Bonjour, bonsoir à tous,
je me permets ce post afin de solliciter votre participation à ce nouveau projet qui m'est cher. En effet, après de nombreuses années d'errance littéraire, j'ai enfin trouvé le nouveau roman auquel m'atteler. Je sais que cette section n'est pas à proprement parler réservée à ce type d'œuvre (via son appellation "Fanfics"), surtout si elle ne concerne en rien l'univers du hérisson, mais force est de constater que le noyau dur de lecteurs se situe ici, et je tombe sous le choc du nombre hallucinant de lectures accordées à mon précédent effort,
Ash Kaiser, alors que je n'ai rien mis à jour depouis janvier. Je compte donc sur votre compréhension, et espère que vous pourrez apprécier le prologue de ma nouvelle œuvre,
Walt & Val. J'attends si possible un maximum de retours écrits, positifs comme négatifs, de commentaires prompts à faire évoluer mon style et permettre à mon bébé de franchir qui sait, les portes de l'édition...
Pour pallier au nombre limité de 20 000 caractères, je coupe le prologue en deux parties. La seconde sera éditée dans le commentaire suivant.
Enjoy ^^
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1
Walt
Le vent du Nord s’abattant sur les Collines, en fait plier les herbages, qui semblent danser, dans tous les sens, comme possédés. Le tapis de verdure chancelle, dans la pluie des feuilles arrachées à leurs charmes par le souffle violent, il perd de sa beauté, de sa superbe, tandis que les houppiers malmenés par les brises automnales se balancent, leurs mille années ballotées par l’épaisse masse nuageuse gris noir qui recouvre le ciel. On entend tonner au loin, et la bourrasque redouble d’intensité. L’air se fait plus lourd, déjà les moucherons se regroupent, déchirant le vide dans un fol tourbillon, signe indubitable d’un orage qui approche.
Merde. Quelle journée pourrie pour assassiner un Chef déchu.
Surgissant des branchages, Harendil se pose sur le sol avec une souplesse que seul le sang pur des Elfes saurait donner. Ses bottes de cuir couleur de jade amortissent la hauteur dans d’aléatoires volutes de poussière.
- Je ne vois rien, Ash.
- La route est libre, alors ?
- Oui. C’est bien ce qui m’inquiète.
Ash pose un œil perplexe sur son camarade. Il lui semble avoir perçu de l’hésitation dans la voix du Guerrier. Ce n’est pas son genre, pas du tout même. Commencerait-il à s’inquiéter ?
Le mercenaire détourne le regard pour fixer les cieux, qui s’assombrissent à une vitesse défiant toute logique humaine.
Par Gaia… cette quête a l’air corsée, certes… mais nous ne sommes pas des amateurs. Depuis le temps que nous parcourons le Royaume tous les trois…
- J’ai trouvé quelques plantes… cela nous sera sans doute utile.
BROUFF !!
Haku apparaît dans une orgie de runes et de symboles luminescents. La téléportation fait danser les pans de sa robe pourpre.
- Qu’est-ce ? demande Harendil, un brin moqueur. De l’herbe à tisane ?
- Des baies de Heimer, ainsi que quelques branches de saule sec.
- Saule et Heimer ? répète Ash. Une onction de grand soin ?
- On ne sait jamais.
Eh bien… si même le Mage le plus puissant de la Province se met à douter…
- Avec tous les Soins dont nous disposons dans notre inventaire ?
- On ne sait pas de quoi ce Kelberg est capable…
Ash hausse les épaules.
- Cette supposée invincibilité, ces pouvoirs sans équivalent… ce ne sont rien d’autre que des rumeurs, des légendes !
- Les légendes se forgent, Mercenaire, elles se basent bien sur quelque-chose…
- Ce sont des on-dits ! Des ragots ramenés dans les tavernes, répandus par des paysans peureux, terrifiés à l’idée de manquer de respect à un ancien Chevalier…
Le Mercenaire se tourne vers l’Elfe.
- Messire Harendil… avez-vous déjà vu, ou ne serait-ce qu’aperçu, Khaos, Dieu des Ténèbres et de la Mort ??
L’intéressé baisse le regard.
- Non… bien sûr que non…
- De ce fait, nous n’avons aucune preuve de son existence. Cette histoire de… passation de Magie Noire n’est que billevesée…
Il empoigne fermement le pommeau de l’épée pendant à sa ceinture.
- En tout cas, je n’ai pas traversé le Royaume de Haven pour tergiverser sous un arbre !
Ash tourne les talons, entame la traversée des plaines qui s’étendent à l’infini devant lui. Le Mage se presse au sommet de la butte.
- Ash ? Où allez-vous ?
- Chercher Kelberg. C’est pour ça que je suis venu. Et je ne ferai PAS demi-tour…
- Ouais bah sauf que moi, j’ai cours, demain…
- Ouais, mec, moi aussi… il est déjà vingt-et-une heures…
Devant l’écran de son ordinateur, Walter peste.
- C’est une blague ?
- On avait dit neuf heures, mec… on remet ça demain.
L’annonce dans son micro-casque tombe comme un couperet. Masquant tant bien que mal sa déception, il acquiesce.
- Très bien…
D’une tape sur son clavier, il fait apparaître le menu de pause. Derrière, dans la Plaine où il lui adressait la parole il y a encore quelques secondes, Haku disparaît. Sa silhouette se noircit, et arbore désormais un inévitable Hors ligne.
- A demain, Walter.
- Mouais…
Walter met plusieurs options en surbrillance, clique ici et là. Sous l’arbre, Harendil s’évapore à son tour, et son personnage revêt le même habit de tristesse. Une fenêtre surgit soudain, délivrant sous ses jolies enluminures pixellisées une terrible question.
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Abandonner quête ?
Il fixe le cadre clignotant sur Oui, en secouant la tête dans un dépit profond. Avant d’accepter d’un geste rageur de l’index.
- C’est chiant…
Walter ôte son casque, qu’il lance en se laissant retomber contre le dossier de son siège. L’objet rebondit contre le mur sous les douces envolées cuivrées de l’écran d’accueil du jeu. L’imposant guerrier sous le titre, posant fièrement l’arme à la main, semble le narguer, son regard, vif et décidé, est un véritable crève-cœur pour le joueur délaissé.
- Sauf que moi j’ai cours demain… qu’est-ce qu’il faut pas entendre…
La souris glisse sur le tapis. Et un clic plus tard, Legend of Heroes disparaît.
- Et ça se prétend pro… ça me dégoûte.
Le garçon se repousse du bureau des deux bras. La chaise roule sur le plancher.
Son regard noir croise le petit miroir rectangulaire posé près de l’ordinateur. Fixant son reflet, il se fige.
Toujours les mêmes joues rondes d’enfant de treize ans un peu trop rond pour s’apprécier.
Toujours les cheveux mi-longs châtain qui lui valent des surnoms débiles depuis le début de sa scolarité.
Toujours cette légère cicatrice au-dessus de sa lèvre supérieure, vestige d’un violent accrochage au collège un jour de malchance.
Et toujours cet air sombre, expression vide qui accueille toute sa colère et sa frustration…
~
Dans le coin droit de son écran, l’horloge indique vingt-et-une heures sept. Son estomac se manifeste alors bruyamment.
- Ah ouais, j’ai pas mangé, moi…
Derrière la fenêtre à sa gauche, le ciel prend de vilaines teintes grises. Walter soupire à la vue des masses nuageuses qui s’amoncellent au-dessus de lui, assombrissant petit à petit la pièce pourtant pourvue de deux larges vitres.
- Saleté de temps.
Il s’étire lentement, joue de son dos et de ses coudes dans un craquement malsain qui lui arrache un sourire. Suite à quoi, il se lève, et quitte sa chambre.
Les sons de la télé du salon lui parviennent tandis qu’il arpente le couloir de l’étage. Walter descend l’escalier aux marches de chêne d’un pas doux, puis avance, brisant le craquement du vieux bois en sifflotant une mélodie qu’un jeu vidéo souvent parcouru a imprimé dans son esprit. Passée l’arche séparant l’entrée de la pièce de vie, il marche en direction de la cuisine, à sa gauche. Les premières gouttes de l’orage qui fouettent les carreaux du rez-de-chaussée accompagnent sa traversée. Au fond, une voix grave s’élève, grognant des parasites que la météo inflige à la réception satellite. L’ado ricane.
Le crépitement des halogènes déchire le calme de la maison. Une vive lumière envahit la pièce, et découvre les meubles et les bibelots. Un imposant frigo américain gris métallisé trône fièrement près de l’entrée, avec à ses côtés une gazinière dans un état impeccable, et un four, dont la porte entrouverte l’attire automatiquement. La tirant vers lui d’un geste précis trahissant son habitude, il y découvre des restes de pizzas encore tièdes. Il s’en empare en soupirant à nouveau.
La grille du four rejoint l’inox de la table dans un léger tintement. Il reste une part de Quatre Fromages, et une demi-pizza de Saumon-Mozzarelle, qui lui arrache une grimace de dégoût.
Walter fixe le demi-cercle de croûte vert et rose. Oter le poisson serait trop long. Et puis avec la chance qu’il a, il aura imprégné la pâte. Il saisit donc le reste de Saumon-Mozza, qu’il remet négligemment où il l’a trouvé, avant de croquer dans la part fromagère.
- Bon appétit…
Une nouvelle salve énervée surgit du salon. Son père a l’air particulièrement agacé, il serait de bon ton de remonter avant qu’ils ne se croisent. Evidemment, la punition de Walter est injuste- c’est vrai de nos jours, qui arrive à l’heure pour le repas ?- et l’envoyer dans sa chambre est un peu extrême. Mais le jeune garçon sait que s’il est attrapé dans la cuisine, il sera reparti pour une énième engueulade. Et s’il pouvait éviter…
~
La porte de la chambre claque et le coupe définitivement des bruits du dessous. Du seuil, il se dirige droit vers le bureau, se laisse tomber dans son fauteuil en saisissant sa souris d’un geste dont la fluidité trahit l’habitude. Le pointeur sur l’écran cliquète dans le grondement de l’averse qui frappe ses carreaux, il navigue dans une multitude de dossiers et de sous-dossiers jusqu’à atteindre son objectif. Orage ou pas, il est des rituels qu’on ne se refuse pas.
Une fois lancée, comme chaque soir, la playlist de ses musiques de jeux préférées, il rejoint le lit, où il s’écroule, sur le dos. Sitôt posé, il replie ses bras sous sa tête, et fixe les lattes du plafond, où ondulent les formes multicolores de l’écran de veille. Walter se laisse rapidement happer par la danse désordonnée des effets sur le bois.
Il fait encore plus ou moins clair, dehors, le printemps vit ses derniers jours, imposant au village de Nacquat une étouffante fin de journée, chaude et humide, dont le ciel déchaîné assombrit les espoirs. Espoir d’un lendemain sec, sans averses ; espoir d’un lendemain, sans contrôle, sans interro surprise ; espoir d’un lendemain, sans ce crétin de Benjamin Durteaux…
Sans quitter le plafond des yeux, Walter tend le bras pour attraper le Rubik’s Cube posé sur sa table de chevet, près de la photo d’une fille aux cheveux ondulés bruns, dans un carde aux enluminures dorées. Il se met machinalement à le manipuler, sans même prendre la peine d’y apposer le regard. Juste pour sentir les parois coulissant sous ses vifs mouvements, les rotations, aléatoires, les faces se formant, se déformant… cela le détend.
Du moins… ne l’énerve pas davantage.
Ce Benjamin- Big Ben, comme on l’appelle- est une véritable plaie. N’importe quel gamin normalement constitué ne se vanterait pas d’avoir redoublé tant de fois, un tel record de bêtise suffirait à lui clouer le bec… seulement, avantage accordé à l’âge, Big Ben est plus grand et plus costaud que tous les autres. Sa seule force… c’est sa force. Plus encore que les pizzas Saumon-Mozza, ce que Walter déteste le plus au monde, c’est ce genre de pseudo-caïds…
Et il reste encore cinq jours de cours avant les vacances d’été.
Merde. C’est long une semaine.
Walter lève le Cube pour le placer sous ses yeux. Une rapide inspection lui permet de constater qu’il n’a complété aucune face.
- Pff…
Le jouet rejoint le bout du lit. Tout en ôtant son t-shirt à l’effigie d’un héros de manga, il retire ses baskets en s’aidant de ses orteils. Puis il lève le bassin pour enlever son jean, et plie les genoux pour quitter ses chaussettes. Le linge s’amoncelle sur le plancher.
Allongé sur le dos, en caleçon, Walter fixe le ciel sombre à travers la fenêtre à sa gauche, donnant sur la rue d’où montent avec régularité les bruits de moteur. Il tend les bras et les jambes pour se coucher en croix.
Je sais pas ce qui m’attend demain, mais si c’est aussi pourri qu’aujourd’hui… c’est même pas la peine.
~
Walter est déjà réveillé depuis une bonne heure lorsque l’alarme beugle sur sa table de chevet. Il a déjà enfilé son pull vert à poche ventrale, son jean et ses baskets blanches. Il quitte son bureau sur son fauteuil à roulettes afin de l’éteindre d’un coup vif, puis retourne à l’organisation de son lecteur MP3. Le ciel s’est enfin calmé après avoir craché de violentes pluies toute la nuit, et il ne reste plus ce matin qu’un épais tapis de nuages gris et d’innombrables flaques d’eau. Triste tableau pour un mois de juin…
Mais l’ado n’est pas à l’observation du paysage, il s’intéresse moins à la fenêtre de sa chambre qu’à celle de son lecteur, sur l’écran parsemé d’icônes de jeux vidéo. Il déplace dans le dossier attribué au petit rectangle de plastique fiché dans la tour sous son bureau, toutes les musiques et chansons qu’il prendra plaisir à écouter dans la journée. Des sons pratiquement tous issus de sa saga préférée, Ash Kaiser. Alors qu’une jauge se remplissant sur son écran indique une copie en cours, Walter se laisse tomber dans son fauteuil. Et levant les bras pour les croiser derrière sa tête, pose un regard admiratif sur sa collection.
Ash Kaiser est un personnage de romans dont Walter est devenu dingue alors qu’il n’avait que trois ans. Ce mercenaire du Moyen-âge vivant des aventures incroyables mêlées de duels à l’épée, d’arts martiaux et de monstres terrifiants, était rapidement devenu son idole, puis son modèle. Un jeune homme aux longs cheveux couleur azur, bâti comme un athlète aux muscles saillants, doté d’une épée à lame recourbée taillée dans le plus pur des saphirs, capable des acrobaties les plus impressionnantes et maîtrisant tous les sports de combat. Un héros, un vrai, bien loin certes, de la bedaine et de la maladresse de l’adolescent.
En plus, Maman veut pas que je me teigne les cheveux en bleu…
Walter est fan du personnage, un fan inconditionnel dont la collection habille l’entièreté du mur de son bureau : l’intégralité des romans parus depuis mille-neuf-cent-quatre-vingt-cinq ; les adaptations en jeux vidéo, même celles sorties sur d’antiques consoles vendues bien avant sa naissance ; les films, sur des DVD achetés le jour de leur sortie et usés par des visionnages répétés, ainsi que les tickets de ciné des séances, en jour un, il va de soi ; les affiches punaisées avec une symétrie digne d’un maniaque ; et tout ce que les magasins ont pu un jour offrir en dérivés- des cartes postales, des stylos, des sacs, même des choses d’un âge révolu dont Walter ignore l’utilité, tels des « pogs » et des « pin’s »…
Mais surtout Kyanite.
Kyanite est l’épée fétiche d’Ash Kaiser, une arme effilée comme un rasoir et capable de trancher la pierre, le m étal des armures, une merveille, un diamant bleu… Quand l’auteur a décidé il y deux ans de commercialiser des dagues collector à l’effigie de Kyanite, Walter s’est rué dans la boutique de goodies de Neuve-Liesse pour acheter son exemplaire. Un objet inaccessible pour son budget de collégien, mais qu’une avance sur argent de poche et une série de corvées fixées par le père ont rendu possible. Alors oui, c’était rageant de désherber et d’essuyer la vaisselle- mais quel bonheur ensuite, de poser ses yeux sur la pureté de l’artefact…
Un bonheur encore intact ce matin, comblant son regard d’étoiles scintillantes.
Porté par la passion qu’il porte pour cet objet, il se lève pour l’empoigner avec le plus grand soin. Le saisissant par le pommeau afin de l’extraire du cadre en forme d’écu où il siège à la verticale, il le porte à son visage et bientôt, l’azur du métal luisant se mêle au bleu de ses iris. Walter se sent aussitôt transporté dans les plaines du Royaume de Haven, traquant les bandits, récoltant les trésors, affrontant les dragons et les zombies… Reculant du bureau pour faire quelques moulinets, il part, dans les bois de Lagonia, dans les Monts de Kjeldor, ces lieux fabuleux qui ont bercé son enfance. Dans l’air qui s’engouffre par sa fenêtre entrouverte, il peut sentir les parfums d’herbe tondue dont les brins coupés ont mûri au soleil de la veille, l’eau de pluie chargée de la terre retournée par l’orage ou par l’écorce des charmes du jardin fouetté toute la nuit… Autant d’arômes de nature qui lui donnent l’impression d’effleurer les grilles de Haven…
Avant que cet impossible ailleurs ne lui rappelle son horrible quotidien.
Son regard se vide, il repose la dague tandis que le sourire dessiné par de tendres images se mue en une grimace de dégoût.
Il hait ce collège.
Il hait cette euphorie d’un été qui approche, qui libèrera tous ses camarades mais qui le contraindra, lui, aux milles tâches imposées par ses parents.
Il hait cette vie.
Et surtout, il hait Benjamin Durteaux.
Quel dommage que sa mère lui ait interdit d’utiliser la dague à l’école…