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Suite et fin de la 1ère partie... Mouahahaha! La fin, la fin! Vous entendez? Enfin... Lisez?
Elle alla à la fenêtre, et put constater qu’en effet, il devait faire froid. L’extérieur était presque invisible. Cela était du à la couche de givre recouvrant les carreaux, mais pas seulement. Des tourbillons de neige masquaient la vue de telle manière que l’on se croyait et dans le brouillard, et dans l’œil d’un cyclone. Elle voyait que la neige était remontée à un certain niveau, engloutissant un arbre dénudé dont seules deux ou trois branches effilées et tordues dépassaient. Elle voyait à travers la poudre blanche tournoyante des lueurs jaunes vacillantes. Apparemment, ils n’étaient pas les seuls éveillés, ce qui voulait dire qu’il n’était pas si tard qu’elle l’aurait cru. Elle remarqua dans un espace apparemment vide, une unique lumière bien plus vive que les autres, malgré sa teinte rouge. Elle brillait par intermittence. Parfois elle devenait aveuglante. A d’autres moments, elle ne faisait penser plus qu’à une braise en fin de vie.
« C’est quoi ? Demanda la renarde à Karim. »
L’échidné s’approcha, puis regarda dans la direction dans laquelle le doigt de son amie pointait. Il haussa les épaules, puis répondit avec désinvolture.
« Sais pas… »
Cette lueur resterait un mystère auquel Karim tenta quand même de donner une réponse.
« Peut-être l’œil de Sauron du Seigneur des Anneaux. - T’es nul… »
Elle s’en retourna dans son lit, se rendant compte qu’elle avait froid, même en étant à l’intérieur, avec un radiateur dans les environs. Elle s’emmitoufla dans les couvertures et fixa ses yeux sur le plafond boisé. Karim s’assit sur le bord du lit, ses bras tendus derrière lui, alors qu’il s’intéressait à un point invisible d’un air songeur. Elle lui jeta un coup d’œil, se demandant ce qu’il pouvait bien cacher.
Les quatre amis avaient fait un accord commun dès leur rencontre. Celui de ne jamais parler de leur histoire personnelle. Seule Windy ne respectait pas la règle, mais il fallait dire qu’elle avait un jour révélé accidentellement sa condition sociale. Il se pouvait que ses trois amis cachent des choses inimaginables. Elle avait une vie bien banale à côté. Elle n’avait donc aucune raison de se cacher, mis à part le dégoût qu’elle pouvait inspirer en signalant qu’elle était de la classe prolétaire.
Elle se détourna du visage de l’échidné, frottant son museau contre le drap doux, pour finalement faire de même avec ses joues. Elle ferma les yeux. Puis se rappela un détail.
« Au fait Karim… Pourquoi vous voulez passer de l’autre côté de l’océan ? - Shadow a un double là-bas, et Blaze veut le rencontrer. - QUOI ? Et pourquoi on est mêlés à ça ? - Car Grinat veut draguer un de ses copains… - C’est… N’importe quoi ! Dans quoi me suis-je encore embarquée ? - Allez, arrête de te plaindre, t’es chiante ! Ca va être sympa ! Au moins, on continue d’avancer. » Le silence reprit possession de l’endroit, bien que celui-ci ne fût pas complet. Elle entendait dehors le vent gronder, faisant grincer quelque peu les poutres au-dessus de la chambre. La renarde avait l’impression d’avoir un poids sur son estomac.
Elle se croyait débarrassée définitivement de Shadow, et elle découvrait qu’ils allaient chercher son double. D’abord, c’était bizarre cette histoire. Pourquoi un hérisson maléfique aurait-il un sosie ? Qui l’aurait fait ? Et pourquoi pas cloner un hybride moins dingue ? Puis c’était morbide tout ça. Des clones… Ca la dégoûtait. Une copie peut-être créée dans le fameux complexe scientifique… Beurk, Shadow était peut-être un cobaye du clonage ! Enfin, heureusement que l’un des deux était mort. Un hérisson c’était insupportable, alors deux… Elle n’osait pas imaginer comment le monde irait avec deux individus comme Shadow.
Windy ne se sentait pas complètement réchauffée, ce qui était désagréable pour elle. Elle jeta un coup d’œil à Karim. Elle se demandait comment lui faisait pour supporter la température. Elle réfléchit un moment à ce mystère de la nature.
« T’as pas froid ? Demanda-t-elle. - Si. La soirée va être longue. - J’ai compris… Fit-elle d’un air faussement résigné. J’te laisse une place ! »
L’échidné se tourna vers elle, ne laissant aucune expression le trahir. Puis comme elle repoussait quelque peu sa couverture, il abandonna ses chaussures sur le plancher et vint la rejoindre. Windy passa sa couverture par-dessus le dos de Karim, qui s’empressa de serrer les draps et les morceaux de laine contre lui. Ils se serrèrent l’un contre l’autre, cherchant à se réchauffer mutuellement.
« Dégage tes pieds ! Ils sont froids ! Rouspéta Windy. - Rah nan ! Ils vont se réchauffer après ! - Chuis pas d’accord ! - Je m’en fous. »
Windy ramena ses jambes en arrière, ce qui fit que Karim alla les récupérer avec ses pieds. Après une bataille qui faisait trembler Windy à cause du froid désagréable que représentaient les pieds de Karim, la renarde finit par abandonner. Mais ne voulant pas céder la victoire si facilement, elle se vengea en tirant sur les tresses de Karim, qui se contenta de lâcher un « aïeuh ! ». Par la suite, ils restèrent enlacés, Windy parvenant à se rendormir (nda : Je sais, elle et Shadow arrêtent pas de dormir…), alors que Karim s’impatienta de l’arrivée du jour. Il se réconforta en se disant qu’au moins, le temps lui paraîtrait moins long, grâce à la chaleur qu’il partageait. Et puis ça n’était pas si désagréable. Il n’était pas du genre à avoir une peluche, mais il voyait ce que ça faisait, vu que le pelage de la renarde était plutôt doux (nda : Nan, nan, il ne s’est pas amusé à la caresser…). Finalement, l’échidné trouvait que partager l’oreiller avec Windy était plutôt sympa.
Le vide était perturbé aujourd’hui. Il y avait comme des tressautements dans l’ambiance. Si elle était un moment inexistante, sans saveur, à un autre, elle devenait lourde, et l’impression qui s’en rapprochait le plus était la viscosité.
Qu’est-ce qui se passait ? Parfois il sentait comme un choc électrique, et pire encore, il en prenait conscience. N’était-il plus vivant ? Dans ce cas, pourquoi ressentait-il ces choses ?
Il se sentait presque exploser d’un trop plein d’informations alors que parfois cette pensée le traversait : « j’existe ! ». Mais peu de temps après, il oubliait immédiatement, comme si ses fonctions de mémoire étaient endommagées.
Il ne se rappelait pas de ses fameux éclairs de lucidité, de vie, de semblant de matière. Il n’avait même pas la mémoire pour se dire qu’il devait se rappeler. Il sentait juste un vide pur. Un vide qui prévenait toute prise de conscience, tout regain de mémoire. Un vide si vide qu’il en devenait artificiel. Et paradoxalement, ce vide était opposé au manque. Pourtant, c’était le manque qui provoquait ce vide… Tout comme le vide semblait engendrer le manque. Mais ce n’était pas la même chose. Le vide était l’inexistence, une sorte de lieu… Ou plutôt de non-lieu. Le manque était ce qui remplissait le vide de vide, mais le manque, lui existait. C’était la chose qui faisait qu’il n’était pas effacé.
Enfin… Vide, manque, existence… Peu importait. L’important pour le moment, c’était ces fameux soubresauts. Si la mémoire était toujours là, il constaterait qu’ils étaient de plus en plus fréquents. Si il se souvenait, il verrait que ces fameux battements avaient un contenu très riche. S’il se rappelait, il comprendrait que les assauts que subissait le néant venaient de sa mémoire disparue. Mais comment pourrait-il s’en rendre compte ? Il était condamné à vivre au jour le jour… A la seconde près, et encore… Dans l’instant, uniquement dans l’instant !
Un éclair. Ca recommençait. Cette fameuse apocalypse qui rendait tout blanc. Enfin, pourquoi pensait-il ça ? C’était la première fois qu’il ressentait ça ! Même si un pressentiment voulait lui affirmer le contraire. Quand l’éclat se dissipa, ce fut pour apporter son lot d’images quotidien. Sa conscience prit le pas sur l’inconscience, rétablissant durant quelque temps ses fonctions de mémoire, bien que le fait qu’il puisse se tenir éveillé correspondait à une anomalie auquel le vide tenterait de remédier immédiatement.
Le premier relent de souvenir qui parvint à ses sens fut une odeur. L’iode marin. Les relents étaient piquants, amers, capricieux.
Son ouïe ne tarda pas à capter le grondement furieux des vagues s’écrasant contre la berge. On entendait d’abord comme une caresse qui devenait un sifflement agressif. Puis le son explosait et se répercutait, laissant des traces dans l’esprit, sans pour autant s’achever comme il avait commencé.
L’humidité s’infiltra par les pores de sa peau. Ce qui lui fit se rendre compte qu’il avait momentanément récupéré son corps. A moins qu’il l’ait toujours, même dans le vide. Mais pourtant, il avait l’impression que le tas de chair qui le recouvrait ne lui appartenait pas. Comme si son propre corps était enfermé dans un autre être charnel. Quant à ce qu’il ressentait, c’était trop feutré pour être des impressions immédiates. Juste des réminiscences.
La vue mit quelque temps à venir à son tour. Il fallait dire que l’éclat lumineux l’avait aveuglé. Cependant, la déchirure blanche semblait s’atténuer, lui permettant d’apercevoir des contours. Il put voir face à lui une mer mouvementée, de teinte argentée et dont les vagues s’enroulaient avant de frapper violemment le sable, manifestant sa colère par de l’écume bouillonnante. Le ciel était très nuageux, allant de paire avec l’étendue maritime. Il était blanc mais s’assombrissait en allant vers les terres.
Il se retourna pour voir des falaises lui masquant le paysage et découpées un peu grossièrement. A certains endroits, le calcaire était creusé par la marée, créant des abris surnommés « confessionnaux » par les peuplades locales. Autre part, c’étaient des monticules d’éboulis récents qu’il y avait au pied des parois verticales. On pouvait voir les différentes strates terrestres ainsi qu’une couche de neige au dessus d’un marron plus argileux, tandis que les roches inférieures gagnaient en dureté.
Il se tourna vers les deux directions qu’il n’avait pas encore regardées, soient sa gauche et sa droite. D’un côté, la falaise mangeait la plage et montait plus haut. De l’autre, le mur naturel reculait et se creusait de sorte à faire une baie. Il remarqua une silhouette difforme et une autre longiligne venir de cette direction en allant dans son sens. La brume faisait qu’il était difficile de bien percevoir les deux monticules vivants. Il décida de faire mine de n’avoir rien remarqué et se contenta de suivre le mouvement des vagues, qui révélaient un sable doré là où elles léchaient la côte, contrastant avec la neige sous ses pieds. Il percevait quelques cailloux, et les grains étaient de forme plutôt brute. Il voyait aussi un épi rocailleux s’enfoncer dans l’eau à l’horizontale. Il était apparemment glissant, vu les mousses et les algues qui s’y collaient.
Après avoir patienté, il se tourna vers les deux individus, qui s’étaient bien évidemment rapprochés. Il les regardait venir du coin de l’œil. La personne difforme était en fait une créature qu’il n’arrivait pas à identifier, à cause de la multitude de couches de vêtements qu’il avait vu sur son dos. Il put distinguer des traits fins, qui donnait un aspect fragile à l’être au pelage jaune pâle. D’autant plus fragile qu’il ne serait pas étonné de voir l’individu tomber sous cet amas de peaux et de fourrures. L’autre personne était presque deux fois plus grande. Une vraie perche. C’était un être humain. Une femelle. Elle portait des vêtements se confondant avec la neige. Un manteau de matière animale, recouvert de poils blancs apparemment très doux. Si long qu’il tombait au dessus de ses genoux, pour laisser paraître des bottes en cuir décoloré. Des flocons de neige étaient accrochés à ses cheveux châtain clair. Et ses yeux s’accordaient bien avec ceux de son compagnon : un bleu glacé. Elle avait un port du cou très droit, et la peau très pâle, bien qu’agrémentée de taches de rousseur sur les joues, et rosie par le froid. Il ne la connaissait pas, et pourtant, il s’adressa à elle sur un ton familier.
« C’est pour me présenter cette boule de chaire que tu m’as fait venir ? »
Il vit les sourcils de l’autre se froncer et lui jeter un regard furieux. La femme parla avant qu’il ouvre la bouche.
« Exactement, c’est un détenteur de la vie. - Ca ? fit-il étonné. »
Ca… Il aurait pu aussi bien dire ce truc, ce machin, ou ce bidule, mais apparemment, sa langue lui avait commandé de rester poli. Ce qui ne l’empêcha pas de pointer la chose du doigt impoliment. Sa posture de coq devait être assez drôle à voir, étant donné qu’il se tenait très droit, pour se faire grandir un maximum. Ce qui ne lui permettait pas de dépasser la boule, la dominant largement par sa taille. Il pouffa.
« Il n’a pas l’air puissant ! - Et toi tu n’as pas l’air d’avoir de cerveau… se manifesta l’ami de Cadelle. - Tu me sous-estimes… grinça son corps. - Apparemment, toi aussi. »
L’emmitouflé se tourna vers l’humaine.
« Ce petit diable me donne envie de vomir. Où l’as-tu dégotté, Cadelle ? - Ce petit diable comme tu l’appelles, s’énerva le concerné, est le plus grand détenteur du chao que l’histoire ait jamais recensé ! »
L’autre laissa échapper un rire moqueur. Il s’approcha, puis posa un doigt sur le haut du crâne du détenteur du chao.
« Je ne trouve pas très grand, petit diable ! Il faut que je me penche pour pouvoir toucher ta tête ! »
L’énergie de l’insulté enfla, et l’autre se retrouva encastré dans la falaise.
« Cadelle… Ce type est trop orgueilleux. - Toi aussi tu l’es, Malavi. Rappelle-toi que tu ne m’aimais pas non plus au départ. - Y a que toi et ta famille que j’apprécie, répondit le détenteur du chao en haussant les épaules. - J’ai vu ça, tu t’entends bien avec Papa. Sa planète natale est la même que ce renard. - La Terre ? »
Le détenteur du chao s’éclaira, alors que la flamme sur sa tête crépitait plus fort. Il sentit un regain d’intérêt pour cette personne informe.
« Dis-moi comment est la Terre ? Cadelle m’a dit que c’était encore plus insolite que Kazan. Pourtant je trouve cette planète très bizarre ! »
Le détenteur de la vie ne semblait pas partager l’enthousiasme de Malavi. Il abandonna la paroi de la falaise pour se joindre à eux à nouveau, formant la pointe d’un triangle dont chacun des sommets était un détenteur. L’individu se tourna vers Malavi, le jaugeant du regard. Finalement il se détourna, parlant sur un ton suffisant.
« C’est trop facile d’oublier que tu m’as manqué de respect il y a quelques secondes. »
Le détenteur de la vie s’éloigna pour se mettre à part. L’humaine l’appela, l’impatience perçant dans sa voix.
« Enki, grandit un peu ! Ce n’est pas parce qu’il t’a insulté que tu dois faire la tête ! C’est un comportement normal chez Malavi. Tu vois bien que lui t’a déjà pardonné ! - Cette chose est repoussante. Il est tout noir, tout petit et ses manières me donnent la nausée ! Désolé, lui je ne peux pas m’en faire un ami. »
Cadelle semblait à bout. Elle tendit la main vers Enki. Une grande colonne de feu sortit du sable enneigé. Malavi recula de quelques pas. Il ne pensait pas que c’était la peine de tuer l’insolent. Il jugeait que Cadelle exagérait sur le coup. Il fut d’autant plus surpris de voir Enki debout, quand les étincelles rouges disparurent. Le détenteur de la vie semblait tout de même bien grillé. Il grogna puis se défit de ses vêtements calcinés, dévoilant son pelage non roussi. Il ne semblait pas avoir senti grand-chose. Du même coup, son estime pour l’hybride monta d’un cran. Il était plus puissant qu’il n’en avait l’air. Il se tourna vers la détentrice du feu.
« Tu te rends compte que… »
Plus rien. La scène venait de se couper précipitamment. Aucun détail n’avait pu le prévenir de l’arrêt du souvenir. De toute manière, il avait déjà tout oublié. Le vide avait repris possession des lieux, et l’inconscience avait fait son retour. Il n’avait même pas eu le temps de se faire surprendre. Tout était redevenu normal, l’éclair ne semblait même pas avoir existé. Le vide. Un mot encore trop consistant pour exprimer ce qu’était son état. C’était tout simplement inqualifiable. Ce n’était pas la vie. C’était le contraire. Ce n’était pas pour autant la mort. Son état était encore plus opposable à la vie que l’était la mort. Il existait un tant soit peu. Mais ça non plus ça n’était pas toujours le cas. Il était immatériel, aucune réaction chimique ne le régissait, seules de vagues explications métaphysiques pouvaient repousser la frontière de son être. C’est comme s’il était une entité fantôme. Encore moins que ça.
N’être ni mort, ni vivant. Même pas entre les deux. Suite: Vertu
« Dernière édition: Février 18, 2011, 01:16:19 pm par rekkua »
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