Merci à toutes ! =)
bon, en ce dimanche, encore une suite.
JOUR 9
06:45
J'arrive plus à dormir.
Je suis dans la salle de bain, en train de m'ausculter. Bon. Ça va. La plupart des blessures sont quasiment refermées, à part une le long de mon abdomen. Elle saigne encore un peu. J'enroule un bandage autour afin d'arrêter le saignement le plus vite possible.
Je peux bouger presque normalement, mais je ne me sens pas la force de courir. Pas encore. Ce qui signifie ...
... Que je prends la moto aujourd'hui. Ouais.
Ou alors je prends le bus ... Ouais, on va faire comme ça. Je sais pas si je vais tenir en selle. Pas envie de me casser la gueule sur la route.
Ou alors ...
07:10
Décision finale : je pars à pied. Ça ne peut me faire que du bien.
Bah ... En plus, on y voit que du feu. Personne (ou presque) n'a remarqué les multiples plaies argentées sur mon corps ... En même temps, habillé ... Chaud, quoi. Ya que celle de mon arcade qui se voit encore un peu. Elle est en bonne voie de guérison, même si elle saigne un peu de temps en temps, quand mon expression faciale est trop complexe.
Je parle de mieux en mieux, ça craint.
07:34
Fallait s'en douter : je suis en avance. En même temps, partir à sept heures, à moins de me faire agresser par une mémé, fallait que je sois à l'heure.
07:36
Les premiers élèves arrivent. Faut croire que j'étais pas si en avance que ça ...
07:44
Une paire d'oreilles blanches dépasse du flot d'élèves grandissant. Impossible qu'il ne m'ait pas remarqué, vu la position que j'ai pris.
Ben quoi ? Je suis juste assis sur le mur d'enceinte. Rien de méchant.
Une paire d'yeux azur me fixe.
« Salut ... Eh, pleure pas, je suis en vie. »
Je crois que ça lui a fait un choc. Pourtant, je me suis juste absenté une journée, rien de méchant. Enfin.
Ah, putain d'arcade ... Ça pisse le sang !
« C'est rien, c'est rien, du calme. C'est juste un peu de sang. »
08:00
Bon, finalement, ça s'est arrêté. Mais ça m'a fait un joli dégradé rouge sur ma chemise blanche ... Fait chier.
Premier cours de la journée : module d'histoire. Qu'est-ce que c'est chiant ... Et puis Takeshi ne fait rien pour arranger les choses.
J'ai piqué du nez au moins dix fois. Impossible de me maintenir éveillé.
Les éclopés du fond me regardent en rigolant. Bah, je m'en fous, eux, ils garderont leurs plâtres pendant un petit bout de temps, tandis que moi, d'ici un jour ou deux, je n'aurai plus rien ... Pauvre petits, vous êtes vraiment cons.
08:58
Construction ... Tiens, je connais pas, ça. Paraît que ça ressemble à la méca. Ça plairait à Axel, quoiqu'il a déjà du passer par là. M'enfin.
J'entre dans la salle. Et là, horreur !
« Tiens tiens tiens ... L'échidné est de retour. Et à l'heure, en plus ! Quel prouesse ! Je suis impressionnée ... Justification de l'absence d'hier. »
Tiens, c'est vrai, Takeshi ne m'a pas demandé ça ... Bah, il a du oublier. Ou alors il a flippé en voyant tout ce sang.
Je lui montre ma chemise tachée de sang. Apparemment, ça ne lui convient pas ... Bon, ben on va passer un cran au-dessus. Quoique nan, je vais passer pour un exhibitionniste après.
« J'ai pas de tuteurs, alors je peux me justifier tout seul. »
Je sors mon carnet de correspondance, écris un mot à la va-vite, et signe. Je lui tends ensuite le livret.
« Ça vous va ? »
Elle me regarde un instant. Elle semble réfléchir. Puis, finalement, elle déclare :
« Va me faire régulariser ça, ensuite je t'accepterai en cours. »
09:01
Bon, voilà, au bureau, il m'ont mis un tampon, et puis basta.
« En retard. »
La prochaine fois, je l'égorge.
11:00
« Har ! Auchourd'hui, fous afez contrôle ! »
Hé ! C'est quoi ce bordel ? Je connais pas trois mots d'anglais, comment veut-il que je remplisse sa feuille ? En plus, elle est chargée. Le papier déborde de mots complètement incompréhensibles.
Je tends ma feuille vide au prof.
« Herr Donf, vous pouvez la garder, votre feuille. Je vous rappelle que je ne connais pas un mot d'allemand.
- - Ruhe ! Ce sera deux heures de retenue pour fous ! »
Putain de merde ... C'est pas possible d'être aussi con. Je vais le tuer.
C'est quoi ce regard à la con ? Je déteste qu'on me prenne de haut.
... Et il insiste, en plus !
« Eh bien, qu'attendez-fous ? Ecrifez ! Et si fous n'êtes pas content, dehors ! Mais ce sera quatre heures de colle. »
Ah ouais ?
Donf se gratte le pif. Et continue de me regarder.
Je vais te le faire bouffer, ton regard ...
Il semble attendre que j'écrive, en plus !
Et il me fixe toujours. En se balançant légèrement de gauche à droite. Et en se grattant le pif.
Putain, qu'il m'énerve ...
Mon crayon se brise entre mes doigts.
« Vous avez pas fini de me fixer ? Vous savez pertinemment que je n'écrirai rien ! Lâchez-moi les basques, maintenant.
- Ja, ja ... Ce sera donc six heures de colle. »
Va crever.
Je sors de la salle, en prenant bien soin de claquer la porte. Je reste avec la poignée dans la main. La vitre se brise. Et puis merde ...
Jme casse.
11:03
« Hé ! Vous ! Revenez ici ! »
J'ai un pion qui me colle aux fesses ... Ah, non, ils sont trois, maintenant. Un loup, un hérisson et un chat. Tous les trois d'une couleur plus ou moins orangée. Des frères ?
Malheureusement, dès que je me mets à courir, ma blessure à l'abdomen se rouvre, et je commence à pisser le sang. Tant pis.
« Attrapez-le ! Il pisse le sang, on devrait l'avoir ! »
Et la santé des élèves, vous vous en foutez ? Bande de connards !
« Allez vous faire foutre ! »
J'aurais peut-être pas dû me retourner pour leur gueuler dessus. Résultat, je me suis payé quelqu'un. Sévèrement, en plus.
... Donf. Va crever.
11:23
« ... Où vous croyez-vous, pour oser manquer de respect à vos professeurs ? »
Mon arcade et mon ventre pissent le sang, mais personne n'a l'air de le remarquer. Mais la douleur semble s'apaiser peu à peu. C'est bon signe.
J'explique pour la troisième fois au dirlo que le prof d'allemand m'a forcé à faire un contrôle alors que je n'ai aucune notion dans cette langue. Il a l'air de s'en foutre, et se borne à me dire que je suis un voyou. Ouais, ouais ...
« Il m'a, lui aussi, manqué de respect. Et il m'a provoqué. »
Fallait bien que je le dise, sinon on allait en rester là. Mais bon, maintenant, le dirlo gueule dix fois plus fort, et, derrière lui, Donf me fait un sourire de faux-cul.
S'ensuivirent dix minutes de débat acharné entre le loup et moi. J'ai tellement frappé de la main sur son bureau qu'on en voit la trace, maintenant.
Conclusion ...
« Ce sera une nouvelle journée d'exclusion pour vous. Demain.
- Ah non, pas demain ! »
Je veux la faire, cette sortie ... Mais le dirlo s'oppose, encore et toujours.
Tant pis, j'irai quand même. Mais pas en tant qu'élève ...
12:02
« C'est ça, riez tant que vous le pouvez. »
L'info a vite circulé, je vois.
Bon, eh bien ... Je crois que le mercredi sera une journée complète pour moi. J'ai quand même eu ma colle. Elle commence maintenant, et elle finit à six heures ce soir.
J'entre dans la salle. Le prof n'est pas là, mais un des pions qui m'a coursé, le hérisson, est là, l'air goguenard.
« Allez, travaille. Toute façon, t'as rien d'autre à foutre. »
Sur le bureau, il y a un dictionnaire Français/Allemand, et un cahier d'exercices épais comme mon poing.
« T'as six heures pour faire tout ça. »
Bordel de merde ...
Le pion sort un kebab. Putain ... Il déborde de viande et de frites. Et quelle odeur ... J'en ai l'eau à la bouche. Surtout que j'ai rien mangé depuis ce matin.
Le pion mord dans le pain en me fixant. Putain, il en fout la moitié à côté ...
« Travaille, je t'ai dit ! »
Si je me rebelle encore, je vais être exclu à vie ... Déjà que je me suis fait virer de mon ancien lycée ... Non, ça le ferait pas.
18:15
Je marche dans la rue. Les gens, en me voyant avec ma tête de tueur et ma chemise pleine de sang, fuient vers le trottoir d'en face.
J'en ai ras le cul ... Pourquoi c'est toujours moi qui morfle ?
Sûrement parce que je suis trop impulsif. Mais bon.
J'aime pas ces profs qui se croient tout permis ... Juste parce qu'ils ont le pouvoir, ils croient qu'ils peuvent faire ce que bon leur semble. Ils rabaissent les élèves. Ils les collent. Et tout ça, ils ont le droit de le faire ... La seule chose qu'ils n'ont pas le droit de faire, c'est de nous frapper. Et heureusement pour eux, parce que sinon le Donf il serait passé par la fenêtre.
Non mais ...
18:53
Fly est chez ses parents, ce soir. Bon, ben je vais devoir me réconforter tout seul, je crois.
Je prends la guitare et une despé dans le frigo. Et c'est parti pour un blues.
23:34
Encore une descente de flics. Qu'est-ce qu'ils sont chiants, ces voisins ...
Je pose la guitare sur son pied. Lorsque je retire ma main, elle est pleine de sang ... Mais pas le temps de nettoyer. Les flics vont bientôt défoncer la porte.
« Ouais, ça va, j'arrive ! »
A peine ai-je ouvert la porte qu'un gars se jette sur moi et me plaque au sol. Son coéquipier me passe les menottes.
« Hé, ho, ça va ! Je suis pas un criminel ! Et puis regardez, vous m'avez blessé ! »
Ouais, bon, la plaie est ouverte depuis un petit moment, j'avoue. Mais j'ai pas envie de passer la nuit au poste.
Le premier gars, horrifié, constate que son uniforme est couvert de sang. Le deuxième agrandit les yeux lorsqu'il voit la tâche rouge sur mon ventre.
« Je vais porter plainte ! Ça va vous coûter cher ! »
Sauf si ...
« On va faire un marché. Vous, vous allez rentrer au poste et vous allez dire que c'était une fausse alerte. Et moi, je ne porterai pas plainte contre vous. »
Les deux gars ne sont pas cons, ils savent très bien que ce que je leur propose est risqué ... Bon, on va les motiver un peu.
« Sinon je porte plainte. Vous, vous serez virés. Ptetre même que vous irez en taule. Et en plus, faudra me verser un dédommagement. »
Les flics changent de couleur. Je pensais pas qu'on pouvait devenir aussi blanc.
« Déconnez pas, on a une famille, nous !
- Oui, faut qu'on rapporte l'argent à la maison, sinon c'est la misère !
- Bon, ben, salut, alors. »
Le type qui m'a mis les menottes me détache, puis les deux s'en vont.
Heureusement que je suis tombé sur des jeunes ... Un vieux n'aurait pas pris.