Petit bonjour aux nouveaux, embrassade aux anciens ; je reviens !
Chapitre 7 : Menacée.
" Un revolver chargé est toujours plus convaincant qu'un discours n'est ce pas ? "
Cette phrase incisive et directe revenait sans cesse aux oreilles de Rouge, telle une ribambelle sans fin. Ces mots avaient été prononcés avec un tel accent, sous entendant un tel sens, que la chauve souris ne pouvait que se remémorer ces mots, sans s'arrêter. Elle était effrayée par une phrase, une simple phrase ! Cet homme était un ennemi redoutable, elle n'en doutait pas, d'autant plus que pour l'instant, c'était lui qui dominait le duel, lui qui savait dominer les mots. Elle était entre ses mains, livrée à son service, à son bon vouloir. Elle ne se risqua pas à imaginer les missions qu'elle devrait accomplir. Pour l'instant, elle se trouvait dans une chambre, en sécurité, seule, sans possibilités d'évasions et sans raisons de s'évader. Elle n'était, somme toute, qu'une captive passive. Si ce n'était cette phrase qui le martelait les tympans, elle serait presque tranquille. Le calme avant la tempête, songea t'elle. Et en effet, on sonna à sa porte. Rouge estima qu'il c'était écoulé à peine quelques dizaines de minutes depuis la visite de son nouvel employeur, il ne perdait pas de temps. Elle ouvrit. Ce n'était pas lui, mais un homme de grande taille en tenue de cuir noir dont le visage était mangé par une barbe broussailleuse. Ses jambes campées parfaitement droites et perpendiculaires au sol, son maintien, indiquaient de longs entraînements militaires qui avait dû lui coûtaient cher. Il lui en restait une cicatrice le balafrant de la joue droite jusqu'au bas du menton. Le bras droit par excellence, la loyauté même s'exhalait de toute sa personne. Elle ne fut donc pas surprise quand la voix qui s'éleva de l'impressionnant thorax du brave petit soldat s'avéra grave, puissante et bourrue.
" Espionne au service du gouvernement nommée Rouge depuis plusieurs années, a fait ses preuves dans plusieurs affaires compromettantes envers le gouvernement et dans l'affaire de l'A.R.K. Qualifiée. Passion inconnu envers les bijoux, collectionne les amours. "
Il s'arrêta un petit moment le temps de reprendre son souffle puis décolla les yeux de sa fiche et regarda la fichée dans les yeux.
" En d'autres termes, un débris de femme vulgaire qui doit être éradiquée de notre société. Je ne comprends vraiment pas pourquoi l'Oeil vous a recrutée. "
Très vive, Rouge déchargea son regard de velours noir comme un orage et envoya son pied comme un éclair dans les parties génitales de son ficheur.
" Femme, et fier de l'être, déclama l'espionne hautaine. Petit soldaillons, je ne suis pas un débris et encore moins vulgaire, par contre la tête avec laquelle tu vas sortir fera une bien méchante grimace si ça continue ! "
Le souffle coupé et la cible atteinte, plié en deux, il émit un long grognement. Puis se releva, très digne. C'était vraiment un militaire pur sang. Indignée, mais impressionnée par le rétablissement si rapide, elle se demanda si elle y était allée assez fort. Et recommença donc, rien que pour vérifier. Le pied partit, sauf que, en bon lieutenant que la même erreur ne peut surprendre, il anticipa d'un vif recul, et répondit à l'attaque manquée d'une claque retentissante.
" L'Oeil mise beaucoup sur vous, j'éviterais donc de vous abîmer. Cependant, soyez avertis, je suis le Lieutenant en chef de l'Oeil de sang, son plus proche allié, son plus intime commandant. J'ai donc, sur vous, autant droit de vie que de mort...
Il lui caressa alors le menton, et esquissa un geste vers sa poitrine...
" ... mais ce serait vraiment gâché de la bonne matière première. Vous pouvez m'appeler Gonzales. "
Rouge ne trembla pas. Elle le fixa intensément, plongé dans les yeux marrons broussailleux du lieutenant, sans sourciller. Des hommes, elle en avait vu sous tous les revers, sous toutes les coutures, les connaissait et n'en avait pas peur.
- Jamais.
- Cela viendra... Enfin, venons en au motif de ma visite. Soyez heureuse, vous avez votre première mission ! Vous allez devoir hem... subtiliser des documents dans un laboratoire côté de cette ville. C'est un labo inintéressant avant la Lune Rouge, mais ils ont découvert quelque chose qui pourrait bien renverser le cour des choses. Il est à l'est de la gare, un tour à gauche et vous y êtes, mais prudence ; il y a des émeutes, vous en profiterez et éliminerez tout ce qui s'oppose à vous. Tous les moyens sont bons, votre victoire sera récompensée en joyaux et en ... temps de vie. Dans le cas contraire où vous échouerez, j'ai tous pouvoirs sur vous...
Il la prit par la taille, et l'embrassa dans le cou.
" J'ai des goûts assez spéciaux, mais vous ferez bien l'affaire, allez... "
Il desserra son étreinte et sortit vivement.
Rouge s'effondra. Qu'allait elle faire en prise avec cet homme brillant qu'était l'Oeil de Sang, et la brute perverse qu'était son Lieutenant ? Que faire ? La porte était restée ouverte... Était ce le commencement de sa mission ?
En tout cas, elle sortit. C'était un long, très long corridor avec de multiples chambres semblables à la sienne, même teintes, si ce n'est un numéro pour chacun et ... un nombre d'étoiles variant de 1 à 5. Elle avait 5 étoiles. Devait elle se sentir flattée ? Elle marcha pendant un temps qui lui sembla infini, jusqu'à trouver une large fenêtre entrouverte, d'un espace suffisamment grand pour lui permettre de s'y faufiler, et s'y introduisit. Elle s'envola, pour survoler une magnifique vision. Quel paysage ! D'une beauté infinie sur une légère colline dans la ville enflammée par la révolte, l'édifice qu'elle venait de quitter comportait en réalité un nombre incalculable de chambres visibles à travers le mur quasi transparent du bâtiment. Pour elle, c'était une poésie architecturale... Sinueux, tels des milliers de vipères mortelles, dangereuses et séductrices... Elle ne s'attarda toutefois pas : sa mission, le sentait Rouge, ne tolérerait aucun retard. Repérant des lignes de chemins de fer, elle se lança à la suite d'un qui traversait la cité. Elle se retrouva devant une gare des plus banales, au milieu de gens banals qui cherchaient désespérément à quitter cette ville. L'exode. Comme quoi, à leur époque, c'était encore possible. Donc, devant l'arrêt des lignes ferroviaires, elle prit à droite, puis à gauche, pour s'arrêter à un immeuble blanc resplendissant avec comme enseigne peu entreprenante :
" Institut de Recherche de Metropolis. "
Plongeant en piqué, elle fondit sur le toit. De là, aux prises du vent, elle eut quelques difficultés à trouver une prise où s'accrocher, et quêtant des yeux une trappe, la trouve enfin sous l'allure d'une plaque métallique. Elle la tira, et entra.