui, comme l'épée de son père, mais d'une façon moins violente. Shadow sentait qu'il le connaissait, mais pourtant, il était certain de ne jamais l'avoir vu.
À un moment, Skay fit un bond en arrière, regarda vers la surface, puis finalement, il alla au bord du pont, puis sauta.
- Eh, reviens ! lui cria Shadow. Je n'en ai pas fini avec toi !
- Désolé, mais j'ai un contretemps, répondit Skay en haussant la voix. On se reverra, c'est promis.
Puis il s'en alla dans le lac, et traversa ses eaux claires avant de disparaître.
- Bon, tant pis, dit Shadow en rangeant son arme. Allons-y, Mina.
Ils s'en alla avec elle dans la salle illuminée. Quand il y entra, Shadow dut se mettre un bras devant le visage, tant la lueur était intense. Mina fit de même, et, une fois qu'ils eurent retrouvé la vue, ils entrèrent à pas lents dans une salle qui semblait luxueuse et propre. Les deux alliés en restèrent muets. Devant eux, une grande bibliothèque était adossée au mur. Le sol était recouvert d'un tapis rouge aux motifs nombreux et sur lequel se trouvait une basse table de verre. Shadow s'avança seul vers la bibliothèque de bois ancienne.

Il balaya brièvement les livres du regard, et en choisit un de bonne taille, rouge, avec des ornements dorés. Il regarda la couverture, mais aucun titre n'y figurait.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda Mina.
- À part un livre, j'en sais rien. Mais il a l'air ancien.
Il ouvrit le livre qui, bizarrement, ne contenait pas un grain de poussière. Tout était impeccable si ce n'est que les écritures commençaient à s'effacer à force de passer du temps.
- C'est tout écrit en Akurah, dit Shadow en feuilletant les pages. On dirait que ça conte une légende.
Il remit le livre à sa place. Il en choisit un autre, et l'ouvrit :
- C'est encore de l'Akurah. Mais je devrais pouvoir me débrouiller pour traduire.
Il prit une page au hasard et commença à lire :
- "Nous craignons que le royaume sombre à jamais. Car si ce dieu maléfique nous retrouve, nous serons perdus"
"Heureusement que le grand guerrier Soranna et sa bien-aimée Lucéria nous accompagnent"
"Le maléfice n'agira jamais sur le royaume, mais il agit depuis le Cataclysme sur tout Ethera. Notre royaume reste assez puissant contre ce maléfice, mais une fois que nous en sortirons, la malédiction nous rattrapera, nous les derniers Akalis"
"Aussi, nos coeurs et notre espoir reposent sur le fils de Soranna, né il y a déjà trois années, et qui porte le nom de ce qui, un jour nous fera tous sombrer. Mais cet enfant ne sera pas l'Ombre, il sera la Lumière"
La salle demeura ensuite silencieuse. Shadow était perplexe : le livre parlait d'une femme portant le même nom que sa mère. Et il repensa soudainement aux paroles de cette dernière, devant le Temple de la Terre. Elle lui avait dit "so caens aoku da fura"... Il savait le traduire, à présent... "Tu es blanc et noir"...
- Il n'y a rien d'autre ? demanda alors Mina, tirant Shadow de ses pensées.
- Non, pas après. Ca se termine comme ça. Mais de quoi est-ce que ça parlait ? Ce maléfice qui agit partout sauf ici ? Qui est le fils du guerrier Soranna ? Et Soranna lui-même ?
- Des légendes, suggéra Mina.
- Pourtant... Tout cela semblait si réel...
Il remit l'ouvrage à sa place.
- Allez, viens, on s'en va.
Ils quittèrent la salle et s'en retournèrent sur le pont. C'est alors qu'ils virent leur propre vaisseau traverser la bulle emprisonnant le royaume, et se garer non sans bruit à côté d'eux.
- Il arrive toujours au bon moment, celui-là, dit Mina avec un sourire.
Jak bondit du vaisseau en s'esclaffant :
- Ah, les gars ! En fait, le vaisseau pouvait aller dans l'eau, j'ai trouvé comment faire, et... Oh, excusez-moi, je crois que je me suis trompé de personnes, dit-il ensuite en se calmant et en dévisageant les deux jeunes humains.
- Jak, c'est nous, répondit Shadow. En entrant ici, on est devenus des humains. Je sais, c'est bizarre. Mais j'en sais pas plus que toi.
Jak semblait effectivement hors d'haleine. Il se posta juste devant Shadow en se grandissant le plus possible et dit :
- Hum, ouais, c'est bizarre. D'habitude on est de la même taille, et là tu me dépasses d'une demi-tête.
- Hem...
Jak recula et bondit à nouveau dans le vaisseau.
- Euh, comment s'appelle le vaisseau ? questionna-t-il.
- La Chimère, répondirent Shadow et Mina en coeur.
- Super, c'est bien vous ! Allez, montez, qu'on quitte cet endroit !
Shadow et Mina s'exécutèrent. Rapidement, la Chimère décolla, accéléra, et remonta vivement vers la surface, d'où elle émergea en trombe et dans une véritable cascade d'eau claire et brillante, avant de repartir vers la grande forêt.
- Eh, s'exclama Mina. On est redevenus comme avant !

Fin du Vingt-sixième chapitre.

Merci beaucoup à tous les deux !

Vingt-septième chapitre : La grande forêt

Peu de temps s'était écoulé depuis que Shadow et Mina étaient redevenus des mobiens. Le vaisseau poursuivait sa route à grande vitesse et ne tarderait pas à parvenir à destination. En effet, cinq minutes plus tard, Jak s'exclama :
- Regardez ! On dirait qu'on arrive !
Le vaisseau était trop à l'est par rapport à l'île, il obliqua alors vers la gauche et fonça vers la plage la plus proche de l'île, où il atterrit lentement, tout près d'un énorme rocher noir.
En descendant de leur engin, Shadow, Mina et Jak contemplèrent l'île : au-delà de la plage, où s'étendait déjà une étendue d'herbe, d'immenses arbres s'élevaient majestueusement vers le ciel. Leurs branches épaisses et solides portaient des milliers de feuilles vertes lentement secouées par le vent. Le centre de l'île ne semblait effectivement n'être fait que d'une unique, et immense forêt verte. Quant à la plage où ils avaient atterri, elle n'était qu'une étendue de sable devant une mer tranquille, jonchée de quelque rocher dispersés sur de nombreux mètres.
- Cette forêt paraît impénétrable, dit Mina. Mais qu'est-ce qu'il fait beau ! Ca fait du bien !
- Elle a raison, Shadow ! renchérit Jak. Dis, si on faisait une petite halte ? On n'a pas fermé l'oeil de la nuit, et on n'est encore que le matin !
- Effectivement... Mais on ne reste pas plus de trois h...
- Génial !! s'écria Jak en se précipitant sur le sable encore en train de chauffer.
Il ôta sa veste, puis s'allongea dessus en regardant le ciel, il poussa un profond soupir qui le détendit, et il ferma les yeux.
- Il a l'air encore plus épuisé que moi ! dit Mina. Bon, je crois que je vais aller chercher dans la forêt quelque chose de comestible. Les réserves de nourriture du vaisseau ne vont pas tarder à manquer, dans quelques jours.
- Ne t'éloignes pas trop ! la prévint Shadow. Souviens toi qu'on est dans le domaine de Silva, ici, et je sens même des puissances magiques sur cette plage !
- D'accord !
Et elle disparut, dans les rayons du soleil à l'orée du bois qui parvenaient à percer le dense feuillage des arbres.
Shadow n'était pas très rassuré. Il se tourna à nouveau vers Jak, qui semblait s'être assoupi. Il s'assit donc à son tour sur le sable, s'allongea, ferma les yeux, mais rien à faire : il ne parvenait pas à se détendre. Sans doute était-ce la cause de tous les mystères qui demeuraient sans réponse dans son esprit. Et plus le temps passait, plus le nombre de ses questions augmentait. Il repensa à cet étrange jeune homme, Skay. Il ressentait toujours cette impression de l'avoir déjà vu, de le connaître. Mais pourtant, il n'avait aucun souvenir de lui.
Une heure passa sans se presser. Puis une deuxième. Jak dormait toujours. Tendu et inquiet - malgré le fait que ce n'était absolument pas dans ses habitudes, Shadow avait déambulé dans tout le vaisseau et avait fait tout le tour de l'île. Mais sans jamais ne voir Mina.
À présent que le début de la deuxième heure s'écoulait lentement, Shadow était assis à l'ombre de La Chimère. Il était complètement coupé du monde extérieur, plongé dans ses pensées. Après tout, il ne parvenait pas à se détendre. Il prit l'épée d'Argent rangée dans son dos, et la regarda. Le premier et déjà grand fragment était parfaitement en place, on aurait dit qu'il n'avait jamais été séparé de son pommeau ni de sa garde.
- Comment ai-je pu me tromper à ce point, lorsque je voulais encore venger Maria ?... Je me souviens parfaitement du jour où je me battais dans l'espace aux côtés de ce hérisson... Sonic, il s'appelait, je crois...
C'est alors qu'un éclair traversa son esprit. Et ce fut à ce moment là qu'il se rendit compte qu'il était en train de tout oublier. Il faillit ne pas se souvenir de la cause pour laquelle il avait abouti sur Terre. Il était réellement en train d'oublier son passé, et le nom des amis de Sonic lui avaient complètement échappé. Il replongea dans ses pensées :
- ( Je ne dois pas oublier mes souvenirs... Mais pourtant, c'était ce que je voulais il y a peu, non ? Alors pourquoi plus maintenant ? )
Il se releva, et rangea son arme dans son dos.
- ( ... Peut-être que j'apprends à avoir des amis... Mais... dans mon village natal, je connaissais l'amitié, pourtant ! J'aurais quand même besoin de m'y refaire ? Je ne comprends plus rien... )
La troisième heure de repos n'allait pas tarder à s'achever lorsque Jak se réveilla justement. Il se releva en bâillant sans retenue, puis tourna la tête vers Shadow, qui fixait la forêt sans bouger.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda le jeune garçon en se grattant la tête.
- C'est Mina, répondit le hérisson noir. Elle n'est toujours pas revenue.

Jak fixa la forêt avec étonnement :
- Elle doit avoir des ennuis ! Shadow, profitons qu'il fait clair, et allons la chercher !
- Tu as raison. Je suis certain que sur cette île, il y a plus de dangers que d'arbres...
Shadow et Jak qui venait de remettre sa veste repartirent alors en direction de la forêt, d'un pas calme, mais avec en eux l'inquiétude.
À peine engagés entre les hauts arbres, les deux alliés se sentirent d'un coup moins rassurés. Certes, les lieux étaient fort jolis, avec ces arbres aux formes diverses et variées, élégantes et couvertes de feuilles brillantes, mais il régnait une atmosphère de danger permanent, accentué par le fond de la forêt, qui semblait pour sa part sombre comme une caverne. Jak ne s'abstint pas de le faire remarquer :
- Il fait super sombre, là-bas ! Si ça se trouve, elle s'y est perdue. En plus c'est flippant par ici !
- Raison de plus pour s'inquiéter, répondit Shadow en continuant de marcher.
Jak lui cria de l'attendre et ne le lâcha plus d'une semelle. Au fur et à mesure que les lieux s'assombrissaient, un petit sentier se dessina sous leurs pas. Tout était silencieux, mis à part le faible craquement des brindilles et feuilles sous leurs pas. Au bout de quelques minutes, Shadow et Jak parvinrent jusqu'à une clairière, où les arbres s'écartaient pour laisser voir le ciel clair et les nuages blancs voguer dans les cieux. À l'autre extrémité de la clairière, quelqu'un d'évanoui était allongé dans l'herbe, les mains attachées dans le dos. Jak s'écria :
- MINA !
Il se précipita vers elle aux côté de Shadow, mais les deux alliés furent contraints de stopper leur course lorsque, surgissant devant eux, une lame sombre qu'ils connaissaient leur empêcha s'aller plus loin :
- Te voilà enfin, cracha une voix railleuse. Je t'attends depuis plus d'une heure, figure-toi.
Shadow et Jak reculèrent et sortirent leurs armes. Quelqu'un qu'ils pensaient avoir déjà vu s'était dressé face à eux. Un hérisson aux yeux rouges, avec une cicatrice fine et profonde sur l'oeil droit, une fourrure argentée parfois ornée de blanc. Et surtout, cette longue épée noire.
- Je t'avais bien dit qu'on se reverrait, déclara le hérisson.
- Skay ! s'exclama Shadow, plein de colère. Toi aussi, tu es un mobien en réalité !
Un sourire crispé se plaqua sur le visage du hérisson argent qui dit ensuite :
- Comme tu peux le voir. Je savais que cette fille serait l'appât idéal.
- S'en prendre aux plus faibles, c'est juste un moyen de se faire traiter de lâche, répliqua Shadow, toujours écumant de rage.
Pendant une seconde, son regard obliqua sur Mina, derrière Skay. Elle était toujours allongée, et ne bougeait pas. Avait-elle froid ? Mal ? Avait-elle besoin d'aide ? Shadow frémissait de rage de ne pas pouvoir aller l'aider. Plutôt, sans crier gare, il se rua sur Skay.

Shadow brandit son katana et le rabattit avec force sur son adversaire, qui l'évita d'un bond, puis brusquement, deux ailes noires de démon surgirent de son dos, et il s'envola, rapide comme l'éclair. Shadow et Jak - surtout Jak - étaient médusés. Ainsi, Skay avait, comme Shadow et son père Umbra, un démon en lui ! Ces ailes lisses et aux avant-bras démesurés en étaient la flagrante preuve. Aussi, Skay semblait doté lui aussi d'une puissance hors du commun.
Mais Shadow ne recula pas : il bondit sur son adversaire, aussi haut qu'il le put, et lui envoya une vague foudroyante à laquelle il ne s'était pas attendu : il recula, touché de plein fouet, en exécutant un tonneau malgré lui. Et Skay s'était à peine stabilisé à nouveau que Jak se ruait sur lui à son tour, katana brandi. Le hérisson argent dut faire fort pour l'éviter. Ensuite, il s'envola un peu plus haut, afin d'être hors de portée de ses deux ennemis.
Shadow réfléchissait à toute allure pour trouver un moyen de le vaincre à présent, lorsqu'une voix qu'il connaissait, railleuse, sombre, lui dit dans son esprit :
- ( Je vois. Tu es tombé sur un autre semi-démon. Il est puissant, tu vas avoir besoin de cela, certainement... )
C'était la même voix qui lui avait parlé à deux reprises dans le temple de Syrùth. Et, comme il s'y était attendu en une fraction de seconde, à son tour, il sentit deux ailes noires affûtées émerger de son dos, très peu avant qu'il ne se serve de ces nouveaux atouts pour s'envoler vers Skay, à toute allure, et lui décocher un puissant coup de katana dans l'abdomen.
Suffoquant légèrement, Skay recula dans le ciel sous les yeux de ses deux ennemis, et une fois son souffle retrouvé, il fixa méchamment Shadow :
- Je te le ferai payer !! lui cria-t-il.
Et il disparut dans la voûte encore claire du ciel. Jak s'était déjà précipité sur Mina pour défaire ses lianes qui lui faisaient office de liens, et la jeune mangouste se réveilla lentement :
- Jak... c'est toi ?
C'est alors que, oubliant sur-le-champ toute fatigue, elle se redressa, et fixa Shadow avec toute la peine du monde :
- Oh, Shadow, pardonne-moi ! Je suis tellement navrée pour ce qu'il s'est passé, mais je n'ai rien pu faire ! Je marchais dans le bois lorsqu'il est apparu, et...
- Je comprends. Allons-y, répondit Shadow sèchement.
Il sortit de la clairière en rangeant son katana, sans rien dire de plus. Jak aida Mina à se relever :
- Ne t'en fais pas, lui dit-il avec un sourire qu'il voulait réconfortant. Il est juste un peu contrarié. Suivons-le jusqu'à Silva, et au passage, je te conseille de ne pas lui adresser la parole avant un moment.

Leur route se faisait de plus en plus obscure au fur et à mesure qu'ils progressaient vers le coeur de la forêt. Les buissons devenaient peu des orties, les grands arbres se changeaient en ronces immenses, et la route se faisait de plus en plus tortueuse et pénible. Il fallait regarder partout pour ne pas, notamment, se prendre les pieds dans les lianes au sol, ou encore se frotter d'un peu trop près aux dangereuses ronces, et leurs épines meurtrières.
Mais cette voie, si pénible fut-elle, les amena dans une clairière immense, mais qui pourtant n'en était pas une : Des lianes et des ronces emmêlées créaient un toit végétal et très haut, et orné de fleurs aux diverses couleurs, malgré l'obscurité. L'obscurité qui s'atténuait un peu grâce à la source de lumière au centre de la grotte de végétation.
C'était Silva. Une syrienne au moins aussi grande que Squama, avec un teint très pâle, une chevelure comme d'herbe brillante, de longs yeux blancs, un visage aux traits féminins et presque joli, avec une petite bouche dotées de lèvres vert feuille. Ses habits n'étaient que des enchevêtrements de feuilles qui volaient autour d'elle, lumineuses et ornées d'étincelles multicolores. Une grande fleur rose était grande ouverte sur sa poitrine, et pour sa part, n'y bougeait pas. Silva flottait au-dessus d'un nid de feuilles, et son visage était presque sage. Jak s'empara déjà de son arme et la brandi avec force :
- Ne gaspilles pas ton énergie, jeune guerrier, dit la sage voix de Silva.
- Comment ? Et pourquoi on t'épargnerait, hein ?!
- Car je peux vous apprendre beaucoup.
- ( Finalement, elle n'est pas très différente de l'autre ) songea Shadow.
Silva braqua de plus bel son regard sur le jeune garçon et dit d'une voix très calme :
- Toi, tu commences à m'énerver.
Et, avec une force inouïe, elle envoya Jak à l'autre bout de la clairière rien qu'en faisant un rapide geste du bras vers lui.
Afin de lui faire regretter son geste, Shadow se rua sur Silva. Celle-ci ne fut pas surprise par l'attaque : elle fit fermer la fleur qui ornait sa poitrine et repoussa le hérisson noir d'un coup invisible. Pendant ce temps, Mina contournait Silva et, utilisant sa vitesse vertigineuse, elle lui lança un sort dans le dos qui la frappa, mais la syrienne ne paraissait pas très blessée ; par contre, il allait sans dire qu'elle s'énervait de plus en plus. Elle envoya voler Mina un peu plus loin ; la jeune mangouste s'étala dans l'herbe, et faillit même se heurter à une énorme ronce. Mais elle ne laissa pas tomber : elle revint dans l'immédiat à la charge, en essayant d'oublier la douleur. Silva ne s'y attendait pas, car elle était en train de lutter contre Shadow et Jak, de retour. Alors, elle se prit un nouveau sort en pleine tête, et cette fois, ressentit une vive douleur.
Cette fois, Silva écumait de rage : elle frappa Mina, mais cette fois-ci, elle se donna vraiment la peine de brandir sa main aux longs doigts fins et de la rabattre à toute allure sur la jeune mangouste, qui eut encore plus mal. Elle s'écroula à nouveau dans l'herbe, en se tordant de douleur. Son attaque avait beau avoir été parfaite, sa résistance laissait à désirer.

Jak voulait rejoindre son amie, mais la syrienne ne semblait pas d'accord pour le laisser passer. Shadow, quant à lui, venait de remarquer, qu'à chaque fois qu'il approchait Silva, la fleur qui ornait la poitrine de cette dernière se fermait, son coeur alors dissimulé par de solides pétales.
- ( Il doit s'agir de son point faible ) songea le hérisson noir.
Jak s'en aperçut également, mais il ne valait même pas la peine d'essayer d'approcher Silva : sa fleur aurait largement le temps de se clore. Alors, Shadow se concentra, mit toute son énergie dans sa lame de foudre, et se rua sur son ennemie.
Celle-ci ferma sa fleur sur-le-champ et commença à contre-attaquer. Jak, quant à lui, attendait le moment propice.
Le hérisson noir tournait autour de Silva, lui décochant parfois un coup foudroyant, ou jetant rapidement un coup d'oeil à Mina, qu'il avait le temps de voir à demi allongée, une main sur la tête et une expression de douleur sur son visage. Pendant ce temps, Jak restait immobile, son épée bien en main. Parfois, il risquait un tout petit pas en avant, afin d'être le plus proche possible de la syrienne. Shadow avait beau cribler de coups cette dernière, elle ne semblait pas très blessée. C'est alors qu'elle se prit une attaque magique qui lui tomba dessus comme un rayon, et elle recula, surprise et pleine de douleur. Elle tourna brusquement sa tête vers Mina, qui s'était relevée, essoufflée, et un maigre sourire aux lèvres, malgré le fait qu'elle était terrorisée par le regard de Silva qui lui transperçait l'esprit.
Shadow se rua juste devant Mina, et brandit son arme férocement :
- Si tu veux lui faire le moindre mal, tu devras d'abord me tuer.
Mina fut surprise. Elle pensait bien faire ; elle pensait que son sort aurait créé une diversion idéale pour Shadow. Mais celui-ci était en train de la protéger, alors qu'elle lui avait offert une bonne occasion de porter un coup fatal à la syrienne. Alors pourquoi ?
Soudainement, Silva ouvrit la fleur de sa poitrine, et celle-ci se mit à briller. Elle préparait une attaque puissante, ce que Jak, derrière elle, compris sur-le-champ : il fut le plus rapide pour foncer sur elle, la contourner, brandir son épée, mais sa lame trancha le vide...

Le jeune garçon venait de comprendre qu'il avait manqué son coup lorsqu'une lumière aveuglante émana du corps de Silva. Par réflexe, les trois alliés se mirent un bras devant le visage. La chaleur se mit à grimper, à grimper, et bientôt, Shadow et Mina furent incapables de faire le moindre geste. Sauf Jak.
Par chance, il ne se trouvait pas en face de Silva, donc celle-ci pouvait moins l'affecter avec son pouvoir. Tout de même accablé par la chaleur, Jak se traîna avec l'énergie qui lui restait juste derrière Silva. Poussant un cri de rage, il sauta très haut, brandit son épée, et cette fois-ci, en enfonça la lame dans son dos. La syrienne écarquilla les yeux. La lame de l'épée gardienne venait de ressortir par la fleur rose qui lui servait de coeur.

Poussant un cri de rage, Silva toisa une dernière fois les Shadow et Mina juste devant elle, puis elle s'effondra lentement avant de disparaître à jamais. Laissant, par la même occasion, un objet brillant qui fila vers l'épée d'Argent et s'y souda. Un deuxième fragment de sa lame. Shadow et Mina se relevèrent, épuisés, et Jak leur accorda un sourire, le visage toujours en sueur, mais le coeur battant, et encore, sans aucun doute, de l'énergie à revendre.

Fin du Vingt-septième chapitre.

Merci beaucoup, Mysti ! Et puis pour Shadow... je pense que ta petite idée n'est pas fausse XD
Bon, voilà -enfin- le chapitre suivant.

Vingt-huitième chapitre : Skay et le palais démoniaque

- Et maintenant ? demanda Mina. Quelle est la prochaine syrienne ?
- Penna, dit Shadow. Jak ?
- C'est encore du latin. Et ça veut dire : "la plume".
- Tu as une idée, alors ?
- Hum... Attendez voir...
Sur ce, il alla se noyer dans son océan de cartes géographiques. Tandis qu'il sombrait, Shadow restait appuyé contre l'une des parois du vaisseau, songeur. Mina alla le voir :
- Qu'est-ce que tu as ? Tu m'as l'air encore plus fermé que d'habitude.
- C'est Skay, répondit le hérisson noir après un court silence. Il me perturbe. J'ai en effet l'impression que nos chemins se croiseront à nouveau...
- Ne t'en fais pas. Il n'est pas plus fort que nous trois réunis, n'est-ce pas ?
- Justement, j'en doute. Il est un semi-démon, comme moi, et il use lui aussi de pouvoirs démoniaques très puissants. Je ne maîtrise pas encore tous mes pouvoirs, alors que lui, il a l'air très habitué à le faire.
Mina poussa un léger soupir. Puis elle demanda, profitant que Jak était toujours enseveli sous ses cartes :
- Au fait, je voulais savoir... Pendant le combat contre Silva, je t'avais créé une diversion parfaite pour te permettre de l'atteindre, mais... tu es venu me défendre. Je veux que tu me dises pourquoi tu as fait ça, étant donné que d'habitude, tu est plutôt offensif.
Shadow détourna un moment les yeux, puis déclara d'un air un peu agacé :
- Parce que je ne vais pas laisser mes uniques alliés se faire tuer par mes ennemies, c'est tout ! Si vous n'êtes plus là, je ne réussirai jamais à atteindre Inferna. Ca y est, satisfaite ?
Il se retira, énervé comme s'il venait de se faire vaincre par le plus faible des humains. Mina le regarda s'éloigner, la mine déçue. Satisfaite ? Pas du tout. Ainsi, c'était juste une question d'alliance, c'était juste pour ne pas se retrouver seul qu'il la protégeait, ainsi que Jak ! Il n'avait aucun sens de l'amitié, et les considérait comme de simples alliés ! Mina en était déprimée. Elle qui pensait que Shadow avait agi par amitié, ou bien peut-être...
Elle secoua la tête vivement, reniant cette idée en rougissant légèrement. Oui, c'était impossible. Impossible...

À l'issue d'un bond quart d'heure, Jak émergea finalement de son océan de papier en brandissant bien haut une carte jaunie :
- Je crois que j'ai trouvé ! annonça-t-il. J'ai cherché partout, et c'est le seul truc que j'aie trouvé. C'est une tour sur Mobius qui porte le nom de "citadelle des nuages".
- Allons voir, proposa Shadow. Avec un peu de chance, tu auras raison.
- Compris, chef !
À ces mots, il bondit littéralement aux commandes, et s'apprêta à faire décoller le vaisseau. Mais avant, Shadow l'avertit :
- Je te préviens si tu fais l'imbécile c'est Mina qui y retourne. Compris ?
- Pas de problème ! répondit Jak avec un grand sourire, et en se mettant au garde à vous.
Mina rit un peu et Shadow poussa un soupir. Décidément, Jak n'était pas quelqu'un de facile à impressionner.
Le voyage qui suivit se fit dans les bavardages. À l'issue de deux heures, La Chimère traversa le portail qui l'amena directement sur les terres verdoyantes de Mobius. Elle survolait une forêt parsemée de clairières lorsqu'elle se fit surprendre par la tempête. La pluie s'effondra en trombe sur toute la région, n'épargnant pas une seule parcelle de terre ou d'herbe. Le ciel était sombre, sur Mobius, la nuit venait à peine de tomber, et la lune était invisible, dissimulée par les grands nuages qui voilaient le ciel de leurs formes sinistres. À partir de ce moment-là, il y eut bien moins d'ambiance dans le cockpit du vaisseau, puis personne ne dit plus rien. Finalement, après un quart d'heure, Mina fut la première à briser le silence :
- La pluie... c'est déprimant, dit-elle.

La pluie se faisait de plus en plus abondante. La Chimère était frappée de toutes parts comme par des pierres énormes, des éclairs tombèrent à l'horizon, et près du vaisseau qui se déstabilisait régulièrement. Partout, animaux et oiseaux fuyaient, comme s'il n'y avait jamais eu d'aussi grosse tempête à la surface de la planète.
- Je ne contrôle plus rien ! s'écria alors Jak.
Sous les trombes d'eau, le vaisseau commençait à descendre dangereusement vers les arbres de la forêt, secoué par les rafales de vent, et les gouttes de pluie lourdes comme des pierres. C'est alors que la forêt s'arrêta brusquement, et non loin, une sorte de grand bâtiment se fit voir, dressé très haut au beau milieu d'un immense vide parsemé de quelques arbres dans la forêt colossale.
- Qu'est-ce que c'est ?! s'exclama Mina en contemplant le bâtiment lugubre et inquiétant.
- On dirait une sorte de temple, dit Shadow.
- Quoi qu'il en soit, on fonce droit dessus ! s'écria Jak.
Effectivement, incontrôlable, La Chimère descendait non sans secousses et à une vitesse effrayante vers l'édifice étrange. Jak eut beau avoir essayé de la stabiliser, elle rasa la cime des arbres en cassant quelques branches, puis retomba comme un rocher en direction de bâtiment.
Jak tourna au dernier moment vers la droite, et put éviter le bâtiment qui passa en un coup de vent à côté d'eux, mais le vaisseau ne fut pas redressé correctement, et il s'effondra sur le côté dans l'herbe boueuse, parcourut en glissant quelques mètres avant de s'arrêter complètement.
Derrière elle, La Chimère avait laissé une grande marque d'atterrissage forcé. La pluie s'arrêta alors, peu à peu, et le ciel malgré tout sombre retrouva son calme.
Jak sortit la tête du vaisseau par la trappe métallique en haut du cockpit, et dit :
- Je suis mal garé.
En effet, il venait de remarquer que son vaisseau était tombé sur le côté, et que lui-même se trouvait actuellement à l'horizontale.
- Quelle tempête en tout cas ! Tout va bien, les gars ?
Mina sortit du vaisseau et mit pied à terre :
- Moi, ça peut aller. Je commençais à avoir mal au coeur.
Shadow sortit à son tour :
- Ouais. On n'a pas eu de chance, ça va être difficile de repartir.
- Je te le fais pas redire ! approuva Jak. Au moins, la pluie s'est arrêtée...
Les trois alliés regardèrent alors en direction du grand édifice. Il était très haut, noir, avec un escalier qui menait à l'entrée, et un toit en pierre grise. Il semblait vieux, et avait un aspect lugubre.
- On essaye d'aller à l'intérieur ? proposa Jak.
- Essayez seulement ! leur rétorqua une voix.
Shadow sortit son arme. Skay venait d'atterrir devant eux.

- Encore toi ! s'exclama Jak. Ce coup-ci, on ne va pas te laisser filer !
Skay foudroya le jeune garçon du regard :
- Tais-toi, morveux.
Puis il se mit à fixer Shadow :
- Si tu veux entrer dans ce bâtiment, il faudra d'abord me passer sur le corps !
- Aucun problème, répondit le hérisson noir.
Mina et Jak se mirent à leur tour en position de combat. Skay remua un peu ses ailes noires puis dit :
- Trois contre un, ce n'est pas très loyal.
- Personne ne t'a obligé à te battre, répliqua Shadow.
Skay s'envola à à peine un mètre du sol ; puis déclara en brandissant son arme :
- Dans ce cas, je vous attends.
Shadow chargea son adversaire tellement vite que ce dernier en fut surpris. Il sauta très haut et frappa Skay au niveau du torse ; celui-ci écarquilla les yeux et recula dans les airs, toussa puis fonça à son tour sur Shadow qui para l'attaque difficilement. S'ensuivirent des échanges de coups auxquels Jak décida de se mêler : il brandit son arme tandis que Mina préparait une attaque à distance, et commença à faire reculer le hérisson argent. Mais ce dernier était d'une puissance largement supérieure à la sienne : en un coup de vent, il se plaça derrière Jak, et avant que ce dernier n'aie le temps de s'en rendre compte, un violent coup lui frappa le dos violemment, et il fut projeté en avant, et atterrit à genoux juste à côté d'une grande flaque de boue.
Shadow repartit alors à l'assaut. Pour sa part, il semblait avoir l'avantage : et malgré ses ailes et son habilité, Skay passait régulièrement sur la défense. Mais c'était seulement une stratégie de sa part.
Effectivement, à la fraction de seconde où Shadow baissa son arme et reprit son souffle, Skay lui décocha un grand coup, puis enchaîna encore de deux coups suivis avec une rapidité surprenante :
- Quelle vitesse ! s'exclama Jak en se relevant.
Skay revenait à la charge. Ses coups, rapides et puissants, empêchaient Shadow de tenter toute offensive. Finalement, le duel s'annonçait serré.
Shadow bondit en arrière pour éviter un coup dans les jambes, mais resta sur place pour souffler un moment. Il était déjà épuisé, car se battre contre quelqu'un qui avait au moins l'équivalent de sa force était difficile.
Alors que Skay allait retrouver un réel avantage, un sort foudroyant s'écrasa sur lui et il poussa un cri de rage. Se tournant vers Mina, il compris sur-le-champ que c'était elle qui était à l'origine de cette attaque imprévisible. Il tendit la main vers elle, et soudainement, la jeune mangouste qui allait lancer une autre attaque, se retrouva complètement paralysée. Ses jambes tremblèrent, mais se se déplacèrent pas : elle tenta de manier son sceptre, mais cela aussi lui était impossible.
- Laisses-la !! cria férocement Jak au hérisson argent.
Le jeune garçon avait chargé à toute vitesse son adversaire, mais ce dernier le repoussa en faisant un signe de la main vers lui : une force invisible l'envoya quelques mètres plus loin.
- Et restes-y, ricana Skay avec un mince sourire.
Soudain, une lame sur son épaule. Une douleur atroce mêlée à des éclairs furieux. Skay recula brusquement, en poussant un rugissement de douleur, et Shadow redressa son arme. Il avait eu de la chance : sur le coup, son adversaire avait manqué de prudence, et baissé sa garde ; ce qui venait de lui coûter un coup bien placé de la part du hérisson noir.

Et la charge ne s'arrêta pas. Libérée de sa paralysie, Mina lança une seconde attaque qui s'effondra sur Skay, puis un autre coup de Shadow suivit l'exemple, enfin, ce fut Jak, de retour, qui envoya son arme frapper la cage thoracique du hérisson argent qui, pris d'une douleur aiguë, se sentit trahi par son corps qui relâcha tout appui qui aurait pu lui permettre de se battre encore : il s'effondra.
Ses ailes noires disparurent, et son corps se détendit. Puis il entrouvrit les yeux, et la première chose qu'il vit, ce fut une lame de katana pointée sur sa gorge :
- Maintenant, dis-moi qui tu es, lui ordonna Shadow.
Skay se releva lentement, puis soupira. Aux côtés de Shadow, Jak et Mina ne baissaient pas leur garde, peu confiants.
- Tu ne t'es jamais demandé pourquoi comme toi, j'avais du sang de démon, alors qu'il n'y a qu'une seule famille semi-démoniaque sur Ethera ? questionna Skay.
- Si, répondit Shadow. Cela me semblait effectivement étrange, mais il y a tellement de choses étranges qui m'entourent encore... Une de plus ou de moins, qu'importe ?
Skay baissa les yeux.
- Je voulais savoir si c'était bien toi, Shadow, le Prêtre, car je n'y croyais pas, déclara-t-il.
- De quoi tu parles ? fit Shadow.
- Tellement de personnes racontaient que tu étais mort, tué par les humains ! Au début, j'ai refusé de le croire, et c'était pareil pour père, ça l'avait mis hors de lui.
- Alors tu vas te résigner à me dire qui tu es ? C'est qui ton père, exactement ?
- Le tien...
Shadow fronça les sourcils, abasourdi.
- Nous sommes frères, ajouta Skay en regardant le sol.
Shadow peinait à le croire. Il dévisagea Skay, et reconnut alors ce regard d'assassin, ses yeux rouges, ainsi que les formes de ses piques. Après réflexion, il était vrai que le hérisson argent lui ressemblait grandement.
- Et comment tu sais qu'on est frères ? questionna Shadow, visiblement toujours sur la défensive.
- Un démon ne ment jamais, répliqua Skay. Je t'ai toujours cru mort depuis le jour où on m'a convaincu de me faire à cette idée, alors lorsque j'ai appris qu'un Prêtre était en quête pour tuer Inferna, je me suis d'abord dit que quelqu'un se faisait passer pour toi. Pour Shadow, mon frère aîné. C'est pour cela que je t'ai défié à trois reprises. Seul toi et tes Braves auraient été capables de me vaincre. Mais maintenant, je sais que c'est vraiment toi, même si j'en suis encore stupéfait. Dis-moi, qu'est-ce qui t'est arrivé, au juste ?
- Eh bien... En résumé, je me suis fait enlever par les humains. Ils m'ont fait perdre la mémoire, je suis devenu voleur un an plus tard, puis j'ai retrouvé Lie-ker et on est partis voir les démons gardiens. Ils m'ont fait retrouver ma mémoire, et maintenant, il ne me reste plus qu'à reconstituer l'épée d'Argent que Inferna a brisée.
- Elle est puissante, déclara Skay. J'espère que tu as confiance en toi.
- Suffisamment, je pense. Mais maintenant, je voudrais savoir comment se fait-il que je ne t'ai jamais connu.
- Je vais tout te dire. Quand un membre de la famille semi-démoniaque naît, on doit l'emmener dans un endroit où un démon viendra habiter son âme. Tu dois savoir qu'un démon, ou plutôt une flamme de démon partage ton corps, n'est-ce pas ? Car ce sont ses pouvoirs qui te permettent d'avoir des ailes, et d'user de terrifiants pouvoirs. À ta naissance, tu es allé dans ce lieu où vivent de nombreuses flammes de démons. Et ce lieu, c'est l'édifice derrière moi.
Les Black Spies tournèrent alors leur regard vers l'imposant bâtiment. Un mythique palais démoniaque ! Il devait avoir au moins mille ans, si ce n'est plus !
- Trois ans après ta naissance, continua Skay, je suis né à mon tour. Mais les anciens Sages avaient décrété que les Prêtresses ne devaient s'occuper que d'un seul enfant. On m'a donc emmené dans ce palais, où j'ai grandi avec notre père. Il m'a appris à me battre, et à maîtriser mes pouvoirs de démon.
"Mais alors que j'avais quinze ans, on a appris que tu avais disparu, et père était hors de lui. Il ne cessait de répéter qu'à tous les coups, les humains t'avaient tué, que c'était de sa propre faute, et ça le mettait très en colère. Le soir, je suis allé me coucher, inquiet et soucieux, doutant que j'allais te connaître un jour. Et le lendemain, très tôt, lorsque je me suis levé, j'ai cherché partout dans le palais, mais j'ai réalisé que j'étais seul.
Skay releva les yeux :
- Père était parti.
Shadow, comme Jak et Mina, en restait muet.
- Alors maman m'avait toujours caché que j'avais un frère... dit-il, songeant à haute voix. Je me demande pourquoi.
- En tout cas, depuis ce jour, père lance des attaques partout sur Ethera et n'assume plus son rôle de roi des démons ; mais cela aussi, tu dois le savoir.
- Effectivement.
- Et au fait, Lie-ker n'est pas avec toi ? Père me parlait d'elle parfois, il me disait qu'elle était une Sage très gentille, et qu'un jour je ferais sa connaissance. J'ai cru comprendre qu'elle avait mené sa quête avec toi. Alors où est-elle ?

Que ce fut Shadow, Jak, ou Mina, personne ne put répondre. Chacun se contenta de détourner le regard. Skay regarda les trois amis, surpris. Puis finalement, il baissa les yeux à son tour.
- Alors comme ça, elle est décédée. C'est une terrible nouvelle.
Shadow redressa la tête, surpris à son tour. Soit son frère était doté d'une immense perspicacité, soit les démons savaient aussi lire dans les pensées.
- Vous savez, ce n'était pas compliqué pour moi de comprendre ce qu'il c'est passé, répondit Skay. Dans votre regard, j'ai pu lire qu'il s'était tramé quelque chose d'atroce, et que nul ne saurait réparer. Un démon a de nombreux pouvoirs cachés, et peut être imprévisible. Quoi qu'il en soit, je veux me joindre à vous. De cette façon, je pourrai moi aussi jouer mon rôle dans le sauvetage de cette galaxie.
Shadow interrogea Jak et Mina du regard, et ceux-ci approuvèrent d'un signe de tête en souriant.
- Parfait, tu es le bienvenu parmi les Black Spies, Skay, déclara Shadow. J'espère que tu t'y plairas.
- Ouais ! approuva Jak. Mais on va avoir du mal à repartir tant que notre vaisseau sera aussi mal garé.
Skay rit un peu en voyant l'imposante Chimère effondrée dans la boue, puis il se tourna vers son frère aîné :
- J'ai quelques trucs à t'apprendre. Viens, je vais te montrer comment te servir du démon qui est en toi.

Fin du Vingt-huitième chapitre.

Merci ^^
Si ça t'intéresse, je me suis fait un topic sur le forum de fan Arts, avec mes dessins. Sinon, j'illustrerai ma fic de temps en temps avec des dessins, maintenant que je sais comment faire ^^

Bon, vlà la suite.

Vingt-neuvième chapitre : Traqués par la mort

Shadow et Skay étaient devant la forêt. Mina et Jak les regardaient de loin, auprès de leur vaisseau toujours renversé. Chacun des deux hérissons avait sorti son arme :
- J'ai beau n'avoir que dix-sept ans, déclara Skay, j'ai acquis une quantité considérable d'expérience. Je pense être capable de te pulvériser d'un seul geste.
Shadow ne réagit pas visiblement :
- Vraiment ? ironisa-t-il.
Skay sourit :
- C'est bien. Un démon doit toujours savoir maîtriser sa colère. Car la créature qui sommeille en toi est ta plus grande faiblesse, malgré les apparences. Elle n'est nourrie que de colère. Et lorsqu'on est énervé, en tant que semi-démon, il est très difficile de se calmer. Car le démon en ton corps ne connaît que la colère. La haine. Ce monde les a maudits et depuis, ils n'ont gardé les traces que de lourdes reproches. Il faut apprendre à les apaiser, car sans eux tu ne saurais pas t'en sortir. Ni vivre.
- Pourquoi ça ? demanda Shadow, toujours aussi détendu. Jak, Mina, et tous les autres humains et mobiens n'ont aucun démon en eux. Comment se fait-il qu'ils puissent être si forts, et puissent vivre si longtemps ?
- C'est très simple. Dès le moment où le démon entre dans ton corps, ce dernier se retrouve protégé par une immense force. Alors il s'habitue à cette force et finit par oublier ses propres défenses. Mais si le démon meurt ou part, il emmène avec lui sa puissance : résultat, le corps devient trop fragile et l'on ne peut plus vivre car on n'a plus la moindre défense.
- Je vois.
- Maintenant, pour ce qui est maîtriser tes ailes : te servir d'elles, signifie plutôt "te servir du démon à l'intérieur de toi". Si tu parviens à contrôler sa haine et à ne faire réellement qu'un avec lui, alors il agira comme bon te semble. Cela demande beaucoup d'entraînement ; bien que ça dépende aussi de ton démon.
- Vraiment ? Leurs caractères jouent un rôle dans leur manipulation ?
Non loin de là, Jak les regardait avec de plus en plus d'impatience.
- Ils pourraient pas se dépêcher un peu ? Je veux la baston, moi !
Mais la conversation continuait :
- En quelque sorte, oui. Il y a des démons plutôt calmes et sages - bien qu'ils le soient tous en réalité, mais d'autres sont légèrement plus véloces et coléreux que d'autres. Et le mien a beau être particulièrement calme, j'ai mis du temps à ne faire qu'un avec lui.
- Cela doit demander beaucoup de concentration.
- Énormément. Bien sûr, le démon agit parfois par lui-même. Comme pour sauver in extremis son hôte d'un danger qui le menace. Car le démon meurt s'il vient à quitter le corps de son hôte. À partir du moment où tu deviens semi-démon, tu ne peux plus vivre sans ton démon, et il en va de même pour lui.
Shadow se souvint alors de lorsqu'il était dans le Temple de Syrùth, qu'au moment où son père allait le tuer, une voix glacée lui avait crié de partir au fond de lui-même. Et que là, deux immenses ailes noires, lisses et effilées comme des lames avaient surgi de son dos, et l'avaient fait décoller en un rien de temps, le libérant de l'emprise maléfique d'Umbra.
- Je veux parvenir à contrôler mes ailes, déclara Shadow. Puisque tu m'as l'air si compétent, Skay, apprends-moi à adopter la puissance des démons.
En guise de réponse, Skay fait un saut en arrière, à la seconde où il atterrit, deux ailes noires avaient surgi de son dos. À la fraction de seconde qui s'ensuit, il s'envole, tournoie dans le ciel tout en préparant une boule d'énergie blanche qu'il relance dans l'immédiat sur Shadow. Ce dernier esquiva habilement. Skay fonça sur son frère qui entreprit d'esquiver à nouveau, puis qui sortit son arme. Le hérisson d'argent venait de faire pareil. Skay fonça sur Shadow une nouvelle fois : le hérisson noir fut plus rapide et frappa son adversaire, mais l'on n'entendit qu'un bruit de lame. En effet, Skay avait paré l'attaque :
- Tu te débrouilles bien, déclara-t-il avec un sourire. Maintenant, place au plus important !
Jak était content. L'entraînement durait de longues minutes, fatigantes ou passionnantes, et à l'issue d'une heure de travail acharné, les deux hérisson rejoignirent enfin Mina et Jak. Celui-ci s'écria :
- Ah, vous revoilà ! Vous devez être morts de fatigue ! Alors, ça donne quoi ?
Shadow s'arrêta, échangea un regard avec son frère, puis il détendit son corps et ferma les yeux. Le vent autour de lui commença à s'agiter, et si brusquement que Jak et Mina en sursautèrent, deux ailes noires, lisses et aiguisées surgirent du dos de Shadow et brillèrent un instant au soleil de retour. Skay décocha un sourire. Shadow avait appris à sortir des ailes de son dos en une heure, alors que lui il lui avait fallu plus d'une journée. Pour l'instant, il sentait qu'il avait accompli sa tâche.

Dressé fièrement sur les terres désertes de Syrùth, le domaine d'Inferna, Ke souSidera Talim, le Royaume aux Illusions, prenait une place incroyable, ce qui pour le paysage sans vie et désert ne posait nul problème. Au sommet de l'inquiétant édifice, se trouvait une très vaste salle de forme ronde et perchée au sommet d'une tour. Une étrange et grande jeune femme s'y trouvait. Elle avait une chevelure dorée aux quelques reflets roux et des yeux jaunes, cruels et impitoyables. Son mince corps était recouvert d'une longue robe dorée aux accessoires divers, dont de longues plumes qu'elle portait en colliers et entre ses mèches brillantes. Et devant elle, effondré dans les deux centimètres d'eau dans laquelle était noyée la salle, un hérisson noir semblait presque mort de fatigue.
- Tu es désespérant, Umbra, dit la jeune femme au hérisson. Tu pensais vraiment pouvoir t'en sortir face à moi, malgré toutes les souffrances que je t'ai infligées pendant un an ? C'est vraiment pitoyable...
Le hérisson, les dents serrées sous la colère et la douleur, parvint à articuler :
- Je ne vais quand même pas me laisser sagement tuer par ma pire ennemie... Tu as tué ma femme, tu t'en prends à mes proches et à mon fils aîné... Tu es la plus grande des lâches.
- Tais-toi, pitoyable démon ! Toi et les autres ne seront jamais de taille contre moi ! Même pas le héros dont parlent les fresques anciennes, héritier de l'épée d'Argent ! Tu étais bien plus brave il y a mille ans...
Le hérisson releva la tête brusquement et fixa la jeune femme de ses yeux rouge sang si cruellement qu'elle en fut presque intimidée :
- Comment... peux-tu parler ainsi des élus des dieux ? s'indigna-t-il. De tes propres créateurs, je te le rappelle, Inferna...
Celle-i fit briller ses yeux jaunes de rage, puis elle releva brusquement son bras droit en direction du hérisson noir qui se retrouva violemment projeté contre le mur derrière lui :
- Ne redis plus jamais ça, Umbra... siffla la syrienne. Sinon, ton fils le paiera cher !
Puis elle relâcha son bras et laissa le hérisson s'effondrer à nouveau dans l'eau claire.
- J'ai fini de me divertir avec toi pour l'heure. Mais j'ai hâte de te voir à l'oeuvre, lorsque tu t'attaqueras de nouveau à Ethera !
Elle éclata d'un rire sinistre tandis que Umbra poussait un gémissement de rage.
Inferna descendit plus bas dans le royaume, en direction d'un endroit similaire à un cachot. Il se composait d'un simple et large couloir, sur les côtés duquel s'alignaient de nombreuses cellules aux barreaux vieux et rouillés. Dans l'une de ces cellules, une mangouste âgée d'une cinquantaine d'années était assise contre un mur, avait une paupière fermée et une lourde blessure dessus. Sa bouche était recouverte d'une écharpe rouge, et sa tenue autrefois bleu vif était maintenant terne et abîmée. Aussi, sa main gauche serrait sans cesse le manche d'une épée bien en place dans son fourreau, attaché sur la hanche gauche du prisonnier.
- Tu peux lâcher ce pommeau, fit alors une voix mielleuse et glaciale. Tu ne sortiras pas d'ici avant de mourir.
La mangouste tourna la tête à sa droite et vit se tenir debout, de l'autre côté des barreaux qui le séparaient de la liberté, la syrienne aux yeux jaunes, Inferna.
- Je garderai cette épée en main jusqu'à ce que je pousse mon dernier soupir, se contenta de répondre le prisonnier d'une voix grave et légèrement rauque. Pourquoi est-ce que tu ne m'achèves pas tout de suite ? Cela va faire plus d'un an que tu me délaisses ici.
- Je veux que tu souffres, et que le hurlement de terreur et de douleur que tu pousseras lorsque je t'achèverai résonne à travers tout Ethera.
- Ca reste à voir.
Inferna serra les dents :
- Continue comme ça, Arthur, et ta fille en prendra un méchant coup !
Arthur rit maigrement :
- Tu n'arriveras même pas à la toucher.
- Comment ?!
- Elle est ma fille. Par conséquent, elle est une grande Brave. Et c'est très difficile de tuer quelqu'un de cette race, n'est-ce pas ? Tu dois bien le savoir, non ? De plus, je te rappelle que le héros légendaire est à ses côtés.
- Tu fais erreur, déclara Inferna en riant à son tour. Si je voulais la tuer, ce serait déjà fait.
- Alors pourquoi ne l'as-tu pas encore tuée ?
- ... Je veux qu'elle te voie mourir avant.
- Et après, tu la tueras ?
- Oui. Sous les yeux de ce "héros" qui compte tant à ses yeux.
- ( Mina... )
Les deux restèrent un moment silencieux.
- Si vous me gardez prisonnier ici, dit soudainement Arthur, c'est plus pour que vous serve d'appât ou vous tienne compagnie ?
- ...
- À part lorsque vous êtes avec Umbra, vous êtes souvent seule, n'est-ce pas ?
- ... En effet.
- ... On vous a déjà dit que vous étiez belle ?
Inferna ouvrit grand les yeux, surprise, et trembla légèrement :
- Je... non.
- C'est normal.
Arthur se retrouva projeté à toute vitesse contre le mur au fond de sa cellule, puis il retomba par terre et ne se releva pas dans l'immédiat, mais il décocha un sourire.
- Je te conseille de ne pas jouer au plus malin avec moi, lâcha Inferna sèchement. C'est avec ta propre vie, celle de ta fille et de tes amis que tu joues ; alors prends garde !
Sur ce, elle disparut, abandonnant Arthur seul dans sa cellule, seul comme il l'avait été si souvent pendant un an.

- Regardez ça ! s'exclama Jak en lâchant le volant pour pointer le doigt devant lui. C'est immense !
La Chimère s'approchait rapidement d'un immense édifice ayant la forme d'une haute tour blanche. La citadelle s'élevait très haut, et on ne parvenait pas à distinguer son sommet.
- C'est juste la citadelle des nuages, dit Skay. À ce qu'il paraît, Penna s'y cache bel et bien.
- Dépose le vaisseau au pied de cette falaise, dit Shadow à Jak en désignant une falaise donnant sur la citadelle, et qu'une grande forêt jonchait.
- Compris !
Il allait se diriger vers le point indiqué, lorsqu'une bande de masses rouges jaillirent de la citadelle et foncèrent droit sur le vaisseau. C'étaient de grands oiseaux rouges à tête jaune.
- Ah ! C'est quoi, ça ?!
Mais il ne put s'en demander plus : La Chimère se fit recouvrir par les volatiles. Shadow et ses amis n'y virent bientôt plus rien, et Jak perdit le contrôle de son vaisseau, qui commença à descendre en catastrophe.
- j'arrive plus à conduire ! s'affola Jak.
- Ils sont trop nombreux ! affirma Skay. Le vaisseau chancelle même sous leur poids !
- On va se poser ! Accrochez-vous !
Toujours secouée par les oiseaux rouges, La Chimère descendit non sans difficulté et atterrit violemment à au moins cinq cent mètres de la falaises, à l'orée de la forêt. Elle faillit se prendre un arbre, mais les moteurs se stoppèrent au bon moment. Déçus, les oiseaux commencèrent à se retirer. Et ils se retirèrent encore plus vite lorsque Shadow, Skay et Mina surgirent du vaisseau par la trappe du cockpit et commencèrent à les chasser à coups de katana et d'épée :
- Saloperies de monstres ! s'exclama Skay, une fois ceux-ci partis.
Shadow rangea son arme :
- Tant pis. Maintenant qu'on est là, c'est pas la peine de redécoller.
- Ouais ! confirma Jak, criant du cockpit. Faut laisser le moteur se reposer !
- Et puis le soir tombe, acheva Mina en regardant le ciel qui commençait effectivement à s'assombrir.
- Eh Shadow, tout va bien ? questionna Skay.
Shadow s'était figé au bord du vaisseau : il scrutait la forêt dans laquelle ils étaient déjà à moitié enfoncés.
- C'est étrange, dit-il. Je sens de grandes sources de magie dans cette forêt... Ca me rappelle... Non...
Sous le regard étonné de ses amis, Shadow sauta du vaisseau et s'enfonça à grands pas entre les arbres.
- Eh ! EH ! cria Jak, venant de sortir à son tour. Attends-nous, Shadow !
Lui ainsi que Skay et Mina entreprirent de suivre leur ami, et finirent par déboucher avec lui au beau milieu d'un étroit sentier sur lequel on pouvait remarquer de nombreuses traces qui allaient et venaient.
- Regardez ces traces ! dit Mina. Vous croyez que...
Shadow qui avait les yeux rivés sur les traces redressa soudainement la tête en fixant droit devant lui la suite du sentier :
- Le réfugiés ! s'exclama-t-il avant de poursuivre sa route en courant.
- Shadow ! fit Mina en le poursuivant.
Les deux autres firent de même, et finirent par aboutir dans une vaste clairière, où étaient plantées une dizaine de huttes de peaux : les mêmes qu'aux Runes Akurah. Shadow n'en croyait pas ses yeux. Il venait de retrouver les rescapés de son village natal.

Quelques mobiens ne tardèrent pas à s'avancer vers eux. Lorsqu'ils reconnurent Shadow, leur regard s'illuminèrent : ils s'empressèrent d'entourer le petit groupe en remerciant intérieurement Caelumbra d'avoir protégé le fils de Lucéria.
- Shadow ! s'exclama en premier un vieux hérisson vêtu d'une toge rouge. Caelumbra soit loué, tu es en vie ! Et cette épée dans ton dos... L'épée d'Argent ! Les astres nous avaient bien dit que sa lame avait été brisée...
- Est-ce que tout le monde va bien ? questionna Shadow. Durant ma quête, je craignais de ne pas vous retrouver, ajouta-t-il tandis que son coeur doublait d'allure.
- Oui, Shadow. Mais la petite Nahru irait encore mieux, si elle te savait en vie.
À ces mots, les réfugiés s'écartèrent, et Shadow vit alors, assise contre l'un des piliers de bois d'une hutte, une hérissonne roux clair. Celle-ci n'avait pas jeté un oeil au groupe, car les nouveautés ne l'intéressaient plus depuis le drame de son village, mais surtout depuis que son vieil ami était parti. Elle était, il fallait bien l'avouer, d'une grande beauté : au niveau de ses oreilles, deux piques roux vif lui glissaient jusqu'au hanches, en dissimulant à moitié deux autres piques très courts de chaque côté de sa tête. Son regard était doux, ses yeux noisette emplis de tendresse ; et ses petites oreilles pointues étaient ornées de blanc. Elle était vêtue légèrement malgré le vent frais, d'un haut rouge et d'une petite jupe de la même couleur. De longues bottes noires dissimulaient ses mollets fins, et sur son gant gauche noir également, trois griffes de métal semblaient lui faire office d'arme. Enfin, ses longs cheveux roux intense chatoyants sous le peu de soleil retombaient en boucles sur le sol.
Shadow restait muet de stupeur. Il s'avança à pas lents vers elle. Quand Nahru se décida à jeter un oeil à sa droite pour voir ce qui se passait, elle ouvrit grand les yeux. Elle se leva, une main sur le coeur, fixant son ami qui faisait toujours de même. Puis, sous le regard de tous, elle courut vers Shadow, qui une fois près d'elle, la serra très fort dans ses bras. Skay et Jak sourirent, contrairement à Mina.
- Shadow... murmura Nahru d'une voix mélodieuse. Je rêve, est-ce bien toi ?
- Ca va aller, je suis de retour, répondit Shadow. Je te promets qu'on ne se quittera plus.
Shadow se rendit à ce moment-là compte à quel point il tenait à Nahru. Jamais auparavant il n'avait fait preuve d'autant de tendresse avec elle. La jeune hérissonne ferma ses yeux noisette, et laissa des larmes de joie glisser sur ses joues. Le voeu qu'elle avait fait aux étoiles venait de se réaliser.

Fin du Vingt-neuvième chapitre.

Merci infiniment à tous les trois ! Votre soutien m'est indispensable.

Tenez, voilà un chapitre qui tient compte de ma méchanceté, mais bon, l'univers de cette histoire est impitoyable ^^
Bonne lecture.

Trentième chapitre : Penna et les réfugiés

La nuit, comme l'avait prédit Mina, tomba rapidement. Les réfugiés, heureux d'avoir enfin un signe d'espoir de leur dieu Caelumbra, traitèrent leurs invités chaleureusement. Shadow commença à retrouver ses habitudes d'antan. La courte promenade avec Nahru juste avant que la nuit ne tombe lui suffit pour que lui reviennent mille et un autre souvenirs.
Jak apprécia grandement la nourriture du peuple Akurah : fruits, viandes, tout était au menu pour ces gens pourtant perdues en pleine forêt. Le jeune garçon se demandait vraiment comment pouvaient-ils se débrouiller pour manger une telle diversité de choses malgré leur emplacement, mais il s'endormit si vite après son dense repas qu'il n'eut pas le temps de poser la question aux réfugiés. Skay, lui, apprécia beaucoup l'amabilité de ces derniers. Personne ne le connaissait, ni savait que Shadow avait un frère. Ce fut pour les réfugiés une grande et surprenante nouvelle, mais tous étaient contents de le rencontrer. Et ils se dirent qu'après tout, mieux valait être nombreux et forts pour vaincre la terrible Inferna.
Seule Mina semblait triste ce soir-là. Elle avait souri et s'était conduit poliment avec les réfugiés, mais n'avait pas dit un mot du repas où elle avait peu mangé. La peur dans son ventre prenait déjà toute la place pour qu'elle puisse avaler grand-chose. Elle connaissait avec peine la raison de cette crainte.
C'était Nahru.

À l'issue de la forêt du côté Est, on débouchait au sommet d'une haute falaise d'où l'on apercevait la tour de Penna. Et également, cette nuit-là, une magnifique pleine lune. Lune qu'admiraient justement Shadow et Nahru, dressés de toute leur hauteur contre les quelques rafales de vent qui portaient le froid hivernal.
- Tu sais, dit Nahru après quelques instants silencieux, je vais tous les soirs sur cette falaise pour admirer la lune. Mais je crois bien que jamais elle n'a été aussi belle.
- Vraiment ?
Shadow était heureux comme son amie, mais à défaut de réellement pouvoir reprendre ses habitudes, il ne parvenait pas à sourire.
- Tout ce qui se trame en ce moment est terrible, continua Nahru. Imagines que Inferna parvienne à tous nous tuer, elle pourrait détruire Mobius ou la lune ! Je ne veux pas que cela arrive... J'aimerais pouvoir t'aider, Shadow, mais je me sens impuissante...
- C'est dans ta tête, déclara Shadow en la regardant. Tu es très forte, je le sais et toi aussi. Ce qu'il te manque, c'est simplement de la confiance.
- C'est possible... Mais il est aussi vrai que je ne me suis pas battue depuis longtemps. Maintenant que je suis la plus jeune du peuple Akurah, je dois rester ici ; et ce sont les adultes qui partent à la chasse.
- Si tu as peur de ne plus parvenir à te battre, il suffit de retrouver ta confiance. Cela peut-être... simplement ma voix qui te dis que tu peux le faire.
Nahru décocha un sourire :
- Je te crois. Comme toujours, j'ai après tout confiance en toi...
Un silence, seulement brisé par le souffle du vent.
- Je suis désolée pour toi, dit finalement Nahru. Lorsque tu as vu le village détruit, j'aurais aimé être là pour te rassurer...
- Je... C'est vrai que ça a été un choc. Mais ma mère m'a tout raconté.
- Lucéria ? Comment ?
- Elle m'a parlé dans mon esprit. Elle en est capable, en tant que Prêtresse.
- Oh, je vois. Au fait, tu sais, Kenneth est...
- Je le sais. Ne le dis pas, ça va te faire de la peine encore.
Nahru retint avec peine ses larmes. Finalement, elle inspira un bon coup, puis continua :
- C'est vrai... J'ignorais même qu'une fois dans notre vie, nous connaîtrions tant de malheur.
- Vous n'avez pas eu d'autres pertes après votre fuite, au moins ?
- Non, je te rassure. Mais celles-ci ont été terribles. Comme tu as pu le voir, nous ne sommes maintenant plus qu'une trentaine... Cela va être très long de refaire nos dynasties, et de forger à nouveau le grand peuple Akurah.
- C'est certain. Je crois que cela va être aussi ton rôle, d'ailleurs.
- Le rôle des autres, plutôt ! Moi, je veux combattre les ennemis de Caelumbra ! Comme tant l'ont fait... Et comme tu le fais.
- Tu aurais retrouvé ta confiance ? Quoiqu'il en soit, je préfère t'attribuer le rôle d'être heureuse.
- Mais...
- Écoutes-moi, s'il te plaît.
Shadow s'était tournée vers son amie qui avait fait de même, les yeux tremblants. Mina, dissimulée derrière un buisson à l'orée de la forêt, sentait son coeur tambouriner dans sa poitrine, en entendant la conversation.
- Je ne veux plus de pertes parmi mes proches. J'en ai vu tant, Kenneth, Lerin et les autres, je n'ai pas envie de te perdre en plus. Le rôle que je te donne, c'est de vivre heureuse. De te marier, d'avoir plein d'enfants, et tout ça. Je n'ai aucune envie de t'impliquer là-dedans.
- Me marier... répéta Nahru en baissant la tête. Il n'y a plus aucun garçon de mon âge à mes côtés. Les adultes sont tous trop grands pour moi et en plus, je ne tomberai jamais amoureuse de l'un d'eux ! Tu sais...
Nahru se mit à rougir légèrement, tandis que son coeur accélérait le mouvement.
- Si je voulais passer ma vie aux côtés de quelqu'un, ce serait de toi...
Mina sentit un intense frisson la parcourir. Sa gorge se serra, son ventre se noua et son coeur se mit à battre encore plus fort. Puis elle se prépara. Elle s'attendit à la réponse de Shadow. Celle-ci fut claire et précise :
- C'est hors de question.
Nahru regarda son ami avec des yeux surpris, et les larmes lui montèrent aux yeux.
- C'est impossible, Nahru, déclara Shadow. Tu ne mérites pas un semi-démon comme moi. De plus, je préfère ne pas prendre d'engagement. Je risque ma vie en luttant contre Inferna, tu en es consciente, non ? Imagines que je m'engageais, et que je m'en allais combattre Inferna, puis que je périrais ? À quoi serait réduite ta vie dans ce cas-là ?
- Tu... as raison. Pardonne-moi, répondit Nahru en baissant les yeux.
Mina avait senti son corps se détendre. Elle se leva et partit sans un bruit, mais tout de même avec le coeur gros : Shadow ne prendrait jamais d'engagement. Et même s'il battait Inferna, il irait vers Nahru. À cette pensée, des larmes ruisselèrent sur ses joues glacées par la nuit.

La Chimère décolla dans un maigre nuage de poussière. Le soleil se levait lentement à l'horizon dégagé, et la citadelle se détachait dans le ciel déjà clair. Dans le cockpit, Jak, Skay, Shadow et Mina fixaient intensément la tour, vieille et ocre, parsemée de fissures, de trous et de perchoirs de bois, où remuaient nerveusement des oiseaux rouges à tête jaune.
- C'est étrange, ils n'attaquent pas, murmura Jak comme si sa voix pouvait les faire bouger.
- Ils attendent les ordres de Penna, déclara Skay. Peut-être qu'elle a décidé de nous laisser venir... Mieux vaut être prudents.
Shadow approuvait son jeune frère. Il se remémora un instant ses adieux avec les réfugiés, ainsi qu'avec Nahru. Il avait tourné le dos à son amie avec beaucoup de peine, et celle-ci avait regardé le vaisseau s'éloigner pendant très longtemps. Shadow, au fond de lui, espérait revoir souvent la jeune hérissonne aux yeux noisette. Après avoir vaincu Penna, il retournerait une fois au village pour dire au revoir à tout le monde. Il voulait revoir son amie avant de retourner sur Syrùth. Là où se déroulerait le véritable affrontement. Il craignait sa venue comme il l'enviait. Il ne parvenait pas à se décider, alors autant laisser venir les événements. Pour l'heure, La Chimère montait, et montait presque au sommet de la tour. Elle se déposa à l'avant-dernier étage, là où une grande ouverture donnait sur l'extérieur.
En descendant de leur engin, les quatre alliés se tinrent prêts, arme en main.

Penna était à moitié allongée dans un lit de longues plumes blanches et grises. Une mince robe blanche ornait son long corps raide, et sur son visage impassible se dessina bientôt un sourire :
- Ils se sont posés en bas. Ils agissent... exactement comme je le voulais.
À ces mots, elle fit claquer ces doigts dans un bruit sonore, et tous les oiseaux rouges prirent leur envol. Ils décollèrent ensemble vers le ciel, puis chargèrent la falaise.

- On dirait que l'entrée était là exprès pour nous, dit Jak.
Le vaisseau s'était déposé dans une vaste salle de la tour, l'avant-dernier étage. Il régnait, malgré les courants d'air, une atmosphère calme et chaude. C'était le silence absolu, les pierres ocres restaient plantées dans les murs sans bouger. Le plafond semblait solide, mais très vieux, et d'anciens lustres en cristal y pendaient, retenus par des anneaux rouillés. Et, droit devant eux, un écart dans le mur permettait d'accéder à une autre salle.
- Rien d'anormal pour le moment en tout cas, dit Shadow. Essayons de trouver un moyen de monter.
Les quatre alliés se dirigèrent vers la salle voisine, où ils entrèrent par l'espace entre les deux murs. Et ils aboutirent dans une salle plus chaleureuse, avec un grand tapis rouge au sol, une vieille bibliothèque sur le côté, une table basse en verre, un autre lustre au plafond, un escalier tournant au mur d'en face, et dans le coin du fond, sous un vaste vitrail aux soudures dorées, un tas de plumes blanches. Mina s'en approcha, perplexe, puis en prit une délicatement dans ses mains. Elle devait bien faire la taille de son bras, de plus, il émanait de ses douces fibres claires une étrange chaleur.
- Elles sont plutôt étranges, ces plumes, non ? fit-elle aux autres.
- Ouais, elles sont immenses, répondit Jak.
Skay lui conseilla de lâcher la plume, mais Shadow ne dit rien : il avait les yeux rivés sur la bibliothèque. Il lui trouvait quelque chose d'étrange. D'ordinaire, même vieille, une bibliothèque était remplie de tailles, de couleurs, de formes. Mais là, toujours la même.
Les étagères étaient remplies d'au moins cinquante exemplaires du même livre.
- Skay, dit Shadow. Viens voir ça.
Le hérisson argent s'avança à son tour vers la bibliothèque, qu'il contempla avec surprise :
- C'est... toujours le même livre ?
- On dirait bien.
- Le titre est marqué dessus ?
Shadow s'approcha de l'un des ouvrages qu'il saisit, il l'ouvrit et parcourut les pages d'un oeil perdu :
- Il n'y a rien d'écrit, là-dedans. Pas de titre, pas de mots... rien.
Il fronça légèrement les sourcils puis remit le livre à sa place. Dès qu'il en ferma les pages, et sans qu'il le sache, les lettres réapparurent.
- Ne perdons pas de temps, allons-y !
Les quatre alliés gravirent finalement les escaliers, serrant leur arme dans leur main.

- Vous voilà donc, fit une voix grave mais mélodieuse. Il me tardait de rencontrer l'élu des dieux, mais me voilà déçue.
Shadow, Skay, Jak et Mina s'avancèrent dans une salle immense, marchant sur un carrelage blanc et froid. Les murs étaient aussi blancs que la neige tombée du ciel, et Penna, à demi allongée dans un lit de plumes blanches, les regardait avec un sourire moqueur. Sa peau était pâle, ses yeux blancs et sa chevelure aussi, mais elle était de plus en plus sombre au fur et à mesure qu'on approchait de la pointe, jusqu'à être intensément noire.
- Comment un si petit hérisson peut-il espérer sauver Ethera ? Je ris à cette idée, continua Penna.
- Je ne suis pas là pour écouter tes sarcasmes, rétorqua Shadow. Bats-toi, si du moins tu en es capable.
Alors, lentement, la grande syrienne se leva. Les quatre alliés furent impressionnés : son accentuée et dégoûtante minceur lui donnait l'air encore plus grand. Elle agita ses longs doigts squelettiques, puis en un coup de vent, de longues plumes blanches surgirent de ses bras et de son dos. Elle releva la tête avec un sourire :
- Puisque c'est ce que vous voulez... En garde !
Shadow fonça sur elle le premier. Agile comme un oiseau, elle esquiva le coup en une fraction de seconde. À peine avait-elle évité le hérisson noir, que l'autre argent manqua de peu de l'embrocher. Mais une fois de plus, son corps déjà mince s'allongea et elle glissa jusque derrière Shadow et Skay.
- ( Quelle agilité surprenante ! ) pensa Jak.
Le jeune garçon brandit son épée mais se stoppa vite : Penna était déjà derrière lui. Il se retourna en frappant d'un grand coup d'épée le vide. À nouveau, la syrienne avait disparu. C'est alors qu'une voix glacée lui fit frissonner l'oreille, juste derrière lui :
- Tu prends des risques, jeune homme... Surveille donc tes arrières.
Et il avait à peine compris ces paroles qu'il reçut un violent coup dans le dos, et il s'effondra sur le sol.
Shadow et Skay sortirent leurs ailes, et se mirent en garde. Mina brandit son bâton, dont l'extrémité se mit à luire. Comprenant qu'elle risquait de recevoir un méchant coup, Penna hérissa les plumes de son corps et la chargea. La jeune mangouste ne bougea pas. Penna brandit alors une arme à l'allure de poignard, en forme de plume tranchante. Elle donna un grand coup devant elle ; coup qui fut intercepté par un katana à la lame de foudre. Shadow avait déployé ses ailes, dérobant Mina au regard de son ennemie :
- À nous deux, Penna.
Celle-ci s'arrêta de sourire, car Shadow la repoussa d'un grand coup. Puis il la chargea, et elle avait beau esquiver, le hérisson noir la suivait de près et entrechoquait souvent ses éclairs contre le poignard de Penna. Cette dernière sautait, courait, tournait puis contrait vivement les coups de Shadow. Son agilité étonnante était compensée par une faible résistance, elle en était parfaitement consciente, comme, semblait-il, ses quatre adversaires.
C'est alors que la syrienne plaça enfin un coup à son adversaire : elle lui trancha l'épaule gauche. Shadow abandonna la lutte sur-le-champ, sauta en arrière dans un jet de sang puis atterrit un genou au sol. La lame du poignard semblait empoisonnée ; la douleur restait insupportable, et le hérisson noir peinait à la supporter. Skay se rua alors sur Penna pour prendre le relais.
Penna n'eut pas de chance contre l'autre semi-démon ; il la dominait largement. La lame de Skay semblait enchantée ; frappant toujours à l'endroit le plus désavantageux pour son adversaire. Au bout d'un moment, les deux ennemis prirent du recul, afin de reprendre leur souffle. Jak s'était relevé et attendait un signe, qui ne venait pas de la part de Skay ; le hérisson argent fixait son ennemie avec dédain. C'est alors que Penna hérissa ses plumes. Mais elle ne fut pas assez rapide pour esquiver l'éclair qui s'effondra sur elle. Elle poussa un hurlement, et se retourna, puis fixa Mina avec des yeux impitoyables. La jeune mangouste décocha un maigre sourire, puis retrouva son sérieux. Elle savait pourquoi est-ce qu'elle se battait. Jak avait le dos douloureux, Skay avait besoin de récupérer, l'épaule de Shadow saignait toujours. Alors elle n'attendit pas. Brandissant son arme, elle fonça sur Penna.

Un éclair d'argent, une étincelle dorée ; les deux armes se bloquèrent l'une contre l'autre. Jak se redressa, fronçant les sourcils, inquiet pour son amie. Skay et Shadow ne quittaient pas l'arène des yeux. Mina força sur son arme tant qu'elle le put ; ses bras se mirent à trembler. Ceux de Penna également, mais son visage déformé par la colère dissuadait Mina d'essayer de le remarquer. Une perle de sueur apparut sur le front de la jeune mangouste qui fit de son mieux pour ne pas glisser. Elle se contenta de rester en place, puis elle se concentra intérieurement. Elle pensa à ses amis. À sa mère. Puis à Nahru. Son coeur se serra. Puis, comme si sa peine s'était changée en colère, puis en force, lentement, elle poussa sur son bâton, sauf que cette fois, malgré elle, Penna se mit à glisser.
Mais cela ne dura pas longtemps ; Penna s'esquiva sur le côté, surprenant la jeune mangouste qui perdit l'équilibre et faillit s'écrouler, emportée par son élan. La lame du poignard empoisonnée fila vers elle, et elle ferma les yeux, attendant le terrible coup.
Une lame qui se plante dans un bruit caractéristique jusqu'à traverser le corps de sa victime. Mina rouvre les yeux ; devant elle, Penna s'est figée.

Shadow retira sa lame foudroyante du corps de Penna, qui tomba à genoux sur le sol.
- Shadow... murmura Skay.
Le hérisson noir cligna des yeux et reprit ses esprits. Que s'était-il passé ? Il se souvenait d'une voix glacée dans son esprit, puis il venait de tuer Penna par derrière contre son gré...
- On dirait que ton démon est moins patient que toi, déclara Skay. Il a sûrement pris possession de ton corps.
- ... fragment...
Penna toussa, puis lança sur le carrelage un objet métallique qui fonça aussitôt vers l'épée d'Argent, et s'y souda. Jak, Mina, Shadow et Skay se mirent face à la syrienne, qui tenta de se relever, puis chuta à nouveau, respirant bruyamment.
- Shadow, articula-t-elle tant bien que mal. J'espère que bientôt, tu connaîtras la souffrance... Mais j'aurais tant aimé entendre ton hurlement de douleur lorsque tu découvriras... ce que je t'ai fait...
Elle toussa et cracha un flot de sang noir, et ses plumes se mirent à trembler ; ainsi qu'à se détacher de ses longs bras déjà glacés.
- De quoi est-ce que tu parles ? questionna Shadow, serrant ensuite les dents pour masquer la douleur qu'il ressentait à son épaule.
Penna redressa légèrement la tête en tremblant, quelques mèches claires tombant sur son visage pâle, puis elle déclara avec un rictus :
- Mes chers oiseaux sont partis rendre visite... Aux réfugiés... Ils sont tous... morts maint...
Elle toussa bruyamment et cracha une nouvelle vague de sans noir, tandis que Shadow sentait sa colère monter en flèche. Puis Penna s'écroula sur le sol, et se recroquevilla, avant de disparaître comme un nuage de vapeur.
- Pas ça... murmura Shadow. On fonce au village ! hurla-t-il ensuite, retournant dans les escaliers aussi vite qu'il le put. Ses amis le suivirent hâtivement. Ils grimpèrent dans le vaisseau, qui décolla rapidement et fonça vers la forêt. À peine s'était-il posé à son orée dans un nuage de poussière que Shadow bondit à l'extérieur, et courut vers le village, bientôt suivi par Skay, Mina et Jak. Arrivé au village, ses amis derrière lui, Shadow sentit son coeur, à nouveau, tripler d'allure ; mais cette fois, c'était parce que les huttes étaient effondrées, et que tout n'était plus que ruines :
- Nahru ! Nahru !! hurla Shadow.
Mais personne ne lui répondit. Le hérisson noir, horrifié, se mit à courir à travers la clairière, ses amis affichant tristesse, il courut de tous côtés sans prendre garde ; il trébucha soudainement sur une racine et s'effondra à genoux sur la tombe d'une grande amie d'enfance.

Fin du Trentième chapitre.

Merci beaucoup, Blackdoom et Mysti ! Voici enfin la suite. Comme c'est les vacances, je vais essayer de rattraper mon retard.

Alors, voici le chapitre 31.

Trente-et-unième chapitre : Une raison de continuer

Ses yeux rivés sur l'autel de pierre posé sans délicatesse sur la tombe, Shadow sentait son corps frémir de toutes parts, et son coeur cogner violemment dans sa poitrine. Quelques mots étaient gravés dans la pierre :
- "Une jeune Réfugiée est enterrée ici
Assassinée pour complot contre Inferna"
Sa gorge se serra et la peine ainsi que la culpabilité commencèrent à l'envahir, il sentit que plus jamais de sa vie il ne saurait sourire. Et soudainement, il se releva et hurla du plus fort dont il était capable le nom de son amie. Mina sursauta puis posa une main sur son coeur, baissant la tête. Des larmes commencèrent à embuer ses yeux.

Shadow ne regardait plus rien. Il n'entendait plus rien, ne sentait plus rien. En lui commença à brûler une haine implacable, et une colère gigantesque. Ses pouvoirs démoniaques commencèrent à se manifester. Une puissance immense fusa dans tout son corps, et soudainement, deux ailes de démon jaillirent de son dos comme des lames, et se déplièrent dans quelque craquement. Il sortit alors son arme.
Et parla avec une voix qui n'était pas la sienne.
- Je dois tuer... Celle qui a fait ça... dit-il dans un murmure profond et rauque.
Il jeta un regard malfaisant derrière lui, faisant tressaillir Jak et Mina.
- Où est Penna ? continua-t-il de cette nouvelle voix inquiétante.
- Mais... tu l'as déjà tuée ! s'exclama Mina, pétrifiée de peur.
Skay s'avança légèrement, se plaçant devant Jak et Mina :
- Shadow, contrôles-toi ! s'exclama-t-il.
Le démon qui venait de s'emparer de Shadow resta immobile. Skay et ses deux amis attendait sa réaction. Et elle fut que le démon décocha un sourire assassin, puis il porta son regard sur Mina, cette dernière tressaillit, et le démon lui souffla d'une voix glacée :
- Penna est donc morte ? Aucun problème. Tu la remplacera.
Il s'avança d'un pas sûr vers Mina, arme en main. Effrayée, la jeune mangouste recula et finit par se coller dos à un arbre. Le démon brandit alors son katana de foudre et le rabattit sur Mina.
Un crissement de métal, et l'arme du démon fut stoppée. En un instant, Jak et Skay avaient chacun de leur côté paré le coup avec leurs armes respectives, puis repoussé celui qui n'était en cet instant plus leur allié :
- Shadow, je t'en supplie, reprends-toi ! s'exclama Skay.
- Ton ami est bien trop blessé par sa peine, pauvre idiot ! lança le démon. Et il est tellement facile à posséder que je m'ennuie...
- Ce n'est pas seulement mon ami, satané démon, et tu le sais ! Tu me surprendra toujours... Tu détestes mon propre démon, mais toi tu est vraiment impitoyable, tu n'as même pas l'air de t'en rendre compte, Aokura...
Aokura fixa Skay dédaigneusement. Puis il se mit en garde, ailes dépliées, et lança d'une voix qu'il voulut calme et acide :
- Alors, viens. On va bien voir si tu mérites que je t'obéisse, petit pantin. Comme Shadow, toi aussi tu n'es qu'un pantin pour le démon qui est en toi.
Skay serra les dents, et sortit à son tour ses ailes de démon. Il brandit son arme, prêt à s'envoler où à parer une éventuelle attaque.
- Je vais te déchiqueter vivant, si bien que tu vas te tordre de douleur comme un vermisseau, cracha Aokura.
- ( Shadow... pardonne-moi ) pensa Skay.
Les deux adversaires se jetèrent l'un sur l'autre : leurs lames s'entrechoquèrent bruyamment et à plusieurs reprises, en l'espace de quelques secondes, et dans des vagues d'étincelles. Mina et Jak regardaient le combat avec inquiétude. Ils voulaient aider leurs amis, mais que faire ?
Car le duel était d'une férocité implacable : les deux hérissons s'envoyaient, en plus des coups d'épées, des sorts maléfiques qu'il fallait être assez adroit et habile pour lancer ou esquiver. Pendant un moment, Skay passa à la défensive. Il ne faisait qu'orienter sa lame correctement sa lame afin que celle de son adversaire reparte dans la direction opposée.
Mais, toujours sans faiblir, le démon finit par brandir son arme et préparer grâce à elle une attaque puissante. Pour l'esquiver, Skay dut faire un grand saut en arrière, avant de retomber un genou au sol :
- Alors, misérable vermine, on faiblit ? ricana le démon.
Skay redressa la tête, meurtri. Pour la première fois, il livrait une bataille contre un véritable démon. Il se souvenait des jours anciens et paisibles où, à quatorze ans, il s'entraînait contre son père au palais démoniaque :
" - Bon, cela suffit pour aujourd'hui, avait déclaré Umbra à l'issue d'un entraînement.
- Déjà ? s'était surpris Skay. Le soleil se couche déjà ?
- Oui mon fils, mais de toutes façons tu es épuisé, avait répondu Umbra en riant. Tu peux ranger tes ailes, maintenant.
Skay avait commencé par ranger son arme. Il avait baissé la tête. Umbra l'avait remarqué, et s'était approché de lui.
- Skay, tout va bien ? avait-il demandé.
- Non. Ca fait des années que je m'entraîne, et je n'arrive toujours pas à te toucher.
- Mais c'est en te décourageant de la sorte que tu échoues, mon fils. Ta volonté peut parfois t'amener à remporter un combat.
- Tu veux dire que c'est parce que tu as toujours confiance, et pas moi ?
- En quelque sorte.
- Et qu'est-ce que je dois faire pour retrouver confiance ?
- Tu as une cicatrice sur ton oeil droit, comme moi, tu es un semi-démon. Et en tant
que semi-démon, en tant qu'être doté d'une force surnaturelle, tu n'as peur de rien qui puisse te différer, du moment que tu as confiance. Un démon n'a peur de rien, excepté de ce que je t'ai appris. Alors toi non plus ; sers-toi de cet avantage.
- D'accord.
- Et même si tu affrontais un démon, tu connaîtrais son point faible. Celui que je t'ai appris.
- Très bien. Mais de toute façon, je ne risque pas d'affronter un jour un véritable démon, n'est-ce pas ? "
Skay rouvrit ses yeux rouge et se releva. Garde baissée, regardant fixement son ennemi.
- Que fais-tu ?! Tu essayes de m'intimider ? C'est peine perdue ; je n'ai peur de rien !
Skay considéra Aokura avec pitié, ce qui énerva de plus bel ce dernier :
- Quoi, encore ?!
- Tu n'impressionnes personne. Surtout pas moi. On a tous peur de quelque chose.
- Sauf moi, rétorqua le démon.
- À quoi bon jouer les imbéciles ? répliqua Skay sèchement. Tu sais très bien de quoi je veux parler, et tu sais aussi que notre principale arme est cette peur.
- UN DÉMON N'A PEUR DE RIEN !! hurla le démon.
En un clin d'oeil, Skay s'était jeté sur ce dernier et avait plaqué son arme contre la sienne :
- Mais en tant que démon, justement, tu sais parfaitement que c'est faux.
Après avoir prononcé ces paroles, Skay commença à étendre largement ses deux ailes. Elles avaient l'air encore plus grandes qu'avant. Sous le regard étonné de Jak et de Mina, les pupilles de Skay s'amincirent, lui offrant un air cruel. Sur son épaule gauche apparurent des marques noires ondulées, et il bondit en arrière, avant de se dresser de toute sa hauteur face à son adversaire. Aokura, qui possédait toujours Shadow, dit avec un maigre sourire :
- Enfin te voilà, Darkayen.
Cette phrase surprit Jak et Mina. Darkayen, qui venait de prendre possession du corps de Skay, sortit son épée sur laquelle se voyaient à présent des marques argentées. Puis il ordonna à son ennemi d'une voix calme et inquiétante :
- Aokura. Libère le petit tout de suite.
- Tu penses vraiment que je vais me plier à tes désirs ? répliqua Aokura. J'ai envie de m'amuser un peu. J'en ai marre de lui sauver la vie, à ce gamin, alors je vais me défouler pour une fois.
- Je suppose que venant de toi... je ne pouvais rien espérer de mieux.
- Que crois-tu ? Tu es loin de me connaître, en réalité ! Au royaume Akali, c'est à peine si on se regardait ! Ce n'est pas parce que tu as daigné de me "venir en aide" lorsqu'il a fallu mettre hors de danger l'Akalybur, qu'on se connaissait !
Jak et Mina ne comprenaient absolument rien à la conversation, mais ils étaient heureux de ne pas y être mêlés.
- Je n'en crois pas un mot, souffla Darkayen.
- Alors bats-toi, et la raison te sera de retour, répliqua Aokura.
Darkayen se mit en position, et en un éclair, sans même changer l'expression de son visage ou la couleur de son teint, il fonça sur son adversaire. Ce dernier riposta bien vite, à l'aide de coups plus dangereux les uns que les autres.
Le duel était terrible : dans la clairière, l'herbe s'agitait comme sous des tornades prêtes à ravager la forêt toute entière. Jak et Mina devaient se cramponner à un rocher pour ne pas être trop secoués. Des étincelles jaillissaient des deux armes, Darkayen et Aokura étaient sans pitié l'un pour l'autre. Jak et Mina en étaient effrayés, et ils se demandaient si le combat se terminerait un jour.
Darkayen semblait au moins aussi puissant que son adversaire, mais peut-être plus rusé encore : et il se servit de son esprit pour combattre Aokura, contrer ses coups, les reporter non moins violemment, et ce jusqu'à ce que soudainement, le démon recule, puis s'effondre au sol. Darkayen s'avança à pas lents vers Aokura, qui avait tenté de se relever, en vain. Juste avant de laisser Shadow reprendre le contrôle de lui-même, on l'entendit murmurer tristement :
- Jamais je ne serai comme toi... Darkayen... Comme toi, Soranna ou Umbralis... Jamais... Aussi valeureux...
Peut-être n'avait-il même pas fini de parler, lorsqu'il s'effondra au sol, et que ses ailes disparurent. Darkayen se tourna vers Jak et Mina, qui étaient sur leurs gardes depuis que Aokura s'était effondré, et que leur ami demeurait au sol. Cependant, le démon de Skay ne fit que leur dire de sa voix calme :
- Il va se réveiller. Continuez votre chemin, mais prenez garde. Je suis certain qu'alors son destin s'accomplira.
Puis le corps de Skay retomba au sol, et ses ailes disparurent également, ainsi que les marques noires sur son épaule. Jak et Mina n'avaient pas compris les dernières paroles de Darkayen. Peut-être parce qu'ils n'écoutaient qu'à moitié, ou simplement parce qu'ils n'y comprenaient rien. Et ils étaient de cet avis.
Mina se souvint alors de ce nom : Soranna. Ce nom que Shadow avait prononcé, le lisant dans un vieil ouvrage dans un royaume noyé par un immense lac. Une chose était sûre : il leur restait nombre de choses à découvrir au sujet d'Ethera.
Shadow se réveilla en sursaut. Il se redressa lentement, une main sur la tête, puis réalisa que ce n'était pas un rêve. En voyant la tombe à côté de lui... il compris que Nahru était vraiment morte.
- Ah vraiment... ils nous ont bien eus, ces satanés monstres.
Shadow tourna la tête. Skay venait de s'éveiller à son tour. Il regarda Shadow avec un sourire :
- Darkayen, mon démon, m'a ouvert les yeux.
Il se leva, s'avança vers la tombe, puis fit quelques pas dessus. Enfin, il décocha un nouveau sourire :
- Il n'y a que de la terre là-dessous. Les réfugiés étaient sans doute plus malins que l'avaient prévu les monstres de Penna. À tous les coups, les réfugiés se sont enfuis en avance, sentant arriver le danger. Les monstres sont arrivés penauds ; et ont construit de faux tombeaux pour duper les visiteurs. Nahru n'est pas morte, Shadow, pas encore, ajouta alors le hérisson argent en regardant son frère. Elle s'est enfuie avec les autres, où je l'ignore, mais elle est hors de danger.
- Mais c'est une super nouvelle ! s'exclama Jak, retrouvant enfin son courage. Ces saletés rouges n'ont eu personne, alors !
Shadow se releva lentement, tête baissée. Puis il se tourna vers ses amis :
- Décidément... j'ai encore beaucoup à apprendre. Aokura est donc mon démon... Il me ressemble un peu. Ni lui ni moi avons pris le temps de comprendre ce qu'il s'était réellement passé.

La Chimère décolla dans un nuage de poussière, et fila vers le nord. Skay avait affirmé que dans cette direction se trouvait un Ring Portal qui les amènerait non loin de Syrùth. Jak avait traduit le nom de Stella et affirmé que cela signifiait "étoile". Par la suite, Skay avait retrouvé dans ses souvenirs un certain mont étoilé, qui se trouvait égaré sur la surface de Syrùth. Mais ils devraient sans doute compter sur leur chance pour le trouver. Le voyage se poursuivit alors, avec entrain et courage, et les Black Spies, en franchissant le Ring Portal, surent que la fin de leur quête approchait à grands pas.

- Les voilà enfin.
Une défaillance au beau milieu du couloir magique du Ring Portal. Alors que le vaisseau parcourait comme un grand tube doré qui partait vers Syrùth, un immense nuage noir apparut.
- Eh, c'est quoi, ça ?! s'exclama Jak, surpris.
Skay s'approcha de la vitre avant du vaisseau et fronça les sourcils.
- On dirait que ça regorge de magie... Il nous faut l'éviter !
- Impossible ! répliqua Jak, commençant à paniquer. Les commandes ne répondent plus !
Shadow s'approcha de Jak à son tour et contempla la masse noire, peu rassuré. Il sentait un grand danger à l'intérieur. Un danger terrible qu'il ne saurait même pas vaincre...
Le nuage noir était tout proche d'eux lorsqu'il commença à cracher des éclairs. L'un d'eux traversa et éblouit alors tout le vaisseau ; Jak poussa un cri de surprise, puis quand il put rouvrir les yeux, tout était redevenu calme.
- Hein ?
Ils étaient de retour dans le couloir du Ring Portal. Sauf que le nuage s'éloignait derrière eux.
- Ah, c'était pas si terrible, en fait ! s'émut Jak. N'est-ce pas, Skay... Skay ? Et Shadow ! Où sont-ils passés ?!
Le jeune garçon venait de réaliser avec stupeur qu'il ne restait plus que Mina dans le cockpit :
- On dirait qu'ils ont disparu avec le nuage ! s'exclama Mina, inquiète.
Jak fit faire demi-tour au vaisseau, malgré les turbulences du Ring Portal.
- Très bien, on va remédier à ce bazar ! cria-t-il, confiant.

Fin du Trente-et-unième chapitre.

Bien bien... Voici la suite promise.

Trente-deuxième chapitre : Vaincu par son courage

- Où... Où est-ce qu'on est ?
Shadow regarda tout autour de lui. Skay était juste à côté de lui, et il scrutait également les étranges ténèbres qui semblaient s'être refermées sur eux. C'était comme dans un nuage de cendres, baigné d'un inquiétant silence et d'une chaleur qui rappelait les flammes de l'Enfer.
C'est alors qu'en balayant les alentours du regard, Skay fixa soudainement un espace encore plus sombre que le reste de l'endroit. Il se crispa, puis déclara presque en un murmure :
- Nous ne sommes pas seuls.
Shadow suivit le regard de son frère, et à son tour, il fut frappé d'inquiétude. Par réflexe, sa main se crispa autour du pommeau de son katana électrique. Skay s'apprêta également à sortir son arme. Et lorsqu'une voix terrifiante résonna dans leur direction et à leur attention, il sortit ses ailes de démon en une fraction de seconde. Shadow avait également reconnu et redouté cette voix glaciale, cette voix qui venait de leur dire, très calmement :
- Vous arrivez enfin. J'étais fatigué de vous attendre.
À ces mots une silhouette était apparue dans les ténèbres, et venait de se montrer sous les yeux ébahis et effrayés des deux hérissons. La personne les regarda successivement, puis dit avec un brin d'étonnement :
- Toujours pas mort, Skay ? Je pensais que tu te serais lassé de la recherche de ton frère, et que les Lygarus auraient eu raison de toi. Hum... dire que tu n'est pas mort... Comme c'est dommage. On dirait que ça va être à moi de t'achever.
Skay fit un pas en arrière.
- Père... non...
Umbra venait de sortir son épée, cette épée que tous les démons craignaient de toute leur âme. Skay semblait alors la redouter tout autant que Shadow. Peut-être était-ce également cette arme qui était responsable de la cicatrice que Skay portait sur son oeil droit ? C'était sans doute vrai. À cette pensée, Shadow ressentit une douleur dans sa propre cicatrice, bien due à l'arme de son père. Cette cicatrice qui le faisait tant souffrir...
Umbra fonça rapidement sur Skay, son épée brandie, prête à ôter les deux vies qui se dressaient en face de lui. Le hérisson argent s'envola très vite et Umbra le suivit ; il décolla à son tour en pointant son arme vers le ciel - du moins si le nuage en avait un, et Shadow sortit ses ailes de démon ainsi que son arme. Puis il s'envola à son tour et s'en alla aider son frère. Tout se passa alors à une vitesse incroyable. Umbra reculait de plus en plus sous les coups de ses fils. Shadow était vraiment doté d'une force incroyable, et Skay était lui aussi impressionné. Lui qui avait appris la sagesse, le combat, la puissance démoniaque démoniaque en plus de deux ans, Shadow l'avait acquis en un temps ridicule ! Le hérisson argent sourit, sans s'arrêter de combattre. Un Héros venait de naître.

Umbra reculait de plus en plus. Même armé de son épée mortelle, il se faisait impuissant contre les attaques répétées et puissantes de ses deux fils. Soudain, il recula. Il commença à réunir toute son énergie, qui se mit à fuser autour de lui, et une sphère argentée apparut entre ses mains, un pouvoir immenses aux vertus dévastateurs. Skay se crispa et eut un mouvement de recul ; il connaissait ce sort, doté d'une puissance insurmontable. Il allait avertir Shadow, mais celui-ci avait réagi autrement à la situation et s'était rué sur son père arme brandie, espérant l'atteindre avant qu'il n'ait le temps d'exécuter son attaque.
- Shadow, non !! cria Skay en vain.
Shadow rabattit son katana électrique en direction de Umbra, qui lança son sort une fraction de seconde plus tôt.
- SHADOW !! hurla Skay.
Une explosion, un vacarme assourdissant, un bruit de métal brisé. Dans un éclair d'or, le katana de Shadow vole en éclats ; le pommeau est tranché en deux et la lame de foudre s'éteint à jamais.
Le hérisson noir tomba vers le sol. Il s'écroula au beau milieu du vite, étendu dans les ténèbres, il ne bougea plus. Skay le regarda avec effroi, puis toisa son père avec cruauté. Il agita son épée, prêt à affronter Umbra seul. Mais malgré son regard assassin, Skay tremblait toujours.
- Père... fit-il avec peine. Pourquoi est-ce que tu fais ça ?...
- Tu ressembles trop à ton frère. Lui est persuadé que j'agit pour mon propre bien et pour satisfaire Inferna, mais c'est pour Ethera que j'agit.
- Agir pour elle en la détruisant ?!
- Non. Agir pour elle en tuant Caelumbra.
- Comment ? Il est le pilier de la galaxie et il nous a tous créés ! Si tu le tues, Ethera sera détruite !
- Il a beau nous avoir tous créés, il veut notre mort, maintenant.
- Tu racontes n'importe quoi !!
Terrifié par son père et par ce qu'il pourrait arriver à Shadow, Skay fonça malgré tout sur Umbra en brandissant son épée. Son esprit était troublé par toutes ses questions et doutes, mais en cet instant, il ne pouvait plus leur chercher une réponse, ni s'en occuper. Pourtant, tout ça l'égarait tellement, qu'il ne savait se concentrer et oubliait tout ce qu'il avait appris. La crainte et les doutes, La haine et la peur, tout se bousculait dans sa tête avec violence.
Skay chargea à nouveau son père. Mais malgré sa fureur, il restait impuissant. Et le coup de lame qui lui taillada l'épaule et fit gicler son sang le fit hurler de terreur, puis chuter à son tour sur le sol. Les dents serrées, il souffrait terriblement. C'est alors qu'il regarda Shadow, gisant à côté de lui. Il le contemplait l'air désolé, lorsqu'il entendit Umbra se poser juste à côté d'eux. Il sursauta et fixa son père du plus cruellement dont il était capable, mais ce geste était bien loin d'impressionner le roi des démons. Celui-ci pointa son épée en direction de Skay, qui eut un frisson.
- Abandonnes, ordonna Umbra à l'attention de Skay.
- Et pourquoi on abandonnerait ?
Skay se retourna, étonné. Shadow venait de se redresser, et il toisa son père.
- Il faut bien que quelqu'un te fasse retrouver la raison, non ?
- Tu peux laisser tomber... Tes espoirs sont vains.
Sur ce, sa main libéra un éclair. Shadow n'eut pas le temps d'agir. Ni lui ni son frère, ils n'eurent le temps de faire un geste. Skay poussa un cri de douleur, puis lorsque les ténèbres furent de retour, le hérisson argent avait disparu.
- Skay ?!
- Il est mort, déclara Umbra. Quel faible petit pantin...
Shadow se releva, tremblant de fureur. Il allait repartir à l'affrontement, même sans son arme, refusant d'admettre cette nouvelle cruelle dont il avait tant redouté la venue, et qu'il supportait encore en silence, lorsqu'une masse énorme pénétra dans le nuage, réveillant les oreilles des deux adversaires qui s'étaient habituées au calme profond. C'était un grand vaisseau noir et rouge, où s'ouvrit bientôt une fenêtre et où un garçon aux cheveux marron cria à l'attention de Shadow :
- Désolé d'avoir traîné, mais il était dur à péter, ce nuage !
Le hérisson noir se précipita en direction de La Chimère, conscient que mener un nouvel affrontement ne pourrait qu'engendrer sa propre mort. Il eut cependant le temps, avant d'entrer dans l'engin, de jeter un regard assassin à son père, un véritable regard de démon, qui parlait tout bas d'une voix glaciale ; souhaitant à son adversaire malheur et souffrance...
Le vaisseau reparti en toute hâte, après que Shadow eu annoncé la terrible nouvelle à ses amis, et qu'ils n'avaient plus qu'à partir, maintenant. Mais Umbra n'était pas décidé à les laisser fuir aussi facilement ; il commença à bombarder le vaisseau de sorts démoniaques extrêmement puissants. Juste avant d'être hors de portée dans le passage du Ring Portal, l'un des sorts percuta de plein fouet un réacteur du vaisseau, qui vibra violemment, et une fois dans l'espace, descendit en trombe vers la surface de Syrùth.

- Vous croyez qu'on l'a semé ? demanda Mina, inquiète.
- En tout cas, je le sens pas super bien, l'atterrissage ! lança Jak. Il a sûrement atteint l'un des réacteurs !
Malgré la vitesse à laquelle descendait le vaisseau, Jak et Mina exécutèrent toutes les manoeuvres pour réduire la pression et s'adapter à l'atmosphère de Syrùth, dont la surface n'était maintenant plus très loin.
- On va se redresser lentement, et j'espère que ça ira, confia Jak à ses amis, pourtant inquiet.
Il effectua sa manoeuvre avec habilité, et l'atterrissage se déroula sans encombre, mis à part de violentes secousses ainsi qu'un long dérapage sur la terre sableuse et aride de la petite planète.
Jak sortit le premier du vaisseau, puis il leva les yeux. Lorsqu'il entendit Shadow descendre à son tour, il déclara sans regarder son ami :
- Je n'arrive pas à croire ce que tu m'as dit en revenant.
- Moi non plus, répondit Shadow. Malheureusement, il va bien falloir l'admettre.
Son poing se serra tandis que Mina descendait à son tour :
- Umbra... tu vas me le payer.
- Au fait... où est passé ton katana ? demanda Jak.
- Il a réussi à me le détruire.
- Désarmé à la surface de Syrùth, c'est pas un super plan.
- Il me reste toujours mon arme à feu.
- Encore heureux.
- Eh les garçons, regardez ça ! leur dit alors Mina.
Devant eux, une espèce de petit temple aux murs noirs comme du charbon reposaient sur l'étendue vide faisant office de sol à Syrùth. L'architecture était tout à fait particulière, formant arcs et formes complexes avec finesse et grâce, malgré la figure inquiétante que l'on se faisait sur l'instant d'un tel édifice.
- Qu'est-ce que c'est à votre avis ? questionna Jak.
- J'en sais rien, mais je propose d'aller y faire un tour. Je sens des forces qui me sont familières en émaner.
- D'accord, allons-y.
Il se tourna un instant vers son vaisseau avant de partir, et remarqua que celui-ci était bien mal garé.

- On frappe ?
- Non, on défonce la porte.
- Très marrant.
- Alors arrêtes de poser des questions stupides.
- Mais vous ne croyez pas qu'une Syrienne peut se trouver là-dedans ? demanda Mina pour qu'ils arrêtent de se disputer.
- Non, répondit Shadow. Je ne sens pas du tout la puissance qui émane de leur entourage habituellement. Je pense plutôt qu'entrer nous sera utile.
- Dans ce cas...
Jak frappa à la porte, mais le silence fut le seul à lui répondre. Alors il saisit la poignée glacée de la porte, qu'il ouvrit ensuite dans un grincement sinistre.
Et là, il ouvrit grand les yeux.
Dans la salle qui s'offrit à eux, un vieil homme était assis sur un tapis de paille, et les regardait d'un air malicieux. Ses yeux sombres brillaient de sagesse.
- Bienvenue dans ma demeure, Jakurio, dit-il d'une voix apaisante. Il me tardait de te revoir.
Jak resta paralysé un instant. Seuls quelques mots sortirent de sa bouche :
- Grand-père... C'est toi ?
Shadow et Mina, surpris, regardèrent successivement le vieil homme et leur ami.
- Comment... fit Jak. Comment se fait-il que vous êtes là ? Je vous croyais encore à Yvanesca !
Le vieil homme sembla ignorer la question, en y répondant seulement d'un sourire. Puis il tourna son regard profond en direction de Shadow et Mina :
- Tiens tiens, voici deux autres têtes que je souhaitais voir. Entrez donc, vous êtes les bienvenus en ce lieu. Jak, mon garçon, fermes la porte, cela fait des courants d'air.
Jak s'exécuta sans quitter son grand-père des yeux, tandis que Shadow et Mina s'avançaient à pas lents dans la salle. Elle n'était pas très grande, mais assez vaste pour y accueillir au moins dix personnes. Deux boules brillantes à droite et à gauche de l'entrée offraient toute la lumière de la pièces aux parois de bois, du moins d'une matière qui y ressemblait grandement. Devant l'invitation du vieil homme, les trois amis s'assirent en face de lui, un peu surpris par l'endroit et cette rencontre inattendue.
- Mon nom est Tham, déclara le vieil homme. Je me suis arrangé pour que vous tombiez de ce côté-ci de Syrùth pour me rendre une petite visite.
- Vous avez guidé le vaisseau ? s'étonna Jak.
- Un petit peu, oui. L'art démoniaque regroupe diverses techniques de possessions mentales, et d'autres choses encore.
- L'art démoniaque ? fit Shadow.
- J'ai appris à le maîtriser, confirma Tham. Et toi, Shadow ? As-tu appris à connaître ton démon Aokura ?
- À vrai dire...
- Il sait pas faire grand-chose encore, mais ça viendra.
Shadow tressaillit. Il avait beau l'avoir entendu plusieurs fois, la voix de son démon le surprenait toujours. Mais à y réfléchir, on pouvait se rendre compte qu'elle n'était pas très différente d'une voix d'adolescent.
- Je vois, répondit Tham en souriant.
- Vous parlez aux démons ? fit Shadow.
- Ma foi, oui. Tous les démons sont mes amis, et ici, j'en recueille certains. Dis-moi, Shadow : est-ce que quelqu'un t'a appris l'utilité du Palais démoniaque ?
- Je... oui.
Tham décocha un grand sourire :
- Je parie que c'est ton frère, ainsi que Darkayen. Skay est venu ici une fois pour me demander si je savais où tu étais passé. J'étais content de le revoir. Mais à présent, pourquoi n'est-il pas ici ?

Shadow baissa la tête, en même temps que Jak et Mina. Tham fut surpris, mais sembla bien vite comprendre.
- Comment ? murmura-t-il, peinant à y croire.
- Umbra, répondit Shadow. Je suis désolé. Je n'ai pas réussi à empêcher ça.
- Alors lui et Darkayen sont...
Un silence gênant trôna dans la salle. Puis Tham releva la tête :
- Darkayen s'est battu jusqu'au bout. Mais Umbralis, le démon de ton père Shadow, est particulièrement redoutable. Vraisemblablement, il est victime d'un mal dont vous trois êtes les seuls à pouvoir l'en sortir. Shadow, à ce que je vois, il ne te reste plus que trois fragments à récupérer. Partez au nord d'ici ; vous trouverez Stella. Ensuite, laissez votre esprit vous guidez, pour retrouver Terra, puis le Royaume aux Illusions.
- Bien, merci pour tout, dit Shadow.
- Allez, reprenez votre voyage... Je ne pense pas que c'était la dernière fois que nous nous rencontrions. Et ne perds pas espoir, Shadow. Toujours, où que tu sois, les âmes de ceux qui sont partis t'accompagnent... Et attendent ta victoire.

Fin du Trente-deuxième chapitre.

PS : bonne chance pour trouver la faute, Blackdoom !

Merci Mysti ^^ C'est une bonne idée, de dessiner Skay. J'y songerai...

Voici la suite. Blackdoom, j'y ai glissé une faute volontaire ! À toi de jouer !

Trente-troisième chapitre : À la cime des étoiles

La Chimère était en route depuis quelques minutes déjà. Le cockpit était silencieux, Shadow était assis sur un banc et plongé dans ses pensées. Mina, quant à elle, regardait défiler le paysage extérieur. De temps en temps, passait un rocher ou une montagne, mais jamais rien qui ne correspondait au mont étoilé.
Et ce ne fut qu'à l'issue d'une demi-heure qu'il apparut enfin.
- Shadow, appela Jak. Je crois qu'on va arriver.
Redressant la tête, Shadow se leva et marcha calmement en direction de la vitre avant, près des commandes. Et il contempla sans le moindre frisson de peur l'immense mont qui se dressait droit devant : imposant, entièrement noir comme une montagne de charbon, et baigné d'un brouillard dense et semblant impénétrable. On ne pouvait pas distinguer son sommet, perdu entre les nuages noirs de brume.
La Chimère se déposa à quelques mètres de la montagne, puis Shadow, Mina et Jak en descendirent avant de s'avancer vers l'imposant amas de pierres noires.
- Vous croyez que Stella est au sommet ? demanda Jak.
- C'est possible, non ? fit Mina.
Pour sa part, Shadow n'en était pas si sûr. Dans son dos, l'épée d'Argent s'agitait, comme si elle sentait que le fragment n'était pas très loin. Le hérisson noir, sans prévenir, s'avança encore vers la montagne. Surpris, ses amis le suivirent. Arrivés au pied de l'édifice qui, malgré les apparences, n'était sans doute pas naturel, ils purent mieux distinguer ce dont il était fait : on aurait vraiment dit des colonnes de charbon emmêlées qui se dressaient vers le ciel. C'est alors que la brume s'écarta et laissa voir une petite entrée, comme celle d'une mine :
- Elle est là-dedans, affirma Shadow.
Ses deux amis l'interrogèrent du regard, mais le hérisson noir avait l'air tellement sûr de lui qu'ils décidèrent de lui faire confiance. Et malgré leur inquiétude, ils le suivirent à l'intérieur du passage obscur.
Leur marche fut courte et silencieuse. Rapidement, ils parvinrent dans une salle au plafond bas. Ce dernier était légèrement incliné, et n'inspirait pas confiance car il avait l'air de tenir le poids du charbon difficilement. Et, au bout de la salle, une grande sphère orangée brillait de mille feux.
- Comme c'est beau ! s'exclama Mina.
Malgré sa frayeur, elle décocha un sourire émerveillé, comme si elle avait oublié soudain toute raison de se battre. Jak, lui aussi, était stupéfait par cette trouvaille. Shadow essaya de ne pas la regarder. Il contempla plutôt les murs d'un air soupçonneux. Il sentait un danger tout près. Trop près, peut-être même. C'est alors qu'il remarqua, dans un coin, un petit objet blanc-argenté de temps à autre éclairé par la sphère. Il s'en approcha, et celui-ci fila dans sa direction pour se fixer au bout de l'épée d'Argent. Il se retourna vers ses amis pour contempler leur soulagement à eux aussi.
Mais loin de sembler soulagés, ils avaient maintenant une expression de terreur sur le visage.

La sphère orangée avait viré au doré, et deux grands yeux blancs s'étaient ouverts à l'intérieur, et fixaient maintenant les deux amis d'un air cruel. Ceux-ci étaient paralysés d'effroi. Soudainement, Shadow intervint :
- Il faut partir ! cria-t-il.
Ses amis eurent du mal à l'écouter, mais lorsque la sphère explosa et qu'une Syrienne toute orange et dorée fondit sur eux, ils se décidèrent à leur tour à quitter la mine au plus vite.
Fort heureusement, ils se retrouvèrent rapidement à l'extérieur, mais ils n'étaient pas tirés d'affaire pour autant ; la Syrienne venait de surgir à son tour de sa sombre caverne et pointait vers ses ennemis des canines acérées. Son corps était à moitié dissimulé sous des étoffes d'or qui dansaient autour d'elle, et ses minces membres étaient brûlants comme des étoiles. Elle tendit son bras en direction de ses ennemis, et commença à leur envoyer de longues flammes rugissantes qu'ils avaient à peine le temps d'esquiver ; puis le feu poussait un cri largement digne d'un simple crépitement avant de s'évanouir dans les poussières de Syrùth.

- On dirait que voici Stella... fit Jak, déjà essoufflé.
- Gardes tes forces pour le combat... conseilla Shadow. Elle ne semble pas décidée à nous laisser aller en haut de cette montagne.
- Aller là-haut ? Mais pour quoi faire ? questionna Mina.
- ... Ca m'intrigue, répondit simplement le hérisson noir. Il faut que j'aille là-haut, ajouta-t-il ensuite avant de se ruer sur son ennemie.
Il ne put s'approcher très près ; la Syrienne émettait une lumière aveuglante et il ne parvenait pas à s'y retrouver. Contre toute attente, il fit surgir ses ailes de démon, et s'envola, avant de sortir son pistolet. D'en haut, il tira quelques balles, qui n'eurent aucun effet sur la Syrienne : celle-ci venait de s'entourer d'une grande sphère orangée et translucide.
- ( J'aurais dû m'en douter ) songea le hérisson noir en rangeant son arme.
Il recula dans les airs jusqu'à ses amis. C'est alors qu'une autre sphère dorée se détacha de celle qui faisait office de bouclier à Stella et roula à toute vitesse vers les trois amis ; qui eurent à peine le temps d'esquiver que la boule explosait déjà dans un bruit effroyable. Shadow contra l'attaque immédiatement en lançant vers son ennemie un sort à sa façon, noir, jonché d'éclairs sombres. Il percuta la Syrienne de plein fouet, et son bouclier ondula légèrement et sembla s'amincir. Mina le remarqua : elle empoigna solidement son bâton, le tendit devant elle, puis un pic de glace fonça sur Stella : perça son bouclier affaibli et transperça son corps maigre.
La Syrienne se figea dans un sursaut qu'elle faillit ne pas montrer. Attentifs, Shadow, Mina et Jak attendaient un signe pour continuer l'affrontement. Signe qui ne se fit pas attendre.
Stella redresse la tête.
Ses yeux sont plus clairs et méchants que jamais lorsqu'elle se rue sur Mina, ne laissant aucun répit à la jeune mangouste, qui pousse soudain un cri de douleur. La Syrienne venait de lui lancer une petite sphère orangée, sous le regard effaré de ses deux amis.
Aussitôt, Shadow décida de lui faire regretter son geste. Quitte à la tuer, à la faire souffrir intensément, il commença à sentir brûler en lui une haine qui faillit lui faire perdre le contrôle de lui-même. Malgré tout, il ne sut s'empêcher de former entre ses mains une grande lance noire, de piquer vers son ennemie et de lui enfoncer la totalité de la lance magique dans la tête.
Aussitôt, cette dernière se dissipa comme un mirage. Mais Stella avait bel et bien été touchée : elle poussa un cri - non, un rugissement - tandis qu'elle s'évaporait dans les vents de Syrùth, ne laissant de sa mort qu'une grande trace de brûlé devant sa montagne. Une trace qui, de haut, avait vaguement la forme d'une étoile à cinq branches.

Jak fut le premier à se précipiter sur Mina en lâchant son arme. Dissimulant son mécontentement de ne pas avoir pu se battre, il tomba à genoux auprès d'elle et l'aida à se redresser :
- Mina, tout va bien ?
La jeune mobienne lui décocha un maigre sourire, puis regarda Shadow. Et son sourire fondit. Le hérisson noir venait d'atterrir et de ranger ses ailes, mais il avait toujours son regard... de démon. Ses pouvoirs démoniaques s'étaient bel et bien, en tout cas, emparés de son apparence.
- Shadow... souffla Mina avec peine. Tu l'as...
Elle ne savait plus quoi penser de son ami en cet instant. Était-il démon au point de ne plus savoir se contrôler ? Dans ce cas, n'y aurait-il pas encore des risques, comme le jour où tous avaient cru à la mort de Nahru ?
Finalement, les yeux de Shadow retrouvèrent leur aspect normal lorsqu'il tendit sa main à Mina pour l'aider à se relever. Mina hésita d'abord, puis se dit stupide de douter en son ami, et elle lui prit la main.
Peut-être était-ce son imagination, mais en cet instant, le regard de Shadow était presque trop paisible.

- Attendez-moi ici, tous les deux, dit Shadow à ses amis. Rentrez au vaisseau si vous êtes fatigués, mais je dois aller voir en haut de cette montagne. Je ne sais pas pourquoi, mais...
- D'accord on a compris, vas-y, lui répondit Mina en souriant. On a l'habitude de tes pressentiments, et en général ils ne sont pas là pour rien.
- C'est vrai ! confirma Jak. Allez, dépêches de revenir ! Mais ce n'est pas quelque chose de dangereux, au moins ?
- Non... répondit Shadow vaguement en fixant la montagne. Non, je ne crois pas...
La fin de sa phrase disparut en même temps que lui-même, dans un éclair rouge qui fonça à toute allure sur la montagne. Jak et Mina le suivirent du regard jusqu'à ce qu'il ait disparu. Puis Jak déclara :
- Ce qui l'intéresse lui doit aussi nous intéresser nous.
- Hein ?
- Et puis, qui sait sur quoi il pourrait tomber ? Mais j'ai pas des chaussures aussi super que les siennes, moi. Mina, je pense que tu ferais bien de le suivre.

Shadow regarda tout autour de lui. Bien que baigné de brume, le sommet de la montagne noire était fort accueillant. Le vent était étrangement faible, et il secouait l'herbe fraîche qui s'étendait de tous côtés. Au loin, on pouvait presque voir l'horizon des plaines désertes de Syrùth. Shadow commença à se trouver stupide d'avoir eut une telle réaction :
- Il n'y a rien, ici, dit-il tout haut pour percer le silence. J'ai dû rêver tout à l'heure.
Il allait repartir, lorsqu'il regarda à sa gauche et il contempla un instant l'herbe verte.
- Pourtant... De l'herbe sur Syrùth... J'ignorais que c'était possible.
Son regard fut alors attiré par une lumière bleue qui sortit d'un buisson presque invisible en raison de la brume. La lueur se dirigea vers lui, et aussitôt après, il sentit la tête lui tourner.

- Lèves-toi, Shadow.
Une voix douce venait de murmurer des mots tout près de lui. Reprenant ses esprits, il ouvrit les yeux puis se releva lentement. Il réalisa alors que l'esprit de sa mère se tenait devant lui. Et elle avait beau être floue comme un mirage, et avoir cette fois-ci une expression sérieuse sur le visage, elle était toujours aussi ravissante.
- Je dois t'avouer quelque chose, Shadow, continua Lucéria.
- Vraiment ? questionna Shadow, un peu intrigué. Et qu'est-ce que c'est ?
- C'est au sujet de ton père.
Un silence se mit à régner quelques instants. Shadow ne répondit rien. Il se contentait de dévisager sa mère qui, le visage serein, trop inhabituel peut-être, lui dit très clairement :
- Je sais très bien pourquoi est-ce qu'il s'est retourné contre Ethera. Inferna s'est emparée de lui. Et quand elle veut... elle prend possession de son corps.
Shadow resta paralysé de stupeur, et il sentit le mouvement de son coeur s'accélérer. Il sentit une colère immense jaillir en lui, et il ne sut que rester là, immobile, à fixer sa mère en tremblant, signe de la difficulté qu'il éprouvait à se contrôler. Sa fureur était aussi adressée à lui-même : comment avait-il pu être aussi naïf ? Voilà pourquoi Umbra se comportait si étrangement ! Pourquoi il avait tué Maeth, ainsi que Skay !
Shadow s'interrogea alors. Sans doute Inferna ne contrôlait pas Umbra tout le temps. Et pendant que le roi des démons était libre, à quoi songeait-il ? Il devait ruminer ses plus sombres pensées, haïr son manque de puissance pour s'en sortir, regretter de tout son coeur les plus sombres actes. Et quand il avait tué Skay, quelle haine implacable rodait dans son esprit ?...
Inferna était liée à Umbra, maintenant. Et s'il la tuait, que se passerait-il ? Inferna entraînerait-elle le roi des démons dans sa mort ?
- Mon fils... murmura Lucéria. Ne perds pas espoir. Tu peux encore sauver le monde.
- Comment... Mais pourquoi est-ce que... tu n'as rien dit ?!
- Car tu ne pouvais rien y faire pour le moment, Shadow. De plus, te connaissant, je savais que tu allais vouloir aider ton père.
- N'importe quel fils ferait ça pour son père !
- Shadow. Pour l'heure, tu dois repartir affronter Inferna, une fois l'épée d'Argent reconstituée. Ca sera le seul moyen de libérer ton père.
- Mais... j'ai l'impression de ne plus avoir aucun espoir ni... Rien qui me donne le courage de faire tout ça...
- Shadow, aies confiance en toi. Tes amis sont encore à tes côtés, et Skay aussi, malgré ce que tu penses. J'ai confiance en toi. Et tu sais que l'amour aussi peut te redonner courage ?
- L'amour ? C'est un sentiment dont j'ignore tout.
- Tu te trompes, répondit Lucéria en souriant. Tu aimes quelqu'un, je le sais.
- Comment ?...
- En tant que future étoile, je peux lire en ton esprit et ton coeur, tu sais ?
Shadow eut presque envie de rire. Il détourna la tête un instant. Lui ? Amoureux ? Impossible. Se moquant un peu, il demanda :
- Dans ce cas, qui suis-je susceptible d'aimer ?
- Ton coeur te le dira.
L'image de sa mère disparut alors, et Shadow se retrouva seul, les pieds dans l'herbe au sommet du mont étoilé.
- Shadow, tout va bien ?
Le hérisson noir se retourna. Mina venait d'arriver.
- Tu en mets, du temps ! Quelque chose de va pas ?
Shadow ne répondit pas tout de suite. Il récupéra son souffle, redressa la tête au loin, puis déclara :
- Lucéria m'a raconté la vérité au sujet d'Umbra. Il se fait posséder par Inferna.
Mina plaqua sa main sur sa bouche, étonnée. Puis elle murmura :
- Maintenant, son attitude étrange s'explique...
Elle alla se placer aux côtés de son ami :
- Je suis... désolée.
Shadow resta un instant silencieux. Un instant, il vit la souple chevelure de Mina se secouer dans le vent, puis ses yeux verts comme deux émeraudes. Malgré lui, il la trouva ravissante.
- J'y pense, dit-il. J'ai quelque chose à te dire.
La jeune mangouste fut surprise :
- Vraiment ? Quoi ?
Shadow hésita un instant, puis il se retourna, et déclara :
- Sae te ivae !
Il décocha un sourire moqueur tandis que Mina s'exclamait :
- Eh, c'est pas juste ! Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Plus tard, tu le sauras.
- Tu ne changeras jamais...
Les deux amis descendirent ensemble de la montagne et rejoignirent Jak, qui les attendait dans le vaisseau. Arrivés dans le cockpit, le jeune garçon s'exclama :
- Vous en avez mis du temps ! Vous faisiez quoi ?
- J'ai malheureusement appris quelque chose de terrible, déclara Shadow.
Il raconta tout à son ami. Celui-ci fut désolé :
- C'est pas vrai... marmonna-t-il.
- Le seul moyen de délivrer son père sera de reconstituer l'épée d'Argent et de tuer Inferna.
La Chimère décolla. Elle s'envola très haut, et à l'ouest, les amis purent voir une fumée noire :
- Qu'est-ce que c'est ? questionna Mina.
- Sûrement le cratère, déclara Shadow. Allons voir !
Le vaisseau voyagea jusqu'à l'auteur de toute cette fumée. Et effectivement, c'était un immense cratère, effrayant et rouge comme de la lave en fusion. Près de ses roches poussiéreuses, La Chimère se déposa en silence.

Fin du Trente-troisième chapitre.

Non Mysti, je n'écrirai pas la suite de la suite pour la bonne raison que ça sort beaucoup trop de l'univers Sonicien. Je vous passerai le lien quand même, mais vous verrez : lisez par exemple le chapitre 34 de TBS II et vous ne comprendrez rien. XD
Enfin, voilà la suite.

Et j'ai fait une erreur, c'est dans ce chapitre-là que Shadow nous révèle ses sentiments... *essuie une larme* Ah, c'est beau l'amour.
Qu'est-ce que je raconte, moi ?! è_é

Trente-quatrième chapitre : Le duel de Terra

À l'intérieur du cratère, il faisait une chaleur intense. Déjà qu'escalader cet immense amas de roches poussiéreuses avait été fatiguant ; les trois alliés devaient maintenant descendre à l'intérieur d'un immense trou éclairé de flammes invisibles, et arrosé d'une chaleur qui fit bien vite de remettre le moral de chacun à zéro. Une longue pente lisse descendait en colimaçon vers le sol, longeant les parois du cratère. C'était la voie où Shadow, Mina et Jak marchaient péniblement, mais où ce dernier trouva tout de même le courage de parler :
- Pas rassurant, comme endroit, dit-il en s'épongeant le front avec sa manche.
- J'ai surtout hâte qu'on en finisse, répliqua Shadow.
La suite de leur fatiguant chemin se fit en silence.

- Je crois qu'on touche le sol.
Jak sentait sa tête lui tourner, et il voyait vaguement que la pente était finie et qu'ils se trouvaient à présent sur une surface rougeâtre qui chauffait fort. Shadow scruta la brume qui dissimulait une caverne creusée dans la pierre, lorsqu'un objet brillant arriva à toute allure vers lui et se souda à son épée :
- Tu as le fragment ? s'étonna Jak. Ca alors ! On s'est inquiété pour rien ! Vite, quittons cet endroit...
Ils avaient à peine commencé à s'exécuter qu'une voix glacée les figea sur place :
- Pas si vite.
Shadow se retourna vivement, et Mina et Jak, engourdis, ne le firent que lentement.
Une vague forme apparut dans la caverne et s'avança vers eux. Lorsqu'il la distingua, Shadow sentit un désagréable frisson lui parcourir l'échine. Il n'avait jamais rien vu d'aussi effrayant.

Terra était immense, comparée aux autres Syriennes. À en juger par sa robe de feu, il était impossible de lui administrer la moindre attaque physique. Elle avait un visage déformé par la colère, avec de longs yeux blancs et des canines acérées qui sortaient de sa mince bouche. Des cernes la rendaient presque difforme du visage, et des marques de brûlures noires recouvraient presque entièrement sa peau blanche. Ses longs cheveux de flamme dansaient derrière elle et brûlaient son dos pourtant gracieux.
- Ainsi, tu es le héros ? questionna la créature de sa voix aussi glacée que son corps était brûlant. Je me nomme Terra.
- Ca veut dire "la terre", souffla Jak.
- On s'en fout pour le moment, souffla Shadow.
La Syrienne poursuivit :
- Si je t'ai rendu ton fragment, c'est juste pour que tu ne sois pas déconcentré lors du combat. Mais de toutes façons, tu n'as aucune chance face à moi.
- Et si tu venais, au lieu de parler ? suggéra Shadow sèchement.
Il savait qu'il prenait un risque, mais peu lui importait. Même avec une arme à feu, il saurait se défendre. Et ses amis étaient là pour l'aider. Oui, ils étaient, en cet instant et comme toujours, juste derrière lui...
Terra fit grandir les flammes qui l'entouraient, et la chaleur dans son entourage commença à être insupportable. Mina tomba à genoux en criant et Jak s'appuya contre une paroi, ce qui lui fit encore plus mal car elle brûlait. Shadow chancelait lui aussi. C'est alors que, redressant la tête, Mina fit briller l'extrémité de son bâton d'une couleur bleutée, et lança un sort de glace sur toute la caverne. Les parois du cratère gelèrent au niveau des adversaires, et les flammes s'éteignirent. Le sol se transforma à son tour en patinoire, et réagit mal à ce changement soudain de température ; il commença discrètement à se fissurer.
Terra fusilla Mina du regard en s'écriant d'une voix terrifiante :
- Comment as-tu osé ?!
Mais Shadow jugea bon de s'interposer : se dressant face à l'immense menace qu'était la Syrienne, il déclara :
- Maintenant, c'est un duel entre toi et moi.
Énervée par ce moins que rien qui osait se moquer d'elle, Terra fondit sur Shadow à une vitesse impressionnante, mais ce dernier esquiva sans trop de mal. En atterrissant sur le sol avec ses flammes, Terra fit craquer le sol, et chacun se figea. La grotte se mit à trembler. Sans doute quelques gestes encore, et tout s'effondrerait. À pas lents, Jak et Mina remontèrent sur la pente par où ils étaient arrivés, et qui n'était pas gelée. Shadow marcha lentement vers eux pour agir de même, mais Terra, qui voulait lui empêcher de fuir par tous les moyens, frappa violemment le sol qui s'écroula dans un bataillon de glace et de feu, ainsi que de pierres sèchement brisées. Sous le regard horrifié de Jak et Mina, Terra, et Shadow qu'elle avait entraîné dans sa chute, se mirent à tomber dans le vide qui se trouvait depuis le début au-dessous du sol.

Mina hurla le nom de son ami à pleins poumons, malgré son impuissance totale. Jak se pencha avec effroi au-dessus de l'énorme trou qu'avait créé Terra. Il était éclairé de toutes parts par des flammes, comme au Temple de Syrùth. Il devait y avoir de la lave, au fond. Mais tout ce que Mina et Jak étaient en mesure de faire, c'était de contempler une énorme boule de feu et un point noir tomber vers le fond du gouffre.

Shadow sentit que la glace lui avait fait plusieurs coupures, et qu'une puissante chaleur l'entourait. Il était en trop mauvaise posture pour risquer le moindre geste, mais pourtant, il ne pouvait pas rester ici à tomber indéfiniment. Il devait agir. Vite.
Il fit jaillir ses ailes de son dos avec tout le mal du monde, puis regarda en bas. Immense, Terra se cognait aux pierres et rochers, et à cause de sa grande masse, elle n'était pas en mesure d'éviter de se prendre des coups. C'est alors que, tout en bas, les deux adversaires commencèrent à voir la lave arriver. Shadow sentit un frisson lui parcourir l'échine, et un second lorsqu'il se rendit compte que ses ailes ne lui obéissaient plus. Il ne pouvait plus rien faire. Ni risquer d'approcher Terra, ce danger incandescent qui tombait devant lui, ni tenter de s'échapper. Il n'arrivait pas à faire le moindre geste, et de plus, les cendres commencèrent bientôt à lui agresser les yeux et la gorge. La lave était toute proche. Il ferma les yeux. Ca y est. Tout était fini. Et ses amis qui l'attendaient là-haut, qu'allaient-ils faire ? Comment allaient-ils faire pour vaincre Inferna ? C'est lui qui avait l'épée d'argent. Ses amis ne pourraient tout simplement plus rien faire, s'il mourait. Tout serait terminé. Et le pire était qu'il n'y avait même plus d'espoir.
- ( Plus d'espoir ? Décidément, tu est un bien idiot semi-démon... )
Aokura rouvrit les yeux. Étendant largement ses deux ailes sur les côtés, il fonça vers la lave au lieu de remonter. Son expression se fit sûre d'elle, et il s'arrêta soudainement, à cinq mètres de la lave, et il croisa les bras. Faisant jaillir sa puissance, il forma au-dessus de la lave une grande surface noire translucide qui ferait office de sol quelques instants. Le démon se posa sur la surface, puis laissa son hôte retrouver ses esprit à l'instant même où Terra atterrissait à son tour et lourdement sur la surface noire, qui se fissura légèrement sous son poids.
- Aokura... souffla Shadow, déconcerté.
- ( Reprends-toi. ) répondit le démon. ( Il faut que tu tues cette Syrienne, maintenant. )
Shadow redressa la tête, et contempla Terra qui se redressait lentement.
- Je suppose que même désarmé contre une immense boule de feu... Je n'ai pas le choix, dit Shadow.
En guise de réponse, la voix du démon disparut.
Terra venait de se dresser péniblement. La chute l'avait affaiblie, et la surface noire continua de craquer sous elle. Bientôt, elle céderait sans doute. Mais Shadow savait ce qu'il devait faire, et le coup de main de son démon lui avait rendu un peu d'énergie. Il tira un sort maléfique sur Terra, peu puissant mais précis. La Syrienne, face à son adversaire qui commençait à peine à le narguer, sentit sa colère monter en flèche : bien vite, aveuglée par sa fureur, et incapable de prononcer un mot, elle marcha d'un pas lourd vers son adversaire, faisant trembler le sol avec elle. Puis soudain, elle bondit sur le hérisson noir. Ce dernier, surprit, mit une demi-seconde à réagir, mais il fonça sous la Syrienne qui retomba sur le sol sans toucher son adversaire.
Ledit sol s'effondra alors aussi brusquement qu'il s'était formé.
Terra s'effondra dans la lave et se mit à couler lentement, les derniers morceaux de peau qui lui restaient se mirent à brûler et elle poussa un cri qui déchira les tympans du hérisson noir. Celui-ci regarda son adversaire disparaître, mort de fatigue et de chaleur. C'est alors qu'il entendit la voix de Terra gronder une dernière fois, avec une haine implacable :
- À présent... Que mon refuge ait raison de vous...
Les murs commencèrent à trembler. Shadow regarda en bas, puis écarquilla les yeux d'effroi : lentement, mais sûrement, le niveau de la lave commençait à monter.

Shadow regarda en l'air. Le gouffre était très profond, il l'étant tant qu'il ne pouvait même pas voir le ciel. Pourtant, cette issue était sa dernière pour rester en vie. Shadow rassembla son énergie, sauta en l'air, battit des ailes et prit un peu d'altitude, avant de retomber lourdement sur la surface noire en se faisant mal à l'épaule. Il resta allongé un instant, perdu dans le vague et le vacarme, tandis que les secousses prenaient de plus en plus d'ampleur et que la sueur perlait sa fourrure en tout endroit. Il voulut bouger, mais ses muscles restaient bloqués. Serrant les dents, et fermant les yeux, il grimaça de douleur et se redressa lentement. La lave était juste en dessous. Confus par sa fatigue et cette chaleur, il sauta en l'air, tandis que juste sous lui la lave recouvrait le sol translucide. Il battit des ailes vigoureusement pour prendre de l'altitude, et il s'envola lentement. Il fit son possible pour ne pas user trop d'énergie, car elle se vidait à une vitesse affolante sous l'effet de la chaleur, des flammes, et de la lave qui continuait à le poursuivre.

- Il faut partir, maintenant, Mina !! cria Jak pour se faire entendre.
Il attrapa son amie fermement, et l'entraîna sur la pente pour la ramener au sommet du Cratère. La jeune mangouste était très réticente, mais Jak se devait de faire confiance à Shadow, il le savait. Enfin, le ciel s'offrit à eux. Cette immensité blanche et inquiétante qu'était le plafond de Syrùth. Les deux amis s'apprêtaient à descendre le long de la paroi du Cratère, lorsqu'en un coup de vent, un éclat noir surgit du gouffre et passa près d'eux ; il s'éleva très haut et redescendit vers eux par la suite :
- Shadow !! s'exclamèrent d'une même voix Mina et Jak.
Les trois amis ne descendirent pas tout en bas. Épuisés, il s'arrêtèrent sur l'une des falaises du Cratère, encore très hauts au-dessus du sol. Le refuge de Terra cessa alors de trembler. Tous trois l'avaient échappée belle.
- Je suis mort ! fit Jak en tombant par terre.
Shadow et Mina s'assirent à leur tour, tandis que Jak était étendu de tout son long dans la poussière. Il commença à ronfler doucement, alors ses deux amis le pensèrent endormi.
- Shadow... dit Mina. Tu as réussi à vaincre Terra ?
Le hérisson noir ne répondit pas tout de suite.
- ( À ton avis ? ) songea-t-il, car telle serait sa réponse en temps normal.
En temps normal seulement.
- Oui, répondit-il. Ca n'a pas été facile.
Mina fut surprise. Elle ne pensait pas que Shadow répondrait ainsi. Elle pensait qu'il aurait dit "et à ton avis, pourquoi est-ce que je suis là ?", ou quelque chose du genre. Quelque chose qui lui ressemblait. N'était-ce qu'une impression, finalement, ou Shadow, durant son voyage, avait-il réellement changé ?
C'est alors que le hérisson noir redressa la tête, attentif. Surprise, Mina le questionna :
- Shadow ? dit-elle. Quelque chose ne va pas ?
Shadow se leva.
- Réveille Jak, ordonna-t-il à son amie.
- Mais je suis réveillé ! répliqua Jak qui se redressait justement, en se grattant la tête. Qu'est-ce qui...
Il suivit le regard de Shadow, et se tut immédiatement. Au loin, dans la poussière de la plaine, trois énormes Lygarus couraient vers eux, sans de toute évidence la moindre intention pacifique, et trahis par un nuage de poussière qui s'élevait lentement après leur passage.
- Jak, tu te sens capable d'aller te battre ? questionna Shadow.
- Et comment ! affirma le jeune garçon en sortant son katana. Si tu veux, je me fais les trois à moi tout seul !
- Je préfère venir, déclara Shadow. Pars devant, je te rejoins tout de suite ! Ils n'arriveront pas avant une dizaine de minutes. On a un peu de temps.
- D'accord !
Sur ce, Jak commença à dévaler la pente du Cratère.
- Et moi ? questionna Mina, en se relevant non sans peine. Je ne le suis pas ?
- Toi, tu restes sagement ici, répliqua Shadow d'une voix qu'il voulut froide et autoritaire. Tu es épuisée, ça se voit, et je n'ai aucune envie que tu meures maintenant !
- Mais...
Le hérisson noir se rapprocha d'elle et la regarda dans les yeux :
- Écoutes, les Lygarus sont les plus grosses saletés qu'il existe sur tout Ethera. C'est pour ça qu'il ne te faut prendre aucun risque.
- Et toi ? répliqua Mina. S'il t'arrive quelque chose, c'est tout Ethera qui pourrait être touchée ! Nous pourrions tous mourir...
- Peut-être, mais il va falloir que tu me fasses confiance.
Shadow tourna les talons, et sortit ses ailes, qui frémirent légèrement. Elles avaient retrouvé un peu d'énergie, mais cela ne suffirait peut-être pas très longtemps. Tant pis. Il n'y avait plus d'autre issue. Shadow s'était apprêté à s'avancer jusqu'au bord de la falaise pour bondir dans le vide et s'en aller retrouver Jak par la voie des airs, lorsqu'il entendit des sanglots derrière lui. Surpris, il se retourna et constata que Mina pleurait.
Le hérisson noir, malgré lui, fut à son tour touché de peine. Alors, décidant qu'elle devait bien le savoir un jour ou l'autre, il recula jusqu'au bord de la falaise. Et, avant de sauter dans le vide, il déclara :
- Mina, "sae te ivae", ça veut dire "je t'aime".
Mina sentit un frisson lui parcourir l'échine et le mouvement de son coeur s'accéléra. Avait-elle rêvé ? Lorsqu'elle redressa la tête, Shadow volait déjà en direction d'une difficile bataille. Ne sentant plus ses membres tant le bonheur et la tristesse l'envahissaient, elle courut jusqu'au bord de la falaise pour le regarder partir.
- Moi aussi je t'aime... murmura-t-elle les larmes aux yeux.

Shadow rattrapa Jak en un peu de temps, et il vola à ses côtés.
- Shadow ! lança Jak pendant sa course. On devrait les rassembler, je les attire et tu leur lances un sort dans la face !
- Bonne idée, approuva Shadow. Prends à gauche !
Sur ce, les deux se séparèrent et foncèrent chacun d'un côté opposé sur les imposants chiens-loups. Deux des monstres se jetèrent sur Shadow qui les évita facilement en s'envolant un peu plus haut. Il les visa de haut, et chargea toute l'énergie dont il était capable. Une sphère immense jaillit bientôt de ses mains et s'écrasa sur le sol, creusant profondément la terre et créant un trou d'une profondeur immense. Jak était impressionné. Il ne pensait pas que Shadow gardait tant d'énergie. Le jeune garçon se mit devant le trou. L'un des Lygarus bondit sur lui, il s'écarta, et la créature s'effondra dans le gouffre avec un hurlement strident. Le deuxième monstre, pas plus intelligent que le premier, se retrouva dans le trou avec la carcasse de son congénère de la même façon que ce dernier. Jak avait fait fort pour l'esquiver ce coup-ci, il se redressa lentement, essoufflé. C'est alors qu'il étouffa un cri de surprise.
Le plus gros des monstres s'avançait vers lui à pas lents.
Mais, incapable d'esquiver un nouveau bond, ou d'entreprendre une fuite inespérée, il resta là, paralysé d'effroi. Soudainement, Shadow fonça sur la créature et roula dans la poussière avec elle.
- Shadow !! s'écria Jak.
Le Lygarus combattait violemment Shadow, qui commençait à perdre son énergie. Il se fit griffer l'épaule, la joue, et esquiva de justesse un grand coup de mâchoire ; il retomba un genou au sol. Alors que la créature se précipitait vers lui, un sort de glace lui tomba sur la tête, et emportée par son élan, la carcasse de la créature roula jusque près du trou, aux pieds de Jak. Le jeune garçon était médusé. Il fallait être drôlement puissant pour lancer un sort de glace capable d'achever un Lygarus ! Il redressa la tête, et vit que Mina les rejoignait, son bâton brillait encore dans sa main, et elle était déjà essoufflée. Elle s'arrêta devant ses deux amis, et posa ses mains sur ses genoux :
- J'y ai mis toute mon énergie, souffla-t-elle avec peine. Je ne tiens plus debout...
Elle tomba en avant, et lâcha son bâton qui frappa la poussière. Vif, le hérisson noir se rua vers elle et la rattrapa avant qu'elle ne s'écroule sur le sol. Mina décocha un maigre sourire, puis des larmes ruisselèrent sur ses joues. Shadow la serra contre lui, et elle articula avec peine :
- J'ai cru que tu allais mourir... Et je ne voulais pas... je ne voulais pas...
Le regard des deux mobiens se croisèrent alors, et tous deux se fixèrent intensément. Derrière eux, Jak leva les yeux au ciel et se retourna. Mina sentait son coeur battre à tout rompre, jamais elle ne s'était sentie plus proche du bonheur. Jamais elle ne s'était sentie aussi près de son ami. Ce dernier non plus. Il pensait que tous ces sentiments, qu'il ressentait alors, n'étaient que mirages ; il l'avait toujours cru. Mais ces yeux verts, si doux et si beaux, venait de lui prouver le contraire.
Shadow et Mina laissèrent alors leur esprit en paix, leurs yeux se fermèrent, leurs lèvres se rapprochèrent et ce fut le début d'un instant magique. Jak, qui s'abstenait bien de regarder, tourna alors son regard vers le Lygarus qui avait failli gâcher un tel moment, et il fit basculer la carcasse de celui-ci dans le vide.

Fin du Trente-quatrième chapitre.

Trente-cinquième chapitre : Le royaume aux illusions

Il s'était écoulé environ deux heures terriennes depuis que les trois amis étaient retournés dans leur vaisseau, pour prendre quelques instants de repos. Chacun s'en était allé de son côté, Jak dans le cockpit, et ses deux amis dans leur chambre respective. Mina s'était écroulée sur son lit et avait sombré dans ses rêves aussitôt, ses rêves qui ne pouvaient parler que d'amour et de sincérité. Shadow lui aussi avait tenté de trouver le sommeil, mais quoi qu'il fusse, il songeait toujours au combat contre Inferna qui approchait, et au dernier fragment à retrouver. À l'issue de sa patience, et au bout de trois longues heures écoulées pour lui dans l'agitation et l'inquiétude, il quitta sa chambre et alla retrouver Jak dans le cockpit.
- Ah, c'est toi Shadow ! fit Jak en le voyant. Dis, tu as une idée d'où se trouve le dernier fragment ?
- Je...
- Je suis certain que tu as une idée.
Shadow détourna les yeux.
- Fais démarrer le vaisseau, on y va. Je vais sur le toit, pour... me changer les idées.
Sur ce, il ouvrit la trappe au plafond du cockpit, et sortit dehors. La Chimère venait de décoller, il contempla un instant le vide paysage défiler sous ses yeux. Les bourrasques de vent secouaient fortement ses piques, et il peinait parfois à rester bien dressé. L'ennui et la solitude commencèrent à l'envahir.
C'est alors qu'il sentit que, toujours accrochée dans son dos, l'épée d'Argent se mettait à remuer. Surpris, il l'empoigna, et constata qu'elle brillait, et tirait le bras de Shadow en direction du nord-ouest, comme si elle voulait à tout prix se rendre dans cette direction.
- Le fragment ! fit alors Shadow.
Il ouvrit la trappe du cockpit, et lança à Jak de l'extérieur :
- Jak ! Je sais où se trouve le dernier fragment. Il est au nord-ouest d'ici, mets les gaz !
- Compris !
Shadow referma la trappe et se cramponna au vaisseau, qui fit un virage brusque pour filer vers la direction indiquée. À présent, La Chimère filait si vite que Shadow devait plisser les yeux pour réussir à y voir.

Au bout de deux minutes tout au plus, Shadow fut comme frappé : devant lui, sur l'immense plaine de Syrùth, commença à se dresser un palais immense aux formes pointues, de couleur blanche ou ocre en quelque endroit. L'édifice, impressionnant, était composé de nombreuses tours, dont la plus haute, au plafond en forme de cercle, était presque recouverte de fenêtres.
Shadow n'avait pas fini de se poser des questions sur l'étrange palace, lorsque le vaisseau fut recouvert et bousculé par un brouillard argenté, qui leur avait été invisible auparavant. Jak fit se poser l'engin, ne pouvant plus rien voir aux alentours. Shadow sauta du toit du vaisseau jusqu'au sol, et commença à y voir de nouveau. Il fut rapidement rejoint par ses deux amis :
- Shadow, tout va bien ? questionnèrent ceux-ci.
- Oui. En route maintenant, je crois que nous voici enfin arrivés au royaume aux illusions.
- Le fragment est à l'intérieur, c'est ça ? demanda Mina, tandis qu'ils commençaient à marcher.
- Vraisemblablement, répondit Shadow. En tout cas, je l'espère. Je n'ai aucune envie de mettre les pieds dans cet endroit pour rien.
Après une courte marche silencieuse, les trois amis entrèrent par une porte située un peu à part. Elle était ouverte sur l'extérieur ; accessible au moindre intrus. Ce fait mit les trois amis sur leurs gardes. Déjà, leur moindre action dans ce bâtiment devait être prévue.

La salle n'était pas très grande. Il y avait deux portes sur le mur d'en face. L'une était fermée, bloquée par des pierres. L'autre n'avait pas de porte, et menait à un escalier ascendant. Seules quelques briques reposaient dans les coins sombres. Les recherches commençaient à peine, lorsque soudain, Shadow se figea. Il avait ressenti une présence qui lui était familière ; une puissance solitaire, qu'il avait toujours admirée. Les yeux rivés dans le vide, il déclara :
- Arthur est ici.
Mina se tourna vers lui vivement :
- Comment ?!
Shadow, toujours aussi concentré, fit signe à ses amis de ne pas bouger. Il ferma les yeux un instant, les rouvrit, puis annonça :
- Il est en haut. Et vivant.
- Vite !
Mina fonça vers les escaliers et les gravit à toute allure.
- Mina, attends ! cria Jak, alors paniqué.
Il se précipita à sa poursuite. Shadow resta quelques secondes supplémentaires dans la salle afin de s'assurer que le fragment n'y était pas, puis il suivit à son tour le chemin de Mina.
Les trois amis couraient dans un long tunnel. Jak avait beau crier à Mina de s'arrêter, celle-ci était bien trop résignée à retrouver son père, quitte à affronter Inferna à elle seule. Jak finit par s'arrêter, les mains sur les genoux, essoufflé. La jeune mangouste allait beaucoup trop vite pour lui. Shadow arriva à ses côtés bientôt, et lui dit :
- Jak, tentes de retrouver le fragment, il ne doit pas être loin. Moi, je pars les chercher.
- "Les" ? questionna le jeune garçon.
Shadow décocha un sourire en coin et repartit vers la suite du tunnel.
Mina s'arrêta à une bifurcation. Elle avait le choix entre prendre à gauche, à droite, ou droit devant. Elle hésita un moment, son coeur battant à tout rompre, hésita encore, puis finalement partit vers la gauche. Shadow dut la suivre jusqu'à une sorte de cachot, avec une longue rangée de cellules sur chaque mur, un endroit sombre et délabré. Mina hurla le nom de son père à pleins poumons.

- Mina ?
Arthur s'éveilla en sursaut. Surpris par sa propre énergie, il se leva, sortit sa longue épée de son fourreau, visa les barreaux et dit à haute voix :
- Enfin, vous êtes venus. Il est temps pour moi de quitter à jamais cette cellule.
Sur ce, il donna un coup de lame fulgurant sur les barreaux qui furent tranchés en deux sur le coup. Arthur bondit agilement hors de sa cellule, épée à la main. Il se rendit compte à quel point son poignet gauche lui faisait mal. Il prit une grande inspiration, et sentit la présence de Shadow. Il regarda vers la suite du tunnel de son unique oeil, puis se mit à marcher, droit devant lui ; pour la première fois depuis deux ans.

Shadow accéléra brusquement et rattrapa son amie, qu'il retint :
- Mina, calmes-toi ! dit-il tandis qu'elle se débattait. Tu n'as pas à t'en faire, il va nous retrouver.
Mina se détendit un peu, mais ne quittait pas des yeux la suite du tunnel. Soudain, Shadow écarquilla les yeux et se retourna. Arthur n'avait pas été le seul à ressentir sa présence. Car en effet, une forme étrange, flottant entre des étoffes feu et dorées, s'avançait lentement vers eux.

Arthur se figea. Lui aussi avait ressenti cette chose. C'était ce qui l'effrayait plus que tout au monde, et qui lui avait gâché sa nouvelle vie. Cependant, dans une telle situation, plus rien ne l'aurait fait reculer, car la vie de sa fille et de ses amis était en jeu. Son épée dans le dos, Arthur se mit à courir.

Shadow n'eut besoin que d'un regard sur cette créature étrangement humaine et entourée de forces magiques puissantes, pour comprendre qu'il était en présence d'Inferna, la Syrienne aux yeux jaunes et au teint blanc. Celle qui avait tué sa mère. Celle qui contrôlait son père comme un pantin. Mina recula jusque derrière son ami, terrifiée. Shadow, pour sa part, avait d'autres préoccupations que d'avoir peur. Une haine implacable commença à l'envahir, et avant qu'il ne soit plus capable de résister à la tentation de se ruer sur Inferna pour l'achever, il dit à Mina :
- Pars retrouver Jak... Je reviens avec ton père...
- Mais...
- VITE !! cria-t-il.
Mina ne protesta plus. Elle fit un bond prodigieux par-dessus Inferna qui ne l'en empêcha pas, car celui qui l'intéressait en cet instant, c'était le hérisson noir. Les deux adversaires restèrent un moment immobiles, à se dévisager cruellement. C'est alors qu'Arthur surgit de l'ombre derrière Shadow, et se plaça aux côtés de ce dernier avant de fixer à son tour Inferna, épée en main.
- Je t'ai manqué ? dit-il sans même regarder le hérisson noir.
Shadow contempla son ami, abasourdi :
- Arthur !
Le hérisson noir, dans sa joie de revoir Arthur, ressentit tout de même un pincement au coeur : son vieil ami qui avait été comme un père pour lui était maintenant borgne, et ses vêtements si fiers étaient couverts de blessures.
- Je suis content que tu sois parvenu à tes fins, continua Arthur. Tu as vraiment grandi en deux ans. Montre-moi ce que tu sais faire... d'accord ?
À ces mots, Arthur lança le début du combat, lorsqu'il se mit à courir vers son ennemie.

Shadow suivit le mouvement, et durant le combat, il était impressionné par la force d'Arthur, qui elle pour du moins, n'avait pas changé. Mais Inferna était d'une force presque inimaginable, et le hérisson noir usait de toute son énergie pour esquiver les assauts meurtriers. Malgré tout, l'affrontement fut de courte durée.
Un objet brillant arriva de derrière Inferna et fonça sur Shadow, se fixant au bout de son épée. Le dernier fragment. Surpris, Shadow regarda l'épée d'Argent : elle avait fière allure avec sa lame entière. Mina et Jak arrivèrent de derrière Inferna, et, gardant leurs distances, firent signe à leur ami. Mina fut soulagée en voyant que Shadow était sain et sauf, et n'avait pas encore remarqué Arthur qui, lui, l'avait vue, et s'était figé à son image, soudain paralysé par une sensation étrange.
C'est alors que la Syrienne leva brutalement son bras vers Mina, lui envoyant une vague de flammes. Après tout, elle s'était juré de la tuer sous les yeux de ceux qui se trouvaient là.
- MINA !!
Mina vit au dernier instant quelqu'un qu'elle n'avait jamais vu se ruer sur elle, au moment où la vague de flammes l'atteignait. Ce fut ensuite une chaleur vive dans un décor noir, et, très vite, plus rien. Elle rouvrit les yeux quelques secondes plus tard, et sentit quelqu'un à côté d'elle qui la serrait contre lui. Qui la serrait contre lui d'un bras. De l'autre, Arthur avait douloureusement paré l'attaque, qui aurait été mortelle à la jeune mangouste. Shadow et Jak se placèrent devant Arthur et sa fille pour les défendre, et Mina redressa alors les yeux.

Elle eut du mal à réaliser qu'elle était dans les bras de son père, qui la dévisageait, fasciné. Fasciné par ce visage si doux et si parfait à ses yeux qu'il avait désiré contempler toute sa vie, fasciné de découvrir pour la première fois sa propre fille. Mina, elle, n'en croyait tout simplement pas ses yeux. Elle aussi dévisageait son père, tandis que son coeur cognait fort dans sa poitrine.
- Papa... souffla-t-elle. C'est... c'est vraiment...
- Oui, c'est moi. Mina...
- Comment est-ce que tu sais mon nom ?...
Arthur eut bien malgré lui les larmes qui lui montèrent aux yeux :
- Ta mère te moi te l'avons donné avant que tu naisses.
Pour sa part, Mina ne put retenir ses larmes. Elle enfonça sa tête dans la poitrine de son père, oubliant ne serait-ce qu'un instant le temps autour d'elle. Elle flaira l'odeur et ressentit la chaleur de cet être formidable dont elle avait tant rêvé, de petite fille jusqu'à ce jour-même. Tout en la serrant affectueusement contre lui, Arthur fermait les yeux. Il se sentait chez lui, en cet instant, et, pour l'une des rares fois de sa vie, il reconnut en lui un véritable bonheur.

Malheureusement, les retrouvailles furent de courte durée : car bien vite, Arthur dut se relever pour aider les autres à combattre. Mais Inferna venait de disparaître subitement. Les quatre alliés baissèrent leur garde. Ils restèrent un moment à se demander où est-ce qu'elle était passée, lorsque Arthur s'exclama :
- Elle nous tend on piège, il faut foncer vers la sortie ! Shadow. Quoi qu'il arrive, il faut que tu repartes maintenant à la forteresse d'Argent, rendre ses pouvoirs à ton épée !
Guidés par Arthur, les trois Black Spies se hâtèrent dans le sombre couloir en direction de la sortie.

À l'issue d'une minute de course, Jak lança à Arthur :
- Dites, c'est encore loin ?
- Pas vraiment, non. Mais il faut se dépêcher.
- Pourquoi ça ?
- Parce qu'elle arrive.
Shadow, Jak et Mina jetèrent un coup d'oeil derrière eux, et constatèrent avec horreur qu'effectivement, Inferna les pourchassait, lançant des boules de feu un peu partout autour d'elle et détruisant progressivement le couloir. Elle gagnait de plus en plus de terrain, et les secousses engendrées par sa course prenaient de plus en plus d'ampleur. Mina faillit trébucher à deux reprises et Jak manqua de peu de se heurter contre un mur. Leur course effrénée était de plus en plus délicate, et bientôt le sol commença à se fendre en deux. Arthur compris alors qu'ils n'atteindraient pas la sortie.
Il ralentit, et, parvenu à la portée de Shadow, il lui dit :
- Continuez tout droit, vous verrez bientôt la sortie. Je doute fortement qu'on se revoie, alors surtout, veilles bien sur toi, sur Mina et ce garçon.
Shadow le regarda avec des yeux effarés, et Arthur ajouta, avant de s'arrêter :
- Bonne chance, Shadow.
Celui-ci n'eut même pas le temps de dire un mot, que son ami faisait demi-tour à la surprise de ses trois alliés et barrait la route à Inferna.
- PAPA !!
Shadow attrapa Mina pour l'empêcher malgré lui de rejoindre son père, qu'il contemplait toujours sans y croire. Il ne voulait pas le laisser là, mais si Arthur ne se sacrifiait pas, ils mourraient tous. À contrecoeur, Shadow, Jak et Mina s'enfuirent vers la lumière blanche, tandis que, les larmes aux yeux, la jeune mangouste hurlait encore le nom de son père qui les regardait partir, un étroit sourire aux lèvres, dissimulé par son écharpe...
Arthur se tourna vers Inferna qui s'était stoppée, furieuse. ll lui dit :
- Il n'y a pas assez de place, ici.
Inferna lui jeta un regard empli de haine avant de décocher un sourire cruel, puis elle s'entoura avec son adversaire d'une fumée blanche, qui les fit disparaître du couloir.

Shadow sentit l'air extérieur lui ébouriffer les piques. Il se retourna et contempla le royaume aux illusions s'éloigner lentement derrière eux. Ses yeux habitués aux ténèbres se plissèrent un peu sous la blancheur du ciel. Ses oreilles bourdonnaient, il n'entendait presque plus la respiration saccadée de Jak ou les pleurs de Mina. Mais pour le moment, seule une chose le préoccupait : son ami Arthur qu'il, par un coup du sort, venait de laisser derrière lui.

Fin du Trente-cinquième chapitre.

Merci beaucoup à vous deux ! Effectivement on approche de la fin, il vous reste trois chapitres à lire, en comptant celui ci-dessous. Bonne lecture.

Trente-sixième chapitre : L'honneur d'Arthur

Jak se laissa tomber contre son vaisseau et se prit la tête d'une main. Mina continuait de pleurer, et Shadow ne parvenait toujours pas à réaliser ce qu'il venait de se passer. La mort certaine maintenant d'un de ses meilleurs amis. Qu'y avait-il de plus horrible que de continuer à vivre comme si de rien n'était, à présent ? Même si Arthur respirait peut-être encore en ce moment même, il n'allait pas tarder à tomber. Shadow le savait bien, et le pire pour lui, c'était de sentir qu'il était totalement impuissant.
L'esprit ancré dans une tristesse et un désarroi des plus profonds, les trois amis retournèrent dans leur vaisseau, qui décolla peu après de la surface de Syrùth.
- Je n'arrive pas à y croire... murmura Mina, qui avait enfin réussi à se calmer un peu.
- Arthur est heureux de t'avoir vue, répondit Shadow. Il t'a donné une preuve indéniable de son amour juste avant de partir ; ils nous a sauvés tous les trois, sans hésiter, tout simplement car c'est quelqu'un de grand.
Mina se jeta dans les bras du hérisson noir qui dut entreprendre de la consoler. Quant à Jak, il entreprit plutôt de faire quitter Syrùth à son vaisseau, qui s'en alla bientôt vers la forteresse d'Argent.

Le voyage se fit de la même manière que la dernière fois. Cette immense sphère d'argent, ce monde silencieux et sans odeur, puis ce vaste château où se présentaient un couloir à gauche, un à droite, et un autre plus étroit que révélait un autel, droit devant eux.
- Caelumbra doit être dans les sous-sols, déclara Shadow, je sens une grande énergie en émaner. Reste à savoir comment y pénétrer.
- Si on allait voir dans la salle de l'épée ? proposa Jak.
- D'accord, allons-y.
Les trois amis marchèrent sans un mot dans l'étroit couloir, et se retrouvèrent dans la salle où le sceau de l'épée d'Argent se tenait toujours.
- Cherchons un passage, dit Shadow. Quelque chose me dit que nous sommes sur la bonne voie.
Chacun chercha de son côté. Encore passive, Mina orienta lentement son regard vers un mur à côté d'elle. Elle s'approcha de lui machinalement ; fixant étrangement une grande dalle sur laquelle était gravé un symbole étrange.
- Qu'est-ce que c'est, ça ? questionna-t-elle.
Ses deux amis la rejoignirent, et Shadow sembla comprendre ce qui était marqué.
- C'est de l'Akurah, déclara-t-il. Cela veut dire "ciel".
- Ca se prononce comment ? demanda Jak.
- Tsonel. Mais c'est loin de nous être important.
Le hérisson noir leva sa main gauche et la posa sur la dalle, qui se mit à vibrer. Une onde dorée passa sur les murs avec un son étrange. Le temps autour des trois amis sembla s'agiter, et au bout d'un court instant, tout s'arrêta, et un passage descendant s'ouvrit dans la pierre. Jak, Shadow et Mina s'échangèrent un regard, avant de descendre dans ce nouveau couloir.

Pendant la descente, Shadow sentait de plus en plus de puissance magique tout autour de lui. Une puissance inimaginable, et qui n'avait été égalée qu'une fois : lorsqu'il s'était retrouver nez à nez avec sa pire ennemie.
Soudainement, les marches laissèrent place à une vaste étendue plane, plongée dans les ténèbres. C'est à peine si Jak et Mina voyaient leurs pieds, contrairement à Shadow qui distinguait clairement une immense et longue salle vide, avec une lueur blanche tout au bout. Il conduisit ses amis jusqu'à cette lumière. Mais le trajet était bien plus long qu'il n'en avait l'air.
Ils marchèrent longtemps, jusqu'à oublier toute forme de vie extérieur ou le moindre son autour d'eux. Personne ne sut dire combien de temps les bruits de pas avaient résonné, lorsque brusquement, la lumière blanche maintenant toute proche luit de plus belle : tout explosa dans une clarté aveuglante. Les trois amis plissèrent leurs yeux appauvris par la douceur des ténèbres, et lorsqu'ils y virent de nouveau, ils ne purent que rester hors d'haleine.
Une créature dont la puissance magique dépassait l'entendement se tenait devant eux. Elle était énorme, à tel point qu'elle était quasiment indescriptible, si ce n'est qu'un distinguait une mâchoire de plusieurs mètres de large sur une tête presque dénuée de cou, un oeil blanc de chaque côté et deux énormes pattes devant son corps posé sur le sol. Sa peau était une matière à l'air rugueux et vert sombre. Abasourdis, Shadow, Jak et Mina entendirent ensuite une voix étrange, comme un murmure, s'élever tout autour d'eux :
"- Que ma puissance sauve notre monde à jamais, et sache terrasser nos ennemis... Que cette épée retrouve sa force divine..."
Shadow remarqua tard que l'épée d'Argent flottait et brillait maintenant devant lui.
"- Que ce héros puisse venir à bout de Soranna... Son meilleur ami et pire ennemi... Et sauve mon royaume des ténèbres."
La lame divine se mit à briller, et alors une bouche immense, si grande qu'elle aurait avalé en une fois une maison à deux étages, s'ouvrit devant eux avec un rugissement aigu. Caelumbra sembla aspirer l'air et la lumière ; les trois amis se baissèrent comme pour ne pas se faire aspirer eux aussi, et, trop assourdis et bousculés pour rester conscients, tout se brouilla rapidement dans leur esprit et s'enduit de noir.

Une minute s'était écoulée sans que personne ne dise mot, dans la grande salle ronde du royaume aux illusions. Les deux adversaires se toisaient avec plus de haine que jamais, sans prendre garde à l'eau qui ruisselait à leurs pieds ou sous eux. Inferna rompit le silence la première :
- Pourquoi a-t-il fallu que tu leur permette de filer.
Sa crinière roux-doré ondulait furieusement derrière elle, comme un serpent excité à l'idée de tuer.
- C'est ta faute, et à toi seule Inferna répondit Arthur de sa voix rauque. Si tu m'avais tué tout de suite, je ne serais effectivement pas là.
Inferna serra les dents et fit fuser son énergie férocement, avant de dire à son adversaire :
- Avant que je te tue... Toi, es-tu au courant des événements déroulés y a mille ans ?
Arthur se redressa un peu et sortit son épée sans hâte :
- Ce que je sais, dit-il, est que nous avons eu tort.
Malgré sa colère, Inferna trouva la force de sourire avec cruauté.
- Adieu, Brave, dit-elle. Tu seras le deuxième que je tuerai.
Mais ledit Brave fonça sur elle si rapidement qu'elle ne le vit pas venir. Il lui décocha un puissant coup en plein milieu du corps, son point faible :
- Comment ?...
- Je vais te monter tout ce que je t'ai réservé en deux ans.
Inferna serra les dents et elle commença à envoyer des boules d'énergie partout tout autour d'elle. Arthur les évita difficilement, avant qu'une boule plus rapide que les autres lui brûle l'épaule droite ; il retomba un genou au sol. Avec l'âge, sa vivacité était en train de s'évaporer comme de l'eau douce.
Il se releva en essayant de dissimuler sa douleur. Inferna commença à l'attaquer hargneusement, et Arthur n'avait pour seul recours que la défense. Défense qui ne lui fut pas utile très longtemps, car au bout d'un court moment, Arthur entendit son ennemie prononcer quelques mots :
- Le maléfice de Nox.
Aussitôt, un coup invisible et inévitable atteignit la mangouste en pleine nuque et cette dernière s'effondra dans l'eau clair, son poignet toujours aussi serré autour de son épée.
- ( Lèves-toi ) se dit-il. ( Lèves-toi... )
Mais ses jambes n'arrivaient plus à supporter son poids. Il ne parvint qu'à se mettre à moitié assis, un genou au sol, son épée et sa main gauche qui ne la lâchait pas posée sur le sol, et sa tête baissée, tandis qu'il essayait de reprendre son souffle. Il tremblait visiblement. C'était sans doute là l'une des techniques les plus dangereuses d'Inferna, une attaque qui faisait perdre à sa victime toute volonté de combattre, jusqu'à une mort lente et douloureuse...

Lorsque Shadow rouvrit les yeux, il tenait l'épée d'Argent dans sa main gauche, et la sentait vibrer avec une puissance incroyable. Caelumbra avait bien rendu ses pouvoirs à cette arme qui, il l'espérait de tout son coeur, lui permettrait bientôt de venir à bout de son ennemie.
Il regarda tout autour de lui et vit que lui et ses amis, qui s'éveillaient lentement, se trouvaient dans l'étrange jardin silencieux de la forteresse. Jak et Mina regardèrent Shadow avec un maigre sourire mélancolique. Ils savaient que sous peu, leur dernier combat allait avoir lieu.
- On y va ? dit Jak.
Ce fut au tour de Shadow de sourire tristement. Il regarda son épée, la rangea dans son dos, et grimpa à l'intérieur de La Chimère avec ses deux amis. Le vaisseau décolla ensuite et quitta à jamais la Forteresse d'Argent.
À présent, les trois couraient dans le tunnel ascendant. Les pierres laissaient s'écouler de l'eau claire sur les murs, dévalant les escaliers que Shadow, Jak et Mina gravissaient maintenant. Arrivés au royaume aux illusions, c'était la lame de l'épée d'Argent qui avait guidé les trois amis jusqu'à la tour nord, au sommet de laquelle se situait une vaste pièce de forme ronde. Il fallait gravir de nombreux étages pour y parvenir. Des trous dans les murs ornés de mousse laissaient parfois voir le royaume dévasté de Syrùth. Chaque montée de vingt marches laissait place à une autre montée dans un sens différent, faisant rapidement progresser les trois amis vers, peut-être, le dernier chapitre de leur histoire.

Inferna semblait prendre un grand plaisir à faire souffrir son adversaire. Elle éclata d'un rire rauque et malveillant tandis que Arthur prenait toute la peine du monde à se lever. Résister au maléfice de Nox l'avait vidé de ses forces, mais il avait gagné le duel mental qui était sensé lui ôter sa volonté de combattre. Il se dirigea d'un pas lourd vers Inferna, et fit un bond prodigieux en lui envoyant une vague de magie. Où avait-il gardé tant d'énergie ?
Cependant, la Syrienne énervée par la puissance de son ennemi décida d'en finir : elle fonça sur Arthur en faisant surgir d'une étoffe d'or un long sabre de la même couleur. Des pétales blancs tournoyèrent autour d'elle, et ses yeux jaunes se braquèrent sur la mangouste affaiblie. Les deux armes s'entrechoquèrent pourtant. Arthur avait paré le coup de son ennemie avec toute la peine du monde, et il faisait fort pour respirer encore. C'est à ce moment là que le duel prit une tournure plus agressive encore.
Dans des explosions de lumière, les deux lames s'aiguisaient l'une contre l'autre à une vitesse affolante, et les diverses lueurs s'intensifiaient comme diminuait la force d'Arthur. Inferna était certaine qu'elle gagnerait. Pour elle, cela ne ferait aucun doute ; elle était presque au maximum de sa puissance et contre un adversaire déjà affaibli en deux longues années. Durant chacune de ces années, Arthur avait perdu peu à peu volonté de combattre, et force, comme si on poison se répandant dans ses veines lui soufflait de tout laisser tomber. Pourtant, il se battait encore. Pour Ethera. Pour ses amis. Et sa famille. Cependant, il ne pensait pas un seul instant partager la joie des habitants d'Ethera une fois que Inferna serait vaincue... et il avait raison.
Alors que l'affrontement prenait de plus en plus d'ampleur, on ne distinguait presque plus rien dans la salle ronde au sommet de la plus haute tour du royaume aux illusions : l'eau ondulait furieusement et claquait sur les murs, et au centre, des explosions magiques indiquaient que deux puissantes créatures se livraient un combat titanesque.
Arthur frappait presque à l'aveugle, tant il n'y voyait plus. Il savait que tout serait rapidement terminé, et sentait la main glacée de la mort se refermer lentement sur lui.
Combien de temps avait-il vécu ?
- ( Cinquante années, sûrement... Oui, c'est sûrement ça )
Ses yeux se fermèrent.
- ( Mina sait-elle que je commence à sombrer ? )
Son bras retomba et ses forces périrent.
- ( Et moi qui n'ai jamais pu lui dire que je l'aimais... )
Inferna ne s'était jamais douté que son adversaire aurait eu la force de combattre si longtemps. Mais à présent, c'était terminé. Inferna lui donna un grand coup qui l'envoya voler à quelques mètres, et où il s'étala dans l'eau claire. Il était en piteux état : ses vêtements brûlés, déchirés, et son corps martelé de coups et de blessures. Il rouvrit les yeux lentement. Son coeur lui faisait atrocement mal. Avant de refermer ses paupières à jamais, il déclara d'une voix sereine, tout au fond de son esprit :
- ( Qu'ils sachent enfin la vérité... Et tous vivront heureux )
Inferna poussa malgré elle un soupir de soulagement. Son adversaire était enfin vaincu.

Finalement, ils arrivèrent au bout des marches : devant eux s'étendit alors une immense salle silencieuse, au sol et au plafond circulaire. Un centimètre d'eau baignait le sol où, dans quelque bruit d'éclaboussure, Shadow et ses amis commencèrent à s'avancer. Mina et Jak s'arrêtèrent à l'issue de quelques pas, et le hérisson noir s'avança seul vers le milieu de la pièce, à pas lents. Plus encore que dans de l'eau, la pièce était surtout plongée dans un profond silence.
Shadow regarda le sol : malgré l'eau claire, il distingua au centre de la salle les formes d'un triangle entouré d'un cercle, et dont chaque sommet était une sphère de couleur bleue, verte ou rouge.
- Ce sont les trois planètes d'Ethera, dit une voix sortant de nulle part.
Jak sursauta et sortit son katana, et Mina serrait dans ses mains son long bâton magique. Shadow se contenta de balayer les alentours du regard, pour voir arriver le danger. Puis le triangle au sol se mit à luire, et une femme apparut dans une étoffe de feu, loin face à eux trois.
- Jadis, continua-t-elle, Caelumbra dirigeait tout Ethera. Jusqu'au funeste jour où Angea voulut s'emparer de ses divins pouvoirs, et c'est pour cela que vous êtes ici, n'est-ce pas ?
Inferna déploya devant eux toute sa puissance, et Shadow sentit l'épée d'Argent dans son dos se secouer violemment. Des étoffes de feu dansèrent autour de la femme à la crinière étincelante comme une cascade d'étoiles. Elle fixa ensuite Shadow de ses yeux jaune si impressionnants, puis elle lui dit :
- Voyons si tu es aussi fort que ton père.

Fin du Trente-sixième chapitre.

Merci Mysti ! Et à ce que je vois, dans la réplique d'Arthur que tu as relevée, j'ai fait une autre grosse faute... Je te laisse la trouver ? XD

Allez, l'avant-dernier chapitre de cette histoire, et peut-être le plus long.

Trente-septième chapitre : L'affrontement décisif

Une volée d'éclairs jaillit de la main de la Syrienne et percutèrent Shadow en un rien de temps. Mais au lieu de décoller à l'autre bout de la pièce, Shadow écarquilla les yeux et tomba à genoux. Inferna sembla soudain se concentrer. Pour sa part, le hérisson noir affichait déjà des traits de souffrance. Ses dents étaient si serrées qu'elles en grinçaient, et son corps tout entier tremblait sous une rage terrible, peut-être même une souffrance. Inferna grogna alors, ses dents également plaquées les unes contre les autres :
- Résistant, en effet... Tout comme son père... Mais plus pour longtemps !
Les éclairs jaunes se transformèrent alors en un lien bleuté qui relia les deux adversaires. Le tout formait une lumière aveuglante, et était d'une frayeur incroyable.
- Elle est en train de se servir de sa puissance ! s'affola Jak.
- Tu as vu juste, fils de Bahrane, répondit la Syrienne. Mon énergie... en plus de celle du roi des démons... et maintenant celle de son fils vont me permettre de faire à nouveau fusionner les planètes d'Ethera !
- Faire fusionner Ethera ?!
Mais Jak ne put en demander plus : subitement, Syrùth se mit à trembler, Jak et Mina furent renversés sur le côté. Ils s'étalèrent dans l'eau claire et firent de leur mieux pour se maintenir en place malgré les secousses qui, dans un grand vacarme, prenait de plus en plus d'ampleur :
- Mais vous ne pourrez jamais faire une chose pareille !! hurla Jak, aussi bien avec l'énergie de la colère que du désespoir.
En effet, leur attaque ne se passait pas du tout comme prévu.
- La collision sera inévitable, et faire fusionner trois planètes en même temps avec l'énergie de deux mortels et d'une Syrienne est totalement impossible ! On va tous y passer si vous n'arrêtez pas cette folie !!
- Tu fais erreur, répliqua Inferna. Car ce n'est pas la première fois que ces planètes fusionnent.

Partout sur Terre et Mobius, les gens avaient peur et ignorait ce qui se tramait. À Knothole, Isabella était effondrée d'inquiétude. À Myokoara, seul Sidus semblait comprendre les événements. Et il n'en ressentait que de la peur pour l'avenir de la galaxie. À Black City, tous les courageux étaient dehors, et scrutaient les ténèbres du ciel avec inquiétude. Les secousses étaient inhabituelles dans cette région, et un tel voilement des nuages ne présentait sans doute rien de bon. Dans la base des Forces Armées, maintenant un peu trop connue des Black Spies, une jeune fille aux cheveux roses, vêtue d'un uniforme bleu, exécutait de nombreuses manoeuvres mécaniques pour tenter de limiter les dégâts. Une voix s'adressa alors à elle par les hauts parleurs :
- "Ino ! fit la voix. Il faut activer les boucliers maintenant, les scientifiques disent que c'est le moment !"
C'était la voix du général Kawari.
- Bien reçu, père ! répondit Ino.
- "Et que diable, cesses de m'appeler ainsi !"
Ino activa les boucliers, qui usaient d'une grande puissance magique pour protéger un maximum les frontières de la ville. Mais soudainement, les secousses cessèrent :
- Père ! Ca s'est arrêté !
- "J'avais remarqué ! D'après nos scientifiques, il semblerait que Ethera a fusionné ! Rejoins-moi tout de suite. La situation devient incontrôlable, on n'est plus en mesure de rien faire. Désolé, mais il va falloir l'accepter..."
Ino resta muette, tant de stupeur que d'inquiétude. Dehors, les ténèbres inhabituelles pour une soirée engloutirent eau et végétation, les animaux et les nuages s'enfuirent tandis que le vent était de retour :
- ( Jak ! ) pensa Ino, maintenant plus anxieuse que jamais.

- Mais qu'est-ce que vous racontez ?! cria Jak.
- La simple vérité, se contenta de répondre Inferna. Ethera n'a jamais été une seule...
Un crissement de lame survint. Shadow s'était relevé, et fixait d'un regard assassin son ennemie, épée d'Argent en main :
- Peu importe ce qu'elle trouvera à nous raconter, je veux lui faire payer pour le mal qu'elle m'a fait, non seulement à moi mais aussi à tous les autres !
Shadow détourna son regard et remarqua que derrière Inferna, son père accablé de fatigue était immobile, étendu sur le sol.
- À cause de vous, Umbra a fait des victimes innocentes... Il a tué pour votre cause, et vous lui avez injustement fait connaître le plus grand des maux ! Il est temps pour vous de payer tous vos crimes.
Maintenant, de l'espace, on ne voyait plus trois planètes, mais une seule, couleur brun-orange. En fusionnant, la Terra, Mobius et Syrùth avaient emprisonné la Forteresse d'Argent et Caelumbra y demeurait impuissant. À présent, le sort du monde entier reposait entre les mains des trois Black Spies, ces trois amis qui avaient dû braver tous les dangers pour atteindre, finalement, ce qui devait être le dernier chapitre de leur histoire. Inferna se trouvait face à eux, flottant sur des geysers de matière dorée translucide, entourée de pouvoirs magiques puissants, ainsi que d'étoffes comme enflammées.
- Si vous me tuez, vous mourrez tous avec moi, annonça-t-elle.
- Peu nous importe notre propre mort, et tu en as la conscience, Inferna ! rétorqua Shadow méchamment. Nous naissons tous pour mourir un jour, de toutes façons !
- Mais si Caelumbra ne vous avait pas tous trahis, vous seriez restés immortels, au Royaume Akali !
Plusieurs pensées traversèrent soudain l'esprit de Shadow. Caelumbra voulait qu'il tue Soranna. Il en avait déjà entendu parler dans un livre au royaume englouti par les flots, mais qui était-ce ? Le hérisson noir se ravisa à se déconcentrer maintenant pour le prix de quelques paroles, et il lança à la Syrienne :
- Ce n'est plus la peine de mentir ! Caelumbra est notre créateur à tous ; il ne saurait nous trahir !
- ( Finalement, tu n'est pas si fort. Pourvu qu'un jour, tu comprennes )
Shadow sentit que c'était l'heure. Prenant une bouffée d'air appauvri sur cette immense planète, il fonça sur son ennemie, épée en main qui, déjà, se mettait à briller.

Inferna contre l'attaque avec peine, car l'épée d'Argent lui était fort nocive. Jak et Mina attaquèrent à leur tour, et la Syrienne ne put répliquer tout de suite. La fatigue s'empara rapidement des trois alliés, qui firent de leur mieux pour ne pas se décourager pour autant.
Shadow se rendit bien compte de la difficulté du combat qu'il venait d'engager. Plus encore que dans ses pensées, Inferna était d'une puissance à peine croyable. L'affrontement s'annonçait très difficile. Reculant pour esquiver une attaque mortelle, il fit jaillir ses ailes de démon, sous un sourire malsain d'Inferna qui fit luire ses yeux jaunes, avant que l'affrontement ne reprenne de plus belle.
Mina était consciente du danger mortel qui se dressait face à elle. Mais ses coups et sorts ne faiblissaient pas, et elle créait sans cesse des diversions peut-être inefficaces, mais cela elle ne pouvait le savoir, et elle devait se battre, faire ce qu'elle pouvait. Prête à abandonner sa vie dans cet affrontement, comme la légendaire Prêtresse qui avait tenté avant elle de vaincre son ennemie, elle ne pouvait que se battre avec son courage et sa volonté, se battre, frapper et lutter, jusqu'à la fin.
Jak avait attendu cet affrontement si longtemps, maintenant qu'il se déroulait enfin, et qu'il y participait, il peinait à y croire. Son coeur cognait fort dans sa poitrine, et s'il se rendit compte de la force de la Syrienne, il se rendit également compte de sa propre force, qui avait grandement mûri depuis le début de son voyage. Pour lui, une chose était certaine : il se battrait jusqu'au bout.
Mais, depuis le début, Shadow savait que son ennemie ne resterait pas très longtemps sur la défensive. C'est d'ailleurs pendant un moment d'inadvertance de ses trois adversaires en même temps, durant une fraction de seconde, elle eut le temps de frapper le hérisson noir de plein fouet avec sa main aux doigts allongés, tout en murmurant :
- "Le maléfice de Nox."
Aussitôt, Shadow fut pris d'une douleur intense à la tête. Il tomba à genoux, sans lâcher son épée, et il sentit ses veines se contracter, comme si elles allaient exploser. Dents serrées, il tenta de rester conscient, mais ses oreilles bourdonnaient, sa vue s'était légèrement voilée et un son strident vibra dans son esprit.
Soudain, il lâcha son épée.
Pourquoi se battre, après tout ? Il pouvait aussi bien rester là et mourir.
- ( Non... )
Tout serait tellement plus simple, à rester ici.
- ( Je dois me battre... )
À rester crever tranquillement.
- ( Non... Je dois combattre ! )
Ses yeux toujours aveugles, il attrapa son épée. Ses dents se mirent à grincer, et il tenta de retrouver ses esprits.
Lâches ton épée, et tout deviendra simple.
- ( Je dois sauver ce monde que j'ai fui si longtemps... )
Tes chances sont vaines et ce monde t'a toujours haï.
- ( Il compte sur moi, maintenant... )
Pourquoi est-ce que tu ne restes pas...
- ( Tu sais quoi... )
Tout serait tellement...
- ( ... dégage. )
D'un coup sec, Shadow arracha son esprit à ce poison invisible, et le voile sur son regard disparut. Sa douleur s'évapora, et le maléfice poussa une dernière plainte avant de partir en fumée. Étonné, il vit alors Inferna reculer sous les assauts de Jak et Mina. Ses amis, emplis de courage, s'étaient vraiment surpassés !
C'est alors qu'Infena se redressa. Elle fit jaillir la puissance qui lui restait, et envoya Mina à Jak à l'autre bout de la salle. Ils retombèrent dans l'eau, et demeurèrent sans bouger. Shadow pouvait maintenant crier leur nom ; il n'était plus en mesure de rien faire, seul.
Seul ? Il était seul, maintenant ?
Inferna avait maintenant les yeux blancs, les étoffes autour d'elle s'agitaient comme des serpents, et elle semblait avoir gagné en volume. Sa respiration était bruyante, et elle semblait souffrir ardemment.
- Ils m'ont fait mal, ces deux gamins... heureusement pour eux qu'Arthur m'avait déjà affaiblie auparavant...
- Arthur ? Que lui est-il arrivé ?! lança Shadow vivement.
- Il est mort.
Shadow se redemanda à deux fois si ses oreilles ne devenaient pas folles à leur tour. Mort ? Son vieil ami qui lui avait tout appris, était... mort ? Shadow faillit se mettre à trembler sous le choc de la nouvelle.
Il était vraiment seul, maintenant.
Pourtant, la colère sembla s'emparer de lui : il chargea Inferna, en hurlant son nom, avec toute la haine qui bouillait en lui. Il était devenu comme un démon, assoiffé de colère et de vengeance. Un combat vertigineux débuta alors, et les deux adversaires, maintenant à forces égalées, ne pensèrent plus qu'à tuer.

Jak et Mina, demeurant inconscients, ne pouvaient deviner quel mal se tramait à présent dans la salle où ils étaient étendus. L'eau s'agitait, et une sphère argentée se dessinait brièvement autour des deux adversaires. Aveuglés par la lumière, reflet de leur force, Inferna et Shadow frappaient presque sans rien y voir ; causant de sérieux dommages tout autour d'eux, tandis qu'ils s'élevaient peu à peu au dessus du sol.
Dans un vacarme singulier pour ce qu'était la planète de Syrùth, le plafond de la salle ronde explosa dans une cascade d'éclats brillants comme du verre noir. Les sorts magiques fusaient et la force prenait de plus en plus d'ampleur, le royaume aux illusions se mit presque à trembler. Et partout sur Ethera, où le ciel s'était voilé d'un sombre nuage d'encre, on s'inquiétait plus que jamais non seulement de son propre sort, mais aussi et surtout de celui de la galaxie. Black City se défendait au mieux contre le temps difficile ; les rafales de vent avaient commencé à fuser dans les landes, froides comme le sommet des montagnes. Le général des Forces Armées avait tenu au courant la ville toute entière sur ce qu'il se passait. Car il en était conscient. Certes, Ethera avait fusionné, certes, Inferna était au plein de sa puissance, et ceci était un mauvais présage pour toutes les vies de la galaxie. Mais il savait aussi que trois amis étaient en train de se battre pour défendre ladite galaxie. Et c'était l'important, car lorsque le destin d'un si grand monde repose sur les épaules de trois personnes, l'inquiétude et la confiance montent en flèche. Le général Kawari était doté d'une grande inquiétude.

Shadow n'avait plus le temps de penser. Jamais il ne s'était trouvé face à face avec un adversaire tell que Inferna. L'épée d'Argent brillait, frappait et chargeait, sans même chercher à contrer. Les deux adversaires étaient tant assoiffés par le goût de la haine en leur coeur, qu'ils en avaient oublié la défense. Les minutes étaient des heures, le temps était tombé, évanoui sous les coups des deux ennemis. Et comme si le ciel avait deviné ce qu'il se tramait, il commença à gronder et à verser ses larmes sur la planète toute entière.
Soudain, l'affrontement s'arrêta.
Une fraction de seconde d'inadvertance avait coûté à Shadow de se faire lacérer la poitrine par deux griffes immenses. Il écarquilla les yeux, et se mit à tomber. Il chuta dans la salle ronde en entrant par le plafond brisé, puis en s'effondrant dans l'eau claire, ailes déployées, le souffle court. Il respira avec peine. Il sentait la vie le lâcher lentement, même si en lui, tant de voix lui disaient qu'il ne devait pas mourir...
- ( Tout est terminé, cette fois... )
Il ferma les yeux, après les avoir entrouverts un court instant. Inferna venait d'atterrir à son tour, la respiration bruyante. Comme à bout de forces, elle souffla à son ennemi, sortant souvent ses dents blanches et ses canines acérées :
- Tu es... tenace. Souviens-toi... Lorsque tu es tombé devant le Temple de Syrùth... C'est parce que j'avais essayé de te posséder... Mais tu étais coriace... Bien trop coriace...
Elle émit un rire difficile, comme tiré par la Souffrance elle-même.
- Mon plan était pourtant parfait... En m'emparant de ton père, le roi des démons, j'étais certaine que les démons gardiens cesseraient de chasser les monstres... Et aucun Prêtre, aussi puissant fut-il, n'aurait pu les convaincre de continuer... Mais je n'avais pas prévu... que tu étais le fils d'Umbra... et qu'avec du sang démoniaque comme le tien... les démons gardiens t'obéiraient facilement !
Un sourire cruel passa sur ses lèvres.
- J'avais... besoin de toi... de ta force... mais maintenant, l'un de nous deux va mourir... seulement souviens-toi... que vous avez... tort.
Shadow rouvrit ses yeux lentement. Inferna flottait lentement vers lui, prête à abréger ses souffrances.

- ( Mais il te reste un moyen, Shadow... )
- Mère ?
- ( Tu peux encore battre Inferna )
- Mais je suis incapable de bouger...
- ( Souviens-toi... de l'aube de tes souvenirs )
La voix disparut. Soudain, le hérisson noir comprit. Il porta une main douloureuse à sa ceinture, s'empara de ce qui y était accroché, puis il pointa sur Inferna un tube de métal noir, se redressant. La Syrienne se stoppa, étonnée par cette arme à feu pointée sur elle. Shadow, la respiration saccadée, n'hésita pas à actionner la gâchette, et, à deux reprises, à tirer en pleine tête de son ennemie.

Inferna poussa un hurlement horrible. Elle s'évapora légèrement, sous forme d'une cascade d'étoiles, et elle fonça vers Umbra. Shadow, croyant qu'il en avait enfin fini, réalisa avec horreur que son père s'était relevé, entièrement possédé par ce qu'il restait de son ennemie, et que ses pouvoirs l'avaient fait décupler de hauteur.
Shadow se dit que vraiment tout était perdu.
- ( N'abandonnes pas ) lui murmura alors une voix qu'il aurait reconnue entre mille.
Le hérisson noir tourna la tête et resta étonné : sa mère le regardait, sous une apparence de fantôme argenté, juste à côté de lui.
- ( Lèves-toi, mon fils. Certains doivent bientôt embrasser la liberté ) murmura sa voix, mélodieuse et comme infiniment éloignée du hérisson noir.
Celui-ci se remit sur un pied, son deuxième genou toujours au sol. Il empoigna son épée, mais fut incapable de se lever ou de soulever son arme.
- ( N'abandonnes pas, ce n'est pas le moment, Shadow ! )
Cette voix, il la reconnaissait aussi. Il tourna la tête de l'autre côté et vit, cette fois, le reflet d'Arthur qui venait d'apparaître. Puis celui de Lie-ker. Et celui de Maria. Puis une multitude d'autres dont il avait sans doute oublié les traits. Méfiant, le Umbra possédé avait commencé à reculer.
- ( Nous pouvons t'aider à sauver le monde ) dit Lucéria. ( Mais ça sera à toi de le faire )
Shadow vit les reflets argentés l'entourer de leur splendeur, puis il remarqua en retard qu'il était maintenant debout. C'est alors que toutes les âmes foncèrent sur Umbra en escortant Shadow, qui s'était mis à courir, puisant dans un reste d'énergie dont il ignorait jusque là l'existence, et sans parvenir à comprendre réellement ce qu'il se passait. Des lumières argentées brillaient de tous côtés, presque plongées dans le silence... L'eau claire s'agitait et fouettait ses pieds sous ses grands pas... Et soudain, le sol descend... en l'air, Shadow flotte vers Umbra, sous l'effet d'un bond formidable du jeune hérisson noir. Attaquée de toutes parts au-delà de son déguisement, Inferna est soudain repoussée un court instant du corps du roi des démons. Son visage apparaît brièvement près de Shadow, qui brandit sur-le-champ son épée pour l'enfoncer dans la tête de la Syrienne. Tous retombèrent ensuite, et tandis qu'un hurlement strident retentissait, Shadow fermait les yeux, sentant ses mains lâcher tout appui, alors que les âmes se mettaient à sourire. Tomberait-il évanoui, ou mort ?

Un silence régna pendant très longtemps. Était-ce une heure, une journée, ou plus encore ? Les tremblements de terre venaient de s'achever.
Et bientôt, dans la vaste salle ronde du royaume aux illusions, après qu'il eut réalisé qu'il avait sauvé le monde, Shadow risqua d'ouvrir les yeux.
Il commença par se redresser et regarder derrière lui. Il fut parcouru d'un bon soulagement lorsqu'il vit Jak à moitié endormi qui regardait les alentours, et Mina qui se redressait en se frottant la tête. Tous deux adressèrent un sourire à leur ami, qui fit de même. Mais les sourires disparurent lorsque Jak regarda derrière Shadow, inquiet. Le hérisson noir regarda alors devant lui, et contempla avec stupeur le corps de son père, qui gisait là où il était tombé.
- Père !
Ignorant la douleur de ses membres et de son esprit, Shadow se précipita vers Umbra, puis tomba à genoux devant lui. Il afficha un air désespéré.
- Père, tu... n'est pas...
Non loin, Mina et Jak regardaient les deux hérissons d'un oeil inquiet. C'est alors que le roi des démons remua un peu et avant d'ouvrir les yeux, il souffla avec peine :
- Shadow... c'est... toi ?
Pour la première fois de sa vie, Shadow vit son propre père sourire de lui-même. Le jeune hérisson noir, avec un maigre espoir, sourit maigrement à son tour :
- C'est l'heure de rentrer, maintenant, dit-il. Tu viens avec nous, n'est-ce pas ?
- Rentres seul, mon fils. Emmènes tes deux amis... cette victoire est votre victoire, les enfants... et pas la mienne.
- Non, ne dis pas ça ! supplia Shadow, sentant maintenant son peu d'espoir s'envoler comme du sable. Je t'en supplie...
- Shadow, tu as prouvé ta valeur. Tu as sauvé Ethera. Tu mérites une vie, une vraie, pas en tant que nouveau roi des démons, mais en tant qu'individu, tout simplement... On n'a pas besoin d'être quelqu'un de grand pour vivre...
Il poussa un long soupir, avant de continuer :
- Même si, en l'occurrence, tu es quelqu'un de très grand.
Shadow ne trouva pas la force de répliquer. Il resta là, immobile, tandis que son père prononçait quelques derniers mots :
- Depuis tant de temps, je rêvais de voir ton visage... de mon vrai regard, et libre du fardeau qui m'a rongé pendant deux ans... Shadow. Je serai toujours avec toi. Seulement, essaies de ne pas l'oublier...
Et, sans doute pour la première fois de sa vie, une larme glissa lentement sur sa joue, et son regard se clos à jamais.

Shadow restait immobile, les yeux rivés sur le corps inerte de son père, tremblant de toutes parts. Il baissa la tête et ferma les yeux à son tour, poings serrés. Jak et Mina se retenaient presque de respirer, attendant la vraie réaction de leur ami. Celle-ci ne tarda pas : elle fut que Shadow se releva soudainement, faisant gicler l'eau tout autour de lui en hurlant le nom de son père défunt. Jak et Mina baissèrent les yeux. Puis Shadow se détendit. Tournant le dos à ses amis, il se prit la tête d'une main, et se dit que dans une vie, il fallait savoir regarder les événements en face, et vivre dans l'avenir. C'était bien ce que lui avait dit sa mère, il y a si longtemps de cela :
- "Mère, j'ignore vraiment si je serai à la hauteur de tout ce qu'il va se passer.
- Shadow... saches accepter ton destin. Il est unique, il t'a été donné. Ne fais jamais marche arrière. Regardes ton destin en face et gardes la tête haute, toujours, quoi qu'il arrive."

Ses yeux toujours clos, Shadow trouva le courage de sourire. Il se dit que sa mère avait bien raison, qu'un destin était irremplaçable, et qu'il pouvait aussi réserver tout le bonheur du monde. En ce jour, le destin de tous avait prit un tournant, et il était temps pour chacun d'embrasser une nouvelle vie. Shadow prit une grande inspiration et rouvrit les yeux, dans sa douleur, et sa joie. Puis il se tourna enfin vers ses amis et il sentit qu'il leur souriait.

Fin du Trente-septième chapitre.

C'était durant l'après-midi du quatrième jour de l'année... Quelqu'un se faufilait parmi les topics, et en cherchait un tout particulièrement. Il en avait terminé avec la lecture de la quasi-totalité de l'histoire, et n'en attendait plus que le dernier chapitre, qui commençait à se faire attendre. Avec rapidité, souplesse, humour et surtout graaande modestie, il cliqua sur le bouton "Répondre" et copia de son Bloc-Notes informatique le contenu d'un fichier, puis le colla dans le champ principal de la page qui lui avait été apparue. Il plaça une flèche blanche sur le bouton "Envoyer", mais hésita. Cliquerai-je, ou ne cliquerai-je pas ? Les réponses précédentes commençaient à dater, et le doute se faisait de plus en plus ressentir. Mais il fallait bien poster. Poster, car sinon, si le dernier chapitre venait à l'être avant que le célèbre inconnu ne le fasse, une partie de sa rédaction ne conserverait pas tout son sens. Tant pis. Dans un élan de courage, à moins que ce ne soit juste de la pure stupidité qui, venant de cette personne, ne serait pas du tout étonnante, notre protagoniste se décida et déclara, en tant que tout premier post dans la section Fan-Fics :
«SALUTATION À LA POPULATION !»
Alea Jacta Est.

Bon, c'est pas tout que je m'amuse à détourner mon intervention et à faire de la narration semi-foireuse, mais c'est que j'ai mon mot à dire. Je sais, la dernière réponse date du 18 décembre de l'an dernier ("J'me suis déjà lavé l'année dernière !") et le topic était en deuxième page, mais... Mais voilà quoi. Je n'vais pas en faire tout un fromage (déjà que j'aime pas ça), je poste, et si vous êtes pas content, vous pouvez vous jeter par la fenêtre en intonant cette chanson stupide dont on ne comprend pas du tout les paroles car elles sont en roumain, à savoir "NUMANUMAYÉ !".

Je vais maintenant véritablement commencer mon "argumentation". Parce que, sans argumentation ou autre bonne raison, une remonté de topic n'est pas justifiée.

Première chose, l'orthographe. Eh bien, non. Rien à reprocher. Sauf quelques détails... qui ont toutefois déjà été relevé, même si certains ont été omis.
Toutefois, il y a des erreurs récursives, notament pour les conjugaisons, et ce, au niveau de l'impératif et du présent de l'indicatif du verbe être à la deuxième personne du singulier. (Je pouvais pas tellement faire plus long.) Bon, je suppose que tu sais ce qu'est le "présent de l'indicatif du verbe être à la deuxième personne du singulier", c'est "Tu es". Mais dans ton récit, à plusieurs reprises, et ça, tu ne l'as sûrement pas toujours remarqué, on retrouve des "Tu est", sans doute par réflèxe. Ensuite, vient la question des impératifs. Deuxième personne du singulier, encore. Les impératifs associés à "Tu" ne prennent jamais de S à la fin SAUF EXCEPTION, du genre "Prends ça !" ou "Tiens-moi ce truc." ; si je ne me trompe pas, le S est conservé si la lettre qui le précède est une consonne (dans le verbe conjugué, hein). Bien sûr, je peux complètement me tromper, et on peut facilement m'enfoncer en fournissant un contre-exemple. Du genre "Fuis !". Mais ça s'appelle une irrégularité, et il y en a tellement que le français fait partie des langues les plus compliquées au monde...
(Ouais bon, j'étale ma science...)

Ce sera tout pour de ce qui est de l'orthographe. Maintenant, eh bien, j'aimerais te féciliter... Euh, te féliciter pour cette histoire qui m'a quand même bien accroché mine de rien (J'ai quinze ans, j'suis mineur d'une mine de rien. Arf, arf, arf.). Je n'y ai trouvé aucune incohérence —sauf p't'êt'e bien l'histoire de Gerald, qui ne respecte pas les "officiels de Sega" on va dire, une fois—, même s'il m'arrive de faire de la "lecture reportée" (Je lis, mais je comprends pas tout de suite. C'est con, mais c'est comme ça.)(Damnède, voilà que mon message se déteriore, je fais des parenthèses inutiles.).
J'ai sans doute dû oublier de dire tout un tas de truc —Venant de moi, c'est pas étonnant—, mais bon, j'espère que tu ne m'en voudras pas, hein...
Allez, bonne chance pour la suite ~~Yoshi-X2~~... Euh... Sephyra.
...
Damnède ! Je dois filer !

C'est ainsi que TTH, l'illustre inconnu trop-méga-modeste à la narration semi-foireuse termina son message... On ne le retrouva que deux jours plus tard au fond d'un ravin, embroché par un panneau sur lequel était écrit "J'aime les patates".

Et je vous signale que l'après-midi, c'est jusqu'à 18H. Enfin, je crois. Si vous ne voyez pas ce que je veux dire, ben voilà quoi. Ha, ha, ha, frappez-moi pas.

Sniff... un mois d'abandon... Un mois me fut monopolisé pour que je réussisse enfin à exécuter toutes les manoeuvres nécéssaires pour vous montrer l'ultime chapitre de cette histoire... Un immense pardon. Voici mon dernier chapitre.

Chapitre Dernier : La magie d'une histoire

Shadow se retourna, et marcha à pas lents en direction de ses amis. Il se stoppa devant eux, et sentant son corps chanceler, il leur dit simplement :
- Je reviens.
Sur ce, il s'écroula dans l'eau claire.

Un immense champ d'herbe en plumes s'étendit alors devant lui. Il eut la vague impression de rêver, lorsqu'il entendit derrière lui une voix féminine lui dire :
- Tu as réussi.
Shadow se retourna et vit le reflet de Lie-ker se tenir juste à ses côtés. Elle le regardait avec un maigre sourire, et elle semblait heureuse. Même décédée, le hérisson noir sentit en elle un bonheur qu'elle n'avait jamais connu.
- Finalement, dit Shadow, cette victoire m'a coûté trop de vies. Je n'ai pas été suffisamment fort pour empêcher mes proches de tomber...
- Pour ma part, je suis contente que tu sois parvenu à tes fins, Shadow, répondit sa jeune tante. Et même si certains ont perdu la vie, comme moi, alors ils sont fiers d'avoir laissé leur âme pour préserver celle des autres.
Elle sourit à nouveau :
- Et je suis contente que tu sois venu me voir avant mon départ. Dès ce soir, je vais partir, comme toutes les autres âmes. Partir être une étoile... Mes yeux seront à jamais fixés sur la galaxie, et je pourrai enfin veiller sur les autres, comme tous ceux qui ont veillé sur moi...
Elle ferma les yeux et leva légèrement la tête, son corps devint flou, comme s'il allait s'envoler tel un nuage :
- Shadow... merci à toi.
Shadow eut juste le temps de voir le corps de sa tante disparaître dans une rivière d'étoiles, que l'univers autour de lui se brisait pour en laisser apparaître un autre. Cette fois, il était dans un champ fleuri, paisible et calme. Une rivière coulait, les quelques arbres semblaient chanter. Le hérisson noir regarda au loin. Une jeune humaine qui lui tournait le dos était assise dans l'herbe.
- Toujours aussi romantique... tu n'as pas changé, Maria.
Maria se retourna vivement, reconnaissant la voix de son ami qui s'était avancé jusqu'à elle.
- Shadow, c'est toi !
Ses yeux clairs comme le ciel paisible reflétaient un bonheur immense, plus encore que jamais.
- Tu nous a tous sauvés mon ami, nous tous te devons tant !
- Il y a longtemps, tu étais ma seule amie. Sans toi, j'étais seul. Je voulais te remercier, Maria. Maintenant que j'ai retrouvé mes souvenirs, ton image restera gravée en moi pour toujours.
- La tienne aussi restera... souffla Maria, si heureuse qu'elle était prête à en pleurer.
Elle poussa un murmure aussi beau qu'un chant imaginaire :
- Merci pour tout, Shadow...
Une nouvelle fois, le monde de Maria partit pour vivre des jours meilleurs, et le hérisson noir regarda les alentours. Là où il se trouvait, c'était une longue étendue d'herbe avec quelques fleurs bleues et rouges. Quelqu'un s'avança vers lui :
- Tu es vraiment plein de courage, Shadow. Tu mérites bien cette victoire.
- Arthur ! s'exclama Shadow en voyant son ami. Je suis désolé...
- Tu n'as pas à t'excuser, et tu le sais très bien.
- Dans ce cas je dois te remercier. Si tu n'étais pas intervenu avant nous contre Inferna, je n'aurais pas su protéger Mina et Jak.
- Mes amis à moi sont en vie. Ma fille et ma femme le sont également. Penses-tu qu'il me faille autre chose pour que je sois heureux en tant qu'étoile ?
- Sans doute pas, non.
Shadow baissa les yeux. Quoi qu'il dise, il n'arrivait pas à se rassurer face à la mort de ses proches.
- Shadow... murmura alors Arthur. Si tu restes tout le temps embourbé dans le passé, tu ne connaîtra pas de bel avenir. Il faut que tu sois fort. Et je sais que tu en es capable.
Le hérisson noir redressa les yeux. Pour la première fois de sa vie, il vit Arthur sourire.
- Saisis ta chance et refaits ta vie. Tu verras, tout le monde, cette fois, t'en sera reconnaissant...
Arthur ferma les yeux et murmura, avant de disparaître :
- Shadow... merci pour tout.
Son image disparut à son tour, laissant le hérisson noir dans un univers entièrement plongé dans les ténèbres.
- Te revoilà déjà.
Shadow se retourna, et se trouva nez à nez avec Umbra, qui le regardait sans sourire.
- Tes yeux... ils ont changé de couleur ? s'étonna Shadow, en remarquant que les yeux de son père, autrefois rouges, avaient viré au vert émeraude.
- Ainsi, tu n'es pas au courant de ça non plus...
- Au courant de quoi ?
- C'est encore quelque chose qui se rattache aux démons. Il est presque impossible que tu rencontres un jour un semi-démon qui n'est pas de ta famille, car il ne devrait y avoir qu'une seule famille semi-démoniaque sur Ethera. Malgré tout, il existe un moyen infaillible pour reconnaître un semi-démon.
- Ah ?
- Il a les yeux rouges, évidemment.
Shadow fronça légèrement les sourcils. À y réfléchir maintenant, ce ne devait être que pure vérité.
- À part ça... je suppose que tu es venu me dire au revoir une dernière fois ?
- ... oui. Après ça, il va falloir que j'oublie mon passé.
- Tu fais bien... je serai avec toi quoiqu'il arrive.
Il décocha un sourire à son fils :
- Bonne chance, Shadow.
Le hérisson noir voulut l'empêcher, mais le monde d'Umbra s'évapora avec ce dernier malgré sa réticence. Shadow se retrouva alors dans cet univers où il s'était déjà trouvé auparavant, avec ce petit lac profond dont l'eau ne mouillait pas, les herbes et fleurs avec pétales de plumes, et, au sommet de la colline, la silhouette de sa mère qui, même de dos, resplendissait comme une étoile.
- Mère ! s'exclama Shadow.
Il se précipita vers elle, craignant qu'elle aussi s'en aille soudainement. Mais lorsqu'il arriva près d'elle, elle était toujours là à son soulagement, et lui décocha un large sourire.
- Shadow, tu es venu...
Sa voix était si apaisante que Shadow en oublia toute crainte. Lucéria lui souffla avec tendresse :
- Il ne te reste que peu de temps, nos adieux devraient être brefs.
Shadow fut incapable de répondre. Il baissa légèrement les yeux, et parvint ensuite à articuler :
- Je vais vivre l'instant le plus pénible de mon existence, lorsque je vais devoir accepter votre départ à tous...
Lucéria sourit. Elle s'approcha de son fils, et même en tant qu'esprit, Shadow sentit ses bras l'étreindre avec douceur, lui murmurant quelques mots doux comme dans son enfance, avant que tout ne s'en aille dans un torrent d'étoiles scintillantes.

Et il fallut un bon moment à Shadow pour réaliser qu'il était allongé sur le sol, ses deux amis penchés sur lui.
- Shadow ! Tu vas bien ?!
- Allez, du nerf !
Tant bien que mal, le hérisson noir se redressa avec peine et s'assit. Il entendait encore les murmures de sa mère au fond de son esprit, mais un léger coup de genou de la part de Jak lui fit reprendre ses esprits.
- Quand même ! s'exclama le jeune garçon. Enfin de retour !
- Où... est-ce qu'on est ? questionna Shadow.
Le hérisson noir balaya le paysage d'un regard un peu vague. Tout autour de lui s'étendaient les terres désolées de Syrùth, et non loin derrière, le Royaume aux Illusions. Quant à leur vaisseau, il était juste à quelques mètres.
- Ethera s'est à nouveau divisée en trois planètes, et on est actuellement sur Syrùth, lui dit Mina, peu convaincue qu'il avait retrouvé ses esprits. Mais il va falloir y aller, maintenant.
- Pourquoi tu t'es évanoui comme ça, au fait ? questionna Jak. Tu étais épuisé ?
Shadow resta un instant silencieux, avant de décocher un maigre sourire et de déclarer :
- Oui. Vraiment épuisé.

À Black City, entièrement reconstruite, le ciel était toujours sombre. L'inquiétude régnait en maître, même après la nouvelle division d'Ethera. Le ciel s'était pourtant apaisé, tout comme les vagues de l'océan. Le général de Black City se tenait au sommet de sa base, accompagné de quelques hommes et d'une jeune fille aux cheveux roses. Ils regardaient l'océan, sur lequel allait bientôt descendre le soleil.
- Pourvu qu'ils s'en tirent tous saufs, dit la jeune fille, inquiète.
- N'aie crainte, Ino. Je suis certain qu'ils vont bien.
- Et si Jakurio ne revenait pas ? Il avait un tel potentiel...
- Il reviendra.
Le général Kawari leva légèrement la tête, tout en scrutant l'horizon d'eau. C'est alors qu'un rayon de soleil perça les nuages gris pour ensevelir de lumière la partie de la ville la plus proche de l'océan, dont Ino et son père, ainsi que tous les citoyens qui attendaient hors de chez eux dans cette région. Le soleil couchant choisit cet instant pour descendre au loin, en arrosant la mer d'une couleur brillante, où quelque chose se vit voir au loin.
- Ils arrivent ! s'exclama Ino.
Secouée par les vagues de l'océan, la Chimère traçait de l'horizon baigné de lumière une ligne sur les flots, tout en se dirigeant vers la ville. Surpris et au comble de leur joie, les citoyens voyaient arriver leurs sauveurs, et surent alors que tout était rentré dans l'ordre.
Le général Kawari décocha un sourire, et Ino exprimait sa joie d'une façon inhabituelle chez elle. Sur le vaisseau, Shadow et Mina se cramponnaient pour rester en équilibre, et profitaient pleinement des bourrasques de vent. Pour eux, c'étaient là les souffles de la liberté. Aux commandes, Jak n'était pas moins enthousiaste que ses deux amis. Ainsi, la Chimère ressemblait à un bateau rouge et noir, qui ne tarda pas à arriver jusqu'à la ville.
- On dirait qu'ils nous accueillent en héros, en plus ! fit Jak, fort agité.
En arrivant, ils furent effectivement acclamés de tous les côtés. Ino n'avait pas attendu et s'était précipitée jusqu'à la plage. À peine Jak s'était-il avancé avec ses amis sur le sable humide, Ino s'était avancée vers lui :
- Jakurio ! s'exclama-t-elle.
Surpris, Jak constata que sa joie et son sourire étaient inhabituels. Avait-elle enfin oublié sa formation militaire, du moins pour cette soirée ?
- Commandante Ino, je suis honoré de vous revoir ! s'exclama Jak en bombant le torse et en saluant très bas la jeune fille.
Mais celle-ci n'étais pas prête à retrouver ses habitudes strictes, et étreignit son ami à la plus grande surprise de tous, surtout à celle de Jak.
Mina et Shadow se regardèrent, avec un petit sourire. Décidément, certains étaient plus heureux qu'ils ne voulaient le faire croire. C'est alors que quelqu'un d'autre arriva près d'eux.
- Tiens tiens, on dirait que tu as su te faire connaître, Shadow !
Le hérisson noir regarda devant lui, et vit avec surprise son ancien chef :
- Robotnik ? fit-il. Alors comme ça, vous vous en êtes tirés !
- Comment avez-vous fait ? questionna Mina, pas moins surprise que son ami.
- Après que vous êtes partis exploser le générateur de Dark Towers, le général Kawari a fait un marché avec moi. Il m'a promis la liberté si je lui concevais un vaisseau de guerre, un engin technologique comme il n'en aurait jamais vu. Je l'ai fait et ils s'en sont servis aussitôt, mais ils l'ont perdu contre les robots à Dark Towers. Je constate cependant que vous l'avez récupéré.
- Hein ?
- La Chimère, est mon entière création, annonça Eggman avec un sourire.
Les Black Spies affichèrent la surprise sur leur visage. Ainsi, Robotnik semblaient les avoir bien mieux aidés qu'ils ne le croyaient.
Ino se décida enfin à s'éloigner de Jak. Elle toussota, comme pour oublier ce qu'elle venait de faire, se redressa, et annonça de sa voix ferme de Commandante :
- Soldat Jakurio ! Moi, Commandante Kawari des armées, vous présente mes félicitations pour vos derniers exploits, et vous nomme par conséquent : Sergent Jakurio !
Jak resta muet, puis s'inclina très bas en s'exclamant :
- C'est un honneur, Commandante Kawari ! Je vous remercie infiniment !
Mina sourit. Jak se redressa, les yeux brillants, peinant à croire ce qu'il lui arrivait. Mais ce n'étais pas un rêve.

Le soleil laissait toujours sur la mer une belle lumière orangée, lorsque les trois Black Spies, perchés sur la petite falaise devant l'océan, scrutaient l'horizon. Beaucoup étaient retournés chez eux, enfin soulagés, mais d'autres étaient comme leurs sauveurs restés dehors pour admirer les étoiles.
- Jak... dit Mina au bout d'un moment. Tu vas retourner travailler au quartier général des forces armées ?
- Non, je ne pense pas.
Les deux mobiens regardèrent leur ami, surpris de sa réponse.
- Pourtant, tu viens d'être nommé sergent ! dit la jeune mangouste.
- Je sais, mais si je vous laisse tomber, qu'est-ce que vous allez faire ? J'ai gagné l'estime d'Ino, et c'est tout ce qui compte pour moi !
Il s'exclama, comme s'il s'adressait à son avenir :
- Je veux rester libre et casser du méchant avec vous, toute ma vie ! Je suis certain que c'est mon destin.
Shadow et Mina sourirent.
- Alors, on restera ensemble ? questionna Shadow.
- Promis, affirma Mina.
- Promis ! fit Jak. Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?
- On se repose un peu ?
- Et si on allait vivre d'autres aventures à travers Ethera ? Peut-être que dans des générations et des générations, on contera encore la légende des Black Spies !
- Non, répliqua Shadow. Ce n'est pas une légende.
Il regarda le ciel en décochant un sourire, tandis qu'une étoile bleutée s'allumait dans les cieux :
- C'est seulement notre histoire.

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pour avoir beaucoup posté ou m'avoir accompagnée jusqu'à la fin de cette histoire.

Merci bien sûr à planete-sonic et aux membres du staff, en passant XD
Je vous salue tous très bas en vous remerciant d'être arrivés jusqu'ici avec moi !

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L'Atelier Fan Area => Best of => Discussion démarrée par: Sephyra le Avril 26, 2006, 12:59:06 pm