Merciiiiii ... Je ne cesserai de répéter ce mot.
La suite, bien entendu ...
JOUR 11
07:53
...
Merde.
...
MERDE !
Je me lève en vitesse, renversant une fois de plus cette pile de CD gravés ... Fait chier !
Je marche sur un verre qui se brise. Un éclat me rentre dans le pied ... Bordel, ça fait mal !
J'enlève ça vite fait, et, le pied en sang, j'enfile mes vêtements. Va falloir que je pense à aller laver tout ça, c'est mon dernier uniforme.
Je cours dans les escaliers. Je me casse la gueule. Raaaah, foutu corps ! J'ai pas le temps pour ça !
J'enfourche la moto ... Merde, où sont les clés ?
Et c'est reparti ... Remonte, recassage de gueule, prends les clés, descend, re-recasse-toi la gueule ... 07:56. Merde !
Je démarre à fond.
08:04
Putain, la frayeur de ma vie ! J'ai failli passer sous un camion ! J'ai le pied et le coude en sang ...
J'ouvre une porte à la volée. Dessus, il y a écrit : 'Physique'. Et là ...
Je me retrouve nez-à-nez avec deux yeux verts. Encore ?
Je recule un peu ... Les yeux appartiennent à un lézard a l'air ... Comment dire ... Terrifiant, peut-être. Merde, je crois que c'est le prof de Physique. Sa carapace est rouge, rouge comme le sang qui coule le long de mon bras. Son corps est recouvert de cornes ... Enfin, à ce que je peux voir, parce qu'il porte une blouse blanche pour le moment. Les seules que je vois sont celles de sa queue et de sa tête. Je remarque aussi, tout en reculant, qu'il a des cheveux noirs noués en queue par un bandeau rouge, et un étrange pantalon noir ... Quand il avance vers moi, j'entends les bruit de plusieurs objets métalliques qui s'entrechoquent.
Je heurte un mur. Pourquoi ce type me fait cet effet-là ? Hunter, reprends-toi, sinon ça va pas le faire.
Je m'avance ... Mais je suis bien vite arrêté par la queue du lézard qui vient s'écraser à côté de ma tête. La force dégagée est impressionnante.
« Alors comme ça, on est en retard ? Mais ... Que vois-je ? Du sang ? »
Il ne me plaît pas, ce type. Il ne m'inspire pas confiance du tout. Mais alors, pas du tout.
Je déglutis.
« J'étais en retard, alors j'ai pris des risques ... »
Grognement de la part de l'autre.
« Bien, bien, bien ... »
Il pose une main sur mon épaule. Je commence à avoir soif ... Mais ... Qu'est-ce que ...
Putain, jme sens faible. Le prof me regarde, un sourire sadique barrant son visage. Alors, c'est ça ...
Je trouve la force de lever mon genou jusqu'à son ventre.
« Lâchez-moi ! »
Il recule, se tenant à l'endroit où j'ai frappé. Son regard vert, dans lequel j'aperçois à présent une touche de jaune, m'assassine.
« Tu me le paieras ... Va t'asseoir. »
J'y vais. Au-dessus du tableau, un katana est suspendu dans son fourreau. Tiens donc ...
« Hé. »
C'est White. Je l'écoute d'une oreille. Je me sens ... Desséché. J'ai soif. Mais tant pis, ça attendra.
D'après les dires du husky, on l'a pendant quatre heures ... Fait chier. Toujours d'après mon ami, ce prof est très instable, par conséquent il va falloir que je m'adapte ... Bien.
Garder profil bas. Garder profil bas. Ça devrait le faire.
Ce type me fout les chocottes. Je ne saurai expliquer comment, mais il me fait flipper.
Je suis avec attention le cours, même si je me sens atrocement faible. C'est dur de garder la tête droite ... Mes paupières se ferment ...
Une queue cornue vient s'écraser devant moi.
« Toi, le nouveau ! T'endors pas ! »
L'enfoiré ... Il sait très bien ce qu'il m'a fait. Et ce que je lui ai fait, il veut me le faire payer. Mais je dois rester calme, sinon ça risque de mal finir.
09:58
Ah, enfin une pause. La tension qui régnait là-haut était vraiment insupportable.
Je bois des litres d'eau à une fontaine dans un couloir. Jusqu'à m'en péter le bide. Derrière, ça râle.
« Allez voir ailleurs si j'y suis ! »
Bordel, qu'est-ce que j'ai soif ...
10:05
Retour en cours ... Ça va mieux, là. Pfiou ...
Je pousse la porte de la salle. Et là ... Une musique, cette horreur, parvient à mes oreilles. Je fais une grimace. Et j'entre.
Sur le bureau du prof se trouve une petite télé. Tiens donc, je savais pas que c'était autorisé, ça. Et puis, pour les horreur que ça diffuse ...
Du Rap US.
« Bodel, c'est immonde ...
- Qu'est-ce qui est immonde ? »
Rahputain, faut que j'apprenne à fermer ma gueule.
« Rien, rien ... Juste que j'ai vu un truc louche par la fenêtre ... »
Le prof grogne. Histoire de changer de sujet, je lance :
« Comment vous vous appelez ? Moi c'est Hunter. »
Je vais pas dire 'enchanté', non plus. Ah, putain, je me sens pas bien ... Ce type me fout la pression.
Après un nouveau grognement, et voyant que de plus en plus d'élèves entrent en classe, il éteint sa télé. Dieu soit loué, il a entendu mes prières !
... Nan, je suis pas croyant.
« Taoshymiru. »
Hein ?
12:08
Pfiou ... J'en peux plus.
Dur de tenir sous la pression. C'est impressionnant ... Un peu trop, peut-être. Il a une présence écrasante.
Une foule d'élèves se rassemble près du gymnase. Curieux, je m'approche.
J'entre.
...
Un entraînement au boken ? Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Putain ... Je le sens pas, ce truc.
Je jette un coup d'œil vite fait. Je reconnais certaines personnes de la classe, en nombre assez équitable entre garçons et filles. Il y a aussi d'autres classes. Tout ce beau monde se tape dessus en gueulant. Putain, j'espère qu'ils ont un truc pour se boucher les oreilles, sinon ils sont foutus.
Au fond, une silhouette qui commence à m'être familière est en train de montrer quelque technique à une petite seconde qui semble en difficulté. Cette personne, c'est Taoshymiru. Ceci explique cela ... Comme par exemple, le katana au-dessus du tableau. Mais passons. J'ai pas envie de rester ici une seconde de plus ... Et j'ai peu de temps pour manger. On reprend à treize heures tapantes.
Je crois qu'il va falloir que j'aille au self.
12:14
Chance, j'ai rencontré White, là-bas. Nous patientons calmement dans la queue. Mais ça m'énerve. C'est pour ça que je n'aime pas la cantine du lycée ... Et la bouffe est de qualité variable, en plus.
C'est enfin notre tour. Nous nous servons diverses choses. Les moins appétissantes sont celles qui restent en plus grand nombre. Heureusement, nous ne sommes pas les derniers, et donc il reste plein de bonnes choses, telles que des bons steaks cuits comme il faut ou des pâtes ... De quoi faire un repas consistant.
Nous avançons à la recherche d'une table. Je me sens observé. Devant moi, White baisse la tête. Qu'est-ce que c'est que ce bordel ...
Tout le monde nous regarde. Je ne comprends pas. Qu'est-ce qu'ils ont tous ?
Le silence s'est installé dans la salle.
Dès lors que nous nous asseyons, les conversations reprennent. Les gens cessent de nous regarder. J'interroge mon compagnon à voix basse.
« Qu'est-ce que c'était ?
Ben ... D'une part, tu es nouveau ici, alors attends-toi à des tentatives de drague ou de bizutage. D'autre part ... A mon avis, tu risque d'être mal vu très prochainement. N'oublie pas que je suis le bizu du lycée ... Les gens vont penser qu'ils peuvent te faire la même chose. »
J'éclate de rire. Elle est bien bonne ! Ces merdeux, me faire quelque chose ?
... Bon, ok, j'avoue, j'ai le même âge qu'eux. Mais quand même, c'est fort ...
J'ai à peine le temps de manger une bouchée de pâtes qu'un groupe de filles s'avance vers nous. Elles auraient pu être jolies, si elles s'accoutraient normalement ... 'est quoi, ces piercings et ces boucles d'oreilles ? Et ces coiffures ? On dirait des putes ... J'ignore. Et recommence à manger.
« L'échidné, ça te dirait pas de venir avec nous ? Tu sais, celui-là, tu peux l'oublier. »
Je lève le regard vers elle. Un regard qui s'avère être menaçant. La fille, une hérissonne un peu trop percée à mon goût, recule avec un vague air de peur sur son visage, puis se ressaisit.
« Hé bien, si tu veux la jouer comme ça ... »
Je grogne. En réponse, la fille crache dans mon assiette.
Je regarde la nourriture, maintenant immangeable. Je me lève. Lentement. Et je toise cette merdeuse de toute ma hauteur. Elle est pas si grande ...
Le silence se fait à nouveau. Pas de pions à l'horizon.
« Tu sais ce que tu viens de faire ? »
Je lui attrape le poignet et le tord. Légèrement. Juste de quoi le fouler. Les larmes lui montent aux yeux. Mais pas de pitié pour les pétasses.
D'habitude, je ne blesse pas les femmes. Mais quand on me manque de respect, on paye.
« Connard ... »
Je crois que je vais lui péter, son poignet.
Et, en effet, quelques secondes plus tard, un horrible craquement retentit dans toute la salle. Je relâche cette hérissonne un peu trop culottée.
« Ça t'apprendra, garce. »
La fille hurle de douleur. Aussitôt, je peux voir plusieurs personnes se lever, toutes des racailles, garçons ou filles.
« Si ça vous dérange pas, on règle ça en-dehors du lycée. »
Je sors, traînant White derrière moi. Je n'ai pas envie qu'il lui arrive malheur.
12:33
« Allez, allez ! C'est qui le suivant ? Ah, franchement, même à dix contre un, vous valez pas une brèle. »
J'ai le pied sur une dizaine de corps, tous entassés devant moi. Ma tenue est déchirée en plusieurs endroits.
Les suivants sont deux fois plus nombreux, et ils y croient. Ils se jettent sur moi, criant leur haine à l'unisson.
Heureusement que nous sommes dans un coin caché aux regards indiscrets ... Et surtout, hors du lycée. Je ne risque rien.
J'évite de casser d'autres os. Je pense que j'ai fait assez de mal comme ça. Et puis, ceux-là ne demandent que vengeance, ça sert à rien de leur péter quelque chose. Il ne m'ont pas outré directement.
Tiens tiens ... Un gars a un boken. Je lui fonce dessus, lui arrache l'arme des mains, et l'envoie voler un peu plus loin d'un bon coup de pied dans le ventre. Sauf que maintenant, je suis encerclé ... Bah, c'est pas une troupe de merdeux qui va me faire peur.
J'aurais tout de même préféré avoir une arme un peu plus longue, comme un bâton. Ça m'aurait permis de balayer plus de merdeux en même temps ...
Et hop. Un coup de boken pour toi, petit renard. Et un coup de pied pour le hérisson qui tente de me bloquer par-derrière. Re-coup de boken, dans la tête cette fois-ci, à une chatte qui s'approche d'un peu trop près, mais léger, parce que j'aime pas faire mal aux dames. Et ça continue. Je me déplace entre eux comme s'il n'y avait personne. Un coup de boken par-ci, un coup de poing par-là, quelques coups de boules pour agrémenter le tout, et, le plus important, le jeu de jambes, avec une gamme variée de coups de pied.
Ah, merde, je vais être à la bourre. Je regarde un instant autour de moi : ils sont tous à terre, en train de ramper. J'ai du sang sur mes vêtements, mais ce n'est pas le mien ...
J'abandonne le katana en bois au milieu de tout ce beau monde.
12:59
Haha, je suis à l'heure.
« Je note que tu fais des progrès, l'échidné. »
Je ne l'écoute même plus, la Sly. Je suis à l'heure, c'est tout. Faut pas chercher. Je suis un Dieu ... Ou pas. (oh oui, 'ou pas' !)
Et c'est parti pour trois heures d'électro ... Je suis un peu crevé, du coup, ça me permet de passer le cours tranquillement. Suffit de suivre. Ou de faire semblant.
Et le pire, c'est que ça marche. J'ai passé trois heures à somnoler.
16:05
« 'Jour ... »
Je baille. Le prof, aujourd'hui, a prévu de nous faire course. Prof habillé d'un treillis camo désert, de la casquette assortie, et de lunettes tactiques teintées oranges ... Jveux la même tenue !
M'enfin ... Apparemment, il y a une histoire de contrat, ou je ne sais quoi ... Mais avant, nous devons tester la vitesse maximale ... La vitesse je sais plus trop quoi, et je m'en branle.
Nous sommes sur un stade classique : au milieu, de l'herbe, des cages et des poteaux, et autour, une piste prévue pour la course. Nous allons partir par groupes de huit ... Et je fais partie du premier groupe.
Je me place sur la ligne de départ, les mains dans les poches. Nous devons tenir dix minutes.
Le départ est donné.
Toujours les mains dans les poches, je cours. Tranquillement. Ce que je n'ai pas compris, c'est que personne n'arrive à me suivre ... Au bout de cinq minutes, je me retrouve au niveau des autres, mais j'ai fait un tour de plus. Eux, ils suent, il soufflent. Moi, je me sens bien. J'ai toujours les mains dans les poches. Tout ce que je peux ressentir, c'est une tiédeur apaisante qui part de mon torse et qui se répand dans tout mon corps. C'est agréable, et ça ne me donne pas chaud.
Les dix minutes sont écoulées. Tout le monde me regarde avec de grands yeux. Qu'est-ce que j'ai encore fait ...
« Bon, Hunter, je pense que ce n'est pas la peine que tu fasses la suite ... Je vais te concocter un programme spécial. »
Merci. Au fait, je ne connais même pas son nom ... Il faudrait que je lui demande ...
« John Jenkins. Mais appelle-moi John. Entre échidnés ... »
Sourire complice.
Bon, ben, c'est pas plus mal ... Jenkins m'a filé un sac de cinquante kilos, et je dois courir avec. Je me demande s'il n'était pas à l'armée avant ... Après tout, il a déjà l'uniforme. Je le verrais bien en sergent, en train de gueuler sur les troufions ...
Bon, stop le délire. Bordel, mais c'est qu'il pèse ce sac. Je m'essouffle, je ralentis. Mais je cours toujours. J'arrive à suivre le milieu de course. Chaud, mais faisable. Sans cette faculté spéciale qui me redonne constamment de l'énergie à brûler, je me serai écroulé, plus mort que vif ...
Heureusement, les dix minutes se terminent. Je m'écroule, en sueur. John s'approche de moi.
« Pas mal, pas mal. On va renouveler ça en charge plus légère, mais la semaine prochaine, on fera l'inverse. On augmentera l'intensité peu à peu. »
Je cours ensuite avec le barda de trente kilos. Je me demande bien ce qui compose ce poids ... Je n'ai pas eu le droit de fouiller à l'intérieur.
18:06
Le vent secoue mes vêtements comme de vulgaires chiffons. Il me rafraîchit le corps ... Mais si ça continue, je vais tomber malade.
Mon téléphone sonne ... Ça va être chaud de répondre en conduisant ma bécane. Faut que j'investisse dans un kit main-libres.
« Allo ? »
Violente embardée de la moto. Saturation du micro du téléphone.
« Allo ? C'est Fly. Dépèche-toi, on a ...
- Quoi ?
- ... Au resto ! Je t'ai déjà pris ...
- Quoi ?
- ... Qu'il t'ira ...
- Attends, j'arrive ! »
Je dérape un bon coup, histoire de pouvoir passer dans la rue suivante. Je me faufile entre deux voitures. Mes genoux éraflent les carrosseries ... Ça va, pas de bobo.
A fond, direction la maison !
18:12
Casque sous le bras, vêtements déchirés après le combat de midi, le coude aspergé de sang séché, j'ouvre la porte de la maison. Fly ne semble même pas s'étonner de mon accoutrement. La seule chose qu'elle me lance, c'est ...
« Va prendre une douche, tu sens le renard crevé. »
Sans offense pour les renards.
18:32
« Heiiin ? Et tu veux que j'enfile ça ? »
Ya un costard blanc devant moi ... Merde, pourquoi pas un costard noir, plutôt ? J'en fais la remarque, et aussitôt, le même ensemble mais en noir se présente sous mon nez. Tout sourire, Fly déclare qu'elle s'y attendait ... Je vois qu'elle me connaît bien.
Je suis curieux de savoir ce qu'elle va porter ... Mais j'ai pas le droit de voir avant qu'elle ne l'a pas enfilée ... Car je pense qu'il doit s'agir d'une robe.
Je mets les vêtements à contrecœur. Ça ne me va pas du tout ... Je suis plutôt le genre rockeur, pas bourge. Même s'il est vrai que des fois, j'aime bien m'habiller classe.
Je contemple le résultat dans le miroir de l'armoire ... Bah, ça passe pas trop mal, ça va. Je suis maintenant tout en noir, mis à part la chemise qui est blanche. J'ai un nœud papillon noir, lui aussi ...
Le noir, à ce qu'il paraît, ça fait classique. Pourtant, je suis unique ... Oh, ça va, c'était une blague pour détendre l'atmosphère.
Et enfin, lorsque je m'y attends le moins, elle vient à moi. Toute vêtue de noir elle aussi, avec sa robe à décolleté ... Imposant, à dos nu, et son maquillage un peu gothique ... Elle est magnifique.
Elle rit. Sûrement à cause de moi ... C'est sûr, la bouche ouverte, une grosse bosse au niveau du pantalon ... Ben ouais, ya des choses qui se contrôlent pas, désolé.
« Bon, on y va ? »