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[Fan Fic] [Tails] Face
[Fan Fic] [Tails] Face
« le: Juin 20, 2007, 11:06:33 pm »
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Tout d'abord, l'histoire n'est pas de moi. Le véritable auteur s'appelle Badcoin et le véritable titre est : Digimon Adventure 6.
Pour ceux qui ont suivi le lien, vous remarquerez que l'histoire est en anglais et pour ceux qui lisent l'anglais, que son premier chapitre fait difficilement plus de vingt lignes, dialogues compris, quand le mien tient en huit pages.

J'ai en fait demandé - et obtenu - son autorisation pour réécrire et traduire intégralement son texte en français.
Vous allez donc découvrir l'histoire de Badcoin, un "crossover" de Sonic et Digimon avec en vedette Tails, parce qu'il aime beaucoup Tails et, allez savoir pourquoi, moi aussi.
Si donc vous avez quoi que ce soit à redire sur le contenu même, ma réponse sera invariablement "ce n'est pas ma faute". Sur la forme par contre, ah ah ah, je vous attends de pied ferme.

Je vais commencer en douceur, en découpant le premier chapitre en trois parties, soit au moins trois semaines tranquille pour peaufiner le second chapitre.
Point important, même en cas de réponse, je ne ferai qu'un message par chapitre, donc édition de celui-ci. Après deux semaines, ne vous demandez pas pourquoi ça n'a pas bougé : j'aurai édité.

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Face
Digimon Adventure 6


Chapitre 1 - La bataille perdue

Dans la nuit les nuages noirs pesants formaient une frontière vide et froide, séparant le ciel de la terre. Depuis l’horizon courait une vague foule de feuillages indistincts, ainsi que des lueurs crues telles des astres vaincus qui allaient s’éteindre, les lumières du village. Assis sur une souche d’arbre, le jeune renard cherchait du regard une étoile, ou quelqu’un, au travers du barrage sombre infranchissable. Près de lui les branches pendaient, l’écorce des troncs se chargeait de plaques de mousse incolores et leurs ombres entremêlées, déchirées, rampaient jusqu’à ses pieds. Parfois une goutte d’eau en suspens à la pointe d’une feuille finissait par tomber, avec une brève note douce que provoquait la séparation. Parfois aussi un soudain éclair à l’horizon dévoilait une distante tour de métal, et sa vue faisait frissonner la fourrure orangée du renard. Il s’appelait Tails et, surpris par un cauchemar, arraché à la quiétude du sommeil, il contemplait l’amalgame lourd du ciel, sans savoir comment l’atteindre.
Peut-être ne le voulait-il plus. La quiétude et l’insouciance de ces derniers temps avaient ouvert une brèche dans ses rêves comme dans ses convictions. Lui n’attendait plus rien ni personne, personne dans ce ciel fermé ne semblait l’attendre. S’envoler dans les airs, toujours plus haut, toujours plus loin, avait perdu de son sens. Voilà peut-être, plus qu’une étoile, ce que cherchait dans la nuit le jeune renard. Ses deux queues touffues reposaient sur le côté, à peine de temps en temps remuées mollement. La nuit ne lui offrait pas de réponses, sans doute parce qu’il n’avait plus de questions, parce que, par ignorance ou par indifférence, il était simplement heureux.
Un bruit étrange, vite étouffé, sorte de tintement de cloche, surprit son ouïe, mais très vite ce silence d’encre retomba. Comme le bonheur n’était pas un crime, le renardeau finit par se lever, un dernier regard dirigé vers la masse céleste, avant de regagner le village.

Des coups portés à la porte de sa chambre firent se lever en sursaut le renard. Sonic se tenait dans l’encadrement, un large sourire accueillant à son visage.
- On se lève, Tails ! Il est déjà dix heures !
Le renardeau passa longuement la main sur ses yeux, trop vite arraché à son rêve qui demeurait quelque part au fond de son inconscient. Par la fenêtre fermée rentrait une lumière chaleureuse, avec les rumeurs lointaines de la rue où défilait déjà l’activité du village. Parce qu’il avait son lit près de la vitre, le jeune renard n’eut qu’à tourner la tête pour regarder au travers, puis quitter son lit dans un bâillement. Sonic parlait d’une rencontre faite dans la rue, et de l’odeur des cuisines.
- Eh, tu m’écoutes ?
- Bien sûr.
Peut-être le renard n’était-il que mal éveillé, et Sonic choisit cette option pour lui répondre, occupé cependant à ranger une série d’anneaux dorés, pendant que son ami enfilait ses chaussures et ses gants. Un seau d’eau reposait dans un coin de la pièce, rempli d’eau dont la surface refléta les traits du jeune compagnon. Lui aussi se trouvait moins souriant que d’habitude. Il plongea ses mains, effaçant l’image, pour se rafraîchir le museau, ensuite s’essuya avec une serviette fine et un peu rêche. Le hérisson bleu attendait devant la porte, tapotant du pied dans son empressement, et bras croisés. Leur ventre grondait du jeun de la nuit, impatience creusée encore par leur longue course de la veille, qui les avait empêché d’arriver à temps chez leur ami.
Plusieurs connaissances avaient motivé leur arrêt dans ce petit village retiré en bordure de la Grande Forêt. Parmi celles-ci se trouvait un restaurateur, hibou de bel âge et doté d’un fort caractère dont ils avaient sauvé le commerce par le passé. L’envie de le revoir se mêlait à leur appétit, joignant ainsi l’utile à l’agréable. Aucun autre mode de vie n’aurait convenu aux deux amis. Cependant le couloir de l’étage, tout de bois comme la chambre, puis l’escalier assez étroit de la petite auberge leur parurent vides, presque tristes, depuis leur dernière visite. La nuit avait voilé leur aspect vétuste et usé, « fatigué » d’après Sonic. Il manquait l’activité de la rue, et quelqu’un à saluer au passage, au moins d’un geste de la main.
Arrivés dans la rue, les deux mobiens se joignirent à la foule indistincte, au final assez rare, qui se retournait parfois à leur passage, de même que des têtes passées par la fenêtre. Les habitants les connaissaient bien, mais chacune de leurs venues était un événement pour cette petite communauté. Aussi, plusieurs leur souhaitaient une bonne journée, un sourire aux lèvres, avant de s’éloigner lentement de l’autre côté de la ruelle. Le restaurant, avec son affiche autrefois illuminée, reposait au bout de la rue principale, là d’où venaient les voyageurs. Ses murs blancs lisses attiraient l’œil, ainsi que son petit escalier de trois marches qu’on pouvait plus facilement enjamber.
- Sonic ! Tails ! Cette surprise !
Leur ami les saluait de son aile, une louche dans l’autre, son tablier lui recouvrant la poitrine jusqu’aux pattes. Un plumage noir défiait les rayons du soleil et faisait ressortir son petit bec. Derrière lui sa fille, en robe de serveuse, fit un petit salut timide. Cependant ils se tendaient la main et, après quelques échanges de joie, tous allèrent à l’intérieur du restaurant, à une table vide. Les clients avaient eu aussi salué, contents de voir le héros de Mobius ici, pour ensuite retourner à leur repas. Le café fumait, pas seulement du café, et une grosse marmite bouillait au fond, derrière le comptoir, de matière plastique celui-là, qui séparait la cuisine des tables. Sonic eut le temps de lever un doigt, sans plus, car déjà deux assiettes emplies de hot-dogs surgissaient devant lui.
- Alors, qu’est-ce qui t’amènes ici ?
- Un bon vent, répondit le hérisson, et l’envie de te revoir.
Il avait déjà fini son plat, tandis que Tails entamait sa seconde saucisse. La sauce lui piquait le palais, mais il ne disait rien. Autour d’eux les clients étaient occupés à manger, à discuter entre eux, pour la plupart des voyageurs, d’autres plongés dans leur journal, si bien que seule la fille du hibou s’intéressait encore à eux, jetant quelques regards discrets à leur table, son plateau en main pour la cacher. Son père la tenait sous son aile, dirigeant tout de sa volonté ferme, et cette attitude parfois admirable dérangeait à d’autres moments le renard.

Sa seconde assiette finie, Sonic glissa contre son siège, les deux mains derrière la tête. Son compagnon entamait la dernière saucisse, plein d’appétit, et déjà ils parlaient de s’en aller. Alors la serveuse, passant vers eux pour les débarrasser, glissa timidement : « est-ce que… » Elle n’osait pas terminer sa phrase, mais le regard surpris, amical du hérisson la convainquit de continuer. « Vous allez détruire la tour ? » A cet instant son père l’appela et elle, se retournant soudain, lui répondit pour se précipiter à ses côtés, sans attendre de réponse. Tails avait entendu aussi la question, sans la comprendre vraiment.
Quand leur ami revint, le renard le premier demanda ce qu’il savait au sujet de la haute construction de métal.
- La tour ? Elle est là depuis un bout de temps, et entre nous, je n’ai pas la moindre idée de son emploi. C’est à croire que le docteur a oublié son existence.
- Alors ce sera vite fait, répondit Sonic dans un sourire.
- Vous allez la détruire, hein ? Nous, on ne demande pas mieux, mais ce serait fanfaronner, parce qu’à tout le village on n’y arriverait pas. Alors, depuis le temps, on a fait avec.
Ces derniers mots avaient dérangé les deux compagnons qui se regardèrent, sans pour autant manquer de politesse. Le repas payé, Sonic demanda encore des provisions pour le voyage, ce que le hibou se fit un plaisir d’accepter. Pendant qu’il retournait à sa marmite, Tails quitta sa chaise, plus sensible que son ami aux paroles du hibou. Il avait envie de sortir, sans savoir ce qui occupait son esprit. Ses yeux, se promenant dans la rue par la fenêtre, tombèrent alors sur un jeune écureuil à moitié caché par les ombres de deux bâtiments. Aussitôt le renard le reconnut et le désigna à son ami. Le hérisson haussa les épaules, puis :
- Va le rejoindre. Je te retrouve dès que les provisions sont prêtes.
- Ca ne prendra pas long ! ajouta le hibou avec fierté.
Dehors, Tails se sentit presque rassuré. Maintenant il comprenait ce qui les avait dérangé : de la peur dans ces derniers mots, et quelque chose de défaitiste qui ne ressemblait par à leur ami. Cependant l’air chaud du dehors caressa sa fourrure et le calme de la rue lui rendit son insouciance. Il courut là où avait disparu l’écureuil, pour le rencontrer au bout de la ruelle, près de trois poubelles fermées, de vieux métal gris. « Tails ? » Le renard lui apportait un hot-dog. « Tu es sûr ? » Il acquiesça, content de retrouver ce camarade, même si au fond ils se connaissaient mal.
Tandis que l’écureuil mangeait, il lui demandait de raconter ses aventures, et puis ce qu’avait fait Sonic, avec des yeux brillant d’admiration. L’odeur des poubelles ne les gênait pas, de même que s’asseoir dans la terre sale. Cependant le jeune habitant s’inquiétait du confort de son ami, sans y parvenir vraiment, au point d’en rire. A peine eut-il fini son dernier morceau qu’il prit le renard par la main et le pressa de le suivre. Tous deux coururent au travers du village, sans s’inquiéter pour le hérisson, jusqu’à la cachette en soupirail où la queue de l’écureuil disparut un temps.
- Regarde, dit-il en reparaissant, j’ai trouvé ça récemment.
Il tendait au renard un petit boîtier aux formes bombées, muni d’un minuscule écran cassé, couvert de crasse. L’appareil, hors d’état de fonctionner, attisait cependant l’intérêt de Tails. Il comprenait sans peine qu’il s’agissait d’un cadeau, et cette idée, plus que sa passion pour l’électronique, lui faisait trouver de la valeur dans l’objet. Son ami le lui tendit, son visage éclairé par la joie, rayonnant quand il le lui prit. Toutefois aucun des deux ne pouvait dire à quoi il servait, et Tails, à court d’idées, demanda à son ami où il l’avait trouvé.
- Dans la forêt, après la bataille.
- La bataille ?
- Oh non ! lança l’écureuil en se couvrant la bouche. Viens, vite !
Tous deux disparurent par le soupirail, comme un jeu de cache-cache qui aurait commencé, un jeu qui inquiétait le renard.

A l’intérieur, tout était sombre. Ce n’était même pas une cave, mais plus petit, avec du charbon en tas qui s’appuyait contre un bord et s’étendait par terre, puis une pelle, puis quelques boites empilées, de vieilles bouteilles et un tapis camouflé dans l’ombre, sur le côté du soupirail. A l’odeur de renfermé s’ajoutait celle étouffante de cendre. Cependant l’écureuil le tirait vers le fond, vers le tapis, comme s’il avait peur même de la lumière du soleil. Quand ils furent tous deux bien cachés :
- Je suis désolé, on a encore tous un peu peur.
- Peur de quoi ? Je ne comprends pas, qu’est-ce qui se passe ?
L’écureuil avait des yeux sombres qui s’éteignaient dans les ténèbres.
- Au début, dans la tour, il y avait un monstre, et puis le ciel qui s’ouvre, comme ça ! Il ouvrit largement les bras. Alors Eggman a promis de ne pas toucher au village, mais il fallait qu’on ne dise rien, sinon il nous détruisait.
L’enfant reprit son souffle. Il essayait de sourire, de paraître courageux, sans y parvenir vraiment. Près d’eux une petite conduite laissait goutter un liquide lourd qui emportait la rouille. L’odeur se faisait plus forte, presque agressive.
- Ensuite, on a tous cru que c’était fini, et tant qu’on ne s’occupait pas de la tour, tout allait bien. Alors on s’est tous mis à faire semblant que rien ne s’était passé. Et puis le monstre s’est échappé.
Il se recroquevilla, le regard fixé au sol.
- Parce qu’on ne veut pas mourir, tu comprends ? Si la tour est détruite, si le monstre est tué, Eggman détruira le village. Alors on fait semblant, tu comprends ?
- Non, je ne comprends pas !
Tails avait lancé ces mots d’un trait, comme poussé par une force intérieure. Pour lui, il ne fallait plus craindre Eggman, et puis il y avait les Combattants de la Liberté, et puis Sonic, et ça ne servait à rien de se cacher la vérité. Toutes les raisons défilaient dans sa tête, comme un vaste brasier.
- Tu as raison, répondit avec honte l’écureuil. C’est juste que, voilà, on n’est pas des héros. Et puis je pensais que c’était fini, parce qu’après la bataille, il n’y a plus rien eu, alors ça importe peu, hein ? Quand je suis allé voir, il y avait plein de robots détruits, alors c’est une bonne chose, non ? C’est lâche, mais je ne veux pas que le village soit détruit.
Un instant de silence les sépara, brisé soudain par une goutte chargée qui s’écrasa sur le charbon.
- Je suis content d’avoir pu te le dire. Depuis le début, je voulais, mais à chaque fois mon ventre se nouait, comme si le ciel allait s’ouvrir. Alors j’espérais que ça reviendrait, juste pour que je puisse te le dire.
Tails lui dit quelques mots de réconfort, parce qu’au fond, lui aussi avait eu peur, cette nuit, rien qu’en voyant la tour, et sans Sonic… Il quitta l’écureuil, non sans lui promettre de détruire la tour et de sauver le village. Les paroles du hibou lui revenaient à l’esprit, comme une mauvaise mélodie. Devant le restaurant, personne n’attendait. Le renard entra en courant, de la sueur sur son visage, qui coulait le long du poil. « Ah, Tails, Sonic est déjà parti. » Il n’entendait plus vraiment, incapable de réaliser ce qui se passait. Tout allait trop vite, bien trop vite, comme un cauchemar. « Il faut que je te dise, au sujet de la tour… »
- Je sais, il faut que j’y aille !
Le hibou resta là, deux pas devant son comptoir, l’aile levée, sans parvenir à dire un mot.

Passé les quelques champs, une petite route de terre s’enfonçait dans un vaste bois qui courait le long des collines et s’étendait en bras jusque sur le côté du village. La tour, encore lointaine et perdue comme un long trait fin effacé dans le ciel, paraissait à présent une lame dressée prête à s’abattre, étincelante aux rayons du soleil. Les branchages chargés de feuilles recouvraient souvent cette construction, et Tails reportait alors son attention sur le terrain couvert d’herbes et de buissons, de larges fleurs colorées et éblouissantes. L’air sifflait à ses oreilles et lui battait le visage, comme des lames surgies du vide, et son cœur bondissait à l’appel secret de l’amitié.
Il ne comprenait pas pourquoi Sonic était parti sans l’attendre, sans vouloir comprendre vraiment. Plus rien d’autre ne comptait que de le rejoindre, et tout lui disait que son ami l’attendait là-bas, devant la tour, se battant peut-être déjà. Sans son avion, Tails se sentit soudain démuni, mais il ne comptait pas reculer devant l’adversité, et savoir Sonic là-bas lui donnait tout le courage nécessaire pour avancer. De toute manière, il avait promis. La première colline passée, le renard s’arrêta un court instant. Entre les arbres venaient de passer des buzzbombers, jaunes et noirs, bourdonnants, qui l’attaqueraient sans hésiter. Sonic les aurait détruits, mais son ami préféra les contourner.
Plus loin passait une route étroite de terre et de cailloux, chargée de marques de roues et de chenilles, de traces de pas. Il allait la traverser quand un grondement lointain surgit, le faisant sursauter, au point qu’il préféra se cacher dans un buisson. Le son s’amplifiait à mesure que les secondes passaient, et bientôt il distingua le roulement des chenilles au ronronnement des moteurs, et la foulée des cerbères. Un éclaireur passa devant lui, sifflant dans l’air, son habitacle de métal lisse glissant sans peine, puis l’engin disparut au détour de la route. Alors le convoi apparut, lourdement gardé, cerné par une colonne de robots sur chaque côté, qui marchaient d’un pas égal et saccadé.
Au centre roulait lourdement un énorme transporteur chargé de conteneurs en métal dont plusieurs étaient grillagés. Comme aucune voix n’en sortait, le renard préféra croire que c’était du fret, transporté dans ces anciennes cages par défaut. Soudain une explosion retentit plus loin, faisant surgir une colonne de fumée noire. Sonic ? Il devait en tout cas s’agir du véhicule éclaireur, et cela avait immobilisé le convoi. Les robots, au lieu de se tourner vers la forêt, braquèrent leurs armes sur le transporteur, pour attendre ensuite, silencieux. Un ordre robotique éclata alors, et les deux colonnes de cerbères partirent en courant vers la colonne de fumée, ne laissant que les blindés et des buzzbombers pour garder le convoi. Pour les avoir vu de près, Tails remarqua que les robots avaient été pour beaucoup endommagés.
Il profita cependant de l’occasion, poussé par la curiosité et comptant peut-être s’introduire dans la tour en se cachant dans un conteneur. Les insectes de métal passèrent devant lui, lui opposant leur dos, ce qui décida le renard à agir. Il se précipita à découvert, aussi vite qu’il put, pour se jeter derrière une des motrices qui le cachait des blindés. Sa respiration l’effrayait et pourtant il ne se sentait pas repéré. Le jeune renard attendit un nouveau passage des robots dans le ciel pour ensuite escalader le flanc du transporteur et se glisser rapidement entre les caisses. Sa petite taille, l’agitation et le soleil avaient dû jouer en sa faveur, mais il craignait aussi un nouveau piège du savant fou.
- Toi…
Tails s’arrêta net, adossé à une paroi de conteneur, le poil hérissé.
- Toi…
La voix grave avait quelque chose de cruel, d’enragé et en même temps de plaintif. Elle roulait avec lenteur, faisant frissonner le renard comme un souffle tremblant sur sa nuque.
- Libère-moi…
Il s’approcha des barreaux, incapable de reprendre sa respiration, pour voir surgir un bras sombre et métallique qui chercha à l’agripper.
- Libère-moi !
L’aboiement attira les buzzbombers : Tails, apeuré, s’enfuit aussitôt, sautant à terre pour s’enfuir dans la forêt, sous les tirs de laser des robots.

Personne ne l’avait poursuivi, et arrivé devant la tour, personne ne l’attendait. Le jeune renard regarda encore autour de lui, désorienté, puis reporta son attention sur la haute et large tour, comme un vaste empilement de disques argentés, qui le surplombait et l’écrasait. Une enceinte l’entourait, d’un métal sombre, et deux ou trois hangars dépassaient aussi, formant un petit complexe tout autour. Aucune trace de Sonic. Aucune défense aérienne non plus, ni aucun garde visible. Le piège semblait se refermer, et Tails était tenté de fuir, avec l’idée de rejoindre Sonic, ou de l’attendre, n’importe quoi qui lui permettrait de partir. « Il est toujours facile d’entrer, jamais de ressortir. »
Mais le souvenir du village lui revint, la peur et aussi sa promesse. Aussi, il y avait ce rêve, comme une obligation de continuer. « Si je recule maintenant, je ne pourrai plus jamais avancer. » Il regarda le mur, mesura ses chances, puis jeta un œil derrière lui. S’il y avait le moindre problème, Sonic viendrait le sauver : cette ultime pensée le fit sortir de sa cachette et, au mouvement ascendant de ses queues, passer au-dessus du mur.
Une pluie de lasers l’accueillit, crépitant dans le ciel, qui l’obligea à piquer rapidement pour ne pas être touché. Des dizaines de cerbères, le bras dressé, ouvraient un feu infernal pour l’atteindre, plus pour le capturer, et cela faisait toute la différence. Heureusement la tour proche offrit un écran à la majeure partie des tirs. Tails se posa sur l’un des disques composant la structure, à la recherche d’un moyen d’entrer. Déjà les blindés prenaient de l’altitude et leur sifflement se rapprochait, menaçant. Le renard courut sur la surface en pente, près de glisser à tout instant. Dans son dos apparurent les appareils, leur canon pointé sur lui, et les tirs fusèrent.
Le renard fit tourner ses deux queues et, dans un bond vers le vide, s’envola loin des décharges fracassantes. A nouveau les tirs l’entourèrent, si proches qu’il croyait en sentir les brûlures. Son mouvement l’emmena au milieu des blindés où il passa en flèche pour, un étage plus bas, sa cacher de l’autre côté de la tour. Un déchirement lui fit tourner la tête, à temps pour voir la traînée ardente de missiles. Il se jeta en avant et dans son dos détona la première ogive, si violemment qu’il faillit être jeté dans le vide. Les éclats de métal balayés soufflèrent au-dessus de lui en même temps que les flammes, mais déjà d’autres projectiles s’approchaient, l’obligeant à courir. Explosion après explosion, toute la face de cet étage s’embrasa pour ensuite dégager un vaste champ de fumée.
Tails se releva avec peine, pour sentir une affreuse douleur à la jambe. Une pièce tranchante s’y était enfoncée, dépassant encore sur le côté, assez pour la retirer d’un coup sec. Il n’en eut pas le courage. Heureusement ses yeux tombèrent sur une plaque d’aération en partie défoncée par les déflagrations. Tandis que la fumée se dispersait, le renard tira et frappa la grille pour l’arracher, la faisant à peine bouger. Les blindés apparurent, avec leurs longs canons pointés tels des doigts blancs décharnés. Ils tirèrent sans ajuster, touchant la paroi de métal avec violence. Le renard, effrayé, tenta alors de s’introduire par le petit espace laissé par la grille, sans y parvenir. Le métal rendu tranchant et le passage étroit firent saigner son pelage.

Soudain les blindés décrochèrent, et dans la cour de l’installation retentirent plusieurs explosions. Tails ne s’en préoccupait plus, trop pressé de se mettre à l’abri dans la tour. Il passa finalement, pour se retrouver dans un conduit étroit et blanc, éclairé malgré l’absence de lampes, presque irréel. Une de ses oreilles sifflait, probablement entaillée, mais surtout ses épaules et sa jambe le faisaient souffrir. Cependant il rampait dans le conduit, jusqu’à une cheminée verticale trop étroit pour lui permettre de voler. « C’est peut-être aussi loin que je peux aller », se dit le petit renard. Malgré cette pensée, le renard accroupi bondit pour se rattraper de l’autre côté, à l’entrée d’un autre conduit qu’il emprunta.
Sa progression l’amena enfin dans un couloir de la tour, assez large pour lui permettre d’employer ses queues. Le passage était en pente, montant en cercle sans doute jusqu’au sommet de l’installation. Des portes grises assorties d’énormes numéros se succédaient sur un côté, l’autre faisant face à l’extérieur et couvert d’appareils divers. Aucun robot ne passait mais parfois des cerbères gardaient l’une ou l’autre des portes, et des sas de sécurité le long du couloir. Le renard les contournait alors par les diverses salles qui, reliées par les conduits de ventilation, lui permettaient de progresser à bonne allure. Plus que tout il craignait les caméras, mais celles-ci, immobiles, semblaient presque éteintes. L’installation toute entière paraissait plongée dans un profond sommeil.
Enfin le renard atteignit le dernier étage, dont la porte était gardée par deux robots de série E, rouges à tête jaune et plate, armés trop lourdement pour être défiés. Le renard traversa alors plusieurs salles de stockage avant d’atteindre, par le biais d’un nouveau conduit, ce qui semblait être un vaste puits fermé à son sommet par un sas sphérique à roue. Il devait s’agir du seul accès possible pour le sommet de la tour, mais le puits était empli de courants électriques qui le rendaient impraticable. Le renard s’approcha des consoles d’ordinateur disponibles, sans trouver rien d’intéressant. Une porte s’ouvrit dans son dos ; un série E venait d’entrer ; Tails se jeta à terre, à temps pour éviter le tir de mitrailleuse.
La machine passa entre les consoles, ses pieds métalliques tombant lourdement sur le plancher. Il passa près du puits, à la recherche de son adversaire : Tails quitta sa cachette, repéré aussitôt. Une grêle de balles traversa les ordinateurs, brisant les écrans, mettant feu aux composants. Cependant Tails s’était envolé et, dans un mouvement circulaire, au lieu de fuir, il chargeait le robot. Un coup de pied atteignit la tête, sans parvenir à déstabiliser la machine qui riposta, tirant plusieurs missiles dans la pièce qui s’embrasa toute entière. Cependant Tails revenait à la charge, frôlé de près par quelques tirs désordonnés de l’unité qui, reculant pour maintenir son adversaire à distance, reçut les deux queues du renard au visage, avec tant de violence qu’elle risqua tomber.
Une dernière fois, Tails se lança contre la machine, la frappant tandis qu’elle se redressait, pour la faire vaciller et reculer encore, jusqu’au bord du puits. Autour d’eux les câbles du plafond se détachaient et pendaient en brûlant, en même temps que les écrans explosaient dans de violentes détonations. Le robot tira encore, ses capteurs endommagés, pour faucher les murs de ses munitions. Un dernier coup de poing du renard lui fit perdre l’équilibre et briser la vitre renforcée du puits. Aussitôt une tempête de décharges enragées surgit, faisant griller la machine et envahissant la salle, au point de jeter le renard à terre. Le robot de série E, tel une torche de feu, sombra et disparut dans le puits pour exploser dans son fond. Les décharges cessèrent alors, ne laissant que les flammes.

En passant le sas, Tails se demandait ce qu’il allait trouver. Impossible de savoir si, dehors, le combat continuait. Sans doute Eggman l’attendait-il, mais le jeune renard ne doutait plus de pouvoir le battre : il croyait en lui-même.
- Bienvenue, très cher !
La voix du savant le fit sursauter. Il se trouvait alors au milieu d’une vaste pièce vide dont le plafond semblait un ciel immense et rempli d’étoiles. Au-dessus de lui brillait une sphère jaune et sur le côté, assis dans son véhicule personnel, le regardait le docteur, avec son abondante moustache et ses habits de toujours.
- Eggman !
- Avec tout le déplaisir de te revoir, mais je m’attendais plutôt à Sonic. J’avoue être extrêmement déçu.
- Tu le seras encore plus quand je t’aurai vaincu !
- Ne me fais pas rire ! Le docteur eut un ricanement sinistre. Tu ne sais même pas ce qui t’attend.
Il appuya sur un bouton et, aussitôt, la sphère jaune envahit toute la pièce. Alors le plafond sembla s’ouvrir, non pas sur le ciel mais sur une immense fissure béante dont l’intérieur était hachuré de longs traits verts et rigides qui défilaient comme des grillages interminables. Tails s’avança, prêt au combat malgré sa jambe blessée. Cela ne fit que rire encore plus le professeur qui pressa un second bouton. Aussitôt les pieds du renard quittèrent le plancher et, sa fourrure comme aimantée, il se retrouva emporté dans la fissure en même temps que le professeur.
L’instant d’après, ils étaient dans l’espace.
- Tu te demandes certainement ce qui se passe. C’est simple : tu es à la frontière de l’arme la plus destructrice de l’univers ! Des milliers d’esprits géniaux n’ont pas réussi à comprendre son potentiel, mais moi, Ivo « Eggman » Robotnik, je m’en suis emparé ! Et maintenant, mon cher Tails, tu vas en être la première victime.
- Pas si je gagne ! lança le renard en s’élançant, grâce à ses queues, jusqu’à son ennemi.
Le combat s’engagea mais, protégé par un champ de force, le savant n’eut pas un geste à faire pour repousser son ennemi. Il dressa ensuite le doigt et une décharge électrique s’empara du corps du petit renard, lui arrachant ses forces et paralysant ses muscles. Tails n’arrivait plus à hurler. Il était vaincu, brisé et sans défense, à la merci de son adversaire.
- Allons, Tails, qu’est-ce qui ne va pas ? Eggman est trop fort pour toi ? Le docteur ricana encore, avec lenteur. Je ferais mieux de t’envoyer ailleurs, dans un lieu où tu souffriras beaucoup.
L’espace disparut et la gravité rejeta le renard contre le sol de la tour. Il respirait difficilement, les yeux mi-clos, cherchant un repère pour ne pas sombrer, incapable de bouger même un muscle. Eggman se saisit de sa jambe blessée pour le traîner jusqu’à la sphère jaune. Celle-ci devint une colonne lumineuse dans laquelle le docteur lança sa victime avant de claquer des doigts : la colonne s’éteignit soudain et tout le reste ne fut plus que ténèbres.
Journalisée
La force est une faiblesse, la faiblesse est une force.
 
 
[Fan Fic] [Tails] Face
« Répondre #1 le: Juillet 02, 2007, 09:02:43 pm »
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Citation de: "Miko"
C’est une bonne idée de retranscrire une fanfic de l’anglais au français. En faite si j’ai bien compris tu l’as réécrite à ta sauce, avec ton propre style littéraire sans toucher à l’histoire.

Et bien pour l’histoire, je ne me prononcerais pas pour le moment on est pas encore suffisamment avancé. (Mais j’aimerais que tu redonnes nos commentaires sur l’histoire à l’auteur.)

Pour le style, j’aime beaucoup cette façon de perdre la narration dans les descriptions, mais je pense pas que ce soit l’avis de tous le monde.
La partie qui narre la rencontre entre l’écureuil et Tails est un peu rapide et pas assez détaillé, les motivations du renard me semblent un peu confuses.

Une faute : boîtier, t’es fâché avec les accents circonflexe.

Bon courage.


Petit remontage de topic pour la bonne cause, je ne suis pas certaine que les membres aient vu ton édition.

Alors pour cette partie, j'aime beaucoup la façon dont les sentiments et l'état d'esprit de Tails sont dépeints, remarquable.
Pour l'histoire en entre vraiment dans le vif du sujet et l'action est très rapidement présente. Je suis curieuse de savoir ce qui attend notre pauvre Tails. Où il va atterrir.

Bon courage !
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[Fan Fic] [Tails] Face
« Répondre #2 le: Août 24, 2007, 09:10:59 pm »
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Oui, je sais, je suis en retard, je n'ai plus critiqué depuis longtemps, je n'ai même pas eu le temps de lire vos textes. Promis, juré, je m'y remets dès que j'ai du temps... octobre, ça vous va ?

A propos de l'écureuil, c'est un personnage "de trop" qui hélas ne réapparaîtra plus. Je devais donc passer dessus le plus vite possible, ce qui n'excuse pas la confusion. Sinon j'ai mis des tas de circonflèxes, Miko, tu devrais être contente (d'autant que le mot boîtier revient relativement souvent).

J'envoie le second chapitre en entier, le troisième risquant de prendre un certain temps (vous ne voulez pas savoir pourquoi).
Normalement, vous devriez pouvoir arrêter et reprendre votre lecture entre chaque partie, qui correspond environ à une page. Sinon, tant pis pour vous.
Pas d'inquiétude, au chapitre trois, il y aura de nouveau du combat (et je le dis comme je le pense, je compte vous en mettre plein la vue).

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Chapitre 2 – Un nouvel ami

Partout des vagues de ténèbres l’entouraient, fouettant son corps avec leurs courants carnassiers. Elles le parcouraient de spasmes douloureux, comme des morsures sur ses membres, tandis que s’écoulaient les secondes, tandis qu’elles lui échappaient dans des tintements de son inconscient. Des cauchemars vides se succédaient, pleins de souffrance et ardents, avec toujours le trouble déchirant de sa vision. Les minutes déjà coulaient loin de son regard, fins filets insaisissables dont son corps meurtri frissonnait. Pendant une heure, peut-être deux, trois, quatre bientôt, le renard resta couché dans l’obscurité, étendu et immobile, avec seulement le son de ses pleurs.
La gorge lui brûlait, et ses yeux aussi, qui pleuraient sans force. La souffrance, ou bien ses propres larmes, avaient fini par l’arracher aux cauchemars. Il ne sentait rien d’autre, perdu dans la peine extrême et le doute, et le désespoir. Ses pensées confuses ne s’accrochaient plus à rien, perdues dans ce vide où le renard était soudain plongé, qu’il ne parvenait plus à remplir. Les souvenirs s’effilochaient au ricanement cruel du savant et la douleur, si sensible et dévorante, en annihilait les dernières formes. Seules restaient les ténèbres, et ses larmes qui coulaient comme un dernier repère, une frontière jetée qu’il croyait avoir franchie. Pourtant Eggman ne l’avait pas tué, pourtant il respirait encore, même faiblement. Et il pleurait, plus encore, à cette simple pensée.
Enfin la douleur se calma et la perception trouble du monde lui revint. Ses doigts touchaient une terre de sable dur et de roche, un vaste désert où il était étalé. Le renard s’y sentait enfoncé, comme s’il était tombé, et ses larmes allaient se perdre dans cette poussière sèche. Depuis son réveil, quelques minutes seulement, et pourtant si longues, avaient dû passer. Une lumière crue agressa ses yeux, l’aveuglant un premier temps pour, ensuite, dévoiler l’étendue plane et brute, à peine déformée par quelques formations rocheuses tranchantes, qui l’entourait. L’horizon découpé dans un ciel monochrome, où déjà brillaient des lueurs intrigantes, lui semblait à portée de main.
Tails releva légèrement la tête, et l’air qu’il inspirait jusqu’alors difficilement par le museau put s’engouffrer dans sa bouche, calmant un peu sa douleur. Sa vision se précisa, assez pour qu’il aperçoive, tout près de lui, un petit appareil couvert de sable. Il s’agissait du boîtier aux formes bombées, avec son minuscule écran, qui sifflait en émettant un faible clignotement. Ce son agressait ses oreilles, mais le renard, malgré la peine, observait surpris l’appareil, comme si l’explication de sa présence devait s’y trouver. Sa surface était de métal gris foncé et noir, perdue dans le jaune cuivré du désert. De nombreuses éraflures la meurtrissaient.
Cependant le sifflement se fit toujours plus pressant, et dans ce son discordant le renardeau crut entendre quelques notes répétées, dénaturées par les dommages encaissés. Il pensait que l’appareil allait exploser quand celui-ci se tut, brusquement, le laissant seul au milieu de l’immensité. Tails préféra fermer les yeux, la douleur de ses membres lui revenant comme le quittait cette dernière présence. Puis il entendit du bruit, des pas lourds soulevant le sable près de lui, et une forte respiration.

Deux narines rouges reniflaient le boîtier, soufflant le sable qui le recouvrait. Le petit renard, levant légèrement la tête, aperçut en entier la créature, et ne put réprimer un mouvement de panique. Un énorme lézard rouge, appuyé sur ses deux pattes postérieures, touchait de ses deux membres griffus assez lourds l’appareil maintenant silencieux. Son œil jaune, enfoncé à l’arrière du crâne, se tourna soudain vers lui, et la grande tête plate, aux oreilles membraneuses, lui fit bientôt face. Il portait sur tout le corps des tatouages noirs.
- Bonjour ?
Le lézard avait maintenant une expression de surprise sur son visage, et sa voix enfantine était amicale. Ce changement brusque mit fin aux craintes du renard, ne laissant que de l’étonnement. Il se rappelait clairement ce qu’avait dit Eggman, et ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Cependant l’espoir lui revenait, et avec lui la force de répondre.
- Bonjour. Je m’appelle Miles.
Il essaya de se relever, avec peine, puis ses membres encore douloureux lâchèrent, et il retomba contre le sol. Le reptile vint aussitôt le soutenir, tandis qu’il continuait :
- Tails. Tous mes amis m’appellent Tails.
- Alors je veux t’appeler Tails ! s’exclama le lézard avec enthousiasme.
Le jeune renard le regarda, un faible sourire à son visage, encore perdu. Il entendit son nouvel ami lui dire son nom, puis répéter le sien comme on chante une chanson. Cependant le lézard s’arrêta, inquiet de son état, regarda la plaine alentour puis montra une mine un peu dépitée.
- Ne restons pas ici : tu as besoin de repos. Chez moi, c’est beau et paisible, tu adoreras !
- Attends, répondit le petit renard dans un mouvement brusque, le boîtier…
Il se retourna, faillit tomber puis se reprit et marcha jusqu’à l’appareil abandonné. C’était son dernier repère en ces lieux, aussi ne voulait-il pas le perdre. Derrière ce geste se cachait aussi son empressement à rentrer chez lui, retrouver ses amis pour qui il s’inquiétait. Surtout, il voulait comprendre ce qui se passait, et toutes les réponses semblaient contenues dans ce petit appareil. Le renard l’attrapa, et soudain les forces lui manquèrent : il tomba à genoux, puis se remit à pleurer. Une patte se posa sur son épaule, et la voix de son nouvel ami le rassura, tandis que celui-ci le relevait gentiment.
Les larmes cessèrent de couler, et tous deux se mirent à marcher ensemble, à pas lent d’abord, puis plus vite quand Tails fut totalement réveillé ; car il reposait jusqu’alors dans un état intermédiaire, où le cauchemar le tenait encore loin de la réalité ; ou le contraire. Autour d’eux les pitons rocheux défilaient, surgissant de la plaine de sable jonchée de rochers. Le renard leva les yeux au ciel, pour voir des constellations de couleurs, comme de milliards de chiffres lumineux au-dessus de la voûte d’un bleu uni. Très loin au-dessus d’eux, à l’image de Little Planet, se trouvait un satellite terrestre, avec ses mers et ses continents. L’idée lui vint que c’était Mobius peut-être, mais à ses questions, le lézard n’avait aucune réponse.
Puis le décor se mit à changer, et de petits buissons épineux, rabougris et rampants, apparurent entre les pierres. Ensuite arriva la mousse, et l’herbe sèche, bientôt les premières fleurs. Alors, comme un nouvel horizon, s’étendit à leurs yeux une immense forêt, si proche soudain qu’elle semblait surgie d’un autre monde. L’air y était plus frais et humide, et dans les arbres, des lianes pendaient sous les feuillages clairsemés où filtrait la lumière. Tout y était plein de vie et magnifique, à l’inverse du désert. « C’est chez moi », lui dit le reptile, tandis qu’ils y entraient, et réellement son ami semblait heureux, souriant toujours en regardant la végétation alentours.
Tails ne comprenait pas, et les réponses de son ami le perdaient encore plus. Cette forêt, pour lui habitué à la jungle, avait quelque chose d’artificiel, avec des troncs trop frêles et trop réguliers, comme un environnement répété à l’infini. Un ruisseau coulait à proximité, où tous deux allèrent se désaltérer. L’eau y était claire, presque cristalline. Le lit était recouvert de milliers de galets, et les abords de larges rochers érodés et lisses entre lesquels les plantes surgissaient. Le renard entendait le bruit des animaux, et le souffle du vent, mais ne sentait rien, ni ne repérait d’où venait ces sons. Le lézard voulut jouer dans l’eau, et commença à lui en jeter avec ses deux pattes, mais le petit renard était trop fatigué. Son refus sembla blesser le reptile qui revint sur le bord pour se reposer dans l’herbe, avec lui.

Ils étaient tous deux étendus devant les pierres, et l’herbe verte les chatouillait. Peu à peu Tails oubliait ses craintes et ses peines. Une rosée constante perlait le long des feuilles, légère buée sur la végétation. Le temps semblait s’être arrêté, emportant avec lui les questions futures pour ne laisser que cette quiétude reposante. Le jeune renard se rappelait à peine avoir été étendu dans le sable, souvenir d’un autre temps qui ne le touchait plus. Pourtant il voulait encore repartir, retrouver ses amis, mais tout cela lui semblait lointain et l’envie de se reposer encore, toujours plus, emplissait son cœur. Les difficultés s’effaçaient aussi, à mesure que son corps retrouvait des forces.
- Dis, Tails.
Le renard tourna la tête vers son nouvel ami. Il l’avait aidé, le renard ne pouvait pas l’abandonner tout de suite.
- Oui ?
- J’ai faim, rentrons chez moi.
Il avait l’air de se plaindre en disant cela, et se tenait le ventre avec ses pattes. Cela fit rire le petit renard qui finit par opiner de la tête, un sourire au visage. Une destination se dessinait désormais, qui effaçait ses dernières craintes. Sa première impression passée, le jeune renard trouvait cette forêt charmante, et éprouvait comme son ami une joie presque enfantine à s’y promener, comme si les malheurs du monde ne pouvaient pas y pénétrer. Parfois quand même il se retournait, pour voir s’il restait quelque chose du désert, mais les lignées d’arbres cachaient tout.
Déjà son nouvel ami le pressait, à mesure qu’ils avançaient dans la forêt, il répétait « on arrive ! » comme le ferait un enfant. Il ne comprenait pas quand le renardeau lui demandait s’il avait des parents, ni pour les frères et sœurs. « Mais des amis, tu en as ? » Le reptile baissa la tête, les oreilles, puis laissa entendre un petit soupir peiné. La joie lui revint soudainement quand apparut sa maison, une large demeure aux murs de bois et dont la porte d’entrée, coulissante, était faite en papier de riz. Le lézard se précipita pour ouvrir et fit des signes empressés au renard pour qu’il le suive.
A l’intérieur, les pièces étaient larges, presque toutes vides, la plupart à parquet mais une ou deux, poussiéreuses, étaient recouvertes de tapis. Dans une salle, une table supportait plusieurs assiettes chargées de légumes et de fruits. Les chaises avaient été empilées contre un mur, et la vaisselle n’avait pas bougé des tiroirs. La maison, trop grande pour son seul ami, avait dû être construite par d’autres puis abandonnée. Cependant le reptile courait dans l’escalier, l’invitant à venir voir l’étage, et toujours sa voix se faisait enfantine, joyeuse et insouciante. Le renardeau le suivit avec entrain.
La maison n’avait pas d’autres secrets. Au pied d’une colline, elle surplombait de peu les arbres. Les deux occupants, couchés sur le toit à côté d’une lucarne ouverte, observaient les alentours en silence. Tails comprit alors qu’il ne pourrait pas aller plus loin, du moins pas aujourd’hui. Aussi, secrètement, il aurait voulu rester ici toute sa vie. A ce moment le reptile tourna la tête vers lui, puis lui demanda, avec son regard interrogateur :
- Dis, Tails… tu resteras dormir ici ?
Le petit renard se leva à moitié, puis sans même réfléchir il s’exclama :
- Oui, bien sûr ! Je veux dire…
- Mon ami va dormir ici ! Mon ami va dormir ici !
Il applaudissait des mains et s’était déjà levé pour courir le long du toit, les yeux fermés et joyeux. La nuit tomba soudain, surprenant le renard, un voile d’obscurité qui traversa la forêt. Son ami s’arrêta alors pour bailler, puis tous deux quittèrent leur toit, agités et joyeux à l’idée de poser un nouveau lit. Au loin, un orage se préparait à éclater, un orage sans nuages.

D’immenses éclairs saturaient l’air, frappaient le verre, se répercutaient, et les décharges folles parcouraient la sphère scintillante. Les ombres de la pièce revenaient à chaque passage des traits de lumière, et cette alternance lumineuse faisait trembler la pièce toute entière. Les murs de métal disparaissaient tant l’intensité électrique était forte, et les rares instruments, tableaux de contrôle et panneaux de saisie, se noyaient dans leurs propres contours, déchirés par les vagues successives de lumière. Les couleurs pâlissaient au milieu de cette tempête électrique, s’effaçaient presque. Il ne restait que la sphère éclatante au centre de la pièce, qui palpitait.
Un rire surmonta le tonnerre des machines, un rire machiavélique.
- Excellent ! Tout simplement parfait ! Ce n’est que la cinquième émeraude du chaos, mais quelle puissance ! Et ces fous qui me les livrent sur un plateau d’argent !
Le savant repartit d’un grand rire. Sa silhouette se perdait dans la pièce en furie, mais lui n’en était nullement dérangé. Des décharges plus puissantes, traversant la surface de verre protectrice, atteignaient de plein fouet les murs, faisant sauter les rivets, éventrant les lourdes plaques d’acier. Le savant fou n’y prêtait même pas attention. Il n’avait d’yeux que pour sa création.
- Encore deux émeraudes et le monde sera à moi ! A moi !
Un rugissement éclata alors, au milieu du fracas électrique, et d’autres cris suivirent, indistincts, tandis que se dessinaient des silhouettes nouvelles, floues et tourmentées, aux yeux rougis par la colère et la douleur. Eggman claqua des doigts : aussitôt la machine s’arrêta, la pièce reprit une apparence normale et les couleurs revinrent, peu à peu. La sphère tournait toujours, de moins en moins vite, et quelques éclairs couraient encore autour. Quand l’installation fut assez calme, un large écran lumineux apparut devant le savant, avec les images de la forêt, puis la maison du reptile, enfin les deux occupants qui montaient sur le toit.
- Tu crois m’avoir échappé ? Ridicule !
Son rire résonna dans la salle de métal.
- Il doit déjà commencer à souffrir, maintenant, et ça ne fera qu’empirer ! D’ici la fin de la semaine…
Il ouvrait largement la bouche et se pliait en arrière, lâchant des éclats sinistres. Son visage avait quelque chose des éclairs qui avaient couru sur la surface de la sphère et ses yeux, rougis à force de nuits de veille, s’ouvraient grands et ronds sur sa création. Rien d’autre, rien, absolument rien ne comptait que cette machine, et s’il fallait faire souffrir, « alors ils souffriraient. » Ce n’était plus un ricanement qui sortait de sa gorge, mais quelque chose d’encore pire, qui déformait ses traits.
Une plate-forme se dessina sous ses pieds, puis le plateau s’abaissa, l’emmenant hors de la pièce pour descendre toujours plus bas, profondément, où il n’y avait plus d’autre lumière que des cercles lumineux, d’une couleur maladive, qui défilaient autour de lui. En bas, une porte s’ouvrit, puis le savant s’avança dans un espace sombre où les bruits de machinerie se faisaient lourds et lents. Il n’y avait aucune lumière, juste l’ascenseur qui éclairait faiblement l’entrée, sans parvenir à en percer les profondeurs.
- Quant à toi, encore un peu de patience ! – Le professeur s’adressait au vide devant lui. – Tu auras bientôt de la compagnie, très bientôt, et à ce moment peut-être arrêteras-tu de te plaindre.
Eggman se retourna, sans écouter le murmure qui lui répondit, comme une plainte. Tandis qu’il se réengageait dans l’ascenseur, un nouvel écran apparut, avec cette fois l’image du hérisson bleu.

Le petit écran reflétait les lueurs de la bougie. Il restait obstinément silencieux, fenêtre fermée sur le passé. Tails y passait de moins en moins de temps, mais encore aujourd’hui, malgré l’envie d’aller jouer au ruisseau, le petit renard l’avait posé sur la table humaine et, debout sur sa chaise, ouvrait le boîtier avec un petit tournevis. Sa curiosité désormais, plus que son envie de rentrer, le poussait à réparer cet appareil, au moins pour en connaître la fonction. Il avait cru, le premier jour, que le sable et la poussière étaient responsables de son état, mais les jours suivants l’avaient détrompé. Les composants le dépassaient, et la crainte de les endommager l’obligeait à les survoler.
- Guilmon, c’est toi ?
Le petit renard s’était retourné, et sa voix marquait de la surprise. La porte de la cuisine, celle qui donnait sur l’extérieur, était vide. Au loin s’étendait la forêt, les rangées d’arbres à l’infini, puis l’horizon au bleu monochrome. Personne, et pourtant Tails, au moment de retirer une plaquette couverte de fibres vertes luisantes, avait senti une présence derrière lui. La présence du lézard l’aurait rassuré, mais ce dernier devait cueillir des fruits de l’autre côté de la colline. Ce n’était pas la première fois que le renard sentait cette présence, mais depuis trois jours, il l’ignorait.
La douleur s’abattit avec violence, le pliant de douleur. Tails tituba, et avec peine, descendit de sa chaise avant de tomber. Les images se décomposaient devant ses yeux, et même en fermant les paupières, il voyait encore la pièce tanguer, trembler et la lumière l’aveugler, lui brûler les yeux. Des larmes de douleur coulèrent, qu’il effaça rapidement du bras, l’autre serré contre sa poitrine où son cœur serré souffrait atrocement. Le sang battait dans tout son corps, brûlant comme chargé d’un poison. Il tenta de respirer, recula pour se plaquer contre le mur où il allait s’écrouler, quand la douleur disparut aussi vite qu’elle avait frappé.
Le renardeau resta là, un instant les yeux fermés, puis les rouvrant pour découvrir cette pièce déserte, et le petit appareil posé sur la table. Chaque crise devenait plus douloureuse, et toujours un peu plus longue. Elles frappaient maintenant plusieurs fois par jour, et ne faisaient qu’empirer. Cela lui faisait peur, trop pour qu’il se les avoue. Une fois encore, quand la douleur fut totalement passée, le petit renard quitta le mur pour reprendre son activité, comme si rien ne s’était passé.
Dehors, la voix de Guilmon se fit entendre, quelques minutes après. Le reptile revenait les pattes chargées de légumes et de fruits, si bien qu’il devait jeter des coups d’œil de côté pour voir où il avançait. Il avertissait Tails de son retour, plein d’entrain à l’idée de le revoir, alors qu’ils ne s’étaient quittés que quelques heures auparavant. Tous deux, ces derniers jours, s’étaient beaucoup attachés l’un à l’autre, et les douleurs du renard les liaient encore plus. Derrière sa joie, son ami s’inquiétait.
- Regarde, lui dit Guilmon en tendant un fruit nouveau, j’ai cueilli ceux-là exprès pour ton estomac !
Il souriait, confiant, en présentant le gros fruit empli de jus. Le renard lui sourit aussi, puis attrapa le fruit dans lequel il mordit à pleines dents. C’était pour eux le moment de manger, puisqu’ils étaient réunis dans la cuisine. Le lézard regardait quelquefois le boîtier gris et noir, puis voyant que son ami soupirait, il lui promit qu’un jour le renard le réparerait. Ensuite, tous deux allèrent se reposer dehors, où un soleil doux chauffait l’herbe. « Digital ? » Le jeune renard avait du mal à comprendre. Il ne se sentait pas virtuel, ni ne pouvait concevoir ce monde comme un titanesque programme, ni imaginer son ami autrement que comme un être de chair et de sang.
- Dis, Guilmon, demanda Tails d’un air rêveur, tu crois qu’un jour tes amis reviendront ?
- Je ne sais pas, répondit le lézard avant de sourire, mais tant que tu es là, je ne suis pas inquiet !
Pourtant le renard aurait voulu les rencontrer, ces autres habitants du monde virtuel. Il les imaginait tous comme autant de lézards de toutes les couleurs, mais les descriptions et les dessins que lui faisait son ami l’embrouillaient encore plus. « Où sont-ils, alors ? » - « Je ne sais pas. Ils sont partis, peu à peu. Je crois qu’ils avaient peur. » Les yeux du renardeau se laissaient emporter par la verdure, puis par le lent mouvement de l’herbe. « Peur ? » Comme tout le reste, le renardeau n’y pensait plus. Après tout, ils étaient ensemble, et rien ne les menaçait.

Le soir allait bientôt tomber. A l’horizon, des colonnes de lumière rouge brillaient, se mouvant lentement dans ce lointain inaccessible. Au-dessus, distante dans le ciel, se trouvait la petite planète, toujours immobile et comme figée à sa surface. Tails s’imaginait construire une grande échelle pour la rejoindre, et parfois il se prenait à rêver qu’il volerait assez haut pour l’atteindre. C’était un beau rêve, auquel il ne voulait pas donner de fin. Lui et Guilmon revenaient de la rivière, parlant de ce qu’ils feraient demain et joyeux à l’idée d’avoir encore du temps pour eux aujourd’hui.
Soudain Tails s’arrêta, puis il tenta de murmurer un nom, avant de tendre la main vers son ami pour l’arrêter. Le lézard se retourna, inquiet, avant de se précipiter vers lui. Il se tenait, non pas la poitrine, mais le ventre, et serrait les dents. La voix de son ami transperça le sifflement de ses oreilles : « C’est encore ton estomac, Tails ? » Le lézard était paniqué, impuissant devant la douleur de son ami. Il ne pouvait que le tenir entre ses pattes, et espérer comme à chaque fois que la douleur s’en irait. Sans ce soutien, le renard se serait écroulé, la douleur lui serrant le cœur, le faisant presque saigner. Il ne sentait plus ses jambes, n’arrivait presque plus à voir, sinon un voile de brouillard où les ombres confuses devenaient des spectres. Ses pensées allèrent au hérisson bleu, et les larmes recommencèrent à couler. Il sentit sa main remonter au cœur, mais se souvint que Guilmon était là, et la maintint au niveau du ventre. Puis la douleur s’en alla.
- Tails ! Tails, réponds-moi !
Le renard rouvrit lentement les yeux. Il tremblait encore.
- Je vais bien, Guilmon. Je t’assure. Je vais bien.
Les forces lui revenaient rapidement. Il s’était senti, un court instant, totalement vulnérable, presque une brindille sur le point de briser. Sa frayeur le faisait encore frissonner, et intérieurement il sentait toujours de la douleur, mais très peu, et le petit renard voulait avant tout rassurer son ami, coûte que coûte. Quelques pas hasardeux le portèrent en avant, malgré un dernier voile sur son regard. Son corps se balança en équilibre précaire que seule sa marche maintenait, jusqu’à ce qu’il recouvre suffisamment de forces. Alors le pas devint ferme, assez pour faire oublier le malaise. Tails sourit à son ami, le visage tourné vers lui, puis ajouta d’une voix faussement enjouée :
- Rentrons maintenant ! Il va faire nuit.
Le lézard parut encore indécis, la tête légèrement penchée sur le côté, inquiète. Voyant ce regard posé sur lui, il réagit brusquement, d’un petit cri de joie tandis qu’il secouait la tête en signe d’approbation. Ils rirent un peu, pour se redonner du courage, alors qu’au-dessus d’eux le ciel vite obscurci les écrasait. C’était la nuit, soudain, un rideau d’ombres jeté devant eux. Leurs mains tendues se serrèrent, le gant du renard sur les griffes du reptile, pour ne pas se perdre. Les yeux brillaient confusément, perdus les uns dans ceux de l’autre, sortes d’étoiles tombées trop vite, qui peinaient à percer le noir. Le bruit de leur course s’évada bien vite, jusque dans leurs lits où elle se répercuta, tandis que, tombant de sommeil, tous d’eux s’enfonçaient sous les couvertures.
Cette fois, la douleur ne le quittait plus, lancinante, qui le faisait parfois serrer les dents. Le renard avait peur, incapable de comprendre ce qui arrivait. Il voulait partir, sans savoir où aller, sans savoir quoi faire. En même temps lui revenait la crainte de se retrouver seul. Différent. L’impression d’être un autre, étranger à lui-même, le frappa.
- Je suis fort, murmura-t-il, tout ira bien.
Ce mensonge supplémentaire s’ajouta au poids des autres, ravivant sa peine. Il fermait les yeux, le dos tourné à son ami, ses deux queues étalées sur le matelas. Dans le ciel le seul astre était cette planète lointaine, inaccessible, dont la lumière incertaine frappait les murs. Tails aurait voulu, au moins une fois avant de s’endormir, aller jusqu’à la fenêtre et regarder, même sans but, juste pour voir s’il n’y avait pas de chemin à suivre. Il ne s’en sentit pas la force. Les ombres obscurcissaient son esprit, et bientôt, les cauchemars.

Le lendemain, l’état du renard s’était encore aggravé. Il se leva en sursaut, pour découvrir son lit défait, la couverture rejetée. Son poil se couvrait de sueur, collé à la peau ou ébouriffé, et sa frange lui tombait sur les yeux, triste et abimée. Il soufflait, une main sur la poitrine. Sa gorge le brûlait. A côté de lui, Guilmon répétait son nom, l’air encore agité malgré le soulagement du réveil. Son ami récupérait par terre une serviette humide qui avait glissé du front du renardeau. Tout allait trop vite dans son esprit : les mots, les images, tout se mélangeait, en même temps que la douleur. Une brindille. Le halètement se calmait, les muscles se détendirent. Seule persistait la douleur, encore faible, à sa poitrine.
Le jeune renard se redressa, s’appuyant sur la main, malgré les conseils de son ami. Il le rassura encore, avec quelques mots maladroits, et le lézard le pressa de se rétablir. Il répétait : « Tu vas guérir ! » Ses mots résonnaient dans la chambre avec l’écho de la maison, un écho de solitude. Tails lui promit qu’il allait bien, désormais. Il voulait croire, lui aussi, que ce n’était qu’un cauchemar, qu’il ne risquait rien, que c’était terminé. Mais le goût dans sa bouche ne le quittait plus, et ses doigts insensiblement se serraient, à chaque pulsion de souffrance.
Tous deux descendirent, sans prendre la peine de nettoyer les lits. L’envie de quitter la pièce les animait, plus que celle de sortir. Aucun des deux n’avait de cœur pour jouer, soucieux derrière leur apparence confiante. Le ciel dehors devait être rayonnant, la végétation joyeuse, mais tout cela se trouvait à l’extérieur, hors de portée du renard. Son monde, petit à petit, s’effondrait à mesure que progressait le mal. Il ne savait plus quoi faire, tiraillé entre l’envie de partir et le besoin de rester, incapable de mettre fin à sa souffrance. Le boîtier lui revint en tête, cet étrange appareil délaissé sur la table de la salle à manger. Guilmon le suivit jusque là, dubitatif. Il n’aimait pas cette chose grise et noire, sorte d’intruse qui occupait tant l’esprit du petit renard.
- Il faut que tu boives, Tails ! Ca te fera du bien !
Tails se penchait à nouveau sur le boîtier ouvert, où la poussière commençait à se déposer. Il souffla dessus, puis observa ces circuits décolorés, à la recherche d’un indice, d’une échappatoire. L’énergie peut-être manquait, ou alors un circuit avait été endommagé. « Je n’y arriverai pas, » murmura le renard, les yeux fixés sur l’appareil. Il n’avait aucun moyen de savoir ce qui ne fonctionnait pas, ni même quelle pouvait être l’utilité du petit boîtier. Cet acharnement, soudain, lui sembla futile, presque absurde.
- Tails ! Oublie cet objet ! Il faut boire !
Le renard acquiesça et se laissa tirer loin du boîtier. Il n’avait plus qu’un regard vague, incapable de se concentrer sur quoi que ce soit. Cependant Guilmon s’empressait de lui donner des jus de fruit, les quelques coupes qu’il avait pu trouver dans la maison, pour que son ami les boive. Il était heureux de pouvoir le distraire ainsi, de se sentir utile. Tails se laissait faire, puis commença à y prendre part, se reprenant un peu plus à mesure qu’il buvait. Le reptile battait de mains en souriant, à la manière d’un enfant, en parlant sans discontinuer, et il répétait que ça ne pouvait pas être grave.
Après cela, tous deux se retrouvèrent désœuvrés, à se répondre sans vraiment savoir quoi dire. Tails se sentait mieux, réellement, mais il sentait bien que c’était temporaire. Son cœur le pinçait encore, secrètement, prêt à s’enflammer à nouveau. Il ne voulait pas que son ami soit là pour le voir.
- Je sais ! Je vais aller chercher de l’eau à la rivière ! Comme ça, quand tu auras soif, tu pourras boire !
Le jeune renard regarda son ami qui le pressait d’accepter, d’un geste de la tête, qui le suppliait d’aller mieux. Avait-il compris ? Tails acquiesça, timidement. Le reptile lui promit de revenir très vite, puis se précipita à l’extérieur, en tournant la tête sans arrêt, un geste rassurant à la main. La pièce se fit plus calme, silencieuse, presque reposante. Le regard du renard fut à nouveau attiré par l’appareil, alors qu’il cherchait encore des yeux son ami. Pendant quelques instants, il hésita, puis l’envie fut trop forte, ou la nécessité, et le renard se remit devant le boîtier, le rouvrit une fois encore pour fouiller les composants, sans savoir quoi chercher. Une partie de lui le poussait à croire.

La douleur, écrasante, le frappa de plein fouet. Son tournevis quitta sa main, frappa le bord de la table puis se perdit dans un son déjà étouffé. Il n’entendait plus que des battements déchirants qui l’étourdissaient, ne sentait que sa poitrine comprimée, où son cœur se serrait avec violence. Un choc dur l’alerta : il était tombé de la chaise, maintenant sur le plancher, incapable de voir le plafond. Sa vision se chargeait d’ombres noires et pourpres, battantes au rythme assourdissant dans ses oreilles. Sa main le souleva avec peine, tâtant autour de lui, le sol, le mur, pour se soutenir avec peine.
Il retomba lourdement, se releva encore, pour atteindre la chaise, sans savoir où aller, perdu, la main tendue dans le vide. A genoux, le petit renard fut prit d’une quinte de toux, avec un goût âpre dans la bouche. Le souffle lui manqua : un instant, il crut s’évanouir. Mais la souffrance, si vive, le maintenait alerte, et il sentait son cœur comme poignardé, percé de part en part, qui saignait. La toux le reprit, plus violente encore, puis il parvint à se remettre debout, plié et titubant, les deux bras serrés contre sa poitrine. Son pelage le brûlait, tout son corps souffrait. Peu à peu cependant les sens lui revinrent, la crise se calma, mais cette souffrance ne le quittait plus. Il la sentait croître, venimeuse, sapant ses forces avec lenteur. Le renard crut avoir de la bave à la bouche, et passa la main dessus, pour découvrir du sang.
Son dos glissa lentement le long du mur, à peine soutenu par les jambes flageolantes. Le regard ne quittait plus ces quelques taches pourpres qui teintaient le côté de sa main. Son cœur s’emballa encore, un court instant, l’obligeant à se recroqueviller pour calmer la douleur. Il avait envie de pleurer mais se retenait, sans savoir pourquoi. Le besoin pourtant d’exprimer sa peine se faisait lourd, mais quelque chose l’en gardait encore, peut-être le besoin de ne pas s’effondrer. Il regarda aussitôt le boîtier, l’appareil éteint, silencieux, avec un regard suppliant. Puis sa tête se baissa, et il se leva sans trop de peine, dans le silence revenu, pour faire quelques pas vers le couloir.
- Pourquoi est-ce que je mens ?
Il s’en voulait, furieusement, mais sa voix n’exprimait qu’un épuisement terrible. La phrase se perdit autour de lui, dans le silence, comme un substitut aux larmes.
- Je devrais lui dire que c’est mon cœur qui souffre, et pas mon estomac.
Il posa deux doigts sur sa poitrine, pour sentir le sang battre, brûlant. Son oreille saisit derrière lui le bruit de l’outre qui touchait le sol.
- Tails…
Le renard se retourna. Guilmon le regardait, à l’entrée, une expression terrifiée à son visage. Il tremblait, agité par les sentiments, puis soudain les larmes roulèrent à ses yeux, celles que le renard n’avait pas laissé paraître.
- Tails ! Pourquoi tu m’as rien dit ?! Pourquoi !
Le lézard se précipita sur lui, pour le serrer dans ses bras, en répétant le nom de son ami. Sa simple présence calma la peine du petit renard. Pourtant, il restait interdit.
- Guilmon… je suis désolé, je voulais…
- Ne dis rien, je comprends.
La main du lézard se posa sur son visage, douce et chaude, rassurante. Mais son ton restait grave, plein de reproche, et il continuait à pleurer.
- Je sais que tu voulais bien faire, mais ne me mens plus jamais ! Promets-le-moi !
Tails promit, incapable de faire plus. La présence de son ami lui rendait un courage qui lui avait manqué terriblement ces derniers jours. Il se sentait revivre, malgré la peine et le doute, malgré les reproches. On le grondait, et on le rassurait tout à la fois. Il eut peur de perdre son ami. Les excuses surgirent, hésitantes, à sa bouche.
- Ne t’inquiète pas, je comprends, lui répondit Guilmon. Tu es plus qu’un ami pour moi. C’est pour ça que je ne suis pas fâché après toi.
Il avait séché ses larmes, et cherchait à sourire, pour faire sourire son ami. Son visage juvénile transformait la tristesse en une teinte d’espoir. Le reptile serra Tails dans ses bras, et ce geste fit disparaître la douleur, une fraction de seconde. Alors Tails sourit à son tour et, confiant, serra le cou de son ami. La souffrance cependant se faisait plus persistante, crispant ses muscles, le faisant serrer les dents. Il sentit son cœur las, serré au plus profond de lui, saigné par la peur et ce mal inconnu. Le petit renard murmura un nom, à plusieurs reprises, mais Guilmon ne l’entendit pas.
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« Répondre #3 le: Août 30, 2007, 06:55:32 pm »
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Il n’y a pas grand chose à dire, l’histoire avance très doucement. Ce nouveau chapitre est une mine d’or quant au descriptions de cet étrange univers mais fait à peine avancer l'intrigue. Ce n'est pas sans me déplaire. Je ne le comprends pas vraiment si c’est une dimension parallèle ou un monde irréel ? J'ai eu un peu de mal à imaginer Guilmon. D'un autre côté je ne connais absolument pas Digimon.

Une drôle de répétition qui m’étonne un peu. Est ce une erreur ou l’as tu fait intentionnellement ?

Citation de: "Feurnard"
La douleur s’abattit avec violence, le pliant de douleur.
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« Répondre #4 le: Septembre 09, 2007, 08:28:31 am »
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Son œil jaune, enfoncé à l’arrière du crâne


J'ai du mal à me l'imaginer. Je connais Guilmon, et l'ai en tête aussi facilement qu'ici un fan pourrait avoir celle de Sonic, mais cette phrase est assez bizarre, je dois t'avouer. Je n'en comprends pas vraiment la signification.

Citation
La main du lézard se posa sur son visage


Quand on connaît le lézard en question et ses deux grosses pattes qu’il laisse traîner devant lui quand il court et même quand il est en repos, on a du mal à s'imaginer qu'il pose "sa main sur un visage". Tout ça pour te dire que je n'aime pas cette formulation, ça ne va pas du tout avec le "lézard" concerné.


Hormis ces deux points, je n'ai rien à te reprocher. Mais je t'avoue que c'est difficile de te reprocher quelque chose, puisqu'à chaque point douteux, je me dis que c'est peut-être ton style, ou bien une reprise littéraire que je ne connais pas encore.
Mais dans l'ensemble, je n'ai vraiment rien à redire. Les descriptions, autant pour l'environnement que pour les sentiments (surtout le deuxième point), sont tout simplement fabuleuses.

Le problème sur ce forum, concernant ton texte, c'est que tes chapitres sont bien trop longs pour beaucoup de personnes, j'en suis certain. Et ton style (à savoir peu de dialogues directs et beaucoup de narration), ne dois pas attirer beaucoup de forumeurs non plus. Il faut vraiment aimer lire, quoi.
Et puis il faut avouer que les adolescents se fichent pas mal pour la plupart de toute cette narration, ils préfèrent l'action et la romance aux descriptions. Egoïste, et oui ~~

J'attends donc le chapitre trois avec autant d'impatience qu'un autre, si ce n'est plus. J'ai hâte de voir comment tu te débrouilles avec la description d'un combat.
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Donf : Vous êtes folles.
Rekkua : Je me demande ce que ça peut être, d'être folle, quand c'est toi qui qualifie la personne...

Niark! :] :
*ND ça veut dire glauque en fait? ok
Niark! :] :
*"putain ce château il est ND o_o
 
 
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« Répondre #5 le: Octobre 27, 2007, 07:59:17 am »
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Pour l'oeil, je voulais un Guilmon plus bestial, clin d'oeil aussi à l'original et enfin, structuration du crâne qui m'avait arrêté pendant plusieurs jours.
"He put his paw on my face" vient directement de l'original, j'aurais dû dire "patte", je laisse en l'état, ça a son intérêt.

Par limite de caractères (32'800 signes pour le chapitre), je vais diviser mes chapitres en deux. Le combat, hélas, dans la seconde partie.
J'oubliais, j'ai une tare : je n'écris que pour moi.

----

Chapitre 3 – S’évanouir au milieu de la bataille

La nuit venait de s’abattre. Sur tous les arbres de la forêt s’étendait l’ombre, jusque dans le lointain. Le bruit de la rivière, avec ses petites chutes et le doux frémissement de l’eau, ne se faisait plus entendre. A l’horizon les colonnes de lumière rouge flottaient, minuscules, à la manière de spectres. Une rumeur seulement perturba le silence, un petit cri de douleur. Aucun vent ne soufflait, sous ce ciel d’artifices, et les plantes, les fleurs, toute la végétation se gardait du moindre mouvement.
La maison se découpait dans la pénombre, avec sa fenêtre où brillait la vieille lampe. Le reste de sa façade, les murs, le toit, se perdaient en taches sombres. Elle semblait un ilot de vie dans ce monde abandonné. Rien ne la menaçait, sinon la lourdeur du temps. Un nouveau cri, plus long, plus faible, jaillit par la fenêtre ouverte, où l’air frais entrait en silence. La lampe en cuivre était posée à même le plancher tapissé. Sa lumière formait une fresque effrayante sur les murs.
Le petit renard, couché sous une épaisse couverture, s’agitait, se tenait la poitrine. Une douleur atroce lui tailladait le cœur. Tout son sang bouillonnait, et ses membres convulsés l’obligeaient à se rétracter, toujours plus, pour éviter les sursauts violents qui s’emparaient de lui. Il suait, le poil tiré par son tourment. Des cris lui échappaient entre ses dents serrées. Il voulait se débattre, et se roulait alors, et ses bras battaient l’air, en vain, pour se rabattre aussitôt contre son torse. Ses oreilles basses déchiraient les sons.
- Tails !
Son ami près de lui cherchait à calmer la douleur, aussi agité que le petit renard. Il cherchait à appliquer sur le front brûlant un linge humide, plié par ses soins, mais le linge glissait tout le temps, rejeté par un mouvement de tête. Il entendait le renard appeler, au milieu de son tourment, répéter : « où es-tu », avec une exclamation angoissée. Mais il avait beau lui répondre, d’un même ton éperdu, le lézard se sentait impuissant, incapable de guérir son ami. Ses bras s’ouvraient dans le vide, sans se refermer jamais. Les spasmes du renard, effrayants, le chassaient, et comme hier, comme avant-hier déjà, il craignait que la crise ne prenne pas fin.
Chaque cri l’alarmait encore plus. Son ami se mourait, et il en souffrait désormais au moins autant. L’ignorance alors était préférable à cet état d’impuissance, même s’il essayait de se persuader du contraire. Guilmon répétait : « je suis là ! » C’était à peine si Tails réagissait, entrouvrant les yeux, puis un nouvel étirement le renfermait dans sa souffrance. Les mots se dispersaient, échos perdus dans les parois boisées de la pièce. Le renard laissa échapper une plainte supplémentaire, une petite plainte triste, qui perça le cœur de son ami.
Guilmon attrapa le linge jeté à terre. Il chercha, par la fenêtre, par la porte, une présence qui l’aiderait, qui lui dirait quoi faire. En cet instant, toutes ses certitudes étaient ébranlées. Il s’était promis de rester jusqu’au bout avec le petit renard, de ne pas l’abandonner. La vision de son ami torturé le faisait trembler. Après, le renard serait immobile, les yeux clos, et l’expression toujours douloureuse. Cet instant, plus qu’aucun autre, le lézard le redoutait, car alors il ne savait plus quoi espérer, entre ce sommeil silencieux ou cette crise vive.
- Je vais chercher un linge humide !
L’idée s’imposa à lui comme une nécessité, tant son impuissance le torturait. Il se retrouva soudain dans le couloir, devant l’escalier, et dans son dos le bruit d’une lutte qui se poursuivait, qui décroissait à mesure qu’il s’éloignait. Ses pattes le portèrent rapidement jusqu’au bas des marches, où il s’arrêta, pour regarder ses pattes où le linge reposait encore. Puis ses yeux cherchèrent partout, éperdus, une direction à prendre. Il n’osait juste pas tourner la tête derrière lui, mais ne se sentait plus la force d’avancer.

Un sifflement léger, à peine perceptible, vint résonner dans le crâne du lézard. Il baissa la tête, laissa échapper un soupir, plutôt un gémissement. Guilmon ne voulait pas que son ami parte, mais il se sentait déjà seul, et cette menace lui pesait. Autrefois, d’autres auraient pu l’aider à soigner le jeune renard, mais ils avaient tous disparu, les uns partant à la recherche des autres, ou effrayés.
La forêt depuis avait perdu toute vie, et la solitude lui avait pesé, des jours entiers, des semaines, des mois peut-être. Il serait parti, lui aussi, mais Guilmon attendait, depuis sa naissance, sans savoir exactement quoi. Il s’avança de quelques pas dans le couloir, la tête basse, le linge entre ses mains. Un cri le fit frissonner. Le sifflement ne cessait plus dans sa tête. Le linge plein d’eau lui brûlait les mains. Il le serrait, pour ne pas le lâcher, du moins essayait-il de se le persuader.
Le lézard avait attendu toute sa vie, et aujourd’hui, il était certain d’avoir trouvé, et n’avoir plus à attendre. Il voulait croire que Tails était celui qu’il avait attendu, toute sa vie. Mais le renard allait partir, et Guilmon ne savait plus quoi penser. Il trouva le courage de tourner la tête vers l’escalier. « Il m’attend, là-haut, et je suis en bas. » Le reptile ne trouva rien d’autre pour exprimer son désarroi. Il voulait remonter, mais n’en trouvait pas la force. Il ne voulait plus voir son ami souffrir.
Quelques pas encore le menèrent jusqu’à l’entrée de la cuisine. Au fond se trouvait la porte coulissante, qui menait vers l’extérieur. Tout y était plongé dans l’obscurité. Cependant le sifflement, qu’il croyait venir de sa fatigue, se fit assez fort pour qu’il en trouve la source. Le lézard vit, sur la table, abandonné, le petit boîtier encore ouvert, dont les composants brillaient, et dont l’écran, tourné contre le bois, laissait échapper un halo de lumière. L’appareil émettait un bruit continu, comme un appel.
Guilmon s’en rapprocha, et pour se débarrasser les pattes déposa le linge sur le rebord de la table. Mais le poids de l’eau fit basculer le linge, qui s’effondra au sol d’un bloc. Surpris, le lézard ne prit cependant pas le temps de le ramasser. Déjà, il était à côté du boîtier, et le reniflait, l’attrapait avec la patte, pour le faire tourner. La tiédeur de l’engin contrastait avec la fraîcheur de la nuit, et cette lumière crue dans la pièce sombre l’aveuglait. Il vit cependant le petit écran, et à l’intérieur, des suites interminables de lettres, deux lettres rouges, qui se répétaient encore et encore, en un rire impersonnel, sans la moindre signification : « … HAHAHAHAHAHA… »
Cette fois, la preuve était faite. Depuis le début, Guilmon était persuadé que ce boîtier causait la souffrance de son ami. Il serra ses griffes contre l’appareil, avec l’envie de le détruire, pour que cesse ce qui avait tout du cauchemar. Tout pouvait se terminer là, peut-être. Le rire désarticulé continuait, insensible. Les lettres défilaient, emplissaient tout l’écran, et le lézard pouvait s’imaginer derrière le rire véritable, le ricanement sadique qu’il signifiait. Il grogna, serra encore sa prise, mais un appel plaintif transforma sa colère en crainte. Tails avait crié, cette fois. Le boîtier sembla s’éteindre, son écran ne présentait plus qu’une surface bleue unie, inexpressive, comme morte.
Le reptile se précipita dans le couloir, puis s’arrêta, soudain, parce qu’il avait oublié le linge. Le temps pressait, il craignait pour son ami, mais Guilmon se jeta quand même par terre, pour ramasser le linge et comme il allait repartir, une fois encore, un besoin l’arrêta. Il se retourna encore, chercha une seconde, puis trouva un seau encore plein d’eau, dans lequel le linge plongea entièrement. Un silence pesant affolait le lézard. Ses pas résonnèrent, précipités, dans le couloir.

Tails écarquilla les yeux, les referma, les rouvrit difficilement. Il sentit le poids de la couverture, et dans son cœur, le poison de sa douleur qui le serrait encore. Sa respiration saccadée l’agitait toujours, mais il restait couché, comme calmé. « Où suis-je ? » La mémoire lui revint, en même temps que se dessinait pour lui la lumière de la lampe posée à son chevet. Il sentit alors la crispation de ses dents, la douleur dans tout son corps éprouvé. Sa gorge brûlait, sa bouche était desséchée, et il sentait encore rouler dans sa tête le tourment passé. Guilmon n’était pas là, et cette solitude lui fit peur. Péniblement, Tails se releva, pour entendre les pas pressés de son ami dans l’escalier. Dans un instant, il serait là ; ses contours, sa peau rouge écailleuse, se dessinèrent dans l’encadrement.
- Guilmon !
La voix du jeune renard était faible, mais joyeuse. Il tentait de sourire, malgré la souffrance. A son tour, le lézard aurait dû se réjouir, mais il gardait une expression inquiète, qui toucha le renard. Cependant son ami le faisait se coucher, et lui appliquait le linge sur le front, en unique réconfort, puisqu’il n’y avait plus rien d’autre à faire. Tails cherchait à mi-voix des paroles de réconfort, et même en cet instant, qui ne durerait que quelques heures, seul comptait pour lui qu’ils étaient ensemble.
Il vit alors, dans la patte griffue, le petit boîtier ouvert, et allumé. Guilmon s’en rendit compte. Il chercha à lui expliquer ce qui s’était passé, mais ne parvint pas à le dire, à dire ce qu’il avait lu durant son délire. Mais comme le renard s’en réjouissait, retrouvant un espoir dans cet insignifiant changement, son ami le coupa net, avec un ton presque agressif. Il le pressa de détruire le boîtier, sans parvenir à expliquer pourquoi.
- Je t’en prie, il faut le détruire ! Ou bien il te séparera de moi !
- Mais c’est… c’est…
- Tails, je ne veux pas te perdre !
Le reptile l’attrapa entre ses pattes, dans un mouvement du cœur. Tous deux n’avaient guère eu qu’une semaine pour se connaître, et pourtant, ils tenaient déjà beaucoup à l’autre.
- Tout ira bien, Guilmon.
C’était ce que lui-même avait dit à Tails, pour le réconforter. Chacun des deux s’occupait de l’autre, mais aucun ne devinait le mal qui les accablait. Une frontière, entre eux, resterait définitivement infranchissable. Le jeune renard se rappela, voilà longtemps, les nuits passées à observer les étoiles, dans une quête qu’il comprenait autrefois. Au fond de lui, Tails n’était qu’un enfant, et son ami aussi. L’avenir pouvait encore l’effrayer parfois.

La nuit passa. Par un étrange miracle, Tails parvint à trouver le sommeil, sans qu’aucune crise n’éclate. Il se réveilla comme surpris par la douleur, et s’attendit à sombrer, mais rien n’arriva. Sa main contre le cœur tenait encore, au centre de son corps recroquevillé, le petit boîtier allumé, sorte de veilleur qu’il avait gardé toute la nuit. La lumière artificielle du jour avait fini par le remplacer, mais le renard le gardait encore contre lui. A côté, couché sur le côté et dos à lui, dormait Guilmon. Le lézard s’était effondré de fatigue, pour avoir veillé longtemps encore, sans doute rongé par l’angoisse de voir son ami torturé. Il ronflait à présent, vaincu.
Le renard trouva la force de se relever. Il trembla sur ses jambes, retomba, un genou sur les tapis du sol, puis se reprit et parvint à rester debout, malgré un léger tournis. Cette première victoire lui faisait moins plaisir que de retrouver Guilmon, dont la quiétude revenue le rassura. Il s’amusa presque, de le voir ainsi couché, lui qui s’était tant inquiété pour le renard, et qui ne l’abandonnerait jamais. Du moins en était-il persuadé. La faim tenaillait son estomac, un agréable souvenir après ces deux jours éprouvants. La soif surtout le pressait de descendre, mais il voulut attendre le réveil de son ami.
Dehors, la forêt restait figée, semblable au jour passé. Tails la regardait par la fenêtre, et cherchait à entendre à nouveau l’eau du ruisseau, sans y parvenir vraiment. Appuyé sur le rebord, il observait les alentours paisibles, et crut bien à cet instant que tout était terminé. Mais la douleur le rongeait toujours, et de petites piques vives l’oppressaient. Cet instant de calme serait peut-être le dernier.
Dans son dos, Guilmon se levait. Tails se retourna, et le salua avec une exclamation de joie. Tous deux se réjouissaient, dans ce trop court instant, quand le boîtier abandonné sur la couverture du renard se mit à émettre un nouvel appel sonore. Le renard sentit son cœur se compresser, et le sang, dans une saute de respiration, afflua dans tout le corps. Il tituba, mais rassura son ami, et alla se saisir de l’appareil. L’écran laissa apparaître un mot, aussitôt après qu’il l’eut saisi, puis quelques points suspendus dans le vide, et un autre mot, le même. Ensuite, tout s’enchaîna :
« Tails… Tails… trois Tails trois trois trois jours trois trop tard il est Tails trois jours trois Tails… Tails… » Chaque mot peu à peu prenait place, et des phrases se formaient, au milieu de ce flot affolé. « Le virus est encore imparfait… quiconque traverse le portail digital… quiconque… Je l’ai testé sur Tails ! … … Le virus… il est trop tard… quiconque… trois jours… Tails… Il n’a plus que trois jours »

A l’instant même, une violente secousse fit trembler l’ensemble de la maison. Jetés à bas par le choc, les deux amis se relevèrent en hâte, pour aller regarder par la fenêtre. Tout était vide devant eux, juste la forêt, et au loin, très loin, les colonnes rouges de lumière qui se déplaçaient. Guilmon pressa son ami de sortir, et ils quittèrent la chambre, Tails tenant toujours dans sa main le petit boîtier. Aucun des deux n’avait prêté attention au dernier mot, écrit lui dans une couleur bleue, dans des lettres majuscules, et qui avait balayé tout le reste : « jamais ».
Ils n'y prêtaient plus attention, n'y pensaient plus, car pour tous deux s’imposait le sentiment écrasant du danger. Ils arrivaient dehors, quand Tails s’arrêta, la main plaquée contre l’encadrement de la porte. Il plaça son autre main, avec le boîtier, contre son cœur, et soudain, toussa, toussa encore. Un vertige effrayant le jeta à genoux, et la voix de son ami s’en fut loin de lui. « Pas maintenant ! » Trop tard, la souffrance brisait toutes ses résistances. Il tentait vainement de se tenir au bois de la porte, pour ne pas s’écrouler, mais une nouvelle secousse, accompagnée d’une déflagration terrible, le plaqua au sol.

....
« Dernière édition: Novembre 19, 2007, 04:52:10 pm par Feurnard »
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Re : [Fan Fic] [Tails] Face
« Répondre #6 le: Novembre 15, 2007, 01:04:43 pm »
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Doublon, fin du chapitre deux, avec le combat (si si).
Envoi car le chapitre trois a été écrit.

----

...
Guilmon se précipita dans sa direction, mais s’arrêta en le voyant plié de douleur. Il en conçut d’abord une crainte terrible, puis de la colère, une rage sourde. Son regard se tourna vers l’horizon, à la recherche d’un ennemi, la source de ces tremblements de terre. Un rayon effiloché frappa la forêt, à peu de distance, pour former une vaste sphère, puis il y eut une déflagration hallucinante. L’instant d’après, les arbres, les fleurs, l’herbe, les rochers, tout se désintégrait, ne laissant qu’une surface désertique.
Le lézard releva la tête. Dans le ciel se découpait à présent une forme, comme un trou blanchâtre creusé dans la voûte artificielle. Elle se rapprochait lentement, dans un mouvement lent et détaché. Il reconnut la forme d’un œuf. La surface lisse, livide, était dépouillée de toute émotion. Le robot progressait à la manière d’un spectre, à chaque instant plus visible, et plus grand, surplombant tous les environs.
Pour tout visage, il n’avait que deux rouages désaxés, superposés, qui tournaient parfois sur quelques crans, l’un plus vite que l’autre, car plus petit. Leur cliquetis grinçait aux oreilles. De chaque côté il portait des épaulettes bombées, où pendaient un large ruban de métal. Les rubans claquaient comme des drapeaux de samouraï. Enfin l’ennemi s’arrêta devant la maison, à près d’une centaine de mètres d’altitude. Guilmon laissa entendre un grognement féroce, prêt à défendre son nouvel ami malgré un sentiment de faiblesse terrifiant.
- Toi… fit une voix faible dans son dos, tu dois être… quelque chose en « Egg », pas vrai ?
Tails souriait, défiant. Malgré la crise, et la douleur, il avait réussi à se relever, et s’appuyait contre l’encadrement de la porte, les yeux mi-clos. Contre sa poitrine, le boîtier brillait d’une lumière furieuse. L’œuf volant, loin de lui, n’avait pas dû l’entendre, et ne l’aurait sans doute pas pu, mais il répondit mécaniquement, peut-être sans s’en rendre compte.
- Je suis Eggmon.
Les rouages se remirent à tourner, un court instant. Guilmon lui regardait Tails, heureux de le voir debout. Le courage lui revenait, avec celui-ci, la rage de se battre. Un sifflement strident lui fit tourner la tête, et il n’eut que le temps de se jeter en arrière. L’un des rubans s’était déployé, pour frapper le sol avec force, là où se tenait avant le lézard. La terre se fractura, et des blocs pulvérisés volèrent de tous côtés.
- Tails !
Le renard était trop faible pour se battre, mais il ne voulait pas laisser son ami seul. Ce besoin de lutter, jusqu’au bout, l’animait tout entier, et au lieu de reculer, il s’avança d’un pas, pour tomber, et se relever un peu, ramper presque encore. Ses membres se convulsaient, mais il avait la force de les raidir, et défiait ainsi cet adversaire. Ce dernier replia le ruban, qui pendit à nouveau sous son épaulette, puis il reprit la parole, d’une voix détachée.
- Tails... Tu es Tails. Je suis venu abréger tes souffrances.
- Quoi ?
Le jeune renard regardait son adversaire, au travers du voile déchiré de sa vision. Il avait du mal à se concentrer, et les questions, toutes celles qu’il se posait depuis le premier jour, le submergeaient. Rien n’avait de sens. Sa présence, ici, dans ce monde, cette maladie, qu’il croyait venir d’Eggman, et maintenant ce robot, venu le tuer. Pourquoi ?

Mais déjà le robot dressait à nouveau un des rubans, le repliait, puis frappa, et la bande métallique siffla dans l’air, droit sur lui.
- Pyrosphère !
Un trait de feu frappa le ruban, et l’explosion le dévia de sa course. Guilmon se plaça devant Tails, protecteur, pour faire face à Eggmon. Sa gueule fumait. « Ton nom ne me trompe pas ! » Ses yeux fulminaient, il hurlait, l’échine dressée, le corps raidi, prêt à se battre. « Tu n’es qu’un vulgaire robot ! » Sa gueule s’enflamma, et un nouveau trait de feu s’éleva dans les airs. Les deux rubans s’enroulèrent alors autour de la forme ovoïde, et la sphère ardente explosa contre cette coque de métal. Là où elle avait frappé, les rubans s’étaient détachés en fibres qui flottaient, pour reformer ensuite une surface unie.
- Laisse Tails tranquille !
Les rouages tournèrent, s’arrêtèrent. Les rubans se retirèrent soudain, et devant les deux rouages, une lumière apparut. Les yeux de Guilmon s’ouvrirent grands, mais il ne pouvait pas bouger, à cause du petit renard derrière lui. Le rayon fusa, presque transparent. Il l’intercepta, les deux pattes croisées devant sa gueule, et tenta de chasser l’énergie sur les côtés. La déflagration le jeta en arrière, et il roula contre le sol, à l’instant même où le robot tirait un nouveau trait d’énergie. Juste au-dessus de Guilmon, le mur de la maison fut éventré, puis une sphère de lumière dépassa les parois, et dans un souffle, la moitié de l’habitation vola en éclats, pour disparaître dans un nuage de données.
Tails cria, mais déjà, la poussière se dissipait. Le lézard, à nouveau debout, toisait son adversaire avec rage. Autour de lui, encore secoué par l’explosion, l’air chaud se dilatait, faisant trembler la réalité. Le dos se courba, et la queue entraînée claqua d’un coup sec. « Pyrosphère ! » L’oxygène s’enflamma, expulsé d’un geste de la tête, le trait de feu fila dans un nuage brûlant. Le robot allait former sa défense, mais il n’avait pas encore réagi que la flamme le touchait. Une violente explosion le secoua tout entier, et le ciel un instant devint sombre, face aux bourrasques incendiaires.
Guilmon souffla, pour expulser l’air chaud de sa gueule. Il battit la tête sur les côtés, puis regarda son ennemi. Tails aussi. Le combat semblait lui rendre des forces, au moins celle de lutter, et il parvenait avec peine à se redresser, le torse plié. Devant lui, les surplombant toujours, planait l’œuf mécanique, dont les rouages tournaient encore dans un grincement sinistre. Une marque noire s’était formée sur sa surface lisse, mais aucune fêlure, et de lui, aucune réaction.
Une seconde sphère de feu le frappa de plein fouet, le faisant reculer sous la détonation, mais déjà la machine infernale se réveillait, et des nuages noirs qui l’environnaient après l’explosion, les deux rubans sortirent, dans un vaste arc de cercle. Guilmon laissa échapper un cri de stupeur, et comme les bandes de métal allaient le frapper des deux côtés, revenant à toute vitesse, lui s’élança pour échapper au piège. Les deux rubans frappèrent en même temps. Dans son dos la roche, le bois, tout était pulvérisé, tout s’effondrait. Le robot avait frappé dans les ruines, et ramenait à présent vers lui ses deux armes. Alors Guilmon s’arrêta dans sa course, chargea sa gueule de flammes. Une traînée ardente monta droit sur le robot, mais ce dernier se déplaça brusquement, et le trait passa à côté.
Il y eut un nouveau rayon, surgi des rouages, qui se dessina en une fraction de seconde. La décharge percuta presque aux pieds du lézard, qui fut emporté par le souffle. Son corps retomba lourdement au sol, dans l’herbe artificielle qui amortit sa chute. Il se relevait déjà, quand le ruban métallique, dans son sifflement strident, le percuta de plein fouet. Tails sentit sa respiration se couper nette. Il chercha du regard son ami, pour le retrouver étalé et soufflant, quelques mètres plus loin.
Il ne pouvait pas laisser son ami se battre tout seul. Au fond de lui, le renard comprenait que Guilmon n’avait aucune chance. Il voulut se précipiter vers lui, fit quelques pas, mais la souffrance l’écrasa sur place. Dans sa main le boîtier lançait des sons affolés ; il l’avait oublié ; le renard regarda l’appareil. Un vaste cercle holographique se forma alors devant, montrant Guilmon, et les informations défilaient à propos du lézard, sur ses attaques, sur sa santé. Tails releva la tête : le lézard s’était relevé, et courait à présent, dans un vaste cercle autour du robot, en tirant coup sur coup les sphères de flammes.
Le robot frappait avec ses rubans métalliques, et leur sifflement emplissait le ciel, en même temps que les tremblements terribles à chaque fois qu’ils frappaient le sol. Autour de la machine, la fumée noire stagnait, et les déflagrations chauffaient l’air, jusqu’à grésiller. Il se rapprochait peu à peu du sol, à force d’être frappé, et pour frapper lui-même. Plusieurs secondes s’écoulaient entre deux attaques, et à chaque fois les bandes métalliques rataient de peu le lézard, défonçant alors une terre rendue aride à force de destruction.
Cependant Guilmon s’épuisait. Il s’arrêta encore, le temps de tirer une nouvelle sphère, mais son cri se fit plus faible, tandis que ses flancs battaient. L’instant d’après, l’un des deux rubans frappa, et lui se jetant sur le côté parvint à l’éviter, une fois encore, de peu. Déjà le second ruban sifflait, mais le lézard resta sur place, ses deux pattes placées devant lui pour toute protection. L’impact lui fit plier les genoux, et le sol sembla se dérober sous lui.
Pourtant il avait tenu, et avant que l’ennemi ne tire à lui son arme, le lézard attrapa de ses deux pattes ce ruban meurtrier. Elles avaient souffert, et tremblaient sous l’effort, mais il retenait ainsi son adversaire. « Pyrosphère ! » Le trait de feu frappa en plein sur les rouages, et le robot sembla s’effondrer, filant droit vers le sol, pour s’immobiliser quelques dizaines de mètres au-dessus. « Pyrosphère ! » Le cri de rage fit se redresser Tails tout à fait. Le projectile ardent frappait l’épaulette : les vagues de flammes léchèrent la surface du robot, jusqu’à la moitié, faisant disparaître l’autre dans un éclat aveuglant.

Le grincement des rouages se fit entendre, plus affreux encore qu’avant, puis, du sein de la fumée noire, un éclair de lumière blanche fusa. Guilmon n’eut que le temps de lâcher sa prise pour se jeter en arrière : le rayon touchait le sol, et déjà la sphère blanche englobait l’espace, faisant disparaître la silhouette du lézard. Tails dut détourner le regard, comme le son tonitruant de l’explosion lui arrivait. Sur l’écran de l’appareil, le rouge envahissait tout. Son ami réapparut, debout, titubant, les deux pattes pendantes. Son corps se couvrait de blessures, de contusions. Soudain, il tomba à genoux, puis s’effondra tout à fait.
- Guilmon !
Tails avait hurlé, de toutes ses forces, mais le cri n’avait même pas atteint son ami. Il sentit son cœur sur le point de rompre, mais n’y prêta plus attention. Ses tempes lui battaient, tout son corps tendu souffrait, mais malgré cela, porté par ses sentiments, le renard s’avançait, debout, sur ses deux jambes. Il sentit le vertige le prendre, le jeter à genoux, mais déjà se relevait, dans une quinte de toux. Sa jambe avança encore d’un pas, un seulement, pour s’immobiliser. Il était paralysé par la douleur, et la peur. Le robot s’était tourné vers lui.
- Je viens pour Tails.
La voix mécanique se déroula dans l’air, insensible, insensée. Le robot se rapprochait de lui à présent, lentement, et les deux rubans pendaient, si tranquilles désormais. Tails ne pensa plus à lui, mais à Guilmon, et d’une façon infantile, il serra contre lui le petit boîtier, comme si cela allait suffire pour guérir son ami. Il suppliait pour que le lézard se relève, et voyait la masse rouge du reptile immobile, loin de lui. Ses pensées se brouillèrent, sous l’effet de la douleur. Il ploya, sur le point de tomber. Tout se fit noir autour de lui.
Le boîtier lui échappa des mains. Il ne l’aiderait pas, ne lui servirait à rien. Avec ses lumières rouges, ses sifflements, il semblait appeler le malheur, et ne cessait de rappeler la mort imminente. Tails se souvenait encore des mots écrits en rouge sur le petit écran. Il voulut crier, se précipiter auprès de son ami, mais ses forces l’abandonnèrent. A l’instant de s’évanouir, le jeune renard crut entendre la voix de Guilmon. Le lézard l’appelait, il fit mine de répondre, ses lèvres remuèrent, ce fut tout. Le lézard se releva.
Un premier sifflement s’abattit sur le renard, mais le rata de quelques centimètres. La simple secousse l’envoya frapper le sol, plus loin, et rouler au milieu de fragments projetés avec lui. Un second sifflement s’abattit, le frappant dans le dos, avec tant de violence qu’il l’enfonça dans le sol fracturé. Une plaie se dessina, rougie, là où le ruban avait frappé. Celui-ci se retirait lentement, pour se suspendre incurvé au-dessus du corps inerte. Les rouages du robot tournaient à toute vitesse, comme affolés, tandis que le ruban restait ainsi suspendu. Puis le robot tout entier disparut dans un souffle ardent.
« Pyroblast ! » Les colonnes de feu continuèrent sur leur lancée, et le robot se transforma en torche dont les flammes formèrent un long sillage rougeoyant. Après son passage, toute la surface du robot irradiait de fumée, mais intacte, défiait toujours les attaques du lézard. Ce dernier n’était plus jeune, ni faible. Le halo informatique se dissipait encore, autour de lui. Depuis le haut de son crâne descendait une crinière blanche, le long de son échine. Il était désormais presque aussi grand que son adversaire.
Growlmon gronda longuement, les deux yeux fixés sur le robot qui maintenant s’était entièrement tourné vers lui. Il ouvrit sa gueule, d’où s’échappa entre ses dents les vapeurs lourdes, et une nouvelle boule de feu se forma, énorme. Toute sa colonne claqua comme un fouet pour projeter cette masse en fusion, dont la traînée noire se consumait d’elle-même. Le robot à cet instant fit feu avec son laser, et le rayon frappa en plein dans la sphère, irradiant un vague instant, avant d’exploser. La déflagration se fit destructrice, et le souffle brûlant balaya les arbres, désintégra leur tronc, avant de soulever la roche même en débris qui volèrent de tous côtés. En même temps dans le ciel s’élevaient des nuées de fragments incandescents.
Le lézard n’attendit pas, plia les jambes et chargea son adversaire. Arrivé à quelques mètres, il bondit, et le saut le mena droit devant le robot. Les rouages tournèrent devant lui, et le rayon fusa, mais à côté, disparaissant dans le lointain. Growlmon donna un coup de griffes sur la surface lisse, sans parvenir à la percer. Il frappa encore, dans un dernier mouvement, tandis que sa masse l’entraînait vers le sol. Alors les deux rubans se déployèrent, fulgurants, et le frappèrent à la poitrine, droit au cœur, pour le propulser contre terre.

Il s’écrasa lourdement, sur le dos, mais le robot ne lui laissa pas le temps de se relever. Les coups fusèrent, l’un après l’autre, dans un acharnement fou. Ils frappaient les bras, placés devant lui pour se défendre, et parfois touchaient la tête, ou le ventre, ou même s’écrasaient à côté, tant l’enchaînement devenait rapide. A chaque coup Growlmon laissait échapper un cri. Puis les rubans revinrent en position initiale, et le lézard, malgré ses blessures, parvint à se relever.
- Missile strike.
Du dos de l’œuf robotique surgirent une dizaine de missiles, dont les traînées formèrent une étoile avant de se diriger sur Growlmon. Ce dernier ne put pas réagir, les yeux écarquillés. Il ne croyait pas ce qu’il avait entendu. Les projectiles de métal s’abattirent sur lui, et tout autour, dans des gerbes de roches et de flammes tonitruantes. Un véritable tapis de bombes s’écrasa, le faisant disparaître entièrement sous les explosions. Même après, d’épaisses colonnes de fumée s’élevaient, masquant la vue.
Mais le robot n’y fit pas attention. Ses rouages tournèrent encore, avant de s’arrêter brusquement. Le rayon se forma devant eux, et alla se perdre dans les colonnes noires. Une secousse balaya la fumée, fractura la roche. Un second tir fusa, et la sphère blanche, une fois encore, engloba tout l’espace, avant d’exploser, formant un large cratère.
Growlmon réapparut alors, se balançant de droite à gauche dans un halètement pénible, mais toujours debout. « Pyroblast ! » Sa voix n’exprimait plus qu’une rage sans nom, et ses yeux aux pupilles rétrécies avaient un aspect bestial. La sphère ne frappe que le bouclier de métal, formé par les rubans enroulés, qui semblèrent se déchirer suite à l’impact. Ils formèrent alors un vaste réseau de fibres détachées qui entouraient l’œuf robotique. Puis les rubans se reformèrent, et frappèrent une dernière fois le lézard, le jetant à terre, définitivement. Un halo de lumière réduisit le corps à celui de Guilmon.
Eggmon, se tourna de nouveau du côté de Tails. Le renard restait étendu, contre le ventre, immobile. Plus rien ne l’empêchait de l’achever, et la machine en se rapprochant faisait ce calcul. Au-dessus de lui, il déplia les rubans de métal, qui claquèrent dans l’air, puis il les souleva au-dessus du corps de sa victime. Ses rouages se remirent à tourner, soudain très vite, s’arrêtèrent, repartirent dans l’autre sens, et affolés, tournèrent encore dans le vide quelques secondes.
Partout autour ne restait que la dévastation : la maison présentait son flanc démoli, enfoncé, et son toit écroulé. L’herbe avait laissé place, sur de larges espaces, à un sol désertique, couvert de cratères et de fissures, de débris épars. Enfin les arbres avaient disparu, et de la forêt mutilée ne restait même plus le petit ruisseau. Tails reposait au sein de cette destruction, et juste à côté, ironiquement, brillait le petit boîtier affolé, avec ses lumières rouges.
Les rouages s’arrêtèrent net. Le robot frappa. Un coup, deux coup, trois, quatre, cinq, six, encore et encore, dans un mouvement mécanique. Le sol tremblait à chaque fois, et ce vacarme résonnait jusqu’à l’horizon. Il s’arrêta, ses deux armes à nouveau suspendues, pour contempler son oeuvre. Le robot resta immobile encore une longue minute, avant de se détourner, et repartir.
Il aurait pu l’achever. Il ne l’avait pas fait.
La nuit tomba, et dans la dévastation, seul un gémissement était audible. C’était Guilmon qui, réveillé par ses blessures, se relevait avec peine. Il découvrait la forêt anéantie, et la maison où il avait vécu pendant toutes ces semaines, détruite. Son regard tomba sur Tails. Du sang coulait, tachant la roche autour de lui. Tout autour le sol était constellé de fêlures profondes, balafres des coups donnés dans le vide. Seulement Tails ne bougeait plus, ne semblait même plus respirer. Contre lui reposait le petit boîtier éteint.
- Tails…
Guilmon se rapprocha de son ami, malgré la faiblesse de son corps. Il le retourna, doucement, pour regarder son visage clos. Sa voix était pathétique, entrecoupée de hoquets.
- Tails… réveille-toi… Tails, s’il te plait, ne me fais pas ça… Tails… s’il te plait, réveille-toi !
Des larmes coulèrent de ses yeux auparavant guerriers, des larmes froides qui roulèrent le long de sa mâchoire. Il pleurait. Son dernier cri s’évanouit dans l’obscurité.
« Dernière édition: Décembre 07, 2007, 05:29:20 pm par Feurnard »
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Re : [Fan Fic] [Tails] Face
« Répondre #7 le: Novembre 19, 2007, 02:23:05 pm »
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^^ Je ne pense pas qu'écrire pour soi même soit une tare. Si c'est le cas nous devons être nombreux à la posséder.
Au vu du soucis nombres limités de caractères des posts, le double post n'est pas un problème. Tu peux si tu le souhaites poster ton prochain chapitre en deux fois, si il est trop long. 

Que dire de plus que d'ordinaire, pas grand chose, je ne visualise toujours pas Guilmon et je ne comprends absolument pas ce qui lui arrive vers la fin du chapitre. Il se transphorme et change de nom ? C'est une sorte de Super Guilmon ?

Il reste dans ton recit des parts d'ombre que je ne comprends pas vraiment mais je mets cela sur le compte de l'intrigue. Je verais par la suite.
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Re : [Fan Fic] [Tails] Face
« Répondre #8 le: Novembre 24, 2007, 01:20:30 pm »
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Trop tard pour corriger la description de Guilmon, donc : Article wikipedia.
Comme tout monstre digital, il évolue et change de nom. J'ai fait l'impasse dessus, car ça aurait été comme dire que Sonic court vite et ce qu'est une émeraude du chaos.
J'espère que les parts d'ombre viennent effectivement de l'intrigue.

Je préfère ne donner la fin du chapitre que quand le suivant est entièrement écrit. D'ailleurs, le chapitre précédent était le trois, et non le deux.

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Chapitre 4 – Une nouvelle âme

La forêt s’étendait, silencieuse. Des balafres couraient tout du long, où les arbres hérissaient s’étaient effondrés sur le côté, leur tronc rompu, brisé. Plus bas, le ruisseau coulait encore, encore vif, et si faible pourtant. Sa plainte seule surgissait du silence, tendue, puis se relâchant, à mesure que le flot se calmait. Des troncs arrachés jonchaient le sol, par monceaux entiers, dont les faces avaient changé de couleur, marquées à vif, teintées de mort. Leurs branches brisées se tendaient, se tordaient, tombaient à terre, abattues. Le feuillage frémissait au mouvement douloureux du bois.
Sur le perron encombré, où l’ombre n’allait pas, s’étendaient quelques linges. Certains tachés, d’autres pas, tous étaient encore humides, dépliés entiers sur les rochers rompus et les gravats. Puis venaient les chaises éparses dans la pièce, pour la plupart détruites. Guilmon les enjambait ou bien marchait dessus, et ses pattes écrasaient alors les frêles assemblages de bois. Le lézard tournait, maladroit, autour de la table intacte, pour s’arrêter toujours, le regard éperdu, vers son ami.
Tails reposait dos sur la table, où la lumière tamisée du ciel artificiel frappait son visage, son corps au pelage meurtri, qu’aurait dû recouvrir une couverture. Seulement il n’en restait plus, seulement les linges humides, appliqués sur son front dans un geste mécanique, presque programmé, mais dépourvu de sens. Le renard ne bougeait toujours pas. Le regard de son ami reptile, lui, ne quitta plus le boîtier, qui à nouveau s’activait, émettant une étrange mélodie répétée, pas une musique, plutôt de longues ondulations.
- Réveille-toi, Tails, je t’en supplie !
Guilmon tourna le regard du côté du ciel, au loin, à l’horizon vide désormais, puis il revint sur le boîtier, et nerveux, le laissait allonger ses notes sur la poitrine du renard, qui dans son seul mouvement, depuis qu’il l’avait porté sur la table, l’avait saisi. Quels sentiments l’agitaient ! Le monde se déroulait sans lui, sans qu’il put rien dire. Le lézard aurait voulu hurler, mais cette force même lui manquait. Il lui sembla entendre du bruit ; son regard se détourna vers le ciel ; retourna aussitôt à Tails. Deux jours de veille, debout comme maintenant, ou roulé en boule sous la table, à attendre, anxieux, l’avaient fait plus souffrir que toutes les maladies.
Tails avait ouvert les yeux. A ce simple signal, Guilmon oublia tout, pour se précipiter, le saisir comme il pouvait, le serrer contre lui. Le jeune renard se laissait faire, encore inconscient, mais à ce mouvement, le boîtier était tombé par terre : il l’avait de ses mains laissé glisser. Les cris de joie de son ami finissaient de le rappeler à la vie. Les brûlures dans ses veines, la maladie qui le rongeait, ne se faisaient presque plus sentir. Tout son corps pourtant restait faible, et lui hors de lui le sentait à peine. Guilmon le recouchait, pour lui expliquer tout ce qui s’était passé.

Le petit renard n’entendait pas. Ses yeux cherchaient autour de lui un repère, pour ne voir que le ciel, puis les murs écroulés, le côté de la maison en ruines, entièrement enfoncé, avec ses poutres de bois arrachées qui pendaient, enfin le sol couvert de décombres, avant de revenir au reptile. Il reconnut Guilmon. Ses lèvres remuèrent, ensuite plus fortes, laissèrent un son passer, un autre, plus audible déjà. Son ami l’encourageait à parler, inquiet soudain. Tails sentit la force revenir dans ses bras, dans ses jambes, frémit soudain de froid, de malaise, mais quand ce fut passé, dit ces mots l’un après l’autre, lentement :
- Où est Eggmon ?
Le lézard baissa la tête. Tails ne comprit pas, il allait reposer la question quand la voix reptilienne le saisit au cœur. Un cri de rage, plein de tristesse, échappa à Guilmon, et ses pattes dressées en avant pour le rattraper s’ouvraient dans le vide. Les yeux brillaient, ruisselaient, comme tenus par un torrent qu’il gardait jusqu’alors. Tails se redressa, surpris, allait réagir quand son ami se tut, la tête à nouveau basse, et le silence les sépara. L’horizon s’agita, s’assombrit. La même impression de danger les saisit, mais trop faible pour les détourner l’un de l’autre. Le boîtier s’était éteint.
- Je te voyais te battre.
A la voix de son ami, Guilmon redressa la tête. Il rencontra, douloureux, les yeux tristes du renard. Lui, incapable de penser à autre chose, tant ces images l’avaient torturé deux jours durant, racontait comment, au sein de sa souffrance, l’image de Growlmon lui était apparue, et s’était battue, constamment, contre ses ténèbres. Jusqu’au dernier instant, il avait craint de le voir perdre, confondu dans l’obscurité, mais à chaque fois la voix de Growlmon lui revenait, le pas combattif, et il reparaissait, crachant des jets de flammes, au sein de cet univers déchiré. Le lézard, écoutant le récit, en pleurait. Jusqu’au dernier instant, le voyant se battre, il s’était persuadé que c’était contre Eggmon.
Le renard soudain se rendit compte que sa main était fermement tenue entre les deux pattes de son ami, et que ce dernier le regardait, bouleversé. Il entendit alors les premières déflagrations, tourna la tête, vit à distance, parmi les petits groupes de points noirs qui s’approchaient, de vastes corolles de flammes illuminer le ciel. Une bataille se déroulait, loin d’eux, qui se rapprochait. Guilmon lui parlait, il reporta toute son attention sur lui, malgré la menace.
- J’ai passé ma vie à attendre ! Depuis mon enfance ! A espérer qu’il viendrait ! Tails demanda qui. Je ne sais pas ! Un ami ! Quand les autres sont partis, je suis resté pour l’attendre ! Je suis resté.
Un nouveau flot de larmes le saisit. Il se jeta contre Tails, à la manière d’un enfant, et lui le laissait faire. Cependant l’ennemi se rapprochait, et les déflagrations avaient cessé, pour faire place à leur bourdonnement. Tails ne tourna pas la tête, il préférait écouter.
- A chaque cycle, des sauveurs viennent, et des monstres les attendent. Je sais que ça n’a pas de sens ! Mais ils attendent ces guerriers qui les rendront plus fort, et avec eux, ils sauvent le monde ! Mais moi, je veux juste un ami ! Un ami !
A ce mot ses bras se resserraient, sous le coup de l’émotion, pour se relâcher aussitôt. Guilmon tremblait, retenant ses larmes, parce qu’elles ne devraient pas être. Il désigna le boîtier, l’appela par son nom, pour expliquer qu’à sa transformation, il s’était rappelé ce que c’était. Le bourdonnement se faisait plus fort, soudain, les ombres des insectes métalliques passèrent sur eux, par dizaines. D’énormes guêpes robotiques tournaient à présent autour d’eux, dans un vaste cercle, prêtes à attaquer.
- Il faut fuir !
- Non ! lança Guilmon, le retenant. Il faut se battre !
Tails n’eut pas le temps de répondre. Les Buzzbombers attaquaient, par vagues successives. Guilmon le tira de sur la table, pour le recouvrir, sans avoir le temps de s’abriter. Des rafales de dards s’effondrèrent comme grêle dans la cuisine, et les meubles de bois se brisèrent, les murs avec, transpercés, pulvérisés. Assaut après assaut, des dizaines de badniks passèrent en bourdonnant au-dessus d’eux.
Les dards d’acier s’enfonçaient dans le sol, criblaient les ruines. Le petit renard sentait son ami trembler à chaque coup qu’il recevait, à chaque dard qui le touchait, ployer, jeté d’un côté ou de l’autre, et souffler, les dents serrées. Le lézard, entre deux temps, se relevait brusquement, pour cracher une flamme, dans un cri rageur, avant d’abriter à nouveau le renard de ses pattes et de son corps, comme un bouclier. Il voulait hurler, mais la terreur l’en empêcha.

L’attaque cessa. Les guêpes meurtrières tournaient encore autour de leurs victimes, et leur bourdonnement roulait sans cesse. La cuisine était ravagée, mais Tails s’en moquait : il avait bondi des pattes de Guilmon, pour se saisir de lui à son tour, et regarder le dos meurtri, blessé profondément. Le tir nourri aurait tué n’importe qui. Le lézard tomba lourdement au sol. Il tentait de sourire, de se relever, en vain. Affolé, le renard lui parlait, le suppliait, sans savoir quoi faire. Guilmon parla du boîtier, qui aurait dû les aider, qui ne les aidait pas.
L’appareil reposait à terre, entre deux dards luisants. Il irradiait d’une lumière rouge sauvage, fulminante. A peine le renard l’eut-il saisi qu’une image apparut : c’était à nouveau Guilmon, dont l’état était critique. A tout instant les robots pouvaient réattaquer. Eggmon n’était pas parmi eux : cela n’avait aucun sens. Il aurait voulu sa présence, au moins pour comprendre, comprendre ce qui se passait, ce que tout cela signifiait. Le lézard l’appela, du peu de forces qui lui restait, pour le prévenir.
Les Buzzbombers fondaient sur eux. A cette vue, Tails hurla. Il n’aurait pas réagi autrement, frappé par un arc électrique. Sur le petit écran du boîtier, un mot en bleu, « jamais », répété plusieurs fois, apparut. Puis l’appareil s’affola, et comme les premiers dards sifflaient, des milliers d’algorithmes défilèrent, dans des lettres rouges furieuses, où les mots épars se perdaient. Les dards frappèrent le sol, en rafales, il fondaient de toutes parts, quand une lumière vive s’échappa du boîtier.
Une sphère aveuglante repoussa toutes les attaques. Le renard sentit les flux d’énergie le traverser, ce frisson de puissance, effrayant, envahir tout l’espace, l’engloutir entièrement. Il ne pouvait plus bouger, accroupi, le boîtier serré contre lui, écrasé par la puissance qui se déployait. Un grognement de rage le surprit. La lumière diminua en intensité, pour s’estomper complètement, ne laissant qu’une vague brume grésillante. Ensuite, la voix effrayante gronda, roula en même temps que se dévoraient les flammes.
- Pyroblast !
La chaleur le fit se retourner. Tails vit la lourde boule de flammes progresser dans les airs, puis comme s’immobiliser au sein d’un groupe des badniks, avant d’exploser. Growlmon faisait face à l’essaim, et son ombre recouvrait le renard qui le regardait à ses pieds. A cette vision il sentit toutes ses forces lui revenir, et ne prêta plus d’attention à l’appareil désormais éteint, comme le prisonnier après un dernier effort. Déjà toutes les guêpes de métal se lançaient à l’assaut, mais leurs dards ricochaient contre la lourde peau du reptile. Il hurla, et les flammes emplirent le ciel, dans un abominable bruit de ferraille.
- Tails !
C’était un encouragement, un appel. Le renard approuva, bondit pour être rattrapé par les deux pattes tendues de son ami. Growlmon voulut le protéger, mais il le rassura, l’assurant que lui aussi saurait se battre. Le petit renard ne sentait plus de souffrance, comme si la maladie n’avait jamais existé, pas plus que les combats récents. L’air se souleva, réchauffé subitement, et de la mâchoire du lézard surgirent les flammes, bientôt condensées, qui s’expulsèrent d’un mouvement brusque de la colonne. La queue claqua comme un fouet, et de nouvelles explosions frappèrent les groupes épars des guêpes métalliques. Leurs corps démembrés s’effondraient dans des colonnes noires de fumée.

Alors les premiers tirs frappèrent, des éclats de glace battant le blindage des insectes, pour les déchiqueter. Ni Growlmon ni Tails ne purent voir d’où ils venaient, mais en levant la tête, ils virent, loin au-dessus d’eux, et à distance, une vaste déchirure dans la voûte céleste. Le cœur du renard se mit à battre follement, ses yeux brillaient. Il tendit la main, puis vit les badniks qui déferlaient de cette faille, par nuées, par légions. Soudain les déflagrations les emportèrent, et le ciel s’en illumina, par dizaines, d’où s’échappaient les débris incandescents. « Pyroblast ! » Les Buzzbombers qui attaquaient de la gauche passèrent au-dessus d’eux, frappés par les flammes, pour se désintégrer.
La forêt s’embrasa. Les arbres s’effondraient sous les tirs nourris. L’herbe avait laissé place à la terre dure, que les tirs labouraient sans cesse. Dans la furie des combats, tous deux ne cherchaient pas à comprendre, mais à se défendre de l’adversaire. Growlmon se mit à courir, et ses pattes frappant la terre la faisaient trembler. Tails sentit alors, si proche qu’il pouvait l’entendre, malgré le fracas de la bataille, le cœur de son ami, qui battait. Il le sentait contre lui, et presqu’en lui, brûlant. Il y trouva l’écho du sien.
Alors le jeune renard bondit en avant, et d’abord la course du lézard le perdit en arrière, mais déjà ses deux queues tournoyaient, battant l’air, et il revint à sa hauteur, pour lui sourire. Le reptile approuva de la tête, puis chargea un nouveau souffle embrasé qui, projeté en avant, explosa dans une gerbe de flammes. Ils traversèrent cet espace ardent, pour faire face à la forêt anéantie, rempli de carcasses dont la fumée s’élevait parmi les particules. En quelques tirs, le bosquet qui subsistait devant eux fut balayé, et ne resta plus qu’un désert aride.
- Qu’est-ce qu’il se passe, Growlmon ?
Tous deux continuaient à courir, au milieu des combats acharnés, où les ombres s’entremêlaient, trop confuses, trop furieuses, pour être distinguées.
- Je ne sais pas ! répondit le lézard, dépassé.
Ils se trouvaient alors en périphérie de la bataille, qui comme une langue de fer, s’étendait de la déchirure sur des kilomètres. Des hurlements de guerre bestiaux se faisaient entendre, de tous côtés, des éclairs destructeurs, au milieu des lasers, des traits acérés qui transperçaient les blindages, et des explosions à n’en plus finir. Des couloirs entiers, soudainement, étaient emportés par la destruction. Dans ce chaos, Tails et Growlmon tentaient d’atteindre la déchirure, en vain, tant la puissance de feu était forte. Ils étaient repoussés sur le côté, sensiblement.
Une série de déflagrations les obligea à s’arrêter, et comme ils allaient repartir, droit sur la faille, de nouveaux badniks surgirent de la mêlée, hétéroclites, comme une vague qui allait les engloutir. Le souffle de flammes emplit l’air, et les libellules aux ailes translucides grésillèrent avant d’exploser, happées en plein vol. Tails piqua sur un des badniks à terre, et ses deux pieds en avant frappèrent de plein, enfonçant le blindage. La machine perdit l’équilibre, et roulant plus loin, alla se fracasser contre une pierre. Déjà le renard avait bondi, et se roulant en boule, ricocha contre ses adversaires, avant de reprendre son envol.
Une guêpe le surprit, le chargeant de front. Elle allait s’écraser sur lui, le dard pointé en avant, quand tournant sur lui-même, il la cisailla en deux, et comme il chutait au sol, le renard fit à nouveau tourner ses queues, pour filer en avant. Growlmon l’appela : l’ennemi était trop nombreux, et eux trop faibles encore. Il fallait fuir, tant que c’était possible.
Tails se posa sur le dos de son ami, se tenant à sa crinière, et tous deux commencèrent à fuir, quittant la mêlée en direction de la plaine. Elle était partout, nue, dévastée, gigantesque spectacle de cratères et de collines acérées, aux pentes effondrées et raides, toutes de poussière et de roches. Mais déjà l’ennemi les poursuivait. Leur bourdonnement fit tourner la tête au renard, qui les reconnut : les Buzzbombers. Durant toute la mêlée, ces robots n’avaient eu comme seul ordre que leur destruction. Quelques dards filèrent dans leur direction, pour s’écraser par terre, en soulevant des nuages épais. A chaque dard tiré, un nouveau se créait, et ce détail, au milieu du combat, frappa le jeune renard.

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« Dernière édition: Décembre 07, 2007, 03:39:46 pm par Feurnard »
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Re : [Fan Fic] [Tails] Face
« Répondre #9 le: Novembre 28, 2007, 03:01:46 pm »
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EDIT : Ma fin de chapitre est cliché et je l'assume.

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Growlmon continuait de courir, sans parvenir à semer les poursuivants. Les dards sifflaient toujours plus proches, à gauche et à droite. Deux groupes de guêpes se détachèrent, et accélérant, ils s’avancèrent sur les côtés, pour envelopper leur ennemi. Tails avertit son ami, mais il n’y avait rien à faire, aucun abri à portée. Les premiers badniks les dépassèrent, prêts à se rabattre sur eux. Growlmon tourna la tête, l’emplit de flammes et « Pyroblast ! » La lourde sphère déflagra au sol.
Tails bondit alors, et à nouveau s’envola dans les airs, décidé à se battre jusqu’au bout. Il fila droit sur le premier groupe, et ses deux queues entrèrent en contact avec le premier badnik. Défoncé, celui-ci perdit de l’altitude, pour s’écraser ensuite, violemment. Les trois autres l’attaquèrent : il lui sembla enfin qu’il pouvait gagner. D’une seule attaque, les frappant avec ses queues, il en abattit deux, et tomba sur le dernier, pour lui asséner une série de coups de poing. A son cri répondit celui de Growlmon, et une nouvelle explosion, tandis que sifflaient les dards sur eux. Tails reprit son envol, et les dards lacérèrent sa victime, la mettant en pièces.
Enfin un cratère assez profond se présenta, dans lequel s’abriter. Tails s’était posé un instant sur le dos de son ami, épuisé par l’effort, pour reprendre son vol aussitôt son souffle récupéré. Les tirs ennemis passaient tout près de lui, mais lui s’en moquait, décidé à protéger Growlmon, comme Growlmon en son cœur avait décidé de le protéger. Autrefois, oui, Tails avait eu ce courage, quand il se battait aux côtés de Sonic. A cet instant, le même sentiment le saisissait, et son âme, inquiète jusqu’alors, ne doutait plus. Il sentait désormais que son vol le menait quelque part.
Growlmon s’arrêta brusquement, au bord du cratère, pour se retourner et avec violence, hacher de ses griffes un de ses poursuivants. Les autres s’égaillèrent, revinrent mais trop tard, une masse incandescente les frappa de plein fouet. L’explosion illumina une dernière fois le ciel, qui retrouva ensuite sa quiétude. Au loin la bataille faisait encore rage, mais elle semblait aussi s’éparpiller, et déjà, la faille se refermait. Qui avait gagné, qui avait perdu, qui se battait là-bas, impossible de le savoir.

Les deux amis se glissèrent dans le cratère, pour se coucher enfin sur la pente. Ils étaient épuisés, tous les deux. Tails s’attendait à voir Guilmon revenir, mais cela n’arriva pas. Maintenant qu’il pouvait le voir, celui-là qui avait hanté ses rêves, si près de lui, il lui faisait presque peur. La nervosité marquait encore ses traits, et ce qu’il avait remarqué au premier instant, la pupille réfractée, bestiale. Elle exprimait une rage dont il ne le croyait pas capable, et pourtant, le premier jour, le renard se souvint avoir été déjà effrayé. Il ne doutait plus un instant que le lézard fut son ami.
Alors ce dernier se mit à rire, et Tails surpris d’abord se mit à l’imiter. Ils ne se demandèrent rien, ne pensèrent à rien, sinon qu’ils étaient en vie, après tout ce qui s’était passé. Aussi, tous deux partageaient cette sensation étrange de participer à un événement qui les dépassait, où ils avaient été des intrus. Surtout, ils étaient ensemble, et cela seul comptait. Le petit renard se rappela alors le boîtier, le regarda, éteint.
- Dis Tails, demanda Growlmon, on sera toujours ensemble ?
Tails approuva de la tête, puis répondit, d’une voix enjouée, avant de le remercier. Aujourd’hui, malgré les souffrances, il se sentait revivre, et capable de tout. Même épuisé, ses membres rendus douloureux, il ne ressentait plus la moindre crainte. Puis le renard fit part de sa sensation à son ami, quand sur le champ de bataille, il avait senti son cœur.
- Tu crois que c’est moi ? Growlmon demanda quoi. Celui que tu attendais ?
Il s’attendait à entendre un oui, mais lui-même n’en était pas sûr. Growlmon ne répondit pas tout de suite, le regard perdu dans le ciel immense. Lui aussi ne savait pas. Il le voulait, il voulait y croire, et pourtant. Il ne savait pas, vraiment, mais à chaque fois, c’était comme si quelque chose, ou quelqu’un, venait lui arracher Tails, comme si une menace pesait à chaque instant. Jamais le jeune renard n’y avait prêté attention, mais il crut ressentir la même chose, et se tut.
Le temps passa. La nuit vint. Growlmon racontait comment il avait survécu, et la sauvagerie de la plaine, où les monstres se battaient sans cesse. Un essaim de sphères brillantes, entourées par des bandes de données, passa alors tout près du cratère. Il expliqua que c’étaient les données périmées, sans remarquer d’où elles venaient. « Tu crois que les badniks aussi, sont virtuels ? Je veux dire, digitaux ? » Le renard dut expliquer ce qu’était un badnik. Ces discussions les berçaient, jusqu’à ce que le sommeil, pesant lourdement, finisse par les emporter.
Tails se réveilla en sursaut. Il avait cru entendre la voix de Sonic, et pendant plusieurs minutes, à la frontière du rêve et de la réalité, piégé entre deux mondes, avait cherché à le voir, sans pouvoir tourner la tête. Growlmon ronflait à côté de lui, le museau dans la poussière. Le petit renard ne voulut pas le réveiller. Il grimpa la pente pour observer, au-delà du cratère, l’endroit où devait avoir été la forêt. Il n’en restait plus rien, ni même de traces de la bataille. Levant la tête, il regarda cette planète minuscule, dans les profondeurs du ciel, et se promit de l’atteindre.
Il avait faim, un peu soif aussi, mais dans ce désert, mais cela ne l’inquiétait pas. Assis au bord du cratère, le renard observait son ami dormir. Au loin, à l’horizon, seules bougeaient les colonnes rouges de lumière. Le désert, peut-être, n’était pas déserté. Il repensait à la bataille, à ceux qui avaient pu combattre les badniks. D’autres monstres, comme Guilmon peut-être, se battaient contre Eggman, mais toujours, il manquait le motif. Pourtant, Tails sentait qu’il avait déjà toutes les réponses, et même évidentes, mais il voyait toujours Growlmon comme un être de chair et de sang, bien plus que de simples données.
L’appareil à présent plus que tout l’intriguait. Etranger depuis le début, le boîtier suivait un fonctionnement qui lui échappait totalement. Son écran éteint, gris, avait maintenant une minuscule fracture, une fêlure apparente dans un coin, sans doute dû aux diverses chutes. Il retourna le boîtier, pour l’ouvrir à nouveau, et regarder les composantes inertes. Peu importait en fait sa fonction réelle, puisqu’il était, pour le renard, la seule clef de retour dans son monde. A cet instant un tiraillement le prit, et par réflexe, il plaqua sa main contre son cœur. Ses yeux s’écarquillèrent : il avait reconnu un symptôme de sa maladie, non, du virus. Growlmon s’était brusquement réveillé.
- Et maintenant ?
Tous deux s’étaient assis sur le bord du cratère. Le lézard racontait sa vie, les amis qu’il avait rencontrés, mais aussi les légendes qui existaient dans son monde. Il pointa de sa griffe énorme le petit boîtier, et continua sur le même ton détaché, ou plutôt rêveur. Le silence autour d’eux avait quelque chose d’apocalyptique. La poussière de roche, dans les gants de Tails, s’échappait comme sans poids, pour disparaître. Il demanda à quoi ressemblaient les villes, et si toute la planète ressemblait à cela. Le lézard avait vu bien plus de merveilles, même s’il doutait parfois d’y être vraiment allé, comme si d’autres vies se rappelaient à lui, qu’il aurait oubliées.
- Il faut partir, dit Tails.
- Pour aller où ?
- Là-haut ! Il point le doigt en l’air. Peu importe la manière, je ne veux plus attendre que la solution vienne : j’irai moi-même !
Growlmon le regarda, surpris, avant de sourire. Il s’exclama joyeusement qu’il le suivrait, et s’enthousiasmait à cette idée. Le renard garda le regard levé, et le poing fermé sur le boîtier éteint, il demanda à son ami de l’aider. Pour lui, ce n’était pas cet appareil qui avait permis à Guilmon d’évoluer, mais leurs deux cœurs réunis, leur seule volonté.
- Un ami m’a dit un jour… il regarda Growlmon. Il m’a dit…
Le lézard fit un simple signe de la tête, puis tendit ses pattes, et Tails grimpa. Alors il se mit à courir, droit devant lui, sans chercher à savoir où il allait. Plus rien ne restait derrière lui, plus aucune raison de rester, et toutes de rejoindre le ciel. Accroché à la crinière, le petit renard lui parlait, et leurs deux respirations se rejoignaient, leurs deux cœurs au même rythme battait. A chaque pas il bondissait plus avant, se soulevait. Le vent frappait leurs visages, les aveuglait. Un pas de plus, un mot, un espoir, et leurs cœurs ardents, malgré le boîtier éteint, de leurs poitrines se mirent à briller.

Tails avait vu la lumière surgir de lui, pour l’aveugler, puis il fut plongé dans les courants de données, les flux titanesques qui couraient tout autour d’eux, et les saisissait. Il ne sentit plus la crinière de son ami, se sentit arraché, et ses deux queues instinctivement se mirent à tourner, pour le soulever au milieu des vagues déferlantes d’énergie brute. Par ses yeux entrouvers, le renard vit son ami qui courait encore, et dont les membres se recouvraient de métal, au corps un épais plastron, d’où surgirent deux propulseurs, comme des ailes d’argent. Le crâne était recouvert d’un casque sauvage, et deux longs brassards d’acier s’ancrèrent sur ses bras, avec chacun une lourde lame comme des hachoirs.
Les propulseurs s’activèrent, et le dernier pas du lézard ne fit que frôler le sol. Un halo bleu brûlant s’échappa, vaste tracée lumineuse comme des plumes de cristal. Wargrowlmon s’éleva dans les airs, porté par la poussée impressionnante, en arc de cercle. Emerveillé, Tails le suivit à côté, et même éloigné de quelques mètres, il sentait le souffle écrasant des réacteurs. Tous deux s’adressèrent la parole, et d’un commun accord, accélérèrent, en direction du ciel.
A chaque seconde, le jeune renard sentait son cœur battre de toutes ses forces, et l’émotion le submerger. Cette planète lointaine, comme autrefois la lune, lui était à présent accessible, et tout rêve possible, en cet instant magique. Le vent qui soufflait, qui glissait sur son pelage, le faisait frémir de liberté. Ce sol aride au-dessous n’existait déjà plus, seulement le ciel azur, frappé de silence comme de majesté. A chaque minute la planète devenait plus grande : il croyait y distinguer la mer et les continents.
Soudain le fracas les surprit, et comme si le ciel se brisait, une large fêlure s’y forma, pour s’ouvrir subitement, sur un vide opaque informatique. Alors les nuées vinrent, les badniks par centaines, qui déferlaient. Wargrowlmon regarda Tails, Tails regarda Wargrowlmon, et tous deux s’élancèrent, sans hésiter. Le lézard allait attaquer, et déjà des myriades de tirs fusaient, quand une série de détonations les emporta, violentes, qui formèrent un barrage de flammes. Les badniks arrivèrent à hauteur des deux amis, les dépassèrent, pour déferler en direction du sol. Une nouvelle bataille commençait.
- Tails, qui sont-ils ?
A cette distance, ils discernaient à peine leurs alliés, et eux-mêmes étaient pris dans l’assaut, à devoir riposter. Des sphères lumineuses s’élevèrent, pour éclater avec fracas, puis des volées de projectiles s’abattirent sur les carapaces de métal, pour les démolir. Entre deux ennemis, qu’il repoussait à coups de poing, Tails se retourna, et vit alors les vouivres, les dragons, les serpents ailés, les centaures, les chevaliers, plus encore, qui en une fraction de seconde s’étaient distingués dans la mêlée, avant de s’y perdre à nouveau. Il lui sembla qu’on le regardait, qu’ils attendaient quelque chose de lui.
La vague brisée des badniks se dispersa, et leurs membres métalliques déchiquetés s’effondraient en brûlant, dans de vastes courbes. Les tirs les plus puissants ricochaient contre le blindage de Wargrowlmon qui, de ses deux lames, les tranchait sans peine. Tails, trop petit dans la mêlée, voyait passer à côté de lui tant d’ennemis, le plus souvent détruits, à la suite du reptile. Ils étaient au cœur de l’assaut adverse, mais cette fois, plus rien ne les arrêtait, et la déchirure se faisait toujours plus proche. Ils y pénétrèrent. A l’instant, les combats cessèrent, et ne resta plus autour d’eux que ce vide, ce espace sombre que strillaient à l’infini des droites bleutées.
- Bienvenue !
La voix d’Eggman éclata en tonnerre, sans trouver d’écho nulle part. Le renard s’exclama de surprise, et sur le coup, s’arrêta de voler, pour se rendre compte qu’il flottait à présent. Sous ses pieds, le combat durait encore, mais si lointain.
- Bienvenue dans l’Eggbarrier !
- Y a-t-il quelque chose qu’il n’appelle pas en « egg » ? demanda Wargrowlmon.
- La frontière entre deux mondes, entre mon rêve, et ta réalité ! Initialement, c’était le lieu de traduction des données, mais maintenant ! Il partit d’un grand rire. Maintenant ! Il est temps pour toi de mourir. Bats-toi tant que tu voudras, je n’ai pas besoin que tu testes l’Eggbarrier. Je l’ai conçu pour que même une supernova ne puisse pas le détruire.
La voix s’éteignit, pour se raviver soudain : « Oh, Sonic te dit « J’arrive ! » » Le rire démentiel qui suivit dura de longues secondes, au cours desquelles, de partout dans l’obscurité, s’activèrent des milliers de petits points rouges.

Les badniks apparurent, innombrables, par grappes entières. Il s’agissait des derniers modèles, les plus meurtriers, armés de mitrailleuses. Wargrowlmon hurla, et tous deux s’élancèrent en avant, Tails volant à nouveau, à temps. Le vide à l’instant s’illumina, crépita de toutes parts, des tirs croisés, comme des filets mouvants. Les projectiles se croisaient, passaient tout près du renard, ricochaient sur l’armure du reptile, et toutes celles qui rataient allaient frapper les robots de tous les côtés, les crevant de part et d’autre, sans que le feu ne cesse.
Wargrowlmon tira, et la décharge traversa un groupe, l’anéantissant sur le coup, pour s’allonger encore en un long rais irradiant, où des dizaines de badniks compressés explosaient avec violence. Un second tir balaya leurs rangs. A l’impact, les blindages se démontaient, et les milliers de pièces en fusion devenaient autant d’éclats projetés en traînées ardentes. Le reptile appela Tails, qui s’abrita derrière lui. Les mitrailleuses se déchaînèrent, criblant leur cible de balles. Des milliers d’impacts, des millions presque, le frappèrent de plein fouet, à tel point que bientôt les balles traçantes recouvrirent entièrement l’espace, masquant le lézard à ses assaillants.
« Atomic Blaster ! »
Le long rayon dardé traversa les rangs des adversaires, en plein au centre, et s’intensifia de telle manière que le vide sembla bientôt trouver ses limites. La lumière d’un rouge brut écrasait tout, et à sa simple proximité, les machines grésillaient, leurs articulations s’emplissaient d’étincelles, puis ils se démembraient, avant d’exploser. Les autres étaient soufflés, balayés par les éclats, enfoncés par la pression, et tous démontés par la puissance, anéantis en une seule attaque. La lumière dura même plusieurs secondes après le tir, et les explosions se succédaient encore.
Alors apparut l’Eggbarrier lui-même, au fond de la déchirure : une gigantesque barrière d’énergie, où le tir avait frappé directement, et dont la décharge en réaction avait laissé échapper des arcs d’éclairs destructeurs. Toutes les couleurs composaient ce mur, en alternance, masquant aux intrus ce qui se trouvait derrière. Puis les ténèbres retombèrent, la barrière disparut. Les derniers badniks se lancèrent à l’assaut, pour être tous détruits sans peine.
-  Est-ce que ça va ?
Tails s’inquiétait pour son ami. Ce dernier soufflait, épuisé par toutes les attaques qu’il avait subies. Son armure était couverte d’impacts, et malgré cela, il se tenait encore en posture de combat.
- Ne t’inquiète pas, Tails. Tant que tu es là, rien ne peut me vaincre !
Ces paroles le rassurèrent. Ils regardèrent tous deux du côté de l’Eggbarrier, sans pouvoir le distinguer. Il s’attendait à un nouvel assaut de badniks, mais rien ne venait. Ses pensées allèrent alors à son monde, et il se demanda ce qui s’y déroulait, sans lui, là-bas. L’évocation de Sonic surtout l’inquiétait. Son meilleur ami avait dû tout faire pour le rejoindre, et devait s’inquiéter. Le renard ne pensait plus vraiment à vaincre Eggman, ou à quoi que ce soit d’autre, mais seulement à le retrouver, pour lui dire qu’il allait bien. Encore maintenant, il regrettait d’être parti sans lui, attaquer la tour, même si les circonstances.
- C’est là où tu veux aller ?
Il se tourna vers Wargrowlmon.
- Oui. Le renard repensa à l’Eggbarrier. Et toi ?
Le reptile attendit pour répondre. De la tête, il fit signe que oui, et le répéta avec assurance. Peu lui importait ce qui l’attendait là-bas, Wargrowlmon faisait ce qu’il pensait bien. Il demanda à Tails quelle était sa raison, à lui. « Je n’ai pas besoin de raison. » Les propulseurs du reptile s’activèrent, rugirent et tous deux progressèrent, à grande vitesse, au milieu du vide. Autour d’eux, les carcasses des badniks de désintégraient.
La déchirure n’était plus visible, peut-être refermée à présent. Seule leur conviction leur disait de quel côté aller. Leur seule lueur était celle des colonnes bleutées, très faible. Elles faisaient peu à peu place à une constellation d’étoiles, en se brisant elles-mêmes, et en perdant leur couleur, pour former une voûte céleste. Le petit renard reconnut alors ce lieu où Eggman l’avait entraîné, pour le combattre. La première comparaison qu’il fit de ce lieu, de l’Eggbarrier, le frappa, et soudain il prit conscience de ce qu’était vraiment le monde de Guilmon : un gigantesque programme.
Mais un bruit attira son attention, et il se rappela alors l’existence du petit boîtier, resté tout du long avec lui. Il s’était réactivé, strident d’abord, pour reprendre ensuite le gonflement de sa mélodie. Le renard comprit qu’un danger approchait, mais en même temps, il se sentit comme de la pitié pour ce petit appareil. Inexplicablement. L’image de Wargrowlmon lui apparut, mais très lointaine, comme un point rouge perdu dans les ténèbres. Aussitôt, il devina ce qui allait arriver.
- Eggmon.
« Dernière édition: Décembre 07, 2007, 05:30:38 pm par Feurnard »
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Re : [Fan Fic] [Tails] Face
« Répondre #10 le: Décembre 07, 2007, 12:10:12 am »
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Dans ce chapitre, uniquement du combat. Dans le suivant aussi.

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Chapitre 5 – Revanche

L’Eggbarrier apparut au loin, comme une vague aurore boréale. Tout autour le vide étoilé s’étendait, silencieux. Les contours d’Eggmon s’y découpaient.
- C’est lui !
Le robot à forme d’œuf leur barrait le passage, immobile. Les bandes métalliques à ses épaulières pendaient inertes. Cependant le robot était à présent des pièces d’armures où des courants électriques passaient en longs filaments bleutés, par spasmes. La surface originale, toute blanche, en était presque totalement recouverte. Les deux rouages centraux tournaient constamment à pleine vitesse.
Wargrowlmon s’arrêta à distance, mais les halos brûlants des propulseurs continuaient à souffler, par intermittence. Le lézard produisait dans les ténèbres une vaste lumière, mais les ombres ne s’en découpaient que plus sur son armure. A quelques mètres de lui, Tails flottait, dressé les poings serrés, prêt au combat. Le petit renard n’avait pour son ennemi que de la colère. Il lança des menaces au robot, mais ce dernier ne répondit pas, totalement insensible. Alors les rayons cramoisis percèrent le silence.

Au sifflement discordant d’Eggmon répondit le tonnerre roulant du rayon nucléaire. Les propulseurs hurlèrent, leur pression de poussée démultipliée traîna longuement, puis en un éclair le lézard s’élança, filant sur son ennemi au travers des lasers. En un instant, il fut sur lui. Ses deux lames frappèrent, au contact de l’armure formèrent des arcs électriques qui repoussèrent les deux combattants. Les rouages s’arrêtèrent net, et le prochain laser, bien plus intense, fit disparaître presque entièrement le lézard, dont le rugissement ébranla l’espace.
Il allait riposter, mais déjà les bandes métalliques, tournoyant dans les airs, le frappaient de plein, et à plusieurs reprises, de tous côtés, avant de le rejeter avec violence. Une nouvelle série de lasers déchirèrent la distance, mais Wargrowlmon croisa ses bras devant lui, et les lourdes lames qui armaient ses brassières firent ricocher ces tirs meurtriers. Quand il rouvrit les bras, sa poitrine fut un brasier intense, répété par son cri, « Atomic Blaster ! » La décharge en deux temps se déploya toute entière, avant de frapper directement le robot d’Eggman.
Lorsque la colonne ardente, fut dissipée, Eggmon redevint visible. La fumée luminescente roulait sur son armure, pour s’y briser en longues traînées noires. Les pièces métalliques s’étaient détachées sous l’attaque, et flottaient vaguement tout autour, mais un courant électrique les remit brusquement en place. L’épaulière gauche grésillait. Aussitôt il disparut, pour réapparaître à distance, comme un bond fait au travers de l’espace, et déjà il bondissait plus loin, à proximité de Wargrowlmon, pour le frapper avec ses armes, sans l’atteindre.
Le reptile se laissa soulever par la poussée des propulseurs, qui l’emmenèrent au-dessus de son adversaire. Derrière lui sifflaient les bandes de métal. Il se retourna, tira sur elles, sans parvenir à les toucher, quand elles se retirèrent brusquement. Il n’eut que le temps de se retourner. Le robot, apparu à quelques mètres de lui, laissait claquer en traînée irréelle ses deux bandes. Il se lança directement sur le lézard, son armure entrée en contact crépita. Les deux combattants chargèrent leurs rayons, mais la machine fut plus rapide, et son laser frappa profondément dans le torse du reptile. Quand son propre tir fusa, le robot s’était déjà dégagé, pour réattaquer par derrière.
La réaction fut foudroyante. Les propulseurs crachèrent un jet de flammes, et Wargrowlmon se jeta en arrière, sans même prendre le temps de se retourner. Les deux bandes métalliques le frôlèrent de chaque côté, sans l’atteindre pour autant, et Eggmon se retrouva pris au dépourvu. « Radiation Blade ! » Les brassières se chargèrent d’un halo bleu, qui s’étendit jusqu’aux lames. Il leva les bras devant lui, et les pointes acérées allèrent frapper son adversaire, qui sur le coup fut repoussé, avant même que son armure ne puisse réagir. Un éclair cinglant s’en échappa, à la manière d’une tracée de sang.
Cependant le lézard était sur lui, et le frappa encore de ses deux lames, à plusieurs reprises, malgré les décharges. Plusieurs lasers d’un blanc terne filèrent près de sa tête, l’obligeant à se dégager. Alors il fit feu, et le rayon avec violence illumina l’espace, au point que les étoiles faiblirent. Eggmon avait bondi mais pas assez loin, pas assez vite, et même à la périphérie, il était emporté par le souffle, sous le coup d’une pression insoutenable. Son armure semblait sur le point de rompre, mais il bondit encore, échappant à la destruction.

Alors les deux adversaires ne cessèrent plus de se poursuivre. A l’instant Eggmon réapparut, Wargrowlmon se jeta sur lui, et son ennemi bondissait, encore et encore, le lézard tournoyant dans les airs, au milieu des attaques qui, entre deux bonds, fusaient de toutes parts. Les rayons s’arquaient, s’entrecroisaient, entraient en contact et formaient des corolles d’explosions. Le robot se déplaça en arrière, ne vit plus son opposant et crut qu’il allait l’attaquer par derrière, quand la forme gigantesque du lézard surgit devant lui, si proche que la gueule blindée touchait presque les rouages.
Les lames tranchèrent de haut en bas, toutes deux en même temps, mais ricochèrent sur l’armure du robot. Ce dernier bondit, fit surgir ses bandes qui sur l’instant furent sur son adversaire. L’une ricocha contre l’épaule renforcée, y laissant un sillon dans le métal, tandis que l’autre se perdait avant de revenir brusquement. Le lézard s’était propulsé sur la gauche, et toujours en mouvement tira, avec tant de puissance qu’il fut lui-même projeté en arrière par son tir. Ce recul n’était pas achevé que l’Atomic Blaster rugissait une seconde fois, chauffant à ce point l’armure du reptile que celle-ci se déforma sous la chaleur.
Il fut alors comme essoufflé, immobilisé pour quelques secondes, comme le rayonnement durait devant lui, plongeant sur des milliers de mètres l’espace dans la désagrégation. L’effort lui avait coûté. Pourtant il parvint à s’élancer de nouveau, et malgré sa masse, il volait réellement, tournoyait autour de son ennemi. Eggmon bondit sur sa gauche : son armure s’était reformée, malgré toute la puissance de l’attaque. Les lasers discordants frappèrent en rafales.
Wargrowlmon formait de grands cercles dans ce champ de bataille, mais à présent se défendait, fatigué par le combat. Eggmon fut sur sa droite, bondissant sans cesse pour le suivre. Il tira, tira encore, tira un autre laser, puis dans un tour de force passa devant et lança ses membres de métal à l’assaut, que le lézard para de ses bras. Ils se poursuivaient l’un l’autre, dans une course folle, s’éloignant pour mieux fondre ensuite, et le contact déclenchait des attaques dévastatrices.
- Missile Strike.
D’abord ce fut une dizaine de missiles, mais bientôt des dizaines, des centaines qui par vagues entières s’abattirent sur le reptile. Leurs traînées d’un gris clair formaient deux arcs comme la queue d’un oiseau sauvage, et pourtant parfaitement symétriques. Elles s’étendaient à mesure que se multipliaient les ogives, qu’elles fondaient sur leur proie.
Les déflagrations enflammèrent l’espace, les shrapnels volaient de tous côtés. Un gigantesque panache brûlant se forma, dont les détonations successives se répercutèrent dans tout l’Eggbarrier. Eggmon s’arrêta, sûr de sa victoire. Son épaulière lançait des étincelles, en partie défoncée, et son armure portait encore la trace des flammes, mais il était ressorti quasiment indemne du combat.
- Atomic Blaster !
Le grondement devint rugissement, et du rugissement un hurlement que sa propre puissance brisait. Le rayon de son rouge cinglant allait atteindre le robot quand celui-ci enroula ses bandes métalliques autour de lui, et ce bouclier le protégea de l’attaque. Face à lui Wargrowlmon se redressa. Il soufflait, frappé de coups multiples, brisé par l’effort. Mais malgré cela, le lézard affirma qu’il continuerait à se battre.
Eggmon le laissa finir, puis prononça deux mots, « Ater Lacrima ». Sa voix métallique en avait broyé la moitié, et l’armure toute entière s’était mise à luire, comme foudroyée, tirant des petits arcs qui se courbaient, se déchiraient, retombaient sur le métal pour s’y évanouir. Les rouages tournaient sans cesse, se mirent à ralentir, à tourner par crans, puis à s’arrêter, reprendre un instant, puis s’arrêter totalement. Pétrifié, le reptile regardait son ennemi. Les arcs électriques se calmèrent, puis disparurent à la surface de l’armure.

Des milliers de perles, petites billes de cristal noires perdues dans l’espace, s’écoulèrent devant l’œuf, dont les contours seuls permirent de les distinguer. Wargrowlmon sentit son cœur se serrer, le danger l’écraser ; il voulut se dégager, attaquer, réagir, et ne parvint qu’à regarder, les yeux toujours plus grands, l’attaque qui se préparait.
Les perles à présent formaient comme un miroir terne, marqué par le temps. Elles s’y fondaient, ne formant plus qu’une couche infime, presque nulle. La surface toute entière semblait sur le point de se briser. Soudain, elle fut sur lui, à quelques centimètres. Le reptile eut une réaction violente, se jetant en arrière, mais l’espace n’existait plus, seulement cette surface usée. Il la vit qui approchait, qui allait toucher sa queue, ses pattes postérieures. Lui ne pouvait rien faire. Le contact le fit paniquer.
Un cri l’arracha à sa détresse. Tails s’était jeté sur la surface de cristal, et la balayant de ses deux queues, venait de la briser. Les éclats se dispersèrent de tous côtés, pour disparaître.
- Tails !
Le jeune renard ne put s’empêcher de sourire. Il fit un clin d’œil, et dressa le pouce pour réconforter son ami.
- Eggmon a besoin d’une leçon, qu’en dis-tu ?
Il hocha la tête d’approbation. Sa face, même chargée de métal, avait exprimé la même réaction passionnée que savait si bien produire Guilmon. Seul, il n’avait pas pu infliger le moindre dommage à la machine d’Eggman. Pour le lézard, l’aide du renard changerait tout, et le renard y croyait aussi.
Les deux queues battirent en cœur, dans cet espace chargé d’énergie battirent jusqu’à ne plus les distinguer. Tails se tourna encore, puis fit face à Eggmon, et s’élança sur sa gauche. Il sentit près de lui la pression ardente des propulseurs, et la masse gigantesque du lézard. Pendant de trop longues minutes le renard était resté spectateur, à distance du combat. Cette impuissance, il ne la supporterait plus. Il se battrait aux côtés de son ami, pour ne pas le perdre.
Eggmon se réveilla. Les rouages d’abord hésitants reprirent vite leur cadence effrénée. Devant eux se formèrent de nouveaux rayons. Wargrowlmon les intercepta, et malgré leur puissance, les lasers disfractés allèrent se perdre de tous côtés. Cependant les tirs se multipliaient, à mesure qu’ils s’approchaient, puis ce fut le contact.
Le lézard frappa le premier, touchant les rouages de sa lame. A ce coup des séries d’étincelles crépitèrent de tous côtés, mais la machinerie resta intacte. Du dos du lézard surgit alors Tails, qui frappa des deux pieds au même endroit, et malgré son poids, repoussa Eggmon par ce simple coup. Eggmon n’était plus cet ennemi invincible, dans le ciel digital, mais un simple obstacle, qu’il abattrait comme tant d’autres. Le renard se dégageait par la force même de son attaque, et déjà Wargrowlmon réattaquait, activant le halo bleu de ses lames, pour frapper avec violence l’armure du robot.
Le contact en fit éclater une pièce. Des éclairs déchirants s’échappèrent, pour s’arquer, se distordre, s’ouvrir brusquement et s’éteindre. La machine riposta, lança ses bandes de métal à l’assaut, mais Tails les intercepta, tomba sur la première qu’il fit ainsi dévier, et prenant appui sur celle-ci, bondit sur la seconde. Il se mit en boule, la frappa de plein, avec assez de force pour que les fibres se détachent, et que l’arme endommagée se paralyse, avant de se rétracter.
Le renard se laissa ricocher encore pour frapper l’épaulière droite, qui trembla sous le coup. Puis, comme dans sa première attaque, il laissa l’inertie le dégager du contact, et se redressa. Devant lui Wargrowlmon dominait Eggmon, et imitant le renard tournait sur lui-même, pour fouetter le robot de sa queue. Ce dernier se laissa frapper, mais comme le reptile faisait feu avec son rayon nucléaire, il bondit, se jeta derrière lui, et déploya dans des arcs formidables les deux bandes de métal, les laissa couler encore et encore, démesurément longues.

Tails attaqua. Il n’atteignait pas Eggmon que ce dernier bondit. Les bandes alors, comme arrachées, au lieu de se détacher, sur tout un tronçon subitement changèrent de position, et continuèrent à se déployer. Elles vinrent de la gauche, sifflèrent si près que le renard se crut emporté. Le reptile passa au travers, allait attaquer. Les deux bandes le frappèrent en même temps sur le flanc, ricochèrent contre pour continuer leurs course éperdue dans l’espace, avant de revenir dans un vaste arc de cercle.
Il les évita une seconde fois, alors qu’elles passaient tout près de sa tête, se déroulant à l’infini sous ses yeux. Le robot le surprit sur le côté, chargea son laser qu’il darda pendant une à deux secondes. La friction des particules formait des flammes glaciales, vite emportées. Le lézard avait franchi l’attaque, était sur lui, le frappa de ses lames puis de sa gueule, avec rage, quand les bandes métalliques le fauchèrent brutalement. Eggmon bondit après lui, sans lui laisser le moindre répit.
Les cercles métalliques formaient à présent une large toile comme des miroirs, écailles de serpent où chaque déflagration recevait son écho, son reflet. Le souffle des explosions les distordait, les faisait rompre, avant que les fibres ne se recomposent. Le robot ne cessait plus de bondir, attaqua par la gauche, les rayons à peine éteints devant lui parut à droite et des nuées de missiles filèrent de tous côtés, pour s’écraser parfois sur ses propres rets de métal. Il fut derrière, sitôt devant, à poursuivre avec acharnement le lourd lézard qui se débattait, traversant les formations luisantes.
Wargrowlmon soufflait. Son armure laissait échapper une vapeur épaisse, un halo bouillonnant à chaque tir plus dense. Il irradiait de puissance. Le rayon cramoisi trancha dans les cercles de métal, mais Eggmon lui échappait encore, et il continua à virevolter, suivant lui-même ces larges arcs au sein de ce labyrinthe malade où tout bougeait à un rythme endiablé. Le robot l’attaqua, le frappa par derrière, puis une bande le frappa au visage, le rejetant d’un côté, où l’autre bande vint fracturer son plastron, pour se retirer tout aussi vite.
Le robot bondit encore, tira un laser. Soudain le renard s’abattit sur lui, avec tant de force que le coup le rejeta en arrière. Tails ricocha contre les bandes déployées, réattaqua aussitôt. Le robot ne tira qu’une série de lasers imprécis pour le repousser, et déjà fuyait par bonds successifs. Mais le jeune renard, sautant parmi les amas entrecroisés des bandes, volant parfois entre elles, le suivait de près, le rattrapa. Il se jeta sur l’épaulière dont le crépitement s’intensifiait, et sur le coup faillit la démonter. L’armure toute entière, sur le corps d’Eggmon, prit une teinte effrayante, et la décharge forma une vaste sphère d’énergie qui repoussa le renard.
La machine se tourna alors, pour voir passer à toute vitesse l’ombre de Wargrowlmon. Le lézard se débattait, en prise avec les bandes de métal qui le harcelaient, qu’il repoussait avec ses lames, brisaient un court instant. Les deux adversaires se repérèrent, échangèrent une série de tirs. Les millions de facettes des bandes métalliques s’emplirent de la lumière irradiante des rayons. La plupart furent balayées par les explosions. Des sections entières se rompirent, et détachées, se désintégrèrent.
Alors tout le réseau forma sembla se désintégrer, mais les bandes continuaient à s’y écouler, attaquant dans de larges mouvements. Tous les combattants tournoyaient les uns autour des autres, dans une lutte acharnée. Les missiles à peine tirés explosèrent, percutés de plein fouet. Un rideau de flammes s’abattit, que Wargrowlmon traversa, pour frapper au passage Eggmon de ses lames. Il ne s’arrêtait plus, pressé par les attaques multiples. Tails frappait à son tour, subitement Eggmon se jetait loin de lui, et il retraversait toute la distance, au milieu des explosions.

...
« Dernière édition: Décembre 07, 2007, 12:12:47 am par Feurnard »
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Re : [Fan Fic] [Tails] Face
« Répondre #11 le: Décembre 07, 2007, 12:12:10 am »
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A nouveau, le petit renard surgissait, de derrière la surface aveuglante des bandes, pour attaquer. Ses deux queues tournaient dans son dos, soufflaient au milieu des champs lourds de particules qui emplissaient à présent l’espace. Les corps frottaient contre, enflammaient l’énergie brute. Tails s’abattit sur Eggmon, toucha une pièce endommagée de son armure, qui enfoncée se détacha soudain, puis se désintégra. Les autres pièces coulèrent sur la surface blanche du robot.
- Je ne peux pas vous autoriser à détruire mon armure.
Aussitôt les deux bandes se détachèrent de ses épaulières, et celles qui poursuivaient le lézard s’immobilisèrent, sans plus de force. Eggmon bondit à plusieurs reprises, jusqu’à atteindre le centre de l’amas. Autour de lui les tronçons métalliques fulminaient de puissance. Alors son armure se détacha de son corps, puis se retourna brusquement, pour se diviser en pièces plus petites qui formèrent autant de canons.
Le tir fut démentiel. Les centaines de lasers crépitant ricochèrent sur toutes les surfaces, se multiplièrent, fusaient de tous côtés. Leur ronflement fit trembler les structures de métal, contre lesquelles elles se réfractaient, jusqu’à les faire exploser, et tous ces tronçons soudain ternes se déchirèrent, avant d’exploser, longues déflagrations ardentes. Les deux amis se trouvèrent pris au piège, et bientôt écrasés par la puissance du rayonnement. En un instant le lézard s’était jeté sur Tails, pour l’entourer de son corps, et les lasers d’abord ricochèrent contre son armure.
Bientôt ils traversèrent. Les décharges passèrent de part en part, firent éclater les lames, crépiter les propulseurs dont l’un, se détachant, explosa. Le plastron crevé brûla littéralement, laissa échapper des gaz brûlants qui au contact des particules prit feu, et roula à la surface. Wargrowlmon hurla. D’autres rayons touchèrent les brassières, les cisaillant, et d’abord leur surface resta homogène, mais bientôt les fissures s’y dessinèrent, puis s’ouvrirent, avant d’éclater en plusieurs endroits. Les tirs ne cessaient pas, ils le taillaient en pièces.
- Cette armure me protège, elle m’empêche de désobéir.
Les multiples canons se turent, puis se retournèrent, et l’armure alla se plaquer sur le corps du robot. Tout autour de lui les particules formaient une vaste brume déchiquetée, faite d’amas désemparés qui s’effilochaient. L’espace irradiait. A distance, le corps du lézard flottait, inerte. Il était démoli, mais pas vaincu. Ses yeux se rouvrirent, pleins de rage. Les pupilles se contractaient à l’extrême. Tails, entre ses bras, se relevait sans mal, mais effrayé. Il avait senti chaque instant de l’agonie.
Il se soucia du reptile, qui le rassura, puis se tourna vers Eggmon.
- Pourquoi ne nous as-tu pas tués, la première fois ?
- Je n’en avais pas reçu l’ordre.
La voix se détachait parfaitement malgré la distance, toujours aussi mécanique. Tails s’attendait à de la pitié, il fut déçu.
- Alors pourquoi être venu, la première fois ! Il en sentait trop profondément l’absurde. Pourquoi veux-tu notre mort !
La machine ne répondit pas. Ses rouages tournaient, mais dans le vide, l’un détaché de l’autre. Ils s’arrêtèrent, repartirent, s’arrêtèrent encore, et par intermittences, comme indécis. Tails répéta sa question, la seule réponse que le robot pouvait formuler vint :
- Je suis Eggmon, unité zéro zéro, stockage base moins douze, puis il énonça un numéro d’expérience, et : j’ai reçu deux armures de mon maître, pour m’apprendre à obéir, et la puissance de six émeraudes du chaos.

Le jeune renard, frappé, répéta à voix basse ces derniers mots. A ses côtés Wargrowlmon lui demanda ce qu’étaient ces émeraudes. Lui commençait seulement à comprendre à quel point ce combat était désespéré. Il avait vu l’Atomic Blaster, dont les radiations duraient encore maintenant, et même cette arme toute-puissance n’avait pas ébranlé le robot. Jamais aucune machine d’Eggman ne s’était montrée aussi destructrice.
Alors, dans un réflexe qui lui échappa totalement, il ressortit le petit boîtier, resté avec lui malgré tous les combats. L’appareil activé dans sa main fit apparaître son écran digital, où Wargrowlmon apparut tout entier, comme vu par deux yeux braqués sur lui. Il s’y vit aussi, tourna les yeux, et continua à comprendre. Soudain la voix d’Eggmon se fit entendre, mais comme devenue folle, et elle avait perdu un peu de son ton mécanique, pour quelque chose de plus cruel.
- Rends-moi ça !
Les deux bandes reparurent à ses épaulières, claquèrent, se recourbèrent puis s’élancèrent directement sur Tails, traversant la distance en une fraction de seconde. Le renard les vit qui allaient l’atteindre, n’eut que le temps de reculer de frayeur, tétanisé. Elles s’arrêtèrent à quelques mètres de lui, saisies par la patte blessée de Wargrowlmon, qui s’interposait.
- Ne l’approche pas !
Il hurla, et le plastron sembla se consumer, vibrant sous la puissance de l’attaque. Toutes les failles de l’armure s’avivèrent, laissèrent échapper un rayonnement furieux. La puissance repoussa le renard, puis, destructeur :
- Atomic Blaster !
A l’apparition du rayon le renard fut soufflé, sa face rougie par la chaleur. Il se retrouva à distance, à voir la gigantesque charge tellurique tournoyer, juste devant le lézard, et le halo ardent qui l’entourait. Eggmon voulut se dégager, mais le lézard tenait fermement ses bras plats de métal. Le rayon nucléaire s’étendit alors, d’abord lentement, comme si le temps lui-même était rongé, avant de se jeter sauvagement en avant, dans une détonation tonitruante. A son passage les bandes de métal se désintégrèrent.
Le rayon embrasa l’espace, à l’impact fit gémir la machine, lui arracha des flots d’éclairs déchirants, des arcs étirés qui se perdaient dans le vide. L’épaulière gauche, déboîtée, crevait d’étincelles, se fissurait. Elle lâcha, fut emportée par le rayon, et à distance dépassa sa charge critique. Une gigantesque explosion dévora l’espace, l’éclaira une fraction de seconde, puis une seconde déflgration, d’un blanc incolore, annihilant jusqu’à la lumière, succéda à la première.
Ce fut au tour d’Eggmon de hurler. « Missile Strike ! » Il bondit dans les traînées innombrables de ses ogives. La machine n’était visible qu’un instant, le temps de se jeter plus loin, entourée par des milliers de munitions. Il négligeait le lézard, se jeta sur Tails qui, balayant l’énergie de ses deux queues, s’élança à son tour. Les deux se percutèrent avec violence, et les explosions crevèrent tout autour d’eux, déluge de feu et de flammes, dans une chaleur insoutenable. Les vagues de missiles s’abattaient sans répit, au milieu de cet enfer, les deux adversaires s’affrontaient.

Le renard évitait les nuées de missiles, volait entre leurs traînées et les explosions. Il se jeta sur Eggmon, le frappa une fois puis tourna autour, en proie à ses attaques. Le robot ne cessait plus de tirer ses charges, aveuglé par la colère, ou la douleur. Les explosions formaient une traînée derrière le renard, qui le rattrapait parfois, avant de s’essouffler. A distance Wargrowlmon cherchait à les rejoindre, mais son corps brisé ne lui obéissait plus. Il tendait le bras en direction de Tails, pour le supplier d’être prudent.
Le petit renard réattaqua. Il frappa du poing, revint par derrière et avant que les lasers ne le touchent, esquiva pour fondre les deux pieds en avant. Le coup porté, Eggmon fut sur sa droite, puis dans son dos, et les missiles pleuvaient de tous côtés. Il échappa à leur piège, d’une frappe circulaire fouetta le robot de ses deux queues, bondit avec lui plus loin et la machine s’enfuyait, l’entraînant toujours à distance, en répétant « Missile strike ! Missile strike ! »
Puis un autre bond le porta derrière Tails, et l’appel changea. « Ater Lacrima ». Mais Tails ne lui laissa pas le temps de préparer son attaque. Il continuait à voler, emporté par son élan, forma un arc de cercle qui le ramena sur sa cible, et s’abattit sur lui. Le renard se roula en boule, frappa une première fois, repoussé, réattaqua sans même s’éloigner, une seconde, puis une troisième, une quatrième fois, en pleine furie. Il sentait son corps souffrir, ne s’en souciait pas. Les éclairs crevaient à chaque coup, et les pièces de l’armure semblaient à chaque fois rompre, pour reprendre leur place.
Enfin les perles commencèrent à s’accumuler, mais Tails continua à attaquer, et ce simple mouvement rejeta au loin cet amas noir. « Comment… » Le robot le chassa avec sa dernière bande de métal, fouetta dans l’air avec. A plusieurs reprises elle se déplia, fondit dans l’air, dans le vide par trois fois, à la quatrième le renard courut dessus, presque aussi vite qu’elle se retirait, pour frapper directement. La seconde épaulière cracha une série d’étincelles.
Eggmon écumait. Les crans des rouages n’étaient plus visibles tant ils tournaient vite. Des lasers crépitèrent, inutiles. Tails le lui fit savoir, puis se jeta sur lui, et la vitesse ajoutée à sa force propulsa Eggmon en arrière. Puis il se dégagea, prenant de la hauteur. Le robot allait le suivre, et lançait déjà le nom de son attaque, quand :
- Atomic Blaster !
La machine se tourna de revers, pour voir à quelques mètres de lui le lézard tout entier dressé qui chargeait son attaque. Le rayon le faucha directement, l’emporta sur plusieurs milliers de mètres. Mais la puissance de l’attaque ne fut pas la même. Ce n’était plus qu’un résidu du véritable rayon nucléaire, qui s’éteignit aussi vite. Même alors le robot brûlait, et son armure lâchait des arcs effrayants, comme une éruption stellaire.
Tails félicita son ami, mais Wargrowlmon ne lui répondit pas. Il était à bout de forces, chaque geste lui coûtait. Eggmon le comprit. Il revenait, devant le lézard lança « Missile Strike ! » d’un ton plus excité que robotique. Voyant le danger Tails fondit en boule sur les ogives, et les percuta une à une, les faisant exploser ou dévier de leur trajectoire. Il y en avait trop, Eggmon en relança. Elles allèrent percuter le lézard sur l’ensemble de son corps, éclatant alors et de plus en plus nombreuses, le secouant, et laissant des plaies ouvertes. Tails hurla. Le pilonnage cessa, Wargrowlmon ne bougeait plus.
- Eggmon ! Je ne te le pardonnerai jamais !
Il attaqua, mais le robot avait bondi en arrière, et au lieu du cri habituel : « Laser Mayhem ». Le rayon surgit presque devant ses rouages, d’un rouge cramoisi. Le rayon ne partit pas directement sur Tails, mais dans une toute autre direction, avant de se briser soudainement, continuer sa course et se briser encore, formant un tracé malade dans l’espace, avant de fondre sur le renard. Il l’évita, mais le rayon se coupant net partit en explosion, et Tails fut balayé. Alors qu’il s’en remettait, un second rayon le surprit, l’atteignit de plein fouet, et le rejeta plus loin. Un dernier rayon le toucha à la poitrine, presque au cœur, atteignant par ironie le petit boîtier.
L’explosion qui suivit dura plusieurs secondes, une vaste sphère au rouge sombre et déchirée. Eggmon resta seul à contempler le champ de bataille. Son armure crépitait, l’épaulière lâchait des étincelles à la place de l’autre arrachée qui manquait. Eggmon laissait échapper un sifflement déchirant, à la manière d’un appareil endommagé par sa chute.

Les dernières étoiles disparurent autour du renard. La dernière source de lumière emporta ce corps inerte. Puis le noir prit la couleur de la nuit, et de nuit s’éclaircit, démesurément, jusqu’à devenir d’un blanc cassant. Tails reposait à présent au milieu du blanc homogène, où bientôt se glissèrent des messages d’un vert informatique, de toutes longueurs et de toutes tailles. Des voix résonnaient dans les profondeurs, comme des rumeurs, pour s’éteindre aussitôt. L’espace redevint calme, autour du corps immobile, comme couché sur un sol invisible, et vraiment couché dessus.
Il ne respirait plus. La frange touchait terre, le museau appuyé contre était caché par la main aplatie, dont les doigts ouverts et crispés par la violence reposaient à présent. Les deux queues dans son dos s’étalaient, couchées comme lui, sur sa longueur, et cachaient en partie ses jambes. Son pelage se découpait dans le blanc cru. Puis une sonnerie comme une plainte se mit à gronder, à rouler longuement dans ce lieu désert. Le boîtier abandonné à quelques mètres du corps continuait à se plaindre.
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Re : [Fan Fic] [Tails] Face
« Répondre #12 le: Décembre 07, 2007, 08:54:33 am »
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Plus d'une heure.. C'est le temps qu'il m'a fallu pour lire entièrement ta fic. Si on s'y perd un peu au début, on peut y accrocher très facilement si on prend le temps de tout lire. C'est vrai que la longueur et la complexité de chaque chapitre peut en décourager plus d'un, voir même la quasi-totalité, mais je te demande de continuer. C'est ce qui fait ton style, c'est une des composantes de la qualité de cette histoire. Si la description physique des personnages est un peu faible selon moi, tu te rattrape très largement sur la description de leurs sentiments. On est tout de suite frappé par la force du lien qui unit les 2 protagonistes principaux, et ce qu'ils sont capables de faire l'un pour l'autre. Pour le combat, faut se le farcir, comme on peut dire vulgairement, mais c'est vrai. C'est captivant, et en même temps par sa longueur on a hate qu'il se finisse, sans pour autant parvenir à déccrocher de la lecture. C'est assez déroutant.

Même avec ces difficultés de lecture, on a pas envie de voir l'histoire s'arreter, surtout en ce moment. Donc, continue.
Je me demande tout de même qu'elle est l'utilité réelle du boîtier...
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Dingue des jeux de sonic de très longue date.

Ma propre Fanfic (tout le monde parle de la sienne, alors pourquoi pas moi?): Recherche mémorielle
 
 
Re : [Fan Fic] [Tails] Face
« Répondre #13 le: Décembre 11, 2007, 09:10:58 pm »
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Les sentiments reviennent à Badcoin, pas à moi. Si c'est un style, alors c'est le sien.
Le "captivant" aussi lui revient. J'en serais presque jaloux...

Dans ce chapitre, encore du combat.

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Chapitre 6 – Rentrer chez soi avec un ami

Il ouvrit les yeux. Son corps le déchirait. Tails appela l’air dans ses poumons, se sentit brûler. Ensuite, le plus simplement du monde, il tourna la tête. Couché par terre, le renard reposait au  milieu du vide. Une vois l’appela, familière, puis plus rien. Le renard se leva, fit quelques pas. Il sentit un tiraillement au bras, le regarda, le vit qui se détachait en particules, pour se reformer ensuite, en resta interdit. L’envie de hurler lui vint, mais les forces lui manquaient. Ensuite, son esprit fit le rapprochement avec la destruction des badniks, conclut que ceux-ci étaient digitaux, qu’il l’était aussi, fait de données, qu’il était donc toujours dans ce monde, et non au ciel.
La voix l’appela à nouveau. Il chercha du regard, vit passer les données, des fractions d’images, des paroles éperdues, qui virevoltaient. Il ne pouvait qu’être encore dans l’Eggbarrier, à la frontière entre deux mondes. « C’est le programme originel. » Il prit conscience de la traduction nécessaire des données en particules, des particules en données, mais cela n’expliquait pas comment il avait survécu. Enfin la plainte désaccordée du petit boîtier se détacha du silence, et le renard s’en saisit.
C’était la voix de Guilmon, qui l’appelait. Il le vit couché, vaincu à terre, le corps meurtri. Le lézard tout entier menaçait de se briser, ses données éparpillées au premier souffle. Tails allait le rejoindre, quand le boîtier se tut, étouffé par les paroles soudain fortes et distinctes qui fusaient dans le dos du renard. Il se retourna, vit Eggmon en combat face à des monstres digitaux, dont un lion qui se battait furieusement. Une armée entière se brisait sur lui. Puis les images changèrent, il vit une pièce sombre, où seulement se distinguaient deux yeux fauves. Le renard sut que c’était Eggmon. La voix du professeur éclata, cruelle, les mêmes paroles à propos du virus, les mêmes qui s’étaient affichées sur l’appareil, puis le cri de Sonic.
- Tails…
Le petit renard s’approcha de Guilmon. A chaque pas il craignait de voir son ami disparaître. Le lézard ne bougeait pas. A quelques pas, la voix de Sonic, « jamais ! » Encore un pas, l’écho le frappa, lui traversa le cœur. L’écho était celui d’Eggmon. Jamais Sonic ne le laisserait mourir, pas sans combattre. « Tails ! » C’était Guilmon, c’était Sonic, Sonic derrière lui, dans un petit écran, un cri de surprise en le voyant. Le petit renard se précipita vers lui.
- Sonic !
- Tails, c’est vraiment toi ? Où es-tu ?
- Dans l’Eggbarrier…
- Ne bouge pas, j’arrive !
La face souriante du hérisson rasséréna le jeune renard. Son ami était là, il pouvait toucher l’écran, comme s’il touchait la main gantée posée dessus, comme s’ils étaient ensemble. Sonic lui fit un dernier signe d’encouragement, puis s’élança, et l’écran disparut. Alors Tails se retourna, Guilmon était à ses pieds, et jamais plus loin de lui qu’en cet instant. Le renard lui toucha le cou, puis l’enserra, et le tint serré contre lui, contre son cœur, pour qu’il ne le quitte pas.

Guilmon ouvrit les yeux. Il tourna faiblement la tête, sans parvenir à la décoller du sol. Ses premiers mots étaient pour son ami. Il venait de l’appeler « Aniki. » - « Que veut dire Aniki ? » - « Ca veut dire frère. » Tails lui sourit. Il lui promit que tout s’arrangerait, lui dit de ne pas abandonner. Ils étaient ensemble, c’était tout ce qui comptait.
- Aniki ! Eggmon ! C’est un monstre digital !
Ca ne changeait rien. Le renard ne l’avait compris que tardivement, en entendant le nom des attaques, et parce qu’un robot ne peut pas absorber d’énergie comme le pourrait une créature informatique. Seulement Guilmon continuait de geindre, parvint à pointer le doigt en direction du boîtier, et ajouta :
- C’est le sien !
- Le sien ?
Guilmon n’eut pas la force de répondre. Il avala un sanglot, puis expliqua, l’appareil était « le cœur du monstre digital ». Le renard ne trouvait rien à répondre. Il restait sans voix, sous le choc. Et les mots continuaient. Tout autour, les images aussi. Le programme tout entier réunissait ses souvenirs, l’énergie qui avait transité, une première fois pour guérir Tails du virus, une seconde fois pour le soigner de ses blessures, puis pour permettre à Growlmon d’évoluer, enfin pour éviter la mort de Tails.
- Non ! Eggmon nous veut du mal !
Pourtant, la puissance d’Eggmon n’avait cessé de diminuer, et il y avait la désobéissance. Alors Tails regarda le boîtier, et les mots qu’il lut le touchèrent au cœur : « j’ai mal, j’ai mal, j’ai mal, j’ai mal, j’ai mal… » Ses doigts se serrèrent sur l’appareil. Il n’arrivait plus à détacher son regard de ces mots dans leur écriture rouge, à l’apparence si mécanique, comme un monstre torturé.
- Il nous sépare, reprend Guilmon, il nous a toujours séparé ! Nous serons toujours deux, à cause de lui !
Tails ferma les paupières, puis secoua la tête, énergiquement. Il n’avait plus besoin de comprendre. Il avait besoin de se battre.
- Eggmon doit être vaincu. Qu’il soit notre ami ou notre ennemi, nous n’avons pas le choix. Ensemble, nous pouvons le faire. Rien ne pourra nous séparer !
Les yeux de Guilmon brillaient. Il exultait, pris entre la douleur et la joie. Le lézard trouva la force de se relever. Il chancelait, mais vigoureux, battait des griffes, et de la nuque à la queue, prêt au combat. Leurs deux cœurs leur brûlaient, comme enflammés par l’énergie qui gravitait autour d’eux. Ils pouvaient sentir la douleur, la détermination de l’autre. Ils ne tremblaient plus.
Soudain l’appareil jeta des feux de lumière, dans un sifflement assourdissant, les aveugla, les fit disparaître. Tails sentit les flux d’énergie le traverser de part en part, comme l’arracher et la présence de Guilmon tout proche de lui, presque en lui, presque. Leurs deux cœurs battaient en rythme. La fusion était impossible, mais le renard se laissa faire, entendit la voix de son ami, qui l’appelait, le rassurait. C’était Growlmon, c’était Wargrowlmon, puis il y eut un cri : « Crimson mode ! »

Le renard sentit le froid de l’Eggbarrier, et l’obscurité le saisir. Au loin les lueurs de la barrière luisaient comme des griffes effilochées. Il se sentit faible, frigorifié. Son pelage frissonnait. Une douleur au ventre le fit tousser. Sa main se posa, c’était du sang. Alors la bande de métal siffla autour de lui, forma des cercles concentriques puis se ferma violemment, l’emprisonnant. Il sentit ses membres compressés, respira avec difficulté. A une centaine de mètres, Eggmon, comme fou, hurlait.
- Meurs ! Meurs ! Meurs !
L’armure électrique s’était détachée de la surface ovoïde. Projetées à quelques mètres, les pièces tenaient encore par des courants électriques violents, d’un bleuté effrayant. Là où l’épaulière avait été détruite, la surface de l’œuf se fissurait. Les deux roues tournaient en sens contraires, s’arrêtaient, repartaient à des rythmes différents, fluctuants, furieuses.
Il serra sa prise. Toute la bande métallique en frémit, glissa, se raffermit, en longue onde vibrante, pour claque sur le corps chétif du renard et le briser. Tails crut mourir, mais un hurlement desserra la prise. Une lumière vive fondit sur eux, un trait d’énergie gigantesque, qui traversa le champ d’éclair d’Eggmon, pour le frapper à l’épaulière. A l’impact, elle creva, éclata sous la pression et ses parties comme des membranes successives se désintégraient, laminées par la puissance. D’un coup sec, la pièce entière se détacha, brisée, pour exploser. Une nuée de flammes se précipita de tous côtés, comme enragée, puis les débris, en fin de course, s’immobilisèrent, ne laissant sur la partie éclatée qu’une lourde fumée. Eggmon hurlait de douleur.
- Impossible ! Comment ?!
Le monstre apparut subitement, entre l’armure ovoïde et Tails. Ce dernier sentit son cœur battre, brûler, bouillonner et tout son sang avec. Wargrowlmon irradiait de puissance. Tout son corps, recouvert d’un or brillant, scintillait avec la force d’une étoile. Les deux propulseurs dorsaux chargeaient l’espace de leurs halos intenses, vastes flammes qui recouvraient entièrement son dos. Il vit au lieu des pattes une longue queue reptilienne, mais la majesté de son ami l’empêcha de s’arrêter à ce détail.
- C’est fini, Eggmon ! lança le monstre de lumière.
- Jamais !
Autour d’Eggmon la seconde armure convergea toute entière, tirant à elle les arcs électriques, puis toutes les pièces se retournèrent, et les milliers de lasers crépitèrent. Mais les rayons ne firent que ricocher sur le corps de Wargrowlmon, qui, défiant, n’avait même pas bougé. « C’est fini ! » Il y eut un hurlement, un cri sauvage, la vocifération de l’Atomic Blaster. Le trait ardent fendit l’espace, à son passage sublima l’énergie résiduelle, les particules flottantes qui entraient en combustion. Eggmon bondissait, et bien qu’éloigné se retrouva pris dans la traînée, un instant subissant la distorsion. L’armure parut se dédoubler, s’arracher d’elle-même, puis se secouer avec violence, sur le point de rompre.
Wargrowlmon attaqua. Dans la chaleur laissée par le rayon nucléaire, dans les vapeurs épaisses comme la traînée d’un volcan, il fondit sur son adversaire, frappa un coup, un second, de ses deux lames aux brassières. D’épaisses épaulières protégeaient ses bras. Le champ électrique s’ouvrit, éclata, et leurs arcs déchaînés foudroyèrent les alentours, partant ivres de tous côtés, en longs traits lumineux qui s’éteignirent. La seconde armure était détruite.
La voix du monstre était plus brûlante encore que son corps. Elle roulait dans l’air, lourde et rauque, comme le souffle d’un dragon. Des lames de lave se déversaient à chacun de ses mots. Lui et Eggmon se faisaient face, à seulement quelques mètres. L’armure ovoïde était percée aux deux épaules, d’où se déversait sur la surface blanche un liquide noir, comme de l’huile mate.

Eggmon se mit à rire, d’un rire malade, démoniaque. Même dénaturée, rendue métallique par l’armure, elle frissonnait. Un rire cruel, pire que celui d’Eggman. Tails, lointain, l’entendit emplir l’Eggbarrier, et le secouer. Alors le combat reprit, intense, frénétique. Chaque rayon durait deux à trois secondes, gigantesque trait tiré au milieu de l’obscurité, dont le crépitement se répercutait à l’infini. L’espace s’emplit de déflagrations, boules de feu informes qui illuminaient l’espace du combat, où les deux combattants n’étaient plus guère que des silhouettes.
Il fut sur lui, tira, il riposta. Les coups s’échangèrent. Plus haut, ils frappaient. Lui tira, frappa, les deux corps s’entrechoquèrent, au fracas les missiles formèrent des cercles mortels. Tir tir tir, coup sur coup les détonations dévastèrent l’espace, lui derrière lui, devant, frappant, les rayons s’entrecroisèrent, le feu démentiel, course folle au travers des éclats, il l’attaqua, parait, fendit pour traverser la défense, lui riposta, à peine distancés ils chargeaient. Coup après coup l’un devant l’autre à tournoyer, rayons projetés dans leur sillage, lames de lumière lancées avec furie, des milliers de projectiles qui éclataient dans des secousses effrénées.
Des batteries de missiles s’essoufflaient, détonaient tout autour. Soudain il est sur lui, les lames frappèrent, il fut derrière, d’un bond le toucha, sur le côté, son armure irradiait, fulminait à chaque tir. Les vibrations les secouaient, la vitesse coupait leur souffle. Dans de gigantesques arcs, se frapper se fracasser, des déferlantes de rais qui n’en finissaient plus de hurler, l’armure qui gémissait, le torse enfoncé, la tête écrasée qui vibre à chaque mouvement. L’espace embrasé fumait, fulminait, dardé de lasers tonitruants. Il tirait, le rayon blanc frappa, lui reculé repartit, des rafales qui scandaient leurs courbes vives, dans l’ardeur du combat, il fut sur lui, le frappa, le blindage qui éclate, les attaques hurlées, scandées, au déchaînement de toutes les armes.
Eggmon encore lui échappa. Une fraction de seconde, deux cents missiles, le balai mortel, soudain, contact, le foudroiement des étincelles, en rafales, des gerbes de flammes autour d’eux, qui n’arrivèrent pas à les suivre. Passa un tir, le casque se fendit, sous la pression se brisa, et la tête dégagée écumait de rage, les écailles fulminaient. Ils étaient deux étoiles destructrices, inconscients de la dévastation. Le champ de bataille vrombissait, les vagues de chaleur tournoyantes déformaient la vision. La fureur du combat augmenta encore.
Attaque, coup porté, l’armure qui se fendit, traînée de débris. Attaque, coup porté, fêlure noire comme une balafre. Bombardement, charge, coup de queue, coup de griffe, de dent, du bras, les lasers vibrants, le corps meurtri, éclairs, détonations, en haut, en bas, aveuglé. Un rayon passe si près de Tails qu’il sent son poil roussir. Tir, tir, frappe, évite, le rouage siffla, derrière, plus loin, plus loin, tir, encore tir, à chaque fraction de seconde, ronde meurtrière, cris, râles, et tirs, charges entrées en fusion. Le corps éclate, la coque se déchire, s’ouvre, les shrapnels mugissent de tous côtés. Missiles encore, dévastateurs, explosions innombrables, course, vol, bondir, à chaque coup porté les arcs électriques.
Ils s’éloignèrent, firent feu, les deux rayons en même temps, contact, fin de la furie. Quand l’aveuglement cessa, seulement le roulement terrible de l’explosion se fit entendre, à faire vaciller les cœurs. Les deux adversaires tournoyaient encore, tiraient parfois, mais avec lenteur, pour s’observer, brûlant de reprendre le combat. Eggmon ne cessait plus de rire, un ricanement déchirant.
Le combat reprit, subit, violent, au choc un évanouissement soudain, les hurlements, le fracas, les éclairs comme des éruptions. Un instant encore, le mouvement prit fin, Wargrowlmon ne bougeait plus. Emporté par sa vitesse, par sa masse, la puissance de l’attaque, le dos braqué en arrière, il filait en chute libre. Il brûlait. Tails poussa un cri, vola à sa rencontre, mais le monstre était trop loin. Wargrowlmon s’éveilla, balaya devant lui les séries de projectiles, barrage discordant devant lui, et ressortit des nuages brûlants. Il hurla, la gueule grande ouverte, lâchant des filets acides, bouillonnants.

Tails s’arrêta net, effrayé. Il ne restait de l’armure que les deux épaulières. La queue fouettait l’air, longue et sinueuse. Sur tout le corps les écailles offraient une surface de corne, difforme, monstrueuse. Les yeux s’injectaient de sang. Les deux propulseurs avaient été détruits. Soudain, la créature déploya deux grandes ailes membraneuses, aux extrémités rongées, effilochées. Les membres semblaient suer de l’acide.
Le petit renard n’y reconnut pas son ami. Il eut peur de ce monstre, qu’il avait vu se battre, et se recula. Son cœur l’arrêta cependant, le tenaillant du désir d’avancer. Il sentit la douleur du lézard.
- Aniki ! gronda la créature. Ne m’abandonne pas !
La puissance du Crimson Mode, bien trop grande sans fusion, l’avait défiguré. Wargrowlmon souffrait, incomplet, déchiré à deux niveaux d’évolution. A chaque blessure sur son corps les écailles s’étaient chargées de chitine, plaques épaisses telles des balafres. Guilmon n’était plus qu’une machine de guerre, mais il restait toujours le même. Tails ne comprit pas tout, mais il sut que son ami avait besoin d’aide, que sans lui il ne gagnerait pas. « Je suis là. » Il ne pouvait pas approcher, tant la chaleur dégagée par le lézard était grande, et pourtant, à cette distance, il croyait pouvoir le toucher.
Eggmon hurla. Il n’avait plus attaqué, mais scrutait ses deux adversaires, décortiquait leurs gestes. Le bourdonnement de son cri devint bestial, et de bestial, innommable. La surface de son armure était rayée, fissurée en maints endroits.
- J’ai tout perdu par votre faute !
Il vociférait, pris d’une rage indescriptible. L’armure semblait sur le point de rompre.
- Vous me volez mes forces, et vous voulez ma mort, et du mal à mon maître !
- Imbécile ! lança Wargrowlmon. Un monstre digital n’a pas de maître !
Eggmon répliqua, mais le lézard secoua la tête, et désigna Tails. Ce seul geste suffit à calmer le serviteur d’Eggman. Le renard releva la tête, plaqua le boîtier noir contre son cœur, comme pour le protéger. Les deux rouages étaient fixés sur lui. Cependant Wargrowlmon parlait de la destinée, des équipiers, les sauveurs du monde digital, et prenant comme preuve le petit appareil, répétait qu’Eggmon en était un.
- Non ! Non ! La voix s’émaillait, mécanique et sauvage à la fois. J’obéis à mon maître, mon maître est en danger, je dois le protéger ! Vous voulez du mal à mon maître !
Aussitôt, le combat reprit. Un déluge d’attaques s’empara des deux combattants, si puissant que Tails ne pouvait plus approcher. Il pouvait les entendre parler cependant, au milieu des tirs, des projectiles, de la mêlée.
- Pour mon maître, je te tuerai !
- Tu n’as pas de maître ! Ecoute ton cœur !
- Non !
Les charges de missiles les séparent. « Laser Mayhem ! » Le rayon brisé poursuivit le reptile, se cassa, revint, découpa l’espace pour frapper enfin de plein fouet. Au coup Wargrowlmon hurla, mais reprit son vol, les ailes battant dans son dos, infernales. Son corps brillait toujours, doré comme un astre stellaire. Au loin, Tails hurla :
- Eggman n’est pas ton maître !
Le monstre ovoïde ne prit pas la peine de répondre, emporté par le rayonnement strident des lasers. Des gerbes de flammes comme du plasma le frôlaient à chaque instant. Il augmenta de vitesse, encore plus, toujours plus, soudain se divisa, prit trois directions et Wargrowlmon se retrouva encerclé. « Missile Strike ! » Trois voix en une, une prison de projectiles s’abattit sur le lézard. Il évita les nuées, fila entre elles, les esquiva. Sa queue battait l’espace, il prenait des virages brusques, pour perdre les ogives qui revenaient. En trois tirs, il les fit toutes exploser, mais les armures ovoïdes réattaquèrent à cet instant.

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« Dernière édition: Décembre 11, 2007, 09:13:27 pm par Feurnard »
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Re : [Fan Fic] [Tails] Face
« Répondre #14 le: Décembre 11, 2007, 09:15:17 pm »
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L’une se présenta, il allait l’annihiler, quand elle se brouilla, et à la place, il vit Tails. Wargrowlmon hésita, une fraction de seconde, assez pour qu’un tir le frappe à l’épaule, démonte son épaulière. Il souffla, se dégagea, trouva Eggmon sur sa gauche, tira, tira, sur sa droite, frappa, évita les tirs et déjà revenait au centre, en large cercle. Il vit Eggmon devant lui, et aussitôt, à la place, Tails. Un autre tir lui fouetta le dos, et un troisième remonta le ventre, jusqu’au coup, lui coupant le souffle. Des vagues de missiles s’abattirent.
- Crève ! Crève !
Eggmon se projetait d’un côté, de l’autre, sans arrêt, mouvement constant autour de sa proie qu’il bombardait à loisir. Ses clones tiraient aussi, et dans la masse leurs tirs se perdaient. Il jubilait. Seulement Wargrowlmon se dégageait, traversait les déflagrations, pour atteindre un clone et le laminer de ses giriffes. A ce geste Eggmon augmenta encore sa vitesse, et les clones se multiplièrent.
Un nouveau rayon toucha le lézard, qui n’eut que le temps de se protéger de ses bras, où les écailles fumèrent, pour se détacher. Les membres antérieurs parurent sur le point de se dissoudre. Le ricanement d’Eggmon n’avait plus de fin. Soudain, le monstre ovoïde fut brisé net dans son élan. Tails venait de le frapper en boule, l’attaquait encore, le cingla de coups féroces. Eggmon voulut se dégager, mais Tails parvint à le poursuivre, malgré la vitesse, fut sur lui, le fouetta violemment, et le rejeta en arrière.
- A toi, Wargrowlmon !
Eggmon, brisé dans son mouvement, voyait disparaître ses clones, et surgir des nuages ardents le lézard, qui tournait la tête vers lui. La gueule s’ouvrit, le buste se gonfla, sembla luire, briller, brûler, comme les flammes y grandissaient. La gueule se fit ardente, le plasma s’y accumulait, vaste sphère qui engloutissait les babines. Le coup se renfonça, les épaules tremblèrent, le corps fouetta sous le recul. La sphère en fusion creva l’espace comme le temps, se traîna avec lenteur jusqu’à Eggmon immobile. En un instant, elle fut sur lui. Son cri d’agonie se tut bien vite. Une lumière aveuglante, surchargée d’énergie, l’effaçait du monde. Le petit boîtier se mit à hurler.

Le serviteur d’Eggman en ressortit. A sa base ouverte pendaient des câbles comme de longues bandelettes, et l’ouverture nette, lisse, était couverte de plaquettes verticales fines, d’un métal d’or, dont les hauteurs variaient. Les deux rouages étaient maintenant sur le même axe, et formaient un œil fixe, figé. L’armure était toute entière fissurée, mais les deux épaulières étaient revenues, avec non plus des bandes métalliques mais de tissu. « Il a évolué », souffla Wargrowlmon. L’armure n’avait pas changé, seul son aspect de mandarin était revenu, mais une aura de puissance émanait du monstre même. « Il s’est éveillé. »
- Assez ! vociféra le monstre.
Tails regarda en vain l’appareil dans sa main. Il tourna la tête vers Wargrowlmon, et vit ce dernier redressé, comme renforcé dans sa puissance. Le lézard s’avança.
- Qui que tu sois, tu ne peux pas gagner. C’est ta puissance qui est en moi, celle de Tails, et de toute une armée ! Quand comprendras-tu ? Tu ne te bats que contre toi-même, et plus tu mets Tails en danger, et plus tu veux te détruire !
« Non ! » La voix s’était refroidie. Elle tranchait, fendait au cœur. « Mon maître est bon ! Vous, vous voulez du mal à mon maître ! » C’était faux. Tails voulait juste rentrer, et Guilmon, aider Tails. « Je lui serai fidèle, jusqu’au bout, même s’il veut me détruire. » Ils ne comprirent pas. Personne n’aurait pu comprendre cet esprit malade, plongé dans sa folie. Tails tenta en vain de la raisonner, Wargrowlmon de lui expliquer, il répétait qu’il devait protéger son maître, qu’il mourrait pour lui. Il ajouta juste, dans un dernier élan, que son maître ne l’aurait pas fui, puis, une dernière fois, dans un silence effrayant, le combat reprit.

Un rayon fusa sans bruit, frôla l’armure, la comprima, la fracassa. Chassant sur le côté, le monstre laissa filer un rayon cramoisi, par tronçons cassés, qui rata sa cible. Le lézard se mit à sa poursuite, tourna à sa suite, comme lui-même revenait, et ils se croisèrent. Les bras se replièrent sur le torse, se rouvrirent, les griffes frappèrent. L’armure ovoïde s’était redressée, évitant l’assaut, s’arrêta, se reculait. Un instant, ils s’immobilisèrent. Les lèvres du lézard remuaient. Les ailes battaient de haut en bas. Il prenait de la hauteur, son adversaire aussi, trois rayons filèrent pour s’évanouir.
Le petit boîtier geignait, suppliait. Au loin les deux combattants passaient l’un à côté de l’autre, s’éloignaient, tournaient en vaste mouvement circulaire pour revenir, se raccrocher encore. Les griffes s’ouvrirent, la queue s’enroula autour de l’armure, la compressa, en fit voler des morceaux. Les griffes s’abattirent sur une épaulière, qu’elles brisèrent sans la moindre difficulté. Il n’y eut pas d’explosion. Le monstre parvint à se dégager, s’éloigna, puis chargea un laser qui fondit sur le lézard, ricocha contre la chitine. Aucun missile ne fusa. Ils tournèrent encore, à égale distance, se rencontrèrent pour se dégager ensuite.
La gorge du lézard se souleva. Un flot de flammes en sortit, qui roula longuement dans sa gueule, puis les flammes se projetèrent en avant, suivies d’une seconde sphère, d’une troisième, d’autres encore. A faible distance, elles ralentissaient, puis sur le point de s’arrêtaient, partaient en vastes brassées de flammes. Quelques rayons tentèrent de riposter, trop larges se perdaient, ou rebondissaient vaguement sur les écailles. Ensuite, le rayon cramoisi surgit, piqua de haut, se cassa à droite, revint, se brisa encore, dans un tracé insaisissable, où tout se découpait parfaitement. Le coup porta, repoussa le lézard.
Seuls quelques missiles, une demi-douzaine, parurent du dos de l’armure ovoïde. Leurs traînées durèrent, et les ogives sans un son formèrent des arcs à la suite de leur cible. De l’autre côté, le monstre attendait, prêt à frapper. Il attaqua, les deux ennemis se rencontrèrent, se firent face à face. Au contact, un rayon partit, coupant court à la sphère de plasma qui s’éteignit dans la gueule. Une patte se posa sur la seconde épaulière de l’œuf métallique, se referma dessus, la faisant se dissoudre. Il y eut alors un mot, un second, qui percèrent le silence : « Ater Lacrima ». Les yeux du lézard s’ouvrirent.
Les larmes perlaient déjà. Elles s’effondrèrent sur leur cible, le traversèrent de part en part. Chacune arrachait un peu de force, le paralysant toujours plus. Le lézard se sentit mourir, soudain frigorifié. Il voulut se dégager, mais sentit ses forces lui manquer. Il écoutait son cœur, qui lui disait de se battre, alors seulement il écouta sa raison. Elle lui dit qu’il se battait déjà, et que plus il se débattait, plus les larmes noires le taillaient en pièces. Il se battait contre lui-même. Wargrowlmon hésita encore, sentit le déchirement, sentit Tails qui souffrait avec lui, accepta de s’immobiliser.
Le piège se brisa. Le reptile se sentait toujours transi de froid, mais en vie, et une flamme brûlait toujours dans sa poitrine. Il frappa son adversaire de ses griffes, trois, quatre, sept, huit fois, dix, douze peut-être, comme un enragé mis face à la mort. Un rouage, sous les coups, se détacha. Les flancs de l’armure blanche se brisèrent. Ils en sortirent deux longs bras maigres, des pattes de spectres, noires, aux griffes acérées. Des bras que Tails reconnut.
- C’est toi !
Dans la cage, le monstre qui lui avait demandé de l’aide, le renard s’en souvenait. Il avait eu peur, il avait fui. Maintenant le renard reconstruisait l’histoire, le monstre digital capturé par Eggman, qui le fuyait, enfermé dans une armure mécanique pour l’obliger à obéir. Il déduisit que ce traitement avait rendu le monstre fou. Le monstre s’était tourné vers lui, ses deux bras pendants.
- Oui !
Un cri plein de rage, plein de rancœur, de rancune, de regrets, impossible de dire. Un cri de désespoir, mais cruel. Persuadé qu’il avait affaire à un fou, Tails ne sut pas s’il devait éprouver de la peur, ou de la pitié. Le monstre répondit pour lui. Ses bras ses soulevèrent, hors de l’armure maintenant inerte, et des paumes sortirent les rayons mutilés. Ils déchirèrent l’espace, frappèrent Wargrowlmon au cœur. Aucune réaction ne fut d’abord visible, mais les yeux du lézard s’étaient, sur le coup, révulsés.
Les larmes noires surgirent autour de lui, formèrent une brume de ténèbres, où l’armure seule se distinguait, et le mouvement désarticulé des bras. Un nouveau rayon surgit, que Wargrowlmon ne fit rien pour éviter, comme tétanisé. Sur le coup, une aile se fit transpercer, puis déchiquetée, tomba piteusement. Les noms d’attaque tombaient les uns après les autres, comme des sentences de mort. Un rayon cramoisi, à son dernier angle droit, frappa au flanc, ouvrant profondément la plaie, et les données se détachèrent, faillirent s’éparpiller. A chaque coup le lézard se contorsionnait, agité par la douleur, mais incapable de réagir.
- Arrête !
La voix cruel du monstre continuait de scander les mises à mort, cruelle, méthodique. Les larmes noires une à une se détachaient, venaient renforcer le prochain rayon. Il frôla le coup, se brisa plus loin, revint, contourna les bras, se brisa encore pour revenir et frapper à l’épaule. Un autre touchait le haut de la queue, là où les écailles étaient les plus épaisses, pour les distordre. Et le monstre d’ajouter, entre deux attaques : « Je veux te faire souffrir, souffrir, souffrir ! » Un dernier rayon frappa au front, renversant le lézard dont la gueule s’ouvrit sur le silence.
- Assez !

Tails serrait le petit boîtier dans ses mains, crispé par la fureur, la terreur, par les épreuves. Il se moquait de savoir qui était Eggmon. Le renard voulait sauver son ami. Il hurla, à s’époumoner, pour briser le silence, pour trouver une dernière force à opposer. Sur l’appareil, le petit écran s’était fissuré, soudain se fractura. Un éclat de verre se planta dans le gant du renard, gant blanc, qui recouvrait son pelage. Le monstre soudain paniqua, prit une voix apeurée, « non ! Non ! » Les larmes noires devinrent blanches, se dispersèrent, comme soufflées par la présence du lézard. Ce dernier s’était redressé, et les yeux à nouveau dressés, insensibles, sur son ennemi.
- Je croyais que tu avais un cœur, lança-t-il sentencieux. Je croyais pouvoir te pardonner.
- Qui es-tu pour me juger ? le monstre avait une voix plaintive. Tu ne sais rien !
- J’en sais plus que toi, je connais l’amitié ! Tu n’es qu’un être maléfique qui doit disparaître. Tu n’auras jamais su que faire du mal autour de toi.
- Non ! Il bégayait sous l’effet de la peur. Je sais, moi ! Je sais les autres ! Je sais la vérité !
- Tu ne connais rien à l’amitié !
- Je connais la justice !
- Assez ! Wargrowlmon perdait patience. Un monde entier te condamne, et celui-là même que tu aurais dû protéger ! En leur nom, je vais mettre fin à ton existence ! Quo Vadis !
Une lance massive, à double lame, à la poignée cerclée d’or, apparut dans ses mains. Quelques attaques pathétiques du monstre ne parvinrent pas à en menacer la garde. Acculé, vidé de ses forces, il se retrouvait à la merci du lézard. Ce dernier pointa la lance dans sa direction, et par flux successifs, des brandons d’énergie s’accumulèrent tout autour, jusqu’à la faire étinceler comme un cristal. Le monstre répétait « non ! Non », en vain. Il voulut les avertir, mais dans sa panique, ne trouvait plus ses mots.
L’attaque eut lieu. L’espace tout entier s’effondra. Les minuscules étoiles à l’horizon s’évanouirent. La lumière fut si intense qu’elle rouvrit la faille, découvrit en bas les plaines dévastées par la guerre perpétuelle. A l’impact le rayon traversa l’armure, finit de la désintégrer. Elle s’effrita par plaques, et le dernier rouage, se détachant, éclata pour se dissoudre. Les câbles pendants furent soufflés. Il ne resta plus qu’une silhouette, en position fœtale, dont les bras déjà rongés se désintégraient, comme effilochés. C’était un renard, ses yeux grands ouverts sur la mort. Les derniers contours disparurent, il ne resta plus rien.
Le tir continua, impassible, jusqu’à l’Eggbarrier. Le vaste mur multicolore reçut l’impact d’abord sans broncher, puis s’y forma une vague immense, une onde de choc qui le parcourut de part en part. Ce fut tout, pour un temps, puis de vastes pans s’éteignirent, se réactivèrent, et son équilibre perdu, tentant en vain de retrouver sa balance, le mur s’effondrait sur lui-même. Les gigantesques générateurs qui l’activaient s’embrasèrent, déflagrèrent, et rongés par les flammes, finirent de se désintégrer. Il ne resta plus rien de l’Eggbarrier.

Tails regarda son ami. Guilmon lui faisait face, et sur son visage se lisait une joie sans nom. Le combat était fini, les douleurs passées, ils avaient gagné.
- Aniki !
Dans les mains du renard, le petit boîtier s’était éteint, définitivement. L’écran avait éclaté. Sans plus y prendre garde, il le laissa tomber, chuter au-delà de ses pieds, en direction des plaines, pour s’y fracasser. Les yeux du jeune renard étaient tournés du côté de la planète à nouveau visible, Mobius, qui l’attendait. Elle n’était qu’à quelques pas, il en sentait déjà l’air. Guilmon le sentit, calma sa joie, et se rapprocha de son ami.
- Dis, Tails, tu as des amis là-bas ?
Il en avait beaucoup, mais un en tête, qu’il était pressé de revoir, « tu l’adoreras » - « j’ai hâte ! » Cela amusa Tails, de pouvoir parler à Guilmon, alors que quelques minutes auparavant, il était Wargrowlmon. Aucun des deux ne comprenait vraiment le Crimson Mode, mais Guilmon assura que c’était le cœur de son ami qui lui avait assuré la victoire. Il garda pour lui le reste de sa pensée.
Tous deux s’avançaient en direction de Mobius. Ils n’avaient plus d’efforts à faire. Le lieu paraissait désormais sans défenses. Eggman n’avait pas réagi à la disparition de son serviteur, aucun badnik ne restait. Ils n’auraient de toute manière eu aucune chance. Cependant Guilmon s’inquiétait encore de ce que leur adversaire leur avait dit, parce qu’il essayait malgré tout d’y trouver une logique. Il se sentait coupable de l’avoir achevé. Ce fut tout. Sauf pour Tails, qui lui, repensait à une fille des étoiles, venue lui emplir le cœur d’amour, et dont lui aussi se sentait coupable.
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La force est une faiblesse, la faiblesse est une force.
 
 
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