Merci pour ton commentaire Mady ! Je suis si heureuse de pouvoir compter sur ton soutien ! x3
J'ai trop pleurer par contre quand Ethel, c'est-à-dire vous, à câliner Endir.
... a caliné
Kerin, tu veux dire, non ? :'D
Moi, câliner cet enfoiré d'Endir ?! Jamais !! Quoiqu'il en soit, encore merci pour ton commentaire qui me motive à fond ! Bonne lecture ! ^^
Huitième Chapitre : Quand la lune se lève
Une pile de dossiers vertigineuse se dressait devant lui. Assis sur son siège, les coudes posés sur son bureau, il considéra les feuilles de papier avec un certain mépris. Il y en avait tellement qu'à force de les observer, il finirait par avoir le vertige, tôt ou tard. Il serra les dents, fusilla du regard les dossiers qui ne rétorquèrent pas à la menace, puis se leva brusquement. La tête basse, il sa massa la nuque puis se redressa en s'étirant, avant de bâiller longuement. Il essuya d'un revers de main la larme qui avait perlé à son oeil, puis se retourna. La grande fenêtre derrière son bureau donnait une très belle vue sur Central. Les immeubles se succédaient jusqu'à l'horizon, baignés de la lueur du crépuscule.
Il était bientôt neuf heures du soir, et le Président Roy Mustang avait encore beaucoup de dossiers à traiter, à son plus grand désarroi.
Il poussa un soupir à fendre l'âme, puis alla se rasseoir derrière son bureau. Visiblement, il n'y avait pas d'échappatoire... Mais comme il n'était pas Président depuis si longtemps, il lui fallait faire preuve de bonne volonté.
Il s'empara du dossier qui constituait le sommet de la pile, empoigna un stylo, se mit au travail. Il commença à lire les mots, les phrases, les lignes, les paragraphes... et continua sa lecture en diagonale sans vraiment se rendre compte que son esprit était ailleurs.
Il était quelques années dans le passé, dans les catacombes de Central. Sombres, inquiétantes. Malsaines, glacées. Il les avaient vécues, y avait combattu, pour la première et la dernière fois... il y avait environ deux années. Aux côtés de ses compagnons, il avait fait danser ses flammes sur ses ennemis, pour qu'elles les emportent dans leur tourment infernal. Et après une bataille ardue contre celui qui se faisait nommer père des Homonculus, le silence était à jamais retombé sur cette salle funeste. Et Alphonse avait retrouvé son corps, dans un ultime effort. Contrairement à son frère aîné.
Cette fois, il interrompit sa lecture. Son regard se dirigea vers la vitre, du côté du vent, du côté des arbres, de la lune qui se levait dans le ciel sombre. Seul son oeil droit voyait encore ; le gauche avait péri lors du dernier affrontement, et il l'avait donc dissimulé d'un bandeau noir. Peut-être par ironie, peut-être pour garder en lui le poids de sa naïveté de l'époque. Lorsqu'il croyait en King Bradley... ou de moins, le pensait humain.
Parce qu'en réalité, il l'avait toujours détesté. Cet homme, dont il visait la place, et qu'il avait obtenue en ce jour.
Mustang ferma son unique oeil. Ressasser tous ces souvenirs, juste encore un peu... le temps d'emporter enfin une victoire totale... Car, malheureusement, leur combat n'était pas terminé.
Le Fullmetal Alchemist venait de quitter Central, pour une ville du sud. Il n'avait fourni quasiment aucune explication, mais Mustang savait bien ce qu'il en était véritablement. Il cachait quelque chose ; et dans cette ville voisine d'Aerugo se tramaient des événements funestes. Le Président en était persuadé. Il avait appris à connaître le Fullmetal Alchemist depuis le temps ; c'était même lui qui était allé le chercher à Resembool, au lendemain de sa transmutation humaine ratée, pour tenter de ramener sa mère à la vie. A l'époque, il semblait réduit à un enfant à qui il manquait un bras et une jambe, le regard perdu dans le vide... Et Roy savait, il était le seul à avoir jamais su, qu'en réalité, la plus ardente des flammes brûlait dans ces yeux dorés. Que ce fut à l'époque ou au moment présent, ces yeux avaient toujours abrité ces mêmes flammes, qui savaient consumer en lui toute volonté d'abandon. Edward Elric n'avait jamais su abandonner, et son jeune frère non plus.
Le regard à présent tourné vers l'horizon, Roy Mustang sourit. Il lui restait bien des dossiers à traiter, mais il ne s'en préoccupait plus.
Il y avait si longtemps qu'il n'avait pas regardé la lune se lever.
****
Alphonse fut enfin de retour, des provisions en main. Un sac de riz et quelques fruits. C'était basique, mais essentiel à leur survie, après tout.
Il posa les aliments non loin de l'entrée, puis n'apercevant personne, il se rendit dans la chambre. Il découvrit alors Winry, à genoux devant Edward, et qui avait l'air inquiète en le regardant. En l'entendant arriver, la jeune fille sursauta et fut soulagée de voir le visage de son ami.
« ... Winry ? questionna ce dernier. Pourquoi restes-tu au chevet d'Ed... »
Alphonse s'interrompit et fronça les sourcils en observant son frère. Apparemment, Winry lui avait fait retrouver une position convenable pour dormir, il était allongé sur le dos mais semblait profondément assoupi. Il semblait même affronter quelque cauchemar ; ses sourcils se fronçaient de temps à autre, et il crispait son visage comme s'il luttait contre la douleur.
« Il n'a pas de fièvre en plus... déclara Winry en déposant sa main sur le front d'Edward. J'ai aussi essayé de le réveiller, mais il n'a pas l'air décidé à ouvrir les yeux...
- S'il respire normalement, on ne devrait pas s'en faire, déclara Alphonse avec un ton qu'il voulut rassurant. Allons manger, peut-être que ça le motivera pour se lever... »
Winry eut un petit rire, et le visage d'Edward se détendit. Il sembla alors retrouver un sommeil paisible ; du moins c'est ce que son amie et son frère espéraient de tout leur coeur.
****
« Vous auriez dû me réveiller... maugréa Edward. J'ai trop dormi... »
Edward, Alphonse et Winry étaient réunis dans le salon de la petite maison, et terminaient leur repas. Alphonse avait transmuté des bricoles en outils de cuisine, et était parvenu à allumer un feu pour pouvoir cuire du riz. Le fait que son jeune frère ait réussi à allumer un feu sans mal avait permis à Edward de faire remarquer, une fois de plus, que le flame alchemist était bien le genre de personne dont on pouvait aisément se passer au quotidien.
« Alors, tu as fait des cauchemars, Ed ? questionna Winry après le repas. Tu avais l'air de passer un mauvais moment dans tes rêves, tout à l'heure... »
Edward réfléchit un instant. Un cauchemar ? Si c'était vrai, il l'avait oublié. Il démentit alors son amie. Mais après coup, et tandis que la conversation repartait sur un autre sujet - celui de Rendy qu'Alphonse avait rencontré plus tôt dans une épicerie - Edward se souvint de quelque chose. Ecarlate. Ce fut le premier mot qui lui vint à l'esprit. Une lueur rouge... des yeux pareils au sang... Oui, il s'en souvenait à présent. Une cascade de cheveux noirs et une rivière écarlate... la pierre philosophale ? Il avait aussi vu des lèvres s'ouvrir. Il avait entendu une voix, lointaine et blessée, et qui appelait à l'aide. Les souvenirs qu'il en gardait étaient si vagues qu'ils auraient pu ne pas avoir existé. Alors pour l'instant, Edward décida de ne pas se préoccuper de ces songes.
Ce ne fut pas la meilleure décision qu'il prit de sa vie.
****
Ethel rejoignit les deux frères et leur amie en début d'après-midi, comme elle l'avait promis. Mais à son arrivée, les trois adolescents affichèrent surprise. Comme le soir où elle avait erré dans les rues de Central, le visage de la captive d'Endir était pâle, dénué de tout sentiment, de tout désir de vivre.
« Pardon si je vous ai fait attendre... » dit-elle alors, avec une voix si faible qu'elle s'apparentait à un murmure.
Winry fut la première à se lever, pour aller à sa rencontre et l'aider à s'asseoir, inquiète. Edward et Alphonse se rapprochèrent également, en même temps soucieux et intrigués.
« Ca va aller... assura alors Ethel en respirant profondément. Kerin est resté au laboratoire, pour cerner l'attention d'Endir. Quant à moi, j'ai eu le droit de sortir pour l'après-midi tant que je ne quittais pas la ville.
- Quand même... ton maître ne se doute de rien ? questionna Edward. Il pourrait facilement s'imaginer que toi et Kerin prépariez un plan pour venir à bout de lui, non ?
- Si, en fait il s'en doute bien... répondit Ethel, à la surprise de ses interlocuteurs. Mais il est persuadé qu'on ne pourra jamais rien contre lui. Pendant toutes ces années, Kerin et moi étions sûrs qu'il avait raison... les gens qui connaissaient un peu trop Kerin le fuyaient parce qu'il était à moitié démon. Ici à Yvanesca, personne, mis à part vous trois et Rendy, n'est au courant pour ses pouvoirs.
- Hum... il va falloir agir discrètement si on ne veut pas semer la panique dans toute la ville, répliqua Alphonse.
- C'est vrai. Tout ne devra se jouer que dans le laboratoire, et la première difficulté est de parvenir à y pénétrer, déclara Ethel. Il est bien gardé ; il faut de nombreux codes pour pouvoir passer toutes les portes d'accès. Et il y a des caméras de surveillance un peu partout ; Endir saura immédiatement si des intrus pénètrent sur son territoire.
- Sauf s'il est trop occupé pour se préoccuper de ces caméras... non ? dit Edward. A part toi et Kerin et lui, il n'y a personne pour se soucier de qui entre et sort, non ?
- Techniquement, c'est vrai, répondit Ethel. Mais il faut du temps pour arriver jusqu'aux salles qui ne sont pas surveillées, et Endir vérifie bien toute les demi-heures si personne n'a été repéré. Ou alors, pour attirer durablement son attention, il faudrait quelque chose comme... »
Ethel s'interrompit, et réfléchit un instant. La crainte commença à se lire sur son visage, et elle se mordit la lèvre.
« Comme l'exploitation des pouvoirs de Kerin... termina-t-elle. Oui, si Kerin tente d'ouvrir la porte devant lui, il sera trop heureux pour s'inquiéter de quelque intrus chez lui... Mais ça signifierait fatalement mettre Kerin en grand danger, j'espère qu'on peut trouver une autre solution... »
Il y eut un silence. Le visage d'Ethel était toujours aussi pâle ; Alphonse se pencha vers elle pour la regarder dans les yeux et la questionna :
« Ethel, tu es sûre que tout va bien ?
- Je... oui. En fait, tout à l'heure, Endir a utilisé une pierre rouge sur Kerin... Je ne vous en avais pas encore parlé, mais Endir possède des pierres philosophales incomplètes. »
Les trois amis affichèrent surprise, en particulier Edward qui s'exclama :
« Et combien il en possède, au juste ?! Ne me dis pas que...
- Sept », l'interrompit Ethel avec gravité, conformément à ses craintes.
Oui, c'était conforme à ses craintes. Edward se rassit et enfouit son visage dans sa main gauche. Sept, pour sept péchés capitaux... ce cinglé n'avait quand même pas réussi à recréer les Homonculus ?! Ou peut-être que c'était seulement son projet, et qu'il n'y était pas encore parvenu...
« Et il les a utilisées sur Kerin, tu dis ? reprit Alphonse, pas moins intrigué et anxieux que son frère aîné.
- Oui, c'est la troisième qu'il lui administre. Chacune de ces pierres confère à Kerin plus de pouvoirs, mais réduit considérablement sa durée de vie... Pourtant, Endir m'a confié, juste avant de me laisser seule avec Kerin, que les sept pierres philosophales incomplètes ne seraient pas toutes pour lui... Il lui en reste quatre, et je me demande encore ce qu'il compte faire avec...
- Recréer les Homonculus, déclara Edward en passant sa main sur son visage. Mais comment est-ce possible... Et pourquoi lier Kerin à tout ça ?
- Il reste beaucoup de zones d'ombre, affirma Ethel. Même moi, je ne suis presque au courant de rien. Par contre, Kerin... peut-être qu'il en sait plus. Ecoutez. »
Edward, Alphonse et Winry reportèrent toute leur attention sur la captive d'Endir, qui se pencha vers eux et leur dit, son regard profondément ancré dans le leur :
« Demain, je vous fais entrer dans ce laboratoire. Et tous ensemble, nous arrêterons Endir avant qu'il ne soit trop tard. »
Les trois amis acquiescèrent. Même Winry qui n'avait pas tout saisi de la conversation, puisque l'alchimie n'était pas vraiment son domaine et que, pour être franche, elle trouvait cet art un peu obscur. Mais elle savait pourtant qu'elle aurait son rôle à jouer dans ce combat, en assistant Edward du mieux possible en lui fournissant le meilleur d'elle-même, comme elle l'avait promis il y a fort longtemps : le doter de l'auto-mail le plus performant qu'il puisse trouver. Elle avait ramené ses outils et des pièces de rechange ; ainsi que toute sa volonté pour aider ses deux amis.
Ses deux frères.
****
Lorsque tomba le soir, Ethel se retira enfin pour rentrer au laboratoire, laissant seuls dans la vieille bâtisse Edward, Alphonse et Winry. Ils avaient passé l'après midi à discuter d'un plan ; permettant de mettre Kerin hors de danger, de s'infiltrer dans le laboratoire sans être vus tout en empêchant Rendy de s'en mêler. Il n'existait pas de solution parfaite ; ils n'avaient que des suppositions qu'il leur faudrait confirmer. Ethel allait tout rapporter à Kerin dans la nuit, et ils informeraient les trois visiteurs du plan définitif le lendemain. Enfin, ils passeraient à l'action le soir.
Mais même s'il leur restait du temps pour se préparer, Edward se sentait anxieux, ce soir-là. Non que ses deux proches ne l'étaient pas ; mais eux au moins avaient réussi à trouver le sommeil ; tandis que lui, tourmenté, restait allongé sur le sol, à admirer le plafond ocre que la lumière de la lune éclairait légèrement. Winry et Alphonse respiraient lentement et paisiblement, endormis dans les draps des sages. Edward se redressa, et ses cheveux détachés lui glissèrent de part et d'autre de la nuque. Il leva la tête pour regarder l'extérieur ; une douce chaleur régnait encore dans la pièce malgré la nuit. La lune se cachait de temps à autre derrière les rares nuages, qui défilaient lentement dans les cieux obscurs.
Soudain, un bruit sourd étouffa le silence. Edward fronça les sourcils et se leva. Il alla à la fenêtre. Les silhouettes obscures des maisons voisines à la leur étaient soudain devenues inquiétantes ; et il ne pouvait absolument rien en distinguer, malgré la lueur de la lune. C'est alors que le jeune alchimiste distingua des formes entre les taudis ; pourtant déserts en permanence, d'habitude. Des formes rapides, qui couraient sans bruit, mais avec quelques grondements qui n'étaient pas sans l'inquiéter.
Edward s'habilla à la va-vite, revêtit son manteau rouge dans un coup de vent et sortit de la maison en courant. Dans la rue déserte, il fit quelques pas en direction du laboratoire, puis se figea. Il se mit à scruter l'extrémité de cette large rue où il se trouvait.
Il jura alors que quelque chose s'y mouvait, droit devant lui.
Et avançait dans sa direction.
Des yeux rouges se détachèrent des ténèbres, sur des corps recouverts d'une fourrure noire. Ils avaient plus ou moins une carrure de loup, avec des pattes fines et plus d'un mètre au garrot. Une aura plus que maléfique les précédait, comme s'ils étaient les messagers d'une nuit éternelle. Le noir commença à recouvrir le sol, les habitations, les débris, tout ce qui se dressait sur leur route. Edward était complètement paralysé. Ces bestioles seraient tôt ou tard à sa portée, elles avançaient vers lui lentement, leurs crocs blancs luisaient au sein de ces ténèbres, et leurs yeux écarlates lui annonçaient déjà une mort certaine. Vite. Alphonse et Winry étaient en danger. Il devait faire quelque chose. Bouger, partir d'ici, aller les chercher, les réveiller, fuir...
Ou combattre.
Edward ne sut pas quelle folie s'empara de lui alors, mais il était déjà sûr d'une chose : il allait regretter son geste.
Dans un élan de courage ou de témérité accrue, il se libéra de sa paralysie, et se mit à courir vers les créatures en frappant ses mains l'une contre l'autre.