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[Terminé] The chao's theory
Re : The chao's theory
« Répondre #30 le: Août 30, 2010, 09:44:42 am »
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Avec un peu de retard. À l'épisode précédent Bufo se fait manipuler par Ninja, se met à voir du Freedom partout et déçoit Pearl.

The Chao's
Theory

Épisode 9 :

Derrière ses yeux clos la nuit durait encore faible les lueurs sélènes jouaient de leurs reflets sur le fond de ses pupilles gamines, elle avait blotti la tête au plus profond de son oreiller, les oreilles basses dans le calme de sa chambre. Quelques rumeurs naissantes et la fraîcheur de la rosée l’avaient atteintes où ses membres dépassaient des draps elle frémissait, se renfonçait un peu plus les pattes pliées en croix elle murmurait parfois entre deux rêves. Elle dormait et légère attendait un bruit sourd pour reprendre conscience, un coup bref comme un réveil qui ne venait pas. La fenêtre glissait à vide sans jamais toucher le bord, dehors la ville ne servait plus que de silhouette dans l’esprit de la petite.

Son murmure était le chant appris à force de l’entendre qu’elle se répétait pour le faire vivre à ses oreilles, il emplissait ses songes, dans l’obscurité les mots reprenaient jusqu’à emplir la pièce, le ciel d’étoiles tenait tout entier à son plafond. Couchée dans son lit la souris était encore sur le toit, à espérer. Ces instants lui échappaient, alors doucement ses lèvres soufflaient le petit chant enfantin, rien ne venait l’interrompre.

Elle entendit du bruit dans l’appartement, par sa porte du bruit qu’elle jugea venir de la cuisine, sans plus y penser la petite s’enfouit un peu plus dans ses songes. Sa tête frottant sur le coussin y trouva la chaleur nécessaire, dans le même mouvement son oeil s’entrouvrait, surprit l’éclat aveuglant de la lumière. Il faisait clair, à la cuisine l’activité durait, Pearl se releva en sursaut. Sa chambre passa de la nuit au jour en un instant les rideaux filtraient des feux d’arcs-en-ciel, son réveil avait sonné trois fois avant de s’éteindre, un regard aux aiguilles l’affola. Elle chercha à se lever encore engourdie par le sommeil s’échappa de la couverture, elle glissa ses pieds un à un pour sentir le contact froid du sol.

Personne ne l’avait réveillée pour l’école, elle ne comprenait pas pourquoi, regarda son oreiller, comprit enfin.

Depuis le couloir habillée hâtivement la jeune écolière entrevit Coal qui allait retourner à sa chambre. La porte se referma sans bruit, ils étaient les derniers à occuper l’appartement. Elle ne songeait plus à manger, à la place s’échappa jusqu’à la salle de bains où dans le miroir sa figure épuisée par la nuit la troubla, l’eau se mit à couler par bouillons. Elle se relevait les yeux trempés, s’affolait, sa voix faible faisait renaître sur son visage un sourire. L’idée du retard effaça tout le reste, elle abandonna sa toilette pour sa chambre sans pouvoir mettre la main sur son sac et ses devoirs, la petite table avait été vidée. Dans l’appartement désormais vide la petite se sentait nerveuse, comme une intruse, elle repassa devant la seule porte fermée du scorpion d’où s’échappaient les sons stridents de sa console de jeu.

Le courage lui manqua pour le déranger, pourtant elle voulait savoir, se décida enfin à ouvrir la porte. Ses deux mains sur la poignée elle respira encore avant de pousser, sentit le battant bloquer à l’intérieur. Dans l’entrebâillement Pearl distingua le locataire calé contre les deux murs et son écran, la lumière dans cette chambre trop étroite lui faisait mal aux yeux. Elle s’excusa, faillit refermer puis, après un instant, demanda où était tout le monde. Coal tourna la tête vers elle, l’air las, sans arrêter de jouer lui expliqua brièvement tout ce qui était arrivé depuis le matin. « Rye est sortie la dernière. » Il faillit rajouter quelque chose, préféra retourner à son jeu.

Rassurée l’écolière se dépêcha de sortir, sur le palier se sentit un peu perdue, elle pouvait entendre de l’agitation à tous les étages, l’immeuble était pleinement éveillé. Quelqu’un marchait plus haut dans les escaliers, un pas lourd, elle faillit rentrer. Les lieux avaient perdu cet éclat du matin quand les couleurs manquaient les rampes de vieux bois cessaient de luire, elle voyait le tapis et sur les murs le lambris les noms de portes apparaissaient en toutes lettres qui la laissaient interdites.

Aussi discrète que possible la petite se glissa le long du palier jeta de brefs regards au-dessus d’elle où marchait un inconnu, elle faisait battre son coeur au même rythme, filait plus discrète que les ombres. La lumière crue détachait du mur sa silhouette, elle pouvait voir son pelage plaqué respirer en même temps qu’elle, filer dans cet air trop lourd. Par petits pas elle s’était approchée de la porte voisine. Sa main chercha la poignée, l’oreille aux aguets elle entendait madame Betty au téléphone qui s’exclamait, le bruit ronronnant du four, l’écolière osa à peine entrouvrir. Elle souffla le nom de Flak, plusieurs fois, toujours plus faiblement avant de se taire effacée contre le mur, à épier les marches supérieures. Les pas à l’étage avaient cessé, un bruit familier lui parvint.

Son ami apparut voletant et joyeux lui bondit entre les bras, elle eut de la peine à le calmer. Leurs deux piaillements étouffés se mêlaient à leurs gestes, il voulait monter sur sa tête quand elle cherchait à le cacher, de nouveaux bruits la firent paniquer. La voisine parlait toujours, s’enchantait des nouvelles, Pearl referma la porte avant de filer. Sans son sac elle tenait la petite créature contre elle, entre ses deux bras fins, courbée l’écolière quitta le bâtiment pour la rue où elle se confondit à la foule.

Par les hauteurs se trouvait son école après la grande voie, elle préféra prendre la direction du centre par les rues secondaires. L’eau ruisselait douce sur les murs une fausse pluie, de temps en temps à un angle la souris s’arrêtait pour lever la tête, sentir l’onde sur son visage. Elle courait ensuite entre les façades blanches le long des haies de trottoirs les jeunes la saluaient à son passage, elle leur soufflait un mot dans sa course. Tout le monde lui rappelait son retard. Elle guignait à gauche et à droite les jardins vides ou le lierre, baissait la tête.

Entre ses bras son ami s’agitait plus qu’elle, piaillait encore alors qu’elle s’éloignait des rumeurs, laissait passer l’unique voiture pour traverser, ses pieds clochèrent contre les crevasses de la vieille route. Plus loin un socle de pierre massif bloquait l’allée, l’un des piliers de la voie ferrée s’était enfoncé assez pour créer des gouilles d’eau stagnante. Le lieu se trouvait à l’écart, elle prit le temps de l’inspecter.

Le jour haut levé baignait l’allée de tiédeur, les armatures d’acier dépassaient en certains points dénudées, l’eau y gouttait également. Elle regardait les flaques où manquait l’éclat matinal la hauteur du pilier en couvrait la moitié d’ombres, les fissures sifflaient au vent. Elle attendit, à quelques pas, voir s’ils reviendraient. Flak aussi déçu leva la tête, elle lui dit quelques mots.

Plus loin encore vers les bouches l’eau se déversait dans un long grondement, elle longeait les bords à côté des enfants si jeunes qui riaient, qui la regardaient passer comme une intruse à leurs jeux.

Un nuage en passant assombrit la place, Pearl sentit l’ondée se renforcer quelques secondes resta immobile, elle défit un peu la prise sur son compagnon. Flak émit un petit son déçu, la souris repartit d’un pas plus lent elle furetait toujours dans les coins en quête des têtes rieuses et bleues qui peuplaient ses nuits, que le jour venu avait fait disparaître. Près de la grande fontaine qui précédait la voie, là où son amie Juicy avait l’habitude de l’attendre la jeune souris chercha encore, une dernière fois, des traces de ces compagnons perdus. Le chao entre ses bras émit tout haut ce qu’elle ressentait, elle relâcha encore un peu l’étreinte, à bout de forces. « Je veux les revoir. » Elle s’assit au bord, près des jets.

D’autres personnes également assises profitaient de la fraîcheur de la fontaine, les enfants jouaient dedans et autour elle voyait passer les planches à air, perdus parmi la foule également quelques-unes de ces créatures que les traits de leurs propriétaires avaient si profondément marqués. Elle les regarder passer passive ne songeait plus à rien, ses jambes se balançaient avec lenteur la petite souris se laissait aller en avant, baissait les oreilles.

À côté d’elle une personne s’arrêta, qui était grande et âgée avec ses vieux gants à boutons, bottes talonnées, la souris releva la tête. Chacune reconnut l’autre :
« Tu n’as pas cours aujourd’hui ? »

En même temps la dame rejetait sa crinière bouclée, longuement brossée derrière le cou. Sa présence avait éclairé le visage de Pearl, la petite était surprise de trouver là mademoiselle Nathalie. La gérante de l’immeuble était restée à cette fontaine durant toute la matinée, à observer le vol des oiseaux ou le mouvement des feuilles,  heureuse d’avoir eu, ces quelques heures, quelque chose à attendre. L’âge tirait sur son visage des traits qu’elle mettait en valeur, à la manière d’une nouvelle robe. Elle l’appelait sa robe d’hiver, la souris l’écoutait raconter tout ce passé lointain.

Autrefois Shard avait été une fillette téméraire et enjouée, avide d’aventure. Puis elle avait connu l’amour, puis la séparation qui dure, aussi ne pouvait-elle parler que de ce temps où elle vivait encore, qui ne s’était jamais achevé pour elle, de sa jeunesse. L’écolière toute petite à côté la prenait pour une duchesse, faisait miroiter ses yeux à chaque parole. Souvent la gérante lui offrait du thé sucré, écoutait ses problèmes, ne l’ennuyait jamais. Elle changea de discussion, parla du nouveau locataire.

« J’ai oublié son nom déjà ! »

Sa crinière jouait superbe malgré le temps, l’eau dessus courait à la couvrir de flammèches brillantes, l’aplatissait un peu. Un mot de plus, la petite se blottit contre elle, se mit à parler de sa petite voix, raconta tout. Elle omit de dire que cela s’était passé sur le toit, tout comme la gérante détournait son regard de Flak. La petite était joyeuse à nouveau.

Dès le matin très tôt, avant que les bus ne commencent à rouler l’universitaire avait quitté sa chambre, à cette heure la rosée avait été forte, il était arrivé trempé devant les bâtiments de facultés. Quand il en ressortait le même jour clair fait d’ondée l’accueillit, il avait faim aussi, le ventre dur reprit sa marche par le campus. Shell ne l’avait toujours pas rappelé, il errait désoeuvré la fatigue lui revenait plus forte, autour de lui l’agitation des étudiants pressés le laissait indifférent. Plusieurs couraient, des groupes se formaient ou se brisaient au gré des appels, il s’approchait des bassins.

Un étudiant l’accrocha : « Viens nous aider ! » La curiosité piquée il se retourna, observa l’excitation qui prenait toutes les facultés. Ses yeux de braise suivirent les lignes des bâtiments, un trait de foudre parcourait les jeunes comme les professeurs, remontait depuis les sciences il entendait les clameurs, demanda ce qui se passait.

« Tu ne sais pas ? C’est la reine qui passe ! »

Tout de suite l’excitation le prit de suivre les autres, il se retrouva emporté par le mouvement. Calme l’instant d’avant il ne songeait plus qu’au moyen de s’approcher, comprit que tous les étudiants voulaient de même la trouver et l’attraper. Ils l’appelaient la reine du campus, Bufo partit comme les autres à sa poursuite. Quelques minutes auparavant l’université avait été calme, elle n’était déjà plus qu’un gigantesque terrain de chasse. Sur les toits, sur les canaux de la fontaine ou par les arbres tous les postes étaient occupés, ceux qui ne savaient pas regardaient ce mouvement sans comprendre, cherchaient à s’en détacher. Il semblait que toutes les facultés prises d’une folie soudaine se révoltaient.

Sa course le mena jusqu’à la tour de bibliothèque où il lui fallut reprendre son souffle. Une vaste cour dégagée en cercles s’ouvrait entre des rangées de buissons, les bancs longeaient les chemins de gravier. Il était près des vitres à se calmer quand les clameurs se rapprochèrent si vite qu’il n’eut le temps de rien voir.

Une figure par les vitres avait attiré son attention, il avait cru reconnaître l’étudiante mais les cornes lissées le détrompèrent, après quelques secondes Bufo se retourna. « Attrapez-la ! » Sur leur banc deux tourterelles furent bousculés, le bruit des roues claqua sur le gravier, il vit passer cette diablesse qui se faufilait entre tous les étudiants amalgamés, se jouait d’eux, elle filait sur sa planche sans jamais se faire prendre.
Il la reconnut, c’était Juicy.

Équipée jusqu’au casque la frimousse espiègle elle se jetait au milieu de tous pour mieux leur échapper, les interpellait au passage. Ils se prêtaient au jeu, se laissaient prendre, derrière elle à vélo ou sur leurs propres planches plusieurs la poursuivaient. La loutre faisait voler sa planche emportée par les élans successifs, passa si près de l’étudiant qu’elle eut le temps au passage de lui toucher le front, Bufo en resta sans voix. Avant qu’il ne comprenne lui-même se mettait à lui courir après, elle disparaissait à l’angle.

Après l’angle ils crurent l’avoir perdu, les filles parlaient de retourner aux leçons quand le bruit devenu familier des roues les firent repartir. Juicy reparut assez près pour les frôler, passa au-dessus d’eux le long du mur avant de s’en détacher, elle leva la planche le temps de les défier, une seconde, tous se jetaient après elle.

Sans y résister lui aussi courait, pourtant il n’avait pas la même hargne qu’entraînait le défi, les questions se multipliaient dans son esprit que les foulées permettaient d’éluder pour un temps. Il voulait savoir, voir comment cela se finirait, ne reconnaissait plus l’établissement si calme d’habitude. Du campus elle avait fait un préau, pour un temps redevenus écoliers les élèves s’emportaient sans retenue. La loutre les narguait à quelques mètres, glissait à portée de bras plus vive qu’une truite, refusait de se faire prendre. Elle avait disparu pour un temps, reparut devant Bufo. Ils étaient seuls pour quelques secondes.

Il eut juste le temps de prononcer : « Depuis quand ? » Elle fronça le museau, se mit à rire, elle lui tournait autour avec sa planche aussi aisément qu’il savait normalement respirer, il en avait le souffle coupé. Comme les autres venaient Juicy brisa sa ronde pour repartir d’un trait, du pied elle se propulsait sur le sentier de gravillons, devant les portes un professeur appelait au calme, ajoutait à la clameur ambiante.

Soudain elle se mit hors d’atteinte, en quelques instants la distance entre elle et ses poursuivants se creusa. Eux-mêmes s’épuisaient, la poursuite s’achevait, la loutre s’en alla disparaître parmi les rues voisines dans la cité. De même que la folie s’était installée l’université retrouvait sa quiétude, tous retournaient à leurs cours et leurs préoccupations. Les étudiants près de Bufo lui demandaient s’il connaissait la reine du campus. Lui préférait ne pas répondre surpris encore, incapable de croire que c’était arrivé.

Dans sa poche le téléphone se mit à sonner, il sentit la vibration. Le message bref de Shell déclinait la rencontre, ce jour-là son ami ne pourrait pas assister aux cours, encore moins le rencontrer. Entre les lignes, il savait quoi lire. Aussi la tortue lui conseillait-il de s’en remettre à Pupil. La foule s’était enfin clairsemée, la tension retombée il observa autour de lui, remit le téléphone en poche.

La poursuite s’était achevée devant les dortoirs, au bâtiment en croix qui se mêlait aux facultés. À force tout le monde lui avait dit qu’il pourrait le trouver là, pour autant Bufo n’y était jamais entré. Il restait dehors à observer les fenêtres, les attroupements aux portes où s’échangeaient des nouvelles, observait les craquelures sur le blanc des façades. Puis il regarda du côté où la reine s’était enfuie, se posa d’autres questions. À ses pieds entre l’herbe et le sentier restaient les traces de roues brusques qui avaient touché, il y réfléchissait, se remémorait les mouvements. Ses jambes devenues lourdes l’empêchaient de bouger, s’il l’avait voulu. Il ne le voulait pas.

Une autre personne observait comme lui les lieux, adossé au mur le berger laissait le vent claquer dans sa nuque, les épaules dégagées, semblait dormir. Jusqu’alors plusieurs groupes l’avaient caché aux regards, enfin il était resté à peu près seul, puis seul tout à fait, alors Bufo avait pu le remarquer.

Grand pour son âge, solide le pelage naturel il avait dans le regard un calme et une assurance qui frappaient. Le monde s’arrêtait à lui, brutalement, n’avait pas de prise. Il ferma les yeux, renversa la tête un instant. Ce mouvement découpa sur son visage des ombres nettes le museau ferme sa gorge coulait jusqu’au torse, il sentit une pointe de jalousie. Lui se gratta le goitre, après une dernière hésitation alla voir cet étudiant, s’expliqua. Il venait de la part d’un ami commun. Le berger écoutait d’une oreille.

« La reine est ton amie ? »

Il ajouta ensuite, « ça te convient ? » De la tête il désigna l’espace où la loutre avait disparu, tout ce qui s’était passé. Il voyait à l’expression du crapaud que cela ne lui convenait pas. Il lui expliqua, simplement, la gageure des étudiants, la raison pour laquelle ils se prêtaient au jeu. Juicy le savait, elle venait quand même.
Journalisée
La force est une faiblesse, la faiblesse est une force.
 
 
Re : The chao's theory
« Répondre #31 le: Août 30, 2010, 08:17:15 pm »
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Bon ben je suis prem's  Grin

Donc ta fic est toujours bien huilée, bien ordonnée, j'ai été un peu perdu au début quand j'ai repris la lecture mais avec un peu de lecture sa repart tout seul ^^

Je suis toujours un peu perdu avec tes fameux freedoms, je suis pas très imaginatif sur ce coup  Undecided . Bon sinon une vie étudiante banal, un peu agité avec cette fameuse reine du campus en skate. Une souris qui a du mal a affiché c'est sentiment, trop timide  Grin .

Donc au niveau du script, plein de paragraphes c'est clair, net et précis. pas beaucoup de fautes ça c'est super.

Une bonne suite qui permet la bonne continuation de la fic  Smiley . Conserve le rythme
Journalisée


Très chiant car je passe mon temps à réactiver d'anciens posts soyez pas étonnés :D
 
 
Re : The chao's theory
« Répondre #32 le: Septembre 15, 2010, 10:36:19 am »
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Beaucoup de retard cette fois qu'il me faut rattraper, aussi la suite vendredi et reprise du rythme normal à partir de dimanche.
La fic' ne dira jamais clairement ce que sont les Freedom Fighters (pour une raison en fait évidente) mais dans cette fin d'épisode, une forme de réponse...

****

À son tour l’étudiant s’adossa, chercha à reprendre son souffle. Les jambes pliées il se sentait ridicule, n’avait rien à dire. Lui aussi avait couru comme les autres sans savoir l’enjeu il s’était mis à la poursuivre, de la main chassa ces pensées. Pupil ne le pressait pas, lui donna son vrai nom sur un coup de tête. Les nuages revenaient couvrir la ville par vagues ils voyaient les ombres plonger, effacer les éclats des façades blanches. « Excuse-moi », le berger s’écarta d’un pas pour se secouer, échapper l’eau de son pelage. Il fit rire l’étudiant tant cela paraissait incongru, le calma tout à fait. Ceux de l’entrée abrités contre les portes les regardaient, les filles aussi par les fenêtres, il parvenait à l’oublier.

Pour une minute encore l’étudiant repoussa ses questions, songea à celui à qui il parlait, songea aux Combattants. Tous deux contre le mur paraissaient ensommeillés, les lueurs du ciel revinrent les chatouiller, au-dessus renaissaient les arcs-en-ciel.

Il se mit à parler, du toit d’abord, des coups de feu ensuite. Posément, mot à mot il reconstruisit la réalité nocturne, les chants qui duraient, l’onde et le halo, vérifiait sur le visage de Buck si ces histoires le faisaient réagir. Il continua, expliqua ce qu’il comptait faire, pourquoi il avait besoin d’aide. Lui l’écoutait, attentif, sans l’interrompre acquiesçait de temps en temps. Il demanda ce qui poussait Bufo à agir. « J’ai fait pleurer une enfant. » Ils restèrent muets quelques secondes puis se détachant du mur un sourire simple à ses babines le Combattant lui promit de l’aider. Il lui promit aussi, avant que l’étudiant ne le demande, de ne pas l’impliquer, il savait, et comprenait.

« Dis… » Il hésitait à continuer, sentait son courage s’écrouler. Lui ne voulait rien avoir à faire avec ces histoires, sentait bien que cela le dépassait… « c’est quoi au juste, les Freedom Fighters ? »

L’interrogé glissa sa main derrière l’oreille, un geste qui fit réagir les filles aux fenêtres. « Toute la ville ? » Il allait continuer, parler des raisons de se battre quand le professeur Frédéric l’air féroce apparut de l’autre côté de la place sur le chemin de gravier encore crevé des sillons de la reine, le léopard courait plus qu’il ne marchait en direction de son élève et assistant. Pupil s’esquivait, lui fit savoir où le trouver, il partait à temps pour les laisser seuls, le professeur fit tomber ses deux mains sur l’étudiant.

D’une part le cours aurait déjà dû commencer, il l’avait attendu à l’entrée de la salle. Le professeur Hasty donnait le cours à sa place. D’autre part il n’aurait pas donné la leçon de toute manière, trop fier de ses découvertes, trop excité. Son pelage d’un noir profond se hérissait à chaque parole. Il en était certain à présent, les chao étaient la clé, l’université pouvait gagner en prestige s’ils parvenaient à prouver le lien. Rien ne manquait plus que la preuve de cette manipulation nouvelle du chaos, il répéta ce mot presque sans y croire, ses yeux pétillaient dans les yeux de braise de Bufo.

Quand il crut avoir tout dit Field s’apprêta à tout reprendre, l’étudiant préféra le couper. Lui-même avait son projet, une étude qui n’avait ni l’ampleur d’un temple ni le risque d’une machine destructrice mais liée aux chao également, il voulait le soutien de son professeur. Pour obtenir la preuve que le léopard désirait tant, il fallait aller à la rencontre de chao sauvages, il approuva cette idée immédiatement, plus qu’heureux que son appel ait autant motivé son étudiant.

Ce dernier ne comprit pas, demanda de quel appel il s’agissait. Ils cherchèrent à s’expliquer, chacun promettant et d’avoir appelé l’autre, et de n’avoir rien reçu. Lui vérifia sur son téléphone, finalement ils conclurent que ce n’était pas important, Field apporterait tout le soutien en contrepartie d’un travail bien fait.

Ni l’un ni l’autre ne songeait à aller en cours, tous deux portés par leurs propres projets le professeur glissa encore un encouragement avant de s’éclipser, plus terrible qu’un enfant il avait peine à ne pas bondir sur les chemins de gravier. En le regardant partir il tenait encore en mains son téléphone, réfléchit un long moment avant de se décider. Les nuées une fois encore se dégageaient, l’onde se calmait, il sentit briller sur lui les milliers de gouttes sur les façades l’eau dessinait des sillons improvisés. Il lui fallut appeler Rye d’abord pour lui demander le numéro de l’écolière, la sonnerie dura longtemps avant qu’elle ne décroche. Il la sentit tendue, elle s’attarda d’abord aux nouvelles, elle s’était laissée convaincre par des amies de faire un tour en ville.

Enfin ils raccrochaient, cette communication de quelques poignées de secondes avait duré presque dix minutes, ils s’étaient bercés de mots. Il l’avait devinée pressée, la gazelle avait parlé de tant de choses qu’il ne se souvenait pas de toutes, lui aussi avait fait durer un peu, à la fin surtout.

Le numéro composé son téléphone vibrait, une voie paniquée lui répondit, celle de Pearl. Elle avait été surprise par la sonnerie, parlait le moins fort possible. Derrière son buisson la petite s’était terrée si profondément qu’elle aurait cru disparaître. Les arbres du parc sifflaient au vent, les promeneurs passaient devant elles rieurs sur les sentiers de terre et par les bancs des poignées de miettes volaient pour les oiseaux, lancées par des enfants. Plus loin près du pont d’autres écoliers se battaient avec des bombes à eau et des bâtons. Elle répondit évasive, guigna par-dessus son buisson du côté de la grille, se rendit compte soudain de ce que Bufo lui annonçait. Il était d’accord. Ils allaient tenter quelque chose.

Elle se jeta à nouveau en arrière, se tassa encore pour élever la voix, trouva à peine les mots, l’étudiant lui expliquait son projet. Pearl se raccrochait à son téléphone entre ses doigts fins elle saisissait la voix lointaine, si sûre d’elle à présent. Il lui demandait de venir, supposait qu’elle n’était pas à l’école. L’écolière hocha la tête, sans songer qu’il ne la voyait pas elle promit d’arriver au plus vite, raccrocha. À peine le combiné refermé un frisson la parcourut de joie elle eut envie de crier, se retint, appela toute sa candeur pour ne pas bondir de son buisson. Elle releva les yeux, observa une dernière fois le groupe.

De l’autre côté au fond du parc, près de la grille qui séparait les arbres de la vieille route se trouvaient une demi-douzaine de personnes, dont des professionnels du circuit elle les reconnaissait très bien. La tortue qui les fréquentait parfois n’était pas avec eux, à cette distance elle ne pouvait pas entendre ce qu’ils disaient. Rye avait encore son téléphone dans la main, la tête baissée, elle s’était distancée des autres, d’un pas. Sa chemise et son court la détachaient également, cachaient le pelage humide de seigle mûr.

Plus loin derrière la grille aux vieux barreaux de fer venait le bus presque en silence ses couleurs vives dans la rue contrastaient avec la pénombre, il venait pour l’arrêt devant les portes à l’angle, elle aurait le temps de s’y rendre. L’écolière s’éloigna la plus discrète possible, tira avec elle son sac d’école, passa sur les sentiers quand elle fut sûre que le groupe ne pouvait plus la voir elle commença à appeler Flak.

Son compagnon surgit presque aussitôt de derrière un arbre suivi par les autres compagnons du parc de toutes les couleurs ils répétaient contre l’herbe les feux des arcs-en-ciel, il se jeta entre ses bras. Elle salua les autres déçus de perdre leur camarade, bondit par le pont puis de l’autre côté courut jusqu’à la grille, tendit les bras pour le passer entre les barreaux avant de se glisser elle-même. Une fois dans la rue le bus se trouvait à l’angle, elle bien loin partit en sens inverse, traversa la vieille route pour les petites ruelles. Son ami voletait autour d’elle à hauteur des épaules il lançait de petits appels pour la suivre, elle veillait à ne pas salir ses ballerines. Le parc près du centre était entouré de demeures nouvelles.

Au lieu de haies ces rues se paraient de briques, il y faisait froid vraiment les vieux pavés défaits la faisaient clocher parfois, l’eau gouttait de conduites en plomb. Comme les nuages s’appesantissaient entre les murs étroits elle découvrait des lieux moins rieurs, les rires et les bruits de passants lui revenaient par échos. Elle se retrouva dans une artère, au loin le rond-point élevait sa statue mêlée de jets, de nouveau les passages étroits entre les bâtiments, la petite se faufilait presque sans bruit. Son pelage blanc au blanc léché des façades ne laissait plus à l’œil que des contours fugaces.

Dans son dos Flak s’arrêta, l’air surpris ou confus, elle se retourna à son tour. Il regardait dans une ruelle adjacente, immobile dans les airs, hochait un peu la tête. Pearl l’appela de sa petite voix timide elle s’approcha jusqu’à le rejoindre, s’accroupit, la jeune souris regarda dans la même direction. Elle sentit son cœur battre sûre d’avoir entendu du bruit, un petit chant étouffé quelque part de ce côté, elle regarda son compagnon à son tour se réjouissait. Lui d’abord puis elle ensemble se mirent à courir.

Les nuages se retiraient avec eux les ombres des dégradés interminables couvraient les murs toujours mouvants elle franchissait les angles, surprise par les couleurs du ciel continuait sa course, les rumeurs grandissaient mêlées par celles de la rue proche, parfois elle levait la tête et les oreilles, cherchait une direction, les ombres sur les murs faisaient comme des feuillages, bruissaient. Quand son ami disparaissait à l’angle elle l’appelait entre deux souffles, il revenait la chercher plus pressé qu’elle, ensemble repartait les murs défilaient des lieux qu’elle n’avait pas connu encore, les noms se perdaient dans sa tête. Elle crut les perdre, les retrouva, le cœur battant une rue plus loin il lui sembla apercevoir leur mouvement, des silhouettes à moitié effacée dans le jour qui s’évadaient.

Soudain la rue apparut devant elle avec ses passants, les hautes cloches des réverbères ruisselaient sous l’onde les enfants la saluèrent en passant elle reconnut les bâtiments, l’université ne se trouvait plus très loin. Elle vit toutes les personnes sur les trottoirs ou entre les épis d’herbe, s’empressa de cacher Flak puis de reculer, toujours plus jusqu’à ce que le mur découpe sur elle un filet de fraîcheur. La tête lui tournait, l’impression d’une illusion elle repensait au chant, voulait le balbutier, elle avait peur d’avoir imaginé tout cela. Son compagnon entre ses bras s’agitait, tira pour s’échapper.

Elle lâcha, le suivit au bout de la rue et à l’angle, son ami tournait autour d’une vieille benne assez lourde d’un vert de gazon, les battants rouillés ne servaient plus depuis longtemps. L’odeur assez forte la fit reculer, Pearl hésita, cependant la créature lançait des cris de joie perçants. Elle fit un pas, un autre, vit apparaître une première tête toute bleue et ces yeux enfantins la dévisageaient, il y en eut deux, trois, plusieurs qui la surprirent de derrière la benne, au-dessus d’elle, qui l’entourèrent, lui firent la fête. Ils avaient cet aspect d’eau claire où les regards pouvaient se perdre, la petite sphère au-dessus de leur tête toute balançante à leurs mouvements ils chantaient leur petit air en la voyant. La souris les découvrait pour la première fois à la lumière, elle riait, elle sentait ses joues humides et riait.

Déjà la mémoire lui revenait du rendez-vous avec le colocataire, il lui fallait les protéger, elle s’excusait pour s’en aller. Les créatures d’abord déçues revinrent vers elle, ils l’attirèrent du côté de la benne pleins de cris aigus la persuadèrent de l’ouvrir.
Ses deux mains sur l’ouverture les gonds peinaient elle poussa de toutes ses forces, les chao à leur tour l’aidèrent, ils parvinrent à écarter le battant. Au fond restait de la terre mêlée d’herbes et de vieilles feuilles, de la végétation en débris, des têtes de fleurs stagnaient sur toute l’eau accumulée depuis des mois. Dans cet intérieur sombre existait une minuscule mare où ils allaient se baigner, un lieu à eux secret. Elle ne voyait rien de cela, trop surprise la jeune souris regardait dans le coin, touchant les deux bords la pierre précieuse qui éclairait faiblement. La pierre précieuse, d’un jaune de miel – jugea-t-elle – était taillée avec une précision telle qu’elle y lut une infinité de reflets.

Elle regarda ses amis, demanda : « C’est… ? » Ils étaient mi-joyeux mi-inquiets de sa réaction. La petite ne savait pas trop quoi faire, parla à voix haute, sembla réfléchir alors que se renforçait en elle la curiosité. Elle se pencha dans la benne, tendit la main, sentit à travers le gant le contact tiède du diamant.

Quand elle l’eut en mains se retirant de la benne elle ne vit plus que Flak, les autres s’étaient retirés, il lui sembla que la rue s’était rapprochée les rumeurs de pas plus fortes Pearl se dépêcha de cacher sa trouvaille dans son sac, elle dit au revoir avant de filer. Son compagnon bondit après elle hésitant à rester il s’échappa de la ruelle, l’écolière traversait la route sans mot dire, les bretelles du sac mal serrées balançaient, elle dut répondre à un autre appel de Bufo qui s’impatientait. Ils se parlaient encore quand l’étudiant la vit surgir devant le bâtiment principal, près des cascades et du tunnel. Entretemps Shell n’avait toujours pas donné de nouvelles, il mit en œuvre de lui raconter son plan, quand elle opina de la tête, il sut enfin qu’il était temps de passer un dernier appel.

Tout ce qu’il avait mis presque une journée entière à planifier n’avait en fait tenu qu’en peu de mots, quand il les entendit répéter pour la troisième fois l’événement lui parut trivial. « On va faire un feu de camp en forêt ! » Pearl allait à petits pas dans la cuisine, tout son enthousiasme frétillant dans chaque geste elle agissait princesse dans une tour de verre effrayée de briser son rêve, la souris jetait de longs regards à l’étudiant, à Juicy des éclairs complices. La loutre s’était prêtée au jeu immédiatement, n’avait posé aucune question. Elle avait pris le parti de donner à voix haute une liste imaginaire, tout ce qu’il leur faudrait pour survivre en forêt selon elle. Il n’écoutait pas, du moins essayait de ne pas rire encore frappé par le souvenir de cette reine au milieu de tous les étudiants, à présent qu’il la revoyait les questions lui échappaient, elle agissait comme toujours, lui aussi.

Il se tourna vers Rye : « Nous allons chercher une fontaine à Chao, c’est tout. » Elle n’avait pas réagi encore, mesurée, la gazelle observait tous les colocataires pris par la même envie d’aventure, son sourire triste la rendait conciliante. Il voyait son pelage humide coller à la chemise, il en sentait l’odeur.

« Qui organise ? » Elle avait demandé ça certaine que Bufo répondrait présent, celui-ci ne répondit pas tout de suite, se gratta le goitre, hésita. La porte s’ouvrit, Luck entra tirant sur elle les six sacs chargés à plein, piquets de tentes et sacs de couchage, huile, pain, saucisses, cartes, la liste de Juicy s’exauçait devant elle. La louve posa tout dans le couloir, se massa les épaules. Comme il venait l’aider elle le repoussa, lui jeta un regard noir, sa longue chevelure battit dans son dos brûlante, il la laissa passer.

À présent chacune des locataires fouillait son sac, les deux écolières les vidaient complètement, s’émerveillaient des trouvailles. Tout avait été facturé pour le projet de recherche sous la direction de Field, au matériel de camp se mêlait le matériel de recherche. Rye s’était glissée derrière Bufo, posa ses mains sur ses épaules. Il faillit réagir, se figea. Elle se colla contre lui et : « Bien joué. » Il la vit qui regardait Pearl et Juicy emmêlées dans leurs affaires, joyeuses pour tout l’immeuble.

Elle ajouta : « Mais qui portera le dernier sac ? »

Il y eut un cri, la porte se rouvrit violemment sur Luck, il avait tout juste eu le temps de sauvegarder avant qu’elle ne l’arrache à son écran. Le scorpion tiré par la nuque se retrouva dans le couloir, se releva mollement, épousseta ses bras. Il jeta un œil ennuyé à toutes les affaires jetées pêle-mêle, quand Bufo lui demanda de les suivre Coal répondit quelque chose qui tenait plus du soupir que de la phrase.

La gazelle glissa ses deux bras autour du cou de Bufo. « Bien joué. Vraiment. » Il n’avait rien envie de montrer mais son visage montrait de la gêne, elle s’écarta. Les petites riaient, Rye alla se joindre à elles défaire les sacs ou tout saccager, elle jouait avec comme une grande sœur. Coal retournait dans son placard où l’écran grésillait, il se sentit un peu seul, préféra rejoindre sa chambre. Là, la porte une fois fermée, malgré l’impression d’avoir oublié quelque chose il retira le téléphone de son étui, observa les messages enregistrés. Puis décidé à ne pas se laisser perturber par ce détail l’étudiant débuta son rapport.

Une à une les lumières de l’appartement s’éteignirent tardivement tant l’agitation avait été grande, celle du salon dura presque jusqu’à minuit. Il n’en resta bientôt plus qu’une éclairant le balcon plein de fleurs, une lumière faible sur l’immeuble répondait aux étoiles. Épuisés par la soirée tous dormaient, il ne restait personne pour entendre le chant qui s’élevait de la ville, pour le voir. La lumière durait encore effacée par le halo nocturne, faiblit faute de reflets, s’éteignit d’elle-même peu à peu jusqu’au matin.

___________________________________________________________________________________________

Journal :
Même chose, réactions après coup.
Les quatre premières pages ont été écrites dans l’empressement. Les quatres dernières en un jet avec juste une pause avant que Pearl ne quitte le parc.
Le plan prévoyait que Pearl rencontre Juicy à la fontaine – puis Juicy devait aller à l’université jouer la reine. Mais j’ai trouvé cela trop difficile et peu motivé, du reste Pearl devait rencontrer Shard (voir chapitre 7).
Shard a été inspirée de « mon petit poney ». Authentique.
La poursuite de la « reine » a été compliquée, l’idée de la gageure m’a permis de boucler la quatrième page – la gageure est que celui qui l’attrape se marie avec. Le fait qu’elle touche son front et qu’il puisse lui poser une question m’évite d’avoir à écrire une explication en fin de chapitre.
Pupil n’est pas très cool et Field est bien trop gamin mais au fond le résultat est assez solide. La révélation de Rye au parc (voir chapitre 3) est assez réussie aussi.
La manière dont Pearl trouve l’Émeraude jaune n’était pas prévue, elle m’a permis de remotiver les chao et de remplir facilement la page. J’aime aussi le côté entre rêve et réalité.
Je me demande combien de personnes devineront que la dernière lumière allumée est celle de la cuisine, et pourquoi. Mais s’ils ont un cœur, et un peu de bon sens, ils comprendront.
Un souvenir qui me semble rétroactivement important : il m’a fallu réécrire le retour à l’appartement (page huit) à cause du nombre de personnages. Je devais les traiter un à un et non ensemble, sans quoi j’allais me perdre. En clair il me fallait trouver un moment pour traiter Juicy à part, avant de reprendre sur Rye.
Je n’ai pas su non plus où mettre Pearl, s’il fallait la rendre enthousiaste ou timide.
Enfin j’ai eu des doutes sur la rétention d’informations : le projet de Bufo ne devait être dévoilé qu’à la fin mais à plusieurs reprises je le sous-entends – maladresse de ma part vu qu’il était simplement censé agir dans le vide. Ainsi avec Field puis avec Pearl, à chaque fois je repousse l’explication. Il y a quelque chose de faux là-dedans.
« Dernière édition: Juin 07, 2011, 09:59:00 am par Feurnard »
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Re : The chao's theory
« Répondre #33 le: Septembre 17, 2010, 03:51:30 pm »
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Bien obligé, la fin du chapitre dimanche avec retour au rythme hebdomadaire.

Dans l'épisode précédent Bufo et ses amis se laissent convaincre d'aller sauver les chao en organisant une promenade en forêt. Quelle intrigue.

The Chao's
Theory

Épisode 10 :

Une foule d’étudiants désoeuvrés se tenait sur le perron par les marches du bâtiment leur nombre noircissait l’entrée, plus loin d’autres groupes clairsemés occupaient l’herbe couché près d’eux à regarder le ciel il attendait, le parfum frais des fleurs par grandes vagues remontait à eux avant de s’étioler, ils entendaient à peine par la rue dégagée les bruits de la cité avant que ne vienne midi. Après les éclaircies du jour passé la clarté les aveuglait, la fine bruine dans l’air dégageait de grands traits de couleur arqués.

Son brin entre les lèvres il comptait les secondes ennuyé de sentir s’approcher l’heure du départ, un peu d’angoisse toute l’organisation qui reposait sur lui il s’essuya le front, laissa retomber le bras vers la porte toujours pas de changement. L’étudiant n’aurait pas su dire depuis combien de temps le mouton lunetté l’avait informé que Pupil comptait descendre. Il soupira, sentit la chaleur lui piquer la peau.

Enfin un mouvement les personnes à l’entrée libéraient un passage, le chien se glissait entre eux toujours aussi calme il le voyait le museau solide, la même pointe de jalousie lui revint doublée des réactions alentours. Lui se relevait, prêt à aller lui serrer la main plusieurs filles surgirent pour se presser autour du berger, il les calmait paisible tandis qu’elles piaillaient, les calepins côtoyaient à pleines mains les photographies. Tout de suite lui vint l’idée de Juicy à sa place qui dirait « elles sont nulles ! » de son air gamine, seulement il n’en était plus très sûr. Elles se dispersaient ravies des quelques mots échangés, il n’aurait su dire à son visage ce que le concerné avait ressenti. Un détail cependant le surprit, le léger mouvement du bras plus rigide dans sa démarche, tandis que de l’autre il le saluait.

Presque tous les regards convergeaient sur eux curieux il ne dit mot avant que les couloirs ne les séparent d’autant de présences si nouvelles. À l’intérieur l’odeur de sueur surnageait la chaleur étouffante, les murs se couvraient de peintures, ils passaient devant les portes neuves sans numéro. Les catelles du plancher se laissaient crever par de premières herbes comme encouragées elles poussaient naturelles sur les bords, ils prenaient les escaliers, marche après marche Pupil lui avouait étudier la géographie. D’étage en étage il découvrait une flore toujours plus abondante, les plantes grimpantes couvraient les parois jusqu’au plafond pour ouvrir leurs corolles, au plus haut il aurait cru une canopée, leurs chaussures écrasaient les feuilles dans des bruits de gomme.

Il avait été épuisé par la montée, le chien marchait plus lentement devant lui peu pressé il parlait encore songeur, présentait au passage quelques occupants qui le saluaient. À chaque fois Bufo se redressait la figure trempe, levait deux doigts plié sur lui-même. Les occupants lui parurent hostiles, lui-même étranger la chaleur lui rappelait les jungles du sud, des gouttes d’eau tombaient des feuillages.

Vers la fin du couloir une porte avait été laissée ouverte, il l’invita à entrer. Passé les plantes l’étudiant découvrit une petite chambre de travail encombrée de classeurs, la radio casée au fond près de la fenêtre touchait presque la tête du lit, deux écrans d’ordinateur perdaient leur teinte à la lumière du jour. Le berger s’y installa, travailla un peu au clavier. Sur l’armoire à l’étroit touchant presque le plafond les multiples coupes prenaient la poussière, certaines en argent débordaient de médailles. La planche d’un grain de gris fin et vif pendait ceinturée sur le côté. Le bruit des touches cliquetées lui fit prendre conscience de son attitude, il s’approcha à son tour du bureau aux écrans plats.

D’innombrables mesures se superposaient aux cartes, des droites blanches découpaient entre elles un minuscule espace dans le coin il l’agrandit, un losange dans la forêt près de la voie ferrée. La fontaine pouvait se trouver là ou ne plus s’y trouver.

Tous deux observèrent cette surface assez vaste pour s’y perdre, deux touches firent apparaître la vue aérienne, puis les sentiers naturels. Il imprimait, la feuille alla toucher les jambes du crapaud par surprise ce dernier recula, toucha la planche, ne sut où se mettre. La rotative tournait, Pupil avait son regard fixé sur lui, plus sérieux. Le tireur, puisque Ninja elle-même avait confirmé un tireur, n’agissait qu’en ville, il ne le trouverait pas dans la forêt. C’était exactement ce que Bufo désirait. Le berger devait encore coller le feuillet, le plastifier, il donna quelques conseils pour trouver la fontaine, la carte devrait être détruite ensuite. Quand il l’eut en mains l’étudiant devina ce qu’il avait demandé, promit que tout se passerait bien.

Avant de partir Pupil lui demanda un dernier service : « Ne fais pas confiance à Ninja. » Elle était de l’Unité, là-bas la fin justifiait les moyens. Elle lui mentirait, elle comptait l’utiliser. Le crapaud secoua la tête, songea à dire ce qui lui pesait sur le cœur. Il haussa les épaules, serra une dernière fois la main tendue avant de s’enfuir.

Tout de suite les appels crépitèrent de lui d’abord à son professeur, de Field à la gare la gare confirmait il avait déjà appelé à l’appartement comme des sauterelles les signaux passaient aux portables des locataires, chacun s’entendait sur l’horaire avant de prévenir les autres, il marchait en même temps au milieu du campus, passait à côté des bassins taillés. Un train passa flèche éphémère sur les rails il l’entrevit, regarda le mouvement au loin avant de s’en détacher, Luck ne répondait pas. Elle se trouvait au magasin malgré le congé donné elle y travaillait encore, avait dû oublier. De nouveaux appels en chaîne retardèrent le rendez-vous à la gare le temps qu’il aille la chercher.

Dès la foule du bus quittée la foule du centre l’attendait, il soupira. Les escaliers bondés défilaient sans fin, les grands balcons des étages grouillaient de monde. L’étudiant songea à passer par l’arrière ou du côté des terrasses, la place des vitrines centrales se trouvait moins fréquentée. Le bruit de la chute l’attira, il resta quelques secondes à l’admirer. La taille du magasin l’écrasait de haut en bas les colonnades doublées des dômes de verre perdaient à chaque fois son regard, en certaines places le lierre pendait. Les odeurs des boutiques descendirent jusqu’à lui, il passait devant une restauration rapide, acheta deux saucisses. Une foule l’attendait derrière également, las d’essayer elle l’emporta plus haut.

Ce trajet durant son portable passait de l’étui à sa main constamment, il tentait encore d’atteindre Luck dans l’idée de ne pas la surprendre, les sonneries se suivaient vainement. Toutes les caisses du marché se trouvaient occupées, les lignes balançaient nonchalantes dans les odeurs de fruits frais ou de pâte sucrée.

Elle lui tomba dessus : « Je te tiens ! » La hase avait surgi de nulle part à l’affût dans son tablier de travail elle n’avait pas hésité, ils se trouvaient étalés à terre entre les passants rieurs. L’étudiant laissait pleuvoir le flot de paroles, remarqua le téléphone dans la poche de l’employée. Elle avoua contente d’elle, avoir subtilisé l’appareil pour obliger quelqu’un à venir, encore plus satisfaite de son stratagème qu’il s’agissait de lui. Ses longues oreilles pendaient, elle se releva d’un bond, l’aida à retrouver pied. « Elle est au frigo ! » Puis incapable de se retenir l’employée appela tous ses collègues à grands cris pour qu’ils les laissent entrer.

Une fois derrière la porte de service les deux lourds battants se refermèrent, elle secoua la tête un peu vexée, lui fit la leçon. Selon elle, il traitait mal sa fiancée. Selon lui, il n’en avait pas. Elle fit encore mine de le gronder avant d’attraper une des deux saucisses et de l’avaler, surprise que sa victime ne se fâche pas. « Tu es si naïf ! » Une pointe de regret perça dans sa voix, qu’il ne perçut pas trop occupé à sa prochaine organisation, d’un doigt décida d’aller racheter une saucisse au stand le plus proche tandis que la hase irait avertir Luck en son nom – et lui rendre son téléphone. Elle étouffa un petit rire en le regardant repasser le double battants, secoua la tête.

Comme toujours le froid la fit grelotter à l’entrée de la chambre froide, elle évita la caisse déjà pleine pour l’allée huit, s’avança plus loin parmi toute cette chair en suspension. La louve se trouvait là, plus loin occupée par son ouvrage elle faisait voler sa chevelure d’un noir vif à chaque coup de hachoir, laissa son outil fiché. Son haleine glissa visible entre ses babines, roula sur son épaule, plus bas. Son amie s’était approchée à petits pas, lui bondit dans le dos, l’enserra en lui disant les premières paroles qui lui vinrent à l’esprit. Elle grogna, d’une main la repoussait plus vivement que le froid avait couvert ses gants lacés jusqu’au coude. La hase prit une mine dépitée : « Il est venu te chercher. » Comme la louve de cendre ne comprenait pas : « Tu sais bien : lui ! » Elle attrapa la caisse pleine, refusa l’aide que lui offrait sa collègue, quitta la pièce sans mot dire.

Selon le vendeur il faudrait plus de moutarde, l’étudiant ne posa pas de questions, autour de lui la foule ne discontinuait pas. Par les vitres troubles la ville s’étendait superbe, les toits se répétaient d’ici au-delà des pentes. Une vitrine attira son attention, laissant le marchand à son affaire il s’y dirigea, observa les alignements. Les jouets abondaient de toutes les formes pour tous les genres entre deux étagères les balles débordaient, allaient rouler hors des paniers. Il trouva enfin à l’écart les rares consoles, une de poche qu’il décida de prendre, le vendeur enregistra avec surprise. Dehors sa saucisse l’attendait vantée par son maître d’œuvre, il s’excusa le temps de la prendre pour retourner au marché.

La foule s’espaçait moins profonde de petites files canalisées devant les escaliers le séparaient encore des caisses, celles-ci passées il la vit près des plantes, prête au départ. La louve jeta sur lui un regard, « kh ! » elle se tourna pour attraper le sac de provisions. À l’arrière entre ses allées la hase fit un grand geste pour se faire remarquer, ils repartaient.

Ce ne fut que devant l’arrêt qu’il pensa à lui tendre son plat réchauffé, emballé dans le papier blanc chiffonné du vendeur. L’étudiant vit ses oreilles tirer en arrière, elle fronçait les sourcils, le pelage de cendre semblait brûler. Il prit cela pour un refus, insista, Luck attrapa la saucisse pour la laisser pendre à sa main tout le temps qu’ils patientèrent pour le bus. Le véhicule s’arrêta dans un hennissement du moteur, les portes s’ouvrirent, ils allaient prendre place quand le conducteur toucha son épaule du sole, se mit à rire. Le chauffeur lui rappela simplement que la vie était belle, tandis qu’il cherchait un sens à ces paroles le véhicule démarrait, poussé en arrière il alla s’installer. Les rues se mirent à défiler faites de façades blanches, les grandes artères, ils passèrent devant les jardins du centre avec les vastes plans d’eau et les grands jets.

À la gare tandis qu’ils descendaient les trains sifflaient au-dessus de leurs têtes, le réseau de rails ponctuait ses pylônes tout autour ils voyaient les voies s’entrecroiser, briser les arcs-en-ciel. La foule s’était clairsemée, dans l’ascenseur ils se retrouvèrent une dizaine, les vitres de verre laissaient glisser le vent du dehors. Il nota alors qu’elle avait fini sa saucisse, qu’il avait oublié la sienne, se dépêcha d’y mordre avant qu’ils n’atteignent le quai. Dans un long coulissement la cage s’immobilisa, une bourrasque leur rappela l’altitude.

Les deux écolières les attendaient plus excitées que jamais l’une poussait l’autre du côté de la ligne blanche elles se laissaient embrasser par les rafales, comptaient les voitures de trains. À sa question il apprit que Rye avait pris du retard, sans l’aide de la louve elle s’était trouvée seule pour pousser Coal à tenir sa promesse. Le scorpion avait finalement cédé, ils arriveraient dans quelques minutes. Là-dessus la souris un peu sèche qui se tenait derrière le pilier nota cette animation, s’approcha pour reconnaître son ancien assistant. Lui retrouva sa cheffe de projet, Hazy, ils s’échangèrent quelques souvenirs. Elle venait lui apporter le corrigé de son rapport ainsi que les dernières consignes de Field.

Bientôt le train se présenta, tous reculèrent, les deux derniers locataires apparurent au moment même où criaient les freins, ils se précipitèrent au quai. Tous montaient occupés à se couper la parole tous pressés d’atteindre leur destination, restée sur le quai Hazy réajustait ses lunettes, eut un petit hochement de tête sec pour leur souhaiter un bon trajet.

Dans les premières minutes ils découvrirent toute la cité alors que le train glissait sur la vaste courbe par-dessus la pente il se penchait, Juicy désignait l’appartement, à part eux le compartiment était à peu près vide. Ils se dirigeaient au sud si vite que le crapaud soudain inquiet voulut vérifier les billets. Derrière eux la louve avait choisi un siège, elle semblait dormir. Un lent mouvement de la tête la berçait ajouté au frisson de l’accélération, le paysage perdait ses formes plein de teintes les forêts pleines de vastes clairières séparaient de vastes plaines verdoyantes.

Les sacs débordaient entre eux bien rangés les écolières n’osaient plus y toucher, il aida à y charger les dernières commissions, ferma au plus près. Ils n’avaient ni l’envie ni le courage de les charger sur le haut, aussi encombraient-ils l’espace entre leurs jambes les petites tapaient dessus pour s’occuper. La radio s’enclencha sur une dernière minute, une commentatrice à la voix un peu usée informa des événements en direct, un nouveau combat là-bas à des centaines de kilomètres, trop pour jamais les concerner. Ils suivaient attentifs l’intonation alors qu’elle décrivait l’héroïsme en action, s’exclama à plusieurs reprises lorsque l’action s’intensifiait. La voiture allait en sens contraire, ils se levèrent tous à la conclusion emportés par cet élan toujours renouvelé de savoir que là-bas il se battait toujours.

Puis l’ennui s’installa, les petites partirent explorer le reste du train tandis qu’ils cherchaient à se reposer, le jour bien haut allait décliner au-dehors la forêt ne discontinuait plus, ils ralentirent peu à peu puis fermement la voiture de tête siffla, un arrêt sur pilotis surplombait les feuillages aux côtés de maisons de canopée. Tout le monde rassemblé se pressa de descendre, après eux le train repartit au lointain ils descendirent dans la ville végétale, se renseignèrent sur la direction.

Très vite les gens se raréfièrent, la troupe sentit peser sur elle une solitude inattendue. Des rumeurs d’animaux les entouraient, le soleil filtrait par les nuées de feuilles sur plusieurs niveaux les troncs vénérables découpaient autant de chemins étroits, les buissons leur paraissaient infranchissables. Derrière eux le scorpion traînait, tapait sur sa carapace ennuyé, sa queue amorphe glissait sur l’herbe. L’étudiant ne se guidait plus qu’avec sa carte, demandait à tous d’être à l’écoute, un ruisseau devait se trouver près d’eux que l’épaisseur de la végétation leur cachait. La petite souris restée près de Rye désigna sur leur droite un léger espace entre toutes les plantes, comme un couloir ouvert par la main naturelle. Elle arrivait à entendre le léger murmure de l’eau.

Il leur fallut le traverser après quoi le descendant ils découvrirent qu’il se perdait dans le sol, la loutre n’avait jamais vu ça. Elle cherchait encore dans tous les coins, creusait la terre sans y croire tandis que les autres votaient pour savoir par où continuer. Ils décidèrent d’avancer, après un quart d’heure Bufo supposait être perdu. Tout le monde se rassembla autour de la carte, chercha des repères, n’en trouva pas, au plus loin qu’ils pouvaient voir la forêt les pressait aussi semblable à leur gauche qu’à leur droite, les stries de champignons couvraient les troncs au-dessus de champs de fleurs, des écureuils curieux les observaient sur les branches, Juicy alla les rejoindre.

Revenir au ruisseau fit l’unanimité, ils se remirent en route, la nuit les menaçait quand ils conclurent que même le cours d’eau leur échappait complètement. Pearl se sentait misérable, ils en étaient à se diriger plein sud jusqu’à retomber sur les rails quand Luck planta le premier piquet.

Leurs tentes en cercles formaient un minuscule village, les filles n’arrêtaient pas de guigner sur les notes que prenait l’étudiant pour son rapport la nuit les couvrait tout à fait désormais, ils allumèrent leur premier feu de camp. Des milliers de lucioles éclairaient les bois, la fumée montait régulière enveloppait leurs baguettes, elles voulaient jouer avec les flammes. Coal avait planté son bâton pour retourner sous la toile, il revint seulement remplir ses mains. Ils jouèrent encore un peu la fatigue les enjouait, devant eux les braises l’une après l’autre craquèrent en brefs crépitements.

Bientôt les deux écolières allèrent ruminer sous leur tente, Rye rejoignit la sienne et l’étudiant alla retrouver le scorpion. Ce dernier mimait le sommeil, il lui glissa la console entre les mains. « Mmmmh » fut sa seule réaction avait d’allumer, toute la nuit le bourdonnement du jeu hanterait ses rêves. Il regarda pour s’endormir à travers la toile la forêt se mouvoir, les ombres de buissons ainsi que le feu distrait des lucioles dans les airs, respira le parfum fraîchi des fleurs, si différent de la cité. Alors qu’il pensait s’endormir un coup sec le surprit, une dernière branche dans le feu qui venait de se fendre, il ferma les yeux.
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Re : The chao's theory
« Répondre #34 le: Septembre 19, 2010, 07:35:39 pm »
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Enfin.

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De fines gouttes d’eau tapotèrent sur le tissu les ombres tièdes se distendait son oreille frémissait à ce changement, la rosée coulait maigre le long de la tente allait sur le piquet tomber dans l’herbe, le bruit l’empêcha de se rendormir. Toutes les fleurs au matin s’étaient rouvertes, il planait dans l’air des dizaines de senteurs fraîches, près de son sac de couchage celui de la loutre se tordait, la petite tournait dans son rêve. Pearl chercha encore un peu de chaleur, à saisir ses songes elle ne reconnaissait pas sa chambre, se rappela la forêt autour d’elle la toile laissait transparaître les silhouettes des arbres.

Une ombre voletait entre les deux pans de l’entrée une petite voix aiguë l’appelait, l’écolière se tira de sa couche, frissonna, elle écarta de ses doigts nus l’entrée de la tente. La créature s’était enfuie surprise par du mouvement près du feu la braise presque blanche craquelait, un très léger filet de fumée s’élevait toujours du foyer. Elle appela : « Flak ? » La jeune souris sortit enfin, fit quelques pas à l’extérieur.

Autour les bois s’étaient magnifiés dans les couleurs hésitantes du matin la végétation fleurissait, les pétales multicolores ponctuaient les vastes feuillages de haut en bas l’humidité donnait des reflets dans les nervures des feuilles, dégageait les tiges pleines de sève. Elle leva la tête, découvrit les branchages en grands entrelacs avec leurs grappes de fruits emmêlées, l’abondance la frappait aussi loin qu’elle pouvait voir le chant des merles répétait en écho des déplacements d’animaux pressés. Les hautes herbes lui chatouillaient les jambes, la petite se déplaça aux abords du camp où d’épais raisiniers présentaient leurs paquets de fruits rouges. Sa main tendue les toucha, n’en prit aucun.

Tout près d’elle la créature était reparue assez proche pour la toucher elle alla se blottir dans ses bras, poussa un petit cri enjoué. Elle reconnut son ami, ne parvint pas à s’étonner de sa présence si loin de l’appartement.

Comme elle lui intimait le silence craintive vis-à-vis du campement Flak parut se réveiller, quitta ses bras pour voleter du côté des arbres, s’agita jusqu’à ce que la petite le suive. Elle s’enfonça à sa suite parmi les hauts buissons entre les arbres la masse des feuilles lui couvrait le visage, son compagnon progressait plus vite, formait des boucles au-devant toujours plus joyeux à mesure qu’ils progressaient. La souris se retrouva au sommet d’un bref amas de pierres qu’il lui fallut descendre après quoi les derniers taillis s’écartèrent, elle les entendit jouer nettement. Devant elle s’ouvrait le petit étang d’eau si claire qu’elle paraissait de cristal, entourée d’une herbe basse et couleur de merveille. Ils étaient dix, vingt, plus encore, plus qu’elle n’en avait vu jamais de si près, qui vinrent jouer autour d’elle.

Quelques deux cents mètres séparaient la fontaine du camp, trop peu pour qu’ils en aient perçu la présence, assez pour que Pearl entende le cri hystérique de Juicy à son éveil. Elle se pressa de revenir là-bas la loutre appelait pour cinq, cherchait sous les sacs et derrière les cailloux, la souris remontait l’amas de pierres quand elle se rendit compte que les résidents de la source la suivaient. Le temps pressé ses efforts ne servirent à rien, le camp se réveillait surpris par l’agitation de l’écolière, celle-ci voulait monter aux arbres avec ses jumelles, abandonna son projet pour rouler avec la souris dans l’herbe dès son apparition. Elle ne remarqua qu’ensuite la foule de petits yeux enfantins qui la regardaient.

Bientôt la troupe passait l’amas, descendait aux taillis pour rejoindre la maigre clairière, Coal traînait derrière sa console entre les mains, l’air las, un des compagnons s’ingéniait à lui tourner autour. Bufo passait le talus à son tour, glissait sur les rochers sans peine quand le lieu lui apparut en entier, le bleu des créatures assemblées sur le bleu de l’étang le figèrent. Il sentit un frisson dans son dos puissant sa tête lui tournait, les pierres instables le faisaient chanceler. Ses yeux se focalisaient, s’amincissaient sur la couleur si profonde de la fontaine, il en respirait l’air, il en reconnaissait la teinte onirique dans le froid du matin, la rosée se détachant des branches allait sur sa peau couler par filets.

Le souvenir lui revint soudain du ciel qui s’ouvrait, de la nuit devenue jour il lisait les reflets du ciel à la surface du petit lac l’impression exacte lui revenait, il se rappelait l’impression d’écrasement, le monde qui s’effondrait. Une pierre avait dû s’échapper, il se retrouva en bas étalé entre roches et plantes, la tête perdue dans la feuillée.

Ses pensées bondirent de l’instant présent au héros d’une planète, à toutes les expériences qu’il avait faites l’étudiant crut ressentir la morsure du froid, le temps glacial de l’Holoska, sa mémoire y défilait. Deux petits yeux curieux obscurcirent sa vue, la tête aqueuse dodelina jusqu’à ce qu’il cligne des paupières, Rye s’approcha pour lui tendre la main. Elle l’aida à se relever tout en le moquant il lisait sur son visage le mince sourire fait de tristesse, en ce lieu la gazelle rayonnait. Sa présence suffit à le rasséréner, il s’en voulut de sa bêtise. Les filles ne les avaient pas attendus pour aller se baigner, elles s’amusaient au sein de tous les occupants aussi joyeux qu’elles.

Très vite la troupe mit en œuvre d’installer le matériel, enregistreurs et caméras sur trépied, ils installèrent les appareils munis d’antenne que Field avait exigés. La louve de cendre de l’autre côté de l’étang installait le dernier appareil par gestes brusques elle le fichait en terre, montrait les crocs. Cet éden miniature lui déplaisait, dès qu’elle eut fini Luck se retira sans un regard pour l’étudiant ni une oreille pour ses remerciements. Les premières données défilèrent sur le portable les mesures s’alignaient, il ne savait comment les interpréter songeur passait en revue les tables sans trouver de réponse, ce domaine le dépassait. Sous chaque angle les caméras filmaient les écolières occupées à se jeter de l’eau par brassées, à plonger dans la fontaine plusieurs minutes durant.

Près de lui vers l’amas de pierres Rye s’était assise, les mains sur son genou laissait bercer sa tête plus songeuse qu’il ne l’était, elle agrippait parfois les bords de sa chemise. Il se mit à l’observer elle, traça un brouillon de sa pose, chercha à représenter son expression. Au moment de tracer l’œil, du même trait gracile qui composait tout son être il effaça le recoin troublé, laissa son crayon en suspens, il avait remarqué cette traînée claire et brillante glisser sur la joue de seigle. Elle détourna la tête, l’étudiant la regarda marcher plus loin parmi les arbres. « Arrête d’épier ! » Lui hurla Juicy avant de lui ordonner de les rejoindre, les filles voulaient un compagnon de jeu sur lequel s’acharner.

Il déclina, lui-même ne se sentait pas bien, laissant ses appareils derrière lui Bufo remonta au campement. Ce qu’il avait vu le troublait moins que ce qu’il ressentait.

Rien ne bougeait plus au campement le foyer passé du blanc au noir reposait inerte dans le cercle de pierre les bâtons du soir formaient au-dessus un chapiteau, contre un tronc le scorpion jouait roulé de telle manière qu’il brisait son dos, cherchait l’ombre fluctuante. Les trois tentes en cercle dans les lueurs du jour avaient déjà séché, leurs couleurs vives juraient avec la flore. Il s’approcha, un lapin leva la tête de derrière le pied de sa tente détala, une volée d’oiseaux suivit. Le crapaud se sentit une fatigue passagère, trop brève pour qu’il retourne sous sa tente. Il avisa le sac de couchage près du feu, alla se coucher dessus le temps d’une sieste. Une rumeur sous la toile de tente lui fit savoir que Luck aussi se trouvait là, il la devina qui ne trouvait pas le sommeil.

Jamais la loutre n’avait été aussi heureuse, il pouvait l’entendre depuis le camp ses grands cris esclaffés, à cette distance le murmure des voix comme de l’eau lui parvenaient, emplissaient sa tête. Les mesures continuaient sans lui fidèles après le premier relevé il lui faudrait rédiger son rapport, les feuillets se trouvaient encore dans le sac. L’étudiant attendit couché que l’après-midi vienne avant de se lever, les écolières revenaient enthousiasmées elles jouaient de grands arcs avec leurs bras chacune répéta son histoire à l’autre, Rye suivait derrière les graphes en main ainsi que les relevés. Elle les lui remit, il remercia, quand l’étudiante lui demanda où était Luck il haussa les épaules.

Une seconde fois dans la journée ils redescendirent prendre les relevés, après un jeu dans la forêt tous retournèrent manger autour du feu, les écolières épuisées voulaient y retourner absolument. Le soir tombait, ils pouvaient voir les premières étoiles si nettes sans les lueurs de la ville la nuit noire allait les envelopper, il s’installa dehors avec sa lampe, sur un rocher, pour écrire son troisième rapport.

Sous la tente le bruit de la console perçait Coal recommençait le jeu pour la troisième fois presque par automatisme le bruit l’avait chassé dehors sa plume en mains, le feuillet à moitié rempli il cherchait les mots pour justifier sa recherche. À part lui tous avaient accepté de regagner leurs tentes, la louve de cendre gardait le foyer actif pour la soirée, lui arrachait encore des flammes. La toile les séparait, de dos il n’en devinait que les lueurs. Lui avait choisi de se placer en direction de la fontaine, trouva les mots, n’oublia pas de citer les circonstances de son projet.

Après quoi sa plume resta en suspens, la forêt n’avait rien des plantes tropicales dans le logement d’étudiants, la carte plastifiée dépassait sur ses genoux. Il soupira, derrière lui plus rien ne bougeait sinon le crépitement des braises, se penchant l’étudiant crut distinguer la chevelure déteinte, à nouveau d’un gris de cendre et sauvage se découper derrière la tente. Le téléphone quitta son étui, le numéro pianoté sans sonnerie quelques secondes passèrent. Il se mit à parler, à voix basse, tranquille. À l’autre bout du fil la voix se fit dure, pleine de reproches, la distance lui permettait de l’ignorer.

Des pas derrière lui pressèrent l’échange, tandis que Rye à son tour s’asseyait il parlait de rappeler, coupa court à la discussion. « Qui était-ce ? » Elle ne parvenait pas à cacher ses doutes, à l’absence de réponse secoua la tête, avoua que cela n’avait pas d’importance. Il avait appelé Ninja.

La gazelle s’était levée sur une intuition, seule Juicy dormait encore dans son sac de couchage, elle cherchait Pearl. Il continuait de regarder du côté de la fontaine le rire cristallin de la souris leur parvenait presque, à travers l’obscurité le reflet miroitant de la source produisait sa propre lumière, si faible. Elle laissa glisser sa tête, la posa sur son épaule. Sa difficulté à remplir la seconde page de son rapport l’amusait, Rye n’avait pas cessé d’en écrire deux ans durant, elle racontait ses aventures d’étudiante avec nostalgie. Il la sentait paisible, lui-même calme dans le soir la corne striée touchait sa nuque, le toucher de la chemise les séparait, les étoiles formèrent des constellations.

Par-delà les arbres ils devinaient la présence de tous ces habitants des bois l’impression grandissait en picotement la nuit frémissait, il dressa un peu la tête, elle aussi l’avait entendue. Un souffle inaudible se glissait jusqu’au campement toujours plus haut plus sensible les notes prenaient corps, il frissonna à ce souvenir. Les silhouettes de feuillages se détachaient légèrement ombrés par de fines lueurs, les bois devant eux se paraient d’une nuit nouvelle la mélodie leur parvint en rumeur, il la reconnaissait si claire dans des teintes de verre ou de diamant. Un fourmillement courut sur les branches par les buissons prenait vie les deux étudiants assis observaient grandir le chant.

Celui-ci s’éleva mélodie enfantine les ombres se dégageaient, leurs cœurs serrés ils se sentaient pris dans un courant, une collerette éthérée découpa toutes les plantes leurs corolles gorgées en lignes brillantes, les silhouettes se découpaient incertaines dans le lointain, ils se laissaient deviner à travers le halo si clair devant eux les bois animés n’existaient plus qu’à travers cette couleur de dégradé jointe aux ténèbres, les créatures chantaient ensemble le même air le même qu’à la cité la rosée du soir jetait une infinité d’éclats, ce chant d’une autre réalité les laissaient sans voix.

Contre son épaule la tête de Rye frotta la gazelle se laissa glisser plus avant, émerveillée par le spectacle de tant de lumière, de tant de son, ils le regardaient ensemble assis l’un contre l’autre la forêt irradiait dans la fraîcheur nocturne, loin de la ville comme du monde la clameur imposa son ordre au monde les bois ne furent plus qu’un support à ces flammes de bleu intense, il se rendit compte alors à quel point il faisait clair, le faisceau de sa lampe ne se voyait plus. Son cœur battait lui-même entièrement relâché ne résistait plus à l’attrait, la torpeur le gagnait contre laquelle il ne savait pas lutter ces voix enfantines rendaient vie à l’impossible, à tous les souhaits tous les espoirs secrets jusqu’alors réservés, ses émotions y trouvaient une existence hors de lui.

Plus rien n’existait que ce feu éphémère la comptine les berçait il devina parmi les silhouettes lointaines, si nombreuses, celle de la jeune souris. La mélodie lui arrachait ses soucis et ses craintes il laissait faire charmé, écoutait l’impossible devant lui se réaliser. Contre son bras la gazelle s’était assoupie, les yeux mi-clos son sourire avait perdu la tristesse, gagné la quiétude, il prit conscience de ce qui se passait. Un besoin, un infime sentiment au plus profond de lui hurla de s’arracher à cette transe, il ne voulait pas, écoutait ce chant tant qu’il pouvait exister, souhaitait ne plus le perdre quoi qu’il arrive. À son tour sa tête penchait pour dormir contre celle de Rye, il souriait aussi.

Le coup de feu éclata en même temps qu’un cri. Ils se séparèrent surpris par l’obscurité la nuit avait retrouvé ses ténèbres, seul demeurait le bruit des grillons au-delà des clairières, le bruissement des feuilles.

Elle le regarda inquiète, il avait la même pensée Juicy sortait à son tour ensommeillée, demanda ce qui se passait. « Où est Pearl ? » La détonation vibrait encore dans leurs oreilles toute proche la loutre regardait autour d’elle, la lumière indiquait que Coal continuait à jouer. Un second tir claqua à deux cents mètres il résonna jusqu’à eux en coup de vent passa si vive qu’ils eurent à peine le temps de la distinguer, son pelage gris de cendre s’était confondu aux ombres elle disparut par les taillis en direction de la fontaine.

Ce qu’il dit avait été désarticulé, peu de sens, la peur exprimée du danger, il avait voulu la dissuader peut-être, tous la suivirent.

Derrière eux dans le camp ne restait plus que Coal, la console sifflait sur ses batteries il pianotait les mêmes combinaisons encore et encore depuis hier le mouvement répété les couleurs changeaient à peine, il ne quittait pas l’écran des yeux. Couché sur la carapace son corps s’était crispé, tendu au point de rompre il pressait les touches, ne les lâchait plus, il venait de perdre, ne lâchait plus le bouton, regardait l’écran de défaite. Les autres couraient dans le noir leurs appels se faisaient écho, un troisième coup de feu plus loin acheva de jeter la confusion.

Il traversa l’amas de pierre, sentit la roche sous ses chaussures mordre puis les hautes herbes, un cri à gauche le détourna. L’étang abandonné reposait sous les astres son pâle reflet se découpait en miroir, aucune trace des occupants, le longeant Bufo gagna les arbres. Le trépied sur place avait été bousculé, plus haut il retrouva les autres, tout le groupe autour de Luck. Elle était couchée contre le tronc d’un arbre, immobile, les yeux grands ouverts elle soufflait, ne disait rien il devinait seulement les traits de son visage.

Le troisième coup de feu avait été pour elle, alors qu’elle apercevait le fuyard silhouette entre les taillis la souris le poursuivait elle s’était mise à sa suite, il s’était tourné pour tirer sur la louve. La munition avait frôlé son visage, elle avait cru la voir avant de tomber, sans même la toucher le coup l’avait paralysée, elle reposait contre le tronc incapable de contrôler sa terreur, elle tremblait. Il la voyait faire des efforts pour se concentrer, chercher de la colère qui ne venait plus, la louve parvint seulement à les chasser.

Juicy revenait entre ses doigts la munition tirée, elle la leur montra dans l’obscurité Bufo braqua dessus sa torche. Il s’agissait d’une ampoule à pointe fine, une seringue.

« Rye… » La voix de la loutre hoquetait. « Rye je t’en prie… » Toute la colère que la louve ne trouvait pas, elle l’avait. « Appelle Pupil… »

À travers l’obscurité leurs gestes se décomposaient, il s’était écarté déjà dans le rayon de sa lampe reconstituait la scène, se soufflait d’agir sans savoir quoi faire partout les arbres découpaient le même horizon, il se rappela son impuissance dans le nord, sur le coup sentit ses jambes mollir. Alors entre ses lèvres il se répéta les mots qui l’avaient fait tenir, là-bas, ce qu’il avait appris, que tout d’une manière ou d’une autre se finirait bien.

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Journal :
Réussi à lancer le chapitre grâce à l’attente de Pupil. La verdure dans le bâtiment était planifiée depuis le tout départ, avec le besoin de coller à un esprit proche de la nature. Résultat moyen, comme la chambre de Pupil inspirée sur l’instant.
Bufo aurait dû lui faire la leçon sur la confiance mais je pense que cela ira de soit.
Je me suis retrouvé en début de page deux presque sans plus rien à faire – vu que c’est Pupil et non plus Luck qui trouve la fontaine à Chao – aussi ai-je planifié un passage à la gare et improvisé un retour au magasin qu’il me faut maintenant motiver. C’est une chance car la première fois (voir chapitre 4) était vraiment isolée. Cela me permet de plus de continuer sur la fin du chapitre précédent.
Même problème dans le train où ils n’ont rien à faire, même si le plan prévoit à ce stade qu’ils aient déjà atteint la forêt les événements s’enchaînant je sais qu’il me faut placer quelque chose là. Il est déjà décidé qu’ils se perdront, dormiront et que le lendemain Flak leur révèlera la fontaine. Pour le train j’ai choisi Sonic et reporté la console à la nuit de camp.
La découverte de la fontaine à Chao est assez faible, peu motivée. J’ai pensé à retranscrire l’influence des Chao sur les personnages et repris cette éternelle relation entre Bufo et Luck. Ma plus grande difficulté à présent est de faire venir le soir sans que ma seule transition soit le temps qui passe.
Le chant des chao ne donne pas grand-chose et l’enchaînement par la suite est plutôt médiocre, la conclusion bâclée – mais cohérente avec cette seconde partie. Au fond j’ai presque manqué de place pour la fin. Reste à voir si je pourrai enchaîner avec le chapitre 11.
« Dernière édition: Juin 07, 2011, 09:59:33 am par Feurnard »
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Re : The chao's theory
« Répondre #35 le: Septembre 27, 2010, 07:55:58 am »
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Dans l'épisode précédent un groupe de locataires décide d'aller en forêt découvrir une fontaine à chao (pour les moins flèches d'entre vous), assiste à un phénomène récurrent avant que la souris du groupe ne disparaisse dans des coups de feu.

The Chao's
Theory

Episode 11 :

Elle avait appelé l’Unité. La voix de la gazelle dans l’obscurité avait perdu toute assurance, le blanc laiteux de ses yeux fixés sur Bufo elle répondait, expliquait les événements, tout ce qu’elle savait. Près d’eux les troncs marquaient autant de barrières sur fond de feuillages la nuit les enfermait, seule la lampe qu’il tenait éclairait encore. Elle regardait fixement l’étudiant, non pas le faisceau mais lui-même à chaque mot qu’elle prononçait, il n’y lisait qu’un désordre d’émotions contraires.

De sa lampe il éclaira Juicy contre les racines le visage couvert par ses bras elle gardait les yeux fermés, au-dessus d’eux les étoiles n’avaient plus le moindre éclat. Seules bruissaient les feuilles dans l’air, la fraîcheur leur rappelait la cité universitaire. Luck enfoncée au sein de l’ombre n’était plus qu’une silhouette, la même à s’être précipitée aux coups de feu, la même à s’être écroulée au pied d’un arbre, le contour de son dos aux faibles lueurs de la lampe ondulaient, sa crinière de cendre reflétait une pâleur sélène. Elle marchait, quelques pas, ne disait rien. Il ne disait rien non plus, seule la gazelle parlait.

Quand la communication s’acheva elle refermait son téléphone, il leur fallait partir. La fontaine au milieu de sa clairière n’était plus qu’une surface plane où les lueurs mimaient autant d’astres. Cette profondeur, ce mélange du ciel et de la terre effraya l’étudiant, il rappela le matériel, tous s’empressèrent de le récupérer. Les trépieds se refermaient par claquements ces bruits répétés leur firent bondir le cœur autant de fois, ils enroulèrent les câbles, le graphe avait continué de tourner, tout ce temps, ainsi que les images. Cela fait la jeune loutre alla se coller à Rye, ils remontèrent au camp.

Deux lumières les attendaient, la tente où le scorpion jouait toujours ainsi que le feu si longtemps attisé que ses flammes surgissaient de derrière les toiles.

Tout ce temps le campement avait gardé le même contraste de couleurs vives sur le fond végétal, la disparition de Pearl ne l’avait pas perturbé. Tout devait être rangé, aucun d’eux n’aurait su dire le temps qu’ils auraient avant l’arrivée des personnels, s’ils arrivaient. En entrant dans sa tente l’étudiant voulut croiser Coal du regard, en vain, ce dernier ne lui porta pas la moindre attention. Sans un mot Bufo récupéra la carte pour en déchirer le plastique, après quoi il sortit la jeter dans les flammes. Les feuillages fulminaient au-dessus d’eux il n’aurait su dire au travers si la terre était plus colorée que les astres.

Puis leur ardeur se décupla devant la difficulté d’arracher les piquets, les toiles de tente tombaient une à une ils cherchaient à les plier, se mêlaient dans le noir. Leurs souffles répondaient au bruit des grillons, Luck allait d’un coin à l’autre le long du brasier aider aux paquets, rouler les sacs, il y avait bien trop d’affaires. À son tour le scorpion aidait, à moitié absorbé il défaisait les attaches lui aussi sombre dans la nuit la troupe se voyait à peine, les lampes déchiraient l’espace alentours. Juicy, perdue, empaquetait de son côté les deux sacs sans savoir comment s’y prendre, hésitait, il lui fallait constamment de l’aide.

Quand il put revenir à ses affaires leur tente tenait toujours debout, l’étudiant enfonça dans les poches les divers appareils avec leurs mesures, il allait faire de même pour les graphes, s’arrêta. Vers la fin les courbes, toutes les courbes, s’étaient affolées. Sans savoir ce qu’elles pouvait signifier il resta à les fixer, comme étourdi.

Sa rêverie cessa avec le hurlement des machines soudain les projecteurs les surprirent ils se découvrirent au sein d’une lumière plus vive que le jour. Dans un bruit sourd couvert par les pales le matériel tombait des caisses lourdes de métal suivies de soldats, ils étaient dix ou douze découpés par les feux aveuglants, ils s’approchaient. Eux surpris sans pouvoir faire un geste se laissèrent encercler, les rotations de l’hélicoptère les rendaient sourds, un officier présenta sa plaque. Par gestes il demanda à Rye une direction, elle hocha la tête. La machine s’éloignait enfin avec elle les lumières seul le feu de camp resta ainsi que les lampes des soldats chaotiques dans les ténèbres, l’officier insistait, leurs armures d’un noir charbon n’offraient aucune prise, ils s’imposaient.

Une dernière fois le militaire insista alors que sa troupe sécurisait le périmètre il avait besoin de savoir où l’agression avait eu lieu, il fit l’erreur de dire, où était la fontaine, Rye refusait de répondre, ne disait plus rien. Alors l’officier se tourna vers l’étudiant, l’appela. Il regarda la gazelle, son visage sombre et fermé, à son tour garda la silence.

« Assez ! »

D’abord il ne reconnut pas cette voix aiguë, si désemparée, avant de voir Juicy le museau pincé, les yeux clos, chaque trait sur sa face ouvert. Elle avait fini de jouer, tous ces secrets et ces non-dits constants, ces questions de lutte, ces rapports de force qui l’avaient tant de fois amusée à présent elle les abhorrait. Plus de mensonges, plus de messes basses, ils seraient libres une autre fois de jouer aux espions ou aux petits soldats. À l’instant où le corps tremblant elle chancelait, tout ce qui lui importait était que quelqu’un aille secourir Pearl. Alors, sans se soucier ni des regards ni des réactions elle désigna la direction de la fontaine, elle criait le doigt pointé, répétait qu’ils y aillent.

Bientôt les soldats Bufo en tête passaient le talus de pierre, les faisceaux de leurs torches tranchaient dans le noir autant de passages. L’étudiant fit une pause aux derniers buissons prêt à les passer il respira, les pensées emmêlées, l’officier lui tapa l’épaule, lui fit signe de rester en arrière. Il vit toutes ces ombres armées disparaître deux soldats restaient sur le talus aussi silencieux que lui, ils attendaient. Puis à leur tour ils s’avancèrent la clairière leur apparut l’étudiant alla presque jusqu’au centre, le ciel brillait si profond qu’il aurait pu s’y perdre, il marchait là où aurait dû se trouver l’étang, il ne restait rien.

Ce fait le frappa d’abord, de découvrir le lieu aussi vide rien ne restait pas même les rigoles où courait l’eau ni le relief du minuscule lac, un frisson l’avait parcouru qu’il attribua au froid. Comme lui les soldats concluaient qu’il n’y avait plus de fontaine, par deux ils allaient se dispersant à travers les arbres, toujours plus loin leurs lueurs s’étouffaient une à une il les perdit de vue. Devant lui le lieutenant, l’officier observait les étoiles l’air aussi perdu il avait dégagé le cou de son gilet, parut plus vif ou plus abordable. Il l’informa des graphes, de l’ampoule retrouvée ainsi que des caméras. Avant de lui répondre le militaire resta encore quelques instants à observer l’immensité.

Sans bouger il transmit ses ordres la radio n’était visible nulle part, les réponses très faibles tressautaient dans l’air il ordonner de chercher encore, lui-même ramenait l’étudiant au camp. La troupe avait voulu lever le camp, il demanda pourquoi, ordonna de répondre, le crapaud se découpait dans la clairière livide il esquiva la question, parla de panique, du coup de feu. Tout son matériel serait réquisitionné, les recherches dureraient aussi longtemps que nécessaire ils resteraient là, l’officier referma son gilet jusqu’au menton. Il allait s’écarter, Bufo mentionna Ninja. Il avait besoin de savoir. Le lieutenant ne répondit pas.

La plaine avait remplacé les arbres des champs ondulés traversés de haies d’arbres ainsi que d’habitats, les premières lueurs passées elle voyait se détacher tout le ciel empourpré aux collines lointaines, plus près le défilement des caténaires. Toutes ces heures passées l’idée que le matin viendrait ne lui avait pas traversé l’esprit, cette vue mouvante si familière lui rappela combien elle était épuisée. Les roues du train sifflaient à chaque tournant la voiture penchait, elle aussi par la porte ouverte regardait le vide au-dessous d’eux.

Ils roulaient à plus de vingt mètres du sol, sur une voie aérienne, les vieux pylônes d’acier à leur passage grinçaient.

Face à elle appuyé contre le battant coulissant se tenait son ravisseur, Pearl le découvrait enfin. Il était comme dans ses rêves, tout ce qu’elle avait pu imaginer pour avoir entendu les rumeurs, tout ce qu’elle avait pu en glaner ces derniers temps. Son pelage n’était pas teint mais naturel, une couleur de mauve assombri à force d’une vie nomade. Il avait posé le coude contre le bois les doigts sur son chapeau le bordaient, le tenaient sur son visage. Elle voyait son sourire assuré, moqueur, d’où dépassait la pointe d’une canine. Ils disaient que les chats étaient moins sauvages encore que les belettes. Elle le vit remuer la peur lui vint qu’il la remarque, comme à chaque fois une impatience lui faisait bouger le corps.

Avant tout ce qui effrayait la jeune souris était l’arme qu’il avait calée dans son dos, dont le canon dépassait si long qu’elle pouvait le voir et mat, le métal pourtant avait ce gris très clair qui la captivait. Le viseur, aussi, elle l’entrevoyait, une lunette plate à objectif large, une arme de chasse pour un prédateur. Enfin aux bottes du belette se trouvait le sac où, elle le savait, un de ses amis était enfermé. Ce sac tout en toile n’avait pas remué depuis des heures.

Il avait relevé le bord du chapeau, elle s’en rendit compte et les yeux grands ouverts découvrant le visage de son agresseur la souris se renfonça dans son coin. Dans son regard il avait quelque chose de féroce. Pourtant l’inconnu s’amusait, son sourire s’était élargi découvrant plus de dents pointues, elle serra les poings sous sa gorge, n’osa rien dire. Pearl ne savait pas que son regard affrontait le sien, n’avait pas idée du courage dont elle faisait preuve. Il attrapa dans son dos l’arme, la tira devant lui à ce bruit de la crosse raclant le plancher elle baissa la tête, laissa échapper une plainte. Lui se contenta d’en approcher la poignée de charge, juste au-dessus, de faire glisser le clan de sûreté la chambre vidée il la remit en place, tout aussi calme.

Quand elle releva la tête il ne la regardait même plus, ne lui faisait plus face, la belette dos à la paroi laissait passer le temps totalement insouciant. Elle regarda encore dehors le vide et la distance chercha aussi loin qu’elle pouvait voir par son coin si derrière se dessinait encore la forêt, elle avait disparu depuis longtemps. Les minutes s’écoulèrent, il ne disait rien, elle ressentit enfin le sentiment qui la mordait. La souris l’interpella, sa voix s’était enrouée, il la remarqua à peine. Elle répéta, en même temps cherchait à se lever, un cahot la fit retomber par terre. Ses jambes après leur course toute la poursuite de la nuit lui restaient faibles, elle parvint néanmoins à tenir debout.

Tout ce qu’elle voulait dire était, qu’il relâche son ami. Il y en avait plusieurs, alors il devait les libérer tous, il ne le ferait pas. Ce ton désinvolte fit monter en elle la colère plus forte qu’il ne réagissait pas, elle parla plus fort et plus claire sentait ses membres trembler. À sa surprise, il se mit à rire. « Alors t’es juste une enfant naïve ! » Ces mots la pétrifièrent. Tout ce qu’elle avait emmagasiné d’émotions vives tout au long de ces heures renforcées par la fatigue s’écroulait, toutes ses assurances sans qu’elle sache les retenir ses paroles seules, à elle, la faisaient tenir. Elle ne le fixait plus lui mais son arme.

Plutôt que des ordres la jeune souris voulait savoir, pourquoi il s’en prenait à ses amis, pourquoi il les agressait et les capturait, au moins qu’il s’explique. Le belette secoua la tête, en manière d’excuse lui dit de retourner à l’école. Elle ne savait rien, n’avait aucune idée ni de ses motivations ni de ce qui se passait, là-bas, dans cet horizon que la souris ne cessait d’observer quand elle voulait s’échapper. Il ne l’avait pas dit ainsi ses mots à lui la décontenancèrent si bien qu’elle aurait voulu se jeter sur lui. L’arme l’obsédait ainsi que le sac, elle aurait voulu s’en emparer.

Tandis qu’ils parlaient une ombre se faufila au-dessus d’eux par les chevrons du toit Flak était resté caché, tout ce temps après avoir voltigé comme Pearl dans la forêt, dans l’obscurité à la poursuite du tireur il avait comme elle bondi dans la voiture, alors que le train accélérait elle s’était retrouvée sous la menace de l’arme, il était resté caché tout ce temps. La créature ne pesait rien, il poussa un cri en tombant sur le ravisseur, s’abattit sur son visage. Le voyant faire à son tour la souris se précipita le souffle court elle lui attrapa le bras, chercha à le tirer à terre sans comprendre la balance il la chassa d’un coup sec, elle balança près du vide, revint à la charge. Il saisissait le fusil d’une main, de l’autre gantée du même gant de cuir épais il la saisissait au poignet, la jeta contre la paroi.

Elle sentit le choc, sa nuque qui la brûlait, Flak poussa un cri en tombant. La crosse s’abattit sur le dos de son ami, elle cria de le relâcher. À la façon dont il dit « chao », à son visage redevenu violent la petite souris sentit son cœur ralentir, cependant la crosse relevée un peu le laissa s’échapper.

Aucun d’eux ne pouvait plus rien faire, lorsque le jour s’était levé l’évidence encore plus forte les écrasait, ils s’étaient retrouvé au milieu des militaires à les gêner, près des tentes à moitié démontées leurs sacs remplis, sans appétit, ils attendaient. Sur l’insistance de la loutre Coal avait abandonné son jeu, le dos arrondi il jouait avec les brins d’herbe. Depuis longtemps le foyer avait tourné à la cendre. Constamment six militaires avaient occupé le petit espace entre les arbres encombré des caisses ouvertes où les munitions côtoyaient les toiles réglementaires, ces heures durant personne ne les avait renseignés, ils se consultaient chacun sans se parler avec la même question de partir ou de rester, pourquoi ils restaient.

Sans le matériel de recherche l’étudiant n’arrivait pas à penser à leur amie disparue, seulement à ce pic dans les courbes qu’il n’avait pas pu interpréter, aux instants précis il en était sûr où avait eu lieu le chant. Plutôt que de se morfondre il avait sorti son bloc-notes pour y retrouver les nombres de ses premiers rapports, les comparer au bref aperçu dans la nuit des chiffres énormes rien ne correspondait, le phénomène ne se reproduirait plus. Le lieutenant revint vers eux sans son casque la crinière lui retombait sur les épaules, il leur expliqua que les recherches continuaient, que son unité camperait sans doute sur place.

La première le soleil se levait désormais près de submerger les arbres la lumière les échauffait Rye parla d’un ton sec, le plus dur qu’elle trouva, les traita d’incapables. Elle regrettait de les avoir appelés, elle regrettait de s’en être remise à eux, elle voulait s’en aller. L’étudiant la voyait chercher un appui chez les autres, la loutre accepta sans réfléchir comme elle acceptait de rester, plus rien ne lui importait. Luck hésita, la louve de cendre se referma sur elle-même il la vit troublée pour la première fois, elle finit par se détourner agacée.

Rien de cela ne dissuada la gazelle, en dernier recours elle chercha un appui vers lui, dans son attitude, dans ses gestes. Il vit miroiter sur son visage tourmenté par la nuit ce mince sourire triste, la ligne gracile brisée par cette attente, il aurait voulu dire oui. Elle répéta : « Je refuse de ne rien faire. » Elle dit : « Je veux agir ! » À ces mots le lieutenant fronça les sourcils, il balançait son casque dans sa main s’apprêta à répondre, les informa seulement qu’il valait mieux pour eux de rester sur place. Un instant Bufo avait craint qu’il le regard lui aussi, sans savoir pourquoi ni sans chercher il se sentit rassuré quand l’officier s’éloigna.

Elle était seule, autour d’eux les soldats s’animaient toujours de cette existence hors de la leur ils les regardaient faire, Rye debout fit quelques pas vers son sac, laça la courroie des poches avant de le remplir. Elle allait lentement, ne disait rien. Un soupir dans son dos lui fit tourner la tête, à son tour le scorpion s’était penché sur son sac, la queue amorphe dans l’herbe il jetait pêle-mêle tout ce qui lui tombait sous la main, sans souci, seulement absorbé par sa tâche. Le sourire, même mince, s’éclaircit. Le reste de la troupe suivit sur les affaires en désordre les sacs se remplissaient, les soldats regardaient faire sans réagir.

Dès lors tout alla plus vite, en plein jour les tentes disparurent sous leurs mains ils jetèrent tout si bien qu’à part le cercle de pierre plus rien ne restait de leur présence, les six sacs s’accumulaient Luck en attrapa deux, mit le premier sur le dos, le second sur le ventre. Un soldat l’interpella alors, il chercha à lui parler sans se faire entendre, l’étudiant n’en entendit que des bribes trop faibles pour comprendre. Les termes hachés ne signifiaient rien, cependant Luck jeta au militaire un regard noir, serra les poings, il devina le tremblement dans les jambes. Elle prit la tête de la troupe lorsqu’enfin vint le moment du départ, tous reprirent la route en direction de la ville végétale.

À chaque pas ses pensées y revenaient aimantées par les traits qu’il avait lus ses efforts n’y faisaient rien, il aurait voulu comme tous ressentir tous ces secrets de tourments pour la petite souris, Pearl lui manquait réellement. Les graphes l’obnubilaient, cette courbe détenait une réponse à la question qu’il n’avait jamais su se poser l’espace d’un instant dans la nuit il se l’était rappelée, quand il fermait les yeux dans le bus ou dans ses moments de rêverie, il lui fallait savoir ce qui s’était passé cette nuit-là, avant qu’elle ne se fasse enlever. Ce besoin de savoir lui permettait d’éviter les questions plus douloureuses qu’il réglait en se répétant que tout d’une manière ou d’une autre se terminerait bien.
« Dernière édition: Octobre 03, 2010, 02:33:08 pm par Feurnard »
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Re : The chao's theory
« Répondre #36 le: Octobre 03, 2010, 02:35:54 pm »
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Voilà pour l'aventure.

****

Dans le jour levé la forêt se couvrait d’insouciances les rais de lumière faisaient briller la rosée, les fruits mêlés à leurs fleurs débordaient de couleurs vivaces les oiseaux lançaient des chants rieurs, ils entendirent plus loin couler le ruisseau. L’eau claire murmurait sur les galets, les filets à travers chargeaient l’air de leur fraîcheur. Au-dessus le ciel se découpait dans la mince éclaircie des feuillages ils pouvaient voir les nuages légers s’évader, de l’autre côté du cours l’herbe abondait plus verte encore. Ils traversèrent sans un mot, la tête basse chacun regardait où mettre les pieds, leurs semelles claquaient. Un daim jusqu’alors caché releva la tête, les regarda passer.

Plus loin les premiers sentiers de terre leur permirent de se repérer. Ils trouvèrent les premières maisons paisibles sur les encorbellements des troncs les enfants se coursaient, ils entendaient les rires. Les vastes arcs des ponts apparurent qui dessinaient autant d’artères aériennes, les lianes liées allaient de balcon en balcon sous les avancées de larges palmes. La troupe se mêla aux gens entre tous les habitats accumulés la ville irradiait de ses beautés ils voyaient, partout, autant de sourires qu’ils pouvaient en compter. Avant la gare comme ils approchaient un vaste écran diffusait les nouvelles du jour, ils virent la rediffusion des dernières heures commentées si lointaines, à des centaines de kilomètres, se laissèrent captiver. Juicy parla la première, quelques mots moins tristes.

De nombreuses personnes se pressaient sur les quais bien plus qu’à leur arrivée ils les entendaient agacés, les panneaux flottants avaient été vidés, aucun train ne couvrait les rails. Comme ils se mêlaient à la foule les rumeurs leur parvinrent des employés comme des passagers, tous les trains en direction de Lagonia avaient été annulés. Luck partit s’informer la foule l’absorba, avec les autres l’étudiant trouva un banc resté libre où ils se laissèrent choir. Un train passa sans s’arrêter les wagons firent s’abattre des rafales à leur passage, les gens retournaient en ville, ils restèrent. Quand la louve revint seuls quelques groupes restaient encore sur leur quai, un autre se chargeait dans le même mouvement des horaires ils les voyaient venir puis partir désabusés.

La loutre demanda pourquoi il n’y avait plus de train. La décision venait de l’Unité, de même que les routes se trouvaient déviées le trafic entrant avait été coupé.

« Et maintenant ? »

Il alla le long du quai mesurer le vide soudain cette frontière qui les empêchait d’avancer la ligne blanche se dessinait jusqu’aux bordures suspendues dans les airs, les rails partaient sans eux vers le lointain, en un coude disparaissaient. L’étudiant parla à quelques groupes où se partageait le même sentiment fait de soupirs et de résignation, ils repartaient plus soudés se disperser dans la ville. Comme il revenait Bufo croisa un employé plus jeune que lui, un castor à l’uniforme trop grand de cheminot, il demanda s’il n’y avait aucun moyen absolument. Il insista, demanda pourquoi le gardien des nations avait pris cette décision, enfin en désespoir de cause l’étudiant parla de Pupil.

Face à lui l’attitude du castor changea du tout au tout, ce dernier se mit à sourire l’air malin, la casquette lui tombait sur les oreilles, il disposait de sa propre locomotive. Bufo lui désigna le groupe, à sa surprise l’employé connaissait Rye, il s’en voulait de ne pas l’avoir vue plus tôt. Déjà ils se séparaient, l’étudiant revint vers la troupe leur expliquer sa rencontre. La gazelle se leva étonnée : « C’est un Freedom Fighter… » elle n’eut pas à terminer, il expliqua simplement qu’à ses yeux c’était un moyen de regagner la ville.
Juicy ne voulait pas regagner la ville, elle voulait retrouver Pearl.

Entre eux la discussion n’avait pas cessé qu’un sifflement monta de derrière les longs hangars aux toits de palme, de grandes bouffées noires s’échappèrent avant que ne surgisse la vétuste motrice à pression hydraulique au-dessus des roues les pistons crachaient également de la vapeur, la locomotive glissa rapidement jusqu’à eux pour s’immobiliser dans un grand crachat. Le castor se montra par l’entrée de la cabine il leur fit signe de monter, toute la troupe s’ébranla. Autour les autres passagers s’étonnaient de voir le véhicule sur les rails souffler et cracher prêt au départ, ils observaient l’embarquement. La gazelle avait grimpé, elle échangea quelques mots avec le cheminot qui, gêné, jeta un regard au crapaud. Il semblait s’excuser. Juicy s’était enfoncée déjà dans la cabine pour y disparaître, la louve de cendre ensuite lança les sacs un à un avant d’embarquer désinvolte.

Des commentaires montaient près d’eux des personnes dispersées qui les regardaient faire, il pouvait les entendre parler des Combattants, en partie désapprouver, les plus jeunes qui s’excitaient. L’étudiant regarda Coal toujours assis sur le banc, les bras croisés son regard se perdait dans les panaches de la cheminée, il se décida. Le scorpion se laissa tirer dans la locomotive où il alla s’affaler. Bufo allait suivre quand son portable se mit à sonner, il consulta le numéro, celui de Ninja.

Sans même y songer l’étudiant regarda partout sur le quai persuadé que quelqu’un l’observait, quand il eut dissipé ce sentiment il lut le message, le texte défilait entrecoupé l’agent utilisait plus d’abréviations que les jeunes, puis il découvrit le dossier joint. Elle lui avait renvoyé tous les graphes, toutes les données récupérées à la fontaine, rien ne manquait. Ninja ajoutait que son amie ne risquait plus rien, ils l’avaient retrouvée, elle allait bien. Enfin il recevait l’ordre, il l’interpréta comme un ordre à cause des majuscules, de rester sur place au moins jusqu’à demain. Le message avait été envoyé avant qu’elle n’abrège le dernier mot.
Depuis le train Rye l’appela, lui dit de monter. Tous l’attendaient à bord, le castor fit siffler avant le départ. Il sentit soudain ce qu’il était sur le point de faire.

Une sonnerie stridente les éveilla tous deux, jusqu’alors les grincements de la voiture les avaient bercés ainsi que le paysage, elle avait découvert la région faite de crêtes et de creux emplis de marais puis de nouveau les arbres, là-dessus son téléphone lança la musique à la mode qui la fit tressaillir. Le belette l’avait entendu aussi, il la regarda d’un œil sous son chapeau rabaissé. Pearl glissa la main pour sortir son cellulaire, Flak à côté d’elle l’y aida, elle le prit en main, voulut répondre. En un pas son ravisseur était sur elle, il avait saisi le combiné, demanda comment ce genre d’engin fonctionnait. La jeune souris prise au dépourvu se fit répéter la question, elle expliqua, il lut le message.

De nouveau il se mit à rire, un rire vivace qui découvrait ses dents. Elle remarqua qu’il s’était éloigné de son arme, songea à l’agresser. Le souvenir douloureux du bois contre son dos l’en dissuada. Il venait de jeter le téléphone par la porte, elle poussa un cri, chercha des yeux où le petit appareil avait pu atterrir, n’en vit plus la moindre trace. À cette vitesse il avait dû voler en éclats. En même temps le belette se moquait de la jeunesse, il retourna s’asseoir de son côté de la voiture. Près de lui dans leur sac les petits êtres prisonniers bougeaient un peu, lançaient des appels à peine audibles, encore ensommeillés.

Elle trouva juste à dire : « Pourquoi vous êtes si méchant ? » Au lieu de rire il se contenta de la jauger son sourire assuré aux lèvres, son museau se découpait net à la manière d’un chasseur. Il ne pouvait pas s’empêcher de se moquer d’elle.

Tout ce qu’il se permettait de dire était ce qu’elle savait déjà, il capturait les chao. Quand elle avait trop insisté toutes ces heures que le train avait roulé le tireur avait répondu qu’il ne cherchait pas à savoir, il se contentait de ce qu’on lui ordonnait de faire. Quand la souris demandait qui étaient ses employeurs, il se moquait plus durement, la trouvait vraiment naïve. Toujours la petite laissait retomber son regard sur le sac où elle savait ses amis prisonniers, sans pouvoir les aider. Cette pensée lui était la plus insupportable.

Le train se mit à ralentir, il entamait une large courbe si raide que toute sa vitesse se perdait. Le belette se leva, salua de son chapeau avec l’intention de partir, il allait prendre le sac quand elle s’exclama : « Attendez ! » Elle lui proposa d’acheter la liberté de ses compagnons. Il s’arrêta, intéressé, demanda ce qu’elle pouvait bien avoir à offrir. Alors Pearl découvrit l’émeraude qui ne l’avait pas quittée, d’un jaune de miel aux mille rayons. Ses yeux brillèrent, le ravisseur en resta coi, puis il sourit, un sourire féroce. La jeune souris comprit ce qu’il avait en tête, recula, répéta son marché. L’émeraude contre leur liberté. Il hocha la tête :

« Une autre fois, peut-être… »

À son tour le ravisseur glissa sa main pour en tirer une pierre aux éclats profonds, plus sombre que celle de Pearl avec en son sein la même pureté éclatante, des feux d’un violet aux mille teintes dans lesquelles elle se perdait entièrement. Il la força à prendre ce diamant, en même temps s’emparait du sien de sorte qu’elle constata l’échange ébahie par ce qu’elle venait de voir. Lui empoignait le sac, le passait sur son dos, de l’autre main il saisissait son arme. « De quoi tu t’plains ? » Elle releva la tête complètement désemparée. « T’as eu ton aventure ! » De la bordure de son chapeau il la saluait, dans un dernier geste bondit du train alors même que celui-ci reprenait de la vitesse elle s’élança à la porte regarder en arrière le belette et son pelage mauve au loin disparaître.

Bientôt la vitesse la dissuada de suivre, la petite se rassit à l’intérieur. Flak près d’elle la regardait, poussa un petit gémissement à l’idée de leurs amis disparus. La souris lui caressa la tête d’une main distraite, glissa la sienne entre ses jambes pour fermer les yeux. Le train continuait dans cette direction qu’elle ne connaissait pas la forêt reprenait ses droits, elle songea à toutes ces heures où tout s’était passé cette présence qu’elle sentait encore parfois, tous ses muscles la tiraient ainsi que la fatigue, elle s’en voulait. Son ami avait grimpé pour se blottir contre elle, cherchait à la réconforter.

De nouveaux cahots aux embranchements les surprirent le réseau ferroviaire s’intensifiait, elle pensa aux autres, voulut les avertir. Sa main chercha le téléphone, tâtonna autour contre le bois pour ne pas tomber. La lumière du jour s’engouffrait largement dans la voiture ouverte la souris s’était repliée dans un coin d’ombre où ses gants d’étoiles et ses espadrilles continuaient d’étinceler. Il lui semblait que le train ne s’arrêterait jamais, elle voulait descendre, ne le pouvait pas. Il ne lui restait que la pierre tiède entre ses doigts où la souris ne savait pas puiser son réconfort. Elle avait l’impression que, dans l’échange, tout son courage et toutes ses résolutions lui avaient été dérobées.

Un bruit sur le toit la fit réagir, elle entendit clairement des pas. Le vent dehors claquait les roues crachaient des étincelles, la jeune souris n’osa plus bouger. Elle resta aux aguets figée, jusqu’à ce qu’un petit cri l’interpelle. Un autre petit être s’était glissé à l’intérieur qu’elle crut reconnaître, un parmi des milliers mais qui s’était inscrit dans son cœur voilà une éternité, bien avant qu’elle ne connaisse Flak. Ce dernier était allé à sa rencontre, tous les deux se saluaient par de petits cris enjoués. Pearl regardait sans y croire.

Quelques secondes plus tard une autre fille glissait du toit jusque dans la voiture. Les deux chao lui tournèrent autour, elle se mit à rire enchantée de cette rencontre. La souris cachée dans son coin observait cette nouvelle venue si discrète que sans les deux compagnons elle n’aurait jamais été remarquée. Quand ils l’avertirent la personne se tourna, elles se dévisagèrent. Cream la salua, elle voulait savoir si Flak était son compagnon à elle, la souris nia de la tête. Cependant Cheese allait la chercher dans son coin d’ombre pour l’en tirer, la lapine vint l’aider, ils l’obligèrent à se montrer au grand jour.

Son visage gardait les marques de la matinée, elle avait un peu honte de son état. Les deux jeunes filles se regardaient, le sourire de Cream fit sourire Pearl, elle en oublia ses problèmes. « Comment tu t’appelles ? » Elle lui répondit sans songer qu’elle lui donnait son vrai nom tant son trouble avait grandi, ses joues étaient empourprées. La souris lui raconta tout ce qui lui était arrivé, comment elle avait poursuivi le tireur pour se retrouver à sa merci, le voyage et comment il était parti. Sans le vouloir elle avait omis l’échange des émeraudes.

Tout en racontant elle avait craint que la lapine la trouve sotte mais celle-ci, au contraire, prit immédiatement son parti. Leurs deux compagnons voletaient autour tandis qu’elles parlaient, chacune était d’accord pour aider l’autre, elles ne voulaient pas abandonner ces créatures sans défense. « On peut le faire ! » Puis se rappelant sa mission la lapine changea de sujet, elle était à la recherche des émeraudes. Son détecteur l’avait menée dans le train, alors Pearl lui montra la pierre violette. Après quoi elle apprit que le train allait s’arrêter à la cité universitaire, dans cette gare qu’elle avait toujours connue.

Ils arrivaient justement la courbe apparut avec elle le vaste bassin aux pentes couvertes de bâtiments, les façades blanches répondaient au ciel empli d’arcs multicolores, les deux enfants restèrent à admirer ce spectacle chacune fascinée pour ses raisons. Le train glissa jusqu’à la gare, s’y arrêta, elles descendirent sur le quai. Il était alors à peu près désert pour cet étage où le vent battait, seul un écolier que Pearl reconnut attendait près des piliers il leur fit signe. Elle présenta Cream et à Cream l’ami de Juicy, qu’elle avait toujours pris depuis son enfance pour un criquet et qui était un mante. Il était venu en avance sur un appel pour les réceptionner, tout l’appartement devait arriver d’un instant à l’autre.

Leur discussion continua jusqu’à ce qu’un cri strident plus puissant que toutes les locomotives n’éclate, depuis l’ascenseur la loutre bondissait jusqu’à rouler sur son amie, elle riait, elles n’arrivaient plus qu’à plaisanter. Les autres arrivaient ensuite, Rye puis Luck puis Coal qui se contenta de regarder de loin après un petit signe. Tous demandaient des nouvelles, remarquait Cream avec surprise. Cependant Juicy disait déjà au revoir, avec son ami elle attrapa une planche pour se jeter dans le vide, tous deux disparurent sous les rails. La crinière cendrée de Luck s’était hérissée.

Pearl répétait des bribes de son aventure auxquelles se mélangeaient les bribes de la leur, elle demanda : « Et Bufo ? » Ce dernier derrière le scorpion observait de loin la lapine, plongé dans ses pensées, il ne parvenait pas à participer à l’allégresse.

Dans sa main le téléphone avait conservé le dossier ouvert, le graphe où se trouvaient, tout à la fin, deux pics nets, dont l’un correspondait aux coups de feu. Tout ce qu’il avait compris jusqu’à présent était qu’une partie des courbes représentaient les chao, une autre partie eux-mêmes. Il regardait Cream inquiet, sans rien dire. Cependant la jeune souris se rappela ce qu’elle voulait faire, elle tira l’émeraude violette pour la donner à la lapine, la pressa d’accepter. Elles causèrent encore tandis que le train repartait de ces combats éloignés, du héros national, la lapine regrettait de les avoir manqués. Elle expliquait que, en présence du hérisson bleu, le monde semblait changer, l’impossible devenait possible.

L’ascenseur allait descendre, la main de Luck bloqua la porte. Elle fixait Bufo dans le blanc des yeux. Il s’était adossé au fond, plongé dans ses pensées l’étudiant n’arriva pas à soutenir les prunelles sombres de la louve. La porte se referma sur elles, tous deux se laissèrent emporter par la cage. Derrière eux les autres continuaient leur discussion sur le quai Cream avait reçu un appel, elle devait y aller, tout cela l’étudiant le manquait ou ne voulait plus le voir, il ne savait plus quoi penser. Plusieurs fois il tenta de parler à la louve mais celle-ci à chaque fois poussée par un peu de colère grognait, il se taisait.

Enfin les portes s’ouvrirent sur la ville inchangée, sans la certitude de sa mémoire lui-même aurait pu croire que rien n’était arrivé, ou qu’ils étaient encore le jour du départ, le jour radieux donnait aux façades blanches leur éclat enchanteur, il regardait luire l’humidité par les grands jets du parc les allées s’ouvrir sur l’immensité, quand il quitta l’ascenseur toutes ses préoccupations restèrent derrière lui. Luck le suivait derrière sans mot dire, ils prirent le bus en direction de l’appartement.

Lorsque les autres les y rejoignirent au soir le temps s’était étiré sans fin ils découvrirent le repas prêt toutes les affaires rangées les deux locataires les accueillaient, la louve portait encore son tablier de cuisine. Dehors les ombres grandissaient un tonnerre lointain se mêlait à de minimes secousses, ils s’attablèrent tous sous la lumière artificielle. Tous parlaient des cours le lendemain de leurs occupations à venir, Juicy promettait d’être une bonne écolière, ils parlèrent aussi du temps qui semblait se couvrir. La nuit s’installa toute entière une fois dans son lit Bufo ne parvint pas à s’endormir.

___________________________________________________________________________________________

Journal :
Ce chapitre a fonctionné par déclencheurs : à chaque fois trouver un événement pour coller ensemble ma trame.
Ainsi Rye appelant l’unité a lancé le thème du chapitre et m’a permis de débuter. Même chose avant de brûler la carte en décrivant le feu. La transition de la nuit au wagon est réussie grâce à des repères forts (notamment le « elle ») tandis que la transition contraire est moins bonne. Le départ utilise le lieutenant comme déclencheur tandis que le trajet jusqu’à la ville utilise un paysage « idyllique ». Tout cela m’a permis de continuer à chaque fois que je bloquais.
Entre autres choses que je n’avais pas prévues Fang ressemble à Sonic et j’ai gardé secrète son identité – j’aurais très bien pu la divulguer. J’en ai fait un anti-méchant à cause du manque de tension. Autre chose d’imprévu l’altercation du soldat avec Luck, j’avais prévu qu’il y en ait une avec Rye ou Coal mais les deux ont été comme éliminés par les événements, le geste de Luck a décidé pour elle.
Le passage le moins réussi est l’apparition de Flak qui tombe du ciel, j’ai mieux réussi le départ de Fang malgré tout abrupt, grâce à une meilleure organisation des événements (l’échange des émeraudes au milieu).
J’ai des difficultés, dans ce chapitre, à ne pas mettre de dialogues, tant il y a de non-dits et de gestes à retranscrire sans tomber dans la lourdeur. La réplique de Juicy, « assez », résume un peu tout.
La fin est un peu bâclée par « manque de place » mais il n’y avait plus rien à dire, tout s’est déroulé comme prévu. Je n’ai pas su gérer Cream. Luck dans l’ascenseur est un peu gratuit parce que je n’ai pas parlé de Rye.
Enfin je crois la transition pour le prochain chapitre réussie, suivant comment je l’introduis.
« Dernière édition: Juin 07, 2011, 10:00:07 am par Feurnard »
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Re : The chao's theory
« Répondre #37 le: Octobre 11, 2010, 08:07:03 am »
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Après la petite aventure la grande reprend et on y est presque...

Dans l'épisode précédent Bufo et ses amis vivent une aventure en forêt (et dans un train) mais tout se termine bien et de retour à la ville la vie reprend.

The Chao's
Theory

Episode 12 :

L’eau de la douche s’effondrait en cascades dans la pièce une vapeur épaisse stagnait, des senteurs d’épices flottaient de même sur le plafond jusqu’à la fenêtre où filtrait un souffle vif. Le jet s’arrêta son poil humide du bras elle écarta le rideau crevé de plis, passa sur le tapis où les gouttes coulaient sans retenue, le froid du matin la fit frémir. Dans le miroir la buée cachaient ses traits jusqu’au ventre sa ligne gracile elle vit ses yeux tristes, détourna le regard. Il était tard, bien plus que raisonnable, elle ne voulait pas sortir. Dans cet air moite que la fenêtre fraîchissait son pelage de seigle se présentait chétif, la buée en se retirant la révéla sous les lames des cornes ses petites oreilles pendaient, elle laissa couler sur son corps les rigoles encore tachées de savon.

À côté d’elle la fenêtre s’illuminait pleine de rayons la vapeur flottante les magnifiaient, elle vit briller l’eau sur ses épaules, sur ses bras, elle les avait croisés contre le froid mordant, la gazelle sentait l’eau glissait sur ses jambes. De l’autre côté pendait le linge. Sur le miroir les dernières traces de buée s’en allaient, elle se força à se regarder, à voir renaître son sourire si faux les bras glissèrent détendus enfin un se laissa aller jusqu’au ventre, elle ferma les yeux. La gazelle ouvrit son cou au souffle errant le pelage miroitant séchait de lui-même parcouru de gouttelettes chacune la faisait frissonner. Des mouvements de la poignée la surprirent, elle s’empara de sa serviette les yeux fixés sur la porte.

Son corps tendu elle n’avait que saisi le vêtement le loquet avait été tourné, derrière le battant l’étudiant n’insista pas, elle l’entendit demander si c’était Juicy à l’intérieur. La gazelle nia d’une voix naturelle ses pieds s’étaient levés sur la plante elle écoutait, les oreilles baissées son visage s’était figé dans l’attente. Il voulait lui demander quelque chose, Rye fit un pas dans sa direction, songea à ouvrir. Elle se laissa aller contre le mur de catelles son sourire diffus n’osait rien prononcer.

Il voulait savoir si son téléphone à elle obtenait un signal. Le sien ne recevait plus. Rye également avait remarqué cela, plus tôt le matin.

Normalement son professeur aurait dû l’appeler, il se rendait à l’université plus tôt pour le voir, son empressement perçait assez net pour la toucher. Elle voulut le retenir, dit un mot précipité qui arrêta son pas. « À propos de… » Il l’arrêta, cela ne le concernait pas il le savait, ne voulait pas s’en mêler. La gazelle se détendit un peu, répéta que pour elle, c’était important. Il était prêt à l’écouter, juste de l’autre côté de la porte elle pouvait entendre son tic de la langue contre les lèvres, le devinait se balançant. Alors baissant la tête, au lieu de lui parler elle demanda s’il aimait Luck. Quelques secondes puis, il l’appréciait, elle insista, s’il l’aimait vraiment ou pas.

Pour toute réponse le temps s’écoula l’air vif du dehors la faisait trembler, elle sentait sur son museau les dernières gouttes la chatouiller, lui brouiller la vue. Son silence l’apaisait, elle aurait voulu parler encore les mots lui manquaient, elle souriait, la main sur le ventre l’écoutait de l’autre côté dans son mutisme la gazelle aurait voulu ouvrir à cet instant, sa main se rapprochait du loquet. Il dit : « Je dois voir Field. » La porte d’entrée se referma, elle ouvrit sur le couloir. Son sourire lui était revenu, elle émit un petit rire les doigts de la main sur ses lèvres Rye riait soulagée.

De légers tremblements l’accueillirent dans le bus le véhicule démarra brutal il s’avançait dans les rangées, d’autres jeunes le regardaient passer avant de retourner entre eux, il n’y prêtait pas attention. Une fois assis l’étudiant se cala contre le dossier, laissa le véhicule l’emporter en direction des graphes pleins d’analyses les questions de chaotique les plus complexe. Les façades d’un blanc frais défilaient mêlées aux fontaines, aux rigoles des trottoirs il ne les remarquait pas. La nuit encore son rêve revenait le ciel bleuissait plein de couleurs la journée l’aveuglait, il ne regarda rien, pas même ses mains ni ses paupières enfermé plus loin il se concentrait sur des formules insensées, des souvenirs trop lointains aux idées se mêlaient des visages, le rêve lui échappait.

Tout à ses pensées les rues défilaient ils approchaient de l’université, le bâtiment de l’administration se présenta couvert d’ombres son vieux tunnel contrastait avec les feux des bassins, le véhicule s’arrêta. Il descendait quant plusieurs secousses au sol firent trembler son cœur, en même temps que le tonnerre grondait au loin. L’étudiant se figea sur la dernière marche le conducteur partit d’un grand rire, lui conseilla de ne pas s’en faire. Il descendit tout à fait, laissa partir le bus avant de traverser, les secousses se calmaient.

Encore à cette heure matinale le campus se remplissait d’étudiants pressés les cours tournaient dans les salles, la fontaine centrale vue tant de fois lui fit presser le pas. Il se dirigeait de l’autre côté vers l’institut de Field plutôt qu’à son bureau son téléphone restait muet, le léopard lui tomba dessus à l’angle des bâtiments d’histoire, comme ils tombaient une volée de feuilles s’échappèrent.

Sans même y songer le professeur relevait son assistant de l’autre bras le félicitait, il disposait d’assez de données pour prouver que ces créatures manipulaient le chao. Mieux encore, ils avaient influencé autant les personnes environnantes qu’eux-mêmes avaient été influencés par elles. Son étudiant eut beau demander des précisions, Field emporté par son allégresse ne songeait plus qu’il y avait quoi que ce soit à préciser.

Il disait cela triomphant, montra encore les deux pics où les variables une fois traitées montraient, encore à affiner, les diverses forces chaotiques en présence. Leurs émotions, leurs gestes, leur nature même à un niveau infinitésimal avaient été modifiées. Bufo n’entendit pas le reste, un mugissement montant couvrit leurs voix aussi fort qu’ils pouvaient hurler les sirènes grimpaient plus fortes, s’élevaient stridentes. Seuls les coups de tonnerre au loin parvenaient à surmonter ce vacarme, l’alarme retomba avant de remonter à même puissance, par gestes tous deux essayaient encore de se comprendre, dans le ciel pas un nuage ne menaçait. Le mugissement remonta étourdissant mêlé d’une voix lointaine un train sur les rails attendait immobile, en vérité vide, ils allèrent voir.

Dans ce premier mouvement chacun se perdit de vue, l’étudiant continuait à travers le campus étonné par ces rumeurs les sirènes remontaient violentes, les secousses faisaient vaciller la terre, son torse se contractait plus fort à chaque fois. Un tremblement au-dessus des pentes du côté de l’appartement lui fit lever les yeux, il vit passer les hélicoptères. La voix s’imposait à la place des mugissements des ordres nets d’une voix de militaire répétait d’évacuer la ville, de suivre les instructions des forces de l’ordre. Comme il traversait le tunnel d’autres étudiants comme lui s’éparpillaient dans la rue la vieille route se morcelait les camions parurent, trois bâchés qui s’arrêtèrent presque à sa hauteur. Les soldats descendaient des dizaines déjà emplissaient les deux côtés, ils lui dire de s’en aller.

Partout s’élevaient les barrières les personnes canalisées évacuaient, toutes les portes s’ouvraient sur les familles en fuite, dans chaque artère de la cité les uniformes apparaissaient à hurler au mégaphone des consignes répétitives, les secousses faisaient trembler les cœurs. D’autres véhicules venaient encore une file interminable, auprès d’eux la police toutes les autorités se pressaient auprès des foules dans un lent mouvement tous se dirigeaient par la gare de l’autre côté, au-dessus d’eux passaient les voilures mobiles. Il quitta la rue pour les ruelles, se glissa à travers les panneaux partout la confusion régnait, une avenue entièrement abandonnée résonnait de l’activité alentours.

Sa seule pensée dans le chaos ambiant était de regagner l’appartement, il cherchait son chemin dans tous les repères le souffle lui manquait, le besoin de continuer ses semelles claquaient sur les vieux pavés, sur la vieille route, les soldats l’interpellaient. Il passa les haies sans y songer roula dans un jardin, plus loin coupait court toujours plus vite malgré le poing qui se formait, partout les soldats le devançaient.

Rien qu’un instant le calme revint, sans secousse ni tonnerre ni les voix des soldats il trouva la rue pleine d’échoppes près des tables de restaurants la vue des boissons lui rappela un air de tranquillité. Il reprenait sa course, arriva par l’autre côté proche de l’appartement, il le voyait depuis là petit bâtiment à la porte ouverte les occupants fuyaient, sur le sentier un soldat aidait madame Betty. Il vit le crapaud passer, voulut le retenir, ce dernier promit d’évacuer il allait aider les occupants de son étage. En entrant les sons de l’extérieur résonnèrent plus violemment les secousses secouaient les parois il murmura pour se redonner haleine, grimpa les escaliers à s’en cogner les genoux.

À peine passé la porte Luck lui apparut terrible dans la tourmente, la louve de cendre le fusilla du regard. Dans son dos la chevelure battait démêlée la sueur plaquait son visage, elle allait crier, se retint. « Kh ! » Rye à son tour parut dans le couloir un sac plein entre ses mains elle demanda à l’étudiant s’il savait ce qui se passait, elle refusait de partir sans Juicy et Pearl. Une secousse plus forte craquela les vitres, ils entendirent des détonations claires. À cet instant Coal parut de sa chambre, s’étira détendu, l’air encore endormi, leur fit signe de la tête qu’il fallait s’en aller. Il n’écouta pas, se jeta dans la cuisine puis de la cuisine au balcon découvrir l’origine d’un fracas effrayant venant de la pente.

Deux pattes d’acier immenses écrasaient là-haut les bâtiments, l’une d’elle dérapait sur la déclinaison, démolissait les murs sans peine. Un vaste crachat de fumée noire s’élevait dans l’air plus sombre que la nuit. Des éclairs fulgurants éclataient derrière, il voyait les hélicoptères vider leurs munitions presque sans viser, décrocher tandis que grandissait la masse de la machine. Il la reconnut, le monde vacillait sous ses pieds, se découpant dans l’arc-en-ciel parut l’araignée toute d’un métal aux couleurs vives la même il en était certain que celle du temple, sans la moindre trace de rouille le blindage brillait encore parfaitement neuf, à part les plaques qui volaient à chaque tir. Des centaines d’yeux de verts le fixèrent en même temps que la cité, la machine se jeta sur la pente.

En même temps qu’elle s’effondrait les tirs s’intensifièrent un grondement immense arriva jusqu’à eux si puissant qu’il crut tomber, la louve le tira en arrière, le poussa par la porte hors de la cuisine, il se rattrapa à Rye. Le fracas cessa aussitôt suivi par de nouveaux vacillements le tir intense les rendait sourds, il lui sembla que le temps se décomposa. La louve les poussait dehors dans les escaliers ils le dévalèrent, le mur s’effondra. Toute une part du bâtiment éventrée par la patte luisante volait autour d’eux brique et bois ils tombèrent avec. L’étudiant se relevait tout le corps endolori il voyait la machine qui le surplombait, autour d’eux les rues étaient vides Coal aidait Rye à se relever, la louve de cendre se tenait debout immobile, à fixer ce monstre mécanique dont les chaînes sous le ventre grinçaient.

Il eut l’intuition qu’elle allait se battre, que Rye allait se battre, le scorpion aussi, tous partiraient à l’assaut de l’engin aussi démesuré le combat soit-il. Un bras le saisit, toute la troupe se mit à fuir devant lui la queue amorphe du scorpion contre le béton battait, derrière eux s’éleva le souffle des explosions.

Quand ils se crurent assez loin la première Rye sentit ses jambes la lâcher, la peur de même prit le dessus elle s’effondra, tous trois la relevaient, autour d’eux d’autres habitants fuyaient avec le repli des soldats, dans ce désordre complet régnait la peur. La louve désigna un point dans le ciel, des étoiles brillantes d’un bleu profond filaient dans leur direction.

Dans le même mouvement l’étudiant fut obligé de regarder la machine, son mouvement saccadé, très lent, en direction du centre. Elle crachait sur les côtés de sa carapace des bouffées de ténèbres, il voyait les chaînes rouler par terre tandis que les pattes une à une s’élevaient, se rabattaient dans les rues, crevaient le sol comme les toits. Les étoiles cessèrent de briller, il les distingua enfin, les machines de l’Unité s’abattirent sur l’araignée.
En vain, disaient les télévisions, alors que leur fuite leur faisait passer par les rues proches du magasin les écrans de vitrine diffusaient autant d’images différentes de l’événement, ils voyaient sous tous les plans les méchas’ tirer leurs volés d’ogives, échapper à la riposte ainsi que le blindage meurtri de la machine sous tous ces tirs.

Les téléviseurs disparurent derrière eux ils s’engageaient sur la pente précédés des centaines, de milliers d’habitants emportés la tête leur tournait, ils avaient les idées claires, se sentaient faibles. L’étudiant freina l’allure il tournait la tête vers le bas d’où était montée une voix familière, il ne savait pas encore qui quand tous virent passer au loin de toit en toit la petite souris, en direction des combats, ils reconnurent son pelage blanc, ses gants étincelants d’étoiles. Rye faisait demi-tour pour aller la chercher, il la retint, promit d’y aller à sa place. À son tour la louve voulut l’en dissuader, elle ne dit rien, voulut le prendre par le bras. Il se dégageait, promit de les rejoindre puis se mit à courir.

Les souvenirs du froid, du lac dans le halo le lac gelé le lac sous le blizzard ses souvenirs se mêlaient il courait, trébucha, reprit son allure incontrôlée. Plus que tout l’eau glaciale lui revenait oppressante ainsi que l’odeur du fer au frottement des chaînes il se rendit compte dans quelle direction il courait, devant lui les déflagrations crevaient des gerbes où disparaissaient les murs comme les arbres, l’Unité s’acharnait sur les pattes de la machine infernale. Il crut voir par l’avenue dégagée de l’autre côté Pearl s’engager dans une ruelle, il n’était pas sûr de son identité, s’élança. À l’intersection un blindé tirait par rafales, se mit à reculer. Quelques instants plus tard une chaîne frappait au même endroit, détachait le goudron, la terre et la roche.

« Comme si j’allais avoir peur d’une cocotte-minute qui se bat à coups de chaîne de vélo ! »
D’où il était l’étudiant avait seulement entendu la voix, il passa l’angle pour découvrir sur leur toit tout un groupe jeunes ou âgés leurs armes en mains qui défiaient la machine du regard. Montée sur le bord légèrement surélevée se tenait une hase excitée, elle fit un grand signe du bras à Bufo. Ils partaient combattre, il était le bienvenu, le crapaud n’eut pas à répondre. De partout apparurent d’autres combattants seuls ou groupés, par trois, par quatre, plus nombreux des dizaines se profilaient dans les rues, des vagues entières se jetèrent à l’assaut, plusieurs centaines sans hésitation déployèrent toute leur rage.

Les méchas’ battaient en retraite, l’un d’eux s’abattit en flammes mais déjà ces combattants tombaient de tous côtés si nombreux qu’il sembla que leur seul nombre suffirait. Il les vit de loin combattre avec toutes les armes de mêlée ou à distance par toutes les techniques ou au poing tenter d’ébranler l’araignée titanesque. La hase était mêlée au nombre, il l’avait perdue de vue, ce qu’il voyait il ne le comprenait pas. Des centaines et des centaines d’anonymes sans rang ni entraînement visible faisaient mieux que le gardien des nations. Il se détacha de cette vision sensible au détail qui lui soulevait le cœur, continua en nage dans les ruelles à la recherche de la jeune écolière.

Rien ne pouvait arrêter l’avancée de la machine, ni les armes ni la volonté les pattes d’acier enjambaient les bâtiments, partout les cris montaient ces appels vibrants elle en était certaine de ses compagnons. Après avoir quitté Juicy la petite s’était mise à les suivre plus bas au-delà de la pente elle continuait, l’appel plus pressant la menait droit vers le centre sur le passage de la machine. Ses jambes tremblaient ses bras tous ses membres le cœur lui manquait à courir elle cherchait des yeux un repère où s’accrocher, toutes les ombres mouvantes. Plus loin les ruelles s’ouvraient elle écouta malgré le vacarme des combats, crut entendre au-devant les appels, le petit chant plaintif des créatures. Alors sans même y songer la jeune souris traversa pour replonger entre les façades blanches.

Sur le côté l’engin de destruction faisait voler de ses pattes le terrain, elle sut manquer de temps. La grande place lui apparut avec ses jets si haut que la tête lui en tournait, la place était déserte, les jardins défaits elle les vit nombreux, plus de ces petits êtres que Pearl n’aurait jamais cru en voir. Ils formaient une foule autour d’une fillette de son âge, aux longues piques qui touchaient terre entièrement absorbée par la vision des panaches noirs. Pearl la vit, vit également les chao l’entourer, attendre, elle se recula dans la ruelle. Son propre cri à elle ne dépassa pas sa gorge. Des chao la dépassèrent, se mêlèrent là-bas sur la place aux autres, enfin monta le chant qu’elle connaissait tant, comme une comptine.
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Re : The chao's theory
« Répondre #38 le: Octobre 17, 2010, 09:27:18 am »
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Presque...

****

En quelques instants les jets gagnèrent en taille, un vaste barrage d’écume se couvrit de lueurs bleutées. Il sembla que la nuit se succédait au jour sur ce minuscule plan d’eau vertical, une barrière se dressait de plus en plus haute, de plus en plus forte à mesure que le chant gagnait en force. La jeune fille au milieu de cette foule leva les bras, avec ce geste la gamme monta ainsi que la barrière, dans son coin Pearl chantait aussi sans le vouloir, entre ses lèvres. Elle sentait à travers les vibrations la machine qui approchait, l’écroulement de la cité. De tout son cœur elle souhaita.

Bientôt les panaches de charbon s’abattirent au-dessus d’eux, couvrirent les arcs-en-ciel. La patte mécanique alla crever parmi les bâtiments tout près d’elle, Pearl se laissait prendre par le chant. À l’opposé l’araignée voulut avancer, buta contre cette barrière bleutée, assez haute pour l’arrêter. La pointe d’acier glissa dessus dans des gerbes d’étincelles sans pouvoir la pénétrer, la machine recula. Elle aurait voulu pleurer, ne songeait plus à rien. Les salves de munitions comme les assaillants ne cessaient pas pour s’acharner, à chaque volée défaisaient un peu du blindage, une fois encore l’engin voulut franchir les jets. Un fracas effrayant secoua la place, Pearl se recroquevilla. La machine reculait vacillante, au-dessous d’elle les chao paniquaient tremblaient. Une troisième fois la machine alla de l’avant, la patte s’abattit sur le jet, grinça, traversa. En un instant tout fut brisé.

Dans la panique qui s’ensuivit Pearl n’osa plus bouger, autour d’elle le monde tournoyait le sol se décomposait, elle sentait la paroi contre son dos se démembrer, l’eau des jets lui coulait sur la tête. Les pattes une à une s’abattaient près d’elle, la souris ne voulait plus rien entendre, les détonations l’assourdissaient. Enfin un doigt tapota sur sa tête, avec tant d’insistance qu’elle releva les yeux.

Au sein des combats le belette debout devant elle observait de son assurance fière la destruction alentours.

Des dizaines de combattants se succédaient autour pour harceler la machine, celle-ci les surplombait de loin, continuait sur le centre vers la gare. Il lui faisait signe de partir, elle chercha désemparée la moindre trace d’une créature, ne vit rien, ils avaient tous disparu. Cependant ses yeux tombèrent sur la petite fille que d’autres combattants menaient en lieu sûr, le belette la regardait tendre le museau, lui dit en peu de mots pourquoi elle devait partir. Pearl demanda s’il comptait combattre la machine. Il se mit à rire, la traita de naïve, il avait juste fait un détour dans sa fuite. Disant cela il remarqua juste à temps une chaîne qui s’abattait sur eux, la mit elle ainsi que lui à l’abri du coup.

Comme ils se relevaient lui se rendit compte qu’il avait perdu son chapeau, le vit voleter tout près, tendit le bras pour l’attraper. Il avait été déchiré. Le belette le remit sur sa tête, le fixa un sourire toujours moqueur aux lèvres, qui dévoilait sa canine, il affermit ensuite ses gants. Dans toute cette poussière le pelage mauve s’était assombri.

« D’accord petite, t’as gagné ! »

L’instant d’après usant de deux murs encore debout il s’était élevé si haut dans les airs qu’elle craignit le perdre de vue, il retombait sur un maillon de la chaîne, bondissait encore son arme en mains si vif que les combattants autour le remarquaient à peine, il en bouscula un pour passer. Un nouveau saut le mena sur la dernière patte de l’araignée, sa course lui permit d’atteindre l’intersection. Alors s’accroupissant et le sourire carnassier il chargea dans le canon une munition à la tête noire, plaqua la gueule sur le mécanisme et pressa la détente. Le coup traversa de part en part, il venait à peine de quitter sa place quand une déflagration cisailla le métal, la patte se détachait du corps. Lui-même jeté dans le vide admirait son travail prêt déjà à partir, il lança une dernière réplique.

En contrebas la patte s’abattait, menaçait de tout écraser. Le corps blessé s’était arrêté, l’araignée paralysée semblait attendre la fin de cette chute interminable. Brutalement deux chaînes enroulées jaillirent du membre détruit, filèrent sur la patte en perdition. À peine rattachée celle-ci revint à sa place, les soudures crépitèrent. Le mécanisme à nouveau fonctionnel s’éleva puis se rabattit lourdement, seul le fracas contre la terre résonna dans le silence nouvellement créé, plus personne ne combattait.

Au mouvement qui avait poussé tant de jeunes à se lancer à l’assaut de cette machine un mouvement contraire passa pour la majorité, les ardeurs retombèrent. Quelques tirs de l’Unité s’abattirent encore, quelques téméraires frappèrent l’araignée immobile. Celle-ci ne bougeait plus, la fumée crachée jusqu’alors ne sortait plus que par filets. Il s’élevait dans les instants d’accalmie un grondement de rouages, un long sifflement de motrices toujours plus aigu. Un à un les combattants reculèrent, par groupes, prirent la fuite. L’Unité au contraire lançant toutes ses troupes tira sans réserve sur la machine. Un feu écrasant roula sur le blindage fait d’obus et de roquettes les déflagrations se multiplièrent jusqu’à épuisement.

Restée dessous Pearl hurlait, les deux mains sur la tête elle voulut fuir à son tour, ses jambes se dérobaient, deux bras l’entourèrent qu’elle sentit visqueux, plein de plaques, Bufo venait de la retrouver. Il lui dit qu’ils s’en iraient ensemble, elle opina. Un grincement tordu s’allongea du corps de la machine, les chaînes jusqu’alors inactives se tendirent, les maillons raclèrent le sol comme parcourues d’éclairs. Ils se mirent à courir.

L’instant d’après les chaînes étaient partout, crevaient le sol de tous côtés les façades s’effondraient sous leurs coups ils fuyaient encadrés de tous ces corps en mouvement les maillons soulever des gerbes à leurs impacts il la saisit pour la passer sur son dos, sentit le poids s’écraser l’étudiant n’y réfléchissait plus avec la seule idée de s’éloigner la vue s’obscurcissait de toutes ces chaînes tendues il ne voulait pas se retourner, d’intenses sifflements faisaient trembler son échine, la secouait au grondement des lasers. Les flammes se mêlèrent à l’acier, puis l’eau en pluie puis la fumée il courait sans être sûr de la direction, les immeubles s’écroulaient autour de lui il chevauchait les gravats, elle geignit, il s’effondra, se relevait, une chaîne s’abattit faisant voler la pierre.

Entre deux réalités l’étudiant s’entendit appeler, il ne savait plus exactement quel nom, sa voix meurtrie avait un goût de poussière ou de cendre. Un ligne blanche ses paupières closes peut-être lui suggérait la petite souris. Il voulait bouger le bras, n’y parvint pas, le fracas autour de lui s’était atténué. Une main le saisit, le tira de sous la roche, avant qu’il ne comprenne son sauveur lui glissait une canette entre les mains. Shell lui répétait de la prendre, indiquait de la tête que Pearl allait bien, elle reposait sur le flanc dans un coin. La rue ne ressemblait plus à rien, au loin les éclairs indiquaient que l’Unité se battait encore. Il voulut refuser la canette, ce n’était pas le moment.

« Avec toi c’est jamais le moment. »

Ces mots dits le tortue s’assit, ouvrit sa propre canette pour en boire une gorgée. Il avait été blessé au bras, simplement bandé l’étudiant ne s’en plaignait pas, proposa à son ami de boire aussi. Dès qu’une ouverture se présenterait ils iraient se mettre à l’abri, d’ici là tenter de s’enfuir était trop risqué. La fumée noire avait recouvert le ciel, il reconnaissait à peine au travers des semblants d’arcs-en-ciel, au loin distinguait les bâtiments intacts, partout où n’était pas passée la machine. Il essaya d’estimer à quelle distance elle était du centre, supposa qu’elle avait eu le temps de l’atteindre. La gare avait probablement dû s’effondrer, il n’en savait rien. À nouveau Bufo s’inquiéta pour la jeune souris, son ami le rassura. Sans rien d’autre à faire l’étudiant creva sa canette, sentit l’odeur pétillante dans la poussière, sut à quel point il était sale. La soif le prit.

Avant qu’il ait pu boire la voix de Pearl l’interrompit, elle s’était relevée sur le côté, désignait un point dans le ciel à travers les nuages noirs, disait entendre un avion. Ils ne voyaient rien, n’entendaient qu’assourdis les quelques explosions sur la machine, le raclement des chaînes. Elle répéta insistante qu’un avion volait là-haut quelque part, un moteur à hélices.
Il comprit.

Partout où leur regard pouvait tomber là où s’étendait le panache noir jaillirent des traînes d’un blanc parfait, les fusées en crachaient des jets jusqu’au sol qui touchaient en pointes innombrables la cendre les étouffait bientôt absorbée disparaissait à son tour ces fumées se dissipaient, sous l’effet des chimiques toute la pollution épaisse se trouvait balayée, le ciel reparut peu à peu au-dessus des ruines. Ils virent alors le biplan tourner en cercles dans l’altitude sa silhouette se découper, la seule couleur qu’ils voulaient voir, l’Unité à son tour se retirait laissant le champ de bataille libre. Shell désigna de son côté la machine à peu de distance du centre, l’enchevêtrement démentiel des chaînes enroulées sur les rails, entre les immeubles, qui couvraient des rues entières, des quartiers de la cité jusqu’à former ses propres colonnes, un effrayant réseau où le biplan plongea.

Sur toutes les pentes les foules rassemblées se présentaient ondulantes il pouvait les voir, les dénombrer des dizaines de milliers, plus encore, la plupart des habitants rassemblés sur les toits aux fenêtres dans les secteurs sécurisés les soldats aussi fêtaient cette arrivée, lorsque l’avion redressa seul un point bleu à peine discernable dans les volutes de fumée fit grimper une clameur sans pareille. Une cité entière l’acclamait, d’autres villes des millions d’habitants devant leurs téléviseurs, le monde entier, ainsi que Shell. Le tortue acclamait à grands cris cette venue, hurlait le bras levé, plein d’espoirs.

Il l’attrapa fort à lui faire lâcher sa canette, se mordit la langue pour ne pas hurler, les mots dépassaient sa pensée, ce qui lui prenait, ce qui se passait, qu’ils devaient partir, il trouva cet échappatoire. Chacun d’eux empoignant Pearl l’aidèrent à se lever, ils regardèrent encore du côté où le combat débutait, se mirent en route.

Aux premiers instants un éclat vif fit battre le vent en rafales, la machine s’effondra à même la terre toutes pattes déployées le corps frappait le sol, se relevait à peine. Les chaînes volèrent en tous sens, en un éclair se retrouvèrent déchiquetées, d’autres s’abattirent à leur suite. Elle se relevait, les plaques de blindage de toutes parts s’effondraient dévoilant le corps bardé de grilles électriques. Les arcs fusèrent de grandes décharges le long des chaînons la cité s’embrasa une seconde fois. Chaque caméra disponible avait suivi ce redressement ainsi que le combattant debout au milieu de l’avenue, à presque quatre cents mètres de son objectif. Il se tenait debout, détendait les muscles de son cou et de ses jambes. Des flancs de la machine jaillirent un flot de mines suivies d’un flot de lasers.

Onze secondes après ayant traversé les chaînes, esquivé les projectiles et passé sous la machine une foudre bleue ricocha contre les pointes d’acier, les pattes brisées dans leur balance s’effondrèrent. Une seconde fois l’araignée mordit la poussière, les acclamations s’élevèrent plus fortes que le combat. Elle mit plus de temps à se relever, ses flancs cessèrent de cracher leur fumée noire, une charge électrique parcourut son corps jusqu’à devenir aveuglante les chaînes devinrent cramoisies, en une seconde la charge avait couvert le champ de bataille. Les caméras suivaient le mouvement dans les rues le hérisson esquivait toutes les attaques, passait sous les maillons, se glissait entre par des sauts successifs échappait aux salves de missiles, il dut reculer. Autour de l’engin les rues n’étaient plus que des cratères, les dernières cloisons s’effondraient, les chaînes formaient un barrage inextricable.

Dès lors les caméras changèrent d’angle, suivirent l’approche du biplan, les rafales sur ces entrelacs les maillons éclatèrent, au nouveau passage tous les lasers déployés le héros national s’élevait sur ces chaînes mêmes, courait dessus, glissait, passa à travers leur réseau jusqu’à se retrouver face à tous les yeux de verre à moitié brisés par les précédentes attaques. Il forma dans l’air une sphère étincelante suspendue dans les airs par son seul mouvement, un laser dévia dessus pour frapper la gare. En un élan la machine vacilla, les yeux éclatèrent démontés le métal creva, la sphère reparut dans sa vrille sans limite brisa le dos de l’araignée après avoir démoli les mécanismes internes, plusieurs explosions suivirent déchirant la surface tandis que le biplan récupérait au dernier instant le héros national.

Cette fois la machine s’abattit pour ne pas se relever, des cris de joie couvraient le bruit du moteur, les hélicoptères de télévision survolaient le site où brûlaient encore tous les incendies. Quand ils entendirent ces clameurs les deux étudiants se retournèrent, avec eux l’écolière, ils découvrirent cette victoire.

Tout autour les chaînes s’effondraient, tous les maillons formaient retombaient dans un vacarme sourd. L’eau couverte de comburant s’était enflammée, il flottait dans l’air une pluie de feu aussitôt consumée. L’araignée se relevait, lentement, faiblement, elle se redressa. Tout ce qui avait constitué sa surface, tout ce blindage dans ses souvenirs couverts de rouille s’effondraient à leur tour, dénudant les pattes, la machine s’enroula dans ses propres chaînes. Le biplan revenait en un large cercle prêt à attaquer une fois encore une fois de plus désemparé il songea à fuir.

Les chaînes s’élevèrent dans autant de directions qu’il était possible d’en envisager, assez pour recouvrir la ville elles s’abattirent de tous les côtés de la cuvette, s’écrasèrent si près du public que celui-ci reflua derrière les pentes. En même temps la machine se traînait jusqu’au centre, l’ayant atteint y enfonça ses pattes.

Une à une les sources d’eau de la ville se tarirent. Les hauts jets s’amoindrirent jusqu’à s’assécher, les bassins se vidèrent, la fontaine près d’eux n’offrit plus qu’un gargouillis avant de s’éteindre. Il n’y songeait plus, captivé comme les autres l’étudiant regardait le biplan plonger, les chaînes filer près de lui puis se mouvoir menaçant de l’écraser l’avion tournoya presque à la verticale, remonta en flèche. Le réseau de maillons se reconstituait, plus serré encore autour d’eux l’étudiant craignit d’être pris au piège. Ils pressèrent le pas, se découvrirent pris au piège. Une chaîne traversait à l’horizontale tout l’espace devant eux, trop haute et trop épaisse pour pouvoir la traverser.

En désespoir de cause ils se reportèrent sur le combat. D’où ils étaient les étudiants ne voyaient presque rien, devinaient seulement. Le biplan restait en altitude, ils surent que le héros national avait plongé. Une chute dans le vide l’amena au milieu des chaînes, celles-ci mouvantes tentèrent encore de l’écraser. Elles se brisaient entre elles, se défaisaient, chacune plus violente les chocs le bousculaient, ils pouvaient suivre sa progression à tous les mouvements terribles de ces masses d’acier. Soudain cette progression devint impossible à suivre, elle venait d’être brisée, ils virent l’avion passer au plus près sur le côté, récupérer le héros en péril. Les nœuds de chaînes s’intensifiaient encore.

Dans les instants qui suivirent la machine devint floue, l’araignée enfoncée dans le sol diffusait un halo sombre où leurs regards se perdaient. Ce champ gagnait en intensité, ils le voyaient grandir et s’étendre à travers les chaînes. Pearl dans son dos demanda ce qui se passait, il ne sut pas quoi lui répondre. Ce champ flou devint une sphère en même temps terne et miroitante, il la voyait grandir encore, gagner sur les ruines puis sur les bâtiments. La gare se trouva englobée, les rails disparaissaient à mesure que la sphère s’étendait, toujours aussi floue. Il regarda la chaîne dans leur dos qui les empêchait de fuir, elle continuait aussi loin qu’il pouvait juger des deux côtés. Les tremblements sous ses pieds le faisaient vaciller, il cherchait de tous côtés une solution, n’en voyait aucune.

Son regard croisa celui de Shell, il lui hurla quelque chose sans savoir exactement quoi ni pourquoi il hurlait jusqu’à ce que son ami lui réponde sans qu’il entende un seul son.

Ils se mirent à courir, lui tenant la main de la petite celle-ci allait plus vite que lui, se laissait tirer, il avait la tête lourde à force de courir, sentait le sol se dérober sous lui. La sphère grandissait si vaste qu’il n’en devinait plus guère les côtés, si haute qu’elle l’écrasait, sa course n’était pas assez rapide pour lui échapper. Devant eux se présenta enfin un renfoncement où un maillon tombait, au sein d’un tas de débris. Voyant ce passage ils s’y précipitèrent, la petite passa la première forcée puis Shell lui parla, il n’entendait rien, lui faisait signe d’y aller.

Ce fut son tour, avant même de s’engager Bufo sut que son corps n’y parviendrait pas. Le maillon glissant ne lui offrait aucune prise, il avait saisi le bras de son ami se laissait tirer ses pieds poussaient en vain, les gants glissèrent. Il retomba dans les débris, ne parvint pas à se relever. Tous les efforts dépensés jusqu’alors se révélèrent d’un coup. Shell l’appelait en haut, puis le visage de Shell disparut, il vit la sphère l’engloutir.

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Journal :
Dernier chapitre avant le grand chaos, et second combat de l’histoire. Je suis impatient.
La gestion des combattants a été désastreuse mais en même temps ne pouvais pas grand-chose… l’Unité s’en sort mieux même si l’arrivée des méchas’ n’est pas bien forte… le combat de Sonic est d’un mou ! Et quand la machine se relève, c’est artificiel.
À part quoi tout s’est déroulé à la perfection.
J’ai évité les temps morts, fait tout ce que j’avais pu planifier et plus encore. Tout s’enchaîne, les transitions sont réussies, le plus grand problème a été la fin pour séparer Shell et Pearl de Bufo… ce qui avec du recul n’était pas nécessaire.
Écrit d’une traite en à peu près quatre heures, ce qui excuse pas mal de facilités. Décidément j’aurais voulu mieux réussir le combat de Sonic mais difficile de faire mieux, pas avec les règles que j’ai moi-même mises en place.
Surtout, incroyable le nombre de fois où je répète « machine » et « araignée »…
En général pas mal d’incohérences et de décrochages pour le lecteur attentif. Les plus critiques noteront la réintroduction d’une machine sans explication. Mais quelques belles scènes comme Luck défiant la machine, Pearl découvrant qu’elle est secondaire et bien sûr la canette de Shell – prévu pour un épisode ultérieur qui n’aurait jamais eu lieu.
S’il fallait le refaire combat de Sonic encore une fois (vraiment déçu) et aussi Shell, motiver un peu plus sa présence. Notamment le faire rester à la fin.
Mais vu le plan que j’avais, et mon projet, le résultat est suffisant.
« Dernière édition: Juin 07, 2011, 10:00:49 am par Feurnard »
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Re : The chao's theory
« Répondre #39 le: Octobre 24, 2010, 07:23:29 am »
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Enfin ! Avant même qu'il y ait un plan, ou même une intrigue, il y avait ce chapitre. En espérant que vous apprécierez...

Dans l'épisode précédent la cité où vit Bufo est attaquée par la machine même qu'ils croyaient avoir vaincu. Malgré tous les efforts déployés l'ennemi parvient au centre et déploie un champ chaotique dans lequel notre héros est englouti.

The Chao's
Theory

Épisode 13 :

C’était le soir d’halloween. Tout était calme dans l’appartement parce que Juicy et Pearl étaient parties à la chasse aux bonbons, c’était pour ça. Mais elles n’allaient pas tarder à revenir. En les attendant les autres enfilaient leur déguisement pour la soirée qu’ils avaient prévu de passer ensemble.
Bufo se préparait comme les autres mais il regarda par la fenêtre :
- C’est bizarre… on dirait que la nuit est violette.
Dehors il y avait l’obscurité avec des teintes violâtres qui se mouvaient comme un océan. Il avait remarqué ça déjà avant, mais bon, ça n’allait pas l’empêcher de passer une bonne soirée. À tout hasard il voulut vérifier sur son portable comment son copain Shell allait. Il chercha son portable mais ne le trouva pas dans sa poche.
- Ah oui, je l’ai oublié en cours.
- C’est nous on est rentrées !
Juicy hurlait comme d’habitude ! Bufo se dépêcha d’enfiler son déguisement pour les rejoindre. À cause de sa peau blanche il s’était déguisé en fantôme : il avait enfilé une couverture de tissu fin qui le couvrait des épaules aux pieds. Sous le tissu il avait attaché des tas de petites balles transparentes et flottantes et qui brillaient comme des feux follets. Comme ça son déguisement lévitait et luisait dans les espaces sombres.
- La chasse a été bonne ?
- On a eu plein de bonbons !
- Je peux voir ?
- Pas touche c’est pas pour les grands !
Il les avait rejointes dans le couloir. Elles étaient devant la porte avec leurs tas de friandises répandus à leurs pieds. Pearl avait revêtu une robe noire et un chapeau pointu avec un ruban et qui lui aplatissait ses oreilles, elle passait son temps à le remettre en place. Elle avait aussi une baguette noueuse et un panier que Juicy avait renversé. Juicy elle avait remplacé ses gants par des chaussettes rouges et d’autres bien trop épaisses à ses pieds, qu’elle avait rembourrées encore. Un vieux pyjama plein de motifs rouges et noirs la rendaient psychédélique mais le meilleur de son déguisement venait de la tête : elle avait enfilé une citrouille fraîche avec un sourire en dents de scie. L’effet était immanquable.
- C’est nul ! disait-elle à Pearl. Avec ton panier t’as rien pu prendre ! Moi j’avais un grand sac pour patates alors j’ai pu prendre tellement qu’on en aura jusqu’à l’année prochaine !
- J’osais pas demander…
- Il a fallu que je fasse tout ! T’as tout raté c’était super ! Il y en avait ils osaient même pas m’ouvrir ! Pourquoi tu sors pas plus ? Tu vas finir comme Coal !
Bufo se défendit :
- C’est vous qui êtes parties sans m’attendre…
- Ton déguisement il est trop mal fait ! T’aurais dû te déguiser en momie ou en mutant des marais ! Ca ça fait peur !
Pearl de plus en plus gênée prit alors la parole avec sa petite voix timide :
- Bufo ?
- Oui ?
- Tu veux bien m’aider ? Mon déguisement est mal fermé.
- Ouais ! Même que quand j’ai voulu refaire tous les nœuds derrière t’as dit que j’étais trop brusque et puis tu t’es plainte et t’as dit que Bufo le ferait parce que c’est ton chevalier blanc sans armure pas vrai dis pas vrai ?
- Juicy !
- Je vous laisse, je dois enterrer tous ces bonbons dans le salon !
Ce qui pouvait dire qu’elle pouvait aussi bien les cacher dans tous les coins que les semer par le balcon.
- S’il te plait…
Bufo revint à Pearl.
- D’accord, voyons ces nœuds.
- Pas ici !
Il soupira mais c’était Pearl, elle ne voulait pas arranger son déguisement ailleurs que dans sa chambre. Une de ces choses qui « ne se faisaient pas ». Alors ils allèrent dans sa chambre où il y avait tous les posters aux murs. C’était peut-être à cause de la nuit et son voile violâtre mais il trouva les posters flous ce soir.
- Tu ne trouves pas la nuit bizarre ?
- Bizarre ?
- Je ne sais pas… c’est mon premier Halloween ici… mais c’est comme si…
Bufo en avait oublié pourquoi ils étaient ici. Comme Pearl ne disait rien il se rappela, passa dans son dos pour refaire tous les nœuds de la robe. C’était difficile surtout pour ceux du bas où Juicy avait fait n’importe quoi.
- Vous êtes pas drôles tous ! Allez fais-le quoi !
La loutre criait dans le couloir, elle devait être devant la salle de bain. Bufo continua à se dépêtrer avec ces nœuds.
- Ce sera super allez ! Et puis sinon ça valait pas le coup de te déguiser en louve-garou ! Allez, juste un hurlement ! Après j’arrête de t’embêter promis !
- Elle parle à Luck ? demanda Pearl.
Il était au dernier nœud à en finir enfin quand un hurlement nocturne le fit trembler de la tête aux pieds. C’était un cri de loup sauvage si perçant qu’il eut l’image de toute la meute autour de lui et leurs yeux brillants dans le noir.
Pearl ayant pris peur avait mis les mains sur ses oreilles, il la calma. Rye apparut dans l’encadrement de la porte, avec son déguisement de diablesse : elle avait relevé son masque au long nez pointu et dont une langue pointue pendait ; au lieu de son t-shirt habituel elle portait une toge flamboyante ; enfin elle avait mis des souliers à sabot.
- C’était Luck ce cri ? Enfin… peu importe ! À table tout le monde !
- On arrive. Ca ira ? demanda Bufo à Pearl.
- Oui… c’est juste que… j’aime pas Halloween…
- Je suis d’accord, c’est trop bruyant.
Les mots avaient dépassé sa pensée. Enfin bon, ils allèrent quand même à la cuisine, non sans tomber sur Coal qui sortait de son trou. Le scorpion avait trouvé le déguisement parfait en ne changeant absolument rien à son apparence. Tout au plus avait-il joué plus longtemps à ses jeux, de sorte que son visage était tiré à l’extrême. Dans la pénombre il avait l’air d’un zombi.
- Whoah ! Tu nous as fait peur !
- Mmgnh ?
- On va manger, tu viens ?
- Mmmmmmmmmmmmmmmmmmmhhh…
- D’accord.
De la cuisine venaient plein de bonnes odeurs. Il y avait le pot-au-feu et la soupe aux petits points, les trois plats de salades et d’asperges baignant dans l’olive… et puis les crèmes de café au poivre. Le reste, il ne reconnaissait pas.
Luck aidait Rye à allumer les dernières bougies, ils en avaient mis plein sur la table et le comptoir, aussi derrière le banc. De dos Bufo se demanda si la louve s’était vraiment déguisée : il ne voyait que la chevelure teinte en noire. Mais elle se retourna : il vit qu’elle avait teint tout le corps, son pelage de la tête aux pieds en ne laissant que des rayures sur son visage, qui lui donnaient un air bestial. En plus la teinture était brillante. Luck avait aussi revêtu des manchons de fourrure noire sur ses avant-bras et sur ses jambes. Si elle avait fait l’effort de plier les genoux et de baisser le dos elle aurait vraiment eu l’air d’une louve-garou.
Mais elle ne voulait pas.
- Prenez place ! lança Rye. Il n’y a pas d’assiette, on n’avait pas la place ! Il faudra manger avec vos mains !
- Youpie !
Juicy tomba à pieds joints sur sa chaise, se servit de tout ce qui lui tomba sous ses chaussettes. Seule une pile de bols en verre reposait à côté de la soupière, sur le comptoir. Bufo s’en servit une louche.
- Je veux ma courge ! Je veux ma courge !
Juicy s’était à moitié affalée sur la table pour attraper une courge farcie.
- Du calme Juicy ! Attends les autres !
- Quelqu’un t’a remercié pour ce repas ? demanda Bufo à Luck.
- …
- Pourtant tu as fait un boulot incroyable.
- … Kh !
Elle se détourna, se mit à sa place. Il avait reculé en voyant ses yeux noirs de colère. Pourquoi à chaque fois qu’il la complimentait, elle se fâchait ?
Cependant la cuisine se remplissait de toutes leurs discussions et même s’il détournait parfois le regard du côté du balcon, à moitié effacé par cette nuit violâtre, Bufo se laissa prendre aux discussions. Les plats s’épuisèrent rapidement entre leurs mains, ils n’en finissaient pas de rire et de parler et de calmer Juicy et de s’amuser aux dépens de Coal.
Il ne restait plus que trois morceaux de tourte sur la table, la nappe était toute tâchée mais personne n’y prêtait attention.
- Maintenant il faut raconter des histoires qui font peur !
Juicy s’était à nouveau levée sur sa chaise pour attirer l’attention.
- C’est Halloween, il faut que chacun raconte une histoire pour qu’après on ait des cauchemars !
- Je ne veux pas avoir de cauchemars…
- Pearl a raison, intervint Rye. Et descends de ta chaise… on a déjà tellement causé ce soir !
- Mais à quoi ça sert d’avoir des déguisements si on veut pas avoir peur ? Hein Luck ?
- …
- Et toi dis et toi ? dit-elle à Bufo. Tu veux rien faire comme les autres ?
- C’est vrai que petit je m’amusais à ça…
- Je vous préviens, reprit Rye, des histoires qui font peur je n’en connais pas.
- J’en connais une…
- Et moi plein ! Alors tout le monde est d’accord ?
- …
- Tout le monde au salon !
- Dites, au passage, on est en train de se faire commander par une enfant…
Ils se dépêchèrent d’entasser les derniers plats près de l’évier puis tout le monde – même Coal – se mit en route pour le salon. Il faisait vraiment noir dehors, l’obscurité aux teintes violâtres touchait les vitres. Ils ne voyaient plus rien du balcon.
Juicy exigea d’éteindre la lumière puis sortit plein de couvertures et les lampes de leur aventure en forêt. Ils parvinrent bon gré mal gré à former un cercle sous cet empilement.
- Alors, qui comm-
- Je commence ! hurla la loutre.
- Moins fort, s’il te plait, j’ai mal à la tête.
Rye se tâtait la tempe d’une main.
- Je vais vous raconter ! la malédiction de l’appartement !
- Pas celle-là ! glapit Pearl.
- La malédiction de l’appartement ?
- Juicy la raconte à chaque Halloween.
- Vous avez pas de goût elle est super ! Cela se passe dans un lieu pas loin d’ici, lors d’une nuit proche de maintenant… et par là je veux dire ici et maintenant !
- Non c’est pas vrai… gémit Pearl.
- Tu casses toujours le suspense trop tôt.
- Mais laisse-moi raconter sinon Bufo va rien y comprendre ! Il y a des années de cela-
- Alors ce n’est plus maintenant ?
- Laisse-moi finir ! Il y a des années de cela… alors que le bâtiment était en réparation, la gérance fit appel à un architecte pour les plans d’un appartement, un seul. Celui-là. L’architecte leur donna les plans et ils achevèrent la construction. Mais ce qu’ils ne savaient pas… c’était que cet architecte était fou ! Sur son plan il avait marqué que l’appartement faisait très exactement quatre-vingt-dix-neuf mètres carré !
- J’ai connu plus fou que cela.
- Mais forcément si on m’interrompt l’histoire perd toute sa force !
- Non je veux dire, on a un savant fou : ça c’est effrayant.
- Ton savant fou il a réussi à faire construire un appartement plus grand que lui-même ?
Rye se sentit obligée d’intervenir :
- C’est une vieille histoire, les plans indiquent quatre-vingt-dix-neuf mètres carré mais tous ceux qui ont compté en ont compté cent.
- Et voilà tu m’as cassé mon effet !
Et Juicy se mit à bouder. Mais Bufo essayait de comprendre :
- L’architecte s’est trompé ?
- Bien sûr que non ! s’emporta la loutre. Il ne disposait que de quatre-vingt-dix-neuf mètres carré vu que c’était de la rénovation, béta ! Mais il en a rajouté un !
- Et en quoi est-ce effrayant ?
- Parce que c’est vrai ! Tu ne comprends donc pas qu’il y a là, quelque part dans ces murs, un espace supplémentaire qui ne devrait pas exister ! Qui te dit que ce lieu n’est pas ouvert sur un univers inconnu ou que cette anomalie n’est pas en train de dévorer l’appartement comme un trou noir ?
À cette seule pensée les yeux de Juicy brillaient comme deux univers.
- C’est pas vrai… répéta timidement Pearl.
- Mais alors pourquoi on ne compterait pas nous-mêmes ?
Tous les regards se dirigèrent sur Bufo. Il avait proposé ça sur un coup de tête, comme ça lui venait. Après tout ils avaient déjà dû essayer avant lui. À leurs visages il comprit que ce n’était pas le cas. Ca ne leur était jamais venu à l’idée.
- S’il te plait Rye s’il te plait ! S’il te plait s’il te plait s’il te plait !
- Moins fort… on va y passer la nuit avec cette histoire…
- Mais non, ce sera rapide !
- Les autres, vous en pensez quoi ? Luck, Coal ?
- …
- Mgn.
- Je veux bien… souffla Pearl.
- Yay ! Assez parlé ! Chacun retourne dans sa chambre et en calcule la taille ! Bufo notera le décompte parce que c’est lui le nouveau et que c’est un intello’ !
- C’est fou, pour moi c’est comme si tu avais été là depuis toujours.
- Fini de bavasser ! On se retrouve ici et on sera vite fixé !
Ils se dépêtrèrent de sous la couverture puis rallumèrent. Juicy déchaînée avait déjà trouvé un mètre et se mettait à calculer dans tous les sens la taille du salon. Bufo la regardait faire dans son déguisement de citrouille. Elle y croyait ? Il n’avait jamais percé la loutre à jour. En tout cas, elle avait vraiment l’air de s’amuser.
C’était tout ce qui comptait.
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Re : The chao's theory
« Répondre #40 le: Octobre 31, 2010, 12:33:47 pm »
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****

Tout le monde retourna dans sa chambre, Luck à la cuisine, et ils se mirent à compter. Bufo chercha une règle dans ses affaires et comme il n’en avait pas, il se mit à calculer au bras. Il estima qu’il devait y avoir deux mètres de large et à peu près le double de longueur. En même temps avec son déguisement ce n’était pas pratique pour compter… soudain la lumière s’éteignit et il se retrouva dans le noir, à part le flou du dehors qui emplissait la pièce. Dans sa chambre Pearl lança un cri perçant.
Les lumières revinrent presque aussitôt.
- Eh tout le monde ! Venez pour le décompte !
- Juicy si tu as joué avec les lumières !
- Non c’est pas moi !
Il quitta sa chambre et comme les autres retourna au salon. Il avait quand même pensé à prendre son bloc-notes et un crayon.
- Alors Pearl, t’en as combien ?
La jeune souris regarda Juicy surprise. Elle était encore sous le coup de sa peur.
- Combien ?
- De mètres ! Y en a combien dans ta chambre ?
- J’ai… j’ai oublié.
- Ne t’inquiète pas. lui dit Bufo. Il doit y en avoir autant que dans la mienne. J’en ai compté huit.
- Ce qui fait seize ! Et toi Coal ? Non laisse-moi deviner ! Mmmmgnh ! Ca fait quatre donc vingt ! Allez note au lieu de t’endormir !
- Je note je note…
- T’en as combien toi ? demanda la loutre à Rye.
- Sept mètres.
Elle avait l’air vraiment fatiguée.
- Sept ?! Mais ta chambre est bien plus grande que les leurs ! Comment t’as calculé ?
- Il y en a peut-être plus avec les meubles…
- Les ?! Mais qu’est-ce que les meubles ?
- À propos de ça justement, intervint Bufo, qu’est-ce qu’on fait des murs ?
Le museau de la loutre se mit à frétiller.
- Les murs, eh eh ! Qu’est-ce qu’il peut bien y avoir avec les murs ?
- Il ne faut pas compter leur épaisseur avec ?
- Mais qu’est-ce qu’on s’en fiche ! On veut une surface supérieure à la surface de l’appartement, les murs ne font que la réduire un peu plus ! À terme on a toujours neuf fois onze mètres et tant pis si on a quatre-vingt-dix-huit au lieu de quatre-vingt-dix-neuf ! Vous êtes pas sérieux !
- Et toi ? Demanda Rye. T’as obtenu combien ?
- Moi ? Soixante-dix mètres cube !
Dans le silence qui suivit le crapaud remarqua que Luck les écoutait sans prendre part à leur cercle. La louve semblait prise dans des pensées lointaines. Il comprit, elle regardait le balcon.
- Bon si c’est comme ça on recommence et cette fois on le fait tous ensemble, pièce par pièce !
- Des mètres cube…
- On y va !
Tout le monde la suivit en file indienne jusqu’à la chambre de Rye. Ils avaient l’air d’un défilé de monstres ! Quand Coal qui traînait derrière les rejoignit la loutre se mit à mesurer avec son mètre et cette fois Bufo souligna clairement le nombre de douze mètres carré.
- Juicy... arrête de fouiller dans mon armoire !
- Mais j’aurai plus l’occasion après !
Luck alla tirer la loutre de son pillage, elle prise de rire montrait ses trophées, tous les vêtements par poignées dans ses mains qu’elle avait puisé dans les tiroirs. À ce moment Pearl demanda :
- On continue ?
- Bien sûr ! Eh, il faut compter le couloir aussi ! Pourquoi personne y a pensé vous êtes vraiment étourdis tous !
- Je vais le faire ! dit la souris dans un sourire.
Elle refusa le mètre et au lieu de cela se mit à sauter dans le corridor, à cloche-pied, tout en comptant comme à la marelle.
- Un ! Deux ! Trois !
- Non non pas comme ça ! Tu sautes trop loin tu triches ! Recommence !
Elle recommença de bon cœur, à cinq elle était arrivée au coude. Bufo la regardait depuis la chambre, elle tourna la tête vers lui pendue dans son mouvement, un instant il crut qu’elle lui disait quelque chose. Mais elle bondit en avant et disparut derrière le coin.
- Six !
- Sept ! répétait Juicy à sa suite.
- Huit !
- Neuf… souffla Bufo entre ses lèvres épaisses.
- Dix !
Et Juicy dit à l’étudiant de noter dix mètres pour le couloir. Cependant celui-ci attendait que la souris revienne, alla voir à l’angle. La porte d’entrée était fermée, il n’y avait plus trace de Pearl.
- Eh, où est passée Pearl ?
- Mais tu sais bien ! le moqua Juicy. Elle est sur les toits à jouer avec ses amis !
Et dans la voix de la loutre perça de la jalousie. Pourquoi la souris préférait ces êtres faits d’eau à elle ? Tout ce qu’ils savaient dire c’était leur nom ! C’était nul, d’abord.
- Allons compter sa chambre !
Les cinq locataires se retrouvèrent serrés à la porte, de sorte que Luck et Coal restèrent dans le couloir tandis que les autres comptaient. Juicy avec son mètre tira de la poignée jusqu’à la fenêtre et compta trois mètres, et deux de largeur. Le crapaud admit qu’il y avait bien six mètres carré et non huit. Il ratura le nombre sur son bloc-notes.
- Du coup avec ta chambre ça fait douze !
- Et avec celle de Coal, seize…
- Non ! On doit compte chaque pièce pour être sûr ! Je vais faire la tienne, toi tu vas préparer le salon !
- Vous faites ce que vous voulez, ajouta Rye. Pour ma part je vais me reposer.
Et rabaissant son masque sur son visage elle passa la porte pour retourner dans sa chambre où elle s’effondra dans son lit. Bufo la rejoignit pour la persuader de rester avec eux mais :
- Laisse tomber et aide-nous plutôt !
Il hésita encore, à regarder Rye allongée sur son lit, de dos, sa toge de diablesse se mélangeait aux plis du drap. Derrière l’étudiant Luck le regardait, il se décida à les rejoindre. Du fracas lui parvint de sa chambre, Juicy qui riait aux éclats, il passa en préférant ne pas regarder.
Dehors la nuit était telle qu’elle avait englouti même le balcon, elle était à même les fenêtres. Ce flou violâtre lui sembla encore plus étrange. La compagnie de Luck et Coal le rassurait à peine.
- T’avais raison ta chambre fait bien six mètres carré !
Juicy l’avait dit tout en cachant un stylo de l’étudiant dans son dos. Il soupira, souligna deux fois le nombre avant de demander par où ils devaient continuer.
- Par le salon bien sûr ! Toi tu tiens le mètre et moi je le déroule !
Il obéit, le ruban en main regarda Juicy courir d’un bout à l’autre de la pièce, crier le nombre avant de revenir. Coal ennuyé guignait du côté de sa chambre.
- Ma chambre c’est la plus grande ! Ma chambre à moi elle est giiiigantesque !
- Un peu normal c’est le salon.
- Mh.
- Jaloux ! Et puis note ça fait sept fois cinq trente-cinq mètres carré ! Et puis tu vois on a compté le mur puisqu’on est parti de la porte !
Bufo voyait surtout l’impatience sur ses compagnons.
- On peut continuer ?
- Bien sûr ! Il reste la cuisine et la salle de bains ! Allez, on y va !
Aussitôt dit aussitôt fait, ils se retrouvèrent dans la cuisine. Les bougies étaient toujours là à brûler en lieu et place de la lumière. Plus surprenant encore, l’évier était vide, toute la vaisselle rangée.
- Mais quand… quand est-ce que…
Il n’arrivait pas à comprendre comment Luck avait trouvé le temps de tout nettoyer. Elle ne dit rien, évita son regard pour s’écarter. Mais Juicy revenait déjà.
- Quinze mètres carré ! On avance ! Dites pourquoi j’ai l’impression de m’amuser seule ?
- Luck. Dit Bufo en désignant la louve à sa droite. Coal. Ajouta-t-il en pointant du doigt le scorpion.
- Raseurs ! Toi et Luck vous comptez la salle de bains, moi et Coal sa chambre !
- Et les toilettes ?
- Ah mince ! Elle se donna une tape sur la courge qui lui servait de tête. Bon Coal tu t’y mets ! Et moi je fais ta chambre !
Le poing de Coal s’abattit aimablement sur la tête de la loutre, tandis qu’ils se disputaient – que Juicy criait et que le scorpion encaissait sans réagir – Bufo et Luck allèrent à la salle de bains, mètre en main.
Celle-ci était éclairée comme en plein jour grâce aux catelles blanches. Ils mesurèrent rapidement non sans bousculer toutes les lotions sur le bord de la baignoire. Il y avait six et quatre mètres carré, à quoi Bufo comprit qu’il pouvait se simplifier la vie et compta simplement douze mètres carré pour la salle de bains et les toilettes – murs inclus.
- On peut y aller. Luck ?
La louve fixait la fenêtre par laquelle semblait flotter la nuit dans ses teintes violâtres. Il voyait ces mêmes teintes miroiter sur la teinture noire et brillante de son pelage. Elle se tenait de dos, immobile, parfaitement immobile.
- Luck ?
Elle ne répondit pas. Il sentit la distance entre eux se creuser, pris d’une panique incontrôlable eut le besoin de la saisir. Comme il avançait la main celle-ci lui échappa, la salle de bains se trouvait dans la pénombre. Luck n’était pas là.
- Alors ? lui cria Juicy. Tu as fini ?
- Oui. Oui je crois.
Il revint dans le couloir où la loutre l’attendait, avec en tête le besoin de leur demander où Luck était passée. Mais la réponse lui vint évidente : elle était restée au magasin aider ses collègues pour la nuit d’Halloween. Il regrettait déjà son absence.
- Et Coal ?
- Dans sa chambre ! Il a décidé de compter tout seul ! T’as combien ?
- En tout douze mètres carré. Avec les murs.
- Super ! En tout on doit déjà dépasser quatre-vingt-dix mètres !
- Laisse-moi calculer… alors douze plus six plus six plus douze plus dix plus trente-cinq – le salon – plus quinze plus six plus quatre plus douze… on est en à cent dix-huit.
Ils se regardèrent sans rien dire.
- La malédiction de l’architecte a encore frappé ! La dimension parallèle est en train de ronger notre réalité et s’agrandit de minute en minute- passe ton carnet !
- Oui bon ça va…
- Mais c’est pas vrai comment t’arrives à relire tes notes ! Bon attends je compte !
- Je vais chercher Rye.
Dans son dos Juicy continuait de compter – sur ses doigts – sa voix diminuait à mesure qu’elle intériorisait le calcul. Il toqua à la porte ouverte, appela Rye.
Elle s’était retournée en partie, se leva en voyant Bufo entrer. Il allait parler mais du doigt la gazelle lui intima le silence. Sans son masque son déguisement était autrement plus convaincant. Enfin elle se leva, alla jusqu’à lui et se collant presque à lui :
- Vous en êtes où ?
Il resta un instant sans rien dire, à sentir son corps contre le sien. Puis il comprit qu’elle se jouait de lui, que c’était sa manière à elle de participer.
- Il reste la chambre de Coal. On n’attend plus que toi.
- Cette chambre est un placard.
- Laisse-moi voir… on en est à quatre-vingt-seize mètres carré.
Pour dire cela Bufo avait guigné sur son bloc-notes. Alors Rye :
- Où est Juicy ?
Et Bufo surpris par la question :
- Son ami est passé, tu ne te souviens pas ?
- Et elle nous laisse terminer sans elle ? Bon, eh bien il ne reste que nous trois.
- Oui… nous trois…
Ils allèrent jusqu’à la porte de Coal pour l’ouvrir. D’abord la porte résista à cause du matelas puis céda. Il n’y avait personne. Le téléviseur ne montrait que de la neige, grésillait dans le vide.
- Compte.
Il se détacha de Rye, se mit à compter : « Un. » Son pied s’était enfoncé dans le matelas. L’odeur de renfermé le surprit. Le grésillement se renforça. Elle lui dit de continuer : « Deux. » Sa propre voix disparaissait sous le grésillement. Les écouteurs à terre, la manette délaissée. Il ne voulut pas se retourner, sentait l’absence dans son dos. Il ne restait que la lumière de la lampe, salie, pour le séparer des ténèbres. Derrière les murs il sentait cette nuit forte, au voile d’un flou violâtre.
« Trois. »
Un vertige le saisit. Il avait compté trois, sentait le matelas s’enfoncer. Mais il restait encore de la distance jusqu’au fond, presque entièrement pris par l’écran et son grésillement sourd. Il n’osait plus avancer pétrifié. Le monde se dérobait sous lui.
- Surprise !
Ce cri l’arracha à ses pensées, il se retourna.
- Joyeux Halloween !
Tout le monde était là, dans le couloir, tous en train de rire de sa peur. Il y avait Rye et Juicy, et son ami Mud et Pearl, et Luck au regard noir, la hase et Coal et la gérante, et Flak qui voletait autour, et Field et Hazy dans sa tenue polaire, et la militaire Ninja. Il riait avec eux. Et Shell et avec Shell le machiniste, le lieutenant et le chauffeur de bus avec son rire. Et il y avait Cream et la belette mauve au sourire féroce, et la hase et les scorpions de la boutique, et les morses et leur matriarche, tous dans le couloir, et il y avait encore le renard et le hérisson bleu qui lui souriaient.
- Alors, tu crois toujours que je n’existe pas ?
- Arrête de faire cette tête ! Lui cria Juicy. Dis quelque chose !
- J’ai été si bête ! On sera toujours ensemble… pas vrai ? Pas vrai ?
Des coups sourds à la porte d’entrée.

___________________________________________________________________________________________

Journal :
Écrit en deux fois quatre pages.
Les quatre premières pages ne font qu’amener le véritable événement, à savoir le décompte des mètres carré. Mais ce n’est que vers la page six que les personnages se mettent à disparaître donc pratiquement les trois-quarts du chapitre sont hors de la tension principale. Ce qui me donne une impression de déséquilibre.
La disparition de Pearl est ce que je voulais, celle de Luck moins réussie mais presque. Rien n’était prévu pour Coal, enfin j’aime bien comment j’ai improvisé Juicy – au lieu de faire disparaître Rye. Le résultat est d’autant meilleur.
À part ça j’aurais pu écrire des pages et des pages et des pages, les dialogues permettant des relances interminables il suffit de lancer une réplique pour pouvoir enchaîner sur n’importe quoi.
Le plus « contrôlé » dans ce chapitre reste le voile violâtre – le chaos – tellement réitéré que le lecteur ne peut que le garder en tête. C’est presque un problème.
Enfin le cri de Luck au début est totalement improvisé, j’y ai pensé en leur inventant leurs costumes – improvisés eux aussi.
« Dernière édition: Juin 07, 2011, 10:02:28 am par Feurnard »
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Re : The chao's theory
« Répondre #41 le: Novembre 09, 2010, 07:31:10 am »
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Oui, j'ai oublié ma propre fic', et alors... Cela dit, dernier chapitre de la seconde partie, ensuite plus rien d'ici février.

Dans l'épisode précédent la ville où vit Bufo est attaquée par une machine et malgré la résistance, cet ennemi s'installe au centre où elle déploie un champ chaotique.

The Chao's
Theory

Épisode 14 :

Dans la ville inanimée les rues résonnaient de silence, les fenêtres vides donnaient sur des fontaines à sec, tout du long les façades se couvraient d’ombres. D’un angle à l’autre les immeubles intacts côtoyaient les artères dévastées, faites seulement de débris jusqu’où pouvait porter le regard. Les chaînes les surplombaient, s’étendaient jusqu’aux pentes où tendues elles s’étaient enfoncées, brisant encore dans les habitations. Le centre n’existait plus au lieu du centre gonflait la sphère de noir nocturne, une masse aussi mate que miroitante s’étendait dont le halo déformant la lumière faisait flotter les regards.

Trente lanceurs de l’Unité ouvrirent le feu alignés les véhicules crachèrent des traînes de poussière derrière l’herbe se soulevait, de même les traînes des munitions alourdissaient l’air. Elles allaient grimpant d’abord au-dessus de la cité, retombaient en son centre pour s’abattre sur la sphère, ne la touchaient pas encore dans leur chute interminable. Les lanceurs se turent à court de munitions, les traînes peu à peu s’estompèrent. Soudain des crevasses de flammes couvrirent le halo, les balles incandescentes se multipliaient sur le halo le déformaient, des secousses ébranlèrent les murs comme les cœurs tonitruantes passèrent les bords pour s’estomper parmi la foule.

Contre ce phénomène les militaires n’avaient trouvé pour toute réponse que la puissance brute, l’artillerie enfin déployée était entrée en action. Lorsque les dernières déflagrations s’éteignirent la bulle informe tant de fois reformée se déchira, en un instant elle s’était estompée. La gare réapparut ruinée, sous elle le parc avec la machine d’acier composée de ses chaînes où le même halo perdurait. Dans cet espace s’abattirent les bombes de l’armée, un fracas immense s’éleva avec les gerbes, firent éclater les façades, retournèrent le béton. Les maillons emmêlés en toile sous les coups portaient se désagrégeaient.

Il sentit les coups portés lui couper le souffle, les gravats s’enfoncer dans son dos, toute la poussière qu’il respirait avait l’odeur de limaille. Un instant ses paupières se refermèrent sur ses yeux de braise, la pièce d’acier gigantesque lui barrait sa vision.

Ses jambes ne lui répondaient plus, il les sentait à peine dans leurs picotements, chercha à soulever ses bras. La surdité lui vrillait le crâne, les dents serrées l’étudiant souffla, souffla encore, sentit le sang revenir. Tout ce à quoi il pouvait penser, se lever, en cet instant, son gant s’était déchiré dans la chute. Une douleur le traversa lancinante un mouvement de la tête la chassa, le goût de roche sèche, de paillette de fer lui brûlait les lèvres, avec ses épaules il se retourna, découvrit son bras à moitié enseveli. Les secousses avaient cessé, sa respiration trop rapide faisait trembler ses membres.

En un geste il rouvrit grand les paupières les prunelles flamboyèrent contre la roche, son bras s’arracha aux gravats, glissa sur le métal de la chaîne. Un cri lui fit lever la tête la main de Shell l’agrippa, il l’agrippa à son tour pour se laisser tirer. Ses pieds reprirent vie encore engourdis qu’il força à prendre assise, sous lui la pile de débris vacilla, s’effondra complètement. Il fit un dernier effort, passa le bras dans l’anneau puis la jambe, se laissa tomber de l’autre côté. La jeune souris se jeta dans ses bras.

Son ami les regardait s’émouvoir, les laissa faire. Quand l’étudiant se releva il rappela qu’il leur fallait se mettre à l’abri. La sphère ne les avait pas atteints, il avait cru pourtant mais la tortue était formelle, tout s’était arrêté à temps. La chaîne près d’eux se mit à trembler, ils la virent s’arracher du sol, se mirent à courir. Au loin le haut des pentes se couvrait toujours de monde, habitants ou militaires, la distance à parcourir ajouta à son vertige. Pearl lui tenait la main, ses doigts fins touchaient le gant déchiré. Il manquait trébucher à chaque pas, sentait se mouvoir les chaînes derrière et autour d’eux.

Pour un temps les salves avaient cessé, à part le tremblement des chaînes plus rien ne répondait à leur course. Ils traversaient les rues si familières, en partie anéanties, découvraient sans s’y arrêter cet environnement devenu en quelques heures hostile. Il savait ses jambes trop faibles pour le porter, les forçait à un effort impossible. Ce qui le faisait tenir debout, cette force, il n’en connaissait pas le nom, supposait que c’était le désespoir. Au-devant d’eux les tables de restaurant avaient été soufflées, la façade éclata. Ils se retrouvèrent jetés à terre lui couvrant la petite souris, l’étudiant l’entendit d’abord gémir.
De nouvelles explosions toutes proches mirent fin à son essoufflement. Un maillon éclaté alla s’écraser en bout de ruelle pour s’immobiliser tout à fait. En même temps se rapprochait le bruit des réacteurs.

Une nouvelle chaîne s’abattit sur eux accueillie par les rafales du canon, les maillons cisaillés s’écrasèrent sur le côté. Shell saisit l’étudiant à l’épaule, il les relevait, un mécha’ les survolait qui s’était déployé pour atterrir. L’appareil toucha le sol emporté par son inertie, deux sillons crevèrent la vieille route. Une voix de militaire, déformée par la radio, leur ordonnait de fuir. Cependant l’étudiant voulut aller dans la direction du véhicule venu les sauver, il aurait voulu monter à bord. Shell le retint. La voix leur répéta de courir, des chaînes se présentaient de tous les côtés il resta un instant pétrifié, ses jambes prêtes à le lâcher la tortue le secoua. Alors attrapant Pearl il repartit en direction des pentes.

Le sol s’enfonça sous eux, les bâtiments surpris par le choc s’effondraient en de multiples lieux tandis que le halo revenait plus sombre encore couvrir cette toile d’acier étendue sur toute la cité. Il crut la cité en flammes. Le magasin disparaissait derrière eux encore intact quand il s’en rendit compte un sourire lui vint, son ami le lui rendit puis Pearl derrière lui qui courait, la petite tomba. Il la saisit à terre, sans plus y réfléchir alors qu’elle se laissait aller à l’évanouissement la souris lui murmura quelques mots timides, il n’écoutait plus. À présent ils gravissaient les pentes, moins vite, de moins en moins vite alors qu’ils dépassaient les spectateurs les plus avancés, quelques jeunes sur les toits d’où ils observaient s’étendre le réseau d’acier flamboyant.

Enfin la pente elle-même s’estompa, ils trouvèrent les espaces plus vastes d’aménagements que la machine n’avait pas dévastés, tous emplis de foules aussi épuisées qu’eux. Partout où il posait le regard les lieux étaient noirs de monde. Un petit cri perçant le fit sursauter, Flak se plaqua sur sa tête sans plus en bouger, lui les bras occupés laissa faire content de le retrouver. Il s’attendait à voir les autres surgir, parmi toutes ces personnes épuisées les visages qu’il croyait reconnaître n’étaient que des étudiants, quelques personnes croisées au hasard pour lesquelles il ne voulait pas s’arrêter. Shell se rappela à lui, il avait du monde à voir, s’il le cherchait il serait à un petit parc d’école en compagnie d’amis.

« On le boira un jour, ce verre, tu verras ! »

Ces paroles lui redonnèrent du courage, l’étudiant en oublia presque ce qu’il avait traversé. Avec Pearl entre ses bras, le compagnon sur la tête il alla en direction des militaires, vers les lieux plus encombrés de monde où le biplan était supposé s’être posé.

Ses pas le menèrent sous la voie ferroviaire par les pylônes aux socles de pierre les ombres plus fraîches se trouvaient aussi moins fréquentées. Des groupes de jeunes se parlaient à haute voix satisfaits se répétaient leurs prouesses, ils crurent que le crapaud s’était battu aussi. L’un d’eux, un étudiant, répéta que c’était certain parce qu’il avait déjà combattu dans le nord, et de demander si c’était la même machine. « Comment c’est possible ? » Il ne s’agissait pas non plus d’un autre modèle, pourtant l’araignée d’acier avait été détruite.

Avant qu’il ne puisse parer à rien un hurlement lui tomba dessus sous la forme d’une loutre extatique, Juicy se pendit à son cou avant de se relâcher de plaisir, lui prit sous ce poids supplémentaire n’y tint plus, les quatre avec Flak se retrouvèrent au sol. Elle riait, la loutre, répétait qu’il devait sortir plus, qu’il finirait comme Coal. Après quoi elle promit de s’occuper de la petite tandis qu’il irait trouver les autres. L’étudiant aurait voulu lui demander encore pourquoi elle s’était trouvée là, tandis qu’il s’éloignait, préféra ne plus y songer. Il était sûr à présent de les retrouver tous, cela seul importait.

Un peu plus loin la foule s’ouvrait un peu, il reconnut quelques employés du magasin. Ils avaient vu Luck, elle était dans une allée d’arbres sur une ancienne place de parcs, une aire bétonnée. Les tirs reprenaient, des déflagrations dans le bassin ponctuaient ces masses de chaînes sombres. Plutôt que de regarder l’étudiant courut tant qu’il pouvait vers la ligne d’arbres.

D’abord une silhouette lui apparut familière, parmi d’autres, celle de la hase aux longues oreilles. Elle était assise contre le tronc, un bandage sur la tête, il n’arrivait pas à voir son visage. Alors qu’il s’approchait la louve se détacha de derrière l’arbre, il la vit sombre qui se tenait à peu de distance de la lapine. Lui-même se figea, il venait de deviner quelque chose à les voir seulement ainsi, la louve de cendre ne le remarquait pas. Elle croisait les bras, montrait des crocs, en rage non contre son amie mais contre elle. L’employée assise contre l’arbre lui tournait le dos, il voulut s’approcher, hésita.

Quand il se décida son premier pas fut interrompu par le souffle des pales, un hélicoptère passait à bord duquel il reconnut, malgré son casque, l’agent Ninja. La taupe l’avait remarqué aussi, elle se tapa le casque du poing sans qu’il comprenne. Alors oubliant ses préoccupations l’étudiant se mit à trotter à la poursuite de l’appareil, celui-ci atterrissait plus loin dans un espace dégagé par les militaires. Il arriva jusque devant la garde des soldats, ceux-ci l’arrêtèrent. Ninja débarquait, elle le remarqua encore aussi parce qu’il l’appelait. Alors se détachant de son équipe elle alla vers lui.

Les militaires le laissèrent passer. Ils se retrouvèrent face à face, elle sans rien à lui dire, lui les mots au bout des lèvres. Tous les reproches qui lui vinrent en tête, il les lui fit. Puis sentant que c’était inutile, demanda s’il s’agissait vraiment de la même machine. Pour elle non, il ne la crut pas. Les militaires la pressaient d’abréger, elle leur fit signe d’attendre. « T’es pas un héros. » Afin de lui dire cela la militaire avait même retiré son casque, enfoncé ses yeux dans les siens. Il n’y lisait aucun reproche, presque de l’indifférence froide. À nouveau les reproches fusèrent sans trouver de prise.

Elle lui répéta d’éviter les combattants, appuya sur le terme comme pour l’agiter tout entier devant lui. Il n’y avait là qu’une bande de jeunes en mal d’occupation, qui n’avaient pas la moindre idée de ce à quoi ils jouaient, qui mettaient les gens en danger. Ses paroles se perdaient dans le bruit des pales qui n’avaient pas cessé de tourner, le souffle battait sur eux par rafales, ils s’entendaient par hurlements. La fatigue le faisait vaciller ainsi que le souvenir, tout ce qu’il avait vu de cette matinée, la militaire repoussa encore ses subordonnés. Elle ne voulait pas partir avant d’être certaine de ce que le crapaud comptait faire.

Il avait la bouche sèche, pour lui presque plus rien à dire sinon la fatigue qui lui faisait trembler les membres. Peu importait qui avait raison ou tort. Il avait serré les poings, il les tenait dressé à hauteur du bassin lui-même vacillant. Peu importait. Elle chercha à comprendre, ses yeux de braise la surprirent.

Dans ces derniers instants où la cité s’effondrait plus rien ne pouvait menacer la machine, l’armement le plus lourd du gardien s’avérait inopérant. Il ne leur restait plus d’espoir mais un héros, tous en fin de compte se reposeraient sur lui. Alors peu importait qui se battait avec ou sans uniforme, il l’empêcha de le couper, peu importait de s’en remettre à un jeune ou à un autre. L’étudiant soutint le regard inflexible de la militaire, lui demanda s’il avait raison. Elle eut un début de sourire vite effacé, remit son casque.

Son équipe crut qu’ils allaient se mettre en route, au lieu de quoi elle ordonna d’amener la valise. Ils tirèrent de l’appareil une mallette toute de métal épaisse, qui contrastait avec leurs uniformes. L’étudiant ne vit aucun verrou, aucune sécurité lorsque la militaire l’ouvrit, lui présenta le contenu, il fut ébloui.

Trois émeraudes reposaient sur un fond mou, enfoncées à moitié elles se mirent à reluire à la lumière du jour, de tant d’éclats qu’il s’y perdit. L’une irradiait ardente, rougissait ses arêtes taillées en une infinité de facettes. Ses lueurs luttaient avec les feux d’un jaune solaire, la pierre à côté à moitié découpée par l’ombre flamboyait. Il resta un instant sur elle avant de remarquer la dernière pierre précieuse, à l’écart, d’un gris clair sans éclat particulier où il crut un instant distinguer son reflet. Ninja referma la valise, tout ce qui leur restait à jeter dans la bataille. Il avait eu sa réponse.

Désormais le temps leur manquait, les radios des soldats crépitaient d’ordres. Un silence les surprit au retour du calme, les pièces du gardien s’étaient tues. Elle lui dit encore quelques mots avant de s’éloigner, l’hélicoptère redécolla abandonnant la place aux civils. Il observa la troupe disparaître, la valise entre leurs mains, alors même que la place s’emplissait d’autres personnes certains lui demandaient de quoi ils avaient causé, venaient s’assurer du contenu entrevu un instant. Pris dans ses pensées l’étudiant ne parvenait pas à répondre.

Bientôt l’accalmie attira son regard, dans la distance la ville dévastée couvrait toute la profondeur, il n’arrivait plus à voir au centre que ces nœuds de chaînes informes. Les gens lui parlaient encore, il répondait par bribes. Le sol disparaissait sous les anneaux de métal. Cette distance qui lui avait parue infranchissable, là-bas, lui sembla trop faible pour qu’ils soient réellement en sécurité. Autour du centre le sol s’était effondré par étages, s’enfonçait martelé dans toutes les directions, couvert de cratères.

Une rumeur monta autour de lui suivie par un mouvement de foule, les gens partaient par une artère assez large du côté des militaires. Il voulut pour sa part retourner à l’ancienne place de parc, vers l’allée d’arbres pour se rendre compte que plus personne ne l’y attendait. L’étudiant choisit de suivre, non sans sentir cette fatigue de plus en plus lointaine lui peser.
Au coin les camions barraient la route, les soldats avaient levé des barrières. Il chercha à voir derrière par-dessus les têtes de la foule pressée ce qui se préparait, apprit qu’au-delà se trouvait le centre sportif avec ses vastes terrains. Au lieu d’insister l’étudiant préféra se mettre à l’écart, s’appuya à un lampadaire où il put enfin souffler. Tout son corps lui était douloureux. D’où il se tenait tout lui était caché, il ne voyait que le mouvement des gens devant lui se pressant pour l’événement. Une voix familière l’interpella, il songea que ce pouvait être Ninja, écarta cette idée.

Alors il se persuada que c’était Rye, l’étudiant s’arracha au poteau pour suivre ces appels. Une porte s’ouvrait par laquelle il entra, le bâtiment n’était occupé qu’aux fenêtres. Il traversa les couloirs puis les escaliers pour atteindre le toit, en haut une douzaine de personnes se côtoyaient près des rebords. Son regard passa de l’un à l’autre vivement en quête d’un trait gracile, d’une corne qui dépasserait. Il s’était trompé, la main qui s’abattit sur son épaule venait de Field, son professeur satisfait de le revoir le secoua aimablement. Il lui demanda dans la foulée toutes les questions du monde, sans attendre la réponse lui fit savoir ce qui se préparait, lui pointa du doigt la direction des stades.

Des tentes avaient été dressées en bout de terrain, dans un coin du centre sportif. Tout le reste était désert à part la piste d’athlétisme où, fier comme dans ses souvenirs, reposait le biplan. Il sentit monter en lui la tension.

Tout un groupe se tenait autour de l’avion, formant un cercle au milieu duquel se tenait le hérisson. Le professeur le désignait du doigt, passait aux autres en les nommant même pour les plus célèbres. Son assistant se permit de compléter le nom d’une militaire. Ninja s’était avancée, valise en main, présentait le contenu comme elle l’avait fait pour lui. Il s’approcha du bord comme tant d’autres, malgré les avertissements des soldats, regarda les émeraudes sorties au grand jour qui passaient de main en main. Il en avait compté trois, en compta cinq, puis six, chaque éclat plus vif que le précédent.

Plusieurs secousses ébranlèrent le terrain, les chaînes qui tirant sur les bords provoquaient ces séismes. Tout le monde reporta son attention sur le hérisson. Partout le même nom se répétait en manière d’assurance, il regardait faire ce spectacle lointain sans y croire. Son professeur expliquait chaque étape, dans un esprit scientifique décrivait tout ce qui se savait du phénomène, l’étudiant n’écoutait pas.
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La force est une faiblesse, la faiblesse est une force.
 
 
Re : The chao's theory
« Répondre #42 le: Novembre 14, 2010, 04:25:27 pm »
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Fin de la seconde partie, la moitié de l'histoire est écrite. La suite en février.

****

Même quand il vit la septième émeraude il refusa d’y croire. Le cercle s’était écarté, le héros jouait désinvolte avec tous ces diamants. Ce même nom lui revenait aux oreilles, pourtant, « ce n’est pas Sonic. » Alors il savait que ça n’arriverait pas.

Une lumière fulgurante traversa les rangs de spectateurs là-bas les sept pierres flottaient en cercle autour du héros mondial il les regardait, sur son visage les traits assurés du vainqueur se concentrèrent. Un frisson parcourut la foule, Field s’était tu. Ils sentaient la puissance irradiée telle un flot remuer jusqu’au cœur de leur nature les gens reculaient, se tendaient pressés l’énergie captivait les regards, sept mille feux se mêlaient là-bas qui attisaient ses yeux de braise. Le vent avait cessé de souffler.

Pour un instant les gens n’entendirent plus rien de ce qui se passait plus personne ne parlait là-bas au centre de la ville les coups portés se faisaient si loin qu’ils ne portaient plus, les chaînes tremblaient à vide. Rien n’existait que ce hérisson et les lueurs vives des sept merveilles à leurs pulsations les cœurs tremblaient de milliers d’habitants, de millions. Son goitre le brûlait, il n’osait plus bouger pétrifié, il n’osait plus cligner des yeux de peur de manquer l’instant où les émeraudes suspendues se mirent à retomber.

Elles descendirent jusqu’à toucher le sol, là perdirent leur éclat. Ils parlaient à nouveau dans le cercle dans la foule également tout le monde demandait ce qui se passait. À côté de lui aussi épaté le professeur Field se perdait en conjectures. Rien ne s’était produit, au final, il avait eu raison. En cet instant contre tout il avait eu raison, de le savoir l’effrayait à présent qu’ils entendaient à nouveau gronder les chaînes, la peur le prenait de ne pas s’être trompé. Il regardait les pierres, l’étudiant refusait de croire que c’était fini.

De toutes les personnes rassemblées une seule ne s’inquiétait pas. Le hérisson demeurait calme, il avait ramassé une pierre pour la soupeser, elle battait dans son gant. Quelques cris éclatèrent derrière les barrages les soldats couvraient toujours les accès, des plaintes confuses suite à l’incident. Ils prirent conscience que les hélicoptères les survolaient, des milliers d’écrans fixés sur eux observaient l’événement. À mesure que l’idée se faisait qu’il ne s’était rien produit les cris se multiplièrent, des plaintes, de la rage, tout ce qu’il y avait d’émotions éperdues parmi les gens rassemblés. L’étudiant sentait la sueur couler dans sa nuque, une fièvre le prenait de songer à ce qu’il contemplait.

Tout ce temps où il l’avait dit, il le regrettait, il se refusait à répéter même dans sa tête : « Ce n’est pas Sonic. » Parce que cela les condamnait tous.

Entre tous les cris de l’assistance son oreille en trouva d’autres inattendus, des cris plus faibles et plus aigus qu’il reconnut rapidement. Bufo tourna la tête, regarda entre les jambes, parmi les pieds des gens derrière les poubelles ou par les vitres, dans les creux secs des fontaines toutes ces petites têtes aux grands yeux clairs et liquides, les figures d’enfants éternelles. Il fallait le refaire. Son professeur lui demanda quoi, il comprit avoir parlé à basse voix, répéta plus haut, que le héros réessaie. Alors qu’en lui renaissait l’espoir tout de suite il s’y refusait, il ne voulait pas mais entraîné par son propre mouvement, hurla à la foule, que le héros réessaie. À la télévision, aux radios, sur la place son cri s’imposa suivi par d’autres. Des milliers de voix en chœur appelaient un nouvel effort.

Sur le coup il se rendit compte jusqu’où sa voix avait porté. Les soldats eux-mêmes s’étaient tournés, du même appel encourageaient leur symbole, le dernier espoir de la cité. Ils avaient oublié, effacé tous les sentiments derrières ces seuls mots, acclamaient le hérisson bleu. Le même frisson qui avait pris la foule, le même éclair fulgurant les traversa venu cette fois d’eux pour aller au centre de toute l’attention, l’étudiant n’avait plus besoin de s’user la voix, il observa. Face à tout ce monde le hérisson se contenta de sourire.

Il lança l’émeraude en main, il la jeta droit en l’air, avant qu’elle ne retombe toutes les autres se trouvaient autour de lui flottantes elles tourbillonnaient, il avait fermé les yeux concentré le souffle tomba brutalement. L’étudiant vit, nettement, les flots chaotiques se dessiner, parcourir l’herbe, remonter jusqu’au hérisson. Il en trembla. Les ombres disparurent balayées une étoile illumina les lieux aussitôt gagna en intensité il crut être aveuglé, l’étudiant recula. Il avait tourné la tête, regardé la provenance des flots, il les avait vu se perdre dans la foule par centaines, tous ces petits cris réunis en ce chant mystérieux. Son cœur le saisit, avant qu’il ne se retourne Bufo savait ce qu’il allait voir.

Son pelage pareil à l’or purifié par les flammes faisait vaciller l’air autour de lui, au sein du cercle formé par tant de personnages il s’était élevé, pour tout sourire la face sévère du combattant. Un halo vif, pareilles aux flammes sous le vent, découpait sa silhouette. Il voyait le chaos se tordre et se refaire contre son corps, noyer les membres de cet être moins vivant qu’atemporel. L’énergie palpable se consumait.

Un monde se mit à fêter, à acclamer, à applaudir qui l’assourdit plié la tête lui tournait, quand il chercha le hérisson du regard ce dernier avait filé par le haut des toits, en un éclair traversait les pentes de la ville. Depuis son immeuble l’étudiant ne pouvait plus le suivre, il fut le premier à se précipiter dans l’escalier suivi par tous, se retrouva pris dans la cohue. Un affolement incontrôlable le prenait qui le poussait à courir, à bousculer, jusqu’à ce qu’il retrouve l’éclat fantastique du héros. Dans la rue ses pieds chaussés tremblaient encore là où les flux chaotiques avaient croisé.

Il arriva enfin dans la rue en pente, découvrit à nouveau la ville, ses bâtiments intacts côtoyant les ruines, les longues chaînes partout grevant les allées et l’amas du centre d’un sombre d’acier.
Les premiers maillons volèrent à son passage les pièces déchiquetées ricochèrent dans le ciel où elles finirent de se désagréger, les gravats se soulevèrent en gerbes battirent contre les façades il traversa les couloirs jusqu’à l’avenue centrale face à son adversaire, s’immobilisa. La machine enfoncée dans sa toile le toisait, des dizaines de chaînes filèrent à sa rencontre qu’un revers de la main brisait il chargea au travers, à son contact le métal sifflait puis cassant s’allait perdre sur les côtés, même quand la masse le pressa de tous côtés elle ne fut pas suffisante à l’arrêter, il ne craignait plus rien.

Moins d’une minute suffit à le porter au contact toute la distance traversée le hérisson se jeta droit sur son adversaire, roula en boule la foule d’élever sa clameur, une secousse fit trembler les alentours en même temps que brûlait là-bas l’énergie au contact. Tous se turent, l’attaque avait échoué, l’araignée de chaînes avait concentré un champ de chaos trop épais pour être traversé. Ce champ se concentra pour former une vague qui repoussa le hérisson, la vague grandit pour traverser l’avenue puis les bâtiments et jusqu’aux pentes, l’étudiant se rendit compte qu’elle se rapprochait, sentit la seconde passer, au dernier instant la lame se briser sous une nouvelle attaque du champion. Il regarda retomber les filaments encore visibles du chaos à l’état brut, où la réalité entre ses yeux se déformait, se rendit soudain compte que la peur l’avait fait tomber. Personne autour de lui ne s’en était rendu compte trop absorbés par l’action, ils n’avaient pas eu le temps d’esquisser un geste.

Cependant le héros loin d’abandonner reprit l’assaut, courut sur les toits puis sur les ruines dans un mouvement toujours plus large autour de la machine jusqu’à ce que sur le côté au point le plus faible il brise sa course pour aller droit dessus, entra au contact, à nouveau le champ le repoussa. Le champ se nourrissait de la propre puissance de l’assaillant en plus de celle puisée au sol rendant les tentatives inutiles. Il le disait pour lui-même sans songer que derrière Field l’écoutait. Le héros s’épuisait bien plus vite qu’il n’aurait dû, sa forme depuis le début était instable. Il voulait se taire mais ne le pouvait pas, l’étudiant avait besoin de s’entendre parler pour rester calme.

Dans la distance ce qu’ils regardaient n’était qu’un minuscule éclat, si net dans le ciel, rejeté à cette altitude par la vague brisée le héros fila droit sur son adversaire, la machine d’acier envoya ses chaînes à sa rencontre. Elles se couvraient du même halo sombre fulminantes le manquèrent toutes tandis qu’il s’abattait en un instant, le champ chaotique s’intensifia, la réalité au centre se distordit. Il n’avait pas visé la machine cependant mais tombé à côté se mit à tourner autour de plus en plus vite, esquivant les attaques, toujours plus vite jusqu’à n’être plus qu’un trait d’énergie à ras le sol son passage crevait la roche et la terre à l’entrouvrir, un tourbillon se forma qui aspira l’air sur toute la ville.

Les chaînes accrochées aux pentes une à une cédèrent, les attaches se défirent les colonnes de la toile à mesure désarticulées furent entraînées par ce souffle toujours plus puissant, le halo de chaos lui-même fut absorbé. Bientôt les pattes de l’araignée se dégagèrent du sol fragmenté, les blocs de béton s’élevaient en même temps qu’elle dans la tornade toujours plus vive, plus lumineuse, un rayon de lumière virevoltant battait sur le centre de la cité. Les autres pattes cédèrent en même temps, la machine soulevée se retrouva dans les airs sa toile brisée les maillons défaits voltigèrent de tous côtés, allèrent s’écraser sur la distance. Une chaîne complète s’abattit sur la pente pour rebondir plusieurs fois au-devant de l’étudiant. Il ne songeait pas à la menace, se contentait de regarder.

Cette attaque n’avait duré que quelques secondes, elle prit fin aussi brutalement. L’araignée d’acier ses chaînes en grandes parties défaites retomba lourdement dans la place, avec elle tant de débris qu’il se forma un gigantesque nuage de poussière. La foule attendit anxieuse, lui avec, il savait. D’abord le héros parut, auréolé de flammes, puis les chaînes qui l’obligèrent à battre en retraite. La poussière fut soufflée, l’araignée reparut recroquevillée au point que les pattes brisées lui rentraient dans le ventre, elle n’était plus qu’un cocon informe. Les chaînes rattachées à elle par le chaos tournoyaient autour en ellipses, s’étendaient violemment pour battre le sol, y crever des sillons.

Il reporta son attention sur le hérisson, vit clairement malgré la distance la puissance trop faible, l’énergie s’évanouir. Le héros se posa sur le toit étroit d’une tour, là mit un genou à terre. L’éclat se perdait, menaçait de disparaître.

Il savait ce qui allait se produire ensuite.

De la foule, des pentes, des ruines et des quartiers intacts s’élevèrent les créatures pour le rejoindre. Il les vit à gauche, à droite, les devina minuscules dans le ciel. Certains surgissaient de son dos pour filer par les pentes rejoindre le héros en détresse, des centaines et des centaines se portaient à se rencontre appelés par l’instabilité du chaos. Comme ils approchaient le hérisson se releva, la lueur gagna en intensité. Alors dans le ciel dégagé revinrent les couleurs, toutes les teintes miraculeuses qui dessinèrent autant d’arcs de bord en bord, multicolores, le soleil et la bruine faisaient leur œuvre.

À présent le héros se redressait au sein du ciel peuplé d’autant de piliers merveilleux, il fit face à la machine. La foule sentit l’instant venir, les clameurs montèrent faites du nom héroïque et toutes ensembles à le féliciter, les gens couraient déjà par les rues à sa rencontre. Il ne restait rien que la machine puisse faire, dans l’instant le hérisson chargea, esquiva les chaînes pour se frayer un passage, les défenses se doublèrent en travers des dizaines de maillons agglutinés venaient s’entrechoquer à sa rencontre, il recula, passa ailleurs pour reculer encore, recula si loin et si haut qu’il se mêla à l’un des arcs-en-ciel. Les deux lueurs se confondirent, il plongea à travers l’arc sur son adversaire, franchit toutes les défenses opposées pour le traverser de part en part.

Malgré le choc la machine se maintint en l’air, il la traversa encore une seconde fois, une troisième, les chaînes à mesure se démembraient, l’araignée les rappela toutes sur elle pour les plaquer sur son corps à l’instant où, pour la quatrième fois, elle se faisait enfoncer. Elle se creva elle-même à plusieurs reprises frappant, tous le savaient, son assaillant, elle s’empala et ce faisant se démembrait, les pièces de métal s’effondraient sous elle en pluie. Il ne resta bientôt qu’un nœud de chaînes, une dernière toile tissée aérienne qui tenait au-dessus de la place centrale. Le halo auparavant si sombre y flottait encore à peine visible, fumait sur les pièces imbriquées. Ils attendirent qu’elles se brisent.

Elles ne se brisèrent pas. Une minute passa sans que rien ne les dérange, le nœud tenait. Alors les lanceurs rechargés braquèrent leurs armes sur ce reliquat du combat, prêts à faire feu pour libérer leur héros. Ils attendirent cependant, même à cet instant, les lanceurs pointés restaient silencieux.

Tirer n’aurait servi à rien, les maillons se nourrissaient encore du chaos de la bataille, elles auraient résisté aux impacts. À l’intérieur le hérisson avait perdu sa puissance, il se trouvait prisonnier, trop affaibli pour s’échapper par lui-même. Pearl demanda ce qu’ils pouvaient faire, il sursauta en l’entendant lui demander cela, Bufo crut avoir une attaque. En cet instant critique il ne songea plus qu’à quel point il était ridicule d’avoir été surpris par une écolière. L’étudiant s’assit auprès d’elle, lui chuchota quelque chose à l’oreille qui la fit rayonner. Elle acquiesça puis, sans attendre, sans réfléchir, se mit à courir pour disparaître dans la foule. Des milliers de gens s’inquiétaient, sauf eux désormais.

Alors qu’il revenait au nœud de métal toujours intact, si vague dans le lointain son professeur lui demanda ce qu’il avait chuchoté à l’écolière. Admettre son ignorance pesait à Field, il ne le cachait pas, demanda si vraiment elle allait changer quoi que ce soit. Avant qu’il ne réponde un chant s’éleva, un petit chant enfantin et les figures enfantines dans le ciel, toutes ces figures auxquelles plus personne ne prêtait attention, restées spectatrices comme eux se mirent à répondre, à chanter également, puis elles se dirigèrent vers les maillons. Pearl avait réussi, comment, il ne lui demanderait jamais.

Un à un les créatures passèrent entre les maillons, y disparurent cachés par le léger halo. À mesure qu’ils s’y effaçaient le chant mourait avec eux, ces centaines de petits êtres se confondirent à la toile d’acier. Leur présence rompit le halo, celui-ci disparu un tremblement secoua la structure, là où elle s’accrochait le sol trembla, soudain, les dernières chaînes se désagrégèrent. Dans un coup magistral le hérisson avait cisaillé ce nœud, il tombait avec lui tous les débris déchiquetés s’allaient écraser dans les rues, avant qu’il ne soit trop tard le biplan se jetait au travers pour le récupérer.

Tandis que le biplan s’éloignait une à une sept traits de lumière d’une couleur différente filèrent dans le ciel, dans des directions opposées, répondant aux arcs-en-ciel qui couvraient la cité. La foule se précipitait par les pentes les hélicoptères filèrent à la suite du héros vainqueur, ils quittaient l’abri des bords pour le centre portés par une même joie. En arrière restait Bufo, l’étudiant regardait toujours comme hébété tout ce qui s’était déroulé, tout ce qu’il avait fait, ce qu’il n’avait pas fait, ce qu’il croyait ou ne croyait plus. Bientôt autour de lui la rue fut vide, il restait seul.

Deux bras s’enroulèrent autour de son cou, la gazelle dit à son oreille : « Bien joué. » Derrière Field les regardait amusé autant qu’il pouvait l’être de cette scène, de la surprise de son assistant. Luck supportait la loutre qui lui décrivait de toutes les manières possibles ce à quoi tout le monde venait d’assister, elle imitait le héros les bras ouverts puis se calma en voyant revenir Pearl. La souris se jeta à son tour dans les jambes du crapaud : « On a réussi ! » Elle se reprit avec peine en présence de tous les autres, Coal les rejoignait ennuyé, s’époussetait les bras et le dard. Il vit encore une dame âgée, la crinière coiffée avec tant de style qu’il en restait soufflé, lui tendre la sole.

Mademoiselle Shard s’enchanta de faire enfin la connaissance de son nouveau locataire, lui également ils observèrent qu’il allait falloir tout reconstruire. Juicy n’attendit pas qu’ils finissent, elle filait avec sa planche retrouver sa vie de tous les jours, ils la regardèrent s’éloigner en riant. Le bruit d’hélice les surprit, le biplan repassait dans cette direction, vola au-dessus d’eux avant de s’éloigner. Il regarda Luck et, avant qu’elle ne détourne le regard, s’approcha d’elle. Dans son dos la gazelle le regardait faire, les bras croisés. « Merci » dit-il seulement avant de se détourner le premier.

Il proposa ensuite d’aller fêter à la victoire, tout le monde approuvait, leur petit groupe redescendit la rue où tant s’était déroulé qui ne se devinerait plus par la suite, quand tout serait reconstruit. Cette fois cependant l’idée d’un retour à la normale lui plut moins que la pensée de toutes les possibilités qui s’ouvraient à eux désormais.

___________________________________________________________________________________________

Journal :
Le texte est allé sans trop de peine, l’intervention du G.U.N. au départ assez justifiée, arrivé à l’abri j’ai eu du mal à motiver la suite. Quelques hésitations avec même une version où Shell et Bufo vont voir Pupil. Finalement tout s’enchaîne, j’évite la rencontre difficile avec Luck. À chaque fois, motivation faite, tout va tout seul.
La rencontre avec Ninja est vraiment laborieuse. Il s’agit du moment le plus important mais cette discussion n’a sa place ni ici ni nulle part ailleurs dans le texte – j’ai vraiment mêlé deux thèmes qui n’ont aucun lien. Le fait qu’elle montre les émeraudes n’est pas justifié.
Surtout je suis un peu déçu par la mise en scène, mes descriptions sont pauvres – au mieux – quand je ne les expédie pas, mes personnages et situations un peu bâclés. La scène importante où Sonic reçoit les émeraudes est à peine dépeinte et l’action d’arrière-fond, dans la cité, même pas traité. Tout cela donne une ambiance peu convaincante.
Enfin pour un chapitre censé être de combat, c’est vraiment décevant. Mais je termine où je voulais et suivant mon plan, ce qui n’est pas si mal.
Pour les quatre dernières pages tout a été assez réfléchi mais s’est déroulé en fait mieux que prévu. Les descriptions restent mauvaises, le combat pas très bon mais l’ensemble est équilibré et s’est motivé tout seul. J’ai réussi à faire agir Bufo ce qui n’est pas sans importance et surtout j’ai évité le vide de la page sept qui m’aurait obligé à un long développement hors-tension.
Presque rien à dire de plus, l’idée du nœud final vient de la nécessité de détruire « les dernières chaînes » et m’a permis de vraiment motiver les chao. Un minimum de tension avec Luck et le vague souvenir du rêve, bref, ces quatre pages ont été faites en une heure et demi. Quant à savoir si elles fonctionnent…
En y repensant Flak est complètement effacé à la fin. Shard était pourtant l’occasion de le réintroduire mais comme s’est trop bien passé, j’ai manqué de place.
« Dernière édition: Juin 07, 2011, 10:03:07 am par Feurnard »
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Re : The chao's theory
« Répondre #43 le: Mars 13, 2011, 06:44:13 am »
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Chao's sort de son sommeil.

Beaucoup de héros sont présents dans le monde de Sonic, et Sonic lui-même dont les exploits abreuvent les médias. Bufo n'est pas l'un d'eux, mais étudiant quelconque, il essaie de maintenir une existence paisible parmi toutes ces luttes.
Et c'est tout à fait impossible. Les colocataires de l'appartement, ses camarades à l'université, son professeur, l'armée et jusqu'à la nature même vont le jeter dans l'aventure, quotidienne ou extraordinaire, et peut-être était-ce inscrit quelque part, dans ses gênes ou dans ses yeux de braise, qu'il devait à son tour se montrer héroïque.

The Chao's
Theory

Épisode 15 :

Coup de paume sur le réveil comme les aiguilles se croisaient l’air plus frais du matin le jeta dans ses chaussures, dehors aux lueurs de la ville répondaient les lueurs du ciel en foisonnement. Il serra les manches de ses gants, son goitre gonflait galvanisé encore par le sommeil, dans l’aube en devenir ses traits livides peignaient sa chambre de lueurs faibles épaissies par les bubons de ses bras en plaques. Les fissures commençaient à se peindre allant rayer les murs jusqu’au plafond, jusqu’à la porte entrouverte, un sourire sur ses lèvres l’étudiant attrapa serviette et plume pour s’éclipser. Il laissa la lumière éteinte, en passant devant la chambre de Coal le crapaud plaqua l’oreille, discerna les bruits stridents des consoles se répéter.

La porte de la cuisine donnait sur l’extérieur.

Parmi les paniers posés sur les échafaudages il tira un bol, l’emplit de lait la tête pendue en arrière, à regarder la route vide où étincelaient les réverbères. La pente bourgeonnait de chantiers hasardés à travers les cratères, les creux comblés ponctuaient plusieurs rues où restaient encore les lames de débris. Quelques enfants en passant sur les toits le saluèrent, il balança la main en retour tout occupé à mélanger les champignons aux céréales. Sur sa peau blême la rosée venait se déposer, le faisait un peu frémir, ses coups d’œil à l’artère dégageaient constamment l’épaule et le côté du cou où l’eau ruisselait.

En sorte d’emblème les fleurs du jardin avaient été remontées et mises en pot, elles trônaient à peu près où s’était trouvé le balcon, l’air s’emplissait de leurs parfums luttant contre l’odeur de poussière qui imprégnait les murs, et le vide des parois effondrées. Il restait contre le bord, appuyé aux piliers de construction, à l’ancien emplacement de la table. Des pas dans le couloir le pétrifièrent, il attendit comme pris sur le fait que la porte s’ouvre, par réflexe se détacha du pilier pour faire quelques pas où le plancher reprenait forme. Dans la pénombre qui couvrait le battant, au coin où le toit avait conservé une portion intacte, il peignait à chaque rumeur un peu plus la chevelure noire.

Soudain la porte se rabattit, Juicy l’apercevant allait se jeter sur lui, il ne fut jamais plus heureux de s’être éloigné du bord qu’en se retrouvant suspendu à un pas de la chute. La loutre se serrant contre lui voulut lui hurler une bonne matinée, nota son bol, chercha à se jeter dessus. Il finit par avoir raison de ses efforts et, la tenant par la paume contre son front, de l’autre main lui intima le silence. Elle comprit, se renfrogna, alors la voix de la petite souris restée au coin de la porte les tira de leur lutte. L’écolière tenait sa robe à deux doigts pour la prévenir de tout ce qu’il restait de bris, le pan ramené contre elle, elle tâtait du pied pour avancer. Malgré tous les jours passés, elle ne s’y faisait pas.

« Alors dis, dis » exigea Juicy tandis qu’elle tentait à nouveau de s’emparer de son bol, « pourquoi tu te lèves si tôt ? » Et de le traiter d’écolier.

Quelques secondes suivirent où il ne répondit pas, après quoi retrouvant le sourire il expliqua son projet, plus satisfait que ne l’était la loutre, elle se mit à rire avec lui, exprès fort pour le faire réagir. L’étudiant écouta les deux petites parler de leur journée à venir, de leur grand projet à elles qui épuisait tout leur temps, elles s’excitaient à cette idée, Pearl ne pouvait s’empêcher de rire sa main en arc devant son museau pour résister, le jour naissant lui dérobait sa beauté gracile. Il riait avec elles, se moquait tantôt, les encourageait, un bruit perçant dans l’artère attira son attention. Le moteur ronronnait dans le lointain, à mesure qu’il se rapprochait les autres rumeurs, des passants, des rares véhicules, s’atténuaient face à lui, enfin le bus apparut tout au bout. Alors Bufo se dépêcha de terminer son bol, le vida d’un coup, se jeta dans le couloir serviette en main, revint pour sa plume, hésita.

Il prit finalement son parti, passant par la porte l’étudiant s’élança dans les escaliers, en trois bonds ses pieds se réceptionnaient au rez-de-chaussée, le même élan le projetait sur le sentier éperdu jusqu’aux haies, jusqu’à la rue près de l’arrêt que le bus gagnait sans ralentir, quand le véhicule fut sur lui la porte déjà ouverte fila sous ses yeux, il avait bondi, se retrouvait à bord à temps pour taper sa paume dans la sole du conducteur, tous deux partaient d’un grand rire. Quelques passagers, étudiants également, félicitèrent Bufo d’avoir enfin réussi, puis de causer encore des fêtes à venir et il voulait bien promettre, parlait de se retrouver aux pistes. Il parlait comme le bus tournait, tournait encore, revint le long de la route vers le grand croisement, le conducteur ajustant son rétroviseur regarda cette foule causer à l’arrière, et piaffant, tapa sur son volant à plusieurs reprises.

Bientôt le magasin était en vue.

Le magasin brillait de ses mille vitres éclatantes, de ses fontaines dont les jets baignaient les cours adjacentes d’embruns. Il salua ses camarades, jaugea son saut à leurs encouragements, ils comptèrent trois en chœur. À part une performance terrible le crapaud se relevait indemne, fit encore signe au bus qui s’éloignait, alla rejoindre l’entrée. Il manquait encore toute la foule des grands jours, au lieu de quoi aux portes fermées les tapis révélaient l’usure, dans le hall les résidents le saluèrent. Il aperçut la hase, postée en haut des escaliers à la manière d’une chasseresse, bandana à la tête croisant ses oreilles en arrière, à l’affût. Elle fit bondir sa voix aux colonnades pour le saluer, l’obligea à se presser pour la rejoindre.

« Par où on commence ? »

Il l’avait prise de court, elle fit un pas en arrière pour le dévisager, son grand sourire, ses allures dégagées, jugea qu’il lui fallait porter la chemise, pas sur le corps mais à l’épaule, et faire quelque chose pour le goitre.

« Les vêtements ! Ou alors les bijoux, c’est toi qui vois ! »

Deux doigts sur le front pour lui indiquer que la joaillerie n’était pas une option, pourtant il avait observé les montres et les colliers au passage, qui l’avaient laissé rêveur. La hase l’emportait déjà à bout de bras, le tirait après elle si fort qu’il dut se plaindre, ils se retrouvèrent au milieu des cintres et des baquets de linge, des mannequins de porcelaine. Il comprit soudain dans quel rayon ils étaient, à la vue de la lingerie réagit, fit remarquer la mauvaise idée. Elle était déjà en train de fouiller dans les rangées, présentait ses trouvailles heureuse de démonter son assurance, tant qu’il réagissait la hase poursuivait sa quête du plus affolant. Une pensée le traversa, qu’il répéta tout haut.

Elle non plus ne savait pas, au moins cette question avait mis un terme à son jeu, elle se mit à contempler avec lui le reste du magasin. Puis, hochant la tête, admit que ce n’était pas une bonne idée. « Des chocolats ! Avec ça tu la feras fondre ! » Avant qu’il n’ait pu émettre une objection elle le projetait au milieu de la confiserie, elle salua rapidement le propriétaire, un ours âgé bon joufflu qui leur offrit en passant des pains au miel. « Du parfum ! On n’en a jamais assez ! » Bufo tenta en vain d’articuler sa remarque dans les bouffées de senteurs, aux mains d’un jeune bouc passionné à force de palper le bras de sa compagne. « De la glace ! »
« Pourquoi de la glace ? » Demanda-t-il son cornet en main.

« J’en avais envie ! »

Il soupira, toujours souriant, fit signe qu’il lui fallait un moment de calme. La saveur citron-cannelle était perdue dans les effluves passées des parfums, il appréciait tout de même, demanda pourquoi elle l’aidait. Comme elle éludait la question il précisa, mentionna Luck. Aussitôt la mine de la hase s’assombrit, et de ne rien répondre, il songea à changer de sujet. Elle n’écoutait plus vraiment, croisa les bras, devant eux le hall du magasin résonnait toujours vide. Les familles passaient plus joyeuses qu’eux, sur tous les visages ce même semblant d’émotion confuse, si facile à deviner.

La louve n’était plus venue travailler, cette nouvelle le creusa profondément au ventre, il la regarda fixement. Elle avait relevé la tête, guignait le haut des colonnes du magasin, elle mélangeait ses idées avec des souvenirs dont Bufo n’avait pas connaissance. Les premiers jours la louve était venue, elle avait coupé la viande, elle restait enfermée dans la chambre froide. Puis un soir comme elle ne sortait pas, la hase était allée voir, et l’avait trouvée assise dans un coin, à attendre. Elle resta silencieuse après avoir dit cela, songea encore à quelque chose. Le crapaud à ses côtés fit remarquer que la louve était forte, et ajoutant que tout le monde avait besoin de son moment, assura qu’ils la reverraient bientôt.

Puis il voulut demander depuis quand la hase connaissait Luck, seulement pour se faire projeter au milieu du parc où toutes les créatures jouaient encore, et lui d’agiter les bras pour rappeler que c’était interdit par le règlement de l’immeuble, « alors une peluche ! » Assez fort pour l’ébahir au moment où elle le douchait d’animaux en coton, après quoi elle l’emportait jusqu’à la librairie lui mettre tous les romans de romances sous les yeux, quand il eut la force de répondre devant les rangées de cosmétique l’étudiant fit remarquer l’heure, remercia encore pour l’aide apportée non sans encore se tenir le front étourdi pour découvrir qu’elle avait disparu. La vendeuse lui fit signe, une dame aux crocs acérés, les oreilles en pointe le bout touffu, et bigarrée, qui faisait sauter dans sa main la craie.

Elle reparut de derrière les rideaux entièrement couverte par les peintures et de cœurs et de fleurs en longues spirales sur ses bras, sur ses jambes comme des tiges infinies depuis lesquelles s’ouvraient les pétales par milliers de couleurs, « toujours non ? » Il secoua la tête, elle et la vendeuse de soupirer en chœur, qu’elles continueraient à chercher sans lui.
Dehors le croisement s’emplissait de monde, il leva au ciel ses yeux de braise pour voir briller les vastes arcs lumineux, l’onde légère couvrant leurs courbes le fit frissonner, au loin sur les rails sifflait un train. Il prenait sa course en direction de l’université quand la voix de Pearl l’interrompit, la petite l’avait attendu au coin sous l’abri d’un lampadaire, courut vers lui par de fines enjambées. Elle lui tendit son sac, il ne l’avait pas oublié, simplement la serviette lui suffisait, elle insista. Comme il le mettait à l’épaule et de demander où elle et Flak avaient prévu de se perdre, elle tint son museau coi toute sa figure amusée, refusa de révéler ce qui la faisait rire. Ses espadrilles sur la vieille route ne pesaient rien.

Ils se séparaient, Bufo gagna de l’allure dans la rue dégagée, fit signe à un groupe d’étudiants affalé aux tables, reprit son souffle une fois arrivé à la rue principale que le craquèlement parcourait d’un bout à l’autre. Son portable se fit strident, tout en reprenant ses foulées il attendit que son ami décroche, enfin entendit la voix du berger, détachée sur le grésillement. Une question à poser, ils se verraient après le premier cours, le professeur Field ne le présenterait pas. Encore cette fois Hazy le remplacerait, il blagua à cette nouvelle preuve de passion du jaguar puis remarqua que Pupil ne suivait pas ses cours. Le téléphone déjà s’était éteint, il le rangeait plus occupé désormais par sa course entre les trottoirs, bientôt vit surgir d’entre les toits le bâtiment de l’administration.

Chaque parcelle du campus tremblait d’une activité invisible, une tension parmi tous ceux qui passaient par les sentiers de gravier, entre les façades blanches des facultés, sous la fontaine centrale asséchée mêlée aux nœuds de cordes quelques cercles formés allaient et venaient au gré des exclamations. Il trouva Shell perché sur un des bassins, la main sur un autre à moitié ébréché, qui avait guetté sa venue à ce poste. Dans les lueurs du jour sa carapace s’était confondue aux éclats de verre et de marbre, il retirait brusque ses lunettes en le voyant approcher, d’un bond rejoignit le sol. La rumeur courait que Mary préparait un coup, il n’avait jamais entendu ce nom, elle était à la tête du Pupil club et la plus fanatique des admiratrices du chien berger. Tous cherchaient une espionne envoyée par Mary pour préparer ce coup, en vain jusqu’à présent, ce qui n’empêchait pas l’excitation de durer.

Ils voulaient juste y croire au moins le temps de cette matinée.

Eux-mêmes allaient rejoindre leur cours où Hazy les attendait, le doigt à ses lunettes agacé, droite comme un piquet et glacial face à la foule des bancs. Ces jours passés à donner des leçons se cristallisaient en entier dans la pression de la craie sur le tableau noir, à la manière dont elle tournait autour du bureau en débitant les livres comme si elle les lisait, et de ne regarder sa classe que pour s’assurer qu’ils se courbaient sur leurs écrans. Bufo notait assidûment, dès qu’une pause se présentait il passait sa feuille à Shell, continuait sur l’autre, puis échangeait de nouveau, le temps que la tortue copie à son rythme.

Soudainement le sujet changea, sans délai ni avertissement de la même voix sèche la souris avait souligné un mot sur lequel elle insistait, enchaînait sur la biologie. En un instant le flot de notions nouvelles perdait toutes les personnes présentes, tous se regardaient puis regardaient Bufo qui haussait les épaules, aussi déconfit qu’eux, jusqu’à ce qu’elle parle de séquences et de spectres. Aussitôt lui revint le souvenir des graphes défilants, couverts de données, elle continuait du même débit rapide à asséner comme une évidence la composition structurelle de l’organisme. Puis le sujet revint aux gravures et aux manuscrits, aux fossiles découverts à travers les âges. Il ne songeait plus à suivre, les pensées perdues dans ces souvenirs de graphes, à se demander ce qu’il avait manqué, un clignement de paupière le dissuada de chercher plus loin, il laissa couler.

Dans ce qu’il notait rien ne lui était qu’évident, les mêmes découvertes répétées encore et encore sur des codes depuis brisés, il le sentait pourtant, qui ne signifiaient rien par eux-mêmes, un gigantesque puzzle à reconstituer. Il s’était mis à griffonner, en marge de ses notes, ne songeant plus à ce qui se déroulait sa mine taillait contre les bords en longs évasements, peignaient un faux ciel de rayures, empli d’étoiles qu’il gomma, ainsi que son ciel, la gomme allait creuser une clarté aveuglante. Il se remit à dessiner, à l’intérieur, Bufo s’était entièrement plongé dans ce griffonnage, concentré sur cette seule tâche il esquissait les traits, du peu qu’il savait faire, d’abord un sol défilant à l’horizon découpé, que le ciel écrasait, puis au centre de son espace gommé, à travers des fragments d’étoile la pointe de graphite mima les formes d’une silhouette. Bleue.

Hazy le félicita pour cette œuvre de plus au patrimoine planétaire, du même ton acide annonça la fin du cours.

« C’était censé représenter quoi ? »

Il haussa les épaules. La salle se vidait, la plupart encore réunis autour du crapaud pour lui piller ses notes de main en main gantées tandis qu’il se balançait en arrière sur sa chaise, à les regarder faire, et de les calmer. Shell abandonna sa question, au lieu de lui proposer de boire ensemble il se levait, lui conseilla de récupérer ses notes avant qu’elles ne se dispersent dans toutes les facultés. Un rendez-vous le pressait, Bufo hocha la tête, lui proposa de se retrouver dans l’après-midi, à une table, avec deux verres. Son ami ne put s’empêcher de rire à l’idée, secoua la tête, c’était impossible, demain certainement, toujours demain.

Lui-même quitta la salle quelques minutes plus tard, suivi par les derniers retardataires il fourrait ses feuilles dans son sac, le rejetait sur son épaule l’air soudain réjoui, alla traverser le campus. L’activité n’avait pas faibli, aux travaux qui reprenaient au contraire la tension fébrile trouvait un moyen de se décupler, les groupes d’étudiants piétinaient aux échafaudages, promenaient les brouettes d’un bout à l’autre des allées. Ils tiraient par files, la taille allait tout autour à grand bruit. Quelques professeurs disséminés, plus tranquilles que leurs ouvriers cavalcadaient d’un accident à l’autre, tentaient en vain d’organiser la foule galvanisée. Hazy en était, à l’écart, à prendre des notes.

De même parmi eux se trouvait Pupil, suspendu aux cordes à mettre en place l’un des bassins, il fit signe à Bufo de le rejoindre. Le poil du chien n’avait pas une trace de poussière, au lieu de quoi les oreilles pendantes il resplendissait, le torse gonflé d’efforts, de la sueur aux tempes sans jamais se fatiguer. Aux pieds de son ouvrage une douzaine d’étudiantes le regardaient faire, tantôt silencieuses dans leurs échanges murmurés, tantôt s’exclamant lorsque l’équilibre semblait se perdre et les cordes claquer autour de lui, qu’il rattrapait d’une main sans peine. Certaines lui tendaient des gourdes, parce qu’il avait fait l’erreur la première fois de descendre en accepter une, elles avaient placé un véritable buffet.

À son tour Bufo avait grimpé, cala le pied aux abords pour se suspendre à proximité, sans grande aisance, toute la force dans ses jambes pour tenir auprès du bassin qu’il aida à fixer. Sa question tomba en même temps :

« Qu’est-ce que je pourrais lui offrir ? »
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Re : The chao's theory
« Répondre #44 le: Mars 20, 2011, 09:46:51 am »
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Ces questions existentielles.

****

Une première balle frappa le fond, sans conviction, la seconde siffla brutale puis revint presque à l’horizontale en un bref sifflement, la belette la faucha en pleine course puis, sous les félicitations, laissa battre sa mèche. Elle se tourna vers la gazelle, restée à l’écart, quand celle-ci se déciderait à jouer. Jusqu’à présent celle-ci les avait regardées, elle leur souriait de ce sourire triste auquel elles étaient habituées, leur promit de jouer la prochaine partie. Leurs boissons arrivaient, toutes revinrent autour d’elles se désaltérer, elles transpiraient incapables de le cacher, se frottaient le cou et le front. Elle, son pelage de seigle mûr était humide seulement de l’air ambiant.

Pourtant elle s’amusait, à chaque coup ses commentaires joints aux autres avaient participé de la bonne humeur, entre toutes rien ne pouvait briser la connivence. Rye vidait son verre, assura qu’elle passait son tour, juste cette fois encore, elle voulait se rendre intéressante. La belette ne faisait pas attention, son regard attiré par les sportifs du fond l’air envieuse, une remarque suffit à les faire éclater de rire. Elles s’échangeaient leurs histoires, invariablement les autres la taquinaient pour savoir, si elle avait enfin tourné la page. Un petit jeu qui durait entre elles, tant qu’elles étaient entre elles, qui ne sortait pas.

Les balles volèrent, deux coups simultanés contre le fond en répercussion elles frappèrent, presque ensemble et de se croiser au centre, derrière les joueuses toutes s’exclamaient, les balles cognaient pour la quatrième fois, leurs semelles sifflaient follement sur le parquet, coups violents des balles qui s’entrecroisaient, la gazelle s’était avancée au redoublement, posait son verre, se joignit pleinement au groupe. Deux coups encore, l’équipe s’épuisait, les balles se croisèrent encore si près qu’elles faillirent se toucher, elles revenaient en trombe décider du vainqueur, l’une fila au-dessus de l’équipe perdante.

Elle la rattrapa de sa main libre, le bras levé, sous ses cornes rainées contemplait sa prise, fit battre la balle à ses pieds. Alors son amie de lui répéter qu’elle devait jouer à présent, toutes la poussaient en avant et elle d’accepter, de retarder cependant, comme elle pouvait, entre la gêne et le jeu de faire durer encore autant qu’il lui était possible, jusqu’à ce que ses yeux croisent au fond, près du bar, sa future équipière. Elle se tut, son sourire avait perdu son expression habituelle, au-devant les rejoignait la louve. Son pelage de cendre jurait avec les lieux, elle serrait encore ses bandages aux poignets, massa son épaule tandis qu’elles l’accueillaient. La louve ne disait rien, sa chevelure noire battait derrière elle, fendit la troupe jusqu’à l’aire de jeu où Rye l’attendait.

Tout ce qu’elle dit fut : « Prête à les battre ? » La louve, pour toute réponse, laissa s’abattre la balle contre le sol, alors qu’elle rebondissait à sa hauteur, frappa.

Première passe, les balles se croisaient, revinrent sur les deux équipes. La gazelle se recula galvanisée par la vitesse de son amie, un flot de chevelure barrait la trajectoire à l’instant où elle revenait Luck frappait dans la balle, la faisait fuser dans le fond sans toucher la surface, la seconde suivait, le rythme se perdit complètement. Elle frappa encore, avec plus de force, le coup claqua plus net que le tonnerre, puis Rye prit le relai. Elles perdaient, la balle amorphe roula jusqu’à leurs pieds les narguer au plus près, toutes deux nageaient dans l’effort. À la seconde passe comme leurs positions se croisaient l’étudiante se détourna de la balle, regarda le visage de son amie, y vit une sorte de hargne, de colère.

Elles perdirent aussi la deuxième passe, à cause de cette inattention.

Les autres joueurs invités par la belette était venus rejoindre leur groupe, ils causaient à l’arrière tandis que les deux équipes se concentraient pour la troisième passe. « Le t-shirt. » La voix soufflée entre deux respirations était si dure qu’elle prit Rye au dépourvu. « Enlève-le. » Elle ne voulait pas perdre, la louve refusait cette possibilité, du regard foudroya la gazelle. Alors celle-ci, hésitante, regarda autour d’elle sans rien trouver, ses amies discutaient, l’encourageaient, elle avait reculé de deux pas, en équilibre, se reprit. Lentement enfin elle tira les manches flottants, rabattit l’habit sur elle trempant de sueur, le jeta sur la table.

Coup sur coup les balles se croisèrent, frappèrent le fond d’une violence féroce, tous se taisaient derrière à voir les balles se croiser, observaient les joueuses figées le temps où les balles battaient, transportées soudain pour les réceptionner, l’avant-bras dressé ou le poing, un des sportifs demanda si la louve de cendre était prise. Elle donna le dernier coup, jusqu’alors rude il se fit morne, comme l’autre revenait Luck l’empoigna. Sa balle sonna au fond, au ricochet revint, courte, frappa juste à la bordure. Elle se tourna vers Rye, fière de sa victoire, la vit qui revêtait son haut, les cornes prises dans le tissu, quand elle fut dégagée enfin, se jeta sur elle pour la féliciter.

« Tu ne vois pas ? » Il avait bien essayé, au magasin, seulement les goûts de Rye lui échappaient.
Pupil finit de glisser le long de la corde, lui fit signe de le suivre sur les sentiers. Ils allaient en direction des dortoirs, avec l’heure le repas approchait, ils laissaient derrière eux l’activité du chantier. Le berger allait lentement, de temps en temps lui répondait toujours tranquille et détaché, faisait remarquer qu’il s’agitait trop. Bufo avait déjà réservé le gâteau, les banderoles et les décorations, il savait que les écolières avaient déjà leurs paquets prêts, quelque part. Sa cause plaidée à vide, tous deux allaient aux abords du campus, lui observait les feuillages perler aux gouttes d’eau environnantes.

Aussi bien les arcs-en-ciel flottaient au-dessus d’eux arches de lumière, figés dans la fraîcheur des pentes aux pentes paisibles les observer la tête tendue au-dessus de toutes les préoccupations, il se rendit compte que le détachement du berger signifiait plus, avant d’avoir pu le signaler, lui tournait la tête, la lumière se découpait sur son museau. Il avait le temps. Le mieux qu’il pouvait faire de toutes ces journées sous les bruines de la cité universitaire serait de passer plus de temps avec elle, de s’intéresser, ce qu’elle aimait, ce qu’elle voulait, la seule personne qui pouvait lui répondre était Rye. Le crapaud l’avait devancé, de loin en loin sans pouvoir percer les secrets de son amie, cette histoire qui lui échappait, malgré tous les jours et les soirs, comme le sable des déserts, il la sentait lui échapper.

De calme le berger se fit amical.

Il ne dit rien de plus, trop occupé par les couleurs du jour aux fractures des bâtiments, le dortoir leur apparaissait en partie brisé, la végétation en surgissait tombante comme des torrents, le moutonnement des frondaisons dont le lierre courait entre les fenêtres, entre les mousses, allait rejoindre en filets les buissons des parcs. Personne n’y avait touché, les troncs avaient remplacé les piliers, pour le meilleur, le berger approuvait. Il voulut savoir jusqu’à quel point Rye comptait pour Bufo, ce dernier désarçonné de s’agiter pour ne pas répondre, entre deux reproches son camarade le calma. Qu’elle soit heureuse, cela suffisait, ils s’entendirent pour ne pas aller plus loin. Sans un mot, par regards, de connivence peut-être, ils s’étaient dits bien plus.

Deux étudiantes scrutaient leurs faits et gestes sous le porche de la bibliothèque, elles se moquaient de se savoir découvertes au lieu de quoi plus satisfaites se montraient, l’une brassant sa crinière soufflait à l’autre quelque pensée. À l’opposée d’autres de même les regardaient discuter sur le sentier, les plus jeunes parmi les plus excitées, tandis que partout les étudiants épiaient ces mouvements de foule dans l’attente d’un geste qui déclencherait tout. Il s’était baissé, Bufo le regardait faire, se relevait avec entre ses mains une fleur toute simple, de celles qui fanaient à cette période. Ce qu’il pouvait lui offrir, l’étudiant n’en avait toujours aucune idée, le pressait de parler. Il regarda les pétales tourner entre ses doigts. « Elle veut être avec toi », avec tous les autres, tous ceux qu’elle côtoyait, ce jour où elle serait fêtée la gazelle n’attendrait rien d’autre de lui que sa présence.

« Et toi ? »

Il hocha la tête, entre ses gants la fleur tournoyait, perdit tout son poids, d’un souffle il la fit voler au loin parmi les arcs colorés, ils la regardèrent disparaître au-devant dans le flot des feuillages du bâtiment. Ce fut le signal, un gigantesque mouvement et des unes et des autres tout autour d’eux dans un vaste mouvement sans logique pour passer de place en place surpris dans leurs aguets, la rumeur s’amplifiait parmi eux par bonds, courait plus rapide qu’ils ne pouvaient aller, en une double attraction celles-ci allaient du côté des chambres, ceux-là étaient attirés par les clameurs du campus. Bufo à son tour le remarquait, demanda si c’était Mary, à quoi le berger haussa les épaules. Il s’en allait déjà, il avait faim, l’étudiant pouvait toujours le revoir après le repas.

Encore faible le tumulte s’amplifiait venant du campus, alors même qu’il s’y dirigeait de petits groupes d’étudiants venaient face à lui sur le chemin, leurs visages chargés d’ardeur, disaient de suivre les toits. Quelqu’un avait vu l’espionne, comment, pourquoi, personne n’avait la réponse, personne ne la cherchait, tous levaient la tête vers les faîtes où cette ombre à les narguer les faisait courir pour l’arrêter, lui-même à son tour prit son parti. Il brisa parmi toute cette précipitation, se dirigea du côté de la bibliothèque au lieu le plus calme de toute cette agitation, certains lui demandèrent ce qui se passait. Les escaliers se déroulaient au centre dans la tour de verre, il se mit à grimper le plus vite possible suivi par quelques-uns, avec plaisir Bufo vit qu’il les distançait.

Dans sa montée les événements lui échappaient, la silhouette fugitive avait quitté les toits, il devina qu’elle passait entre les sciences, qu’elle s’éloignait, il crut s’être trompé. Les étudiants parsemés sur l’herbe s’interrogeaient, dans la pagaille allaient et venaient cherchant où se diriger, ils pointaient toutes les directions. Elles participaient de même oubliant toute mesure dans la poursuite effrénée, les étudiantes suivaient de près chaque vacillement de la rumeur, soudain celle-ci revint par le campus, elles entraînèrent avec elles tout le monde. À cet étage le souffle lui manqua, pourtant il s’efforçait de monter encore la rampe la main contre la vitre, mesura le temps qu’il lui restait.

Elle apparut du campus bondissant d’un arbre à l’autre par le même emportement, et se rattrapant aux branches pour s’y balancer la petite échappait à tous ses poursuivants. Derrière et autour d’elle s’élevaient les cris, « la Reine ! » La loutre s’amusait d’eux triomphante, des arbres bondit contre les façades puis sur les sentiers, esquiva quelques groupes alors que le flot des étudiants se refermait sur elle, la reine cavalcada. Elle l’avait vu, il en était sûr, alors même qu’il atteignait le toit par grands bonds sans se soucier de plonger les mains sa course l’avait menée au-dessous, il tira du sac la planche, la jeta au vol, elle fit un bond sur la vitre et en plein air l’attrapa, il la regarda filer.

Les étudiants le rejoignaient, lui demandèrent s’il la connaissait. Chacun ensuite d’avouer que ça ne pouvait pas être l’espionne, ce qui leur avait tant plus le matin perdait son intérêt, elle partie les allées d’herbes au long du gravier perdirent leur fréquentation. Lui-même resta sur le toit contempler cette vue nouvelle, de là jugea la gare, puis les parcs sur les pentes, essaya de deviner tous les lieux que, ces derniers jours, il avait pu découvrir. Il voulut refermer le sac, remarqua une lettre, l’écriture exprès maladroite venait de Juicy. L’écolière non plus n’avait pas de cadeau, puisque Pearl ne voulait pas révéler le sien elle le chargeait de lui en trouver un et le menaçait de tout ce que l’imagination enfantine était capable s’il venait à échouer. En dernière note elle lui ordonnait de ne pas être en retard, cette fois. Il souffla, au moins une chose de faite.

L’idée lui vint.

Une dernière fois la balle frappa la cloison, isolée. Elles étaient épuisées, mais contentes, le groupe peu à peu s’était étiolé avec celui des autres joueurs, autour d’elles les tables se faisaient plus désertes. Rye riait avec la belette sur tout ce qui s’était passé, parlaient d’histoires sans histoire, devant elle baignait son verre quand elle esquissait un geste des lèvres, pour boire, à force n’y avait presque pas touché. Ses habits détrempés lui collaient au pelage, il lui fallait s’en plaindre, le t-shirt ample la faisait frissonner. Alors ses doigts allaient jouer près de ses petites oreilles, sous les rainures des cornes, et elle se mettait à rougir de ce geste qui la rendait si jeune.

Une amie dans son dos, guignant par-dessus les grosses touffes de sa queue, lui signala que la louve de cendre s’en allait. Elle ne comprit pas tout de suite prise dans sa discussion tant il y avait de bruit encore entre elles, puis la pensée lui vint de toutes celles qui avaient eu une bonne raison de s’absenter, avant de réaliser. Luck se dirigeait déjà vers la porte, le poil séché, en partie ébouriffé, sans souci d’apparence, elle laissait fouetter sa chevelure sur ses pas. « Attends ! » Rye se levait, hésita, la sueur l’obligeait à chercher un linge, son verre plein de regards interloqués la retenaient.

Pour toute réponse la louve tourna la tête vers elle, ce regard lourd qu’elle lui connaissait, les sourcils froncés, une expression plus dure encore. Elle crut soudain qu’elle lui en voulait, elle l’avait formulé en bordure de ses lèvres, son petit museau plissé, et comme étonnée par cette idée. Luck secoua la tête, un geste d’agacement, la porte se referma. Déjà Rye songeait à l’arrêter, la belette la retint par le bras, lui dit de ne pas insister. Son amie continua de parler pour la retenir, elle finit par se laisser faire, écouta tous ces cas pareilles la pensée lointaine, poursuivant la silhouette fauve de son amie. Son inquiétude glissa à voix haute entre deux propos, qu’elle ne savait pas quand toutes deux allaient se revoir.

Enfin à son tour la gazelle s’excusa, fit entendre qu’on l’attendait. Personne ne l’attendait. Son insistance finit par convaincre, ainsi que sa bonne humeur, elles se saluaient encore à la porte tandis que Rye s’éloignait, remerciait encore pour la matinée. La faim la tenaillait, elle pencha la tête pensive, jeta un regard derrière elle à mesure qu’elle s’éloignait, songea à rentrer à l’appartement. Toute à ses pensées elle n’avait pas vu le bus à l’arrêt, quand enfin elle le remarqua celui-ci fermait ses portes, une brève course échoua à le retenir. Le véhicule disparaissait en hauteur parmi les ruelles adjacentes, après lui les enfants revenaient occuper la vieille route et la regardaient en passant, se moquaient de la voir marcher.

Son ventre se mit à gronder, elle avisa la restauration la plus proche, ne trouva rien, les rues défilaient en bas parmi les toits de toutes formes jusqu’aux pilotis de constructions, les bâtiments de l’université apparaissaient nets dans leur blancheur, à quelques distances. Elle sentit ses pas l’entraîner dans cette direction, au souvenir de la cafétéria, à un autre. Puis elle se dit à voix haute, ce qui lui restait de temps avant d’en avoir fini, avant de devoir partir, si peu de temps. Puis à voix plus basse, sans vouloir se l’avouer, si elle avait fait traîner justement pour que rien ne change. Ses deux mains s’étaient croisées, les bras tendus, sur son ventre. Elle marchait encore quand son téléphone sonna.

Le nom indiquait Bufo.

Elle décrochait, peu sûre de ce qui se passait, une sorte de nonchalance au moment d’appuyer le combiné contre son oreille, son ton lui parut distant, presque déplaisant, elle s’en voulait. Lui ne devait pas s’en rendre compte, à travers le grésillement ces nuances se perdaient. Il voulait savoir si elle était libre, attendit une à deux secondes qu’elle acquiesce.

« Au fait, tu as vu Luck ? »

Cette fois le silence dura beaucoup plus longtemps, elle regardait en arrière au coin où la porte n’était plus visible, le visage insensible, mesurait sa réponse, décida de dire non. Sa réponse dut paraître abrupte, il enchaînait sans en tenir compte, proposait de se voir où elle voudrait, de manger ensemble. Rye hésita encore, sa réponse presque faite allait sortir quand il ajouta, il séchait les cours, à planche ou à patins il proposait qu’elle lui fasse découvrir la ville, encore une fois. « Tu veux bien ? » Il fallut qu’elle lui demande ce qui lui prenait pour ne pas dévoiler le trouble de son visage.

Un tremblement avait saisi ses doigts, la gazelle s’appuya contre le mur le plus proche pour réfléchir, la main libre contre son front, se laissa prendre à parler de ses préférences. Elle écoutait tous les lieux qu’il voulait revoir, et les rails suspendus au-dessus d’elle qu’elle pouvait voir croiser dans leur fine courbe, alors Rye s’aperçut qu’elle souriait à nouveau, ne savait pas depuis quand, ce sourire triste qui la décida à répondre, dans le léger grésillement à convenir d’un lieu où se retrouver, puis elle raccrocha.

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Journal :
Écrit en trois temps, deux pages jusqu’à Luck mentionné à la hase, trois pages jusqu’à Pupil répondant à Bufo, deux pages jusqu’à la fin.
L’idée de l’anniversaire a déclenché le chapitre – plan brossé, une ligne par chapitre jusqu’au 21. Je voulais déjà un Bufo énergique, en même temps l’occasion de rappeler la ville dévastée. Le bus, dans la même optique, pour rendre Bufo plus classique, mais le magasin m’a permis de combler le vide du départ.
Il est déjà prévu que la Reine apparaisse, et Bufo n’avait pas de planche : d’où Pearl et c’est très bien ainsi. Les gens sourient/rient trop, je m’en rends compte, c’est artificiel, à force d’être répété, ça ne signifie plus rien. Le cours de Hazy est également vide, injustifiable et injustifié. La marge dessinée reprend le rêve, là encore, assez vaguement.
Bufo devait retrouver Pupil pour le cadeau - motif du chapitre - mais la fontaine du campus m’a donné une justification de rencontre. J’ai sauté dessus. La partie de balle a été complètement improvisée (à partir du RP d’Edone) et normalement Luck n’aurait pas dû reparaître avant le chapitre 17. Une ballade au parc me semblait trop creuse et je devais justifier la partie, y provoquer quelque chose sans parler de la fête.
À présent, faire cueillir une fleur par Pupil, qu’il laisse entendre son affaire avec Rye, et le cadeau : « toi ». Puis intervention de Juicy et interaction Rye/Bufo, sans doute du côté de Rye, pour ré-éloigner Luck.
L’intervention de Juicy est ratée, pas assez spontanée, comme prévu interaction du côté de Rye, qui a permis de ré-éloigner Luck. Tout cela a été assez hésitant à écrire, à tâtons. L’idée de Bufo, d’offrir des patins, a sauvé la fin : l’échange, surtout pour le dernier paragraphe, tire en longueur.
Luck manque de corps, mais c’est mon meilleur personnage.
« Dernière édition: Juin 07, 2011, 10:04:05 am par Feurnard »
Journalisée
La force est une faiblesse, la faiblesse est une force.
 
 
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