J'aime les commentaires méchants, alors donnez vous en à coeur joie.
Je te prends au mot.
Chapitre 1 : Rouge sur Noir.
Tout est blanc, dans ce bout de texte. Alors oui, l'homme sur la bête, l'un qui cache l'autre, mais pour les couleurs, c'est râpé. Associer "rouge/douleur" et "noir/non-douleur", pour un début, ce ne serait pas mal. Par exemple quand la vision se trouble, quand on parle de son sang ou simplement l'image "voir rouge".
Bref, titre pas justifié.
Les soldats lui couraient après et il s'engouffrait dans des couloirs mécanisés dangereux... Seul.
Premier sujet, "soldats", second sujet, "il" anaphorique (qui demande un référent). La seconde proposition, avec le "il", n'a plus rien à voir avec la première proposition (les soldats). La relation entre les deux propositions est trop faible, voire inexistante.
"Lui" est anaphorique, les soldats courent donc dans le vide.
"s'engouffrer dans", ce n'est que par extension du troisième sens qu'on l'admet comme "se précipiter avec violence dans une ouverture, un passage." En l'occurence un couloir n'est pas une ouverture et le pluriel ne fait qu'encore plus perdre le lecteur. Qui plus est le sème de profondeur de "s'engouffrer" n'est pas repris, d'où un verbe immotivé.
"Mécanisés" est de trop, ne répondant à rien, ne donnant aucune information utile, brisant l'unité en [d] "dans des couloirs dangereux" avec ses nasales [m] et [n].
Enfin "seul" contredit "les soldats lui couraient après", réduisant d'autant l'efficacité de l'effet stylistique.
Et on continue.
Le hérisson noir et rouge s'élançait désespérément de couloir en couloir, cherchant une sortie inexistante.
Titre, rouge sur noir, description, noir et rouge, inversion inutile qui fait perdre le seul repère de couleur dont on dispose. Description d'autre part trop vague, réduire à une couleur ou développer la seconde, voire étoffer la description en profitant de la narration.
"S'élançait", bon choix, même intensité que dans "s'engouffrait" et même emploi maladroit. Ambiguïté avec la synonymie "bondir", motivée par la séparation "de couloir en couloir", réduite en intensité, qui fait la moitié de son intérêt, par "désespérément" en cela que l'élancement est impétueux. La douleur qu'elle peut exprimer n'est pas reprise et en soi ne correspond pas au cadre intense que veut avoir ce premier paragraphe.
"Une sortie inexistante" pose un problème d'ambiguïté en cela qu'il cherche une sortie qui existe, donc réduction formelle qui porte à la perte de repères. Le marqueur participe "cherchant" manque de force, le substantiver "à la recherche" serait plus efficace, voire détacher la proposition en une phrase autonome. Même chose pour "inexistante", développer en relative "qu'il ne..."
Et on continue.
Puis une sonorité douce bien qu'alarmée vint à son ouïe.
"Vint à son ouïe", périphrase inutile, on parle d'une sonorité. Qui plus est "sonorité" n'est pas voix, cette dernière pouvant à la limite justifier la formulation verbiale.
"Puis" est discutable, notamment parce qu'il n'y a pas d'avant. Un marqueur est inutile, l'emploi d'un duratif imparfait "s'amplifiait" ou l'emploi d'un passé simple plus fort "surprit", "s'imposa" suffit.
"Douce bien qu'alarmée" n'est pas à opposer mais à compléter, "douce dans son alarme" ou "douce et pourtant alarmée". La préférence serait à l'information évidente puis au caractérisant : "alarmée mais encore douce" ou "inquiète et douce tout à la fois". "Alarmée" est de toute manière objectisant (mot inventé pour la cause).
Et on peut continuer encore longtemps.
Pour faire court : pas de repères, manque d'un objet précis, forme maladroite qui nuit au fond.
Simplement les armes démesurées suffisent à briser le début d'ambiance grave de ta description. Ne parlons pas de la "fulgurante langueur".
Motive le passage "torture physique", motive le titre, motive la phrase finale "ton coeur" (en l'associant au noir, par exemple), motive l'apparition "Maria", en fait motive ton texte en général.
Il entendait cependant les voix, des voix discuter sans se soucier d'être entendues ou non qui éclataient, et il reconnut la voix qui l'avait tiré de son rêve.
Pour qu'une anaphore soit efficace, il faut que le mot soit toujours le même.
Ici, "les voix / des voix" et "la voix" sont deux mots différents, l'un pluriel, l'autre singulier. Il ne s'agit donc plus d'une anaphore mais d'une répétition.
En l'occurence, dans cette phrase, "qui éclataient" est de trop, trop loin d'ailleurs de son sujet, trop opposée à "discuter" qui porte le sème de calme.
Qui plus est, l'emploi de l'anaphore rend la coordination "et il..." avec changement de sujet très nuisible, puisque par codage on s'attend à conserver le même sujet "voix".
Autre chose : "les voix, des voix..." demande de développer le mot "voix" puisqu'il a commencé en indéfini commun ("les voix" signifiant un groupe soudé de voix déterminées). Dans ces conditions, l'infinitif rend simplement "les voix" caduc et répétitif, y préférer une relative.
Autre chose : la majorité de l'information continue de passer par les dialogues. C'est par lui que nous apprenons la signification de "rouge sur noir", les raisons de l'emprisonnement (sans en connaître encore les circonstances) et les résultats des événements.
La douleur... Il l'avait vaincue. [...] - Echoué, professeur, énonça de nouveau la voix grave.
Soit il y a reprise d'information, donc répétition inutile, soit la phrase narrative n'informe pas de l'échec et cela confirme mon propos.
Au fait, "énonça..." est inutile puisque "professeur" précise déjà le locuteur et que la forme exprime assez bien, simplement par sa taille, une voix "grave" (au sens général que tu sembles lui donner). Notamment la phrase gagnerait à être coupée fortement après "professeur", pour donner toute sa force au discours.
Quant à "la douleur...", les trois points de suspension, comme leur nom l'indique, suspendent le terme qui exprime, comme son nom l'indique, la douleur, d'où conclusion que la douleur dure, ce qui est contradictoire avec l'énoncé précédent. Qui plus est, toute réflexion sur la douleur est anéantie immédiatement par "il l'avait vaincue", sans parler même de la personnification de cette sensation.
Une dernière chose, pour la mise en forme : je préfère que tu ne fasses pas d'espace entre les paragraphes et entre les dialogues. Simple préférence, personnelle.