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L'Atelier Fan Area => Best of => Discussion démarrée par: Sephyra le Décembre 11, 2008, 06:13:04 am



Titre: Tetrix
Posté par: Sephyra le Décembre 11, 2008, 06:13:04 am
Ah, qu'il est tôt... La nuit plane encore sur la ville et les nuages gris sont... bon, vous voyez ce que je veux dire quoi. Vive le 11 Décembre ! Pour fêter cette date bénie qui n'est autre que celle de la sortie du tome 19 de Fullmetal Alchemist, je commence ma -dernière certainement- fic ici. Les suites seront plus courtes et espacées dans le temps, d'autant que je manque de temps pour écrire en ce moment ( c'est comme ça avant chaque vacances :'D ) 
Voilà, donc à tous les curieux qui passent sur ce topic, je leur souhaite une bonne lecture et espère que ceci saura les divertir comme une fan-fic digne de ce nom ^^



TETRIX

http://img71.imageshack.us/img71/1263/dessinstetrixxf0.jpg




Rapport I - Maladie




  Le scientifique répondant au nom de Shoutarô, blouse mal boutonnée et bloc-notes en main, entra en trombe dans la salle où il avait été appelé.
  Immense, blanche, cinq tubes verticaux s'y dressaient, renfermant un liquide vert bulleux. Une immense vitre séparait la pièce en deux parties : d'un côté, les scientifiques alignés, avec tous leurs ordinateurs et leurs portes d'accès au reste du laboratoire, et de l'autre, une grande place où s'élevaient les différents tubes, reliés au plafond et au sol par d'épais tuyaux en tous genres. Positionné au centre de l'espace plane, le plus grand et solide tube dévoilait son contenu aux yeux des scientifiques qui, visiblement, n'avaient d'yeux que pour lui.
- Elle s'est réveillée ? questionna Shoutarô, entre l'excitation et l'affolement.
  "Elle", c'était Candice.
  Une petite hérissonne vert d'eau, à la chevelure de la même couleur, raide et relativement courte. Mais le plus surprenant chez elle était la longueur et le nombre de ses piques. Ils descendaient bien au-delà de ses pieds minces et courts, flottante dans ce liquide verdâtre, emprisonnée à l'intérieur de ce tube défendu, attachée de toutes parts par des brassards et des ceintures. Elle semblait dans un profond coma, et un masque à oxygène posé sur sa bouche lui permettait de continuer à vivre dans cet espace peu confortable et accueillant.
- Elle ne devrait pas pouvoir se réveiller maintenant, déclara Shoutarô, regardant à droite et à gauche les écrans d'ordinateur qui affichaient diverses données.
- Pourtant, elle est vraiment particulière. Et elle supporte tellement bien la maladie, par rapport aux autres... répliqua un autre scientifique.
  Il se nommait Eric Laurier. Son visage était ridé par l'âge, mais avait gardé quelques cheveux blancs. Il était l'un des plus vieux chercheurs du laboratoire, un véritable recueil de savoir, une encyclopédie ambulante. Son visage laissait souvent place à des sourires bienveillants, sur sa mâchoire puissante et carrée. Ses yeux bleus étaient encore pétillants d'intelligence, et ses lunettes rectangulaires renforçaient encore la malice lisible dans son regard.
- C'est évident... continua Laurier. D'habitude, les enfants infectés meurent au bout de trois jours. Les plus résistants tiennent jusqu'à deux mois. Et Candice survit depuis dix ans... Nous le savons tous. Cette petite s'accroche à la vie malgré son mal. Comment se fait-il qu'elle soit encore en vie ?
  Shoutarô savait bien ce qui différenciait Candice des autres sujets dont ils avaient étudié le cas. Ces mobiens qui mouraient en masse, victimes de cette terrible maladie infantile. Elle avait été découverte il y a dix ans, dans ce même laboratoire de l'archipel Helena. Candice avait été la seule survivante.
- Elle doit avoir une constitution solide, commenta alors un jeune homme assis devant l'un des ordinateurs.
- Bien évidemment, mais ça ne suffit pas, répliqua Shoutarô avec froideur.
  Le jeune homme détourna le regard en bafouillant une excuse. Shoutarô n'était pas le genre d'homme qu'il devait décevoir. C'était un grand chercheur, pas comme lui, qui avait à peine fini ses études. Jeune rouquin aux yeux verts, il était bien aimable et généreux, mais n'était pas aussi talentueux que ses aînés de l'archipel.
  Shoutarô continuait de regarder Candice. Il aurait tellement aimé pouvoir la sortir de cette cage, la regarder marcher, ouvrir les yeux, lui apprendre à parler... mais depuis sa naissance, elle n'était que trop peu sortie de ce tube. Ca allait changer. Il avait assez attendu.
- Docteur Laurier, lança Shoutarô sans quitter Candice des yeux.
  Intrigués, tous les regards se portèrent vers lui. Shoutarô resta silencieux un instant, regardait flotter ces longs piques dans le vide, l'imaginait le regardant avec de grands yeux clairs sur le visage, et prononcer son nom avec un sourire.
- Sortons Candice de son tube.

  Alidann reposa son livre avec un soupir ennuyé. "L'histoire de Léo le lion". Il l'avait déjà lue un nombre incalculable de fois.
  Il descendit de son lit d'acier, fit quelques pas dans sa chambre. Mais ce n'était que le lieu où il dormait ; qui ressemblait toujours à une salle de laboratoire. La porte était automatique, elle s'ouvrait toute seule quand il s'en approchait. C'était si brusque qu'il en sursautait à chaque fois. Voilà cinq ans maintenant qu'il habitait ce laboratoire, mais il ne s'y était toujours pas habitué. Du blanc partout, des produits étranges stockés dans toutes sortes de récipients en pyrex, des scientifiques en blouse blanche qui allaient et venaient, parfois avec des masques sur le visage -blancs, pour changer. Un univers routinier qui convenait peu à un enfant de douze ans.
  Alidann s'arrêta devant l'unique miroir de sa chambre, fixé sur le mur en face de son lit, à côté de l'étagère où il rangeait ses quelques livres. Il avait beau être le fils du grand scientifique Isaac Shoutarô, il se sentait profondément différent de son père. Ce dernier avait des cheveux d'un noir de jais, mi-longs, des lunettes noires rectangulaires et des yeux d'un bleu sombre. Son nez était parfaitement droit, ses sourcils fins ; il était encore jeune et aimait son travail plus que tout. Plus que sa femme, Marina, qu'il avait abandonnée il y a bien longtemps.
  Alidann fronça les sourcils. Il regarda ses propres cheveux, très légèrement ondulés, et châtain clair comme ceux de sa mère. Ses yeux, émeraude, étaient aussi ceux de Marina. Sa mère était morte il y a maintenant cinq ans ; et son fils unique, Alidann Shoutarô, avait donc été envoyé au laboratoire pour y vivre aux côtés de son père. Et à présent qu'il avait quitté la ville de Station Square, le quartier où il avait passé les premières années de sa vie, ainsi que son école, il ne lui restait que le laboratoire. Il était donc voué à devenir à son tour un grand chercheur, à l'image de son père...
  Tirant la langue à l'image de Shoutarô, qui venait d'apparaître dans son esprit, Alidann quitta sa chambre de petits pas résignés. Il ne voulait pas de cette vie-là. Les scientifiques faisaient tous des expériences effrayantes, avec des mobiens vivants, même. Il avait entendu parler très souvent d'une maladie infantile contre laquelle ils cherchaient à lutter. Mais avant tout, ils cherchaient à la comprendre. Le Tetrix... c'était le nom qu'avait donné son père à l'infection. Elle touchait les nouveaux-nés mobiens, et l'une des atteintes avait eu le bonheur, ou le malheur, de survivre jusqu'en ce jour. Une petite fille à peine moins âgée que lui, qui passait la majeure partie de son temps enfermée dans un tube étrange.

  Alidann marchait dans les couloirs du laboratoire. Il attendait de croiser une tête bien connue, mais ne vit que des visages froids vêtus de blanc, comme des fantômes qui ne pouvaient le voir. Cependant, ils avaient l'air beaucoup plus agités que d'habitude ; se criaient des ordres à tout bout de champ et avaient visiblement accéléré le pas. Certains couraient presque, agités, comme si un météore était sur le point de s'écraser sur le laboratoire. Alidann commençait à s'inquiéter sérieusement, quelqu'un de plus âgé le vit et courut vers lui. Le petit garçon, en le remarquant, s'exclama alors, soudain rassuré de voir une connaissance :
- Kerem ! Que se passe-t-il ?
  Le rouquin s'arrêta essoufflé devant Alidann. Sa blouse blanche était encore mal boutonnée, et le col, mal mis. Il redressa son visage après avoir récupéré un peu d'air. Ses yeux étaient d'un vert terne, au-dessus d'un petit nez en trompette et de bonnes joues parsemées de taches de rousseur. Il prit alors Alidann par la main, et l'entraîna vers la salle des tubes, comme l'appelait dernier. 
- Il faut que tu viennes maintenant, ton père a ordonné à tout le monde de faire définitivement sortir Candice de son tube !
  Alidann ouvrit grand les yeux, abasourdi. Tandis qu'il courait, ses pensées se rassemblèrent toutes sur la même question : alors, cette fois, Candice allait retrouver la liberté ?

  Kerem et Alidann arrivèrent en trombe dans la pièce où se rassemblaient les ordinateurs. Shoutarô était là, en train de donner des ordres à tout bout de champ. C'est alors qu'il remarqua les deux nouveaux venus. Il décocha un sourire mince à son fils, qui tressaillit.
- Regarde, Alidann... dit-il. Nous allons la libérer, tu vas la voir ouvrir les yeux.
  Cinq scientifiques étaient entrés de l'autre côté de la grande vitre. Ils étaient vêtus d'une combinaison complètement fermée, pour ne pas risquer d'être infectés à leur tour. Car c'était là la plus grande crainte des humains du laboratoire : que la maladie évolue et devienne transmissible aux humains.
  Les scientifiques en combinaisons regardèrent le liquide vert sortir lentement du tube, par le bas. Les gouttes verdâtre glissaient encore sur la fourrure vert d'eau de la hérissonne ; mais un vert tellement clair qu'il avait presque l'air blanc. L'un des hommes ouvrit le tube, et commença à ôter les tuyaux encombrants, les ceintures et le masque à oxygène de la petite mobienne, toujours endormie.
  Alidann se retenait presque de respirer. A ses côtés, Kerem déglutit. Lui aussi attendait ce moment depuis longtemps, très longtemps. Maintenant, Candice allait vivre, ou mourir. Maintenant qu'elle avait dix ans, elle serait peut-être assez forte pour s'en sortir...
  Shoutarô voulait y croire. Il gardait un visage neutre porté en direction de Candice, que les humains soulevaient pour la sortir du tube. Il allait vite avoir sa réponse.

  Il allait vite savoir si elle était une réussite.

  Les hommes déposèrent délicatement Candice sur le sol blanc, puis se retirèrent aussitôt, sous ordre de Shoutarô. Un profond silence domina les deux salles séparées par la vitre immense. Seuls les ordinateurs, affichant nombre de donnés, continuaient leurs bruitages incessants. Et Candice était toujours étendue. Ses piques démesurés s'étalaient partout autour d'elle. Elle respirait calmement. Son corps maigre avait été habillé d'une robe rose, elle ne portait aucun autre accessoire. Elle resta sans bouger pendant deux minutes. A l'issue de la deuxième, elle remua légèrement, puis commença à prendre appui sur ses bras. Les scientifiques tressaillirent.
  Sans ouvrir les yeux, tête basse, elle se redressa très lentement, comme pour faire durer cet instant exceptionnel. Elle s'assit, la tête alourdie par tous ses piques qui s'étendaient jusqu'à très loin autour d'elle. Le plus long devait bien faire deux fois sa taille.
  Finalement, après s'être retrouvée stable, elle redressa la tête. Son oeil droit était dissimulé sous ses mèches de cheveux fins, mais l'autre était bien visible. Elle ouvrit délicatement sa paupière.

  Les scientifiques se figèrent. Cet oeil, d'un rose éclatant, s'était ancré dans leur regard et dans leur âme.







Titre: Re : Tetrix
Posté par: Capita le Décembre 11, 2008, 11:33:45 am
AHWMHA

Alors donc, le sujet cette fois c'est une maladie ! Un tout autre sujet traité, ma parole ça change. On voit comment les humains ont peur de se faire infecter, et cette ambiance un peu... Morbide. Bien que ce soit blanc.

Ah je sens ça va promettre ! Amitié avec le fils du scientifique en perspective, si je me souviens d'un des dessins.


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Shadtty le Décembre 11, 2008, 03:19:37 pm
Nouvelle, fic, premier chapitre, super!

J'aime bien. La maladie... J'suis d'accord avec Capita, c'est carrément différent.

Je sens que cette fic risque de se retrouver dans le best of !

Ben on attend la suite quoi! :3


Titre: Re : Tetrix
Posté par: shadow/ombre le Décembre 11, 2008, 07:01:16 pm
je suis d'accord avec Shadtty cette Fic risque de se retrouver dans le best of.
j'adord cette Fic je me demande se qui vas ce passer.Continu c'est génial.


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Miko le Décembre 11, 2008, 08:17:22 pm
Citation
je suis d'accord avec Shadtty cette Fic risque de se retrouver dans le best of.

C'est pas un risque mais une certitude. Sephyra tu peux déjà te mettre au travail pour me faire un joli résumé. ^^

Bon celle là je vais tacher de la suivre régulièrement pour ne pas avoir de retard. Scénario :Trop vague pour le moment, il y a trop peu d'informations mais te connaissant cela ne serait tarder. Je serais curieuse de connaître les symptômes de cette maladie. (déformation professionnelle)

Rien que parce que j'aime chipotter tu le sais.

Citation
Il prit alors Alidann par la main, et l'entraîna vers la salle des tubes, comme l'appelait dernier.

Il manque pas un petit mot entre l'appelait et dernier.



Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sonic vs Knuckles le Décembre 12, 2008, 03:00:49 pm
Hum... C'est différent des autres fics... Mais ça n'en ai pas moins intéresant.

Encore une fic qui promet. Rien que le premier chapitre me fait plaisir, je me répète mais, tu décris trop bien, y a pas à dire !

Le scénario va pas tarder à se dévoiler, je pense... dans la suite que j'attends. J'te dis bonne chance et continue comme ça !


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Naomi le Décembre 13, 2008, 04:29:43 pm
Je pinaille au sujet du nom Shouratô : si tu veux vraiment à obtenir un effet japonisant, il vaudrait mieux l'écrire Shūratō, Shûratô ou Shuratô, mais si tu tiens à la première orthographe, c'est Shouratoo ou Shuuratoo. Quand on utilise plusieurs retranscription Hepburn dans un seul mot, c'est déstabilisant. C'était jusque pour l'info, t'es libre de ton choix.

La description des personnages s'est amélioré et elle est de meilleur qualité ! tu vois : quand tu veux, tu peux !


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sephyra le Décembre 16, 2008, 05:10:52 pm
Capita : En effet, amitié en perspective ^^ Enfin ça ne va pas se faire du jour au lendemain, tu t'en doutes bien. Tu es la première à avoir posté dis ! Ca veut dire que tu seras en tête dans les remerciements XD
Merci d'être passée !

Shadtty : Un grand merci ! C'est vrai que j'essaye de changer de registre et je voulais tenter un truc glauque... directement inspiré d'Elfen Lied, ce qui est facilement décelable je trouve. Argh, du sang :'D lol
Encore merci pour ton commentaire ^^

Shadow / Ombre : Toi aussi je te remercie, et j'espère que la suite sera à la hauteur de tes espérances ^^ A bientôt j'espère ^^

Miko : C'est vrai que j'en dis pas énormément pour un début, j'ai hésité à mettre un prologue mais finalement j'ai décidé de parsemer histoire et infos au fil du texte. Alors patience et tu sauras tout ^^
Idem pour les symptômes, ça arrive x3 Et merci d'avoir relevé ma faute ! Sinon je ne suis pas certaine que l'histoire ira dans les best-of pour ma part, parce que je pense qu'elle sera assez courte et donc qu'elle n'atteindra pas les 2000 vues. Cela dit, on ne sait jamais, l'inspiration ça va ça vient ! Donc je peux quand même faire un résumé ^^
Encore merci pour ton commentaire !

Sonic vs Knuckles : Contente de te revoir ^^ Je te remercie beaucoup pour ton commentaire et espère que la suite sera à la hauteur de tes espérances ^^

Naomi : Un grand merci pour ta critique ! Je vais changer Shoutarô en Shutarô, ça ne sera que plus simple à écrire ^^ Et à la réflexion, c'est vrai que c'est pas plus mal orthographié comme ça. En tout cas, je vais tâcher de conserver ce niveau et de m'améliorer encore. Encore merci !



Bien, le second rapport maintenant pour changer des suites, chapitres, épisodes, pages, scènes et j'en passe...
Le glauque arrive ! Bonne lecture ^^








Rapport II - Sang




- Candice... murmura Shutarô, visiblement le plus fasciné de tous.
  La hérissonne répondit par un battement de paupières. Certains opérateurs, devant leurs écrans, s'étaient totalement figés. Leurs doigts tremblaient. L'oeil rose les regardait à tour de rôle, comme un robot qui analyse avec attention son entourage. Elle tourna très lentement la tête. Son regard se figea sur Shutarô. Intensément. Il était plus en avant que les autres, et semblait aussi plus stupéfait. Le scientifique ne put s'empêcher de tressaillir. Ignorant la goutte de sueur qui s'était mise à glisser sur sa tempe, il se baissa vers l'opérateur le plus proche, et fit mine de s'intéresser aux données qu'affichait son écran. Il posa sa main à côté du clavier, baissa la tête, reprit sa respiration. Son visage en sueur, il déglutit. Quelques voix timides commencèrent à s'élever, et les opérateurs s'agitèrent. Tout le monde restait partagé entre fixer Candice et comprendre ce qui arrivait à Shutarô. Mais bien vite, ce dernier se redressa et lança l'ordre à la personne concernée d'aller rejoindre Candice.
  C'était un autre scientifique en combinaison blanche. Un pistolet sur la hanche. Et un tranquillisant sous forme de seringue... juste au cas où.
  L'homme fut alors cible de tous les regards, lorsqu'il entra de l'autre côté de l'immense vitre. Ils allaient maintenant analyser son comportement face à un humain, face à un autre être vivant.

  Candice tourna alors son regard vers lui, et ne le quitta plus des yeux. Sans bouger, elle l'observa avancer lentement vers elle, calmement, pour ne pas l'effrayer. La hérissonne ne semblait pas s'inquiéter de la présence de l'humain près d'elle.
- Faites attention, dit alors Shutarô dans un petit micro.
- Oui, pas d'inquiétude, répondit l'homme en combinaison.
  Il était tout près de Candice, qui s'était mise à se méfier légèrement. Elle n'avait que trop rarement fréquenté d'autres êtres vivants, et l'habitude lui manquait. Elle fit légèrement glisser son corps en arrière, avec ses bras faibles. L'humain, malgré sa combinaison qui lui cachait aussi le visage, décocha un sourire que la hérissonne ne put voir.
- Allez, viens, ordonna l'homme.
  La mobienne continua de le regarder sans expression, et recula encore un peu. Quelques minutes s'écoulèrent. Candice ne faisait absolument pas mine de s'intéresser à l'humain en blanc, et ne semblait pas posséder une once de curiosité.
- Elle me gave. J'y vais franchement ? questionna alors l'homme dans son micro, à l'attention de Shutarô.
- Je te le déconseille, répliqua ce dernier.
- Bah, que voulez-vous qu'elle me fasse, rétorqua l'homme en combinaison.
  Il s'accroupit devant la petite mobienne, et lui saisit doucement le poignet. Candice sursauta, et voulut se dégager, mais la main blanche qui la retenait résista. Elle poussa un petit gémissement. Une autre main blanche arriva, un objet cylindrique dans la main. Avec une pointe au bout. Elle connaissait cet objet. Il faisait mal.
  Or, elle ne voulait pas souffrir.

  Une masse vert d'eau arriva en un clin d'oeil et frappa la seringue, qui échappa aux mains de l'homme abasourdi. Que c'était-il passé ? Tous les scientifiques s'étaient levés de leur siège, sans avoir compris l'action. Ils avaient vu la seringue s'envoler et retomber loin de l'homme et de Candice, toujours dans la même position. L'homme regarda la hérissonne avec colère.
- J'en ai assez de jouer...
  Il lui saisit le bras pour la relever, et elle poussa un cri.
  La seconde d'après, l'humain relâcha son étreinte. Il y fut contrait. Quelque chose venait de lui briser le poignet, et l'avait si violemment repoussé qu'il s'effondra en arrière et roula au sol, en poussant un hurlement de douleur. Certains scientifiques ne purent retenir un cri de stupeur. Cet homme était en danger. Il fallait qu'il s'éloigne de Candice. Quelque chose n'allait pas avec elle, quelque chose en elle était extrêmement dangereux.
- Oliver, revenez ! s'exclama Shutarô, tandis que les opérateurs trouvaient le courage de se rasseoir, sous ordre de Laurier. 
  Oliver grinça des dents, et se remit lentement sur pieds, gémissant de douleur. Ce n'était pas seulement son poignet brisé. Sa tête aussi le lancinait, il n'avait jamais connu une telle sensation. Il fusilla Candice du regard. Celle-ci ne comprenait pas sa haine, elle ne savait pas pourquoi on avait l'air de lui en vouloir. Avait-elle fait quelque chose de mal ? Effrayée, elle eut un mouvement de recul, et Oliver sortit son pistolet, avant de le pointer sur la mobienne.
- OLIVER, NON !! s'écria Shutarô.
- Espèce de... démone... souffla Oliver, partagé entre douleur et colère. Je vais... je vais...
- Ne faites pas ça, Oliver ! s'exclama Laurier. Revenez immédiatement !
  Candice eut un nouveau mouvement de recul. Oliver redressa son arme sur elle, et moins d'une seconde plus tard, un coup de feu retentit dans la vaste salle blanche.

  Shutarô ne sut pas s'il devait être soulagé ou surpris. Un silence inquiétant s'était élevé, Candice n'était pas morte. Oliver baissa son arme, et se mit à trembler. Il recula lentement.
- Dé... démone... souffla-t-il, tétanisé.
  La petite mobienne rouvrit les yeux. Une douleur la lancinait, mais elle vivait encore. Elle regarda devant elle, surprise. Sans même en avoir eu la volonté, l'un de ses piques s'était redressé tout seul, et s'était placé juste devant son visage, pour protéger une partie vitale de son corps. Un mince filet de sang se mit à glisser le long du pique démesuré. La douleur était difficilement supportable. Candice serra les dents, et elle regarda Oliver avec haine.
- Oliver, rev...
  Laurier ne finit pas sa phrase. Candice se cacha le visage avec ses mains, en criant de douleur, les larmes aux yeux. Les piques de la hérissonne foncèrent sur l'humain en combinaison, le saisirent de toutes parts, et quelques secondes plus tard, la vitre n'était plus translucide. Elle était devenue rouge sang, de long en large.

  La plupart des opérateurs, paniqués, se levèrent de leur siège en hurlant. Alidann était pétrifié, il cacha son visage sur la hanche de Kerem, tout aussi apeuré que le fils de Shutarô. Et ce dernier était immobile. Il voyait le sang d'Oliver glisser sur la vitre, partout, sans le moindre espace libre. Du coup, il ne pouvait même plus apercevoir Candice. Ni ce qu'il restait peut-être du propriétaire de tout ce sang...
- Fermez la vitre, fermez tout, ordonna Shutarô d'une voix faible, en tremblant.
  Laurier reprit les ordres du scientifique en criant, les opérateurs se bousculèrent, la seule porte d'accès à la chambre de Candice fut scellée. Alidann risqua un oeil vers la vitre. Dessus, le sang dégoulinait. Il se remit à trembler, Kerem le serra contre lui. Il fixait lui aussi ce rouge, sentait cette odeur de mort, sans parvenir à y croire. Et dans un petit espace que le sang avait épargné, un oeil rose le fit frémir de peur. Alors, c'était ça, la science ? C'étaient ça, les découvertes, les miracles scientifiques, les réussites et les défaites ?
  C'était ça, le Tetrix ?

  Après que la porte fut scellée, les gaz soporifiques furent lâchés dans la cellule de Candice. La petite mobienne lutta un instant contre le sommeil, tenta de se relever, mais les gaz eurent raison de sa résistance, et elle s'effondra sur le sol. Les scientifiques attendirent un instant, puis rouvrirent finalement l'accès à la cellule, et allèrent chercher la captive. Ils l'attachèrent rapidement avec des ceintures, l'empêchant de faire le moindre geste si jamais elle venait à se réveiller.
- Alidann, va dans ta chambre, ordonna alors Shutarô, en détournant le regard de tout ce sang. Kerem, accompagnez-le. Et je vous autorise à rester avec lui pour la soirée. Allez.
  Encore tremblant et bouleversé, Alidann s'exécuta à petits pas, suivi de près par Kerem qui jeta un dernier regard sur la scène.
  Il déglutit avant de quitter la salle des opérateurs.

  La vitre était déjà presque terminée d'être nettoyée. Le corps d'Oliver -ou du moins ce qu'il en restait- avait été évacué loin du lieu du carnage. Il ne ressemblait plus à grand-chose ; son visage avait comme fondu, ses articulations s'étaient brisées, certains de ses membres avaient été broyés. Shutarô n'avait pas bougé de place, il était toujours devant les ordinateurs, et il regardait les scientifiques nettoyer la vitre. Laurier posa une main sur son épaule :
- Ca va aller, Isaac ? questionna-t-il.
- ... Oui. Mais je suis hors de moi. Parce qu'Oliver a perdu son calme, parce qu'Alidann a vu ce carnage... Et maintenant, comment vais-je le convaincre de prendre ma place ici ?
  Laurier poussa un soupir et marcha à petits pas vers la sortie la plus proche :
- Allez, venez, vous avez besoin d'un petit remontant. Je suis certain que tout va s'arranger.
  Shutarô suivit son ami à contrecoeur, après avoir laissé tomber au sol son bloc-notes vierge.







Titre: Re : Tetrix
Posté par: Miko le Décembre 16, 2008, 05:33:00 pm
Un peu d’action… Morbide… J’aime bien…

Il y a des détails qui m’ont un peu choquée, l’attitude des scientifiques, elle n’est justement pas très scientifique. Trop empressés, ils me font plus penser à des militaires, ce qui n’est pas incompatible. ^^

La réaction du père d’Alidann, il n’est pas très prévenant envers son fils. A moins que cela fasse partie du scénario, il semble plus s’inquiéter du ratage total de son expérience que du suivis psychologique d’un gamin qui vient de subir un traumatisme.

Des fautes :
Citation
Il y fut contrait.
Un truc que je pige pas :
Citation
Fermez la vitre, fermez tout.
Quelle vitre ?


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Capita le Décembre 16, 2008, 06:19:34 pm
Eh effet le gamin a dû être bien traumatisé... Et je pense aussi à autre chose, avec ces piques surtout... Un peu d'Elfen Lied dans l'air ? On dirait. Du moins pour ma part ça y ressemble. La protection par les piques, ça remplace un peu les vecteurs du manga... Enfin je trouve que c'est très original ! =D
Mais les enfants ça reste des enfants... La pauvre elle savait pas ce qu'elle faisait aussi ... Je compati un peu pour ça... Elle connait plus trop le monde. Et le scientifique il a agit d'une manière trop brusque °°

Awh, next chapitre ? <3


Titre: Re : Tetrix
Posté par: shadow/ombre le Décembre 16, 2008, 06:34:36 pm
L'action vien juste de comence et il y a deja du sang J'ai adorer cette suite
une chose est sure Oliver n'a pas eu de chance il est mort dans des condition horible
Si tu tue tous les scientifiques,ce laboratoire seras bien vide mais je passe pas qu'il vont tous mourire.
Continue c'est GENIAL.


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Shadtty le Décembre 16, 2008, 06:46:27 pm
Owi du sannng x3 ! J'ai aimé cette suite, c'est tout. J'adore tout ce qui est glauque ! Olivier mort dans d'attroces souffrances... C'est vrai qu'il n'a pas eu de chance.

J'me répète, j'adore. Bonne continuation !


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Hunter le Décembre 16, 2008, 09:31:46 pm
Bien ...

Ça change énormément de ce que l'on te voit écrire d'habitude. Personnellement, je déteste ce genre d'environnement, mais ... Comment dire ... J'ai été captivé dès le début. Je regrette de n'avoir pu commencer plus tôt.

Captivant, c'est le mot. Un virus, une fille survivante, une équipe de scientifiques ... Et pourquoi pas coupés du reste du monde, pendant qu'on y est ? On croirait presque à un Alien. Flippant. J'aime.

Les descriptions s'améliorent encore. Les rapports sont plus courts, au bonheur de certains, au malheur d'autres. Ca ne me dérange pas plus que ça, vu que le contenu tient - largement - la route.

Continue ... J'espère que tu auras le temps d'écrire. Ce projet est vraiment bien trouvé.


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sonic vs Knuckles le Décembre 17, 2008, 03:21:57 pm
Hum... de l'action... et du SANG !! * s'évanouit mais se réveille vite *
J'aime bien les attaques de Candice, enfin si ce sont ses attaques, et c'est sa faute à Oliver, s'il s'était calmé... Le p'tit va faire des cauchemars cette nuit... Cette histoire me captive à un point !
Bon ben, bonne continuation !
Elfen Lied, j'ai entendu parler de ce manga...


Titre: Re : Tetrix
Posté par: jumi67 le Décembre 17, 2008, 04:43:36 pm
Alors... j'adore cette fic 8D
Le Tetrix s'est sa?En tout cas elle bien ta fic ^^.
                                
     
Edit de la retraitée ^^': Argumentation !!                          


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Bledengor le Décembre 18, 2008, 01:23:58 pm
Pardon pour le retard. Me voila enfin. Après avoir affrontée des demons et des dragons du temps. Arrive sur le topic les habits déchirées de partout.

Aaaaah!!!! C'est horrible tout ce sang. Glauque et monstrueux. Le pauvre garçon va pas s'en remettre.

Cette fiction est originale, on voit que les idées fuses pas vrais Sephyra?

Sa promet de faire encore un tabac!!!!!

Allez a la prochaine !!!!!!!


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Yohvui le Décembre 19, 2008, 04:05:11 pm
Alors, à mon tour de donner mon avis sur ce nouveau chef d'œuvre de notre Sephyra =)

Tout d'abord, ces deux premiers chapitres (ou rapports ^^) me font énormément penser à certaines autres histoires du même genre (Elfen Lied, ...) ce qui pourrait laisser croire que ça n'a rien d'original. Néanmoins comme tes précédentes fictions, il y a ton "rajout" que j'ai ressenti. Et ça, ça fait plaisir. On sent que tu aimes tes personnages, surtout Candice qui a l'air d'être un personnage rempli de sentiments. J'espère que tu en feras autant avec Shutarô, son fils et les personnages à venir.

Moi en tout cas j'adore, et j'attends la suite =)


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sephyra le Décembre 29, 2008, 03:27:07 pm
En effet, comme je l'ai déjà noté plus haut, cette idée de fic a germé dans mon esprit détraqué, sur ce qu'on appelle communément un coup de tête, suite à mon premier et dernier visionnage de l'anime d'Elfen Lied. Je me suis dit que ça changerait un peu de mon style habituel, et que ça me permettrait de me risquer à un autre genre.
Un autre genre avec une tueuse au regard d'ange, un garçon plein d'amour et de colère, et un bien mauvais père qui eut le malheur d'habiter sur l'archipel où naquit l'infection la plus terrible qu'il n'eut jamais connue.

Bref, après ce bla bla assez inutile, je remercie tous les lecteurs qui ont eu la générosité de poster ! Vous serez dans les remerciements sans faute, après tout c'est grâce à chacun d'entre vous que j'ai le courage de continuer à écrire.

Alors voici le troisième chapitre rapport. Bonne lecture !




Rapport III - Nom




  Alidann s'assit sur son lit et attrapa son ours en peluche, qu'il serra dans ses bras. Il baissa la tête, et Kerem s'accroupit face à lui, désolé :
- Al... dit-il. Est-ce que ça va aller ?
  Le jeune garçon resta immobile un instant, puis acquiesça lentement d'un petit signe de tête. Kerem décocha un sourire triste puis lui tapota l'épaule :
- Ca va aller. Tu es courageux. Et puis, ce qu'il s'est passé n'aurait pas dû se produire, on n'a pas eu de chance...
  Il rit nerveusement en se massant la nuque, un sourire gêné lui étirant les lèvres. Alidann leva les yeux vers lui, et le questionna :
- Kerem... Pourquoi cela... s'est-il produit ? Pourquoi Candice a-t-elle attaqué cet homme ?...
  Le jeune informaticien regarda Alidann avec surprise avant de détourner le regard.
- Je ne sais pas, avoua-t-il. Candice a dû avoir peur de son arme... il n'a pas été très gentil avec elle, c'est pour ça...
  Alidann se mit à trembler. Il serra fort son ours en peluche dans ses bras si faibles.
- Je ne veux pas devenir scientifique, murmura-t-il. Je ne veux pas faire de telles expériences... Pourquoi as-tu choisi cette voie, Kerem ?...
- Ah, en fait... je ne suis pas là par mon entière volonté, admit-il. C'étaient mes parents qui tenaient à me voir devenir chercheur. J'avais toujours eu de bons résultats durant ma scolarité, et ils me voyaient déjà faire l'honneur de la famille. Nous qui n'étions pas très riches, ni talentueux... A vrai dire, j'aurais préféré étudier les runes mobiennes. Le mobien ancien. Oui, ça, ça m'aurait plu. Ton père aussi a dû énormément étudier cette langue ancienne, non ?
- Mon père ? dit Alidann, surpris.
- Oui. Le nom "Tetrix", c'est du mobien ancien. Et c'est Shutarô, ton père, qui a découvert et nommé la maladie, n'est-ce pas ?
- Peut-être...
  Alidann détourna le regard. Lorsque Kerem avait prononcé ce mot, l'image de Candice était apparue dans son esprit. Allait-elle le hanter toute sa vie... ou trouverait-on bientôt l'antidote, le moyen de sauver les mobiens infectés ?
  Ou trouverait-on bientôt un moyen de mettre un terme à cet enfer ?

  Shutarô but deux gorgées de son café, et le reposa sur la table à côté de lui. Quelques tubes à essais sales s'y entassaient encore, plus un ou deux bécher et des flacons remplis de substances diverses. Laurier le regarda dans les yeux, et lui décocha un sourire bon comme à son habitude :
- Les échecs font partie de notre quotidien, dit-il. Et puis, rien encore n'est perdu après tout.
- J'ai peur que Candice soit effrayée par les humains à l'avenir, confia Shutarô en regardant le sol.
- Ca va aller, espérons qu'elle vivra encore longtemps et qu'on la libérera de son mal. Cherchons d'abord à comprendre ce qu'il s'est passé avec Oliver. Il semble qu'elle s'est défendue, mais... comment a-t-elle fait pour bouger ses piques ainsi ? Pour nous, c'est comme bouger nos cheveux, c'est impossible...
  Shutarô redressa soudainement la tête. Il était tellement déçu par cet échec qu'il en avait oublié d'analyser le comportement de Candice. En effet, elle avait soulevé ses piques toute seule... et elle avait tué Oliver de cette manière.
- Sur le coup, c'était une vraie gorgone, déclara Laurier en se massant la nuque. C'est impossible que ses piques soient vivants, alors je ne comprends pas... j'ai quand même hâte d'avoir les résultats des radios qu'on va lui faire. Peut-être que ses piques sont dotés d'os et de muscles.
  Shoutarô hocha la tête, mais cette explication lui semblait peu probable. Non : il était certain que ce n'était pas ça. Ils étaient trop fins et trop nombreux. Ca ne pouvait pas être ça... il avait sa propre explication.

  Les radios arrivèrent rapidement. Le scientifique qui les apporta à Laurier tremblait presque, et se retenait de se mordre la lèvre. Il donna les radios à son supérieur qui remit ses lunettes en place, et les observa. Les unes après les autres, calmement. Shutarô était resté immobile, sans jeter un oeil au document, mais gardant son visage rivé sur celui de Laurier. Celui-ci observait les radios sans rien laisser transparaître. Finalement, il redressa les yeux vers Shutarô et ce dernier dit aussitôt :   
- Les radio n'ont rien montré... n'est-ce pas ? 
  Laurier hocha doucement la tête.
- Donc, nous n'avons aucune explication plausible, sinon accepter le surnaturel, déclara-t-il. Mais nous n'en savons pas suffisamment encore sur le Tetrix. Shutarô.
- Oui.
- Nous allons poursuivre les recherches et combattre cette maladie. Et un jour, nous la détruirons, avant qu'elle n'anéantisse notre archipel.
  Shutarô ferma les yeux.
- Oui, répondit-il.

- Tu es sûr que je peux te laisser dormir seul, Alidann ? questionna Kerem.
- Oui, ne t'en fais pas. Ca va aller. Je suis sûr que Candice est gentille, au fond. 
  Kerem décocha un grand sourire :
- Oui, j'en suis persuadé, moi aussi. Bonne nuit.
  Et il quitta la salle, par la porte automatique. La nuit était tombée. Seule sa lampe de chevet offrait de la lumière à Alidann, assis sur son lit, au beau milieu du silence. Il serra son ours contre lui. Non, Candice ne pouvait pas être mauvaise par nature. Elle avait juste besoin de quelqu'un qui la comprenne.

  Un nouveau scientifique entra dans la pièce où Shutarô était longuement demeuré assis, perdu dans ses pensées. A ses côtés, Laurier, accoudé à une commode aussi blanche que les quelques chaises basses, regarda le nouveau venu avec surprise.
- C'est vous, Martin. Un problème ?
  Martin, essoufflé, regardait Laurier avec effroi. Il reprit son souffle puis s'exclama :
- Les... les quatre hommes qui ont pénétré dans la cellule de Candice... ils ont été pris de violents maux de tête, je ne sais pas ce qu'il leur arrive ! Les médecins sont déjà sur place, mais nous avons besoin de vous !
  Laurier fronça les sourcils et suivit Martin à pas énergiques. Shutarô qui n'était pas moins intrigué suivit le mouvement.

  En arrivant dans la salle qui faisait office d'infirmerie, ils virent un attroupements de scientifiques autour de quatre lits. Les curieux s'écartèrent pour laisser passer les nouveaux venus, et les quatre malades furent dévoilés aux yeux de Laurier et de Shutarô. Ils semblaient souffrir atrocement ; leurs poings étaient serrés, leur mâchoires crispées, des gouttes de sueur glissaient sur leur visage et des spasmes secouaient régulièrement leurs membres. Leurs doigts s'agrippaient aux draps blancs, avec une telle force que leur vie semblait en dépendre. Shutarô contemplait cet effrayant spectacle sans comprendre, et Laurier n'était pas moins stupéfait. Il questionna aussitôt les médecins sur ce qui arrivait à ces pauvres hommes.
- Nous ne comprenons pas vraiment... avouèrent les médecins, tandis qu'on installait pour les quatre blessés de quoi calmer leur douleur.
  Des sérums et médicaments arrivaient sur des chariots en métal qui imposaient à tous de s'écarter, et Laurier et Shutarô, accompagnés des médecins, s'écartèrent des lits des malades, tandis que les chirurgiens s'activaient autour de ces derniers. Le petit groupe quitta la salle pour aller de l'autre côté de la baie vitrée. Ainsi, ils pouvaient toujours observer la scène, et savoir si les hommes allaient malgré tout être sauvés.
  Le plus âgé des médecins, à la barbe et aux cheveux blancs, redressa ses lunettes sur son nez gras et toussota avant de regarder ses notes et de prendre la parole :
- Normalement, ils ne risquaient rien, vu les combinaisons qu'ils portaient. Mais il est évident que leur mal a pour origine le fait qu'ils aient pénétré dans la cellule de Candice.
- Et Oliver, a-t-il eu de tels maux de tête ? questionna Laurier.
  La question était plutôt pour Shutarô. Ce dernier détourna le regard un moment pour rassembler ses souvenirs. Oui, il avait eu mal, à un moment. Certains devaient l'avoir entendu ; il avait gémi discrètement. Puis il avait comme perdu la tête...
- Une énergie psychologique... déclara Shutarô en regardant ailleurs.
- Pardon ? fit Laurier, surpris de la réponse.
  Shutarô eut un petit rire nerveux, presque dérangeant, puis il regarda à nouveau ses interlocuteurs. Bien entendu, cette réponse n'en était pas vraiment une.
- Cette fois, la mise en évidence de l'esprim est complète. Qui me contredira sur son existence à présent ?







Titre: Re : Tetrix
Posté par: Capita le Décembre 29, 2008, 03:54:06 pm
L'est courageux ! Et les quatre ou je sais pas combien qui pardent la boule... Nyu quoi.
J'espère que, si tu prend exemple sur les vecteurs de Elfen Lied, tu as compris le truc... En VF j'ai vu sur le dos du pack, c'est marqué téléki-chose... Alors que c'est les vecteurs point è_é Donc si tu comptes t'inspirer de ça, j'espère que ça se passera bien.
Et... mobien ancien ? Nyuu, ça veut dire quoi alors Tetrix ? Mystère °w°... Pour l'instant.


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Kouratine The Echidna le Décembre 29, 2008, 04:10:42 pm
Owii ^_^

J'adore, je trouve que les descriptions sont super bien faites. Pauvre Alidann il a quel âge au juste ? J'le comprend qu'il veut pas devenir scientifique plus tard...avec tout se sang sa me donne des frissons. Candice elle est vraiment bizarre on dirait qu'elle ne le fait pas exiprès pour faire mal à les scientifiques. Ta fic est vraiment interessante . Beaucoup de suspens et j'adore sa :33

J'ai plus qu'a te souhaiter une bonne continuation !


Titre: Re : Tetrix
Posté par: shadow/ombre le Décembre 30, 2008, 01:37:13 pm
J'adore ta fic,je me demande se que doit recentire Candice mais dans ta fic on comprend tout de suite que Alidann est mort de trouille.J'ai l'inpréssion que tu vas faire souffrire tout ses pauvre scientifiques.
Oliver mort,quatre scientifiques perdent la boule et aprés que vas t-il se passer dans se laboratoire.
Bonne continuation.


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Bledengor le Décembre 30, 2008, 07:33:17 pm
Et bien sacré horrible spectacle pour ces scientifiques. Une chose est sur je crois que tous auront des bricoles.
Pauvre enfant. Qui ne serait pas choqué après une scène pareil?
Lorsque tu decrivais la scène avec les quatres hommes malades j'ai vraiment ressentis toute leur souffrance. Comme si j'y étais. Un tel point d'en avoir des frissons dans le dos.
Extrèmement flippant ce troisième chapitre. Sur, ce n'est que au début du cauchemar!

Serait-ce grace au tetrix que les piquants bougent d'eux même? Ou y a t elle commandée par la pensée?

Les réponses ne viendront qu'au cour de l'histoir. Faudras que je sois patiente.

Scincèrement Sephy tu es brillante.


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Hunter le Janvier 01, 2009, 09:43:51 pm
Dernière phrase : "l'esprim" ? C'est pas "l'esprit" ?

Bon, ben, que dire ... C'est toujours aussi étrange. On ne sait pas vraiment ce qu'il se passe, c'est assez instable ... Par contre, on peut se douter aisément du rôle de certains personnages, mais j'me tais. Je laisse le suspense à ceux qu'ont pas encore pigé le truc.

Continue dans cette voie-là. Perso des rapports à peine plus gros ne me dérangeraient pas non plus.


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Miko le Janvier 02, 2009, 04:32:28 pm
*Débarque sur le topic en criant :
Bonne année Bonne santé !! Surtout pour la petite Candice. ^o^

Je vais jouer ma chieuse comme d'ordinaire. Ne dit on pas qui aime bien châtie bien ?

Des radios pour vérifier la présence d'os et de muscles ? ^^ Les os d'accord mais pas les muscles, or ce sont assurément eux qui permettraient de faire bouger les épines. Même si visiblement, c'est pas le cas. Les médecins auraient pû faire beaucoup d'autres examens, mais pas celui-là.
La description du labo est aussi un peu légère. Des tubes à essais et des béchers ? C'est ce qu'on trouve dans une salle de cours pas dans un labo sophistiqué. Il te manque un certain vocabulaire médical et scientifique mais d'un autre côté cela permet d'avoir une lecture accessible à tous, même aux plus jeunes. Essaie quand même de l'enrichir un peu.

Sinon en dehors de ces détails insignifiants qui me permettent de te critiquer (j'ai rien trouvé d'autre). On commence à entrevoir quels seront les rôles futurs des protagonistes. C'est interessant. Plus que de savoir si ils vont sauver cette petite hérissonne je me demande de quel mysterieux mal elle souffre.

C'est affolant mais je m'identifie plus facilement à Shutarô qu'aux autres personnages. Ca fait froid dans le dos.



Titre: Re : Tetrix
Posté par: Naomi le Janvier 02, 2009, 05:10:11 pm
Je donne une liste customisée des examens médicaux les plus courants et les plus connus : radiographie, échographie, électrocardiographie (ECG, exam pour le cœur), électro-encéphalographie (EEG, exam pour le cerveau), électro-myogramme (EMG, exam pour les muscles), prise de sang ; ensuite, tous les examens lourds : scanner, IRM, biopsie.
Le meilleur pour la fin : dissection de cadavres morts du Tetrix... Une autopsie, quoi. C'est Shushu qui va être content !

Citation de: Sephyra
Une énergie psychologique
C'est pas plutôt une énergie psychique ?


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Shadtty le Janvier 03, 2009, 10:50:35 pm
J'suis en retard ><

Ce rapport est super bien, encore une fois. C'est bizarre que les 4 scientifiques tombent malades comme ça, d'un coup.

Et Tetrix alors, ça veut dire quoi ?

J'adore ce rapport. Tes descriptions sont [encore] super bien faites !

Continue comme ça, bonne continuation ^^


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Naomi le Janvier 04, 2009, 03:02:03 pm
Le Tetrix est une maladie mortelle qui affecte les hybrides.


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sephyra le Janvier 16, 2009, 11:21:19 am
Wah, deux semaines et demie de retard, on arrête pas le progrès visiblement...
Bonne année et bonne santé à tout le monde !

Un grand merci pour tous ces commentaires ! Ils vont bien m'aider pour la suite, c'est vrai qu'il me manque un peu beaucoup de vocabulaire disons "de laboratoire", alors je vais essayer de décrire du point de vue d'Alidann qui n'y connaît rien !
*PAF*
Ou accessoirement d'écouter les bons conseils qu'on me donne et de me renseigner... ^^'


Citation
C'est pas plutôt une énergie psychique ?

Si, en effet ! Merci Naomi, je corrige ça ! Au fait, merci beaucoup pour ta liste d'exams, et pour tes conseils.

Je vais tâcher de tenir compte des bonnes remarques qu'on me fait, parallèlement à tous ces devoirs qu'on me donne au lycée ( vous connaissiez la fille encore au lycée et qui en plus a le culot de s'en plaindre ? )
Bon, en somme je vous remercierai jamais tous assez... Et merci à Miko pour avoir critiqué sans mesure ^^ Et au fait Hunter : c'est bien "esprim". Une énergie psychique.



Bon, alors la suite en guise de remerciement ultime comme quoi, l'inspiration ça va pas fort en ce moment...


Rapport IV - Esprim



  Un silence gêné suivit l'affirmation de Shutarô. Ce dernier laissa un instant son mystère faire son effet, avant de hausser les épaules et d'ajouter :
- Vous n'avez quand même pas oublié cette histoire ? Il y a environ deux ans, j'ai émis l'hypothèse de l'existence d'une énergie spirituelle, que chaque être vivant possède en quantité infime en lui. Vous savez bien que les "dons" que certaines personnes prétendent avoir, la voyance et j'en passe, ne sont pas toujours expliqués par la science, n'est-ce pas ? Ce n'est dû qu'à l'esprim. Ces personnes ont juste un peu plus d'esprim que la moyenne, c'est ce que je pense.
  Un nouveau silence. Laurier fut le premier à le briser, intrigué par les dires de son collègue :
- Et quel rapport avec Candice, dans ce cas ?
- Quels sont les symptômes du Tetrix, à ce jour ? répliqua Shutarô d'office. Mort lente, quasi-sans douleur les premiers jours ou mois, avant de terribles maux de tête, et puis, au niveau cellulaire, des difficultés pour synthétiser la mélanine, ce qui a pour conséquent de rougir les yeux et d'éclaircir la fourrure... Ce genre de choses, n'est-ce pas ? Ca pourrait même passer pour de l'albinisme s'il n'y avait pas cette mort prématurée qui s'ensuivait. Mais il y en autre chose à noter, d'après moi. La vraie d'entre toutes ; le Tetrix décuple de façon considérable l'esprim d'une personne. Enfin, d'un mobien en l'occurrence. Cet esprim perturbe certaines enzymes et surtout, rend la survie impossible.
  Les chirurgiens commencèrent à s'agiter. Ils se criaient des ordres à tout bout de champ, et l'on entendait les malades hurler de douleur. Shutarô, observant la scène avec trop de calme, continua lentement, tandis que Laurier et les médecins commençaient à s'inquiéter sérieusement :
- Le cerveau est détruit petit à petit par cette énergie spirituelle...
  Les cris ne s'arrêtaient pas ; ils redoublaient. Impuissants, les chirurgiens semblaient lutter en vain.
- ... et le malade du Tetrix meurt.
  Les bras des chirurgiens retombèrent. Leurs têtes se baissèrent, les cris s'étaient arrêtés. Un son strident émis par les cardiogrammes, constant et régulier, annonçait le décès des quatre malades. Laurier fronça les sourcils, son poing se serra. Puis il regarda Shutarô, qui, parfaitement détendu, regardait la scène par delà la vitre. Son regard n'inspirait pas le moindre sentiment. Et au fond de lui, il était certainement encouragé par sa nouvelle hypothèse.
  Scientifique, un travail qui nécessite des sacrifices. Laurier serra les mâchoires tandis qu'il observait toujours son collègue. Plus rien autour d'eux deux n'existait, il était l'heure de réfléchir aux événements qui avaient lieu sur l'archipel. Il était l'heure de penser, de comprendre. Et la première chose que Laurier souhaitait assimiler, c'était le comportement de Shutarô. Oui, il devait être heureux d'être sur la piste d'une explication au Tetrix. Surtout après toutes ces années de recherche vaines... Cela signifiait qu'ils allaient peut-être mettre un terme à ce mal, enfin. Mais était-ce une raison pour réaliser aussi indifféremment la mort de ces hommes ? Décidément, Shutarô semblait fait pour ce métier. Du sérieux, de l'intelligence, de la volonté et une détermination apparemment sans faille... Mais quant à son fils, Alidann ? Choisirait-il la même voie ?

- Jamais, dit Alidann pour lui même. Non, père... jamais je ne serai comme toi...
  Fermant les yeux, il serra son ours en peluche dans ses bras et chercha le sommeil malgré ses tourments.


  La nuit tombait peu à peu sur l'archipel d'Helena. L'île principale de l'archipel était la plus grande parmi celles qui l'entouraient, et aussi celle où se dressait fièrement le laboratoire, au sommet d'une côte. L'ascension était ardue mais la falaise protégeait le bâtiment de la mer déchaînée, par jour de tempête. Et un peu plus bas, au pied de la falaise, un petit village de mobiens était moins à l'abri des éléments. La plupart des habitants étaient des paysans, des agriculteurs qui produisaient une nourriture délicieuse dont se nourrissaient les scientifiques. Ces derniers, en échange, répondaient toujours présents en cas d'épidémie ou d'autre problème de la même envergure. Ils veillaient à polluer le moins possible et à préserver ainsi la végétation abondante. De même, ils protégeaient le fleuve le plus important de l'île, du nom de Tirah, qui était la principale source de vie de tous les habitants. Les îles voisines de l'archipel commerçaient souvent entre elles, chacune abritant un village différent. Des barques circulaient tous les jours, sous la pluie ou dans le brouillard, pour assurer un commerce juste et essentiel. 
  La dernière grande action des scientifiques pour le village était vieille de dix ans. Mais elle durait encore en ce jour.
  Ce n'était autre que la terrible infection du Tetrix, qui avait décimé presque une génération de jeunes mobiens du village.
  Car c'était dans ces huttes de bois et de briques que semblait s'être développé le virus. C'était dans ces huttes de bois et de briques que le premier enfant tué par la maladie avait été découvert, un beau jour de printemps.
  Ses parents, deux hérissons bien âgés en ce jour, l'avaient retrouvé agonisant dans le lit de sa petite chambre, un jour où il avait été donné pour fiévreux. Le chemin jusqu'au laboratoire étant long et difficile, les plus jeunes et vigoureux villageois n'avaient pas pu aller chercher les scientifiques assez rapidement. Le médecin du village n'avait pas su le maintenir en vie assez longtemps, et à l'arrivée des humains sur les terres du petit village, l'enfant avait déjà perdu la vie.

  Depuis cet événement, le cabinet du médecin du village, un vieil échidné plein d'expérience, avait été agrandi et amélioré. Des humains s'y relayaient toutes les semaines pour guetter les allées et venues de la maladie, et tenter d'y mettre un terme définitif. Tout ce manège depuis dix ans. Mais quelques semaines après la mort de la première victime du Tetrix, les scientifiques avaient réalisé qu'ils n'avaient pas affaire à n'importe quelle maladie. C'était une infection effroyable, dont on ne savait ni la provenance, ni le véritable âge, ni la cause, ni les symptômes précis.
  C'était une infection dont on ne savait qu'une seule chose : qu'elle tuait. Qu'elle tuait les mobiens trop jeunes et faibles pour lutter contre un tel virus.
  Quelques orphelins sans plus aucune attache, et victimes de l'infection, avaient donc été emmenés au laboratoire, dans le but de mener des expériences bien plus poussées qu'à l'ordinaire. Une dizaine de jeunes mobiens dont l'âge variait de deux mois à douze ans. Amenés donc dans un but expérimental, Shutarô avait été le premier à s'intéresser de très près à eux, étant donné qu'il avait été très tôt fasciné et bouleversé en même temps par cette infection si terrible. A l'aide de toute son équipe de chercheurs, alors que son fils venait d'avoir deux ans, il avait commencé à faire des recherches sur la maladie. Et les jeunes mobiens, les uns après les autres, en l'espace d'un an, étaient tous morts de l'infection.
  Tous, sauf un. Sauf une. Une mobienne d'un an à peine, appelée Candice.


  Shutarô détourna soudainement son regard de la baie vitrée et des chirurgiens qui avaient détendu leur corps avec désolation. Le courage qui était monté en lui fondit en un instant et il se laissa tomber contre le mur, avant de relever la tête. La lumière puissante des néons du couloirs l'aveuglait, mais il s'en fichait. Ces hommes venaient de mourir, il le réalisait alors à peine.
- Shuratô... commença Laurier.
- Je sais ce que vous pensez, l'interrompit Shutarô d'une voix faible. Vous vous demandez si ces hommes ont attrapé le Tetrix. Rassurez-vous, je ne crois pas que ce soit la bonne explication à leur décès...
  Il se redressa lentement, sous l'oeil attristé de Laurier et des médecins. Un échec de plus... Mais comme tous le savaient, les échecs faisaient partie du quotidien. Et ils serviraient aussi à préparer leur future victoire contre l'infection.
- Je pense que l'esprim de Candice a simplement pénétré leur esprit, et a attaqué leur cerveau. Cette maladie n'est pas transmissible à l'Homme, pas encore, j'en suis certain...
  Il se prit le visage d'une main.

  Un nouveau jour se leva. Un beau soleil chassa le brouillard du matin, pour laisser une lumière réconfortante réveiller les arbres. Les oiseaux entamèrent leurs chants mélodieux, et les îles sortirent lentement de leur sommeil. Un nouveau jour se levait, un nouvel espoir. Un jour de plus où, dans le laboratoire, les scientifiques allaient se battre pour sauver l'archipel.
  Le temps lui-même était à leur poursuite. 




Titre: Re : Tetrix
Posté par: Capita le Janvier 16, 2009, 11:37:02 am
Trop gentille ^3^ Ce chapitre me fait digérer le muffins que j'ai bouffé sauvagement.

On voit quand le Tetrix est apparu... Par contre, on sait pas comment ni flute ni rien. Owi Candice qui peut transmettre, ça serait marrant... *pan* Non non je me tais, je sais je sais @@

Oui le lycée c'est dur, surtout qu'on nous bassine toujours ( qu'on soit dans n'importe quelle classe XD ). Enfin, je te souhaite bonne chance là dessus, c'est jamais bien compliqué, mais jamais trop facile. °3°


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Shadtty le Janvier 16, 2009, 04:45:36 pm
Owi un rapport !

J'adore toujours autant qu'au début !

Quelques informations de plus sur le Tetrix, Candice qui pourrait transmettre la maladie...

Franchement j'adore(²).

Vivement la suite !


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Bledengor le Janvier 17, 2009, 11:49:42 am
Voilà un début d'explication sur comment est apparut la maladie. Si comme pense Shutaro, cette maladie est spirituelle, ce pourait-il que en réalité ce ne soit pas vraiment une maladie.
Une infection qui se transmetrait par le psychique s'est assez surprenant, voir flippant etant donné que les personnes en meurt.

Compte-t-il autopsier les hommes qui ont décédés? En tous cas ça pourait être tentable.


Ps- Pour le lycée je t'encourage à tenir le coup. ne fais pas comme moi, j'ai tout abandonnée
Ps1- J'ai corrigée (désolé Miko)


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Miko le Janvier 18, 2009, 02:10:21 pm
Autopsie !! Bledengor. ^^

Citation
Et merci à Miko pour avoir critiqué sans mesure ^^

Haha, j'aime critiquer !!
/me prend sa loupe et cherche le moindre petit détail.

La description des syptômes et l'hypothèse sont bien faites, c'est un discours plus scientifique avec des termes un peu plus adaptés. C'est bien mieux.

Citation
La plupart des habitants étaient des paysans, des agriculteurs qui produisaient une nourriture  délicieuse dont se nourrissaient  les scientifiques. 

C'est un peu lourd non ? Ca me laisse une impression de "les hybrides donnent la bécquée aux scientifiques." oO
Approvisionnant les scientifiques. Ravitailler, fournir, subvenir...

Citation
- Jamais, dit Alidann pour lui même. Non, père... jamais je ne serai comme toi...
  Fermant les yeux, il serra son ours en peluche dans ses bras et chercha le sommeil malgré ses tourments.

La phrase précédente, on était dans les labos et maintenant dans la chambre. Ca va un peu trop vite.
Une petite phrase expliquant le changement de lieu aurai été utile. Je pense.


*Voila la chieuse à fait son boulot, elle s'en va en bombant le torse, ne regarde pas où elle met les pieds et s'étale magistralement par terre.*
Aïe !!



Titre: Re : Tetrix
Posté par: Maëva le Février 06, 2009, 09:20:14 am
*Aide Miko à se relever.*
J'ai enfin rattrapé le retard que j'avais sur cette fic et ya pas à dire, j'aime beaucoup. J'ai pas trouvé de fautes autres que celles qui ont déjà été dites.
J'espère que la suite ne fera plus trop attendre.


EDIT: en regardant la date du post de Miko, désolée du remontage de topic, je pense que tu t'es relevée toute seule depuis^^.


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Hunter le Février 11, 2009, 03:43:51 pm
Hmpf, je suis à la bourre, désolé ... Bref. Ce rapport nous apprend pas mal de choses sur ce qu'il s'est passé au départ, c'est un bon point.

Tout ce qui est du ressort de la langue française est parfait, comme d'habitude. J'espère seulement que tu trouveras le temps de continuer. Tu es plutôt bien partie, et l'idée était bonne ... Faut continuer à la développer.


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sephyra le Mars 04, 2009, 09:21:55 am
Hello tout le monde ! Aujourd'hui est un grand jour... Car je vous offre enfin le rapport n°5 ! Avouez, faut le faire ! Avouez que vous n'y croyiez plus, tant l'attente fut longue !

*On lui envoie des carottes et des patates en guise de cadeau d'anniv. Ca a le mérite d'être original, songea la roussette noire et feu en se relevant, une peau de banane sur la tête*

Et c'est grâce à vous tous si j'ai pu entrer si tôt dans le best-of, en plus alors que j'y croyais même pas ! C'est un honneur immense, je ne vous remercierai jamais assez de vos critiques et encouragements. Sincèrement, je vous mérite pas.

*Elle part s'enterrer*

Allez, trève de bavardages. Voici le rapport que vous n'attendiez plus :'D En plus il se passe rien ! Mais les rapports suivants se feront moins attendre, et ça va commencer à bouger sérieusement dans le labo. Je ne pense pas excéder les 20 rapports sur cette fic.



Rapport V - Conscience




  Alidann se réveilla lentement. Il vit d'abord le visage de Tommie, tout près de lui. Son ours en peluche, qu'il n'avait pas lâché de la nuit. Il avait fait de bien mauvais rêves... Avec un oeil rose pétrifiant, et du sang qui sortait de nulle part. Tout tremblotant, il se redressa et attrapa un gilet sur une chaise posée à proximité. Il l'enfila hâtivement, descendit de son lit, enfila ses chaussons et se présenta devant la glace. En effet, il avait une bien petite mine. Il tenta d'arranger un peu sa chevelure dense, avant d'aller errer quelque part dans le bâtiment. Il s'habilla à la va-vite, puis s'en alla quelques minutes dans sa salle de bain personnelle, directement reliée à sa chambre. Il se mit de l'eau sur le visage, et s'étira longuement. Il n'y avait qu'un lavabo, une douche et des toilettes, mais cela lui suffisait amplement. Même s'il regrettait toujours son ancienne vie.
  Il ne pouvait le nier : en ce jour, il ne manquait de rien. Il avait tout pour mener une vie heureuse et sans souci, mis à part sa crainte quant à son avenir. Comment échapper à la destinée que son père avait entrepris de tracer pour lui ?
- Je lui ai rien demandé... maugréa-t-il pour lui-même avant de quitter sa chambre à grands pas.

  Elle mit du temps à reprendre conscience. D'abord, elle sut qu'un voile noir embrumait ses souvenirs, qu'il lui fallait ouvrir les yeux, que quelque chose s'était passé. Elle sentait son petit corps, toujours le même, dans lequel elle était toujours enfermée. Ses doigts, qu'elle pouvait à peine faire remuer, ses deux jambes, de même immobilisées.
  Elle ouvrit soudainement les paupières.
  Mais le voile noire ne partait pas. Il restait là, partout, devant ses yeux encore fatigués et perdus. Elle poussa un petit gémissement. En retour, elle entendit vaguement des voix se rapprocher d'elle, comme paniquées :
- Eh, elle se réveille !
- Ses piques sont bien immobilisés ?
- Faites attention, ne restez pas trop près d'elle ! Elle est dangereuse !
  Chaque mot résonnait à ses oreilles, chaque syllabe, chaque son... Elle les répéta dans sa mémoire. Et tenta de se calmer. Elle ne pouvait rien faire, une fois de plus... Elle tenta de rassembler son énergie spirituelle, et les liens qui la retenaient prisonnière se mirent à vibrer légèrement. Quelque part, dans le monde de ceux qui ont la vue, les voix s'affolèrent. 
- Elle tente de s'enfuir !
- Un somnifère, vite !
- Où est Shutarô ?! Appelez-le immédiatement !
  Les voix se chevauchaient toutes, cette fois. Pas moyen de détacher les mots pour construire un sens. Désespérée, elle détendit son corps, relâcha son étreinte mentale, abandonna sa résistance vaine. Les voix se turent alors. Que devait elle faire, alors ? Les gestes à faire étaient-ils ceux qui faisaient taire les voix, ou ceux qui les faisaient parler et s'agiter ?
  Elle expira profondément, et ne pouvait toujours pas faire bouger cette visière qui l'empêchait de voir. Alors, elle répéta les mots des scientifiques dans son esprit. Tant qu'elle restait consciente.

  Alidann n'avait pas de leçon aujourd'hui. C'était pour lui un jour de repos, et son professeur particulier était parti s'occuper du laboratoire, avec tous les autres hommes en blouse blanche. Depuis qu'il était entré au laboratoire, à ses sept ans et au décès de sa mère, on avait commencé à l'instruire. Il apprenait par coeur les éléments chimiques, leur nom aussi bien que leur structure, leur forme dans l'espace. Il apprenait les formules de chimie, les calculs, la géométrie, de la physique. On lui enseignait tout le savoir qui le mènerait à ce destin de scientifique qu'il tentait pourtant de fuir, depuis que sa mère l'avait quitté.
  Il était dix heures du matin, le soleil s'élevait dans un ciel dégagé. Alidann sortit du laboratoire par une passerelle qui le conduisait sur le toit d'un des bâtiments. C'était un endroit qu'il affectionnait particulièrement, car seul le vent faisait vibrer ses tympans, et l'odeur des médicaments étranges était remplacée par celle de l'air pur. Il s'assit comme à son habitude sur la grande plate-forme blanche. Les genoux serrés, près de son visage. Il faisait un peu froid, ce matin-là. Il regarda les arbres s'étendre devant lui, et, tout en bas, très loin, il apercevait les maisons paisibles du village mobien. Le fleuve Tirah, à sa gauche, qui descendait jusqu'entre les huttes de pierres et de briques. Il ne voyait pas la plage, dissimulée dans un voile de brume. Un coup de vent passa et il frémit légèrement. Mais rapidement, le soleil perça les nuages de ses rayons chauds et vint arroser le laboratoire d'une douce lumière.
  Il trouva alors le courage de sourire.
- Alidann, que fais-tu ici ?
  Le jeune garçon sursauta et se retourna brusquement. Son sourire fondit en un clin d'oeil. Son père, Shutarô. Il l'avait rejoint sur le toit. Lentement, Alidann détourna le regard et se remit dans sa position initiale, pour continuer d'observer le paysage comme si de rien n'était. Un silence plana quelques instants. Silence durant lequel Alidann fixait toujours l'horizon, impassible, et Shutarô regardait son fils, avec un mélange de tristesse et de colère. De colère, envers lui-même. Envers lui-même qui n'avait pas été capable d'élever son fils correctement, d'en faire un petit garçon heureux, de lui donner envie de se consacrer corps et âme à ses études au laboratoire ; dans le seul et unique but convoité d'atteindre un jour la réputation, et le talent de son père.
   Mais cette vie idyllique n'était pas la leur. La triste réalité, elle, savait leur remettre les pieds sur Mobius : elle les enfermait à nouveau sur cet archipel où était née la terrible infection du Tetrix ; avec ces mobiens qui se mouraient jour après jour. La plus jeune génération était la plus touchée ; ce qui était un grave danger pour le futur du petit village. Il fallait faire quelque chose. Il fallait agir. Et cela, Alidann ne le comprenait-il pas ? Pourquoi rejetait-il tant le métier de scientifique, alors que tout ce que lui avait montré son père était la richesse de la connaissance, la protection de tous et la bonté du coeur ?
    Tout ce qu'il lui avait montré... Finalement, Shutarô se disait qu'il n'avait pas eu que des bons exemples à l'égard de son jeune garçon.
- Alidann... risqua le scientifique, tête basse. Est-ce que tout va bien ?
    Un nouveau silence. Shutarô s'en doutait, mais se maudit malgré tout ; il n'avait jamais eu les mots pour parler à son fils.
- Alidann, tenta à nouveau Shutarô, j'ai besoin que tu me parles. Pourquoi n'essayes-tu pas de me dire ce que tu as sur le coeur ? Je t'écouterai toujours, tu sais ?
- ... Tu sais déjà tout ce que j'ai sur le coeur, répliqua alors Alidann d'une petite voix, sans daigner se retourner ni changer de position. Et puis, j'ai rien à te dire.
    Ca avait le mérite d'être clair. Froid et douloureux, mais clair.
- Ecoute, je sais que je n'ai pas toujours été celui qu'il te fallait en tant que père, et que bien souvent j'ai commis des erreurs. Mais tu dois essayer de me comprendre. Moi, je ne fais que ça, essayer de te comprendre.
    Alidann ne répondit pas mais baissa les yeux. Il ne sut pas pourquoi, mais ces paroles l'avaient légèrement adouci. C'est vrai que c'était son père, cet homme derrière lui. Celui qui avait contribué à sa naissance, mais qui avait abandonné l'autre responsable... sa mère, Marina. Et ça, il ne le pardonnerait jamais.
- Alidann, reprit Shutarô en avançant à petits pas vers son fils. Cessons de nous quereller ainsi, ça ne nous mènera nulle part, et ça ne sauvera pas l'archipel.
    Il allait déposer une épaule sur l'épaule d'Alidann qui se releva brusquement, et regardant son père avec colère, il cria :
- Et maman, tu l'as sauvée, elle ?!
    Sentant les larmes de l'échec monter à ses yeux, il esquiva son père et courut vers le bâtiment, pour disparaître de nouveau à l'intérieur, laissant le scientifique seul sur le toit.
    Shuratô regarda longuement la porte par laquelle son fils avait disparu. Au fond, Marina était à elle seule la source de toute la haine que son fils éprouvait envers lui. Et un jour peut-être, Alidann comprendrait, peut-être malgré lui, pourquoi les événements s'étaient déroulés ainsi. Il comprendrait la raison de cet "abandon", dont il parlait sans même le connaître.
    Bientôt peut-être, il comprendrait pourquoi Marina était morte, ensevelie et étouffée dans le désespoir. 





Titre: Re : Tetrix
Posté par: Capita le Mars 04, 2009, 10:34:25 am
L-l-l-l-l-l-les hommes en blouses blaaaanches ! NOON/me se fait embarquer

*/HEADSHOT*

Alors j'ai pas vu de fautes en particulier... Et en effet, chapitre calme. Et j'vois trop la scène où .. Mince, dans Elfen Lied, la fille qui doit traquer Lucy - pas Nana, l'autre, je sais plus son nom, elle est enfermée rapidement dans une sorte de camisole toussa avec le casque/visière...

Et prend ton temps pour écrire, ça paye bien, nyu u.u ! *blam*
/me se décale de la porte pour éviter de se faire piétiner par les autres


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Shadtty le Mars 08, 2009, 11:23:32 am
Capita > Tu parles de celle qui est dans le fauteuil roulant à la fin ? Si oui, son nom c'est Mariko j'crois.


C'était un bon chapitre, même s'il était calme. J'ai bien aimé.

J'ai pas vu de fautes, et l'intrigue est là... Pour la mère d'Alidann, par exemple.

Vivement un autre chapitre ^^


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Yoshimini le Mars 09, 2009, 07:00:07 pm
* pousse timidement la porte du topic *

Sephyra-sama, après avoir vu vos magnifiques dessins, je ne pouvait m'empêcher de venir ici!

J'ai beaucoup aimé jusque là, et je pense que j'aimerai encore ^^
C'est vrai que ça fait penser à Elfen Lied, mais l'histoire est tout de même très différente.
Non non j'adore! Que dire... Je suis fan!

Bonne continuation, Sephira-sama! Commentaire un peu court désolée...


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Bledengor le Mars 16, 2009, 08:39:49 pm
Quand c'est court c'est plus cool et plus sympas à lire. Remarque cela depend des chapitres, mais je préfère quand c'est léger. Comme ca si je parts pendant un mois, j'aurai^.^pas long pour tout lire.

Pauvre enfant, c'est pas facile pour lui. La vie est parfois si moche... comme pour moi en ce moment...mais pas de raison de ce faire de la bile. Ca passe, ça vient, ça s'en va et ça revient et fait de tout p'tit rien.°.° Bledy part en cuchmitte.
Pas simple de communiquer, il a des reproches aussi grandes. Que de mystère à élucidés. Encore une mission pour Detective Conan. LoL . ^.^ / J'adore ce manga/

Bonne et merveilleuse idée. Merci de nous offrire tout ton art.   ta réputation n'est plus à prouver sauf pour Shutaro.


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sephyra le Mars 18, 2009, 04:11:16 pm
Bonjour à tous les quatre ! Vraiment, mille mercis pour vos commentaires, et je te souhaite la bienvenue ici Yoshimini ^^ J'ai enfin fini le rapport VI, j'avance lentement en ce moment lol.

En espérant qu'il vous plaira =3 Encore merci pour vos messages !




Rapport VI - Impuissance




    Alidann marchait à petits pas dans les longs couloirs blancs, la tête basse, sans faire d'effort pour esquiver les personnes qu'il croisait. Ce n'étaient que des fantômes après tout, aussi blancs que les salles et les murs, aussi silencieux que des ombres. Pas de sourire, pas de sentiment... était-il le seul à vivre, dans ce laboratoire où il se sentait captif et incompris ? 
    C'est alors qu'il leva les yeux. Dans une grande allée bordée de salles d'opération, où d'habitude médecins et infirmiers se bousculaient pour faire circuler leurs chariots et leurs médicaments, des voix étrangères s'étaient élevées. Des voix puissantes, articulées, qui ne ressemblaient pas à celles qu'il avait l'habitude d'entendre. Là-bas, tout au bout du couloir, des personnes qu'il n'avait jamais vues entrèrent par deux grandes portes vitrées. Tous les scientifiques qui se trouvaient avec Alidann dans le couloir se tournèrent vers les nouveaux venus ; apparemment aussi surpris que le jeune garçon.
    Ils étaient cinq ; vêtus d'uniformes bleu sombre embellis par des boutons dorés, avec une petite casquette qui assombrissait leur regard. Un homme se mettait tout seul en valeur, se détachant des quatre autres qui ne devaient être que des accompagnateurs, ou des gardes du corps. Il était plutôt mince, devait avoir dans les trente-cinq ans ; son visage encore fin mais anguleux lui donnait un air un peu mystérieux. Ses yeux étaient d'un gris terne, au-dessus de son nez fin et légèrement arqué. Ses lèvres fines s'étiraient dans un petit rictus plus inquiétant qu'aimable ; et quelques mèches noires dépassaient de sa casquette qu'il s'empressa d'ôter pour montrer à ses hôtes qu'il connaissait les bonnes manières. Par précaution, il avait même attaché ses cheveux fins en une petite queue de cheval qui retombait jusqu'à ses omoplates.
    Rapidement, un scientifique vint à sa rencontre et les deux se saluèrent, puis partirent dans une discussion compliquée qu'Alidann n'entendait qu'à moitié ; se trouvant encore à bonne distance des deux hommes. Mais il n'avait pas la moindre envie de s'approcher. Pourtant, il lui faudrait passer les deux portes vitrées pour se rendre dans sa chambre... Devait-il attendre que les hommes en bleu s'en aillent ? 
    Comme il restait là à attendre et hésiter, ce sont eux qui vinrent vers lui. Il tressaillit, puis demeura immobile tandis que les nouveaux venus, toujours escortés par le scientifique venu à leur rencontre, le dépassaient pour s'aventurer dans les salles les plus reculées du laboratoire. En passant, l'homme à la queue de cheval lança un petit sourire à Alidann ; ce dernier détourna le regard aussi vite qu'il put puis repartit en direction des grandes portes vitrées ; essayant de ne pas courir tant que les scientifiques autour de lui pouvaient le voir et le réprimander. Souvent, dans sa jeunesse, ils lui avaient répété de ne pas courir dans les couloirs.
    Les deux portes passées, Alidann repartit hâtivement en direction de la salle d'informatique, située dans l'aile droite du bâtiment.

    A son arrivée dans la salle, il ne vit presque personne. Les ordinateurs, dont certains étaient si grands qu'ils touchaient presque le plafond, s'alignaient le long des murs et d'autres étaient regroupés au centre de la pièce. Quelques opérateurs semblaient vérifier les connexions dans un coin, noyés dans une mer de câbles et de fils en tous genres. D'autres scientifiques installés sur les postes faisaient diverses manipulations compliquées -que le jeune garçon ne comprenait pas non plus.
    Alidann longea les machines à sa gauche pour se diriger vers le fond de la salle. Là, installé sur une petite chaise tournante, un rouquin semblait plongé dans une représentation en trois dimensions d'une molécule qui s'affichait sur son écran.
- Kerem !
    Le rouquin sursauta et fit pivoter sa chaise pour regarder derrière lui ; il sourit en voyant son jeune ami.
- Alidann, tu es déjà levé ? Tu n'as pas cours aujourd'hui, pourtant ?
- Non, mais... j'étais venu pour autre chose. Est-ce que tu pourrais m'aider ?
- Tes devoirs peut-être ? reprit le rouquin avec un sourire complice. Si tu t'ennuies en revanche, tu peux me regarder installer ce nouveau programme. Regarde, il permet de visionner des molécules en trois dimensions avec un réalisme hors du commun ! Regarde celle-là, c'est de la phénylalanine. Et là, c'est du...
    Le rouquin stoppa net son discours loin d'intéresser Alidann, à l'entente de ce que ce dernier venait de lui souffler. Il regarda le petit garçon dans les yeux, abasourdi, et lui demanda lentement de répéter ce qu'il venait de dire. Alidann s'exécuta, et Kerem réalisa à son plus grand désarroi qu'il avait bien entendu.
- Tu... n'y penses pas, tenta Kerem avec un sourire de travers. Ton père ne...
- Je me fiche de ce qu'il pense, et de ce qu'ils disent tous, l'interrompit Alidann, le visage sincère. S'il te plaît. J'ai besoin de la voir.
    La voir. Qu'elle le regarde aussi, comme la toute première fois. Certainement la seule solution pour qu'il chasse de ses nuits cet oeil cauchemardesque ; abjecte déformation de la réalité.
    Non, il ne voulait plus fuir cette vision qui l'avait terrorisé. Sa seule façon de ne plus avoir peur, c'était de l'affronter... de faire la paix avec elle.
    Kerem passa sa main sur son visage en poussant un long soupir. C'était un projet bien risqué. Pour lui, qui risquait de sérieux ennuis si quelqu'un le surprenait, et surtout pour Alidann... qui pourrait même y laisser la vie.

- Monsieur Laurier ?   
    Laurier releva la tête et se retourna. Il était tellement plongé dans ses pensées qu'il n'avait pas entendu approcher les hommes en uniforme bleu, accompagnés par un agent du laboratoire.
- Je vous présente M. Adrian, déclara ce dernier en désignant l'homme en bleu avec une petite queue de cheval.
- Eric Laurier, reprit le docteur en serrant la main de son visiteur. Vous êtes en provenance de Station Square, n'est-ce pas ?
- Tout à fait, répondit Adrian avec un sourire aimable. Je suis venu discuter avec vous. Il y avait longtemps que nous n'avions pas eu de nouvelles de l'archipel. Cela fait presque... Dix ans, n'est-ce pas ?
    Laurier détourna les yeux. Dix ans, en effet. Ils avaient envoyé des rapports précis et complets à Station Square lorsque le virus du Tetrix avait été découvert, et depuis ce jour, il n'avaient pas rédigé de nouveaux rapports, du moins pas aussi complets. Comme pour cacher au reste de Mobius que le combat contre cette maladie infantile stagnait, inlassablement, et qu'en dix ans ils n'avaient presque rien appris du mystérieux Tetrix ; si ce n'est que les symptômes de la maladie étaient maintenant mieux connus. Adrian était le premier visiteur de Station Square depuis fort longtemps. Laurier se sentait nerveux, comme si cette visite était un mauvais signe. D'ailleurs, comme pour confirmer ses soupçons, Adrian déclara après un bref instant de silence :
- En réalité, je ne suis pas venu vérifier le laboratoire comme nous avions l'habitude de le faire. Il faut que nous parlions de quelque chose d'autre... en privé.
    Laurier se garda de laisser transparaître son inquiétude, puis demanda aux trois hommes de quitter la pièce, avant d'inviter Adrian à s'asseoir en face de lui. L'agent de Station Square jeta un rapide coup d'oeil à la salle, en faisant mine de s'intéresser à l'architecture des lieux. Mais ce n'était qu'une salle de réunion toute bête, aux murs aussi blancs que le reste du laboratoire ; une table en verre au milieu avec quelques chaises basiques comme celle où il venait de s'asseoir. Adrian posa ses coudes sur la table et regarda Laurier dans les yeux :
- Docteur, nous sommes au courant que la situation évolue peu, ici. On m'a rapporté que la seule survivante du Tetrix avait été libérée récemment ; mais si elle est aussi dangereuse, j'ai peur qu'il ne faille y remédier... et vite.
    Laurier se retint de se mordre la lèvre. Ainsi, c'était la mort d'Oliver qui avait poussé ces agents à se déplacer. Mais à leur place, il aurait fait pareil : non contente de stagner, ces derniers temps la situation s'envenimait, c'était indéniable. 
- Nos recherches continuent toujours, tenta alors Laurier. Nous n'abandonneront pas. Maintenant que Candice est réveillée, nous pouvons nous consacrer plus librement à son étude. Je vous promets que nous trouverons vite un remède à cette terrible épidémie.
- Justement, j'en doute, déclara Adrian en fixant son interlocuteur. Dix ans ont passé, je vous le rappelle. La situation, comme vous le savez mieux que moi, n'évolue que trop peu et le village d'en bas a de plus en plus de cadavres sur les bras. 
    Laurier détourna le regard. Il avait du mal à se l'avouer, mais il se maudissait pour son impuissance. Malgré tous leurs efforts, il était vrai que la situation ne s'améliorait pas, malgré leurs efforts. Il se sentait complètement coincé sur cette île, et savait que s'il ne trouvait pas vite le remède, l'infection pourrait bien gagner les continents...
- Rassurez-vous, s'exclama soudain Adrian avec un sourire. Je ne compte pas vous démettre de vos fonctions. Bien au contraire ; j'estime que vous, et aussi le jeune Shutarô, êtes brillants dans votre domaine. Si le Tetrix vous dépasse, il dépasse n'importe qui sur Mobius. Que diriez-vous de changer de laboratoire ? Nous avons trois grands laboratoires à Station Square. Ils sont deux fois plus spacieux que celui-ci, équipés de la plus fine des technologies, et non pas perdus en pleine nature comme cet établissement.   
- Attendez... vous me demandez de partir, avec Shutarô ? Et que faites-vous des autres scientifiques ? Des mobiens qui ont besoin d'aide ?
- Ca paraît évident, non ? répliqua Adrian en s'affaissant sur son siège. Rendez-vous à l'évidence : vous ne pouvez plus rien faire. Il serait plus raisonnable de vous sauver d'ici tant qu'il en est encore temps. En un mot...
    Adrian se pencha à nouveau vers Laurier pour le fixer intensément :
- ... supprimez Candice, et quittez l'archipel.






Titre: Re : Tetrix
Posté par: Capita le Mars 18, 2009, 05:28:28 pm
Rhamais ça me dit quelque chose ce virement de situation, c'est pas le Gun mais bon...

Il a le courage le chti, c'est bien éoè ! Affronter ses peurs, pas tout le monde qui le fait.


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Bledengor le Mars 22, 2009, 04:56:36 pm
Et ben chapeau. Maudit cassequé bleu. Je hais ce genre de type. Mais bon, faut les comprendre.Ils ont surtout peur que la tetrix gagne le continent.
c'est moche, mais cela fait du remu-ménage.
Quelque chose me dit que ça va ce bouger grave dans le prochain rapport.

Ca c'est bien vrais, combattre ses démons ce n'est pas à la portée de tous.

Bon aller à la prochaine. Ohoh c'est très prometteur surtout avec la dernière réplique.




Titre: Re : Tetrix
Posté par: Shadtty le Mars 26, 2009, 04:34:16 pm
J'ai bien aimé ce chapitre, mais pas les gens en bleu >w<

Tu laisses encore et toujours le suspens planer... C'est vraiment bien !

Ca promet, vivement le prochain chapitre ! Bonne continuation !


Titre: Re : Tetrix
Posté par: -VaNillE- le Mars 29, 2009, 06:28:42 am
Bonjour, gens postant par ici.

Je venais juste passer en coup de vent, afin de donner mon avis sur cette fic.
Personnellement, je trouve que tes 'rapports' nous narrent une histoire assez originale. Même si, d'après ce que j'ai compris, des parcelles sortiraient d'un manga... Que je n'ai pas lu.
C'est bien, le suspens(e ?) plane tout au long du texte. Et les événements ne sont pas très prévisibles. =D
J'aime beaucoup le personnage d'Alidann. Ils donnent un peu vie dans un lieu aussi... Scientifique.
Que va-t-il advenir de notre pauvre petite Candice ? =O


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Hunter le Mars 30, 2009, 08:23:14 pm
J'ai rattrapé mon retard.

Bon, hé bien, c'est toujours aussi palpitant ... On a plusieurs histoires en parallèle, et l'arrivée de ces hommes en bleu et la proposition faite par Adrian laissent planer un nouveau suspense ... Sans parler de la future rencontre d'Alidann et de Candice. Je sens que ces deux événements sont étroitement liés ... Bah, on verra bien.

J'vais aussi faire mon chieur, tiens. (Ça faisait longtemps. *PAN*) Il y a certains points-virgules en trop ... Une virgule simple aurait été préférable. Sinon, niveau orthographe, ça reste très bon.

En tout cas, chapeau, comme d'habitude. J'attends de voir la suite ...


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sephyra le Juin 25, 2009, 07:57:51 pm
*dépoussière le topic à grands coups de balai*

Salut à tous ! Durant ces vacs, je me suis fixé l'objectif de finir cette fic ! Vous allez tout savoir des horreurs que je compte bien faire subir à Laurier, Kerem, Shutarô, Alidann et Candice ! *on l'assassine subitement, sans bavure*

Bref, j'espère que quelque-uns d'entre vous continueront à m'encourager :'D même si je le mérite pas *PAF*

Je vous remercie énormément, Capi-chan, Hunty, Bled', Vanille et Shadtty ! Je vous souhaite une bonne lecture au cas où vous repassez par ici ^^


Rapport VII - Regard



   Kerem se dirigea à pas de loup vers une grande porte automatique, qui resta obstinément close à son approche. Le rouquin jeta un regard derrière lui, ouvrit le boîtier qui se trouvait à sa gauche, tapa rapidement un code à dix chiffres qu'il avait noté sur un morceau de papier, avant de voir la porte s'ouvrir brusquement. Alidann, qui attendait dans une salle déserte adjacente, se dépêcha de rejoindre le jeune informaticien, et courut sans s'arrêter à travers la porte qui se referma peu après leur passage.
   Ils aboutirent tous deux dans la vaste salle où Alidann avait vu Candice ouvrir les yeux pour la première fois. Ils se trouvaient dans la partie entourée d'ordinateurs, d'écrans et de machines ; tandis que l'autre partie de la salle, délimitée par deux solides vitres transparentes, contenait les trois grands tubes, ainsi qu'une petite hérissonne vert d'eau, qui semblait assoupie, allongée sur le sol blanc de sa prison. 
   Alidann la contemplait sans bouger, avec un mélange de peur et de hâte, tandis que Kerem se dirigeait vers l'un des ordinateurs en se massant la nuque.
- Si les autres l'apprennent... maugréa-t-il. Mais on n'a qu'une heure devant nous, il faut qu'on se grouille...
   Il commença diverses manipulations sur l'appareil ; entra divers codes dont celui qui allait débloquer la première porte ; celle qui permettrait à Alidann de se rendre juste devant Candice. Il serait alors seulement séparé d'elle par la seconde vitre, et s'il lui parlait, elle pourrait même l'entendre.
   Le jeune garçon serra fort son ours en peluche dans ses bras ; qu'il avait ramené de sa chambre à l'instant. Sans Tommie, l'aventure n'était pas la même. Il allait malgré tout avoir besoin de courage pour regarder cette mobienne dans les yeux, il le savait. Il continuait de la contempler, tandis qu'elle restait étendue sur le sol de sa cellule où elle demeurait seule.
- Alidann, tu m'écoutes ?!
   Le jeune garçon sursauta et se tourna vers Kerem, toujours assis devant le poste de l'ordinateur commandant l'ouverture de la porte.
- Je viens de te dire que c'était ouvert, informa le rouquin. Mais par pitié, fais attention... d'accord ?
   Alidann aquiesça d'un petit signe de tête, et se dirigea à pas lents vers la porte que Kerem venait de lui ouvrir. Il traversa ainsi la première vitre, se retrouvant face à la deuxième qui le séparait de la cellule de Candice. Il fit quelques pas vers le gauche afin de se retrouver face à la mobienne, toujours étendue sur le sol, ses piques vert d'eau démesurés glissant partout autour d'elle. Alidann posa son ours à côté de lui et déglutit.
- ... Candice ?... risqua-t-il d'une petite voix.
   Pas de réaction. Alors le jeune garçon réitéra son appel, un peu plus fort, donnant deux petits coups à la vitre. Candice commença à remuer légèrement, et ne tarda pas à se redresser.     
   En temps normal, Alidann aurait certainement eu un mouvement de recul. Mais à nouveau, il se trouva complètement paralysé par le regard de Candice, lorsque celle-ci planta son oeil rose encore somnolent dans ceux de son visiteur.

- Vous plaisantez ?!
   C'étaient les mots que Laurier, ivre de rage, venait de hurler à Adrian lorsque Shutarô entra à son tour dans la pièce où ils conversaient depuis quelques instants. Le nouveau venu resta un instant muet de stupeur, et regarda successivement les deux hommes comme pour tenter de lire sur leur visage ce qui se tramait.
- Vous plaisantez... reprit Laurier plus calmement, mais sans cesser de toiser Adrian. Jamais nous ne commettrons un acte aussi lâche, vous m'entendez ?!
- Mais je suis certain que monsieur Shutarô sera plus raisonnable que vous, reprit alors Adrian en tournant son regard vers le nouveau venu.
   Laurier fit de même avec un mélange de rage et de supplication. Mais Shutarô ne pouvait pas non plus accepter cette offre, il ne le devait pas...
   Shutarô resta calme et détendu du début à la fin des explications d'Adrian. Ce dernier fit autant de détours -si ce n'est plus- que pour Laurier, faisant part de la situation tragique de l'archipel d'Helena, de l'évolution de la maladie qui se faisait inquiétante, et de tous les autres sujets que pourtant le jeune scientifique connaissait mieux que quiconque. Lorsque vint enfin le sujet véritable de la conversation, c'est-à-dire la proposition insistante d'Adrian concernant l'abandon de l'archipel et l'assassinat de Candice, Shutarô resta de marbre. Laurier, qui observait les réactions du jeune scientifique, sentait son inquiétude monter en flèche. De tels discours insensés ne faisaient donc rien à Shutarô ? Ils ne lui inspiraient ni dégoût, ni colère ?
   C'est alors qu'Adrian se tut enfin. Il tendit sa main en direction de Shutarô, debout aux côtés de Laurier, et lui décocha un sourire complice. Enfin, il déclara :
- L'heure est venue pour votre carrière de prendre un grand tournant. Que diriez-vous de venir travailler dans nos prestigieux laboratoires à Station Square ? Supprimez Candice et quittez cet archipel qui se meurt de jour en jour, cela vaut mieux pour vous.
   Laurier serra les poings en regardant Shutarô. Le jeune scientifique poussa alors un soupir et ne tarda pas à donner sa réponse.

   Kerem s'était levé de son siège et observait la scène de loin, sans bouger, tendu comme il ne l'avait jamais été. Face à Candice, Alidann observait ces yeux roses avec un mélange d'émerveillement et de peur. La petite hérissonne observait elle aussi le jeune garçon, sans bouger, surprise d'avoir été tirée de son sommeil. Les secondes défilaient, les unes après les autres, et les deux étaient toujours aussi immobiles. Jusqu'au moment où, perdant patience face à ce visage crispé et effrayé, Candice pencha sa tête sur le côté, cligna des yeux à plusieurs reprises et poussa un petit gémissement qui ressemblait à une question. Alidann sursauta et se redressa en serrant Tommie avec force contre lui.     
- Je... je suis... Alidann, gémit timidement le jeune garçon.
   La hérissonne cligna des yeux et pencha sa tête de l'autre côté, comme pour chercher à regarder Alidann sous tous les angles. Ce dernier ne sentait que de la curiosité dans ce regard. Il n'était plus dénué de vie et effrayant comme il avait pu l'être par le passé. Alors, prenant son courage à deux main, le jeune garçon se redressa, posa délicatement sa main à plat sur la vitre, et répéta en articulant, posant son autre main sur sa poitrine :
- Je m'appelle Alidann.
   Candice regarda successivement les deux mains d'Alidann, puis reporta son attention sur son visage. Elle resta un instant à le contempler tandis que le jeune garçon ne la quittait pas des yeux. Soudainement, elle décocha un grand sourire, émit un petit rire étouffé par l'immense baie vitrée, posa sa main gauche contre la vitre en face de celle d'Alidann, toucha son sternum avec la droite et répéta :
- Ali... dann !
   Ce dernier resta muet de stupeur et la scruta avec étonnement. Sa surprise fit redoubler les rires de Candice qui semblait vraiment apprécier la compagnie du jeune garçon.
   Loin des deux enfants, Kerem s'était un peu détendu. Il ne pouvait pas tout entendre de là où il se trouvait, mais il voyait les lèvres de Candice bouger, de plus en plus... Etait-elle vraiment capable de parler ? Elle qu'on avait jamais éduquée...
   Le rouquin décocha un sourire. Et si c'était Alidann qui avait raison, au fond ? Et si Candice était vraiment une petite mobienne qui méritait pleinement d'être considérée comme telle ?...

   Alidann s'était arrêté de parler, pour sa part. Il écoutait Candice. Muet de stupeur, il ne revenait pas du fait que la petite hérissonne savait se servir de sa langue. Ou du moins, son langage était celui d'une petite de dix ans, qui faisait encore quelques fautes et bégayait plus que la normale... Mais elle savait construire un discours cohérent, et c'était ce qui surprenait le plus Alidann. Elle qu'on avait privée de tout contact affectif, et à qui on n'adressait jamais la parole...
- Tu... tu vis... ce laboratoire ?... couina Candice avec un grand sourire. Je suis... aussi... et je... seule ici, je m'ennuie... un petit peu...
- Tu voudrais que je vienne te voir plus souvent, Candice ? réagit Alidann en se redressant subitement.
   Candice ne répondit pas. Elle pencha encore sa tête sur le côté, l'air interrogateur.
- Tu voudrais... que je vienne te voir... plus souvent... Candice ? reprit Alidann plus lentement, en esquissant quelques gestes maladroits pour mimer ses actions.
   La hérissonne lança un grand éclat de rire, et s'exclama juste après :
- Je voudrais... parler... et puis... marcher aussi ! Mais... je suis ici... tout temps... et dis... c'est quoi ce mot... "Candice" ?... J'ai déjà... entendu... mais je sais pas ce que... ça a pour sens...
- C'est... c'est toi, tu t'appelles Candice, expliqua Alidann en la désignant de la main. Et moi, je suis Alidann.
- Candice... moi ? reprit Candice, en hésitant.
- Oui, oui ! la félicita Alidann en lui décochant un grand sourire.
   La petite hérissonne fit alors de même, timidement. C'était bien la première fois qu'elle avait droit à un contact avec un autre être vivant, quelqu'un qui entreprenne de lui parler et de l'écouter.

   Au bout de quelques instants, Kerem, toujours devant son ordinateur, éleva la voix et s'exclama à Alidann :
- Hey, il faut qu'on y aille maintenant ! Je crois que les autres vont pas tarder à venir par ici pour vérifier que tout est en ordre !
- Ah... fit Alidann en se levant.
   Candice le suivit du regard. Surprise, elle posa ses mains sur la vitre, espérant deviner ses intentions rien qu'en regardant son visage.
- Je dois partir, excuse-moi, déclara alors Alidann. Tiens, je te le prête si tu veux, tu te sentiras moins seule !
   Alidann déposa Tommie, sa peluche, là où il s'était assis pour parler avec la hérissonne. Cette dernière regardait successivement ses deux visiteurs, sans vraiment comprendre. Pourquoi ne restaient-ils pas avec elle tous les deux ?   
- Je reviendrai bientôt, c'est promis ! lança Alidann avant de repartir en courant, pressé par Kerem qui se dépêchait de désactiver tous les systèmes qu'il avait employés.

   Le silence retomba dans la salle après le départ des deux humains. Candice laissa alors ses yeux retomber sur Tommie, et le regarda longuement. Lentement, et comme elle le faisait déjà depuis ses plus tendres jours, elle se mit à répéter les mots qu'elle avait entendus à l'instant, dans des murmures à peine audibles.





Titre: Re : Tetrix
Posté par: Hunter le Juin 25, 2009, 08:43:45 pm
...


Candice ... Elle m'inspire vraiment de la pitié, là. Tu t'es bien démerdée. T'aurais même pu accentuer les états d'âme de la petite pour rendre le tout encore plus crédible ... M'enfin oui, c'est une gamine, après tout. C'pas humain de la laisser enfermée sans compagnie ! ><

Par contre ... La peluche sait se téléporter du sas à la cellule ? *crève*

Bref. Tu m'as donné envie d'en savoir plus, alors dépêche-toi d'écrire ! (Nan, j'ai pas oublié les enfoirés de service dans une salle pas loin ><")


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Capita le Juin 26, 2009, 09:17:39 am
Pauvre Candice éoè Mais elle est fortiche de savoir parler. J'aime bien cet espèce de relation qui débute entre elle et Alidann, je trouve ça très beau, ce genre de lien. Enfin ! On va bien voir la suite. J'imagine bien Alidann qui va un peu la faire parler X3... Et le labo ? Il va finir comment ? °^° J'ai hââââââte de savoir.


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Bledengor le Août 13, 2009, 12:05:22 pm
Alors là, Bleddy a bien aprécié la prise de contact entre Candice et Alidann.
Comme c'est trop mimi tout plein. Une vrais petite fille qui s'amuse a l'imiter. Moi aussi j'étais convaincu que cette petite hérissonne étaient une bonne petite.

Les autres saguouins ne les louperaient pas non plus. MECHANT !!!!! Si vous touchez à Candice, une lionne enragée viendra vous refaire le portrait!!!! /GGGGRRRRROOOOOOOOAAAAAAAAAAAARRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRR!!!!!!!!!!!!!! UNE RAGE DE LION/


Vivement les prochains rdv entre nous deux amis. Alidann offre son objet fétiche au que c'est adorable. Domage que les nounours ne savent pas utiliser le chaos controle.


Allez bon courage et bonne inspiration. Bye Sephy!!!!!!!!


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Moona the hedgehog le Août 13, 2009, 12:23:07 pm
Je me demande pourquoi je n'ai jamais posté ici.
... C'est trop bien cette fic!!! L'intrique, le style d'écriture, les personnages... Bref, c'est super!
J'aime beaucoup le dernier chapitre, et Candice est trop mimi! T.T Tes persos sont vraiment hypers attachants, et tout est vraiment parfait. C'est une des meilleure fic que j'ai jamais lue!
Bravo Sephy-Sama!!


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Shadtty le Août 13, 2009, 01:16:08 pm
Et ben, Candice a enfin un contact avec Alidann ! Cette petite relation qui commence, j'aime bien.

Cette seconde personnalité qui se développe, ça me fais toujours penser à Elfen Lied, mais on voit bien quand même que c'est pas du copié collé non plus. Décidément, cette fic est excellente.

Breef, bon courage pour la suite Sephy-san ! Et désolée du retard, au fait. TwT.


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Cyber Rouge le Septembre 07, 2009, 05:51:08 pm
Booon ! Je viens enfin poster ici ! (en avance, comme d'habitude).
Depuis le temps que j'en entends parler de Tetrix !

Donc j'ai tout imprimé hier pour pouvoir le lire tranquillement dans mon lit, avec même la petite illustration de début d'histoire sivouplé...
Alors en fait, j'ai été très déçue... Meuh non j'rigole, j'ai trop aimé, Soeurette ! Puis j'ai été pas mal bluffée par le vocabulaire scientifique, ça fait bien réaliste... Puis comme j'ai écrit pas mal de petites histoires qui se passaient dans des laboratoires, je n'ai pas eu trop de mal à m'imaginer les scènes. De plus, je trouve que tu retranscris relativement bien le décor, avec des petits détails qui facilitent la représentation des scènes.
Bon, comme je n'ai pas commenté à chaque chapitre, je ne vais pas relever quoi que ce soit, j'ajouterai seulement que ton orthographe est bien sûr excellente. Je m'arrangerai pour commenter à l'avenir de façon plus détaillée, en suivant les prochains chapitres (qui vont bientôt arriver, hein, hein ? J'veux la suite, ça devient très intéressant).

Une question ! Pour l'homme à la queue de cheval qui fait son apparition dans le dernier chapitre et qui essaye de corrompre les deux scientifiques, avec ses p'tits sourires style prédateur... Moi, il m'a fait penser direct à Kimblee (FMA)... Est-ce que c'est à lui aussi que tu as pensé ou c'est juste une interprétation de ma part ?

Voilou voilou, j'attends la suite de pied ferme ! Et tu sais quoi ? Je m'attaque à Imaginaire ! ^^


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sephyra le Novembre 04, 2009, 05:03:20 pm
Bon, vive Internet... j'avais rédigé des réponses perso mais tout est parti en un clin d'oeil. Génial. Je vais devoir vous faire un merci général, ça gère dites moi... Bordel j'ai la haine.

Pardon. Ah et Jum3lle, t'as bien raison au sujet de Adrian : il vient de Kimblee XD
Un immense merci à tous et pardon pour le retard. J'ai un travail monstre et c'est difficile de garder le rythme.





Rapport VIII - Compte à rebours




- Monsieur Adrian, sauf votre respect, je souhaite que vous quittiez immédiatement cet endroit, n'y remettiez jamais les pieds, et enfin que vous me laissiez résoudre le problème du Tetrix en paix.
   Le regard qu'Adrian leva alors vers Shutarô était porteur d'un profond mépris.
   Laurier regarda Shutarô avec un mélange de surprise et de profond soulagement. Il se retint de s'affaisser sur la première chaise qui lui viendrait sous la main, car ils n'en avaient pas terminé pour autant: Adrian n'avait certainement pas encore abandonné.
- Vous êtes sûr... que c'est ce que vous voulez? demanda alors Adrian, ses mains jointes devant son visage, et son regard froid comme la glace.
- Je n'abandonnerai pas, assura Shutarô. Ce n'est pas parce que j'ai fait de nombreuses erreurs par le passé qu'il faut que je perde les occasions de me rattraper.
   Suite à ces mots, Adrian se leva lentement, et se dirigea vers la porte de sortie avec les hommes qui l'avaient accompagné. Son regard ne croisa même plus celui des autres scientifiques. Il se contenta de dire, avant de se retirer définitivement de la pièce :
- Je vous aurai prévenus...
   Le silence revint peu après son départ. Laurier resta longuement silencieux en tournant son regard vers Shutarô. Le jeune scientifique gardait ses yeux rivés sur la porte par laquelle Adrian venait de se retirer, songeur.
- Tu as fait le bon choix, déclara alors Laurier pour briser le silence pesant. Nous n'avons pas le droit d'abandonner, surtout pas après avoir fait tout ce chemin.
- C'est vrai, répondit Shutarô sans détourner son regard de la porte. Remettons-nous au travail.
- Oui.
   Laurier alla récupérer les dossiers qu'il avait déposés sur la table en entrant, confiant. Au final, la venue d'Adrian, plus que les dissuader de continuer, les avait plutôt encouragés à persévérer pour sauver l'archipel...
   Après quelques pas dans le long couloir blanc, Shutarô et Laurier se séparèrent. Laurier se dirigea directement vers la salle de réunion pour parler aux autres scientifiques, tandis que Shutarô faisait un détour et partait vers le sud du bâtiment, où se situait leur plus grande salle d'expérimentations, celle où était enfermé le sujet qui les préoccupait depuis dix ans déjà.

   Shutarô arriva devant la grande porte blanche, tapa rapidement un code à dix chiffres sur le petit clavier de gauche et pénétra bientôt dans la pièce. La salle était silencieuse, et Candice, allongée dans sa cellule, ses immenses piques étendus à ses côtés, était visiblement assoupie. Shutarô se tourna dans sa direction et l'observa longuement, perdu dans ses pensées. C'est alors qu'il remarqua un objet posé juste devant la cellule de la petite hérissonne, entre les deux immenses vitres. Fronçant les sourcils, le scientifique activa l'un des ordinateurs, et commença quelques brèves manipulations afin de débloquer la porte qui le mènerait juste devant la cellule de Candice, à la frontière entre la salle où il se trouvait actuellement et l'immense prison immaculée où dormait la petite mobienne. La porte s'ouvrit enfin, et Shutarô descendit vivement dans la fosse avant de passer la porte sur le côté droit de l'immense vitre. Il marcha alors dans l'étroit couloir formé par les deux baies vitrées pour se diriger vers l'objet brun qui gisait juste en face de Candice. Il le ramassa avec un mélange de colère et d'incompréhension. Tommie. L'ours en peluche que Marina avait offert à son fils unique, il y avait de cela bien longtemps. Il était juste en face de la jeune captive, comme s'il était là pour lui tenir compagnie...
   Shutarô serra les dents. Alidann n'était quand même pas en train de s'attacher à une tueuse? Une tueuse qui, de plus, était atteinte de la plus grave maladie mobienne qui soit? Le scientifique se rendit bientôt compte qu'il était en train de presser fort dans son poing l'un des bras de l'ours en peluche, et qu'il finirait déformé s'il ne se calmait pas bien vite. Mais ce dont il venait de se rendre compte l'avait laissé furieux, bien trop furieux.
   Il tourna le dos à Candice et revint sur ses pas, sans avoir lâché Tommie. Pourquoi cette fureur? Oui, il s'en souvenait à présent. Elle venait de Serena, et de personne d'autre.
 
   Le visage de la mobienne lui apparut un instant en mémoire, et il contempla ses yeux clairs avec délice. Tandis qu'il revenait sur ses pas, quittant cette immense pièce, et Candice, il s'égara dans ses propres souvenirs. Serena... Pourquoi avait-il fallu qu'elle parte? Mais ça aussi, il le savait. Il savait. Il savait tout. Tout depuis le début. Et à chaque fois qu'il s'en rappelait, il se noyait dans ses remords, et dans son immense peine. Bien qu'il essayât d'être un père exemplaire pour son fils unique, il se devait de reconnaître qu'il était loin d'être parfait, et avait nombre de choses à se reprocher. Comme tout être humain normal, il avait des défauts insupportables.
   Shutarô passa le pas de la porte en un coup de vent, sans se retourner une seule fois. C'est ce qu'il haïssait en l'être humain. Ce côté si imparfait.

   Alidann marchait nerveusement dans les couloirs, seul. Il croisait peu de monde, mais les scientifiques semblaient tous se diriger vers le nord du bâtiment, en direction de la grande salle de réunion. Que se passait-il? Cela avait-il un rapport avec la venue des drôles d'hommes en uniforme foncé? D'ailleurs, où étaient-ils passés?
   Même Kerem n'était plus avec lui. Il était retourné dans la salle d'informatique aussitôt revenu de la cellule de Candice aux côtés du jeune garçon. Mais peut-être que lui aussi était déjà convié à rejoindre la salle de réunion. Quelque chose d'important se tramait-il?
   C'est alors que des hauts parleurs situés dans le coin du couloir où il se trouvait s'activèrent soudainement, et la voix qui s'exprima bientôt par leur biais fit sursauter Alidann.
- "Dernier appel! Tout le personnel scientifique du laboratoire doit se rendre immédiatement dans la salle de réunion. Je répète : que tout le personnel scientifique du laboratoire se rende immédiatement dans la salle de réunion. Terminé."
   Alidann resta un instant immobile, légèrement tremblant. Mais que se passait-il?!     Ce qu'il détestait par dessus tout était de se mêler des histoires du laboratoire, ce lieu qu'il détestait un peu plus chaque jour. Mais la curiosité l'emporta.
   Il fit volte-face et courut en direction du nord du bâtiment, vers la salle où tous étaient conviés.

   Alidann s'assit près de l'une des portes d'entrée de la salle et attendit. Il espéra que tous étaient déjà rentrés, ainsi personne ne s'apercevrait de sa présence. La réunion ne tarda pas à débuter. Il reconnut la voix puissante d'Eric Laurier s'adressant aux autres scientifiques, avec un ton grave.
   Alidann n'entendit pas tout mais saisit le principal. Notamment, il avait compris que cette subite réunion avait un rapport avec la venue des hommes étranges en uniforme sombre. Que ces hommes représentaient une vraie menace pour le laboratoire. Finalement, ils remontèrent dans l'estime du jeune garçon.
   Mais ce ne fut qu'un bref instant, car il apprit également qu'en plus d'être menaçants pour le laboratoire, ces envoyés de Station Square l'étaient également pour tout l'archipel. Et notamment, pour le petit village mobien près de la côte. Celui d'où venaient Candice et tous les autres mobiens malades du Tetrix. L'heure était grave pour eux. Alidann l'avait presque oublié.
   Il détourna la tête de la porte pour réfléchir un instant. Pour sa part, il était encore bien faible ; jamais il ne pourrait aider Candice ni tous les autres... Pourtant, il en avait envie. Profondément envie. C'était ça que voulait son père, rien d'autre. Lui apprendre comment vaincre cette épidémie mortelle. Le Tetrix encore invaincu à ce jour... Finiraient-ils par en venir à bout? Ou n'était-ce qu'un rêve sans espoir?
   Alidann se releva. Dans la salle de réunion, d'autres voix que celles de Laurier s'étaient élevées, et commençaient à débattre violemment sur le sujet des envoyés de Station Squares et de leurs funestes intentions. Funestes intentions mais quelque part, réalistes. L'archipel était en très grand danger. Et lui, que pouvait-il faire pour le moment? Comment pouvait-il agir, du haut de ses douze ans? Comment le pouvait-il?
   Il sentit son poing se serrer. Peut-être pour la première fois depuis cinq ans, depuis sa venue dans ce laboratoire, il se sentit véritablement concerné par les problèmes de l'archipel. Lui qui depuis son départ avait toujours aspiré à revoir Station Square, et à retrouver sa vie d'antan. Lui qui ne rêvait que du jour où il pourrait enfin rentrer chez lui, là haut dans la capitale, retrouver sa véritable demeure. Il en souffrait, car il savait que ce serait impossible - du moins avant un grand nombre d'années. Et puis Shutarô ne donnerait jamais son accord. Il avait bien trop envie qu'Alidann devienne à son tour un grand scientifique et un jour même, dirige ce laboratoire qu'il haïssait pourtant.
   Ou peut-être un peu moins que d'habitude. Il ignorait pourquoi mais, depuis quelques temps, cet endroit lui apparaissait moins hostile. Peut-être parce qu'il avait rencontré une nouvelle personne dont la présence l'avait fasciné et le fascinait encore en ce jour. Peut-être parce qu'il commençait à comprendre l'enjeu du combat de son père, et de celui même de tout le laboratoire. Alors, peut-être qu'il avait le droit d'être au courant, lui aussi.
   Alidann se tourna à nouveau vers la porte de la salle de réunion contre laquelle il s'était appuyé pour écouter la conversation des scientifiques. Les voix à l'intérieur s'étaient légèrement calmées, et peut-être que Laurier ne tarderait pas à reprendre la parole.
   Résigné, le jeune garçon inspira un grand coup, posa ses deux mains sur la porte et poussa sur ses bras pour l'ouvrir.


   Une douleur. Un horrible mal de crâne. Ses membres étaient engourdis, il les sentait à peine et avait du mal à les bouger. Mais il n'avait aucune envie de se déplacer, tant sa fatigue écrasante l'accablait. Il essaya de rassembler ses souvenirs, de se rappeler de ce qu'il avait fait dernièrement. Et comment il était arrivé dans cette pièce étrange qu'il ne connaissait pas, éclairée avec de puissants néons fixés au plafond. Qu'avait-il fait, quelles expériences avait-il menées? Il ne se souvenait presque de rien. Il étudiait en secret des substances étranges et ce depuis des années, mais récemment, quelque chose d'imprévu avait eu lieu. Dans cette petite pièce dissimulée aux yeux de tous. Quelques rares meubles en longeaient les murs blancs, et un unique ordinateur reposait écran allumé sur l'une des tables.
   Derrière lui, des grognements. Un intense frisson parcourut sa colonne vertébrale. Des créatures enragées, à silhouette canine, se débattaient derrière lui en crachant leur colère et en brandissant leurs crocs meurtriers. Déchaînées, elles exprimaient leur fureur torride en écarquillant leurs yeux vides de sentiments, enfermées dans une cage. Enfermées, pour l'instant.

   Le compte à rebours qui diminuait irrémédiablement, affiché sur l'écran de l'ordinateur, ne présageait rien de bon à ce sujet.


   





Titre: Re : Tetrix
Posté par: Capita le Novembre 05, 2009, 11:57:44 am
Ah ça fait plaisir de revoir un peu de suite ! Mais pas beaucoup d'action, transition ? Courage, le travail avant tout après tout, ça payera bien au final. J'ai hâte de voir ce que donne ce compte à rebours... Le laché de ces bestioles ( qui me font rappeller les experiences dans FMA d'ailleurs ^O^ *meurt ), ou quelque chose du genre ? Une mutation du Tetrix inattendu ?
Moarf bosse bien tu pourras plus poster après /o/ !


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Blackdoom le Novembre 14, 2009, 02:03:32 am
*Balance une bouteille de Vodka sur sa mère*
ON CONTINUE MA PARTY POSTAGE MASSIF AVEC TA FIC, MA GROGNASSE DE VIEILLE ! Alors bouge-toi le cul et j'te préviens, me REFAIT plus attendre comme tu me l'as fait là è___é Sinon privé de ND !
*Chope une nouvelle bouteille, casse le goulot directement sur le bureau et boit d'une traite la moitié de la bouteille. Rote bruyamment*
Bon... Déjà tu fais chier. Ouais t'as bien lu. Tu - fais - chier ! è_é YA PAS DE FAUTES AVEC TOI ! Merde sur mes autres feuilles imprimées ya toujours au moins UN TRUC de surligné ! TOI RIEN ! *Te balance les feuilles au visage et tape du poing sur le bureau*
ALORS TU VAS ME CORRIGER CA ! Comment peut-on avoir une fic aussi sublime, aussi dénuée de fautes, et être aussi longue à se faire attendre ! J'te pardonne pas si tu nous refais le cul ! Euh, le coup* !
OUAIS CA VA HEIN !! è__é Alors voilà. On passe un deal. Si tu arrêtes une nouvelle fois de poster Tetrix - ne serait-ce qu'un mois ! Je débarque à nouveau chez toi comme le mois dernier, et je fouille ta penderie, appareil photo en main. ET J'ENVERRAI TOUT A CAPITA EN DIRECT LIVE ! ET ON PUBLIERA TOUT SUR LE NET ! TOUT !!! *Crise à Donf, reboit un bonne lampée de vodka et reprend son souffle*

...
Et c'est quoi ce suspens de MERDE à la fin que tu nous fous dans laggle ? C'est qui le type qui est au moins autant bourré que moi ? C'est quoi le compte à rebours ? C'EST QUOI TOUT CAAA ?! o__o
Maintenant que t'as repris je veux une suite. Et ya carrément intérêt è_é Sinon je débarque chez toi Irl. N'oublie pas ! J'ai des photos compromettantes ! Et je connais ton adresse ! Même ta mère me connait ! J'te forcerai à faire du yuri par manga ! JPEUX DÉBARQUER N'IMPORTE QUAND ! >O< *Mode pétage de câble complet

... Bref. Très bonne suite. Une fic qui déchire. Mais je veux la suite. Je suis catégorique.


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sephyra le Novembre 23, 2009, 07:25:18 pm
Mon fils et ma belle fille! Je suis vraiment heureuse que vous soyiez là à me soutenir! C'est vraiment très gentil à vous d'avoir posté ^^
Bien, le chap qui arrive est gore et devrait donc plaire à Blacky. Les choses sérieuses commencent... On va passer à l'action dans les chapitres qui viennent!

Note : La fic ne sera pas longue, je n'excéderai peut-être même pas les 15 rapports, sachant que voici sous vos yeux ébahis le neuvième rapport. Mais ça dépend de si je parviens ou non à approfondir le scénario d'ici là. Qui vivra verra, comme on dit.
Ah, et Blacky... JE TE DÉFENDS DE TOUCHER A MA PENDERIE OU JE TE JURE QUE TU VAS MORFLER OK è__é FILS INDIGNE!! (je le dirai jamais assez ça...)





Rapport IX - Confusion




   Lorsqu'Alidann pénétra dans la salle de réunion, de nombreux regards se tournèrent vers lui. Notamment celui d'Eric Laurier, debout sur une petite estrade, essayant en vain de calmer l'agitation qui régnait dans la salle. Ladite salle était grande, circulaire, avec de nombreux sièges alignés selon la courbe des murs, sur cinq étages. Et elle était remplie d'hommes en blouses blanches qui semblaient en parfait désaccord ; la discipline était en train de les quitter et ils étaient nombreux à s'être levés de leur siège pour aller débattre du problème avec le premier opposant rencontré. Certains furent surpris de trouver Alidann à l'entrée de la salle, en hauteur, mais ils semblaient malgré tout accorder bien plus d'importance à leur discussion qu'aux caprices d'un enfant de douze ans qui entrait là où il ne le devait pas.
   Laurier, en revanche, ne se désintéressa pas d'Alidann. Après quelques derniers essais vains pour tenter de remettre de l'ordre parmi les scientifiques en colère, il descendit de l'estrade et remonta les marches en direction d'Alidann. Celui-ci se figea, par peur de subir les reproches de l'une des personnalités les plus importantes du lieu. Mais au lieu de ça, Laurier posa une main réconfortante sur l'épaule du jeune garçon et lui glissa dans l'oreille :
- Alidann, il faut que tu ailles me chercher Kerem. Cet idiot s'arrange toujours pour ne pas assister aux réunions, mais cette fois-ci, je crois qu'il a eu raison...
   Alidann leva ses grands yeux verts en direction du visage de Laurier, sans comprendre de quoi il en retournait. Il avait simplement saisi qu'il se passait des choses étranges dans le laboratoire. Des choses très étranges.

   Comme pour confirmer ses soupçons, un hurlement déchira alors subitement le silence des couloirs blancs.

   Shutarô se retourna brusquement. Avait-il rêvé? Il regarda à l'extrémité de la longue allée où il se trouvait. Les salles étaient vides ; les scientifiques les avaient toutes quittées pour se rendre d'urgence à la réunion. Lui même s'apprêtait à y aller, avec un semblant de retard. Mais finalement, il allait peut-être devoir faire demi-tour.
   Quelque chose sortit d'une salle au fond de l'allée et se retrouva face à lui. Une chose qui leva une tête déformée vers lui, poussa un grognement terrifiant, et se mit sur ses appuis, prêt à fondre sur sa proie.
   Sans perdre une seconde, Shutarô se retourna et se mit à courir.   
   Une nouvelle victime renversée. Du petit personnel sans intérêt. De la chair gratuite.
   Les crocs démesurés se plantèrent dans la chair sans ménagement. De nouveaux hurlements retentirent tandis que les tissus se déchiraient les uns après les autres, libérant une quantité monstrueuse de sang qui eut tôt fait de recouvrir la pureté blanche du sol et des murs. Finalement, la main de l'assistant de laboratoire retomba sur le sol rouge, après que son propriétaire eut rendu son dernier soupir dans la gorge de la créature. Celle-ci prit le temps de lui arracher quelques bouts de chair et d'os ici et là avant de repartir à la recherche d'une nouvelle victime. Qui sait, il y en aurait peut-être d'autres à la chair encore plus tendre?

   Alidann et Laurier ouvrirent brusquement les portes de la salle de réunion, sous le choc des cris qu'ils venaient d'entendre. Tandis que le chahut dans la pièce retombait à une vitesse impressionnante, tous se mirent à tendre l'oreille dans le but de savoir ce qu'il se passait.
- Attends-moi ici, ordonna Laurier à Alidann en quittant la salle de réunion.
   Alidann avala sa salive. En plus, Tommie n'était même pas là pour l'aider à avoir moins peur. Il ne voulait pas que Laurier prenne de risques, il avait vraiment la sensation qu'ils étaient en très grave danger.
   Un nouveau hurlement déchira le silence. Puis un autre. Le vacarme d'affaires lancées de tout côté, comme pour mieux fuir coûte que coûte. Alidann sursauta et retint un cri de stupeur ; et Laurier avait eut un mouvement de recul, comme si le danger était tout proche. Mais les cris venaient de plus loin. L'heure était vraiment grave. Il se passait quelque chose d'inhabituel, et de dangereux.
   Prenant son courage à deux mains, Laurier décida finalement d'aller voir lui-même ce qu'il se tramait. Il somma à Alidann de retourner dans la salle et d'en verrouiller les portes. Le jeune garçon aquiesça mais mourrait d'inquiétude. Il en tremblait. Ces cris n'avaient rien à voir avec tous ceux qu'il avait entendus jusqu'à présent. Ce n'étaient ni une peur, ni une douleur anodine.
   C'était le cri de ceux qui voient leur dernière heure arriver.

   La créature se jeta furieusement sur la porte vitrée en y déposant des marques de sang. Son corps complètement déformé et inadapté à la course le rendaient heureusement inhabile, mais sa puissance restait suffisamment forte pour bientôt pouvoir faire flancher la porte qu'il attaquait furieusement. Rassemblés dans la salle, trois hommes et une femme s'étaient regroupés, et reculaient lentement jusqu'au mur du fond, tremblant de stupeur. Ils s'étaient enfermés au dernier moment quand ils avaient vu cette créature noire fondre sur eux, mais la salle où ils se retrouvaient pris au piège n'était qu'une pièce avec quelques documents et livres, voire un ou deux meubles ; rien qui ne pourrait les aider à combattre cette créature. De plus, n'étant que de simples techniciens de surface, ils n'étaient pas habitués à manipuler les divers objets dangereux que pouvait contenir un laboratoire.
   L'un des hommes prit la femme dans ses bras lorsque le monstre fit céder la porte après un ultime effort, avant de se jeter furieusement sur les quatre humains.
   Carnage.

   Laurier marcha d'un pas lent dans le long couloir qui l'éloignait de la salle de réunion. La source de tout ce vacarme cauchemardesque ne devait pas être bien loin. Il avait à peine parcouru quelques mètres, tendu et intimidé, que la porte au bout du couloir, en face de lui, s'ouvrit brusquement. Laurier sursauta, et découvrit avec stupeur un homme vêtu d'une chemise blanche déchirée, mutilée et tachée de sang, qui s'agrippa au premier mur venu en s'égosillant :
- Partez... Partez tous d'ici! Ils... Ils arrivent!!
   Laurier écarquilla les yeux et se précipita à la rencontre de l'homme, qui avait de plus en plus de mal à tenir sur ses jambes.
- Que se passe-t-il?! s'écria Laurier, sentant avec effroi que la panique commençait à l'atteindre lui aussi.
   Il aida activement l'homme à se relever, tandis que ce dernier, encore sous le choc, murmurait des propos de moins en moins compréhensibles. Tandis que Laurier revenait vers la salle de réunion aussi vite qu'il le pouvait avec le blessé, il crut distinguer les termes "monstres" et "carnage", qui ne firent que renforcer sa peur...

   Le monstre s'arrêta et se mit à renifler l'air avec suspicion. Rapide, sa victime lui avait échappé... pour l'instant. Il quitta la salle où il se trouvait pour aller dans une nouvelle pièce, et commença à sentir qu'il était sur la bonne voie. Il accéléra le pas, évitant maladroitement les meubles sur sa route, traversa une nouvelle salle rectangulaire, bifurqua dans un couloir étroit sur sa gauche, arriva dans une nouvelle salle carrée et...
- Ecartez-vous!!
   Le butin que venait d'apercevoir la créature -deux nouvelles personnes sur qui elle était tombée par hasard- se dérobèrent bientôt à son regard. Une surface dure frappa sa tête et explosa en mille morceaux dans un bruit de verre, et aussitôt après ses yeux se mirent à la brûler atrocement. Le monstre hurla de douleur et se traîna par terre en essayant inutilement de frotter ses yeux contre le sol et les murs ; la douleur était intense et il se roulait au sol inutilement pour essayer de la calmer ; rien d'autre que de mettre fin à ce supplice ne comptait à présent pour lui.
   Shutarô tourna son regard vers les deux personnes qui s'étaient réfugiées dans la même pièce que lui, deux jeunes femmes qui aidaient au rangement des salles de stockage.  
- Passez par la porte de secours, et quittez cet endroit, leur dit-il en saisissant une nouvelle fiole remplie d'ammoniaque. Et prenez avec vous tout ce qui peut vous servir d'arme! Maintenant ne perdez pas de temps, d'autres de ces bestioles sont peut-être déjà en route!
   Les deux jeunes femmes ne perdirent pas de temps et empruntèrent la porte située contre le mur derrière eux. Elles saisirent au passage un tube à essais contenant une solution très acide, et s'enfuirent aussi vite qu'elles le purent. Shutarô, une goutte de sueur sur la tempe, haletant, regarda à nouveau la créature se débattre contre le sol. L'ammoniaque avait fait effet et l'empêchait de voir quoi que ce soit, en plus de lui procurer une souffrance abominable. Sans hésiter, Shutarô fouilla dans l'armoire derrière lui, et mit la main sur ce qui lui ferait alors office de poison...

   La créature courut vers l'angle du couloir à toute allure, à la poursuite de trois autres victimes qui s'étaient enfuies dès qu'elle l'avaient aperçu, grand, noir, massif, déformé, terrifiant. Comme ses autres frères qui devaient être en train de goûter la chair humaine, à l'heure qu'il était.
   Le monstre se cogna l'épaule violemment contre le mur adjacent, emporté par son élan et dérapant sur le sol lisse. Mais il ne perdit pas de temps et repartit à une allure effrayante à la poursuite de ses victimes, qu'il rattrapait à une vitesse inquiétante. Alors qu'il n'allait pas tarder à les atteindre enfin, il les vit bifurquer dans l'une des salles adjacentes au couloir, sur la gauche. Il ralentit trop tard et perdit du temps en essayant de faire demi-tour, et repartit à toute vitesse dans la salle, avant de se stopper à nouveau, pour cause.
   Trois coups de feu cinq secondes plus tôt. Le monstre poussa un rugissement de douleur, cracha une quantité de bave impressionnante et se cabra sur ses antérieurs déformés avant de retomber en arrière, où il se tortilla de douleur un instant, avant qu'Adrian ne relève une nouvelle fois son arme et continue de faire feu sur le monstre. Les douleurs se suivaient, s'additionnaient, se multipliaient pour la créature qui n'était plus capable de prendre de décision, égarée dans sa souffrance et sa confusion. Elle se relevait en tremblant, se jetait à l'aveuglette contre un meuble, roulait au sol, répandait son sang impur au sol, crachait ses tripes, mourait.
   Collés sur le mur du fond de la salle, les trois hommes qui avaient échappé au monstre reprenaient leur souffle, derrière Adrian qui achevait de sang-froid la créature. Tandis qu'eux étaient totalement stupéfiés et choqués par un tel monstre, Adrian ne semblait même pas surpris de l'avoir vu arriver. Et avait encore moins l'air soulagé de mettre un terme à son existence parasite.  
- Mes hommes, et mon garde du corps personnel s'occupent du reste, lança-t-il aux trois hommes sans même se retourner vers eux. Nous allons bien finir par les avoir, mais je ne pense pas que nous pourrons empêcher d'autres pertes.
   Et lorsque la créature retomba enfin une ultime fois sur le sol, figeant ses yeux vitreux dans le vide le plus total, Adian consentit enfin à baisser son arme, marcher vers la sortie, enjamber le corps et sortir dans le couloir sans ajouter un mot.







Titre: Re : Tetrix
Posté par: Blackdoom le Novembre 26, 2009, 05:57:10 am
Bon, en attendant de commenter la fic de ma femme qui a sorti une suite avant même que j'ai lu la partie d'avant, je me suis rabattu sur la tienne è_é
Et ben... J'aime. Sérieux. Du sang, des trucs bizarres, la peur... C'est super bien décrit, et c'est juste ce qu'il manquait à caser dans ce décor de laboratoire sordide. C'est géniaal ~ ^O^
Donc voilà, j'ai vraiment aimé la lecture, c'est passé tout seul, surtout en pleine nuit à cette heure là. Bon par contre j'ai pas peur de rester seul dans ma chambre, vu ce que j'écris c'est pas ça qui va m'angoisser, mais les émotions y étaient !
Juste un petit truc que j'ai remarqué, au dernier paragraphe...
Citation
Le monstre se cogna l'épaule violemment contre le mur adjacent
J'aurais mis "se cogna violemment l'épaule". Ca m'arrive aussi de mettre cette forme là, mais en général je la corrige en relisant. Je trouve que ça passe mieux, même si grammaticalement il n'y a aucune erreur, il me semble ._.

Bref, à part ça, toujours aucune faute, j'enrage et n'abandonne pas, mais faute est d'admettre que tu es toujours aussi forte question écrits è_é ...
Donc voilà. Ce minuteur et les monstres-chien-loup-déformés me restent en travers de la gorge, j'le sens pas, en plus ya rien qui préludait à ça... Et Adrian qui n'a pas l'air surpris, mouais, j'le sens pas ce coup là. Il a dû mal le prendre, le refus du rapport d'avant. Sale con ! *SBAF
Enfin voilà j'te laisse (c'était plus calme que la dernière fois, note). Je te souhaite une bonne continuation, si c'est pour nous pondre des trucs comme ça, je dis pas non quoi °^°
De mon côté je pense que je vais enfin pouvoir aller me coucher (alors que vous vous levez pour aller en cours quoi, c'est le dilemme :'D). Après avoir terminé le chapitre 17 de ND, je voulais juste passer par ta fic. Je m'attaque à Capi la prochaine fois, et ensuite viendra le tour de mon bon vieux Jean.
... Je radote trop, ça part en HS. Bon courage maman ! ^O^
Et combattons encore la justice nutritionnelle sur Msn ce soir, RANGER VERT ! *Fuit pour de bon en gueulant comme un sadique


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sephyra le Décembre 19, 2009, 06:35:54 am
é_è Très cher, vous me sauvez du double-post! é_è
Votre commentaire me touche énormément, heureusement que je peux compter sur votre soutien é_è Mille mercis pour votre critique!

Citation de: mon fils
Et Adrian qui n'a pas l'air surpris, mouais, j'le sens pas ce coup là. Il a dû mal le prendre, le refus du rapport d'avant. Sale con ! *SBAF
Ya des jours où vous m'énervez à être aussi perspicace XD

Quoiqu'il en soit, voici la suite que je peux ENFIN poster parce que ma connexion internet n'est pas au top ces derniers temps TOT
Bonne lecture!

Ah et avant que j'oublie, le chapitre vous est dédié, très cher... Pour diverses raisons ^0^




Rapport X - Quatrem




   Une drôle de présence la réveilla. Comme un étranger qui n'avait que du mal à donner. Quelque chose à craindre.
   Candice se redressa subitement, ses grands yeux roses parfaitement ouverts, l'esprit vif et prêt à prendre déjà une décision. Elle regarda vivement autour d'elle pour constater qu'elle était toujours dans sa cellule immaculée et silencieuse. Elle regarda de l'autre côté de la vitre qui lui faisait face. Tommie était parti, la laissant seule.
   C'est alors qu'un intense frisson parcourut son échine. Elle prit sa tête dans ses deux petites mains en gémissant, légèrement tremblante. Là, tout près. Dans le laboratoire. Des créatures immondes. La souffrance et le mal incarnés, qui portaient dans leur sang l'essence même de sa crainte... Les autres étaient en danger...
- Alidann!
   Sans qu'elle l'aie voulu, le nom de son nouvel ami traversa ses lèvres. Lui qui devait également faire face à ces immondices, à l'heure qu'il était...
   Soudain paniquée, Candice se leva d'un bond en tâchant de s'équilibrer au mieux avec ses piques. Elle en fit remuer quelques-uns lentement pour vérifier qu'elle avait toujours usage de son pouvoir, avant de faire quelques pas maladroits vers la baie vitrée qui la séparait du reste du laboratoire. Elle tomba en avant et se rattrapa sur la vitre avec ses deux mains, puis chercha activement un moyen de sortir. Ca, elle l'avait déjà fait des centaines de fois, sans succès... Mais dans un tel moment de panique, elle ne s'en souvenait même plus.
   Constatant rapidement qu'il n'y avait aucune sortie évidente, elle se laissa tomber au sol avec un gémissement de rage. Les deux poings serrés contre le sol, elle se mit à trembler légèrement. Ses piques aussi frémissaient, comme s'ils étaient vivants. Ses dents se serrèrent bientôt. Ses yeux se fermèrent.
   Avant de se rouvrir subitement.
   Tous ensemble, ses piques s'élevèrent au-dessus du sol, dirigés par un intense pouvoir qu'elle maîtrisait encore sous le joug de sa colère, et ils foncèrent tous en même temps sur la baie vitrée.
   Elle ne sentit bientôt plus rien que ce sentiment étrange, qu'elle pensait connaître, mais dont elle ignorait encore tout, en réalité.

   La haine.


***


   Peu de blessés revinrent à la salle de réunion. Les scientifiques n'avaient jamais connu un tel désordre. Laurier essayait de contenir leur panique, de leur assurer que les portes de la salle ne risquaient pas de céder, qu'ils étaient à l'abri, que tout s'arrangerait vite... Mais peu l'écoutaient et tous les autres s'adonnaient plutôt à la panique.  
   Au milieu de toute cette peur, Alidann restait immobile dans son coin, la tête posée sur ses genoux repliés, tremblant. Kerem n'était pas avec eux. Shutarô non plus. Tout comme Adrian et les hommes qui l'accompagnaient...

   C'est alors qu'on toqua à la porte. Alidann, qui en était tout proche, sursauta malgré le vacarme que faisaient les scientifiques paniqués. Son regard croisa immédiatement celui de Laurier, qui oscillait entre le sien et la porte. Lentement, le scientifique s'approcha de cette dernière, tandis qu'Alidann s'était relevé et reculait lentement, terrifié. Il appuya sur la poignée. La porte s'ouvrit.
   Un homme exténué se précipita à travers l'ouverture tandis que dans la pièce, le brouhaha commençait à s'évanouir. Il faillit tomber sur Laurier, qui se hâta de refermer la porte de l'épaule.
- Candice!... s'exclama le nouveau venu dans un souffle.
   A l'entente de ce nom, Alidann releva subitement la tête.
- Candice? répéta Laurier en soutenant l'homme. Qu'a-t-elle, que s'est-il passé? Dites-moi que tous les autres vont bien!...
   Laurier savait pertinemment que ce n'était pas le cas. C'en était lisible sur le visage défait du nouveau venu. Mais il ne parvenait pas encore tout à fait à le réaliser. Comment réaliser un événement aussi terrifiant, et aussi cruel?...  
- Candice... a quitté sa cellule... articula l'homme après avoir plus ou moins repris son souffle. Je me suis enfui dès que je l'ai aperçue, dans l'allée qui mène à sa cellule... J'ignore comment elle a réussi à s'échapper, mais... Et ces monstres, ils... Ils ont tué au moins dix personnes, j'ai croisé des cadavres... Tellement de cadavres... Il y a du sang partout, c'est un vrai carnage...
   L'homme en larmes s'effondra sur le sol, la tête dans les mains, tremblant et exténué. Laurier le soutint au mieux, mais il savait à quel point son aide était futile, pour l'instant.
- Certains de ces monstres ont été tués... articula alors l'homme qui avait un peu repris contenance. J'ai vu les assistants d'Adrian achever l'un d'eux... Je ne sais pas s'il reste encore de ces créatures, mais Candice...
   Trop.
   C'en était trop.
- Alidann! s'exclama Laurier. Où est-ce que tu vas, reviens immédiatement!!
   Trop tard. Le jeune garçon avait ouvert la porte de la salle de réunion à la volée, et s'était déjà précipité dans le couloir immaculé. Il ignorait encore pourquoi faire un tel geste de folie, mais il s'en fichait à présent. Son coeur battait fort dans sa poitrine, et il courut aussi vite que possible jusqu'à la porte au bout du couloir, qui débouchait sur une grande allée traversant le bâtiment du nord au sud.
   Et lorsque ladite porte s'ouvrit, il resta un instant stupéfait. Horrifié. Tremblant de peur. Une quantité de sang monstrueuse s'étendait sur de nombreux mètres du couloir et jusqu'à ses pieds ; et il distinguait une bouillie informe de chair et d'os déchiquetés au milieu de l'allée. Une odeur repoussante s'en élevait déjà, lui donnant une nausée terrible.
   Les larmes aux yeux, frissonnant, horrifié, Alidann recula à petits pas en gémissant faiblement. Il entendait quelques voix lointaines, des chocs violents. Des coups de feu? L'allée, elle, était plus silencieuse, comme si les monstres l'avaient quittée depuis longtemps.
   Il dut fermer les yeux pour dépasser ce qu'il restait de l'humain ayant servi d'en-cas à l'une des créatures. Sa main dissimulant le bas de son visage, il courut droit devant lui en direction du sud, vers la cellule de Candice. Pourquoi y allait-il déjà, qu'espérait-il y trouver?
   Il fut incapable de répondre à sa propre question. Il ne cherchait aucune réponse pour l'instant. Il savait qu'il devait y aller. Et ça lui suffisait amplement.

   Candice marchait lentement dans le couloir blanc. Elle se dirigeait vers le nord, vers le reste du laboratoire, loin de sa prison dont elle avait détruit les barreaux. Ses piques démesurés glissaient contre le sol lisse, la suivant où qu'elle aille. Certains d'entre eux étaient douloureux et légèrement abîmés, depuis qu'il leur avait fallu forcer de nombreuses portes et cellules. Mais elle ne sentait plus la douleur. Figé dans le vide, son seul oeil visible scrutait le bout de l'allée, sans ciller.
   Elle entendait des bruits se rapprocher. Ceux de ses pas étaient presque inaudibles. Quelques cris. Des coups de feu. Des hurlements monstrueux. Elle était proche de sa cible. De son pire ennemi. Elle ne l'avait jamais vu, jamais entendu. Mais elle savait qu'il était là. Quelque part, non loin. Elle et lui étaient comme matière et antimatière. Elle et lui étaient une chose et son contraire, vers lequel elle était irrésistiblement attirée... pour atteindre un objectif simple : une mutuelle destruction.

   La créature releva son museau du cadavre qu'il dévorait goulûment pour humer l'air autour de lui, ses oreilles informes dressées en avant. Quelque chose de fort, de puissant, venait de le désintéresser instantanément des tripes qu'il était en train d'éparpiller autour de lui. Quelque chose qu'il voulait atteindre. A tout prix.
   Le monstre pivota sur lui-même et se mit à courir vers le sud, sans s'arrêter. Il avait senti. Il l'avait sentie. Elle n'était pas loin.

   Candice s'arrêta, à peine arrivée dans l'immense allée qui menait directement à la partie nord du bâtiment. Excités, ses piques se redressèrent au-dessus du sol et dansèrent comme des serpents, tandis que l'oeil de la hérissonne restait inlassablement fixé sur l'extrémité de l'allée.
   La porte d'une salle adjacente vola soudain en éclats, et une monstruosité en surgit, en répandant d'énormes fragments de verre alentour. Il atterrit dans l'allée et fixa instantanément Candice, à une dizaine de mètres à sa gauche. Il se tourna vers elle en grognant, fourrure hérissée, crocs en avant, ses yeux vides fixés sur l'essence même de tout ce qu'il craignait.
   Candice sentit un intense frisson parcourir sa colonne vertébrale. Son regard ne parvenait pas à se détacher de ce monstre, qui hésitait encore à se jeter sur elle. Ses pattes recouvertes de sang témoignaient de tous les crimes qu'il avait commis avant de se dresser contre elle. Mais elle n'avait pas l'intention de le laisser sagement vivre sa vie et en éteindre d'autres.
   
   Elle était comme le jour. Lui, comme la nuit. Deux unités qui se complètent, s'annulent, s'équilibrent. Deux unités qui ne peuvent vivre l'une sans l'autre, mais qui, paradoxalement, ne peuvent supporter une quelconque cohabitation entre elles...
   Lorsque la créature se décida à attaquer, Candice était prête. Elle fit un pas en avant, tandis que la créature se lançait dans sa dernière course. Un à un ses piques se redressèrent, avant de foncer en avant.
   Un à un, ils le saisirent, l'enlacèrent, le retinrent, malgré sa force, malgré sa rage. Le monstre fut bientôt stoppé, cabré, rageant, à quelques centimètres de la hérissonne. Sa prise ferme empêchait le monstre de faire un quelconque geste ; il ne pouvait que grogner autant que possible en découvrant ses mâchoires terrifiantes, et ses crocs entre lesquels des morceaux de chair fraîchement arrachés étaient restés coincés. Candice s'approcha doucement de la créature. Ses membres tremblaient, sa fourrure se hérissait, ses piques enlaçant la créature se serraient de plus en plus, avides de détruire cette abomination, de la réduire en poussière, de la faire disparaître à jamais.
   Son visage près de celui du monstre, qui s'était à nouveau laissé tomber sur ses antérieurs, Candice leva la tête pour humer l'immense créature. Anormalement calme, celle-ci fit de même en redressant ses oreilles informes avec curiosité. L'espace d'un instant, ils semblèrent se reconnaître. S'accepter. Candice regarda les yeux vides du monstre. Elle voyait au-delà, pourtant. Elle avait l'impression de discerner chaque fibre de cette créature, chaque veine, chaque artère, chaque vaisseau. Elle voyait son sang impur, sali.
   Comme le sien, après tout.
   
   C'est alors qu'elle la sentit. Cette substance, cette essence, ce concentré de poison qui la faisait trembler dès qu'elle y songeait. Ses membres tremblaient de plus en plus, elle se sentait de plus en plus mal, mais elle continuait de ressentir, et ne lâchait pas prise. Ses piques se resserraient de plus en plus, mais la créature ne réagissait toujours pas. Ils continuaient de s'observer. Le temps n'existait plus. Tetrix, Quatrem. Deux unités qui forment un tout. Qui se complètent.

   Qui se détruisent.

   Candice sortit brutalement de sa torpeur, son Esprim se raviva subitement, elle poussa un hurlement et son emprise sur le monstre se fit plus forte que jamais. Ce dernier hurla à son tour et se débattit de toutes ses forces, envoyant un coup de mâchoire aveugle en direction de la hérissonne, sans succès. Il se cabra de nouveau tandis que les piques restés libres se redressaient à leur tour dans l'air malsain du laboratoire, avant de foncer vers sa peau et d'en crever la surface, traversant ses tissus, labourant ses boyaux, meurtrissant sa chair, crevant ses yeux, détruisant tout son être, tout son mal.

   Pas cette fois, on dirait.

   Le monstre retomba bientôt inerte sur le sol, tandis que Candice le dépassait sans le regarder et le repoussait derrière elle. Une immense flaque de sang se répandit dans l'allée, éclaboussant les murs et les vêtements de la petite mobienne. La lourde tête de la créature retomba dans son propre sang et cessa bientôt de bouger, tandis que les piques qui l'avaient transpercée ressortaient de sa chair, recouverts de sang. Candice regarda finalement en direction du corps inerte, les yeux dénués de sentiment.

   ... Mais jure-moi que tu reviendras bientôt, donner un sens à ma vie...







Titre: Re : Tetrix
Posté par: Blackdoom le Décembre 21, 2009, 03:47:52 am
°°
Quatrem. C'est la classe. Comme titre et comme notion, quoi. Là j'avoue ça le fait grave.
Du sang, du sang, du sang, du sang, encore du sang, toujours du sang, des tripes et des os, de la chair qui se bouffe, des yeux qui éclatent, des ongles qui s'écrasent contre le sol rêche, des bêtes qui déchiquètent, une petite fille qui tord dans tous les sens, du sang et du sang...
J'adore ? Je ne peux qu'aimer ! J'AIME !

Citation
Ya des jours où vous m'énervez à être aussi perspicace XD
Eh oui que voulez-vous, quand on écrit une fic aussi complexe que NightDreamers et qu'on mate des séries de films comme Kara no Kyoukai, on ne peut que devenir parano des petits détails qui font que... Fhu fhuu~ *Regard dédaigneux* JE LE VAUT BIEN *SBAFMONUMENTALE

Citation
Ah et avant que j'oublie, le chapitre vous est dédié, très cher... Pour diverses raisons ^0^
Oooh é__è Mais j'aimerai comprendre, pour quelles raisons exactement ? é__è (F)

Bon sinon qu'Alidann se bouge le cul, parce que là il a disparu pendant la moitié du rapport, et j'aime pas ça... Un pauvre gamin comme ça coincé dans un labo louche, qui se balade la peur au ventre sans son nounours préféré alors que des bêtes difformes bouffent les scientifiques...
...
Bof nan c'est normal après tout ._. *Habitué à construire des scénarios pareils*

Bon voilà, bonne continuation, et j'espère avoir une bonne grosse suite pour Nowël ^o^


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sephyra le Décembre 24, 2009, 07:53:04 pm
Ah, 24 Décembre! Jour tant attendu par tous les petits nenfants du monde! Eh bien voilà, pareille à la mère Noëlle, je viens vous apporter une... une... TRIPLE suite de Tetrix.

Oui, vous avez bien entendu : une TRIPLE suite de Tetrix.

Avec TROIS FOIS PLUS d'action, TROIS FOIS PLUS de mots, TROIS FOIS PLUS de phrases et surtout TROIS FOIS PLUS DE TETRIX!!!!!!(...)!!!!

Donc, à qui viendra lire, je souhaite une excellente lecture et un très Joyeux Noël... Somme toute, Joyeux Noël mon très cher Blackdoom, merci infiniment pour votre commentaire et bonne lecture!





Rapport XI - Décision




   Kerem se plaqua contre le mur du fond de la salle informatique. Ses yeux rivés devant lui, son coeur battant la chamade, il observait, tétanisé, ce monstre informe qui était en train de progresser lentement vers lui. Vers eux.
   Postée devant lui, une jeune femme en uniforme bleu de Station Square visait la bête de son arme à feu, pointée devant elle. Elle restait immobile, ses yeux bleus fixés sur le monstre, inlassablement. Son regard, assombri par la casquette qui cachait le haut de sa tête, apparaissait dénué de tout sentiment. Mais la créature déjà blessée par d'autres attaques continuait d'avancer vers eux, ses crocs brandis, son regard furieux. Ces humains-là n'étaient que deux. Elle pourrait facilement en venir à bout.
   Perdant patience, le monstre se décida alors à attaquer. Situé à un mètre de la jeune femme, il se dressa sur ses postérieurs puissants, avant de se jeter sur sa proie avec un rugissement tétanisant.
   Kerem se cacha les yeux, gémissant de peur, tandis que trois coups de feu sonores retentissaient dans la salle informatique. Une balle dans la tête, une autre dans la gorge, une dernière dans le thorax. Ce fut de douleur que la bête hurla cette fois-ci. Elle ouvrit grand la gueule et s'effondra sur le sol, après une esquive de la jeune femme qui était dans sa trajectoire. Kerem resta stupéfait tandis que la créature glissait jusqu'à ses pieds. Le jeune informaticien s'écarta lentement de la créature sans la quitter des yeux, tandis qu'elle rendait son long et dernier soupir.
   Kerem se tourna finalement vers la jeune femme, la bouche grande ouverte mais ne sachant que dire, encore choqué par ce qui venait de se passer. Pour sûr ; si cette tireuse de Station Square n'était pas venue le secourir, il aurait servi de repas supplémentaire au carnivore difforme.
- M... Merci... articula-t-il enfin, maintenant pétrifié non pas par le monstre mais par le regard glacé que lui accordait la jeune femme.
- Ne traînons pas, répondit simplement celle-ci en se retournant et en marchant vers la sortie. D'autres de ces monstres sont peut-être encore en vie.
   Au passage, elle saisit ses longs cheveux blonds décoiffés par les événements et les laissa retomber en queue de cheval dans son dos. Kerem, toujours aussi stupéfait, se ressaisit et partit à sa poursuite, sans manquer de remarquer la grâce avec laquelle elle se déplaçait. Elle, un garde du corps d'Adrian? Pourtant, Kerem se devait de reconnaître qu'avec les armes à feu, elle semblait d'une efficacité diabolique...

   Alidann stoppa sa course lorsqu'il l'aperçut enfin. Essoufflé, il constata avec horreur que la zone où elle se trouvait était elle aussi souillée par des litres de sang. Etait-elle blessée? Sans se préoccuper du reste, bravant sa nausée grandissante, il courut vers elle, sans s'arrêter, cherchant encore un semblant de souffle pour pouvoir appeler son nom.
   Elle resta obstinément dos à lui jusqu'au moment où il arriva à son niveau.
- Candice! s'exclama-t-il finalement, en approchant sa main de l'épaule de la hérissonne.
   Qui se retourna brusquement, tous ses piques ensanglantés pointés vers lui, son oeil brillant de haine. L'espace d'une seconde, Alidann s'était stoppé, nez-à-nez avec la créature la plus terrifiante qu'il avait jamais vue. Sans rien comprendre. Il resta longuement immobile, bientôt tremblant de peur, la main tendue vers cette pure incarnation de la mort. Cette dernière le fixait d'un oeil tétanisant, tous ses piques prêts à l'assaillir et à lui faire subir le même sort que la créature qui baignait dans son propre sang, non loin.
   Mais, progressivement, son regard changea. La hérissonne se mit elle aussi à trembloter, ses piques redescendirent auprès du sol, et son seul oeil visible était passé de la colère noire à la surprise, voire à la peur. La peur d'elle-même, de ce qu'elle était devenue, l'espace d'un instant.
   La peur de ce qu'elle avait failli faire.
- A... Alidann?... balbutia-t-elle maladroitement, les larmes aux yeux.
   Toujours aussi bouleversé, Alidann ne répondit pas. Il se contenta de lui rendre son regard triste et de loucher sur sa gauche. Le monstre était étalé au sol, il ne bougeait plus... Il était mort? Quelqu'un l'avait tué?... Elle l'avait tué?...
   Le visage d'Oliver lui revint en mémoire. Puis les cris de panique qui avaient précédé sa déchéance. Il n'avait pas rêvé, Candice avait bien mis un terme à ses jours... Et elle venait tout juste de recommencer. Une tueuse, selon les scientifiques. C'était ce qu'on avait murmuré dans les couloirs, après cet événement tragique. Côtoyer Candice était devenu dangereux. Plus dangereux que jamais. Quatre homme étaient morts rien que de l'avoir approchée. Il l'avait presque oublié. 
   Il sentit que sa tête devenait lourde, et un mal de tête soudain commença à le faire souffrir. Alidann regarda Candice avec surprise, et cette dernière laissa retomber ses piques sur le sol ; alors la pression retomba d'un coup et sa migraine disparut. Avait-il rêvé?... L'espace d'un instant, le jeune garçon avait cru subir le même sort que d'autres avant lui...

   Soudain, sans crier gare, Candice se jeta sur Alidann et se mit à pleurer son son épaule. Abasourdi, le jeune garçon l'enlaça maladroitement, entre la crainte et la joie de la retrouver. C'était plus fort que lui : il ne pouvait encore être parfaitement sûr qu'il était sans risque de la côtoyer. Non, c'était risqué : le moindre flux de colère pouvait la rendre différente, dangereuse. La moindre contrariété pourrait même conduire à la mort, qui sait... 
   Mais Alidann chassa rapidement ces idées de son esprit, et il tenta quelques murmures pour consoler la hérissonne, qui pleurait toujours dans ses bras en serrant son pull avec ses deux petites mains. Le jeune garçon ne put s'empêcher de remarquer que sa robe était tachée de sang, et sa nausée faillit revenir à la charge lorsqu'il entendit des pas précipités venir du nord du laboratoire.
- Alidann! cria une voix. Alidann, où est-tu?!
   C'est alors que toute une troupe de nouveaux venus arriva dans l'allée, et se stoppèrent lorsqu'ils virent le cadavre du monstre, puis Candice, ensanglantée, qui s'était agrippée à Alidann. Ce dernier se retourna vers les nouveaux arrivants, tout étonné, et bientôt mécontent. Il venait de reconnaître son père, essoufflé mais bien vivant, qui marcha vivement vers son fils en s'exclamant, bientôt suivi par les autres :
- Alidann, qu'est-ce qui te prend?! Eloigne-toi d'elle, tu ignores donc qu'elle est dangereuse?!
- Il a raison, il faut vous éloigner, répliqua l'un des gardes du corps d'Adrian, pistolet en main. Hâtez-vous, avant qu'il ne soit trop tard!
   Alidann les observa, un par un. Il remarqua trois parmi les quatre gardes du corps d'Adrian, ainsi que ce dernier qui était resté légèrement en retrait. Derrière Shutarô, blouse ouverte et fiole à la main, qui se retenait de se ruer sur son fils pour l'éloigner de Candice, Alidann reconnut également Laurier qui était sorti de la salle de réunion avec quelques autres courageux. Bientôt, il vit également arriver Kerem, à son plus grand soulagement, dont le visage était encore plus pâle que d'habitude. Il était accompagné d'une femme en uniforme bleu sombre, au regard particulièrement effrayant. Cette dernière salua Adrian en le rejoignant, mais son chef ne lui accorda pas même un regard.
- Alidann, pour la dernière fois... reprit Shutarô en serrant fort sa fiole remplie d'ammoniaque dans sa main.
- Quoi? se décida alors à rétorquer ce dernier, lançant un regard de défi à son père, Candice toujours agrippée à lui. Je sais ce que vous voulez tous, vous voulez l'enfermer encore une fois dans sa cellule?! Mettez-vous à sa place un peu, c'est cruel ce que vous lui faites subir!
   Le jeune garçon s'étonnait lui même à parler ainsi et à dire ce qu'il pensait. Surtout face à son père, et avec des dizaines de témoins. Il mourait d'envie de lui cracher tout ce qu'il pensait à la figure, mais d'un autre côté, le moment n'était certainement pas venu. La paix était retombée dans le laboratoire, pour l'instant... et il y avait une affaire bien plus importante à résoudre.
   C'est alors qu'Adrian s'avança vers Alidann, calmement, dépassant Shutarô qui le regarda passer avec un air abasourdi. L'envoyé de Station Square s'arrêta à moins d'un mètre des deux enfants enlacés, et leur jeta un regard dénué de sentiment.
- Qu'est-ce que vous lui voulez? questionna Alidann en jetant un regard noir à l'homme qui fixait Candice avec intérêt.
   Adrian ne répondit pas et regarda ensuite la créature qui gisait morte, ensanglantée. Les piques démesurés de Candice l'étaient aussi. Coïncidence?
- C'est bien elle qui a tué ce monstre, n'est-ce pas? questionna Adrian à voix haute en se retournant vers Shutarô et les autres scientifiques présents sur les lieux. Elle est bien dangereuse, mais heureusement, elle ne tue pas que des hommes...
   L'envoyé de Station Square accorda un sourire malicieux à la hérissonne qui ne lui rendit pas, les yeux encore embués de larmes.
- Shutarô, lança soudain Laurier en se rapprochant du jeune scientifique. Tous les monstres ont été abattus, il nous faut vite rechercher d'où est-ce qu'ils proviennent. Candice attendra, de toute façon elle a l'ai bien calme... Je sais que c'est imprudent, mais...
- Vous aussi, les mots de mon fils vous ont fait réfléchir? questionna Shutarô. Eh bien, je trouve que nous leur donnons un piètre exemple, à ces enfants.
   Le jeune scientifique décocha un sourire gêné en regardant Candice et Alidann, à présent séparés. Mais craintive, la hérissonne avait gardé comme par précaution un bras accroché à celui de son seul et unique ami. Ils avaient réussi... pour l'instant. Du moins, jusqu'à ce qu'une véritable décision soit prise. Et en attendant, une plus grosse affaire les attendaient.


   Le laboratoire mit du temps à se remettre de l'agression. Tandis que le personnel du bâtiment entreprenait de nettoyer les lieux, les plus grandes personnalités entreprirent de rechercher les origines de cette attaque. Shutarô, Laurier, Kerem, Adrian et ses gardes du corps mais aussi Candice et Alidann se voyaient maintenant prêts à enquêter sur cette sombre affaire. Le jeune fils de Shutarô n'en revenait toujours pas que son père aie accepté de le voir se joindre à l'enquête. Quant à Candice, elle avait échappé à sa prison de peu... Exceptionnellement, elle avait été autorisée à quitter sa cellule pour aider les adultes à retrouver les comploteurs du massacre. Pour l'instant, il fallait du moins retrouver d'où venaient ces monstres... Et de par ses aptitudes à ressentir la présence de ces derniers et à les combattre, la hérissonne leur serait certainement d'une grande aide.
   Ce ne fut ni long ni complexe : deux techniciens de surface, en nettoyant un couloir, avaient remarqué une porte qu'ils n'avaient jamais vue avant, grande ouverte et donnant sur une petite pièce étrange et visiblement dénuée d'éclairage. Au lieu d'explorer cet endroit suspect, ils étaient partis immédiatement avertir les scientifiques, Shutarô à leur tête. Les enquêteurs de fortune étaient rapidement arrivés sur les lieux, pour se retrouver nez-à-nez avec la salle mystérieuse. D'après Shutarô, il s'agissait là d'un ancien débarras condamné à cause de la fuite de substances chimiques dangereuses, il y avait de cela quelques années. A présent la pièce était vide, sa porte automatique d'habitude fermée était alors grande ouverte, et le boîtier qui devait permettre son ouverture était cassé depuis tout ce temps...
- Comment est-ce possible? questionna Laurier en s'avançant à petit pas dans la pièce. Vous pensez qu'il existe un autre moyen de l'ouvrir?
- Ca ne fait aucun doute, déclara Kerem, non moins intrigué que son supérieur.
   Shutarô entra à son tour dans la petite pièce sombre. Il examina les murs avec attention, jusqu'à remarquer, sur celui de gauche, une longue fente verticale qui partait du sol et s'arrêtait à deux mètres de haut sur le mur. Il tâta la surface lisse jusqu'à rencontrer ensuite un petit boîtier sur la gauche, qui contenait plusieurs touches avec des numéros inscrits dessus. Le scientifique recula avant d'attirer l'attention des autres. L'un des gardes du corps d'Adrian arriva avec une lampe de poche pour éclairer le mur dans son ensemble.
- ... Une porte?...




Rapport XII - Complot




   Kerem s'avança vers le boîtier avec curiosité.
- Celui-là n'est pas cassé, mais de toute évidence il faut un code... Laissez-moi faire, je pense que je peux traficoter tout ça...
   Sans attendre l'avis des autres, il chercha un tournevis dans sa poche et commença à défaire le boîtier avec. Pendant que le jeune informaticien tentait de forcer le mécanisme, les autres restaient interdits devant la porte secrète de la salle. 
- Avant, quand la salle était accessible, il y avait une grande étagère contre ce mur, informa Laurier. Jamais personne n'a dû remarquer la porte... Et quand tout a été enlevé, je suppose que les déménageurs n'ont pas fait attention...
- Et j'aurais fait de même à leur place, soupira Adrian en détournant le regard. Une porte cachée? Peu importe, je suis certain qu'elle ne mène nulle part. C'est peut-être une autre pièce condamnée, rien de plus.
   Shutarô lança un regard pensif à Adrian, sans rien dire.

- Oh, je crois que ça y est... lança soudainement Kerem, après s'être débattu avec les fils électriques pendant quelques minutes.
   Une lumière sur le petit écran du boîtier s'alluma, une faible sonnerie retentit et la porte s'ouvrit enfin dans un glissement sonore.
   Le sourire triomphant de l'informaticien fondit en un instant : il recula précipitamment en apercevant le contenu de la salle. Shutarô fronça les sourcils, Adrian fit quelques pas en avant, et Laurier détourna le regard en empêchant les deux enfants de voir ce qui se dévoilait à présent sur les lieux.
   Shutarô sortit son bloc-notes avec désolation et saisit un stylo. Il prit la troisième page et y relut ses propres mots : "Attaque du 18 Avril, quatre créatures, vingt morts..."
   Il raya son dernier propos. Vingt-et-un.

   Adrian fut le premier à oser pénétrer dans la salle. Il contourna le cadavre informe qui gisait sur le sol métallique, et observa les lieux avec attention. La salle, banale à première vue, était éclairée par de puissants néons, reflétant la blancheur immaculée des murs qui contrastait avec l'écarlate partiel du sol. Le seul élément qui était à même de surprendre était une immense cage poussée contre le mur du fond ; cage grande ouverte dont les barreaux semblaient avoir été rongés par quelque créature furieuse. Quelques rares autres meubles s'alignaient contre les murs, et un unique ordinateur reposait, écran allumé, sur l'une des tables aussi blanches que les parois de la salle.
   L'envoyé de Station Square s'en approcha tandis que Shutarô, suivi de près par les assistants de Laurier, pénétrait à son tour dans la pièce. Il contempla d'abord le cadavre qu'Adrian n'avait pas même daigné regarder, écoeuré. Les tripes ressortaient à l'air libre et les côtes avaient été grignotées ou cassées pour la plupart ; les morceaux de vêtements restant étaient en lambeaux, la tête de la victime avait disparu. Ses membres écorchés ne ressemblaient plus qu'à un amas de chair écoeurant, encore baignés du sang qui s'était répandu partout alentour. Shutarô se ressaisit bien vite, conscient que la victime serait difficile à identifier. C'est alors que la voix d'Adrian, debout devant l'ordinateur, attira son attention. 
- Venez-voir... pria-t-il, sans se retourner vers les autres.
   Intrigués, ceux-ci s'approchèrent à leur tour de l'ordinateur, bientôt imités par Laurier qui avait convaincu les enfants de rester à l'extérieur.
- Qu'est-ce que... commença Kerem, interdit.
   L'écran était vierge, à peu de choses près. Sur son fond bleu clair était inscrit, en lettres noires : "je ne suis pas seul"   


   Alidann était assis contre le mur non loin de la salle mystérieuse, près de Candice. Les yeux rivés dans le vide, il restait bouleversé par les derniers événements, même s'il regrettait quelque peu de ne pas avoir le droit d'en savoir autant que les adultes.
   Candice, à ses côtés, pencha la tête vers lui et le chercha du regard.
- Alidann? articula-t-elle.
   L'entente de son nom tira le jeune garçon de ses pensées. Il regarda son amie avec un petit sourire avant de lui rétorquer :
- Désolé, j'étais dans mes pensées. Ca va, toi? Tu n'as pas faim?
   Candice hocha la tête négativement. Le jeune garçon fut surpris. C'était rare qu'elle comprenne ainsi tout du premier coup. D'autant qu'il avait moins articulé ses propos que d'habitude. Contemplant le sourire innocent de son amie avec délice, il ne comprenait pourtant toujours pas comment cette dernière pouvait, elle qui n'avait jamais été élevée normalement, réussir à s'exprimer plus ou moins et à comprendre ce qui se disait autour d'elle, pour peu que ce soit suffisamment articulé. Avait-elle simplement de grandes aptitudes linguistiques?
- Ah, vous êtes là tous les deux. J'ai une mauvaise nouvelle pour vous.
   Tirés de leurs pensées, les deux enfants regardèrent à leur gauche. Dressée de toute sa hauteur, tenue avec une posture impeccable, la garde du corps d'Adrian leur accorda un regard plus chaleureux qu'à son habitude.
- Au fait, on n'a pas été présentés, ajouta la jeune femme tandis que Candice et Alidann se relevaient. Je suis Thélia Emilen, garde du corps de Lawrence Adrian.
   Elle tendit sa main fine et blanche au jeune garçon qui s'empressa de la saisir.
- Je suis navrée, vous devez vous sentir à l'écart tous les deux, continua Thélia en caressant amicalement la tête de Candice.
   Cette dernière leva ses yeux roses vers la jeune femme, surprise par cet excès de tendresse soudain. Elle se rapprocha d'Alidann, légèrement intimidée.
- Vous avez fait de nouvelles découvertes? Vous savez ce qui s'est passé? questionna alors Alidann, la curiosité inondant son regard.
- Eh bien... Désolée, on a trouvé une nouvelle victime.
   Alidann baissa les yeux. Mais il se ressaisit bien vite :
- Et ensuite?...
- Un message codé, répondit Thélia énigmatiquement.





Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sephyra le Décembre 24, 2009, 07:55:02 pm
- "Je ne suis pas seul"... Mais ça veut dire quoi, ça? brailla Kerem en se tapant la tête avec son bloc-notes.
- Reprenez-vous, Schneider, répliqua Adrian en observant les murs, bras croisés. On n'arrivera à rien en se lamentant.
   Pour une fois, Shutarô était d'accord avec Adrian. Le jeune scientifique regarda à nouveau en direction du cadavre, à présent recouvert par un épais drap blanc, tandis que les médecins dépêchés sur place cherchaient un moyen d'identifier la victime. La petite salle ne semblait pas offrir beaucoup d'indices, mis à part cette déclaration énigmatique inscrite sur l'ordinateur. Kerem avait bien essayé de refaire fonctionner ce dernier, mais en vain : il n'y avait pas moyen d'afficher autre chose que la phrase mystérieuse, et l'outil semblait ne contenir aucune donnée. En revanche, le prélèvements de poils noirs dans la cage avait permis de déterminer que les créatures informes y avaient bien été enfermées ; créatures qui étaient en train de subir de multiples examens pour comprendre leur origine première. 
- Vous pensez que c'était un suicide? questionna alors Kerem en regardant vers le corps.
   Shutarô et Adrian tournèrent leur regard vers le jeune informaticien, intrigués.
- Imaginez que ce soit cet homme qui ait tout comploté... Qu'il ait voulu se suicider en lâchant les monstres...
- Ou alors, elles ont simplement échappé à son contrôle, rétorqua Adrian.
- Oui mais, le message alors?
- Est-ce que la serrure a été forcée?
   L'un des gardes du corps de l'envoyé de Station Square répondit négativement en se détachant de ladite serrure, sur laquelle il se concentrait depuis quelques minutes déjà.
- D'après mon analyse, la serrure fonctionne électriquement. Elle n'a pas pu être forcée ni par ces bêtes, ni par la victime ici présente. Elle a été actionnée d'une manière ou d'une autre par un système extérieur.
   Intrigué, Kerem se rapprocha de la serrure. Elle était sous forme d'un boîtier où clignotait une lumière verte, et ne comprenait pas de serrure.
- En effet, c'est une automatique... confirma le jeune informaticien. Ca veut dire qu'une unité extérieure peut l'activer. L'ordinateur, par exemple?
   Shutarô, qui était accoudé non loin de la machine, s'en approcha alors et chercha ses branchements. Ils étaient connectés à l'arrière de l'ordinateur, et retombaient sous la table en passant par un trou.
- Les fils passent derrière les meubles à mon avis, commenta le scientifique en suivant ces derniers du regard jusqu'à la cage.
- Il est donc possible que ce soit l'ordinateur qui ait ouvert le cadenas, reprit alors Adrian tandis que Kerem s'adonnait à une analyse plus poussée du mécanisme. Donc ce n'est pas forcément un suicide. L'activation a pu être accidentelle.
- Mais à ce moment-là, ce message semble dénué de sens... commenta alors Laurier, se désintéressant enfin du cadavre pour laisser faire les légistes. Tout porte à croire que si l'ordinateur a ouvert la cage, et de façon automatique, alors ce n'était pas un accident. Mais il reste d'autres choses à découvrir je pense...   
   Tous repartirent dans leurs recherches, tandis qu'à l'extérieur, Alidann et Candice restaient en compagnie de Thélia, silencieux.

- Attendez... Y'a autre chose, là! s'exclama soudain Kerem.
   Assisté par les gardes du corps d'Adrian, qui semblaient aussi s'y connaître en mécanique, Kerem était en train de chercher toutes les connexions à l'ordinateur ; notamment en démontant tous les boîtiers -et les portions de mur allant avec- qu'il pouvait trouver.
- Vous savez quoi? Je crois que l'ordinateur contrôle non seulement l'ouverture de la cage, mais aussi celle de la porte... Celle des deux portes même!
- Alors là, impossible que ce soit accidentel. Quelqu'un a voulu faire sortir ces monstres d'ici, déclara Shutarô en s'appuyant contre un mur, bras croisés. L'homme qui gît au sol, peut-être? Dans ce cas, on peut avoir affaire à un suicide.
- Il aurait cherché à se venger du laboratoire? questionna Laurier, pensif, en se massant le front.
   Visiblement de moins en moins intéressé par les recherches, Adrian restait en retrait, près de la sortie. Il regardait Kerem et ses assistants décortiquer les câbles et connexions, sans commentaire. Lui-même se trouvait déjà bien généreux d'avoir autorisé les scientifiques à se faire assister par ses gardes. Il n'avait pas à les aider, après tout. Eux qui n'avaient pas même daigné accepter son offre.
   Adrian ne put retenir un rictus méprisable. Il tourna la tête vers la sortie, observant avec délice le visage exténué et terrifié des assistants de laboratoire qui défilaient devant la salle, retenus par les rares gardes qui avaient pour mission de les empêcher d'entrer.
   L'envoyé de Station Square ferma les yeux, sans perdre son sourire.
   Allez, encore un peu. Encore un peu et il parviendrait à ses fins.






Rapport XIII - Trahison




   Les enquêteurs de fortune avaient passé pas moins de cinq heures dans la salle étrange. A présent, exténués, ils s'étaient réunis dans la seule pièce du laboratoire où se trouvaient des canapés et des fauteuils, destinés à accueillir les gens de haut rang. Mais ladite pièce n'avait pas servi depuis bien longtemps.
   Shutarô, Laurier et Kerem étaient assis côté à côte sur l'un des canapés, Adrian vautré dans un fauteuil en face. Thélia se tenait parfaitement droite à ses côtés, ainsi que les autres gardes du corps de l'envoyé de Station Square. Enfin, Candice et Alidann s'étaient installés légèrement en retrait dans un plus petit canapé, d'un rouge un peu plus clair que les autres. Candice avait pris soin de rassembler ses piques démesurés sur ses genoux, leur faisant faire plusieurs tours pour qu'ils ne traînent pas par terre. Quelques tasses de café vides étaient posées sur la table basse, et un silence de mort régnait depuis quelques minutes.
   Leurs découvertes avaient été nombreuses, mais insuffisantes à leurs yeux. Ils avaient néanmoins pu déterminer que l'ordinateur était relié aux systèmes de la serrure et des deux portes ; commandant également l'ouverture de ces deux dernières. Cette nouvelle avait écarté l'hypothèse de l'accident. Si c'était bien la victime des monstres qui avait fait usage de l'ordinateur, alors sa mort était forcément intentionnelle. Elle n'avait pas ouvert la cage ni les deux portes au hasard. D'ailleurs, la première porte étaient programmée pour se refermer après un petit temps, mais pas la deuxième. Comme pour laisser un indice aux enquêteurs. Comme pour leur montrer cet étrange message sur l'ordinateur, à tout prix.
- C'est un jeu... murmura alors Shutarô.
   Le regard des autres obliquèrent alors vers lui, surpris.
- ... On n'aurait pas eu droit à autant d'indices sinon, reprit le scientifique. Si c'est bien cet homme qui a tout manigancé, alors il nous met au défi. Il nous met au défi de percer les secrets de cet endroit à jour, et nous dit avec fierté qu'il "n'est pas seul"...
- Ca veut dire qu'il y aura d'autres attaques? questionna Adrian avec détachement.
- C'est pas vrai... soupira Kerem en se massant le cuir chevelu, et en repensant avec douleur au massacre qui avait eu lieu dernièrement.
   Une telle chose pouvait se reproduire? Quelqu'un en voulait vraiment à mort au laboratoire, et à tous ceux qui y vivaient?
- Ce n'est qu'une hypothèse, reprit Shutarô en espérant faire baisser un peu l'inquiétude de ses associés. Mais en tout cas, à moi, ça me semble cohérent... Malheureusement.
   Adrian poussa un long soupir et se leva en époussetant son uniforme. Dressé de toute se hauteur devant Laurier et Shutarô, les mains dans le dos, il demanda :
- Je suppose que vous n'avez toujours pas changé d'avis?
   Alidann et Candice regardèrent les deux scientifiques avec inquiétude. Le visage de Shutarô, pareil à celui d'Adrian, restait parfaitement impassible.
- A votre avis? rétorqua finalement le jeune scientifique.
   Les deux hommes se dévisagèrent longuement, avant qu'Adrian ne se décide à tourner les talons et à faire quelques pas vers la porte de sortie.
- Très bien, j'aurais dû m'y attendre... Monsieur le Président va être fort déçu. Mais puisqu'il est inutile d'insister, je retourne à Station Square. Bonne chance pour résoudre cette sombre affaire.
- Attendez! lança Kerem en se levant. Vous ne pouvez pas partir comme ça, nous aurons certainement besoin de votre aide! Vous devriez rester jusqu'à l'arrivée des renforts...
- Les renforts? fit Adrian en tournant sa tête vers le rouquin. Quels renforts? Vous pensiez peut-être qu'en plus j'allais dépêcher des soldats de Station Square pour défendre votre petit laboratoire? Vous refusez de m'aider, et moi je devrais vous aider?
   Ce fut au tour de Shutarô de se lever :
- Il y a des enfants, dans le village d'en bas, qui risquent de mourir si on ne perce pas à jour le secret de cette terrible maladie! s'exclama le scientifique, perdant son calme habituel. Et si jamais ces monstres attaquent à nouveau et nous réduisent tous en charpie, qui viendra les aider?!
- Mais... ne vous avais-je pas prévenus? répliqua calmement Adrian, le regard glacé. Vous auriez mieux fait de suivre mon conseil et de partir d'ici. Tant pis pour vous si ces monstres réapparaissent ; si vous voulez mon avis, vous n'avez que ce que vous méritez.
   Incapable de se contrôler plus longtemps, Shutarô marcha à pas vifs en direction d'Adrian et le saisit brutalement par le col, avant même que Laurier ait pu essayer de le retenir. Les quatre pistolets des gardes du corps se pointèrent automatiquement sur le jeune scientifique, mais Adrian les arrêta d'un signe de la main. Ainsi l'envoyé de Station Square les abandonnaient? Après leur avoir sauvé la vie, tout ce qu'il trouvait à faire était de tourner le dos et de trahir ses égaux? Oui, pour Shutarô, tout cela tenait plus de la trahison qu'autre chose. Rageant, il grogna alors entre ses dents, fixant Adrian dans les yeux :
- La vie des autres n'ont donc pas la moindre importance à vos yeux?! Vous autres de la capitale, tout ce que vous savez faire, c'est vous en mettre plein les poches et nous regarder crever à petit feu, nous les gens d'en bas! Mais de quel droit vous estimez-vous supérieur à nous, hein? De quel droit restez-vous inactif alors que vous avez le pouvoir d'agir?!
- Ca suffit, Shutarô!!
   Laurier parvint enfin à faire lâcher prise au scientifique. Il le fit reculer en tentant au mieux de le calmer, tandis qu'Adrian arrangeait son col, visiblement sans avoir perdu la face.
- Bon, puisque vous insistez, je vais laisser l'un de mes gardes ici le temps que la situation se stabilise. Mais même avec une armée, je ne pense pas que vous puissiez empêcher tout décès face à ces monstruosités.
   Shutarô gardait ses yeux rivés sur Adrian, ivre de rage. Laurier, qui maîtrisait déjà mieux sa colère, prit alors la parole :
- Je vous remercie. Mais nous allons devoir former d'autres gardes nous-mêmes si Station Square refuse de nous en envoyer ; nous ne pourrons jamais continuer nos recherches sinon.
- J'imagine, répondit Adrian. Thélia Emilen!
   A l'entente de son nom, la jeune femme aux longs cheveux blonds s'avança d'un pas vers son supérieur, avec un salut énergique.
- Je vais te demander de rester ici pour soutenir ces gens, et les aider à se défendre en cas d'éventuelle attaque. Il semblerait que cet archipel soit truffé de dangers...
   Adrian jeta un regard froid à Shutarô qui ne se gêna pas pour le lui rendre.
- Je m'occupe du reste. Bonne chance à vous, mademoiselle Emilen.
   Thélia répondit par l'affirmative, sans changer d'expression.
- Lawrence Adrian... commença Laurier.
   Le concerné se tourna vers le docteur, l'air interrogateur.
- Merci pour votre aide. Je sais que nos relations ne sont pas des meilleures, mais grâce à vous et à vos associés, nous avons pu venir à bout de ces créatures. Donc... je vous remercie.
- Eh bien, heureux d'avoir rendu service, répliqua Adrian, bien que son expression faciale traduisait l'inverse. Quant à vous tous, il est possible que nous nous revoyions d'ici quelques années... Si du moins ces horreurs ne vont ont pas tous décimés jusque là.
   Ce furent sur ces paroles peu encourageantes que Lawrence Adrian quitta la salle, suivi par trois de ses gardes du corps, sans se retourner une seule fois.


   L'après-midi s'écoula lentement dans le laboratoire. L'appétit coupé par les derniers événements, peu se restaurèrent ce jour-là. Adrian avait rapidement quitté l'archipel en laissant Thélia sur place ; et cette dernière avait entrepris de suivre à présent les ordres de Laurier et Shutarô. Elle ainsi que les rares gardes du laboratoire auraient désormais pour mission de défendre le bâtiment et ses environs en cas d'éventuelle attaque. Candice aussi s'était portée volontaire, et les scientifiques s'étonnaient eux-mêmes, à présent, de faire confiance à la jeune mobienne. Mais ils n'avaient pas tellement le choix. Et puis il s'agissait là d'une décision prise par Shutarô ; et les autres personnalités du laboratoire qui respectaient grandement sa parole n'oseraient en aucun cas le contredire.
   Nageant dans le bonheur, Candice fut autorisée à rester auprès d'Alidann. Rien d'autre n'avait d'importance pour elle ; le jeune garçon étant la seule personne en qui elle avait vraiment confiance. Mais les deux enfants savaient très bien ce qui les attendait à l'avenir. L'enquête ne faisait que commencer, tout comme leur histoire.
   Mais ils s'étaient fait une promesse.
   La promesse de vivre côte à côte quoi qu'il advienne, en rêvant du jour où le Tetrix serait enfin vaincu. Et pour mieux venir en aide à son entourage, et protéger Candice, Alidann avait pris une décision. Il était allé voir Thélia, et lui avait demandé, sans crier gare, de lui apprendre l'art du combat. Abasourdie, la jeune femme ne l'avait pas cru tout de suite. Mais elle avait été rapidement forcée de constater que le jeune garçon était tout à fait sérieux. Il ne voulait pas suivre son père. Pas de cette manière-là, pas en devenant scientifique, et en manipulant des substances douteuses. Il voulait se battre au sens propre du terme, pour défendre ceux qu'il aimait. Celle qu'il aimait.

   La nouvelle avait été un véritable choc pour Shutarô, mais, à la plus grande surprise de tous, il avait fini par accepter la décision de son fils. Ce dernier en était resté stupéfait : il ignorait que son père était capable d'une telle ouverture d'esprit. Kerem, lui, était heureux pour Alidann qui semblait enfin avoir trouvé sa voie. Bien vite, Thélia entreprit donc de lui enseigner le maniement des armes à feu et les bases du combat rapproché, pour entraîner aussi bien son corps que son esprit.

   Candice assista régulièrement à ses entraînements. Pensive, elle le regardait souvent se dépenser avec Thélia, Tommie dans les bras. Attendant que la séance s'achève, et qu'il revienne vers elle avec un grand sourire, lui proposant d'aller prendre l'air ou de rendre visite à Kerem dans sa salle informatique.
   La hérissonne avait toujours accepté la moindre de ses propositions. Elle elle continua de le faire des années durant.

   Des années durant, elle fit tout pour tenir sa promesse.










TETRIX - Fin de la première partie


Joyeux Noël =3


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Capita le Décembre 25, 2009, 12:59:05 pm
Noyeux Joël <3 !
Trois chapitres d'un coup ?! On est gâté ici aussi, ma parole.
Je pensais pas que le souci serait vraiment interne au labo, mais bon, c'était le seul moyen de faire rentrer les méchants dedans. J'suis contente que Candice puisse rester à l'extérieur ! En effet, elle ne tue pas que des humains, si ça se trouve c'était plus par peur qu'autre chose.

Et puis première partie ? Tu disais pas à un moment que ça allait faire qu'une quinzaine de chapitre ? X3 'Tain c'est bien, l'inspiration qui revient.

Dans la première partie :

Citation
Candice attendra, de toute façon elle a l'ai bien calme...

L'air calme ?

Seule petite innatention que j'ai vraiment vu et qui sautait aux yeux :3


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sephyra le Janvier 07, 2010, 04:26:52 pm
Joyeux Nowel à toi aussi, et bonne année à tous!
Merci d'avoir relevé ma faute aussi ^0^" Et comme tu dis l'inspiration est revenue ; finalement je ferai 20 rapports.

Eh bien, un grand merchiii à toi ma Capi-chan! J'ai un boulot monstre ces temps ci et j'ai pleiiiin de trucs à faire comme lire ta dernière suite, alors j'essaierai de m'y mettre rapidement!

Enfin, trève de bavaradages ; voici la suite! Va pas y avoir un seul moment de repos, ça va déboiter dans tous les sens, et la fin va arriver plutôt... brutalement je pense. Enjoy <3





TETRIX

SECONDE PARTIE




Rapport XIV - Rouages  




   Alidann entra dans la salle d'entraînement en jetant des coups d'oeil furtifs autour de lui. Visiblement, Thélia n'était pas encore là. Il referma la porte derrière lui.
   Il s'étira longuement en bâillant aux corneilles ; ces derniers temps son mentor ne lui laissait que peu de répit. Il s'entraînait très régulièrement car, selon elle, devenir un combattant digne de ce nom était un long et ardu chemin, nécessitant courage et discipline. Alidann regarda autour de lui ; mais la salle n'avait pas changé depuis bien longtemps. Elle n'était pas très grande, mesurant dans les dix mètres de long pour sept de large. Mais lorsqu'il s'entraînait seul avec Thélia sans les autres apprentis, c'était un espace qui lui convenait parfaitement.  
   Il retira ses chaussures et les déposa contre le mur de la salle, avant de monter sur le tatamis qui amortissait leurs chutes et leur permettait de s'entraîner sans retenue ni peur. Il commença à faire quelques mouvements d'échauffement en observant les murs, sur lesquels quelques piliers de bois se dressaient pour renforcer la pièce. Il avait souvent du mal à s'imaginer dans le laboratoire, quand il était dans cette salle. Pourtant, une fois la porte de sortie franchie, il se retrouvait dans un minuscule vestiaire puis dans l'allée principale du laboratoire, blanche et remplie de scientifiques au travail.
   Alidann s'étira de nouveau en remettant son kimono à manches courtes correctement. Idéal pour l'entraînement selon Thélia. Il avait également enfilé un pantalon large qui lui permettait tout mouvement sans la moindre difficulté. Il allait commencer à faire quelques étirements lorsqu'une voix féminine retentit soudain, le tirant de ses pensées.
- Eh bien, tu n'as toujours pas remarqué ma présence? Tu commences à rouiller, Al.
   Alidann tourna la tête dans tous les sens avant de remarquer celle qui l'avait appelé, perchée sur une planche horizontale en hauteur -le genre d'endroit où l'on n'est pas censé grimper. Alidann lui décocha un sourire et rétorqua :
- Je dors pas beaucoup en ce moment, alors mes sens ne sont pas toujours en alerte. Thélia t'avait pas interdit de monter là-haut au fait, Candice?
   La hérissonne décocha un grand sourire, et se laissa agilement retomber au sol ; sa chute de deux mètres amortie par ses piques démesurés. Elle les agita autour d'elle avant de se redresser et de faire quelques pas sur le tatamis, avec un regard de défi lancé à son ami.
- Si tu veux, tu peux t'entraîner contre moi en attendant...
   Alidann eut un petit rire : cela ne lui disait rien de se faire battre à plate couture une nouvelle fois. Il contempla son amie avec un sourire aux lèvres. En se remémorant son apparence lorsqu'elle avait à peine dix ans, avec sa robe rose et son ruban, il se disait qu'elle avait bien changé. Cinq longues années après l'attaque des monstres, qui n'avaient pas reparu depuis, elle était passée de l'enfant à l'adolescente, tout comme lui. Elle avait troqué sa petit robe rose contre une tenue noire faite d'un pantalon large un peu comme le sien, et d'un haut sans bretelles ni manches qui s'arrêtait juste au-dessus de sa poitrine et s'attachait dans son dos à l'aide d'un ruban. Ses cheveux presque blancs dissimulaient toujours son oeil droit, tandis que le gauche, teinté d'un rose éclatant, était toujours aussi profond. Son visage était devenu plus adulte, plus fin, plus beau que jamais selon son ami. Elle avait maintenant une maîtrise parfaite de son Esprim, qu'elle savait doser sans mettre en danger son entourage ; car tous savaient à présent que cet afflux de pouvoir psychique pouvait réduire le cerveau de n'importe quel être vivant en bouillie. Mais Alidann n'avait jamais cessé de la côtoyer, et jamais il ne lui était arrivé malheur. Alors peu à peu, on accorda sa confiance à la hérissonne. On l'approchait, lui parlait, l'écoutait. Elle avait pu parfaite se maîtrise de la langue humaine en tout ce temps, ce qui n'était pas sans ravir Alidann. Plus que jamais, ils pouvaient à présent échanger, communiquer, se comprendre. Plus que jamais ils pouvaient être amis, rester ensemble.
   Honorer leur promesse.
   Alidann ôta l'élastique qu'il avait autour de son poignet gauche et s'en servit pour s'attacher les cheveux ; car si ses mèches de devant étaient courtes et ébouriffées, celles de derrière lui arrivaient aux omoplates.
- Tu t'es résigné? questionna Candice avec un petit rire, en se mettant en garde.
- Faut croire, rétorqua le jeune homme en masquant mal sa peur de se faire étaler en moins de deux.
   Décochant un grand sourire, la hérissonne se jeta en avant, et Alidann fit de même moins d'une seconde plus tard. Les piques de son amie l'aveuglèrent, si bien qu'il ne savait plus où frapper. Il obliqua à sa gauche un peu trop tard et reçut un coup de pied dans l'abdomen, qui lui fit perdre l'équilibre ; il se rétablit cependant bien vite à l'aire d'une chute arrière. Les deux adversaires se regardèrent longuement avec un petit sourire amusé. Candice s'amusait à agiter ses piques dans son dos pour gagner de l'envergure, ce qui avait pour don d'intimider encore plus Alidann.
- T'as triché, accusa finalement ce dernier pour justifier son manque d'attention.
- Eh, on avait pas dit "sans les piques"! répliqua Candice.
- "Sans les piques" alors, cette fois! s'exclama le jeune homme en se jetant une nouvelle fois sur son amie.
   Candice l'esquiva vivement et contra ses coups en veillant à ce que ses piques lévitent sagement dans son dos, sans intervenir. La hérissonne, bien que faisant une tête de moins qu'Alidann, se défendait avec facilité ; parant ses coups de pied et de poing. Elle fit un bond de côté pour éviter un violent coup de talon, passa dans le dos de son adversaire et lui donna un coup de coude en plein dans la colonne vertébrale. Alidann poussa un bref cri de surprise et tomba à genoux, déjà exténué. Candice le regarda d'un air un peu déçu :
- Ca a rien changé...
- La ferme!
   Alidann se laissa tomber sur le dos, essoufflé. Finalement, son amie avait sûrement raison : il rouillait ces derniers temps. Il ne savait pas à cause de quoi, mais... Même s'il n'avait jamais gagné face à Candice, il arrivait d'habitude à lui porter quelques coups, et du moins à lui résister un peu plus longtemps.
- T'es sûr que ça va? questionna Candice en s'accroupissant à ses côtés, la tête appuyée contre ses deux mains.
   Peu envieuse d'avoir à changer de position, elle fit bouger l'un de ses piques pour ôter les mèches de cheveux cachant les yeux de son ami. Celui-ci lui décocha bien vite un sourire :
- Flemmarde, va. On croirait voir Thélia.
- On croirait voir qui?
   Alidann se redressa brutalement, ayant senti son coeur cogner violemment sa poitrine. Il aperçut alors avec horreur, devant la porte, son mentor depuis cinq années, Thélia Emilen. La jeune femme, âgée alors de vingt-sept ans, avait gardé ses longs cheveux blonds toujours attachés dans son dos. Ses yeux bleus étaient toujours aussi froids -et encore plus pendant les entrainements, son visage toujours aussi fin et sa tenue impeccable. Elle s'était changée pour l'entrainement, troquant son uniforme habituel, qu'elle n'avait pas ôté même après le départ de son chef, contre une tenue similaire à celle d'Alidann, avec un kimono blanc à manches courtes et un large pantalon noir qui dissimulaient ses formes discrètes.  
- J'ai cru entendre quelque chose de déplaisant, reprit la jeune femme avec sa voix la plus terrifiante.
   Alidann ingurgita en se relevant, un sourire gêné sur le visage et une goutte de sueur sur la tempe. Pour sûr, il ne s'attendait pas à la voir débarquer pile au mauvais moment. Avec Candice, il avait pris l'habitude de la traiter de paresseuse à cause des entraînements draconiens qu'elle lui faisait subir, tout en restant sagement appuyée contre le mur du fond. Candice, qui n'avait justement rien à se reprocher, se releva elle aussi en observant la scène, amusée.
- De qui on parlait déjà, Alidann? fit-elle pour enfoncer le clou.
- Tu me le paieras... siffla le jeune homme entre ses dents.
- Alidann, fais-moi cinquante pompes illico, ordonna Thélia d'une voix forte.
- C'est pas vrai...
   Tandis que le jeune homme s'exécutait, le poids le la honte sur les épaules, Candice gagna un coin de la salle pour observer l'entraînement. Elle regardait son ami se plier aux ordres de Thélia avec un petit sourire. Il était devenu fort, bien plus qu'il ne pouvait l'imaginer. Son sentiment de rivalité avec la hérissonne avait tendance à le décourager, mais paradoxalement, cela le poussait aussi à se dépasser.
   Pour eux, tout se passait bien... Pour l'instant.


   Shutarô ferma le dossier qu'il avait devant lui en poussant un soupir. Cinq ans étaient passés depuis l'attaque des monstres, qu'il avait baptisés "Rouages" suite à la découverte de ce nom gravé à l'intérieur de la cage, sur l'un des barreaux. Mot énigmatique qu'il n'avait même pas cherché à décortiquer depuis tout ce temps, le Tetrix occupant la moindre parcelle de son esprit.
   Dans le village au bord de l'île, la situation s'était légèrement stabilisée, mais les enfants malades restaient nombreux ; trop nombreux. Heureusement, les recherches avançaient plus qu'à l'accoutumée. Visiblement, les effets du Tetrix pouvaient être plus ou moins contenus grâce à un nouveau sérum... conçu à partir du sang des Rouages. Sang qui avait subi au préalable de nombreuses analyses, dans lequel on avait retrouvé des substances inconnues qui étaient encore en train d'être étudiées. C'était Shutarô qui les avaient repérées en premier, s'attirant une fois de plus les faveurs et les honneurs. Mais le jeune scientifique n'était pas satisfait pour autant. Tout était encore loin d'être terminé ; et le fait qu'Alidann soit devenu combattant plutôt que scientifique, même s'il ne le montrait pas, le blessait profondément. Car ce n'était pas dans cette optique-là qu'il avait été élevé, depuis tant d'années. Et puis...

   On toqua soudain à la porte, et Shutarô fut tiré de ses pensées. Laurier ouvrit la porte, et entra dans la pièce en jetant un regard inquiet à son associé.
- Est-ce que tout va bien, Isaac? questionna-t-il d'une voix apaisante.
   Bien que Shutarô répondît par l'affirmative, son expression faciale traduisait l'inverse. Ses cheveux noirs avaient poussé et lui retombaient en partie sur les yeux, et il se rasait de moins en moins souvent. Ses rides prononcées lui donnaient l'air fatigué en permanence, comme s'il souffrait de surmenage. C'était peut-être le cas. Et il avait beau travailler comme un forcené, rien n'était apte à le détendre ou à le rassurer ces derniers temps. Il se sentait au plus bas en permanence, et il sentait que rien non plus ne pouvait empirer sa situation.
- ... J'ai une mauvaise nouvelle, déclara Laurier. En fait... Lawrence Adrian est, semblerait-il, de retour parmi nous.
   Oui, rien... ou presque.





Titre: Re : Tetrix
Posté par: Capita le Janvier 07, 2010, 07:35:07 pm
Cool, intro de partie suite ! ^o^
Je t'accuse, Sephyra, d'avoir tourné Candice en simili-gothic ! Le style loli, ça changeait ! ;w; */meurt/*
L'Esprim semble être plus défini ici qu'avant, ça fait plaisir de voir ça au repos, et pas contre ces... espèces de Rouages. Qui dit Rouages dit machines, donc ces machins ça devait être le déclancheur d'un truc plus important... Ou inversement.

Voilà 'o' J'suis contente que tu t'en sortes, poster et bosser ! XD


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Feurnard le Janvier 08, 2010, 04:57:34 pm
Citation
- Quoi? se décida alors à rétorquer ce dernier, lançant un regard de défi à son père, Candice toujours agrippée à lui. Je sais ce que vous voulez tous, vous voulez l'enfermer encore une fois dans sa cellule?! Mettez-vous à sa place un peu, c'est cruel ce que vous lui faites subir!
Rapport XI, juste souligner le "un peu".

Une légère tendance d'ailleurs à accompagner les dialogues de participes mais à part cela peu de choses à dire. Les personnages se cantonnent à leurs rôles, les émotions sont assez jouées, après chacun voit cela comme un avantage ou un inconvénient. Une scène gratuite avec le personnel enfermé dans une pièce, la scène qui finit par "carnage". Et encore quelques reliquats d'une habitude de tout quantifier.
À ce propos, c'est un détail, passer dix ans puis cinq ans n'est peut-être pas très pertinent.
La manière dont tu gères les émotions de tes personnages des rapports XIII à XIV me semble changer, un léger détour vers le comique et dans le combat le besoin d'insister sur leurs airs amusés (tu fais même dans ce cas une répétition). Peut-être essaies-tu trop d'imprimer un sentiment à ta scène plutôt que ta scène ne le déclenche d'elle-même. Rien de sûr. La frayeur face à Thélia est tout à fait artificielle, surtout à dix-sept ans.
Une certaine difficulté à maintenir l'unité du récit. Du Tetrix on passe à l'esprim, de l'esprim aux rouages et le corollaire des rouages avec l'enquête. Soit, tout est lié. Mais le déplacement se fait quand même. Pour un récit court, une intrigue aussi ouverte, c'est étrange.

Même si la fin est brusque, essaie de répondre à toutes les questions qu'aura posé(es) ton récit.


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sephyra le Février 04, 2010, 08:11:22 am
Désolée pour le retard, mais je ne sais plus où donner de la tête ces temps-ci :'D

Capita : Merchi beaucoup pour ton commentaire, promis dès que j'ai le temps je rattrape mon retard sur ta fic! Il serait temps, comme il serait temps que les profs comprennent qu'on a une vie en dehors des cours et des exams :'D

Feurnard : Ca faisait longtemps, je te remercie beaucoup pour ta critique! Comparé à il y a un ou deux ans je cerne beaucoup mieux ce que tu veux me dire, et je pense que je pourrai suivre tes conseils à la lettre lorsque je me remettrai à écrire, c'est-à-dire au début des vacances, certainement. La partie qui suit a été écrite il y a un moment alors elle doit cacher encore pas mal d'imperfections, mais j'essaierai de finir la fic en beauté avec la réponse à toutes les questions qu'on peut se poser. Encore merci!




Rapport XV - Doutes



   Lawrence Adrian pénétra dans le bureau du président de Station Square, et referma la porte derrière lui.
   Fièrement dressé sur ses deux jambes, au garde-à-vous, il attendait que son supérieur prenne la parole. Ce dernier, confortablement assis dans un grand fauteuil en cuir, lui tournait le dos ; et regardait à travers la grande baie vitrée qui se trouvait derrière son grand bureau noir.
   Il était tard ; le bureau aux couleurs sombres semblait encore plus sinistre que d'habitude. Une odeur de fumée régnait dans la pièce, provenant du cigare que le président mâchouillait nerveusement depuis quelques minutes.
- C'est déjà l'heure d'y retourner? questionna-t-il alors sans cesser de regarder l'extérieur.
- Tout à fait, monsieur. Cela fait cinq ans depuis l'attaque ; il est temps de lancer un nouvel assaut.
- Je suis d'accord.
   A ces mots, le président fit tourner son fauteuil pour se retrouver face à son bureau. Il s'accouda sur ce dernier, cigare à la main, et regarda Adrian dans les yeux.
- Souvenez-vous, il faut à tout prix que cet assaut soit le dernier. Sans quoi on ne pourra pas boucler cette affaire calmement.
   Adrian approuva d'un signe de tête. Il garda ses yeux rivés sur le président, qui avait repris son cigare en bouche. Il n'était pas particulièrement impressionnant ni âgé ; il était en réalité à peine plus vieux qu'Adrian. Ses cheveux bruns lui retombaient presque sur les yeux, et il portait une paire de lunettes teintées devant ses yeux noisette. Il était vêtu d'un costume sobre, brun, comme à son habitude.
- Je m'en retourne dès demain sur l'archipel, Président Thomas, informa Adrian. J'emmène avec moi les trois gardes du corps qu'il m'a été permis de garder : Francis Lemoine, James Galium et Arsène Polon.
- Très bien. Je suppose que je n'ai plus qu'à vous souhaiter bonne chance...
   Le président lâcha alors son cigare quelques instants, se leva et s'adressa à Adrian avec une voix forte :
- J'ose espérer que vous mènerez votre mission à bien. Et méfiez-vous de Laurier et Shutarô ; à ce qu'on m'a dit ils se doutent de quelque chose, n'est-ce pas?
- Oui. Ce n'est pas pour rien que ce sont nos premières cibles.
   A ces mots, Adrian salua son supérieur, et quitta la salle à pas énergiques, sans se retourner une seule fois. Le président Thomas quant à lui se rassit lentement sur son fauteuil, pensif. Il regarda son cigare à moitié consommé, encore en train de fumer.
   D'un geste résigné, il l'écrasa subitement dans le cendrier.

***

   Adrian cessa de se remémorer sa dernière conversation avec le Président de Station Square, lorsqu'un scientifique à la blouse impeccable l'invita à entrer dans une pièce sur sa gauche ; la fameuse pièce aux canapés rouges qui était la dernière qu'il avait visitée avant de partir.
   En entrant dans la salle, suivi par ses trois gardes du corps, l'envoyé de Station Square, de retour après cinq ans, se retrouva de nouveau nez-à-nez avec Shutarô.
   Les deux hommes se dévisagèrent longuement, silencieux. Derrière Shutarô, légèrement en retrait, Laurier restait lui aussi de marbre, sans rien oser dire. Le visage fatigué du jeune scientifique demeurait impassible, tandis que celui d'Adrian s'était étiré en un léger rictus moqueur. Ses cheveux toujours attachés en queue de cheval dans son dos, il regarda à droite puis à gauche, observant avec amusement l'état des lieux. Rien n'avait changé, semblait-il.
- Comme promis, me revoici, déclara finalement Adrian pour briser le silence. Et je constate avec soulagement, ajouta-t-il avec une pointe d'ironie, que votre laboratoire tient toujours debout...
- Lawrence Adrian, l'interrompit Shutarô sèchement. Nos recherches touchent au but, et ces monstres pourraient bien être la clé de tous les mystères. Mais aussi, ils pourraient nous permettre de guérir le Tetrix une fois pour toutes. Nous n'avons plus besoin de vos services.
   Le regard d'Adrian, à présent glacé, obliqua lentement vers Shutarô. 
- Ah... vraiment? répondit l'envoyé de Station Square.
   Un silence de mort. Peu envieux d'avoir à assister à un nouvel affrontement entre les deux hommes, Laurier soupira, saisit une pile de dossiers et s'apprêta à sortir par une porte au fond.
- Shutarô, je vous confie Adrian pour l'instant. J'ai encore quelques affaires à régler ; je serai de retour sous peu.
   A ces mots, il quitta la salle qui s'enduit à nouveau de silence.

   Candice marchait lentement dans le couloir blanc. Elle faisait léviter ses piques derrière elle, au ras du sol, pour éviter qu'ils ne traînent par terre. Les scientifiques qui la croisaient faisaient à peine attention à elle, maintenant. Il était devenu banal de la voir se promener dans les couloirs, seule ou accompagnée. Tandis qu'il y avait cinq ans de cela, le moindre geste de sa part terrifiait tout le monde...
   C'est alors qu'elle s'arrêta, soudain interdite. Ses piques se mirent à frémir légèrement. Elle regarda à droite, à gauche, en direction du sol ; recula de quelques pas et se mit dos au mur, la respiration légèrement saccadée. Elle était seule dans l'allée, à présent. Tous vaquaient à leurs occupations quotidiennes. Mais il y avait quelque chose d'inhabituel. Qui grandissait, petit à petit, depuis quelques années... La première fois qu'elle avait eu cette sensation, infime au départ, elle ne s'était pas inquiétée. Ca avait été bref et passager ; comme un malaise insignifiant. Mais au fil des semaines, des mois et des années, elle s'était mise à ressentir cette peur étrange, de plus en plus souvent, de plus en plus fort. Elle ne savait ni d'où cela provenait, ni ce que ça signifiait ; mais elle n'était pas sans s'inquiéter. Etait-ce dû à son Esprim? Peut-être que Shutarô aurait pu l'éclairer, mais elle avait toujours hésité à lui demander. Elle le respectait grandement pour ses capacités, et espérait se faire guérir grâce à lui un jour, mais... Malgré cela, elle ignorait pourquoi, elle n'avait pas envie de lui demander.
   Comme si elle n'avait pas envie de savoir.
   Reprenant soudainement sa marche, elle accéléra le pas en essayant de chasser ces pensées. Mais le rythme soutenu de son coeur refusait de s'apaiser.

   Lorsque Laurier fut de retour dans la petite salle de réunion, il trouva Shutarô seul, avachi dans l'un des fauteuils, le regard vide. Le médecin posa ses documents et s'approcha de son collègue :
- Isaac, est-ce que tout va bien? Où est passé Adrian?
- ... Parti faire un tour dans le laboratoire. Vérifier que tout est en ordre.
- Vous l'avez laissé faire seul avec ses associés?
- Non, répondit Shutarô en se redressant légèrement. J'ai demandé à Stephan Samarin de l'accompagner.
- Ah, le biologiste? Très bien...
   Shutarô se releva lentement, avança vers une table reposant contre le mur de gauche, saisit une pile de dossiers et se retourna vers Laurier :
- Moi aussi, il me reste un peu de travail. Je vais aller m'en occuper pour ne pas prendre de retard.
   Laurier lui répondit par un sourire, et Shutarô, désireux d'oublier ses doutes l'espace d'un instant, quitta la pièce à pas vifs.

   C'était enfin la fin de son entraînement. Alidann n'avait même pas eu le courage de se changer ; il avait gardé ses habits de combat après sa séance. Il déambulait dans l'allée principale du laboratoire en s'étirant, et laissa échapper un petit soupir en faisant retomber ses bras.
- La vache, elle va me tuer un jour... maugréa-t-il dans sa barbe. Si moi aussi j'étais aussi fort que Candice...
   Il redressa la tête devant lui et aperçut alors celle à qui il pensait justement. La hérissonne était assise dos au mur de l'allée, et semblait perdue dans ses pensées. L'adolescent se rapprocha d'elle, intrigué.
- Candice, tout va bien? lui demanda-t-il en arrivant à son niveau.
- Je... murmura la hérissonne faiblement. J'ai une drôle de sensation depuis quelques minutes, je ne sais pas ce que j'ai...
   Alidann s'accroupit devant elle et dégagea un peu ses cheveux de devant ses yeux roses.
- C'est rare de te voir dans un état pareil, dit-il avec un petit sourire. Puisque j'ai fini mon entraînement, on pourrait aller voir Kerem ; qu'en dis-tu?
   Candice décocha un maigre sourire à son tour. Son ami était si prévisible qu'elle ne trouvait aucun mérite à le connaître par coeur. Consentante, elle se releva lentement tout en gardant son appui contre le mur. Alidann partit devant elle, et elle le suivit à pas lents, encore un peu égarée.
   C'est alors que, subitement, sa tête se mit à la brûler. Elle sentit une force considérable s'abattre sur son esprit et elle échappa un faible cri de surprise. Alidann se retourna brusquement, mais son amie était déjà tombée à genoux sur le sol, et tenait sa tête entre ses deux mains, tremblante. Ses piques s'agitaient en si violents spasmes qu'il hésita un instant à l'approcher, mais il accourut finalement vers elle et la saisit par les épaules en cherchant son regard, égaré sous ses cheveux fins.
- Candice, qu'est-ce qui ne va pas? Réponds-moi! Candice!!
   La hérissonne gémissait de douleur. Quelle était cette force qui lui retournait l'estomac, lui labourait sa raison et l'égarait dans la confusion? Quelle était cette essence, qu'elle avait déjà ressentie auparavant, mais tellement moins forte?
- Candice... supplia Alidann, cherchant du regard d'autres scientifiques qui passeraient dans l'allée.
   Mais les rares passants ne s'arrêtèrent pas. Ils se contentaient de jeter un regard bref à la scène avant de s'éloigner à pas vifs. Alidann était en train de maudire leur manque de compassion lorsque Candice se reprit légèrement, en poussant un faible gémissement et en relevant la tête. Son ami regarda ses yeux avec stupeur : jamais elle n'avait eu un visage aussi terrifié.
- Ils... souffla Candice, toujours tremblante. Ils arrivent!







Titre: Re : Tetrix
Posté par: Capita le Février 04, 2010, 11:49:52 am
Beuh, encore un chti chapitre tranquille :3 !

Les profs ça comprend pas les 3/4 du temps. Faut feinter avec eux, toujours, comme ça t'en as, du temps o/
J'ai failli avaler ma barre de céréale de travers quand j'ai vu le nom du président XD
Puis, 5 ans déjà... 'fin et puis Candice, donc y'a les monstres qui reviennent ?


J'ai vu, je ne sais plus trop où une tournure de phrase qui était un peu lourde à lire ( j'my suis repris à deux fois ), mais sinon c'était le seul truc à déplorer, à vu de pif.

J'espère que t'arrivera à t'en sortir pour la suite !


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Blackdoom le Février 08, 2010, 03:20:33 am
...
:'D
Je t'en foutrai des cigares, moi, espèce de grognasse è__é *SBAF
Président Thomas, hein ? Héhé, moi ça me va plutôt bien, je suis pas contre. J'aime bien les Thomas. D'ailleurs Miko a oublié de faire crever le sien dans sa propre fic. *Regarde majestueusement ses ongles en faisant un mouvement de tête pour dégager ses mèches brunes d'un air trop Loréal*

Ouais, donc x')
Moi je dis les chapitres comme ça, ça pue la classe. Parce qu'en apparence il se passe que dalle, mais derrière chaque mot, c'est la violence du sous-entendu qui fait grincer les dents. C'est quoi exactement, l'ordre établi derrière toute cette affaire du Tetrix ? Qu'est-ce qu'ils se sont dit, Shûtaro et Adrian ? C'est quoi ce qu'elle ressent, Candice ?
Bon merde hein, je veux la suite, vous l'aurez compris è__é
Faîtes l'école buissonnière à Beauvais et venez écrire ! *SBAF*
Nan pas jusque là, ya le Bac, faut pas déconner. M'enfin merde quoi. Je hais vos cours, vos profs, vos révisions et vos foutus contrôles. Je les déteste cordialement et officiellement. Donc je sais pas quand on aura une suite, m'enfin bon... Une fois le bac passé, je rêve d'un avenir radieux et dégagé de tout stresse où je pourrais enfin lire le dernier mot de toute cette fic à mystère laboratoiresque é__è Et ce malgré les défauts qu'on peut y trouver.

Allez, rien n'est parfait. Mais moi j'aime quand même. Donc je vais attendre bien sagement en bouffant ce foutu cigare (mais sans le fumer, c'est fort un cigare de ce volume-là), les bras croisés, et je me tais.
Bon courage et bonne continuation très chère é__è


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sephyra le Juin 13, 2010, 11:05:17 am
Salut, y'avait longtemps!... Bon, je sais, c'est pas le meilleur moment pour me remettre à écrire avec le bac dans cinq jours, mais bon. J'ai eu envie de continuer mon chapitre et je l'ai fini, d'un coup comme ça, je suis repartie dedans!

Capi et Blacky, je vous remercie infiniment de suivre cette histoire. La fin va vite arriver, donc j'espère que vous suivrez jusqu'au bout ^^ Allez, à la demande pertinente de Blacky, je vous fais un petit résumé de ce qui s'est passé dernièrement dans Tetrix.


Sur l'archipel d'Helena, une terrible maladie infantile cause des pertes très graves dans un petit village mobien, au bord de la côte d'une petite île. Sur cette même île, un laboratoire prestigieux recherche activement un moyen de guérir cette maladie, le Tetrix. Isaac Shutarô, brillant scientifique, son fils Alidann, l'informaticien Kerem Schneider, le médecin Eric Laurier et enfin, la petite Candice, mobienne seule survivante du Tetrix à ce jour, cherchent tant bien que mal à guérir cette infection.
Cinq ans sont passés depuis une attaque de monstres redoutables, dans laquelle l'envoyé de Station Square Adrian et ses associés semblent indirectement liés.
Aux dernières nouvelles, Adrian est parti inspecter le laboratoire ne compagnie du biologiste Stephan Samarin, et chacun vaque à ses occupations lorsque Candice semble détecter une menace sur le laboratoire. Il se pourrait que la tragédie se reproduise...


Bonne lecture!




Rapport XVI - Incarnation




   ...Trois, deux, un, zéro.
   Le compte à rebours terminé, la cage s'ouvrit brutalement, en même temps que les deux portes qui retenaient captives cinq créatures funestes. Leur première proie désignée était déjà là ; aussi elles n'hésitèrent pas à se repaître de sa chair dans un vacarme de rugissements et d'immondes bruits de déchiquetage et de mastication.
   La porte était ouverte. Leurs crocs et leurs griffes dégoulinants de chair fraîche et de sang, les créatures se lancèrent avec énergie dans un couloir blanc immaculé et eurent tôt fait de flairer leurs prochaines victimes.

- Que... Qu'est-ce que tu dis?... murmura Alidann, une goutte de sueur glacée sur la tempe.
- Ecartez-vous!! hurla-t-on soudain.
   Le jeune homme se retourna, gardant une main sur l'épaule de Candice, un genou à terre. A sa surprise, il vit les scientifiques se bousculer pour laisser champ libre à trois hommes armés de Station Square. Vêtus de l'uniforme bleu qui leur conférait tant d'autorité pour un simple vêtement, ils rechargèrent bruyamment leur pistolet et se dirigèrent sans hésiter vers l'autre extrémité du couloir.    Les gardes du corps d'Adrian. Il était donc de retour...
   Candice se releva lentement, aidée par son ami. Ses membres étaient encore frémissants, tout comme ses longs piques qui étaient de temps à autre secoués par quelque spasme incontrôlable. C'est alors que Laurier, un dossier sous le bras, arriva vers eux en courant, l'air complètement affolé :
- Ah, vous êtes là tous les deux! Je vous retrouve enfin!
   Il s'arrêta devant eux et récupéra son souffle durant quelques secondes.
- Adrian est de retour comme vous avez dû l'avoir deviné... Et à peine revenu, il nous cause déjà des soucis... Ses gardes nous ont dit qu'il leur avaient demandé de le rejoindre près de la salle informatique de l'aile Est, et que la zone devait être évacuée au plus vite... J'ignore ce qu'il se passe mais ça ne présage rien de bon...
   C'est alors qu'un coup de feu retentit dans la partie sud du laboratoire. Etouffé par les murs, Candice fut la seule à l'entendre. Et comme si ça ne suffisait pas, elle était la seule à savoir ce qu'il se passait.
- ... Candice, il y a un problème? questionna alors Laurier, en reportant son attention sur elle, remarquant qu'elle était toute tremblante.
   Ce ne fut à cet instant qu'elle recouvra sa faculté de raisonner. Altérée par cette force étrange qui lui retournait l'estomac, elle avait enfin réussi à la récupérer.
   Elle recula brusquement de deux pas en arrière sous le regard stupéfait d'Alidann et Laurier, puis s'exclama en les regardant dans les yeux :
- N'intervenez surtout pas ; ils vous tueraient! Je les sens plus forts que la dernière fois!
- Qui ça? questionna Alidann en risquant un pas vers elle. De qui tu...
- Reste en arrière! ordonna-t-elle avec un manque d'autorité navrant.
   Elle tremblait encore. Ca se voyait. Un second coup de feu retentit. Puis un troisième. Candice sentit sa fourrure se hérisser. Et sans crier gare, elle se retourna et se mit à courir à toute allure vers le sud du laboratoire.

   Elle courut longuement, sans se retourner, ignorant le passage furtif des scientifiques paniqués qui cavalaient dans la direction opposée, ignorant les appels de plus en plus francs d'Alidann, ignorant son coeur qui lui sommait de s'arrêter pour s'éloigner comme on l'avait ordonné du champ de bataille.
   Mais ces soldats de Station Square ne savaient ni ce qu'ils faisaient, ni à qui ils avaient affaire... Tout était si différent de la dernière fois!
   Elle s'arrêta après avoir traversé deux couloirs adjacents qui conduisaient à la cellule où elle avait vécu pendant dix ans. Elle était à présent dans la zone Sud, où les monstres avaient été déclarés. Ce n'étaient pas des balivernes. Elle les sentait.
   Soudain, un coup de feu retentit dans la salle de gauche vers l'extrémité de couloir. Elle sentit une puissance dévastatrice se déployer quelques mètres devant elle, puis un mélange de hurlements et de rugissemetns retentit avec force dans toute la zone. Candice, son coeur tambourinant dans sa poitrine, courut vers la salle d'où provenait ce vacarme, refoulant son dégoût grandissant.
   Arrivée à l'entrée de la salle, elle resta muette de stupeur.
 
   L'arme gisait près de l'encadrement de la porte. La salle était simple, avec deux tables contre le mur de gauche, encombrée de verrerie en pyrex pour de multiples expériences. Au plafond, deux néons éclairaient avec force le désastre qui se dévoilait aux yeux de la hérissonne.
   Elle vit du sang en quantité à peine croyable, et le Rouage dressé sur ce qu'il restait d'un être humain fraîchement tué. Elle vit des morceaux d'uniforme bleu marine, maculés de sang et de morceaux de chair, éparpillés alentour. Candice plaqua une main devant son visage. Même les soldats de Station Square ne parvenaient plus à faire face?...

   Soudain, la créature tourna sa tête énorme en direction de la hérissonne en poussant un grognement. Ses mâchoires informes étaient encore en train de mastiquer ce qui restait de leur dernière victime. Candice se positionna sur ses appuis, à l'entrée de la salle. Les humains, seuls, ne pourraient jamais faire face à ces nouvelles immondices.
   C'est pourquoi elle espéra de toutes ses forces qu'Alidann n'aura pas été aussi imprudent qu'elle.
   Sans prévenir, le Rouage se rua sur Candice, dont les piques avaient déjà commencé à s'agiter.

***

   Dans l'aile Est, les scientifiques rassemblés chahutaient, paniqués ou scandalisés par les événements. Le seul à rester silencieux était Shutarô, appuyé contre un mur, légèrement tremblant. Il se surprit à penser de toutes ses forces à Alidann. Il se rendit soudainement compte à quel point l'autoriser à apprendre l'art du combat avait été une folie, une folie pure. Après tout, d'après ce qu'il avait compris, survivre face à des Rouages tenait plus du miracle que du talent au combat... Perdre ou gagner face à ses créatures n'était dicté par aucune loi, si ce n'était celle de la chance.
   C'est alors qu'Adrian, accompagné par Thélia, se dressa devant l'assemblée des scientifiques qui se turent les uns après les autres. Tous regardaient l'envoyé de Station Square avec méfiance, tandis que Shutarô semblait plutôt plongé en pleine réflexion. Il n'était plus possible, à présent, que les attaques des Rouages soient des coïncidences et se déroulent par pur hasard juste quand Adrian et ses associés sont présents. Les scientifiques devaient l'avoir compris : il se tramait quelque chose d'étrange vis à vis de cette histoire. Et même si la haine se reportait généralement sur Adrian, la panique générale faisait que tous avaient tendance à se méfier de tous.
   Et à ce rythme là, songea Shutarô, le laboratoire serait mené à sa perte. Fatalement, le village mobien de la côte également.
   C'est alors qu'Adrian, le visage sérieux et posé, prit parole face aux scientifiques qui se taisaient à contrecoeur.
- Mes amis, dit-il, ce lieu n'est et ne sera jamais plus un lieu propice aux recherches pour lutter contre cette terrible épidémie. Avant que celle-ci ne devienne pandémie, il faut trouver un moyen de continuer les efforts sans qu'ils soient entravés par des menaces extérieures ou intérieures.
   Le brouhaha reprit. C'était évident : Adrian allait en venir à sa proposition de transférer l'établissement à Staton Square, là où il serait à l'abri. Shutarô serra les dents. Alors comme ça, il avait gagné?...
   Il regarda ses collègues, qui ne savaient déjà plus où donner de la tête, mais que les Rouages terrifiaient plus que tout. Ils seraient prêts à tout, même à abandonner le village mobien, pour pouvoir assurer leur survie. Pour Shutarô, cela devenait une évidence. Une terrible évidence...
   Son regard obliqua à nouveau vers Adrian. En bon orateur, celui-ci sembla convaincre son assemblée lorsqu'il en vint à sa fameuse proposition de quitter l'archipel pour continuer les recherches sur le Tetrix à Station Square. Les scientifiques en discutèrent très longuement, oubliant tout le reste. Shutarô détourna le regard. Ses collègues ne faisaient plus attention à lui. Avant, ils seraient tous allés le voir pour lui demander conseil. A présent, son avis n'importait plus. Peut-être auraient-ils écouté les conseils de Laurier, et encore... Kerem sembla être le seul à remarquer la léthargie de Shutarô, et le regarda d'un air inquiet. Mais il n'osa pas aller vers lui, car Adrian s'en situait non loin, et il ignorait pourquoi, mais il craignait de déclencher un conflit entre les deux hommes rien qu'en s'adressant à l'un d'eux. Il songea alors à Alidann, Candice et Laurier. Ils n'étaient toujours pas retournés dans l'aile Est... Il espéra de toutes ses forces qu'ils ne s'étaient pas mis en danger inconsciemment.
   Shutarô, toujours dans ses esprits fut étonné que l'envoyé du président parle de continuer les recherches sur le Tetrix. Ce n'était pas ce qu'il lui avait proposé à lui, il y avait des années de cela. Ses objectifs avaient-ils changé? Ou étaient-ce tout simplement ses méthodes pour y parvenir?...

   C'est alors que Shutarô s'immobilisa. Tandis que les scientifiques se mettaient d'accord sur la proposition d'Adrian, il sembla comprendre quelque chose de capital. Son expression de stupeur n'échappa pas à Kerem, qui ne le quitta alors plus du regard. Mais Shutarô préféra lancer un regard à Adrian, qui le lui rendit sans attendre. C'était ça... Pourquoi ne s'en était-il pas rendu compte plus tôt?... Pourquoi avait-il continué de croire que tout s'arrangerait?...

   Un fin rictus, à peine observable, étira les lèvres d'Adrian.
   Et l'instant d'après, Shutarô courait en direction de la sortie.


***

   Le garde du corps d'Adrian s'appuya péniblement contre le mur à sa droite. Son épaule gauche en sang, son bras raide et immobile contre lui, il marchait à petits pas vers la partie Nord du bâtiment.
   Son pistolet n'ayant plus de balles, il l'avait laissé tomber sur le champ de bataille. Il avait longuement tiré sur le Rouage avant que celui-ci ne s'effondre, et encore, la bête s'était défendue farouchement. Son épaule dont la chair était laissée à vif s'en souvenait encore. Il n'avait même pas envie de jeter un oeil à sa blessure, de peur d'y voir son os immaculé bouger lentement au rythme de sa marche.
   Il avait conscience d'avoir perdu trop de sang et de n'être plus en position de se battre. Même s'il retrouvait par miracle une arme chargée, sa nausée et sa douleur difficilement supportable l'empêcheraient de se défendre bien longtemps. Aussi, il savait donc qu'au moindre nouveau Rouage rencontré, c'était la mort pour lui. Il se demanda avec frayeur si ses camarades avaient eu autant de mal que lui à lutter. Et en prenant l'hypothèse que les autres Rouages étaient aussi coriaces que celui qu'il venait d'achever, la peur le gagna malgré lui.

   Il sentit son coeur tambouriner dans sa poitrine lorsqu'il bifurqua dans un nouveau couloir, quittant celui où il progressait tant bien que mal. Mais à son soulagement, il ne vit pas de nouvelle créature. En revanche, elles étaient passées par là : on pouvait observer de grandes traces de sang s'étendre sur le sol et les murs, et les traces rouges de pattes des monstres étaient clairement visibles. Les traces partaient toutes d'une même pièce sur sa droite. Il s'en avança prudemment, et jeta un regard à l'intérieur d'une pièce qu'il n'avait jamais vue. Encore une salle cachée?
   Il s'avança prudemment dans cette nouvelle pièce, sur ses gardes. Elle était trop sombre pour qu'il puisse en distinguer les détails, mais il percevait quelques formes sombres immobiles dans les ténèbres. Et surtout, une unique source de lumière attira son attention.
   Un ordinateur à l'écran allumé, droit devant lui, posé sur une table, à côté d'autres machines visiblement inertes.
   L'homme serra les dents et s'avança vers l'écran sans le quitter des yeux, avançant à petits pas. Il garda son regard rivé sur l'ordinateur, sans ciller, et tout en restant à l'écoute, au cas où un monstre surgirait.
   Sa concentration était telle qu'il ne vit absolument pas la masse sombre à ses pieds ; masse contre laquelle il trébucha avant de s'écrouler de tout son long sur le sol, en poussant un bref cri de surprise. Gémissant sous la douleur, il se redressa péniblement, se maudissant d'avoir été bruyant. Il s'immobilisa quelques instants pour écouter les environs et s'assurer qu'aucun monstre ne l'avait entendu et revenait pour se débarrasser de lui. Constatant que le silence avait gardé ses droits, il se releva péniblement, puis jeta un regard en biais sur ce sur quoi il avait trébuché.
   Son estomac se retourna. Un de plus, on dirait...

   Il s'écarta tant bien que mal du cadavre, réprimant un gémissement de dégoût. Il ne distinguait pas tous les détails à cause des ténèbres, mais il distinguait bien les morceaux de chair arrachés et les membres déboîtés ; le visage quant à lui avait été réduit à une bouillie informe d'os et de tissus déchiquetés. 
   Se détournant de cet affreux spectacle, il jeta un regard vers l'écran d'ordinateur dont il était tout proche. Il y lut quelques mots :
"L'incarnation de vos peurs va renaître"
   Fronçant les sourcils, il se ré-intéressa au cadavre gisant à ses pieds. Ses yeux s'étant habitués au noir, il vit bien que les vêtements de l'homme étaient une blouse de scientifique, mise en pièces. Néanmoins, sur la poitrine encore en relatif bon état de la victime, le vêtement portait une petite plaquette informant du nom de son propriétaire. Le garde du corps d'Adrian se baissa pour décrocher la plaquette et il l'amena devant la lumière de l'ordinateur pour pouvoir la déchiffrer.
   Il y lut un nom : Stephan Samarin.




Titre: Re : Tetrix
Posté par: Capita le Juin 13, 2010, 04:48:06 pm
T'as raison, faut tous les tuer ces biologistes. */se fait écharper la gueule/*

Ma parole c'est la dimension X ou quoi, pour revoir un bout de chapitre ici avant le bac ? :'D Osef que sépabien paske révisions, le plus important c'est de l'avoir fini correctement. J'ai pas repéré de grosses fautes notables ( en même temps j'suis sous le joug d'une allergie, le chat a dormis n'importe comment sur moi. )

Bref, c'est repartis pour un tour en somme. J'me demande qui sera la prochaine victime o3o DU SANG DU SANG ! Comme ça a l'air de bien péter et que Shû-sama a pigé un truc "capital", il risque d'y en avoir pas mal o3o Un génocide de scientifique en perspective ?

Hâte de voir la suite, mais avant tout, courage pour les révisions !


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Blackdoom le Juin 14, 2010, 11:25:38 am
*Débarque en trucs moulants et ras-des-hanches*
DONNEZ-MOI UN T ! DONNEZ-MOI UN E A L'ENVERS ! DONNEZ-MOI UN AUTRE T ! DONNEZ-M*SBAF

---

*Revient mieux fringué*
*Toussote*
C'est bien. Une suite. C'est très bien. Et franchement... Lire cette suite ça m'a redonné envie de tout relire depuis le début, j'en suis au Rapport X, Quatrem. Et ya des trucs que je pige pas... Mais d'autres qui me mettent sur des pistes.
Mais revenons à ce dernier rapport.

Citation
il vit les scientifiques se bousculer pour laisser champ libre à trois hommes armés de Station Square
Le champ libre*

Citation
Dans l'aile Est, les scientifiques rassemblés chahutaient, paniqués ou scandalisés par les événements.
Le verbe "chahuter" me dérange, on dirait des gosses qui foutent le bordel, c'est assez paradoxale avec les "paniqués" et "scandalisés" qui suivent :'D

Citation
Il n'avait même pas envie de jeter un oeil à sa blessure, de peur d'y voir son os immaculé bouger lentement au rythme de sa marche.
Han ouais, GG ! o__o

Citation
on pouvait observer de grandes traces de sang s'étendre sur le sol et les murs, et les traces rouges de pattes des monstres étaient clairement visibles. Les traces partaient toutes d'une même pièce sur sa droite.
Ya des traces de traces de pattes sans parler des traces qui partent dans la direction des traces des monstres dont les traces laissent des traces sur le sol et les murs pleins de traces... Tu m'auras compris ? XD

Citation
Il y lut un nom : Stephan Samarin.
*Réaction du lecteur lambda* HAN PUTAIN ! CES FOUTUES CREATURES ONT BUTES L'OPERATEUR FRANCE TELECOM ! LES SACRIPANTS ! *Meurt*

Bon bon, c'est juste des petites erreurs en fait, on les remarque sur le coup et puis on continue la lecture et on les oublie tout de suite après. En fait le plus dur c'est de les retrouver quand on écrit le commentaire :'D
Mais voilà. Bon on sent juste que tu n'écris pas à l'avance en fait, c'est tout. Mais même écrit comme ça, tu as une ortho irréprochable et un vocabulaire très enrichi. C'est tout simplement génial quoi .__.

En ce qui concerne le scénario, maintenant...
1/ Stephan était consigné avec Adrian il me semble bien. Or Adrian se retrouve à faire un discours pendant que l'autre type est mort. Mh... *Réflexions intenses* ... Poulpe.
2/ Shutarô m'a l'air complètement suspect, il y a un jeu psychologique intense dans les gestes, les regards et les mots, entre lui et Adrian. Mais où conduit tout ça, à quoi font-ils allusion... J'y reviendrai quand j'aurai tout relu.
3/ Bien évidemment la phrase suspecte à la toute fin qui est en lien direct avec le titre du rapport. J'en conclu donc trèèèèèèès difficilement que le mot "Incarnation" a une signification importante. Mh...
4/ Le lien entre Candice et les Rouages, le Quatrem, ou Tetrix, ou Esprim, qu'importe, si ça se trouve, tout ça, ce sont différentes allocutions qui déterminent un seul et même problème : un système symbiose ou virus quelconque. Physique et spirituel ? Mh...

Bref tu continues de manier ton intrigue d'une main de maître, bravo. Même moi je dois bien dire que j'en reste à d'hypothétiques suppositions, il me manque pas mal de liens entre différentes pièces du puzzle pour tout comprendre...
Mais je reste sur ma piste que Shutarô est un pourri qui a perdu la raison d'une manière ou d'une autre, qu'il cache bien son jeu, et qu'Adrian n'est pas si mauvais que ça - en tout cas pas dans le sens où tu nous laisses l'entendre. Quant à Candice elle est une expérimentation de Shutarô, c'est pour ça que ce dernier tient beaucoup à elle au début de la fic. C'est affectif ce qu'il ressent juste avant qu'elle ne tue Oliver.
Alidann, Alidann... Le pauvre petit gars paumé là-dedans. Je commence à me demander si Shutarô est vraiment son père biologique.

Pour terminer il y a l'allocution de Serena dont on n'entend quasiment pas parler. Une hybride qui a un lien avec Shutarô, encore et toujours lui.
Ce serait donc elle le gros morceau de puzzle qu'il manque à éclaircir et qui tisse les liens entre tous les autres...
Bref, je termine de tout relire et je ferais le point sur tout ça après. En attendant, bravo encore une fois ! Tu nous perds dans les dédales de ce complexe scientifique avec un tel brio que ça m'éblouit ! Heureusement que la solution forte en HP ne fait pas partie des données bordel TOT *Fuit
Allez, bonne continuation. J'ai hâte d'avoir le fin mot de toute cette mise en scène !


EDIT
Une erreur intéressante :
Citation
survivre face à des Rouages tenait plus du miracle que du talent au combat... Perdre ou gagner face à ses créatures n'était dicté par aucune loi, si ce n'était celle de la chance.
Lapsus ? <3


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sephyra le Juin 15, 2010, 07:24:47 am
Hellow tous les deux! Comme j'ai bien avancé et que vous êtes les deux derniers courageux à me suivre, autant poster la suite sans plus attendre <3

Capi-chan : HAN T'AS DECOUVERT LE SECRET OWO GENOCIIIIIDE *crève*
Mais t'en fais pas hein, je néglige pas mes révisions pour autant! Juste que l'écriture me permet d'évacuer un peu le stress, c'est pas plus mal. 'Fin quoiqu'il en soit, marchi beaucoup pour ton soutien omniprésent, et j'espère que la suite te plaira <3

Donfy : Han, trop chou ton commentaire <3 Merci d'avoir relevé toutes ces fautes ! Par contre y'a juste un moment où je vois vraiment pas ce qui cloche...
Citation
Citation
on pouvait observer de grandes traces de sang s'étendre sur le sol et les murs, et les traces rouges de pattes des monstres étaient clairement visibles. Les traces partaient toutes d'une même pièce sur sa droite.
Ya des traces de traces de pattes sans parler des traces qui partent dans la direction des traces des monstres dont les traces laissent des traces sur le sol et les murs pleins de traces... Tu m'auras compris ? XD
Ben franchement, je vois pas ce qui cloche <.< *se fait atomiser*
Quoiqu'il en soit, lire tes critiques est toujours un régal et je suis heureuse que l'intrigue t'intéresse! Tu vas avoir quelques réponses tout de suite alors sois patient, d'ores et déjà tu as fait nombre de découvertes sans le savoir! Encore merci d'être aussi constructif <3


Allez, encore mille mercis pour vos commentaires, et c'est parti pour le XVIIème rapport! Enjoy <3



Rapport XVII - Sommeil




   Candice esquiva au dernier moment, et le monstre bondit dans l'encadrement de la porte avant de s'écraser contre le mur du couloir juste en face, en poussant un rugissement coléreux. La jeune hérissonne recula à petits pas dans le couloir, le temps que le monstre reprenne ses esprits. Rien qu'à le regarder, elle sentait un profond dégoût lui donner la nausée, et ses piques avaient de plus en plus de mal à résister à la tentation de faire taire le monstre à jamais.
   Sonné, ce dernier se remit sur ses pattes tant bien que mal, et rugit bruyamment pour exprimer sa colère. Sa cible était toute désignée ; et c'était la meilleure qu'il puisse espérer vaincre. A l'instant même où il avait ressenti cette abomination à proximité de lui, cette essence mortelle, rien ne lui importait plus que de la détruire.
   Et malgré elle, Candice ressentait la même chose. Elle avait appris, en cinq ans, à refouler ces pulsions meurtrières qui lui dictaient de détruire toute menace potentielle, mais malgré cela, elle sentait bien que quelque chose en elle la poussait toujours à tuer. Tuer cette chose en particulier. Qu'était-ce exactement? Un être vivant, une substance, une énergie? Elle n'en avait pas la moindre idée. Elle ne savait qu'une chose : cette créature la portait, en elle.
   Donc, il faudrait tuer la créature en premier.

   Ce fut Candice qui attaqua, cette fois. Elle courut vers le monstre en lançant tous ses piques en avant, et en faisant rugir son esprim autour d'elle. La vague de puissance était telle que le monstre recula d'un pas, et ouvrit sa mâchoire bien trop tard. A peine avait-il refoulé sa méfiance pour se défendre contre son ennemie, que celle-ci lui avait déjà transpercé le palais avec un pique.

Pas cette fois, on dirait.

   Le Rouage se cabra vivement en poussant un hurlement assourdissant, puis il recula, gueule grande ouverte, en crachant des torrents de sang. Candice recula vivement à la vue de ce liquide rouge et opaque ; par pur réflexe. Elle se cacha le visage avec son bras, comme horrifiée par tout ce sang. Qu'est-ce qui lui arrivait?... Ses piques repartirent d'eux-mêmes dans son dos et elle recula encore, sa vision devint trouble, et elle eut soudain du mal à respirer.
   Son inattention lui coûta un choc particulièrement violent qui la projeta à l'autre bout du couloir. Le monstre, en puisant dans ses dernières ressources, l'avait violemment percutée avec son crâne. Candice retomba sur le sol quelques mètres plus loin en poussant un gémissement de douleur. Elle se redressa sans plus tarder, ses piques prêts à repartir à l'assaut, mais ce ne fut pas nécessaire. Le Rouage titubait déjà, à quelques mètres devant elle, et ne parvenait plus à raisonner. Le pique de Candice avait atteint sa boîte crânienne et endommagé son cerveau, si bien que le sang coulait à flots sans s'arrêter et que, bien vite, il en perdit la vie. 
   Abandonnant la lutte, le monstre s'écrasa sur le sol maculé de son propre sang.


***

   Alidann arriva trop tard sur les lieux du carnage. Il vit d'abord Candice, tremblante, assise près de l'entrée du couloir ; et à quelques mètres devant, un Rouage énorme était étendu dans une véritable mare de sang. Le jeune garçon réprima son dégoût devant un tel spectacle et se précipita auprès de son amie.
- Candice! l'appela-t-il. Tu vas bien?...
   La hérissonne ne répondit pas tout de suite. Elle fixait le lieu du carnage, tremblante, son coeur battant à tout rompre. Alidann la prit doucement par le bras pour la relever, et elle sembla alors reprendre ses esprits. Elle se laissa tomber contre Alidann qui la serra contre lui par réflexe.
- Il est parti... n'est-ce pas?... murmura-t-elle.
- Qui ça? questionna Alidann le plus calmement possible.
   Sans rouvrir les yeux, la hérissonne décocha un sourire que son ami ne vit pas.
   C'est alors que le silence fut de nouveau brisé. Alidann regarda en direction du Rouage étendu dans son sang, et sentit qu'un autre venait dans leur direction. Il se montra bien vite, arrivant de la sortie d'en face, sans avoir besoin de forcer la porte automatique qui s'ouvrit d'elle-même à son passage.
- Candice, reste sur tes gardes... souffla Alidann à son amie.
   Il la lâcha et s'avança à pas lents vers la nouvelle créature. Candice, quant à elle, s'était remise à fixer la mare de sang, apeurée. Comme si elle avait peur de la franchir. Alidann cessa rapidement de se questionner et en face, le Rouage poussa un rugissement qui le fit frémir. Sa fourrure ocre se hérissa, ses yeux blancs et opaques s'agrandirent et il se mit à cavaler vers le jeune garçon.
   Jeune garçon qui sortit deux pistolets sans plus attendre et qui commença à vider ses chargeurs sur le monstre.
   Celui-ci bondit par-dessus son acolyte vaincu et poursuivit sa course malgré les balles qui s'implantaient les unes après les autres dans sa chair. Il poussa un nouveau rugissement, laissant comprendre à Alidann que de simples balles ne le tueraient pas si facilement.
- CANDICE, ENFUIS-TOI !! cria Alidann au comble de la panique.
   La hérissonne reprit ses esprits et au lieu de ça, elle courut vers Alidann, dressant ses piques devant elle, et oubliant la nausée qui lui meurtrissait encore le coeur quelques secondes plus tôt. Le monstre ouvrit grand sa mâchoire, se rua sur Alidann, mais fut stoppé par une dizaine de piques qui l'enlacèrent de tous les côtés, et l'immobilisèrent en un temps record. La rage gagna de nouveau la hérissonne. Mais elle n'arrivait pas à lutter. Le monstre poussa de toutes ses forces, et Candice commença à perdre du terrain. Le Rouage ouvrit sa gueule, et Candice, soudain prise par une nausée terrible, sentit sa conscience la quitter peu à peu.
   Affolé, Alidann sortit un long couteau qu'il avait accroché à sa ceinture, pour la défense au corps-à-corps. Il ne s'en était jamais servi contre un ennemi pareil, mais s'était le moment s'y mettre.
   Profitant que Candice gardait la bête cabrée, Alidann se précipita sous elle, et planta de toutes ses forces le couteau dans le ventre de la créature. Celle-ci poussa un hurlement déchirant, et constatant que le sang commençait à couler à flots près d'elle, Candice s'écarta d'un bond et laissa retomber le Rouage qui s'étala au sol en poussant un nouveau rugissement. Alidann n'attendit pas ; il escalada la créature, s'accrochant à sa dense fourrure pour ne pas tomber, et avant qu'elle ne se relève et ne relance une offensive, il enfonça toute la lame dans la nuque de la bête.
   Il recommença à trois reprises, serrant ses jambes autour de l'encolure du monstre pour y rester accroché. La créature, en effet, agitait sa tête dans tous les sens pour tenter de désarçonner en vain le jeune garçon. Mais au bout du quatrième coup de lame qui traversa sa boîte crânienne, il abandonna la lutte, se laissant retomber sur le sol en poussant un long rugissement rauque.

   Alidann, son coeur battant encore la chamade, sauta du cadavre de la créature, et se précipita vers Candice. Celle-ci avait réussi à ne pas perdre connaissance, mais gardait ses yeux fixés sur un mur pour ne pas voir le carnage. Le jeune garçon la prit par la main, et la reconduit vers le nord du bâtiment, sans plus attendre. Il ne savait pas pourquoi elle s'était sentie si mal tout à coup, mais il n'avait pas le temps de s'en préoccuper. Pour l'heure, il lui fallait mettre son amie en sûreté, au plus vite.

***

   Les deux avaient à peine franchi le passage qui les mèneraient à l'aile Est qu'ils tombèrent nez-à-nez avec un soldat de Station Square. Son uniforme était abîmé et son visage taché de sang, mais il ne semblait pas grièvement blessé. Il avait encore ses deux pistolets dans la main.
- Ah! réagit Alidann. Vous êtes...
- Reste-t-il d'autres créatures dans le secteur? questionna-t-il en guise de réponse. J'ai réussi à en abattre une, mais...
- On en a eu deux dans la zone sud, répondit Alidann en s'épongeant le front d'une main. Mais j'ignore s'il en reste...
- Je dois retrouver mes camarades. Ces monstres étaient vraiment coriaces ; j'ai eu de la chance de m'en tirer avec si peu de blessures.
   Alidann suggéra à l'homme de les suivre jusqu'à l'aile Est pour rejoindre les autres. Mais en passant dans la grande allée qui connectait les parties Nord et Sud du bâtiment, Alidann remarqua qu'un conflit devait avoir eu lieu à cet endroit. Vers le centre de l'allée, de larges traces de sang et d'empreintes rouges avaient tapissé les mur et le sol. Et toutes les traces semblaient provenir d'une même salle, sur la droite. Une salle dont Alidann n'avait absolument pas connaissance.
   Les trois avancèrent prudemment jusqu'à la salle mystérieuse, pour découvrir un espace plongé dans le noir avec un écran d'ordinateur allumé, qui luisait dans les ténèbres. Ils ne distinguaient presque rien, mais ils remarquèrent rapidement une masse se mouvoir dans les ténèbres.
- Qui est là? questionna Alidann d'une voix forte en cachant tant bien que mal sa peur.
- Laissez, c'est un allié, répondit le soldat de Station Square en rangeant ses pistolets.
   Le nouveau venu tituba jusqu'à eux, et son associé s'avança dans la salle pour l'aider à marcher.
- Que s'est-il passé ici ? questionna le garde du corps d'Alidann en reconduisant son allié vers le couloir éclairé.
- Un nouveau cadavre ici... répondit ce dernier d'une voix faible, en tendant la plaquette de Samarin à son associé. On dirait qu'encore une fois, les monstres ont été lâchés d'une salle dissimulée...
   Alidann, intrigué, s'avança dans ladite salle, même s'il n'y voyait pas grand chose. Il baissa les yeux et remarqua la masse sombre à ses pieds. Une odeur désagréable s'en dégageait déjà.
- C'est pas vrai... murmura-t-il, écoeuré.
   C'est alors qu'ils entendirent des pas se rapprocher à toute vitesse. Candice, qui était restée dans le couloir, se tourna vers son issue du côté Nord et remarqua que Laurier les rejoignait au pas de course.
- Ah, vous êtes là! s'exclama le docteur, à la fois épuisé et agacé. J'en ai assez de vous courir après!
   Il semblait ne savoir plus où donner de la tête, et était visiblement bouleversé par les catastrophes qui se succédaient dans son laboratoire... Ce qui, somme toute, semblait assez légitime pour un homme qui ne faisait que chercher à soigner autrui.
   Alidann alla à la rencontre de Laurier à petits pas. Il lui tendit la plaquette que les hommes de Station Square venaient tout juste de lui remettre.
- On a une nouvelle victime à déplorer... annonça le jeune homme en baissant les yeux.
   Laurier prit délicatement la plaquette, et y lut le nom de Samarin.
   Il dut s'y reprendre à deux fois pour être certain qu'il ne rêvait pas.
- Mon dieu... murmura-t-il. C'est... C'est pas vrai...
- ... Un problème? questionna le garde du corps d'Adrian qui soutenait toujours son coéquipier.
   Laurier ne répondit pas tout de suite. De la tristesse immense, son visage passa à la colère, et il fixa les deux gardes de Station Square droit dans les yeux.
- Stephan Samarin! s'exclama-t-il. L'homme qui avait été aperçu pour la dernière fois en la compagnie de votre chef!
   Alidann écarquilla les yeux. Alors comme ça, cet homme de Station Square était bel et bien mouillé dans cette sombre affaire?
   Les deux hommes se regardèrent sans rien dire, puis baissèrent les yeux avec honte.

***

   Shutarô recula jusqu'au mur derrière lui. Mais il n'avait plus d'issue possible, semblait-il. En se précipitant inconsciemment vers le champ de bataille, dans la partie sud du bâtiment, il était tombé sur le dernier Rouage encore en vie, qui s'avançait à présent vers lui crocs dehors, haine dans les yeux. La sortie était juste derrière la créature, mais personne n'aurait le temps de le voir, ou de lui porter secours. Il n'avait pas grand chose pour se défendre. Le débarras où il s'était retrouvé pris au piège n'avait absolument aucune ressource exploitable pour une situation pareille.
- ... C'est fini pour moi, on dirait... souffla le scientifique pour lui-même.
   Il se dit que de toutes façons, il avait déjà sommeil.
   C'est alors qu'il remarqua un boîtier sur le mur à sa droite. Le mécanisme fonctionnait toujours. Il allait pouvoir faire une dernière action.
   Le scientifique tendit lentement son bras vers le boîtier et appuya sur le bouton central. Aussitôt, un signal sonore se fit entendre, et la porte du débarras se referma toute seule, avant de se verrouiller automatiquement.
- Comme ça au moins, tu ne tueras personne d'autre... souffla Shutarô avec un sourire nerveux sur les lèvres.
   Le Rouage, peu perturbé par cet enfermement soudain, poussa un grognement terrifiant et continua d'avancer lentement. Le scientifique ferma les yeux, et posa sa main sur sa hanche. De sous sa blouse, il retira un pistolet à peine chargé.
- Ca ne sera pas suffisant, je sais...
   Comme pour lui répondre, la créature poussa un rugissement en hérissant sa fourrure sombre.
- ... Finalement, je n'aurai jamais pu te donner une bonne image de moi...
   Sans plus attendre, le Rouage bondit vers le scientifique. Celui-ci rouvrit les yeux, et dressa son pistolet devant lui.
- ... Courage, mon fils...







Titre: Re : Tetrix
Posté par: Blackdoom le Juin 15, 2010, 08:50:37 am
... Bordel è_____é
Tu remets en doute mes suppositions là ! Bon alors... Non, malgré les apparences, je continue de penser qu'Adrian n'est pas un enfoiré comme tel. Après tout l'information comme quoi Samarin se trouvait avec lui provient de... Shutarô. Il n'y aucune autre preuve hormis sa parole. Par contre l'attaque des rouages ne doit pas provenir du scientifique... Mais bien d'Adrian. Pour pousser à bout son ennemi dans leur duel psychologique. Quand on regarde bien, à chaque attaque des Rouages, une réunion est mise en place au même moment. Comme pour réunir le gros du personnel et éviter le véritable carnage.
Mais qu'est-ce que foutait Shutarô dans la salle de l'aile sud... J'avoue me perdre entre les deux salles mystérieuses. D'un côté on a celle de l'aile est avec l'ordinateur vivant qui fait chier son monde avec ses messages zarbis, de l'autre on a celle de l'aile sud qui garde caché les Rouages, vraisemblablement... Ou pas. A chaque attaque des Rouages, une victime est offerte aux monstres sans résistance. Le première fois c'était le type dont on sait rien qui était juste drogué, cette fois-là c'était Samarin. Donc logiquement les Rouages étaient gardés là où se trouvent le corps de Samarin.
Mh...

Ya aussi le fait que Candice soit apeurée. Et cette fois tu insistes bien sur la flaque de sang, "comme si elle avait peur de la franchir" selon tes mots. Parce que le sang du Rouage contient le Quatrem, le contraire du Tetrix. On a donc deux factions, l'une représentée par Candice issue du Tetrix, l'autre par les Rouages qui contiennent le Quatrem. Mmh...
La discussion avec Alidann et le garde du corps est représentatif de l'état d'esprit actuel de notre ancien petit gars chétif et ridiculement jeune, c'était sympa ! Il a grandi ^o^
Ce qui amène un gros paradoxe entre lui et Candice, qui elle semble n'avoir pas changé face au Rouage.
Et tu reprends aussi l'une des phrase étranges en italique de la dernière fois "Pas cette fois on dirait". J'avoue qu'en lisant ça j'ai regardé rapidement dans le Rapport s'il n'y avait pas la suite, j'ai été déçu XD

Bon alors, pour la suite. C'est peut-être pas si compliqué : soit Shutarô crève effectivement, et là on où retrouve son corps on va découvrir un indice, voir carrément toute la résolution de l'histoire ; soit Shutarô crève pas, ce qui ferait un peu chier Adrian et donc il y aurait confrontation entre les deux, confrontation durant laquelle Adrian montrerait enfin ses véritables objectifs et suppositions.
En somme, j'attends la suite è__é
C'est cool d'avoir deux suites d'un coup comme ça ! Je te fais confiance pour continuer sur un bon rythme, surtout si on approche de la fin <3
Bonne continuation chère maman, pour cette merveilleuse fic qui met mes nerfs à vif ^o^

PS : Petite critique rapidement, mine de rien. Cette fois les répétitions se font surtout au niveau des prénoms des personnages ! Mais à part ça tout baigne <3


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Capita le Juin 15, 2010, 02:28:08 pm
Alors j'ai trouvé une faute ignoble ce matin, qui je pense, n'a pas été relevé... Et que je ne peux pas relever, je la trouve plus XD Un s'est qu'il fallait permuter en c'est il me semble... AH merci la recherche Google Chrome j'ai retrouvé !

Citation
Il ne s'en était jamais servi contre un ennemi pareil, mais s'était le moment s'y mettre.

Voilà, ça mérite que je te bouffe une partie de cerveau.

C'est le seul truc notable qui m'a "choqué", enfin, en pleine lecture voir ça oAo Vient par ici ma ptite Sephyra, tend la tête ! */SBAF

Voilà voilà ! Shu va crever ! Ou pas ? Ou pas ! Tu laisse un suspens trop suspens, de sorte qu'on ne sait même plus sur quoi se baser, même si ça semble être fatal. Dans le cas où en effet il creverait... Que tu décrives pas la scène, je t'en voudrais o3o */SBAF Ou pas, que t'as trouvé une parade pire que ça >D !

Donc j'ai hâte de voir la suite o/ */Campe sur le topic en jouant de l'harmonica/*


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Blackdoom le Juin 15, 2010, 02:54:44 pm
*Vire Zalosta*
Me pique pas mon harmonica espèce de décérébrée è__é *Te balance une bouteille de wishy dans la poire, puis s'assoit au coin du bar avant de jouer de l'harmonica ; tape du pied en rythme*

La prochaine fois y aura la suite, oh yé
T'as intérêt à ce que ce soit une réussite, oh yé
J'en connais plein qui donnerait pas cher d'leur peau rien qu'pour voir la tronche du vasistas dans la gueule de moooon pèèèreuh
Mais peu vendrait leur mère pour oser voir pareil tourmeeeeeeent ~

*Prend le banjo et se casse du saloon en chantant*

Bon allez, la suite quoi. *Meurt


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sephyra le Juin 15, 2010, 05:29:14 pm
Ah, vous voulez la suite? Ben, la voilà.





Rapport XVIII - Passage




   Laurier arriva dans l'aile Est à pas précipités, le regard lourd de reproches. Il ouvrit bruyamment la porte de la salle où tous les scientifiques s'étaient rassemblés avec Adrian. Celui-ci observa les nouveaux-venus en haussant un sourcil, tandis que l'assemblée se taisait, stupéfaite par l'arrivée fracassante de Laurier, qui était suivi de près par deux blessés en plus de Candice et Alidann.
- Lawrence Adrian! rugit Laurier en s'avançant vers l'envoyé de Station Square.
- C'est moi, répondit naïvement Adrian en marchant calmement vers le docteur, contournant le groupe de scientifiques.
   Laurier se stoppa à un mètres d'Adrian et questionna, en tâchant de garder son calme autant que faire se pouvait :
- En arrivant ici ce matin, vous étiez bien parti inspecter le laboratoire en compagnie du biologiste Stephan Samarin?
- Stephan Samarin?... Oh, laissez-moi deviner. C'est Isaac Shutarô qui vous en a informé...
   Laurier approuva sourcils froncés, et Adrian détourna le regard avec un petit soupir, l'air désabusé.
- C'est vrai, avoua-t-il. Mais en parlant de lui, j'ignore où il a bien pu passer. Il est parti en courant tout à l'heure, alors que nous étions en train de converser pour décider du sort de ce laboratoire. 
- Shutarô a disparu? reprit Laurier, soudain inquiet.
- Si personne ne l'a vu depuis, certainement, répondit Adrian en haussant les épaules. Mais sinon, que se passe-t-il avec ce cher Samarin? Il ne va pas bien?
- Il est mort, trancha Alidann.
   Adrian resta silencieux, le visage impassible. Il semblait plongé en pleine réflexion. Mais Laurier ne le laissa pas plus raisonner :
- Cette fois c'est allé trop loin! D'abord, chacune de ces attaques quand vous êtes présent parmi nous, puis la mort de cet homme qui était censé vous escorter! Je m'en vais de ce pas retrouver Shutarô, puisque personne d'autre ne semble avoir le culot de le faire, et nous pourrons mettre un terme une fois pour toutes à ces folies!!
   Kerem surgit alors de la foule, visiblement prêt, lui aussi, à partir retrouver Shutarô. L'ambiance avec Adrian lui déplaisait, et il commençait lui aussi à forger de plus en plus de soupçons vers certaines personnes. Il alla retrouver Alidann et Candice, visiblement soulagés de le revoir, et repartit en leur compagnie vers la sortie, pour retrouver Shutarô. Le silence retomba après leur départ précipité, qu'Adrian avait contemplé sans ciller. Il décocha un petit sourire.
- Thélia, suis-les, ordonna alors l'envoyé de Station Square à sa subordonnée.
   La jeune femme approuva et se lança immédiatement à la poursuite du petit groupe, tandis que les scientifiques reprenaient peu à peu leurs débats. Cette histoire avec Samarin n'était pas sans les inquiéter ; mais qui pouvaient-ils bien croire quand leurs guides de confiance n'étaient plus là pour leur dire que faire?
- Des pions. Voilà ce que vous êtes, tous, déclara soudainement Adrian avec force, provoquant la stupeur générale.
   Et dans quelques instants, tous seraient contre lui. Il le savait, mais s'en préoccupait peu. Oui, car c'était sous peu que tout se jouerait. Pour l'instant, tout fonctionnait comme prévu.

***

   Retrouver Shutarô ne fut pas aisé ; car le petit groupe n'avait aucun indice sur sa position, et de plus, se séparer était dangereux de par la potentielle présence d'autres Rouages dans les environs. Ils fouillèrent rapidement la partie nord du bâtiment, composée principalement de vastes salles de réunion ou d'expériences, pour s'attarder plus particulièrement sur la zone sud, justement réputée comme dangereuse à cette heure. Ils croisèrent beaucoup de traces de sang dans les couloirs, et même un cadavre à moitié dévoré par les monstres. Et finalement, ils arrivèrent devant la porte d'un débarras dont l'unique accès avait été verrouillé de l'intérieur, semblait-il.
- Ce débarras n'est jamais fermé, d'habitude... déclara Laurier. Kerem, pouvez-vous ouvrir cette porte?
- Avec le boîtier qui est là, je devrais m'en tirer...
   Il s'avança vers ledit boîtier qui était fixé sur le mur, à gauche de la porte, et l'ouvrit à l'aide d'un petit tournevis qu'il avait sorti de sa poche.
- Toujours aussi équipé, celui-là... songea Alidann.
   Le jeune informaticien bricola quelques fils et interrupteurs, et rapidement, la diode sur la porte clignota, et un signal sonore annonça son ouverture. Kerem recula et avala sa salive, au cas où un nouveau danger les attendraient dans cette salle.   
- Qu'est-ce que...
   La porte ouverte, son contenu se dévoila aux yeux de tous. Un Rouage gisait sur le sol, la fourrure parsemée d'orifices ensanglantés. Mais ce n'était pas le seul cadavre des lieux.
   Alidann marcha à pas lents dans le débarras, jusqu'à un second corps, humain cette fois, qui gisait au beau milieu de la pièce. Petite, carrée, elle ne comportait que quelques étagères encombrées de boîtes en carton, une table à tiroirs dans un coin, un néon un peu ancien qui clignotait au plafond.
   Le jeune garçon ne pouvait pas distinguer le visage de la victime tant il avait été abîmé par les crocs du monstre. Il restait simplement un morceau du crâne avec quelques cheveux noirs mi-longs qui y étaient encore restés accrochés. Les membres avaient été sévèrement déchiquetés, et c'était à peine si le bras droit tenait encore au tronc.
   Une blouse de scientifique. Des lunettes rectangulaires, cassées, qui gisaient non loin de la victime. Une petite plaque sur la poche de devant, indiquant un nom gravé dans de la peinture dorée : Isaac Shutarô.
   Alidann tomba à genoux. Il resta longuement immobile, à contempler sans un mot ce qui restait de l'homme qu'il avait tant détesté. Celui qu'il avait renié, haï, pendant toutes ces années. Celui dont il ne voulait surtout pas suivre la voie, prendre la succession.
- Ne me dis pas que... souffla Laurier en s'avançant derrière Alidann.
   Et pourtant, ses craintes étaient fondées.
   Laurier s'appuya de toutes ses forces contre un mur de la pièce, tremblant, tandis que Kerem restait immobile et abasourdi par une telle découverte. Shutarô... mort? Comment était-ce possible? S'était-il trompé quelque part, y avait-il eu un faux calcul? Ou bien celui qui avait découvert le Tetrix avait disparu en même temps que ses recherches et réflexions fondamentales?
- Il n'y a plus qu'une explication... murmura alors Kerem. Mais... Je ne comprends plus rien... Je ne comprends plus rien!!
   Candice détourna les yeux. Son coeur s'était mis à battre à tout rompre. Elle non plus n'arrivait toujours pas à croire que le scientifique le plus renommé du laboratoire avait disparu. Celui dont elle se basait sur les connaissances pour trouver un remède à son fléau. Et maintenant, que leur fallait-il faire? Accuser Adrian, le faire enfermer et retrouver la paix après tous ces événements et ces tragédies?
   Non. Il manquait une pièce au puzzle. Quelque chose ne tournait pas rond. Trop de questionnements demeuraient sans réponse.
   C'est exactement ce que se dit Kerem, lorsqu'il demanda d'une voix forte, masquant avec peine la terreur qui s'entendait à travers le frémissement de sa voix :
- Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi "Tetrix"?...
- Schneider, ce n'est pas le moment... maugréa Laurier en essayant de reprendre ses esprits.
- Au contraire! répliqua le jeune informaticien. Vous ne trouvez pas que quelque chose cloche? Moi je pense que Shutarô avait découvert quelque chose, mais qu'il se tait depuis longtemps pour une raison qu'on ignore! Il n'y a pas moyen d'accéder à ses dossiers personnels, ou une histoire du genre?
- Il a une salle privée, mais il était le seul à pouvoir y accéder, répondit Laurier d'une voix étouffée. Si on retrouvait son badge, on pourrait s'y rendre, mais à quoi bon? Vous pensez vraiment qu'il nous cachait des informations capitales?...
   Alidann se releva après avoir fouillé dans les poches de la blouse déchiquetée, et il dressa devant ses yeux un trousseau de clefs auquel pendait un badge magnétique noir.
- Eh bien... c'est ce que nous allons voir, déclara le jeune garçon en avalant sa salive.


***

   Thélia n'avait pas lâché le groupe ni perdu une miette de ses conversations. Après avoir découvert la mort d'Isaac Shutarô, ils étaient repartis vers le nord du bâtiment en direction d'une salle privée, d'après ce qu'elle avait compris. Elle les avaient pistés parmi de nombreuses salles avant d'accéder jusqu'à un couloir étroit aux parois métalliques, qui comprenait plusieurs portes espacées de quelques mètres. Elle s'arrêta à l'extrémité de l'allée pour observer discrètement le groupe. Elle vit Eric Laurier ouvrir une porte avec un badge noir puis entrer à l'intérieur de la pièce ainsi rendue accessible, suivi du petit groupe. Thélia entreprit de les suivre après que la porte se fut refermée, sans un bruit.

***

   La salle ressemblait à une pièce de laboratoire comme les autres, avec ses murs blancs impeccables, ses étagères remplies de livres scientifiques, ses tables où s'alignaient des matériaux en Pyrex, ses armoires certainement pleines à craquer avec tous les documents que le propriétaire des lieux avait dû entasser durant toutes ces années de recherche. Alidann se dirigea vers une armoire de deux mètres de haut qui se situait dans un coin de la pièce. Il l'ouvrit en grand, et écarquilla les yeux.
- Eh, venez voir! dit-il aux autres sans quitter le meuble des yeux.
   Kerem, Laurier et Candice se rapprochèrent et contemplèrent avec étonnement le contenu de l'armoire. Malgré un espace considérable, il était tout simplement vide. Quelques documents reposaient ici et là, mais c'étaient des papiers sans importance, selon Laurier qui avait fait une vérification rapide.
- Pourtant, il doit bien garder ses documents quelque part! s'étonna Alidann.
- L'autre est vide aussi, déclara Kerem après ouverture de la seconde armoire.
   Candice balaya de nouveau la salle du regard. A elle aussi, il paraissait absurde qu'un scientifique qui avait fait tant de découvertes n'ait gardé aucune archive, aucune note, aucun ouvrage en rapport avec ses expérimentations.
   C'est alors qu'un frisson lui parcourut l'échine. Elle tourna sa tête vers la seconde armoire ouverte par Kerem, qui reposait contre un mur. Elle baissa les yeux près des pieds du meuble : il y avait des roues en dessous.
   Elle regarda de nouveau droit devant, sentant quelque chose d'étrangement familier. Comme une voix inaudible qui l'appelait. Elle s'avança vers l'armoire de quelques pas, souleva tous ses piques, et les déposa contre le côté gauche du meuble, avant de pousser ce dernier doucement.
   Alidann, Kerem et Laurier remarquèrent alors son action et la regardèrent faire, surpris. Mais la découverte de Candice les étonna encore plus : l'armoire écartée de son emplacement d'origine, elle avait dévoilé une porte automatique sur laquelle clignotait une diode orange, à côté d'une verte qui luisait plus faiblement.
- ... Une porte cachée? souffla Kerem, stupéfait.
   Alidann s'avança vers la porte et posa ses mains dessus, essaya de l'ouvrir, mais elle restait obstinément fermée.
- Kerem, on va encore avoir besoin de toi... déclara le jeune garçon.
   L'informaticien s'avança vers la porte en se grattant la nuque.
- Ca ne ressemble pas du tout à celles que nous avons dans le laboratoire... Elle n'a pas dû être construite en même temps que le reste...
- Tu peux la forcer?
- Faut voir...
   Kerem chercha longuement une trace de mécanisme sur la porte, avant de remarquer une petite partie en bas à droite dont on pouvait enlever le dessus.
- Ah, je crois que j'ai trouvé...
   Il fit rapidement sauter le haut du boîtier avec son tournevis, puis farfouilla parmi les fils et autres interrupteurs qui se dévoilaient à présent sous ses yeux. Tandis qu'il se livrait à sa tâche, les trois autres restaient silencieux. Laurier, nerveux, avait peur de ce qu'ils allaient découvrir, et craignait toujours que la situation n'en devienne que plus complexe après avoir fait ces découvertes. Alidann dissimulait tant bien sa crainte de découvrir lui aussi quelque terrible secret, et de plus, il était toujours bouleversé par la disparition de son père. Il n'arrivait tout simplement pas encore à réaliser ce que cela signifiait vraiment pour lui.
   Au bout de quelques minutes qui parurent à tous infiniment longues, le mécanisme céda sous les efforts de Kerem, qui se releva et recula pour laisser la porte s'ouvrir lentement, avec un long ronronnement sourd.
   La porte s'ouvrit sur un obscur passage qui semblait s'enfoncer dans les souterrains du laboratoire. Candice sentit son sang se glacer. L'appel était de plus en plus fort, elle sentait cette chose lui dicter de la rejoindre, mais elle ne savait ni la nommer, ni expliquer ce qu'elle ressentait alors.
   Et avant même que Laurier ne se décide à s'engager dans le passage, Candice avait déjà franchi la porte et descendait à pas lents dans les tréfonds du laboratoire d'Helena.







Merci pour vos commentaires à tous les deux! Niveau écriture j'en suis au 20ème et dernier rapport, donc les suites vont rester assez rapprochées!
Bien, je vous laisse méditer avec cette suite maintenant! J'ai hâte de voir quels raisonnements vous allez établir pour me trouver une résolution à notre grand mystère...
...Tout en sachant que 50% des réponses voire plus se situent dans le rapport prochain! Alors, à la prochaine, et encore merci pour votre soutien ^0^

*va voler l'harmonica de Donf et le remplace par une flûte à bec*

Comme ça au moins tu pourras plus chanter en même temps <.<


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Capita le Juin 15, 2010, 05:35:47 pm
Une pièce cachée o3o et on est presque à la fin ! On va enfin savoir ce qu'il en est de ce bordel.

Tu posts trop vite è_é c'est bien, mais molo XDDD J'ai rien vu de notable dans ce chapitre, une Thélia qui va faire chier je le sens o3o

Sinon... */mange l'harmonica et la flute à bec, présente un paquet de BN à Donf/*

Y'a plus qu'a attendre la suite. J'espère que ça sera bien gratiné ici aussi donc ! èwé


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Blackdoom le Juin 15, 2010, 06:16:56 pm
*Essaye de souffler dans le paquet de BN ; essaye de jouer de la corde dessus ; rien ne marche. Envoie valser le paquet dans la gueule à Zalosta* Bordel de bordel de bordel è__é

Le Tetrix est une espèce animale à ce qu'il me semble. Une sorte d'insecte ou de lézard, je sais pas trop quoi. J'avais regardé rapidement la dernière fois et tenu ça dans un coin de ma tête, mais j'ai jamais rien vu dans la fic qui puisse expliquer cette analogie... Mh è__é
Shutarô à mon humble avis, pour un effet de "je comprends plus rien !!" et pour fixer le lecteur sur sa chaise, tu devrais retirer son dernier passage. En gros, laisser Shutarô quitter la salle de réunion et... le revoir mort en compagnie d'Alidann & Cie. Le choc n'en serait que plus grand et là, oui, le lecteur se dirait "mais putain c'est quoi ce bordel je comprends plus rien !".
Mais ce n'est que mon avis perso ^o^
Bon la porte cachée dans le bureau ça c'était attendu j'ai envie de dire, maintenant reste à savoir ce qui se cache là-dessous... J'en étais sûr qu'il y avait une entité de plus là-dedans ! Et je suis certain que ça a un lien avec la Serena que Shutarô mentionne dans ses pensées une seule et unique fois ! Si c'est pas elle en elle-même, le secret, en tout cas.

Bref ! Continue bon dieu, écoute pas Zalosta, poste même les derniers rapports dans la nuit o__o *SBAF
Bordel j'ai trop hâte d'avoir les répoooonses !

Et moi je dis Laurier c'est un fumier aussi. *Fuit


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sephyra le Juin 17, 2010, 02:46:47 pm
Vous voulez des réponses? Vous voulez tuer le suspense? Vous voulez que tout le monde crè*SBAF*
Hem. Une suite, une suite. L'avant dernière! La vache, cette histoire se sera finie en flèche. En tout cas je vous remercie Capi et Donfy, de suivre aussi régulièrement et de vous triturer le cerveau pour déjouer mes plans maléfiques ^0^

Bref, voici l'avant-dernier rapport, le 19ème. Ensuite, le 20 et ce sera fini. Ce dernier est d'ores et déjà écrit, aussi je vous informe que Tetrix est terminée d'un point de vue écriture. En revanche le rapport 20 est, d'après mes calculs, trois à quatre fois plus long qu'un rapport normal. Eh oui, faut bien finir tout ce bazar en beauté!

Sans plus de parlotte, le rapport 19. Je vous préviens, au menu c'est révélations à gogo, vous allez avoir des envies de meurtre à mon égard je sens! Et ça va se conjuguer avec des "NAN MÊME PAS VRAI JE LE CROIS PAS" et des "JE LE SAVAIS! JE LE SAVAIS DEPUIS LE DEBUT GROGNASSE" *se fait tuer*

Allez, bonne lecture <3






Rapport XIX - Vérité




   Ils s'étaient tus depuis plusieurs minutes maintenant. Thélia ouvrit non sans précaution la porte de la salle privée de Shutarô, et remarqua qu'il n'y avait plus personne. Elle vit alors une porte grande ouverte droit devant, et s'avança vers elle à pas résignés. Mais avant de pénétrer dans le sombre passage, elle sortit un téléphone et chercha à joindre son chef.
   Celui-ci ne tarda pas à lui répondre. La jeune femme déclara d'une voix étouffée :
- Eric Laurier, Kerem Schneider, Alidann Shutarô, et la jeune Candice ont découvert le cadavre d'Isaac Shutarô. Ils sont allés inspecter son laboratoire privé semble-t-il ; et sont actuellement en route vers les souterrains du laboratoire. Ils ont emprunté un passage visiblement camouflé qui est juste devant moi à cette heure.
   Un long silence à l'autre bout du combiné. Puis Adrian répondit simplement :
- Continuez de les suivre. Mais avant, indiquez-moi avec précision l'emplacement de cette fameuse porte, je vous prie.

***

   Ils marchèrent longuement dans une allée en pente qui faisait de temps à autre de légers virages. Candice était toujours devant, comme uniquement guidée par son instinct ; Alidann la suivait de près en craignant qu'un danger ne les attende au bout du chemin. Laurier était juste derrière Alidann, inquiété par toutes ces découvertes ahurissantes. Tout cela ne présageait rien de bon. Au contraire, le docteur sentait bien que quelque chose de terrifiant était sur le point de se produire. Kerem, qui fermait la marche, était comme plongé dans ses pensées ; mais il n'oubliait pas de se retourner de temps à autre pour vérifier qu'aucun danger ne les prenait à revers.
   A l'issue de quelques minutes silencieuses, les quatre alliés arrivèrent dans une petite pièce intermédiaire, aux parois métalliques, avec une forte odeur de renfermé. Les systèmes de ventilation ne devaient pas y être au point.
   Il y avait une porte sur le mur de droite. Et un nouveau couloir descendant juste en face. Candice s'avança lentement vers la suite du couloir et se stoppa à son entrée, retenue par une main brûlante qui se posa sur son épaule. Elle tressaillit et se retourna pour découvrir Alidann qui la dévisageait l'air inquiet.
- Candice, tu as l'air bizarre depuis tout à l'heure... Tu es sûr que tout va bien?...
   Il chuchotait de peur d'être entendu par quelque danger. Candice attendit quelques secondes avant de lui répondre, sur le même ton.
- ... Oui, ne t'en fais pas. C'est juste que... J'ai l'impression que quelque chose m'appelle, là-bas, dans les profondeurs.
   Alidann la regarda avec étonnement tandis qu'elle se remettait à observer la suite de l'allée souterraine, comme envieuse de s'y aventurer.
   Kerem, après avoir examiné la porte, se redressa l'air désolé :
- Je ne vois aucun moyen d'ouvrir celle-là. Peut-être devrions nous tenter d'avancer plus loin?
   Laurier approuva et s'éloigna du mur, non sans jeter un dernier regard sur cette porte mystérieuse. Puis Candice s'étant déjà avancée dans le nouveau couloir, Alidann sur les talons, le docteur se retourna finalement pour suivre ses alliés dans ce nouveau passage.

   Leur avancée fut de courte durée. Après avoir descendu quelques mètres supplémentaires, les quatre alliés arrivèrent rapidement dans une salle si grande et si lumineuse qu'ils en furent aveuglés et se sentirent obligés de détourner le regard quelques instants. Candice, toujours devant les autres, fut la première à risquer un regard sur les détails de la pièce.
   Sa stupeur fut telle que pour la première fois de sa vie, elle se demanda si elle n'était pas en train de rêver.

   La salle n'avait pourtant rien de si incroyable de prime abord. Elle était très grande, son plafond devait bien faire cinq mètres de haut, sept de large et six de long. De nombreux fils électriques pendaient au plafond et quelques machines allumées et en pleine activité reposaient contre les murs. On pouvait entendre leurs grésillements incessants et sentir une odeur très forte de désinfectant. Les lieux avaient l'air particulièrement entretenus ; il n'y avait pas le moindre grain de poussière dans l'air de la salle. Tout aurait pu sembler normal s'il n'y avait pas eu cet espace surélevé à quelques mètres devant le groupe ; espace sur lequel un immense tube se dressait, rempli d'un liquide verdâtre. Et, enfermée dans ce tube, comme noyée dans cette substance étrange, une hérissonne gardait ses yeux clos et avait ses longs piques qui flottaient librement autour d'elle.
   Laurier, Alidann et Kerem furent rapidement abasourdis à leur tour en découvrant cette étrange mobienne. Son visage était serein, éteint ; était-elle morte ou dans le coma? Sans même s'en rendre compte, Candice avait déjà fait quelques pas vers elle.
- Qui est-ce?... souffla Candice, un faible sourire sur les lèvres, une sorte de fascination dans les yeux.
- Candice, attends! lança Alidann.
   Il s'avança vivement vers elle pour la retenir par le bras.
- Mais... elle m'appelle... répliqua Candice. Elle m'appelle, je dois y aller...
- Elle ne parle pas, voyons! Qu'est-ce que tu...
   C'est alors qu'Alidann remarqua que son amie tremblait. Ses piques s'agitaient tout seuls ; ils ne traduisaient aucune agressivité mais semblaient déjà échapper à son contrôle.
- Eh, Candice, reprends-toi! s'exclama Alidann, soudain apeuré.
- Qu'est-ce que tout cela signifie... souffla Laurier, sans parvenir à croire ce qu'il voyait.
- Je vous présente Serena. Ah, et elle est ravie de vous rencontrer, même si elle n'en n'a pas l'air...
   Les quatre alliés tressaillirent en même temps, à l'entente de cette voix encore lointaine qui avait résonné soudain. Elle venait du fond de la salle. Sur le mur, à droite du tube contenant la hérissonne, une porte automatique venait de s'ouvrir.

   En sortit calmement un homme qui s'avança auprès du tube, et se mit au bord de l'espace surélevé, regardant de haut ses invités.

   Quelqu'un qui leur était familier. Trop familier. Cette simple apparition annonçait l'heure d'accéder enfin à la vérité.

   Alidann fut le plus étonné de tous. Il contempla longuement le visage du nouveau venu, tremblant, apeuré, interdit, sans y croire.
- ... Qu'y a-t-il mon fils? questionna le nouveau venu. On dirait que tu as vu un fantôme.
- Impossible! s'exclama Laurier, au comble de sa peur. Qu'est-ce qu'il se passe ici, bon sang?! Shutarô, explique-toi! Qu'est-ce que tout cela signifie?!
   Shutarô, vêtu à son habitude d'une blouse blanche longue et d'un pantalon sombre, haussa les épaules avec un petit soupir.
- J'ai juste cherché à la protéger durant tout ce temps. Savez-vous que c'est elle, la toute première malade du Tetrix? Cela remonte bien à quinze ans...
   Le scientifique déposa délicatement sa main sur le tube près du visage de la hérissonne.
- Serena avait vraiment beaucoup de qualités. Gentille, maternelle, elle avait toujours un sourire, peu importaient les malheurs. Elle était si belle, et si fragile... Elle m'a complètement séduit quand je l'ai rencontrée, je dois dire.
   Tandis que les quatre compagnons en bas de l'estrade étaient toujours muets de stupeur, Shutarô décocha un sourire triste.
- Ta mère n'a jamais pu comprendre que je la délaisse pour une mobienne, Alidann. Si elle s'était mise à ma place, elle aurait su pourquoi je l'avais laissée à Station Square... Et elle ne serait peut-être pas morte de tristesse.
   Alidann serra les dents avec une forte envie de grimper sur l'estrade pour aller étrangler son père. Mais la situation était telle qu'il se sentait incapable de faire un geste ; et il ne voulait surtout pas réduire Shutarô au silence avant d'avoir eu plus de réponses.
- Comment la trouves-tu, Candice? questionna soudain le scientifique en se tournant vers la jeune mobienne. Elle est superbe, non?... Si tu veux mon avis, tu as hérité de sa beauté. C'est ce que je me suis dit dès que je l'ai vue te mettre au monde.
   Candice sentit un frisson lui parcourir l'échine, et elle contempla le visage de Serena avec plus d'attention. Cette délicatesse dans son visage, cette douceur qu'elle inspirait rien qu'à sa vue...
- Remercie-moi de l'avoir si bien conservée, reprit Shutarô. Sans moi, elle aurait pourri depuis longtemps dans un champ du petit village de la côte.
- Pourquoi... souffla Candice avec une peine indescriptible dans les yeux. Pourquoi ma mère est...
- C'est vrai, j'aimais ta mère, l'interrompit Shutarô avec autorité. Je ne le nie pas. C'est d'ailleurs pour elle que j'ai quitté Station Square, c'est pour elle que j'ai voulu m'installer sur cet archipel perdu, c'est pour elle que j'ai construit ce laboratoire, c'est aussi pour elle que j'ai délaissé ma propre femme!... Mais alors que je tentais à nouveau de me rapprocher d'elle, je découvris qu'elle portait déjà l'enfant de quelqu'un d'autre...
   Les doigts du scientifique se courbèrent et griffèrent la vitre du tube avec un son strident.
- ... Je n'ai jamais pu l'accepter. Par chance, le mari de Serena venait juste de mourir. Elle en était encore désespérée. Elle savait dès lors qu'elle aurait peu de moyens pour élever son enfant. Croyez-moi, je lui ai rendu service en la prenant sous mon aile.
- La prendre sous ton aile... souffla Alidann, abasourdi. Tu l'as tuée, tu veux dire! Et enfermée à jamais dans cette salle avec pour seule compagnie tes machineries et expériences abjectes, c'est ça?!
- ... Tu ne peux comprendre ma peine, Alidann... souffla Shutarô en se détendant subitement. Et j'ai fait beaucoup pour Serena, malgré ce que tu sembles croire.
   C'est alors que, las de ces histoires malsaines, Kerem s'avança d'un pas vif en direction de l'estrade, se stoppa devant Candice et Alidann et jeta un regard de défi à Shutarô.
- ... C'était vous, n'est-ce pas? questionna-t-il d'une voix calme, mais légèrement tremblante.
- Moi qui?... questionna Shutarô en haussant un sourcil.
- "Têt rhix", répondit simplement Kerem. Ou si vous préférez, littéralement, "dernière espèce".
   Shutarô monta une pointe de surprise et aussi, sembla-t-il, d'amusement.
- Oh? J'ignorais que tu avais étudié le mobien ancien, Schneider.
- Malheureusement pour vous, si, répliqua Kerem sans ciller. J'ai d'ailleurs beaucoup travaillé dessus. Et j'ai aussi remarqué que le mot "Rou âgh" était un composé de deux mots de mobien ancien, lui aussi. "Gardien de vérité". C'est bien ce que ça signifie?
- Tu es doué... commenta simplement Shutarô.
- ... Vous ne niez même pas... constata Kerem avec un rire gêné. Moi qui vous admirais...
   Juste derrière Kerem, Alidann ne se sentait pas capable d'aligner deux mots. Tout ça le dépassait complètement, si bien qu'il ne s'était jamais senti à ce point perdu de toute sa vie.
- A vrai dire, je vous soupçonne de choses bien pires, et ce depuis longtemps, relança Kerem, qui semblait être le seul à avoir le courage de s'adresser à Shutarô.
- Oui, quoi donc? questionna ce dernier avec un sourire amusé.
- J'ai retravaillé ma traduction, en vérité. Si on prend deux synonymes de "dernière espèce"... Ca donne "race ultime".
   Alidann écarquilla les yeux et fusilla son père du regard. Candice, quant à elle, garda les yeux fixés sur le sol, sans parvenir à y croire. Et Laurier savait que s'il n'était pas potentiellement en situation dangereuse, il se serait laissé tomber à genoux depuis bien longtemps, tant de désespoir que de rage.
- Tu as deviné à ce que je vois, Schneider.
- Alors, tout ce qu'on disait sur toi... souffla Alidann sans parvenir à y croire. Ta renommée, ton talent, ton goût pour le bien, ton désir de réparer tes fautes, et surtout de guérir cette maladie... Tout ça n'était que balivernes?! Et si ça se trouve, tu n'as même pas découvert le Tetrix toi-même!
- C'est vrai, avoua Shutarô en fermant les yeux.
   Alidann s'interrompit. Il ne pensait pas que son père approuverait si facilement.
- Ce... Ce n'est pas toi qui a découvert le Tetrix?... continua-t-il, la voix tremblante. Mais alors qui...
- Je ne l'ai pas découvert, l'interrompit Shutarô d'une voix forte, mais j'ai fait bien mieux que ça.
   Plongeant sa main dans la poche de sa blouse blanche, Shutarô en retira un petit flacon qui contenait un liquide verdâtre. Candice frémit à sa vue. Le scientifique décocha un petit sourire, et déclara simplement d'une voix calme :
- Le Tetrix, voyez-vous, est mon entière création.







Titre: Re : Tetrix
Posté par: Capita le Juin 17, 2010, 03:12:24 pm
*/ouvre la bouche, puis la ferme après un moment/*

JE LE SAVAIS ! JE LE SAVAIS DEPUIS LE DEBUT GROGNASSE */se jette sur Sephyra, la tue/*

Le Tetrix, mais c'était o_o FATAL d'un coup, ça parait fatal, ça l'est mais oh mon dieu Serena la maman de Candice tu m'étonnes qu'elle l'appelait ! Pas joli l'amour entre humain et hybride mais pourquoi pas. Mais en fait ça pourrait être... COMME LA SOEUR D'AL ?! O_O Tant que ça fait pas de l'inceste à ce niveau è_é mais ça accumule moi je dis !

Et l'autre Keremayonnaise qui débite ce qu'il a trouvé, d'un coup ça parait fatal.

DONC, ceux qui survivent aux Tetrix, sont comme supérieurs au reste ? Donc Candice > Supérieure. Shadow like o/ */SBAF

Sinon sinon sinon o_o Serena conservée dans un tube, ça fait très bocal de cornichon au frigo XDDDD */se fait tuer/*


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Blackdoom le Juin 17, 2010, 05:29:36 pm
NOM DE DIEU DE PUTAIN DE BORDEL DE MERDE OH LA VACHE *Laisse tomber son bouquin d'histoire* ...
...
...
*Se prend la tête entre les mains*
AH PUTAIN JE L'SAVAIS BORDEL DE DIEU !! SHUTARÔ ENFOIRÉ ! Par contre je croyais qu'il était vraiment mort moi TOT TU M'AS TRAHIIIIIIS *SBAF

Han putain. *Se remet doucement*
Donc c'est lui qui a inventé le Tetrix. Bordel. Tu m'étonnes que je pouvais pas le deviner ! T'as laissé aucun indice, le mobien ancien j'suis sûr que c'est de l'Aokurah ou je sais plus quoi dans TBS ya que toi qui le connais TOT ! CA SE FAIT PAS !!
Serena donc c'est l'amante de Shutarô, si je puis me permettre. Bordel le seul truc qui m'empêchait de le préciser clairement c'était Candice justement, si elle était mobienne ça voulait dire qu'elle pouvait pas être la fille d'un humain... Mais putain pourquoi j'ai pas pensé à une alternative ?! Alors là j'me déteste c'était tellement gros ! BORDEL TOT
MAIS J'EN ÉTAIS SÛR PUTAIN J'EN ÉTAIS SÛR !! Que Serena c'était la dernière pièce, que c'était la mère de Candice... C'était obligé ! Mais putain quoi le Tetrix... Il reste quand même des questions. Le Quatrem, c'est quoi alors ? Et puis pourquoi tout ça au final ? Pourquoi tout ce cinéma de laboratoire, etc etc, les attaques de rouages... ?
Ah nan là j'suis sur le cul c'est bon, je me risquerai pas à des suppositions. Je vais donc attendre le dernier rapport. Dernier...
Putain après c'est la fin, déjà ?! Après autant d'attente et de remises en route j'ai une soudaine impression de rapidité, CA SE FAIT PAS TOT *Meurt définitivement

Sérieux tu gères. Mais merde quoi ! Bordel ! J'étais sûr que Shutarô et Serena avaient un lien, nom de dieu. Mais j'ai pas prévu le coup du "elle a eu un gosse avec un autre, je l'ai buté, etc". Mais pourquoi le Tetrix ? Bordel t'as intérêt à résoudre tout ça ! è___é
*Campe le saloon avec une bouteille d'oasis tropical vide* BON DIEU !


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sephyra le Juin 21, 2010, 06:31:51 am
Nous y voilà! 21 Juin, fête de la musique. Aujourd'hui est un jour important, c'est le solstice d'été, la plus longue journée de l'année, animée par des concerts et des animations, des spectacles et de la magie estivale!...
...
ALORS POURQUOI POURQUOI NOUS ONT-ILS FOUTU LE BAC EN PLEIN MILIEU CETTE BANDE DE ********** *SBAF*

Oui, je me plains et je me vengerai. Il est inadmissible de passer un 21 Juin à bosser son allemand puis réviser ses maths... Et pourtant, c'est bien le destin qui m'a été désigné TAT

Afin de rendre cette journée quand même un peu spéciale, je vous offre maintenant la suite et fin de Tetrix. Merci, merci infiniment aux lecteurs et surtout à Blackdoom et Capita pour leur soutien infaillible! Merci à Edward Elric et à Arakawa d'être une source d'inspiration pour moi! Merci à mon chou qui me regarde dans l'ombre et qui attend de me sauter sauvagement dessus pour *SBAF*

*note : Arrêter de rêver, Kadaj n'existe pas...*


Bien sur ce, je vous offre votre dû. Ah et si vous avez une musique tragique à foutre avec, ce serait impec ^0^
Une petite remarque avant de vous lancer : vous avez dû remarquer que chaque rapport a pour titre un mot contenu dans ledit rapport. Ce dernier chapitre ne fait pas exception à la règle, et cette façon de faire vous aide tout simplement à capter d'où vient le titre du rapport... Dans le genre idées farfelues, je suis pas trop mal lottie, c'est vrai!

Je vous souhaite une bonne lecture, et merci encore!





Rapport XX - Retour




   Quelque chose venait de s'écrouler. De se détruire, complètement. Alidann était resté aussi immobile que ses compagnons après les derniers mots de son père, le regard fixe sur ce dernier, mais malgré son calme apparent, au fond de lui, il hurlait déjà. Il hurlait une rage indescriptible, indéfinissable, inconcevable même. Impossible. Impossible. Il rêvait. C'était un cauchemar. Son réveil ne tarderait pas ; c'était impossible...
   Mais Alidann avait beau se dire que tout cela n'était qu'une illusion orchestrée par son imagination, la vaste pièce blanche restait la même, son père restait debout sur l'estrade, Candice était toujours tremblante devant lui, il sentait que Kerem frémissait toujours de rage, et n'osait même pas se retourner pour voir dans quel état se trouvait Laurier. Lui qui avait toujours cru en Shutarô.
   Il entendit alors un bruit sourd derrière lui. Il osa tourner la tête et contempla avec frayeur le médecin qui s'était laissé tomber sur ses genoux. Alidann se sentit alors profondément blessé tant le regard que le docteur posait à présent sur Shutarô était empreint de tristesse.
- Shutarô, pourquoi... parvint-il à articuler, perdu dans une incompréhension fatale.
   Le scientifique laissa planer un court silence avant de répliquer :
- C'était une simple vengeance égoïste, au départ. J'ai contaminé Serena avec le Tetrix alors qu'elle en était à son second mois de grossesse. Sa santé s'est vite dégradée, et il m'a été difficile de la maintenir en vie... Mais j'avais la capacité de le faire, à condition de lui imposer une vie au laboratoire. Par amour pour l'enfant qu'elle portait, elle a accepté. Je l'ai emmenée ici, dans cette salle que j'ai fait construire en secret. C'est ici que je me suis occupé d'elle, pendant les six mois suivants. Je lui ai donné juste assez de médicaments pour qu'elle puisse s'en tirer tout ce temps, et en même temps, je pouvais la garder près de moi.
- C'est abject... souffla Kerem, tremblant de rage.
- Le dernier mois, je l'ai renvoyée au village, continua Shutarô. Elle y a accouché peu après sans jamais parler du laboratoire ni de ce qu'elle y avait vécu. Serena est ensuite tombée dans un profond coma, et je l'ai à nouveau ramenée auprès de moi pour l'enfermer dans ce tube, tandis que sa fille unique serait prise en charge par le village en tant qu'orpheline. C'étaient déjà les prémices du Tetrix, qui commençait à peine son expansion. La maladie était facilement transmissible aux enfants, et ça m'a bien aidé à me venger une bonne fois pour toutes de ces mobiens qui m'avaient privé de mon amour...
- Tu est vraiment... abominable... C'est inhumain ce que tu as fait... souffla Alidann, toujours aussi bouleversé.
- Attends une seconde, réagit subitement Laurier. Tu dis que tu as su maintenir Serena en vie, c'est ça? Mais... Je vois... Tout ce temps tu prétendais chercher un remède au Tetrix alors que...
   Shutarô sortit un nouveau flacon de sa poche. Le liquide qu'il contenait était d'un jaune très clair, translucide. Candice le regarda avec surprise, et aussi, sans qu'elle sache pourquoi, une certaine crainte. Shutarô posa trois doigts sur le bouchon du flacon et commença à le dévisser.
- Qui dit problème dit résolution. Qui dit virus dit vaccin. Qui dit maladie dit remède. Qui dit poison dit antidote.
   Il retira alors le bouchon, en jetant un regard intéressé à Candice.
- Et qui dit Tetrix, dit Quatrem.
   Candice poussa un cri de stupeur et recula à grand pas, le coeur bondissant dans sa poitrine. Alidann se tourna vers elle avec frayeur :
- Candice?! Qu'est-ce que...
   La hérissonne se plaqua contre un mur près de l'entrée de la salle, haletante. Elle fixait le flacon sans ciller, complètement apeurée, et elle avait du mal à contrôler ses jambes tant elles tremblaient.
- Tu n'aimes pas vraiment ça, hein?... questionna Shutarô avec un petit sourire amusé. Tu aimerais bien détruire cette substance, mais tu en es incapable. Ingérer pour toi la moindre goutte, c'est la mort.
- La mort?! réagit Alidann en regardant de nouveau son père. Mais... Tu viens de dire que ce truc-là, c'était l'antidote?!
- Ca l'est, répliqua Shutarô. Mais il y a quelque chose que vous n'avez pas compris. Une autre chose que vous ignorez parce que vous avez cherché en vain. Vous rappelez-vous qu'à une époque, vous étiez tous en train de vous demander pourquoi Candice n'était pas morte du Tetrix?
   Laurier, Kerem et Alidann se regardèrent, tandis que la jeune hérissonne restait silencieuse, toujours aussi tremblante.
- Tout ce temps, vous avez considéré Candice pour une simple atteinte du Tetrix. Mais elle n'est pas malade du Tetrix. Elle est le Tetrix.
   Alidann releva la tête, avec un rare sentiment de frayeur et de dégoût sur son visage.
- Elle est la seule à être née avec cette maladie. A peine au stade d'embryon, elle était déjà affectée. Et protégée par sa mère qui lui avait retransmis le virus, elle n'en est pas morte...
   Shutarô posa tendrement son regard sur Candice, qui frémit de peur.
- Je suis vraiment heureux de voir que tu te portes encore si bien depuis tout ce temps. Tu es forte, bien plus que ta mère... Tu vas pouvoir me donner une seconde chance. Cela fait quinze ans que j'attends ça...
   Vif, Alidann se plaça devant son amie, et s'exclama :
- Tu ne la toucheras pas!! Puisque c'était toi derrière toutes ces folies, tu vas payer pour tes crimes! Je... Je n'en reviens toujours pas... Comment as-tu pu...
   Il baissa la tête et se remit à trembler. Candice, juste derrière lui, mourait d'envie de le réconforter ; mais la simple vue du flacon remplie du Quatrem la faisait frémir de peur, et elle n'osait toujours pas bouger.
- C'est vrai... Tout ce temps, je n'ai fait que veiller sur la fille pour qu'elle remplace sa mère un jour... Trouvez ça abject si vous le voulez. Mais en attendant, j'ai atteint mon objectif. Laurier, tu m'as cru lorsque je t'ai dit que j'avais envoyé Samarin accompagner notre cher envoyé de Station Square? Tu n'aurais pas dû me faire confiance, cette fois-ci. Vous vous êtes laissés berner par mon faux cadavre, n'est-ce pas? Mes idiots de collègues feront de même. Vous tous avez cru que les Rouages étaient lâchés par Adrian? Ces imbéciles ont déjà conclu la même chose, à l'heure qu'il est. Et pourtant, tout ça n'a été qu'une longue mise en scène. Je vous remercie d'avoir été si naïfs, tous autant que vous êtes!
   Alidann releva la tête et sentit deux larmes de colère glisser sur ses joues. Il serra son poing avec force et posa une main sur sa hanche, prêt à en retirer son pistolet.
- Ne fais surtout pas ça, Alidann! le prévint alors Shutarô. Au moindre geste suspect, je vous envoie le Quatrem, et Candice ne va pas apprécier.
   Ce fut autour de Candice de jeter un regard plein de haine au scientifique. Lentement, elle commença à reprendre ses esprits, et à récupérer le contrôle de ses piques qui se mirent à léviter sagement autour d'elle. Elle ne voulait surtout pas devenir un fardeau pour ses amis. C'était à elle de se battre. Shutarô remarqua qu'elle s'était mise en position d'attaque, certainement prête à fondre sur lui, et il poussa un petit soupir :
- Toi aussi, Candice?... Je ne comprends pas pourquoi tu te rebelles ainsi contre moi. Dis-moi, qu'aurais-tu fait si je t'avais laissée mourir en même temps que ta mère? Que serais-tu devenue sans le pouvoir que je t'ai donné?!
   La hérissonne se détendit subitement, puis baissa les yeux avec un léger sourire.
- Sans vous... J'aurais eu droit à une vie normale avec ma mère. Et j'aurais connu ce qu'on appelle "bonheur", aussi.
   Alidann jeta un regard attristé vers son amie. Un instant d'inattention qui l'empêcha de remarquer que Shutarô avait sorti un pistolet de sous sa blouse et avait visé le groupe avec.

   Un coup de feu. Alidann pivota sur lui-même en sursautant, et Kerem poussa un cri. Laurier, interdit, commença à perdre l'équilibre.

- Un gêneur de moins, commenta le scientifique visiblement en colère.
   Touché au torse, Laurier s'écroula sur le sol, et Kerem s'était déjà rué sur lui. Il tenta de lui parler, de le maintenir conscient, mais le docteur semblait déjà avoir perdu toute notion du temps et de l'espace.
- Laurier! Eh, tenez bon! LAURIER !!
   Le docteur n'entendit pas les ordres de Kerem, et y obéit encore moins. Quelques secondes plus tard, ses yeux mi-clos s'étaient figés dans un néant total, que personne d'autre que lui ne pouvait voir. Kerem se baissa sur la dépouille du docteur en tremblant. Alors c'était ainsi qu'ils mourraient, tous les trois? Il n'avait même plus le courage de fuir, ou de tenter quoi que ce fût pour faire taire Shutarô. Il avait bien eu des soupçons sur le scientifique, mais il savait qu'il aurait mieux fait de les avoir plus tôt...
   Shutarô dirigea alors son arme vers l'informaticien avec un cliquetis sonore.
- Fais tes prières toi aussi, commenta simplement le scientifique.
   Kerem ferma les yeux, les dents et les poings serrés, tremblant d'impuissance et de désespoir.
   Un coup de feu retentit. Le jeune informaticien avait retenu à grand-peine un cri de peur.
   Alidann avait lui aussi cru, l'espace d'un instant, que tout était terminé. Mais à sa grande surprise, ce fut Shutarô qui recula, lâchant son arme et serrant les dents avec un grognement coléreux. Sa main saignait.
- Veuillez abandonner toute tentative d'offensive, M. Isaac Shutarô, ordonna avec autorité une voix féminine.
   Alidann et Candice se regardèrent l'espace d'un instant où ils reprirent espoir. Thélia sortit calmement du couloir en gardant son arme tendue vers Shutarô. Le canon fumait encore. Trop sûr de lui, le scientifique n'avait rien vu venir.
- Merci d'avoir avoué, commenta finalement Thélia. Monsieur le président de Station Square va pouvoir faire fermer cet établissement au nom de la sécurité publique. Votre laboratoire cessera bientôt d'exister.
   Shutarô décocha alors un sourire nerveux :
- C'est tout ce que vous vouliez faire depuis le temps, exclure ce laboratoire d'Helena pour devenir encore plus puissants que vous ne l'êtes déjà? Je commence à me demander si mes objectifs ne sont pas cent fois plus nobles que les vôtres!
- Vous souhaitiez simplement vous venger d'après ce que j'ai entendu, je ne vois pas ce que vous trouvez de noble d...
- Je souhaitais continuer mes recherches aussi, vous savez, l'interrompit le scientifique avec rage. Imaginez, lorsque la maladie serait devenue transmissible aux humains, à quel point nous serions devenus supérieurs! Avec l'Esprim à portée, la puissance, nous aurions pu faire de Mobius une planète où ce sont les humains qui dominent tous ces hybrides!
   Alidann commença à se demander jusqu'à quel seuil son père s'était-il plongé dans la folie. Plus les révélations se succédaient, plus il avait l'impression que tout se terminerait pour lui ici ; qu'il en savait trop, qu'il n'arriverait jamais à vivre tout en sachant ces terribles vérités.
- Eh bien, décidément! s'exclama soudain une autre voix. Il s'en passe, des choses, ici!
   Ce fut au tour d'Adrian d'arriver dans la salle, pistolet redressé, un sourire moqueur sur les lèvres. Shutarô serra dans sa main gauche ses deux flacons avec un sourire nerveux, tandis que la droite frémissait légèrement sous la douleur du coup de feu qui l'avait éraflée.
- Je ne me souviens pas avoir programmé une conférence pour chiens de Station Square, grogna-t-il sans perdre la face.
- Allons, soyez raisonnable pour une fois, répliqua Adrian avec un petit sourire en se plaçant aux côtés de sa subordonnée. Tout cela est allé trop loin. Vous vous êtes rendu coupables de nombreux crimes en donnant vie à de funestes créatures, et en sacrifiant vos propres subordonnés et collègues pour protéger vos petits secrets. Nous allons condamner cet établissement et renvoyer tout le monde à Station Square.
   Silencieux, Shutarô leva un sourcil.
- J'ai hâte de lire la première de couverture des journaux de demain... souffla alors Adrian avec un large sourire. La résolution du problème du Tetrix par l'envoyé du président en personne! Si je ne suis pas promu après ça, où va le monde...
   Candice et Alidann restaient immobiles à la droite des deux soldats de Station Square, sans parvenir à croire ce qu'ils entendaient. Tout ça n'était qu'une histoire de titre et d'argent? C'était inconcevable... Et pourtant, c'étaient leurs mots. Concentrer les grands organismes à Station Square, puis s'approprier la résolution d'un grave problème local... Tout ça pour...
- Navré, déclara soudain Shutarô, mais je ne suis pas prêt à tirer un trait sur tout ce que j'ai accompli en quinze ans. Et puis, d'autres prendront sous peu ma succession. N'espérez surtout pas avoir gagné...
   Prendre sa succession? Alidann regarda son père sans comprendre. Regard qui lui fut rendu ; et le jeune garçon comprit immédiatement où le scientifique voulait en venir. Prendre sa succession... A vrai dire, il préférait encore se faire abattre ici, lui aussi. Plutôt mourir que de poursuivre la recherche d'une substance qui ferait hypothétiquement évoluer l'espèce humaine...
- Rendez-vous, Isaac Shutarô, ordonna Adrian avec autorité. Je suis las de toute cette mascarade.
   Le scientifique resta silencieux un instant. Puis il leva le flacon ouvert contenant le Quatrem.
- Ceci est la seule réserve d'antidote au Tetrix que je possède. Si vous tentez quoi que ce soit, il sera perdu, et ce village en bas de la côte le sera aussi.
   Thélia fronça les sourcils, mais Adrian éclata de rire.
- Vous espérez nous faire reculer avec un tel argument?! s'exclama l'envoyé du président, hilare. Très cher M. Shutarô, tout ce qui m'importe est de vous traîner par les cheveux jusqu'aux pieds du Président, vous n'imaginez pas à quel point je me moque de tous ces mobiens...
   Alidann n'avait même pas eu le temps de maudire intérieurement Adrian que celui-ci écarquilla les yeux subitement, et commença à sentir un mal de tête lui déchirer le cerveau.
- Hein? Qu'est-ce que...
   Il poussa un hurlement de douleur et lâcha son arme avant de tomber à genoux, sous les yeux stupéfaits de sa subordonnée. Shutarô regarda la scène avec surprise, tout comme Alidann qui ne mit pas longtemps pour comprendre l'origine du problème.
   Il se tourna vers Candice. Le seul oeil visible de cette dernière fixait Adrian avec haine, tandis que ce dernier se recroquevillait sur le sol, les mains agrippées à son crâne comme pour tenter d'apaiser la douleur.
   Mais la hérissonne relâcha bien vite l'étreinte de son Esprim sur l'envoyé de Station Square, qui se détendit subitement et demeura évanoui au sol. Thélia s'était mise à frémir légèrement. Craignait-elle le même sort que son supérieur, même face à cette petite à qui elle avait appris à se battre?...
- Thélia, demanda alors Candice d'une voix douce. Lâche ton arme s'il te plaît.
   La jeune femme regarda la hérissonne sans comprendre, puis baissa son arme en même temps que son regard. Elle s'agenouilla auprès de son supérieur et le redressa avec l'aide de Kerem, mais l'homme semblait toujours évanoui.
   Toujours perché sur l'estrade aux côtés de Serena, Shutarô avait décoché un grand sourire.
- Bien joué Candice! s'exclama-t-il. Je vois que tu as compris à qui tu devais obéissance et respect! A présent, rejoins-moi sans plus attendre!
   Le regard vide, la hérissonne s'avança vers l'extrémité gauche de l'estrade, où un petit escalier permettait d'accéder à la partie en hauteur de la salle. Sans comprendre, Alidann tenta de la retenir, mais la jeune mobienne était, semblait-il, bien décidée à rejoindre Shutarô. L'un de ses piques, sans même qu'elle cesse d'avancer, se dressa devant le visage d'Alidann, et son Esprim s'était soulevé si subitement que le jeune garçon en resta muet de stupeur.
- Candice...
   Il la regarda gravir l'estrade, le regard noyé dans l'incompréhension. Etait-elle devenue folle? Pourquoi souhaitait-elle rejoindre Shutarô, alors que...
   Candice s'avança vers Shutarô mais se stoppa à deux mètres de lui, en frémissant.
- Ah, j'avais oublié, s'excusa Shutarô en refermant le capuchon de la fiole contenant le Quatrem. Et au passage, je m'excuse aussi d'avoir injecté cette substance dans le sang des Rouages ; ça a dû t'être assez nocif... Mais j'avais besoin de tester ta récessivité à cet antidote. Et je dois admettre que tout  a parfaitement fonctionné à ce niveau.
- Que comptez-vous faire, maintenant? questionna Candice d'une voix éteinte.
- Ta mère incube toujours le Tetrix ; elle est la source de cette maladie. Mais elle s'affaiblit, je le sens bien. Peu à peu, sa vie s'éteint. Bientôt, il te faudra la remplacer, et donner naissance au virus final, qui me permettra de changer le visage de Mobius.
   Candice baissa les yeux. Alors son destin était de finir dans ce tube, dans lequel elle avait pourtant passé la majeure partie de sa vie... Apprenant à parler non pas comme un enfant normal, mais en écoutant puis en répétant les mots des scientifiques qui la craignaient tout autour d'elle...
   Elle n'avait pas eu droit à la vie qu'elle voulait. Et comme ça, elle n'aurait pas le droit de choisir sa mort non plus?
- Candice! s'exclama alors Alidann, désespéré. Reviens, je t'en supplie!!
   La hérissonne regarda son ami avec tendresse.
- Je suis vraiment désolée, dit-elle.
   Puis elle s'avança de nouveau vers Shutarô, ses piques flottant calmement derrière elle.


***


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sephyra le Juin 21, 2010, 06:33:33 am
- Plus personne ne va sortir d'ici sans mon autorisation, déclara alors Shutarô, en saisissant doucement Candice par le bras dès qu'elle fut à portée. Alidann, tu n'as pas à t'en faire, je te traiterai enfin comme mon digne fils à partir de maintenant. Kerem, je te vois bien m'aider à fabriquer d'autres Rouages, et pourquoi pas leur servir de dîner?... Ah non, ça, c'est le rôle de ce pauvre Laurier... Et de ce cher Adrian tant que j'y serai! Ca l'apprendra à ne compter que sur son pouvoir!
   Sans qu'il le voie, Candice serra les dents, et son poing se crispa légèrement.
- Et toi Thélia Emilen, lança Adrian en brandissant le flacon rempli du Quatrem dans sa main valide, tu seras la première patiente à qui je tenterai une injection de Tetrix! Nous verrons bien si votre force de caractère suffira à lutter contre ce poison...
   Shutarô lâcha Candice et leva son menton avec sa main pour la forcer à le regarder.
- Quant à toi ma chère Candice, tu vas bientôt connaître la vraie raison de ta venue au monde, lui dit-il avec un regard plein de tendresse.
   En bas de l'estrade, Alidann fit un pas en avant, grognant de rage. A nouveau, l'envie lui vint de bondir sur l'estrade pour aller achever son père. Mais sous les ordres de son amie, il savait qu'il ne pouvait pas le faire. Mais qu'allait-il se passer alors? Candice ne pouvait se résoudre à un tel sort, c'était tout simplement impossible!
- Shutarô... souffla alors Candice sans cesser de le regarder. Si le Quatrem m'est nocif... il pourrait sauver les malades du Tetrix, n'est-ce pas?...
   Le scientifique agita son flacon dans sa main libre avec un petit sourire.
- C'est exact.
- C'est tout ce que j'avais besoin de savoir.
   L'instant d'après, Shutarô sentit sa main violemment fouettée et il lâcha le flacon qui retomba vers l'entrée de la salle. Vif, Kerem le rattrapa de justesse. Candice recula de deux pas et agita ses piques autour d'elle tandis que le scientifique lui jetait un regard plein de haine.
- Comment as-tu osé... maugréa-t-il. Si tu tentes quoi que ce soit, nous sommes tous condamnés! Utilise encore une seule fois ton Esprim, et additionné à celui de ta mère qu'elle rejette inconsciemment, nous mourrons tous!!
   C'est à ce moment-là qu'Alidann commença à remarquer qu'il ne sentait pas très bien. Un faible mal de tête était en train de se manifester sans qu'il l'ait senti venir. C'était donc à cause de la puissance dégagée par Serena?
   Il tourna la tête vers Kerem et Thélia, qui semblaient souffrir encore plus que lui. Kerem, serrant nerveusement le flacon dans sa main, avait déjà posé un genou à terre.
   Alidann regarda à nouveau vers Candice et Shutarô, serrant les dents sous la douleur grandissante. Ils devaient vite partir d'ici, tous. Sinon, ils s'évanouiraient puis mourraient sans même s'en rendre compte. Adrian n'en aurait plus pour longtemps non plus si jamais ils restaient là...
   C'est alors que Candice jeta un regard à Alidann et s'exclama :
- Partez vite d'ici, je vais condamner cet endroit!!
- N'espère même pas tenter quoi que ce soit contre moi! rugit Shutarô en plongeant sa main dans la poche de sa blouse.
   Il en sortit un second flacon rempli du Quatrem. Candice avait à peine eu le temps de se maudire pour sa naïveté qu'il l'avait ouvert, et alors qu'elle commençait à trembler de tout son corps rien qu'à l'odeur de cette substance, Shutarô la saisit au cou de sa main valide et la poussa violemment contre le tube de Serena. Candice poussa un gémissement de douleur, plaquée contre la paroi de verre. Shutarô lui serrait lentement la gorge en gardant le Quatrem juste sous son nez ; et elle commença à se sentir de plus en plus mal.
- CANDICE !! hurla Alidann.
   Le jeune homme n'attendit pas et se précipita sur l'estrade à son tour. Mais à peine l'avait-il escaladée que son père le prévint :
- Mon fils, si tu fais encore un pas, je lui fais avaler ça et tu vas perdre la fille que tu aimes.
   Alidann resta muet et immobile. Etait-ce à cause de la menace en elle-même, ou à cause de cette déclaration subite? Il se surprit à se demander si son père n'avait pas raison. Il ne s'était jamais posé la question car peu lui importait, mais au fond... que ressentait-il exactement?
   C'est alors que son regard croisa celui de Candice. Comme si le temps venait de s'arrêter autour d'eux, ils se dévisagèrent pendant un moment qui leur parut infiniment long. Comme si rien qu'avec cet échange visuel, ils se disaient tout ce qu'ils n'avaient jamais oser s'avouer, et franchissaient enfin ce fossé qui demeurait entre eux deux depuis trop longtemps. Sauf que cette fois, le fossé en question était matériel. Une seule chose, ou plutôt une seule personne les empêchait d'être réunis vraiment.
   Isaac Shutarô.
   Candice ferma les yeux avec un sourire, sentant cette main pleine de rage palpiter contre sa gorge.
   Sans qu'elle s'en rende compte, une larme coula sur sa joue.
- Tu as besoin de moi pour bâtir ton monde idéal... souffla alors la hérissonne au scientifique.
   Celui-ci la regarda avec étonnement, et serra encore plus fort le Quatrem dans sa main gauche. La hérissonne décocha un sourire gêné et le regarda dans les yeux :
- Donc en gros, si je meurs, tes plans tombent à l'eau ; c'est ça ?
   Un pique se réveilla soudain et fonça à toute vitesse contre la paroi du tube de Serena, éclatant une petite partie de celui-ci. Le liquide verdâtre  qu'il contenait commença à faire pression sur la vitre brisée, et Shutarô s'éloigna à grands pas avec un grognement. Candice se tourna vers sa mère qui voyait sa prison fondre lentement, et le liquide qui l'entourait commença à s'échapper de tous les côtés. A l'entrée de la salle, Kerem et Thélia prirent Adrian et le corps de Laurier, et commencèrent à sortir.
- Vite, Alidann!! cria Kerem, luttant contre son mal de tête grandissant.
   Les morceaux de verre se craquelaient puis explosaient les uns après les autres. Tous s'éloignèrent rapidement de cet étrange liquide, sauf Candice. Les pieds dedans, elle s'avança vers sa mère, qui était enfin en train de retrouver l'air libre. La hérissonne avança une main timide vers le visage de sa mère et lui effleura la joue tendrement.
- Je suis rentrée... souffla-t-elle, deux larmes de joie comme de tristesse coulant sur ses joues.
   Un coup de feu à sa droite. Elle le bloqua avec un pique sans même réfléchir, ignorant la douleur. Un second, qui fut paré à nouveau. Puis elle entendit des cris de lutte sur le côté de l'estrade ; certainement Alidann qui s'était enfin jeté sur son père.
   Mais elle était de retour chez elle. Le temps n'existait plus.

   ... Pas cette fois non plus, on dirait...

   Candice releva la tête, et vit tous ces fils reliés à sa mère. Elle n'était à présent retenue que par ces câbles étranges qui l'encerclaient de tous les côtés.

   ...Mais en fin de compte, je me demande si tuer le Quatrem, puis mourir face à lui, était le véritable sens de ma vie.

   Alidann flanqua un nouveau coup de poing à son père, puis l'envoya à terre avec un coup de pied dans l'estomac. Le scientifique tomba à genoux, suffoquant. Alidann continua d'ignorer les appels de Kerem et Thélia ; et il ignorait de même son mal de tête grandissant qui lui faisait peu à peu perdre l'esprit.

   C'est vrai, après tout... Je suis née ainsi. Le Tetrix, c'est moi. Et pourtant... c'est toi aussi, non?

   Candice regarda de nouveau sa mère. Il lui sembla que des larmes commençaient à embuer ses yeux clos.

   Ah... non. C'est moi qui pleure cette fois.

   La jeune hérissonne sécha ses larmes avec un sourire triste. Puis elle regarda le visage paisible de sa mère avec tendresse.

   J'ai trouvé un autre moyen de donner un sens à mon existence... Alors attends-moi, maman.

   Alidann commençait à perdre ses forces. Il n'avait même plus le courage de continuer à frapper son père qui, au sol, gémissait de douleur. Candice regarda le jeune garçon et envoya ses piques vers lui, le saisit de tous côtés puis le souleva délicatement du sol grâce à la force que lui procurait son Esprim. Surpris, coincé dans les airs, Alidann regarda son amie à son tour en appelant son nom à tue-tête.

   Tu veux que je rentre, c'est ça?

   Candice décocha un sourire, et recula de quelques pas pour se placer au bord de l'estrade, puis alla déposer doucement Alidann à l'entrée de la salle.

   Pas cette fois, mon coeur.

   Les hurlements d'Alidann se perdirent dans un néant dont plus personne n'avait conscience. Une confusion sans pareille. Les machines se détraquaient les unes après les autres, le tube brisé de Serena émettait des signaux de tous les côtés, et l'Esprim continuait de rugir, inlassablement, tandis que Shutarô de traînait jusqu'à Candice en gémissant. Il ne pouvait pas échouer si près du but. Il pouvait encore se relever, convaincre Candice, et atteindre son rêve, enfin...
   Un pique lui transperça alors le dos, coupant court à son existence, figeant ses yeux surpris dans le néant, sans plus de bavure.

   Candice se concentra et fit rugir son énergie partout alentour. Ses piques allèrent tous frapper le mur derrière le tube de Serena, provoquant un grondement sourd qui se répercuta dans toute la zone. Les parois des murs commencèrent à grincer. L'Esprim exerçait déjà son emprise mortelle sur toute la pièce. Elle était condamnée.
    La hérissonne laissa s'échapper une nouvelle larme. Thélia tira sans plus attendre Alidann en arrière. Et la salle commençait déjà à s'effondrer.
   C'est avant que l'entrée ne se bouche définitivement, que la mobienne se retourna une dernière fois, et que son regard croisa celui de son ami. Elle lui sourit avec une rare tristesse, et une affection qu'elle n'avait plus peur de cacher. Incapable de lui rendre les mêmes sentiments d'un simple regard, Alidann rassembla ce qu'il lui restait de voix, de coeur et de courage pour lui hurler à quel point il tenait à elle.
   Et lui supplier une dernière fois de rentrer.

   Les blocs de pierre et les parois d'acier s'effondrèrent partout dans la salle. La poussière eut tôt fait d'aveugler tous les regards, et le vacarme, d'éteindre toutes les voix. Les rambardes d'acier soutenant le plafond commencèrent elles aussi à chuter en entraînant des réseaux entiers de câbles et de tuyaux de canalisations, qui versèrent leur contenu parmi l'avalanche mortelle. Les fondations s'écroulèrent alors sur elles-mêmes en bouchant le moindre accès, et étouffant les derniers cris d'une vie déchirée.
   Candice ferma les yeux.




***

*****

***




   Le fermier, mangouste brune au physique altéré par l'âge, avança calmement dans son champ en sifflotant, puis posa son râteau dans une étendue de terre déjà toute retournée. Il aperçut alors, à quelques mètres devant, la silhouette du jeune garçon qu'il avait recruté, et l'appela avec un sourire :
- Eh, mon gars! Tu fais des heures supplémentaires maintenant? Héhé, c'est sympa de te rendre aussi utile, j'apprécie!
   Le jeune homme, vêtu d'un pantacourt noir et d'un haut blanc sans manches un peu abîmé, se retourna vers le propriétaire des lieux en s'épongeant le font avec son bras, cessant un moment de retourner la terre fraîche. Il lui décocha un sourire. Toujours le même, en réalité. Un sourire déchiré cachant mal la peine profonde qui devait lui labourer le coeur. Son jeune visage, depuis que le fermier l'avait recruté, n'avait toujours exprimé que cette même mélancolie.
- Tu devrais prendre un petit rafraîchissement au moins, tu vas mourir sous une chaleur pareille! lui dit la mangouste en s'avançant vers lui, puis en lui tendant une bouteille d'eau.
   Le jeune homme la saisit avec un grand sourire de remerciement.
- A ce rythme là, on va avoir de belles plantations et largement de quoi passer l'hiver au chaud! C'est une chance qu'il fasse si beau ces jours-ci...   Un petit sourire aux lèvres, le fermier regarda le jeune homme se désaltérer. Ce dernier avait les cheveux en bataille, d'un brun sombre chatoyant sous le soleil, et des yeux vert sombre qui semblaient vides, éteints. Avait-elle toujours été là, cette étrange lueur qui s'y peignait néanmoins? Mais il n'y avait pas que cette faible et mystérieuse lueur qui l'intriguait. Aussi, sa recrue ne lui avait jamais dit un seul mot. Etait-il muet? Maintes fois, il lui avait posé la question. Le jeune homme s'était toujours contenté d'un sourire attristé en guise de réponse.
   Le garçon rendit la bouteille à son propriétaire avec un nouveau sourire. C'était encore une chaude journée d'été qui inondait l'archipel d'Helena de lumière ; une lumière tranquille et sa chaleur bienveillante qui annonçaient l'avenue d'un nouveau départ. La vieille mangouste leva alors les yeux en direction de la montagne au centre de l'île. S'y dressait un imposant laboratoire blanc, désaffecté depuis maintenant quelques temps.
- J'ai jamais trop compris ce qu'il s'était passé là-haut, confia alors le mobien à son jeune ami. Mais toi, tu en viens n'est-ce pas, Alidann?
   Le jeune homme ne répondit pas et leva ses yeux sur le laboratoire à son tour. Il le contempla longuement, perdu dans ses pensées. Oui, il l'avait connu. Il y avait déjà longtemps.
- C'était bizarre, ils ont tous quitté l'établissement d'un coup après nous avoir confié le vaccin contre cette épidémie. C'est génial qu'ils l'aient enfin mis au point, mais quand même, c'était pas une raison pour déserter! Enfin, ce qui est fait est fait, hein. Ils avaient peut-être plus de boulot qui les attendaient à Station Square.
   Alidann baissa les yeux. Pour sûr, ses adieux avec Kerem et Thélia avaient été rapides. Adrian était reparti à la capitale comme une furie, vexé de n'avoir rien pu faire pour s'attirer tous les mérites, finalement. Le jeune informaticien avait longuement insisté pour inciter le fils de Shutarô à repartir sur le continent avec eux. Mais pour Alidann, ce n'était vraiment pas envisageable. Il ne pouvait pas la laisser seule.
   Il ferma les yeux en pensant à Candice. Tous les accès au laboratoire avaient été condamnés, et pas plus de recherches n'avaient été faites. Les derniers Rouages que Shutarô gardait secrètement enfermés dans ses souterrains avaient dû finir par mourir de faim. Et l'histoire du laboratoire d'Helena s'était tue sans faire plus de vagues...
- Eh mon garçon, je vais prendre la relève si tu veux, déclara le fermier. Va te reposer un peu à l'ombre, tu l'as bien mérité.

La voyez-vous encore, cette lueur?...

   Alidann se retourna en décochant un dernier sourire, une larme glissant sur sa joue foncée par le soleil.

   
Oui... je me demande si on la voit encore.

   Cette lueur de tristesse.

















Remerciements

Eh bien, une fois de plus, c'est une fiction qui s'achève! Mille mercis à tous ceux qui m'ont soutenue, car je pense que c'était là ma dernière histoire. Enfin, maintenant, qui sait de quoi demain sera fait...

Un grand merci à :



Capita
Shadtty
shadow/ombre
Miko
Sonic vs Knuckles
Naomi
Hunter
jumi 67
Bledengor
Yohvui
Kouratine the echidna
Maëva
Yoshimini
Vanille
Moona-chan
Ma Cyber-jumelle de la mort qui plane sur l'axe de rotation Paris-Toulouse avec un angle de cinq Pi radian
Donfy (Blackdoom)

... Et Hawk, en mode lecteur final! XD


Et la mention spéciale est attribuée à Capita et Donfy, pour m'avoir critiquée encore plus que les autres et pour avoir deviné mes stratagèmes divers avec une aisance peu commune!

A bientôt sur le forum, sur DeviantArt, ou aux Irls! =3






Titre: Re : Tetrix
Posté par: Sephyra le Juin 21, 2010, 06:35:24 am





   Il n'avait pas fermé l'oeil. L'herbe était fraîche, l'air bon à l'ombre, le bruit du vent agréable...
   Mais comme toujours depuis que tout était terminé, il ne trouvait pas le sommeil.
   Allongé sur le dos, les jambes croisées, ses bras lui servant d'appui-tête, Alidann rouvrit les yeux.
   D'un regard paisible, il chercha le ciel parmi le dense feuillage des arbres. Mais la moindre trace de bleu, aussi belle fut-elle, n'arrivait pas à lui faire dire que cette vie était celle qu'il avait toujours souhaitée.
   Il se surprit alors à s'imaginer son visage. Sa voix, en écho, murmurait à ses oreilles. Il ferma les yeux à nouveau.

   Je me demande où tu es, maintenant...

   Son esprit étonnamment calme, il n'écouta que les battements de son coeur.

   Moi? Je suis là où j'ai toujours été, voyons.

   Sans même s'en apercevoir, il sourit, comme s'il s'était mis à respirer un air nouveau, un air de bonheur.

   Au fond de ton coeur.

   Alidann se releva subitement, épousseta son pantalon et attrapa son râteau. Chaleur ou pas, il lui restait des choses à faire.

   Tu repars travailler? Fais attention au soleil, tu pourrais avoir mal à la tête.

   Alidann sourit.
- T'es gonflée, dit-il tout haut avec un sourire. Rien au monde ne me filait plus la migraine que ton Esprim, quand tu t'amusais un peu trop à me titiller avec.
   Il repartit sans rien ajouter dans le champ ensoleillé, le râteau sur l'épaule.
   La lueur s'était éteinte.
   Mais, malgré tout, il lui fallait travailler dur dès maintenant. Travailler tant que le soleil était là, et puisque les jours défilaient les uns après les autres, sans s'arrêter.
   
   

   Parce que les jours défilaient, et que le vent d'automne serait bientôt de retour.





















   
TETRIX - Fin



Titre: Re : Tetrix
Posté par: Hawk the Flying Hedgehog le Juin 21, 2010, 09:15:59 am
Coucou Belle-Maman.

Pour la fin de ton histoire, voici une petite surprise : tu as un nouveau lecteur ! Avoue que tu t'y attendais pas !
En fait, je suis tombé dessus par hasard, du coup j'ai lu le premier rapport, et je me suis retrouvé captivé !
Du coup, j'ai pu lire toute l'histoire d'un seul coup. Bon ça m'a pris ma matinée, c'est pas très sérieux... XD
En tout cas, c'est vraiment excellent, j'ai été captivé du début à la fin, j'ai même versé une tite larme à la fin !
Vraiment, un grand bravo pour toute l'atmosphère qui s'installe dès le début et qui dure tout au long de l'histoire. C'était très drôle de tout lire d'un seul coup, et de voir les commentaires des autres au fur et à mesure. Surtout ceux de Donf, moi j'étais pas du tout d'accord avec lui sur Shutarô, je pensais qu'il était gentil. Je me doutais qu'il avait un lien avec la création du Tetrix, mais je voyais plus un accident que quelque chose de volontaire. Bon par contre, Adrian dans le fond, ça reste un gros salop ! Ça je l'ai senti dès le début !
Pour la "mort de Shutarô" par contre, je ne me suis pas fait avoir. En lisant que son visage était méconnaissable, je me suis dis que c'était facile de le faire survivre et de mettre le badge pour faire croire que c'était lui. Je suis content d'avoir anticipé ça. Bon par contre, je pensais vraiment que les Rouages étaient envoyé par Adrian. Surtout après la discussion avec le président. Mais en fait tu as très bien écrit ton truc, parce que tu parle "d'assaut" sans en dire plus, nous on pense à l'attaque de monstre, alors qu'en fait, il s'agit juste de faire tomber le laboratoire.
Par contre, je suis trop triste pour Candice, moi je voulais pas qu'elle meure... bouhhhhh :(

Bon en tout cas, c'est vraiment une excellente fic, et elle mérite bien sa place dans le Bestof ! Bravo Belle-Maman !


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Capita le Juin 21, 2010, 09:52:32 am
*/choppe un Vuvuzela et souffle d'un coup dedant à l'annonce de la fin/*

Moi je dis GG o/ Enfin non! Pas que GG.
J'sors du français donc pour faire un commentaire digne de ce nom, compte pas sur moi o/ Procédés et autre tambouille gramaticale, je vous emm... */SBAF
Donc, voilà l'histoire conclue ! D'une manière très...Calme je dirais, comparé au carnage des rouages. C'est ça qui m'a touché le plus, le calme de cette fin. Alidann, dans ce champs, à bosser sur l'ile qu'il n'a finalement pas quitté...

Justement ça fait comme un souffle de paix, suite à tout le bordel occasionné par Shûtaro l'megalo et compagnie. Enfin ! <3.... ça fait plaisir de lire cette fin, après ce maudit français d'bordel de fesse.

Et puis... Et puis merci d'avoir fini cette fic, de l'avoir écrite comme tu le fais. Vraiment ça fait plaisir à voir ! Encore une bonne fic de terminée <3 Genre ça doit être ta 4ème, 5ème sur le forum ? Y'a de quoi faire !

En ésperant qu'il y ait d'autre chose d'écrites plus tard <3 !


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Blackdoom le Juin 21, 2010, 10:55:42 am
Ouais ! Candice est crevée ! Cool ! \O/ *Se fait écraser par un trois tonnes
Ah nan franchement ça déchire ! Shutarô qui crève, tant mieux pour lui ._. Candice qui crève, c'est cool ! Laurier, c'est moins cool... D'ailleurs c'est dommage, on parle pas de lui à la fin. T'aurais dû laisser une petite phrase sur son enterrement en tout anonymat, quelque chose comme ça, et faire le lien avec les tristes événements enfin terminés de ce laboratoire. Ca aurait fait une petite conclusion tragique é_è
Mais même sans ça, ça déchire. Vraiment.

Tetrix terminé, enfin. Ca aura pris du temps, des retombés, des remises en route, des attentes... Pour finalement se déverser d'une traite pour les derniers rapports. 'Va falloir prendre un peu de recul, laisser planer les émotions, puis relire tout ça dans quelques temps. Oui, c'est ce que je compte faire. Les révélations se sont bousculées dans les derniers rapports, j'ai encore du mal à me faire à toute cette histoire. C'est tellement bien ficelé aussi ! Reprendre la fic depuis le début en connaissant les secrets sera une nouvelle relecture. Et ça c'est cool !
Et bien voilà, en tout cas. C'est bel et bien terminé. Tu as toujours ce réflexe du dernier paragraphe d'épilogue après les remerciements. Je ne crois pas te l'avoir déjà dit, mais j'ai toujours adoré ça. C'est un peu comme une scène finale après les crédits de fin, avec le "TETRIX - fin" qui apparaît en blanc sur un fond noir, puis qui disparaît lentement, avec en arrière-plan le doux bruit du vent et les chants des oiseaux...
Ah j'ai trop kiffé TOT

En tout cas merci. Merci, sincèrement. Encore une fiction de terminée pour toi, encore un lot d'émotions pour nous. Vraiment, tu gères, c'est incroyable. Que ce soit musique, chant, dessin ou écriture, t'as un don incroyable pour tout ce que tu touches. Tu fais chier hein.*SBAF
Il ne me reste que les derniers rapports à imprimer pour avoir la fiction en complète. Par contre j'ai que deux dessins pour illustrer tout ça, alors je voulais te demander : tu pourrais pas faire un post pour regrouper les dessins sur Tetrix ? A la fin en plus, ce serait cool <3
Même les brouillons et les esquisses je m'en fous, tout ce que tu as crayonné pour ta fic quoi. Ouais je t'en demande trop, et alors ? è__é Au boulot feignasse, le bac est bientôt terminé !
En parlant de ça, merci aussi d'avoir posté en période d'exams. Ca fait baisser la tension des épreuves, ça nous permet de penser à autre chose le temps d'une petite lecture. Vraiment, merci.
Tu gères quoi TOT

Tetrix est terminé.
Un univers s'achève.
"Mais qui sait, peut-être l'histoire ne fait-elle que commencer ?"

Bonne continuation à toi, dans tout ce que tu pourras entreprendre ^^


EDIT : si je puis me permettre...

Citation
- Et toi Thélia Emilen, lança Adrian en brandissant le flacon rempli du Quatrem dans sa main valide
Ca m'a tilté dans ma lecture, mais vraiment à part quand on tombe dessus, sinon ça dérange pas et ça n'enlève en rien la beauté de la fin. D'ailleurs je l'avais totalement oublié en écrivant mon commentaire dans un premier temps x)

Et je me permets deux/trois suggestions de mélodies pour accompagner cette fin tout en tristesse, et, paradoxalement, en espoir sur l'épilogue.

http://www.youtube.com/watch?v=ISfPnCFXT6g
Forgotten September ~ Two Steps From Hell
Pour le côté très tragique de la fin de shutarô et de la mort de Candice. A écouter en repassant le texte à partir du moment où Candice se plonge dans sa tristesse de revoir sa mère, quand le tube s'effondre et où tout s'emballe. Terminer le choeur de la mélodie au moment où le sous-sol s'effondre, sur le dernier sourire de notre personnage.

http://www.youtube.com/watch?v=Td_FeAkoy-k
Forever in my dreams ~ Two Steps From Hell
Ne concerne que l'épilogue par son côté beaucoup moins tragique, plus dans l'idée d'un renouveau, de l'espoir. A laisser en arrière-plan en relisant le dernier paragraphe, après les remerciements. Concorder l'apparition du choeur avec "Au fond de ton coeur" et laisser la mélodie se terminer en imaginant la scène de fin se braquant lentement sur le ciel bleu. Fondu en noir, chants d'oiseaux et léger bruissement du vent avec "TETRIX - Fin"

http://www.b9cc.com/edop/13276.html
Sapphire ~ Kalafina
Musique de fin. A écouter, l'esprit ailleurs, l'imagination entière dans l'univers de Tetrix. Laisser porter par la mélodie au violon, au piano, par la voix, par les choeurs derrière...
Sentir la puissance du tragique et l'univers glauque, sans oublier l'amour qui lie ces deux existences effacées à jamais par le poids d'une folie passionnée d'un bien mauvais père.


Titre: Re : Re : Tetrix
Posté par: Hawk the Flying Hedgehog le Juin 21, 2010, 11:40:26 am
t'as un don incroyable pour tout ce que tu touches.

Je suis désolé, il fallait que je sorte cette phrase de son contexte...
*FUIT*


Titre: Re : Tetrix
Posté par: Feurnard le Juin 21, 2010, 12:46:27 pm
Tous ceux qui précèdent ont certainement raison, mon opinion ne fait que diverger.

La fin rompt avec le reste du récit, comme prévenus, elle est brusque. Les deux derniers rapports accumulent les retournements de situation.
Ceux-ci ne valent plus alors que pour eux-mêmes et quelqu'un d'exigeant risquerait de dire qu'ils tirent en longueur. Il y a quelques facilités comme l'arrivée d'Adrian, la moins justifiable, et le second flacon. L'ancien mobien aussi...
Aussi, à mes yeux, les Rouages ont été mis de côté. Après avoir tant insisté sur leur férocité, ils n'entrent même pas en compte dans la résolution.

Tout le récit s'appuie sur la surprise, c'est un procédé comme un autre mais c'est aussi mettre tous ses oeufs dans le même panier. Il y aurait eu moyen de commencer le récit par le rapport XIX. Mais je crois avoir manqué le coche du côté "enquête".

Dernière remarque, qui n'est pas tout à fait justifiable, tes personnages perdent corps, à la fin ils ne sont plus que des noms.
Quitte à compléter donc, l'histoire manquerait de descriptions pour ancrer le récit, le séquençage des descriptions serait à mûrir ainsi que la structure du récit, à part quoi il est inutile de rappeler tous les commentaires qui précèdent.

Quand même, une requête si je peux me permettre, une fin alternative serait appréciée... pour les déçus qui s'attendaient à "autre chose".