Huit commentaires, et ben... J'ai pas le temps de faire une réponse pour chacun d'entre vous, mais sachez que je vous remercie ! J'espère que la suite continuera de vous tenir en haleine, en attendant je fais de mon mieux pour construire un scénar' en béton =)
Voilà la suite corrigée par Sora (elle en a chié *SBAF) ! Je passerai plus rapidement la prochaine fois x)
Saïko regarda le chalet avec une pointe de mélancolie. Il n’avait pas fermé la porte. Il n’avait même pas les clés, de toute façon.
- Je me demande ce qu’ils sont partis faire, ces deux là… J’espère qu’il ne leur est rien arrivé.
- Si les recherches ne s’étendent pas sur tout le continent, ils s’en sortiront, répondit Myosotis, juste derrière lui.
- Ils auraient pu nous prévenir avant de partir…
- Je pense qu’ils veulent endosser les derniers événements à leur manière. Ils se considèrent comme faisant parti d’un tout. Et ils ne nous voient pas à l’intérieur de ce tout. Ce qui est arrivé pendant le dernier combat, la mort de ces deux gosses, ce n’est pas censé être notre affaire.
- Mais l’ouverture de la Porte, si.Saïko ferma les yeux en soupirant, puis se détourna avant de s’éloigner. Myosotis marcha à ses côtés, le bas de son kimono frôlant ses bottines avec légèreté. Ils en avaient déjà parlé ces derniers jours. Elle ressentait comme une attirance, un point vital au creux de la terre, dans les tréfonds du sol. Ils avaient décidé de suivre ce point vivant qui bouillonnait de plus en plus au fil des jours. Myosotis était certaine qu’en laissant sa perception suivre l’origine de cette trace, ils parviendraient à retrouver le fil de cette organisation. Et Saïko avait décidé de l’accompagner. Son FireFox n’avait rien dit devant elle, mais au fond, le renard savait très bien ce qu’il en pensait. Saïko n’avait pas besoin de Myosotis pour retrouver ces contre-natures. Le pouvoir de son esprit protecteur lui suffisait amplement. Mais il voulait savoir qui était cette femme, quelle était l’étendue de son pouvoir, et surtout, l’origine de ce qu’elle ressentait. Plus que l’organisation qui se cachait soi-disant derrière tout ça, il sentait au fond de lui que quelque chose grouillait dans la nature, dans les saisons. Quelque chose qui se cachait, qui attendait le bon moment, qui patientait avant de passer à l’action.
Une tempête d’une ampleur sans équivalent.
Un brouhaha intensif au beau milieu du réfectoire. Tous les gamins s’étaient agglutinés en cercle et criaient, les poings levés. La cuisinière laissa là ses fourneaux pour faire le tour du comptoir avant de s’approcher des enfants, les sourcils froncés. Grande, costaud et le visage peu commode, elle imposait le respect aux gamins - qui n’osaient pas contester les plats qu’elle leur préparait. D’autant plus qu’il s’agissait d’une petite école, et qu’elle était seule à s’occuper de la distribution des repas quand sa collègue n’était pas là – ce qui arrivait les trois quarts du temps.
En tout cas, cette fois-ci, elle eut du mal à jouer de son influence pour calmer les gamins. En fait, sa tentative de crier haut et fort « tout le monde à sa place ! » tomba tout simplement à l’eau puisque personne ne l’entendit. Elle se résolut à jouer des coudes pour pénétrer le cercle d’élèves. Alors qu’elle pestait contre ces gosses irrespectueux et mal élevés, un profond silence s’abattit sur le réfectoire. La cuisinière, interrompue dans ses insultes à bas mots, se tut pour lever ses yeux en direction du centre du cercle. Là, un gamin se tenait immobile, dos à elle, les épaules voûtées. Craignant un accident, elle mit un peu plus d’énergie à pénétrer dans le cercle jusqu’à atteindre le centre. Là elle resta pétrifiée d’horreur. En trente-trois ans d’expérience dans le domaine, elle en avait vu, des conneries de gosses. Des bagarres immatures qui tournaient mal, aussi, quelques fois. Mais jamais à ce point là.
Dans le centre du cercle, un enfant gisait allongé dans son propre sang, l’œil gauche perforé. Le coude de son bras droit formait un angle bizarre avec le reste. Et cette gigantesque tâche de sang au beau milieu de son maillot bleu. Un maillot déchiré par le nombre de coups de couteau qu’on lui avait asséné. A travers le tissu, la chair déchirée, visqueuse, suintante de sang gisait là, alors que le gamin respirait encore par saccades en agonisant atrocement.
Incapable du moindre geste, les yeux fixés sur cette horreur, la cuisinière ne vit pas l’autre garçon se retourner lentement vers elle. Dans sa main gauche, il tenait un couteau ensanglanté. Il fixa la cuisinière calmement, en restant immobile.
Quand elle s’en aperçut, elle eut un mouvement de recul. C’était juste avant de se rendre compte que tous les gosses du réfectoire la regardaient maintenant avec une lueur sadique dans les yeux. L’enfant au centre du cercle sourit alors de manière perceptible avant de murmurer quelques mots.
- Va… men… Ca…co… cer… Ca va… Commen… cer… Maintenant.
Il hurla alors comme un forcené, et son cri fut repris en chœur par tous les autres élèves.
Ils se jetèrent tous sur la cuisinière en levant leurs couteaux.
Il était midi passé. Le soleil baignait le toit du complexe scientifique de ses rayons réchauffant, illuminant avec une grâce certaine les contours du visage de la jeune femme. Quand la porte derrière elle s’ouvrit en grinçant sur ses gonds, elle ne se retourna pas, gardant les yeux fermés, retranchée dans ses pensées.
- A quoi penses-tu, Lena ? Demanda Nicolas d’une voix calme en s’avançant aux côtés de sa subordonnée.
La jeune femme releva lentement les paupières en gardant les yeux baissés. A ses pieds gisait la capitale du continent, vivante, grouillante de vie en cette journée ensoleillée. Son gilet mauve boutonné sur le devant l’empêchait d’avoir trop chaud.
- Il fait bon, pour cette saison, remarqua-t-elle d’une petite voix.
- En effet…, répondit son patron en contemplant la ville d’un regard morne. Mais ce n’est certainement pas ça qui te torture l’esprit, n’est-ce pas ?
Lena caressa évasivement son bras gauche, mal à l’aise, en détournant la tête.
- Je suis désolée d’avoir agi contre vos ordres…
- Nous en avons déjà parlé, Lena. Le mal est fait. Et je comprends en partie les motivations qui t’ont poussées à aller jusque là.
La jeune femme ingurgita difficilement sa salive en plissant légèrement les yeux.
- Vous êtes certain qu’elle n’est pas morte… ?
- Connaissant Kane, je ne pense pas, non. J’ai une vague idée concernant sa position actuelle, mais je ne peux faire que des suppositions. Ils ne nous sont plus importants, dorénavant.
- Oui… Et concernant le dernier sacrificiel ?
- Nous l’avons trouvé. Les éléments sont déjà en route pour se réunir au moment fatidique.
Lena soupira doucement en fermant les yeux, sa main droite tenant toujours son bras gauche.
Si dans le village, le soleil aidait à conserver la chaleur lorsqu’on se trouvait sous ses rayons, ce n’était pas le cas dans les montagnes. Les hautes cimes enneigées cachaient l’astre du jour, et les éléments semblaient se déchaîner contre les deux hybrides qui traversaient les chemins de neige avec une volonté inébranlable. Sephyra serrait d’une main le manteau en cuir rouge qui était devenu le sien, et de l’autre s’aidait d’un bâton pour avancer. Zalosta, à l’aise dans son élément naturel, gardait le silence tout en avançant tranquillement, la mine cependant renfrognée.
- On est encore loin ? Demanda Sephyra en élevant la voix pour que son amie, à quelques pas devant elle, puisse l’entendre à travers le vent givré.
Pour seule réponse, la hérissonne s’arrêta de marcher et pointa du doigt une grotte, un peu plus en amont, que cachait par intermittence le vent avec ses flocons de neige. A la vue de leur objectif, Sephyra pressa encore le pas en enfonçant son bâton avec détermination dans la neige.
Quelques minutes plus tard, elles arrivèrent devant la grotte. Quand elles en furent assez proches, elles purent apercevoir une silhouette, debout devant l’ouverture, bravant la tempête avec une immobilité déconcertante. Zalosta siffla avec mépris entre ses dents, alors que Sephyra s’avançait déjà en direction de l’hybride inconnu.
- Bonjour, Cae-La, déclama alors calmement la jeune hybride quand Sephyra fut assez proche. Tu t’es bien remise de ta blessure. J’en suis heureuse.
La roussette demeura quelques secondes interdite. Quelques secondes durant lesquelles elle détailla la louve qui se présentait à ses yeux. Elle paraissait plus jeune qu’elle, entre l’enfance et l’adolescence. Son physique ramenait à l’image d’une simple gamine, mais le ton de sa voix et sa manière de parler laissaient entrevoir une maturité bien au-dessus de son apparence physique. L’hybride portait une tunique blanche, simple, dont quelques bandes jaunes rehaussaient les formes et les lignes. Du reste, elle était chaussée de sandales blanches, gardait les paupières closes, et tenait dans sa main droite un étrange bâton serti d’une pierre luisante de beauté et d’éclats en son embout. Sur son front était dessiné, à même la peau, mais sans aucune marque de cicatrice, une sorte de flamme bleue.
La louve pencha la tête sur le côté en riant légèrement.
- Ne sois pas étonnée, c’est moi qui t’aie sauvée, voyons, reprit-elle devant le mutisme de la roussette, de sa voix toujours calme et posée, claire comme celle d’une enfant mais profonde comme celle d’une vieille femme. Il est normal que je sache qui tu es. Tout comme il est normal que tu sois venue chercher tes réponses, Cae-La.
A ce moment, Zalosta se pointa derrière Sephyra, le regard détourné, les sourcils froncés.
- Bonjour, Zalosta.
- Salut, répondit simplement la hérissonne en croisant les bras, le regard ailleurs.
- J’ai quelques questions à vous poser, reprit alors Sephyra sans se rendre compte du mutisme évident de son acolyte derrière elle. Si vous voulez bien m’accorder un peu de temps, bien entendu.
- Je t’en prie, lui répondit la louve en la gratifiant d’un petit sourire. Entrez à l’intérieur, le feu vous réchauffera.
Alors que la louve se plaçait sur le côté pour laisser monter ses deux invitées jusqu’à la grotte, Sephyra s’arrêta à ses côtés.
- Comment vous appelez-vous… ?
- Flake, répondit la louve en levant pour la première fois ses paupières, découvrant des yeux entièrement bleus, pâles, vides de pupilles.
Aveugle.
Le Président fit signe à ses hommes de sortir du bureau d’un simple mouvement de doigts. Ceux-ci inclinèrent la tête avec respect avant de refermer la porte derrière eux. Soupirant de lassitude, le Président Mitchell ouvrit un placard de son bureau dans lequel se trouvait une bouteille de porto. Prenant le verre qui s’y trouvait également, il posa le tout sur la surface de bois polie et se versa un verre. Puis il se leva, verre en main, pour regarder à travers les grandes vitres qui couvraient l’intégralité du mur derrière son bureau. Portant la boisson à ses lèvres, il en but une gorgée en plongeant son regard à travers les arbres du jardin de la maison Présidentielle. Le soleil se couchait sur le côté, plongeant lentement les environs dans l’obscurité. Les néons n’allaient pas tarder à s’allumer. Il ne sursauta même pas quand un bruit de pas se fit entendre derrière lui. Levant son verre sur le côté sans même se retourner, il demanda :
- Vous voulez un verre ?
- Non merci, ça ira, répondit l’hybride en s’arrêtant face au bureau.
- Vous m’avez foutu un sacré bordel, Kane…
Le Président ramena une nouvelle fois le verre à ses lèvres, alors que son interlocuteur ne reprit pas la remarque à son compte.
- Je vous remercie d’avoir joué le jeu.
- Ce n’est rien, ce n’est rien, rétorqua l’échidné présidentiel, visiblement irrité. Et en ce qui concerne ce laboratoire…
- Un de leurs employés. Qui n’est pas normal, comme chacun d’eux.
- Oui, je devrais m’en douter après tout.
Le Président Mitchell se retourna alors pour faire face à son interlocuteur. Kane portait toujours sa même longue parka noire, la capuche cette fois rabaissée. Mitchell ne pouvait s’empêcher de tressaillir à chaque fois qu’il découvrait ces yeux entièrement blancs fixés sur lui. Pour se redonner contenance, il termina son verre d’une traite, puis le reposa de manière sonore sur la table en soupirant.
- Bien. Quelle mauvaise nouvelle me ramenez-vous cette fois-ci, Kane ?
- Il est temps. Ca va commencer.
Mitchell laissa l’information gamberger quelques secondes dans son esprit, le temps qu’il assimile bien tout ce que cela sous-entendait.
- Je vois… Rétorqua-t-il après un instant, le ton de sa voix prenant soudainement un coup de vieux. Très bien. Nous ferons comme nous l’avions prévu.
- Je vous fais confiance, Mitchell.
Le Président se prit à sourire. Il fixa la bouteille quelques secondes.
- Vous êtes sûr de ne pas vouloir trinquer un coup, Kane ? En souvenir du bon vieux temps ?
- Je vous remercie, mais je ne bois plus.
- C’est regrettable… Et bien, je vais le faire pour deux, dans ce cas.
L’échidné reprit alors la bouteille pour se verser un verre. Puis il le leva d’une main en direction de son interlocuteur.
- A la nôtre, Kane. Que nos actions puissent illuminer ces ténèbres qui s’apprêtent à fondre sur nous…
- Vous ne devriez pas prophétiser ainsi, Monsieur le Président, rétorqua calmement l’échidné aux yeux blancs avec un petit sourire en coin. C’est vous qui dirigez, après tout.
Mitchell fut secoué d’un petit rire sec. Puis dans un même mouvement, il porta le verre à ses lèvres et le termina d’une traite.
Le sifflet du train hurla le départ en partance. Courant à travers les quelques personnes encore présentes sur les quais, Hunter et Donf s’échinaient à attraper le train qui commençait à s’ébranler sur ses rails.
- Merde, si t’avais pas passé autant de temps à te garer, abruti !
- Nan mais tu te rends pas compte, toi ! Laisser une bagnole comme ça, toute seule ! C’est contraire à mon éthique !
- Tu fais chier, t’es con et tu parles pour rien dire ! Cours espèce d’emmerdeur !
- La ferme, je fais ce que je peux !
Donf sauta alors pour attraper la barre qui se trouvait tout près de l’entrée du wagon. Se projetant d’un même mouvement dans l’enceinte du train, il se retourna tout de suite pour aider son compagnon.
- Allez, saute !
- Oh ta gueule, et pousse-toi !!
Hunter sauta au moment où Donf recula. En une seconde, ils se retrouvèrent tous les deux dans le wagon ; Donf essoufflé, Hunter en train de remettre le col de sa cravate en position.
- Vous êtes pas bien malins…- Ca va toi, on t’a pas sonné, rétorqua Hunter en fronçant les sourcils.
Puis il regarda Donf en train de chercher un second souffle, une main sur la poitrine. Une expression dédaigneuse se peignit fugitivement sur ses traits.
- Tu devrais arrêter de fumer.
- Ouais…, rétorqua le jeune homme en riant doucement.
Hunter soupira, puis il laissa son ami se relever avant d’ouvrir la porte coulissante du wagon. Personne. Il se passa une main sur la nuque en avançant parmi les sièges légèrement inclinés avant de s’asseoir sur l’un d’eux, près de la vitre. Il avait choisi les quatre sièges du milieu du compartiment, ceux qui se faisaient face et qui laissaient de la place entre eux. Dont prit place sur le siège en face du sien. Le paysage défilait déjà à travers la vitre.
Faisant silence, ils se plongèrent tous les deux dans leurs pensées alors que le soleil se couchait derrière les collines de la campagne que le train traversait à toute vitesse.
La lame qui s’effilait devant ses yeux écarquillés. L’attaque qui plongeait avec une vélocité dangereuse et inévitable sur la seule personne qui comptait pour lui. Le bruit du sang qui se projetait sur le sol. Le faible cri de souffrance de cette fille quand son attaquant retira la lame de son corps avec un plaisir malsain. Celui de rage qui était sorti du plus profond de son âme à lui, alors que son esprit se faisait dévorer tout entier par l’entité qui profita de ce moment pour prendre possession de lui et abattre toute sa colère sur ceux qui l’entouraient. Le rire, sadique, profondément méchant, d’une cruauté sans borne, qui s’était échappé de sa gorge alors qu’il n’était plus le maître de ses actions ni de ses désirs. Le sang de ses ennemis sur ses mains, sur ses vêtements, qui tâchait, qui s’imprégnait de l’odeur de la mort alors qu’il éclatait de rire, seul vivant parmi tous ces corps démembrés par la seule puissance de cette entité.
Le wagon trembla sur les rails. Hunter ouvrit les yeux. Son visage reposait sur son poing refermé. Il se massa la joue en grognant silencieusement avant de détourner le regard sur la vitre. Il ne voyait rien à travers. Il faisait nuit, et les lumières du wagon ne renvoyaient sur le carreau que la propre image de son reflet. Il soupira en faisant craquer ses cervicales endolories par un sommeil inconfortable. Donf dormait paisiblement sur le siège en face du sien, la tête renversée sur le côté, les mains jointes sur ses genoux, tenant son chapeau noir. Hunter le regarda quelques instants avant de se lever en silence. Il traversa le wagon, ouvrit la porte qui coulissa sans bruit, puis gagna le petit compartiment des toilettes. Le jeune homme se regarda dans la glace. Derrière ses cheveux bruns, ses yeux violets se fixaient, renvoyant l’image altérée d’une personne souffrante au plus profond de lui-même. Les cernes sous ses yeux terminaient de lui prouver sa propre solitude renfermée.
Faisant couler l’eau froide du robinet, il posa son chapeau sur le côté avant de se passer un peu d’eau sur le visage. La peau ruisselante d’humidité, il se fixa à nouveau, comme en colère contre lui-même, mais asservi à sa propre souffrance qu’il acceptait sans pouvoir rien n’y opposer. Il se passa une main sur le visage en soupirant discrètement, puis balaya les traces d’humidités en agitant ses doigts dans le vide avant de remettre son chapeau en place. Il sortit du compartiment en laissant la porte entre-ouverte. Alors qu’il allait se retourner pour revenir dans le wagon, une ombre attira son attention de l’autre côté. Dans l’autre wagon, à l’autre bout, une silhouette se tenait immobile.
Pressentant un danger, Hunter resta quelques secondes à tenter de discerner cette silhouette floutée par la porte qui séparait le wagon de là où il se trouvait. Mais la personne se tenait à l’autre bout. Sans hésitation, les sens aux aguets, le jeune homme s’avança alors vers la porte pour l’ouvrir. Elle coulissa sans bruit, révélant le wagon vide hormis la silhouette qui restait immobile à l’autre bout.
Alors le visage d’Hunter passa de la stupéfaction à une colère sourde. Ses poings se serrèrent contre lui, et ses lèvres s’étirèrent en un affreux rictus de rage.
A l’autre bout, Loth lui souriait, sa malle dans une main, l’autre tenant sa cigarette allumée sur laquelle il inspira avant de rejeter sa fumée.
Eve se promenait dans le jardin d’Eden lorsque le serpent s’approcha d’elle.
« Mange cette pomme », lui dit-il.
Eve, que dieu avait instruite, refusa.
« Mange cette pomme, insista le serpent, tu dois te faire plus belle pour ton homme.
- Je n’en ai pas besoin, répondit-elle, il n’a pas d’autre femme que moi. »
Le serpent rit :
« Bien sûr que si ! »
Et, comme Eve ne le croyait pas, il l’emmena jusqu’en haut de la colline où se trouvait un puits.
« Elle est là, au fond. C’est là qu’Adam l’a cachée. »
Eve se pencha et vit dans l’eau du puits l’image d’une belle jeune femme. Alors, sans hésiter, elle croqua la pomme que le serpent lui offrait.Maktub, Paulo Coelho