La ponctuation, je sais, tu n'es pas le premier à me faire la remarque, je ne sais jamais où placer les virgules et autres signes de ponctuation. J'ai essayé d'arranger un peu cette fin de chapitre à ce niveau.
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Ospac qui avait vu son ami tomber, allait se précipiter vers lui lorsqu’il s’aperçut que le trou béant dans la carlingue de la machine meurtrière laissait apparaître le pilote sans défense. Le puma sut qu’il n’aurait pas d’autre chance. Avec un geste précis et rapide, il encocha une flèche et tira. La pointe se ficha dans les côtes de l’homme, celui-ci s’effondra sur les commandes de son robot qui se stoppa de lui même.
Bryak allait bientôt en finir lui aussi, la dernière sentinelle était privée d’arme. Son pilote avait vidé son dernier chargeur sur son collègue, il essayait maintenant de frapper l’échidné comme l’autre pilote l’avait fait pour le hérisson. Mais l’hybride orange était insaisissable, de plus à chaque fois, il portait un nouveau coup dans les jambes du robot. L’alarme stridente signalant les dommages de l’appareil n’arrêtait pas de sonner. Soudain la machine bascula vers l’avant pour tomber à genoux, l’échidné avait réussi à briser un des vérins hydrauliques qui alimentaient la jambe gauche. L’hybride se tenait juste devant la machine. Cette fois le soldat voulut en finir, il abattit le bras du robot sur l’hybride. Bryak se campa solidement sur ses jambes et arrêta le bras. L’engin était terriblement lourd mais l’échidné avait une force peu commune, il tira d’un geste brusque sur le robot l’obligeant à s’étaler face contre terre. La verrière du cockpit vola en éclat, criblant de verre son occupant. Après un hurlement qui fit trembler la forêt, l’homme rendit l’âme.
Le silence revint alors. Ce silence qui signifiait que la mort rôdait toujours sur le champ de bataille. Ce silence que les survivants épuisés, n’osaient briser. Personne ne voulait crier sa joie de la victoire, presque tous les humains avaient péri. On déplorait de nombreux blessés chez les échidnés et encore plus de morts. Sypria s’était précipitée vers Selic lorsqu’il s’était retrouvé à terre abandonnant les deux humains. La hérissonne fut grandement soulagée de constater que son ami n’était que commotionné. Tandis que les échidnés s’occupaient de leurs blessés et de leurs morts, Alex guida son prisonnier, le seul survivant au massacre vers les hybrides.
Sans prononcer le moindre mot, la moindre parole ; comme pour respecter la mémoire de ceux qui étaient tombés, ils retournèrent au village des échidnés. Bryak laissa le soin aux nomades d’interroger leur prisonnier tandis que lui devait annoncer de tristes nouvelles à plusieurs familles.
Jordan s’était retrouvé bâillonné et ligoté pendant tout le trajet, l’asiatique l’avait installé dans une petite maison. On ne lui retira son bâillon que lorsque Selic eut repris conscience, puisqu’il était le seul à pouvoir traduire aux hybrides. Dès qu’il put s’exprimer, l’africain clama sa bonne foi.
- Je me suis engagé uniquement pour retrouver mes amis, je ne vous veux aucun mal !
Selic avait déjà rencontré le technicien lors de son séjour parmi les humains, même si il ne l’avait vu qu’une ou deux fois. Il se souvenait qu’il travaillait effectivement avec Kenny, mais le hérisson commençait à vraiment se méfier des humains. Quant à Axel et Thomas, ils ne le croyaient absolument pas.
- Avec Julianne on s’est dit que ce serait le meilleur moyen de venir sur la planète tous les autres vols sont interdits ! expliquait vainement Jordan.
- Comment savoir si c’est la vérité ? le menaça Axel.
- Laissez-moi voir Kenny !!
- D’abord, tu nous dis ce que Smith veut faire ? Pourquoi vous alliez vers le territoire des échidnés ?
- Il veut construire une base dans la montagne. Et il projetait d’attaquer une grande ville dans le centre du continent !! s’exclama l’africain espérant prouver sa bonne fois en révélant le peu d’information qu’il avait.
Bryak arriva juste à temps pour entendre la traduction du hérisson. Après avoir longuement discuté entre eux, les hybrides prirent leur décision. La ville en question ne pouvait être que Sérétinia, il fallait prévenir le plus tôt possible les habitants. Les nomades se proposèrent pour retourner là-bas en emmenant les humains.
Au moment de partir, l‘échidné rose qui était restée perdue dans ses pensées se leva également, à la surprise de son mari.
- Je viens également, je dois parler à mon frère ! dit-elle sur un ton qui ne laissait aucune place à un refus.
Inke avait beaucoup de mal à suivre le rythme de l’échidné blanche. Ils avaient traversé la forêt en direction du nord. Aucun d’eux ne parlait. Kyliam avait presque oublié la présence du jeune loup. Inke, curieux, se demandait quelle était leur destination, ainsi que le but de leur voyage. Il avait tellement tenu à aider l’échidné qu’il l’avait suivie sans même savoir ce qu’elle voulait. Il prit son courage à deux mains pour enfin poser la question qui le taraudait depuis des heures.
- Où on va ?
- Vers le nord, répliqua l’échidné.
Le louveteau s’en était rendu compte et fut à peine surpris d’obtenir si peu de détails. Il devait faire attention à la formulation de ses questions, si il voulait avoir un temps soit peu d’information.
- C’est vaste le nord, il y a les montagnes et le désert de Mobius. C’est notre but ?
- As-tu déjà entendu parler des Emeraudes du Chao ? demanda alors Kyliam.
Inke fut tellement surpris qu’il s’arrêta de marcher. Pourquoi donc lui posait-elle cette question ? Kyliam n’avait pas ralenti sa course et le loup blanc gris du courir pour la rattraper.
- C’est une légende, les pierres magiques aux pouvoirs fantastiques qui exaucent les vœux. Elles sont jalousement gardées par les échidnés qui ne veulent pas partager leur pouvoir, répondit-il comme une leçon bien apprise.
- Je ne te parle pas des stupides légendes que ton peuple fait courir sur les échidnés, mais des vrais Emeraudes ! marmonna Kyliam.
Inke baissa les oreilles, il avait parlé sans réfléchir à ce qu’il disait. Peut-être était-elle vexée de ce qu’il avait dit sur les échidnés ?
- Il y en a sept, elles régissent les forces de la nature et possèdent un pouvoir immense.
- Elles existent vraiment ?
- Bien sûr !
- Avec leur pouvoir, on pourrait arrêter cette guerre ! s’exclama le louveteau plein d’espoir.
- C’est pas si simple, les Emeraudes ne sont ni bonnes ni mauvaises, cela dépend de qui et comment on les utilise. Il est hors de question que les humains les retrouvent.
- Il y a peu de chance, il faudrait qu’ils en connaissent l’existence.
- Justement, ils en ont déjà une, je veux retrouver les autres avant eux.
Kyliam s’arrêta si brusquement que le louveteau lui fonça droit dessus.
- La plus proche est dans une grotte de la montagne, regarde !
Elle sortit, sous les yeux brillants du jeune loup, une pierre précieuse blanche qui émettait de faibles rayonnements.
- Lorsque deux Emeraudes sont proches, elle s’appellent, expliqua l’échidné. Il y a deux cycles, je les ai cachées sur Mobius pour éviter la convoitise de voleurs. Toutes rassemblées, un élu peut contrôler leur puissance, il devient alors aussi puissant que les dieux. Mais ça ! C’est une légende ! précisa l’échidné en rangeant la pierre.
Inke était abasourdi. Il avait, comme beaucoup, toujours cru que le Emeraudes du Chaos étaient une des nombreuses légendes de Mobius. Kyliam s’était remise en route.
Après un long chemin au travers d’une forêt épaisse, ils débouchèrent sur les flans d’une colline verdoyante. Au loin, s’élevait majestueuse la plus haute chaîne de montagne de la planète. Elle s’étendait du nord au sud coupant presque le continent en deux. Au nord elle s’élargissait formant une sorte de T. Au-delà, bloqués par cette haute muraille, les vents chauds balayaient en permanence, le grand désert de Mobius. Mais ils n’y étaient pas encore, pour le moment ils faisaient face à de petites collines qui devenaient de plus en plus pentues et difficiles d’accès. La végétation changeait, il y avait de moins en moins d’arbres, plus d’arbustes secs et fragiles. L’herbe se fit de plus en plus rare jusqu'à finir par disparaître. Ils gravissaient maintenant des chemins de terre et de roche rendus glissants par une récente pluie. Le chemin qu’ils suivaient se finissait en cul-de-sac, perplexe le louveteau commença à chercher un passage du regard.
Face à eux, il n’y avait qu’une falaise montant à pic. En levant le nez, on ne pouvait que deviner la présence du sommet, caché par la nuit qui venait de faire son apparition. Inke était épuisé, les jambes douloureuses d’avoir tant marché. Pourtant Kyliam ne semblait pas vouloir s’arrêter, elle entreprit avec aisance, malgré l’obscurité grandissante, d’escalader la falaise. Le canidé poussa un soupir et la suivit. Mais très vite cet exercice devient une torture. Il cherchait à tâtons et avait du mal à trouver des prises dans l’obscurité. Ses muscles le faisaient atrocement souffrir, il avait l’impression qu’à chaque centimètre gagné, il risquait la chute. Sans qu’il s’en aperçoive, l’échidné surveillait son avancé. Elle était également épuisée, depuis deux jours, elle n’avait pu se reposer et lorsqu’elle trouva une cavité suffisamment grande dans la roche, elle s’y faufila. Inke, au prix d’un dernier effort, la rejoignit en soufflant. Lorsque l’échidné lui annonça qu’ils allaient attendre ici le lever du soleil, il en fut grandement soulagé. Il n’aurait pu reprendre l’ascension, ses doigts étaient paralysés, et il ne sentait plus ses épaules. Malgré l’exiguïté de la grotte et le manque de confort de la roche nue, il s’endormit sitôt qu’il eut fermé les yeux. Rouler en boule dans le fond de la cavité, il avait ramené sa queue sur lui pour se protéger du vent. Après avoir vérifié qu’ils étaient bien en sécurité, Kyliam le rejoignit au pays des songes, même si les siens n’étaient jamais agréables.
Elle se réveilla alors que le soleil était déjà bien haut, elle s’étira et observa un moment le jeune loup encore endormi. Pourquoi donc s’était-elle encombrée de ce gosse ? Elle n’arrivait pas à trouver une explication rationnelle. Inke bougea légèrement en marmonnant. Il appelait sa mère. Kyliam songea alors à sa rencontre avec Silly. Elle afficha un méchant sourire. Bien sûr qu’il y avait une explication rationnelle : son inconscient lui avait dicté sa conduite mais toujours pour la même raison. Son devoir passait avant tout. Elle tira le loup du sommeil sans management. Inke se redressa en baillant et se frotta les yeux.
A l’extérieur de leur abri, juste devant eux, s’étendait la forêt à perte de vue. Inke ne pensait pas avoir tant grimpé la veille. Ils avaient déjà gravi près de la moitié de la falaise. Mais il en restait encore plus à parcourir pour arriver au sommet de la montagne. En soupirant devant les efforts qu’il allait encore devoir faire aujourd’hui et son ventre qui criait famine ; Inke précédé de Kyliam, s’extirpa de la cavité prudemment pour reprendre l’ascension.
Enfin ils arrivèrent sur une plate-forme, mais le louveteau fut dépité. Le paysage qui s’offrait à lui était désespérant tant il leur restait de chemin à parcourir. Ils faisaient face à un sentier sinuant le long de la montagne. Il n’y avait que de la roche et quelques rares buissons d’épineux. Heureusement, ceux-ci donnaient quelques baies que les deux hybrides engloutirent rapidement. Même si c’était loin de composer un repas, cela permit de faire taire un moment les clameurs de leurs estomacs. Kyliam ramassa quelques branches qu’elle garda soigneusement sous le bras avant de reprendre la route imperturbable. Les buissons disparurent bien vite, des plaques de neige éternelle commençaient à apparaître ici et là, couvrant de blanc la terre brune et sèche de la montagne. Puis les névés se fondirent en glaciers, ils approchaient du sommet bien que celui-ci était encore très éloigné. Inke n’avait jamais vu de neige ni de glace. Sa seule expérience remontait à la veille, dans la forêt, et sur le moment, l’étonnement de l’apparition magique des flocons lui avait paru plus spectaculaire que la neige en elle-même. Là, il pouvait l’observer tout à loisir, sentir le froid qu’elle dégageait. Il essaya d’en prendre un peu dans ses mains, mais elle se changea rapidement en eau, glissant entre ses doigts.
Lorsqu’ils arrivèrent devant une large ouverture dans la paroi, l’échidné s’arrêta de nouveau. Inke observa le trou béant recouvert de stalactites de glace. Il ressemblait à une bouche géante prête à les engloutir.
- On fait une nouvelle pause ? demanda naïvement le jeune loup.
- Regarde ! répondit simplement l’échidné en sortant l’Emeraude.
La pierre, aussi limpide que du cristal, brillait d’une douce lueur blanche avec encore plus d’intensité que dans la forêt. Le canidé se rappela alors ce que lui avait dit l’hybride blanche.
- Il y a une autre Emeraude ici ?
- Bien tu comprends vite !! se moqua l’échidné en rangeant de nouveau la pierre.
Elle arrangea les branches qu’elle avait ramassées et y mit le feu, puis elle s’enfonça dans la grotte. Inke n’était pas certain de vouloir la suivre. Cette grotte lui paraissait inquiétante, il se sentait étouffer rien qu’à l’idée de se retrouver dans les entrailles de la terre. Il se concentra sur les Emeraudes du Chaos, puisqu’ils étaient venus dans le but d’en trouver une. Il s’enfonça à son tour dans les profondeurs de la grotte.
Les reliefs de pierre dure et de granit de la grotte faisaient naître des ombres de la torche de l’échidné. L’imagination du jeune loup leur donnait vie, comme des monstres prêts à surgir de partout. Les gouttes d’eau ruisselantes se mélangeaient au son de leurs pas sur la roche, achevant de parfaire ce décor d’horreur. Inke sursautait au moindre bruit. Kyliam les guidait au travers d’un dédale de couloir, Inke avait depuis bien longtemps perdu tout repère. Il ne pouvait que compter sur l’échidné pour sortir de cet enfer, il ne la lâchait pas d’une semelle.
Leur chemin, bien qu’à travers la montagne, continuait à monter et plus ils avançaient plus la température baissait. Les parois de granite s’étaient peu à peu recouvertes de givre puis de véritables couches de glace épaisses. Le sol revêtait une parure de neige étouffant le son de leurs pas au grand soulagement du louveteau. Le spectacle devient plus clair, la nature et le temps avaient sculpté les colonnes de glaces, leur donnant une apparence féerique. Inke fut encore plus subjugué par la beauté de l’endroit lorsqu’ils débouchèrent dans une vaste salle entièrement recouverte de glace. La faible lumière se répercutait sur les surfaces brillantes illuminant la salle comme en plein jour. En y regardant de plus près, Inke s’aperçut que des diamants tapissaient la paroi. Il remarqua également l’Emeraude rouge, brillant sur le sol en plein milieu de la cavité, au centre d’un dédale de passerelles de glaces. À leurs pieds, un gouffre si profond que la lumière de la torche ne l’atteignait pas, contrastait avec la luminosité du reste de la salle. L’échidné s’engagea prudemment sur une passerelle. Elles étaient parfois si fines qu’une simple pression pouvaient les faire s’effondrer. Kyliam fit de larges détours, empruntant les plus épaisses et les plus solides pour atteindre l’Emeraude rouge. Inke la suivait retenant son souffle à chaque pas, de peur de tomber dans le gouffre sans fond. Dès qu’elle eut l’Emeraude en main, l’échidné continua son avancée. Loin de rebrousser chemin, comme l’espérait le louveteau, elle continua à avancer sur des passerelles qui lui semblaient de plus en plus instables.
- Pourquoi on ne retourne pas sur nos pas ? demanda le jeune loup.
Il n’avait pas vraiment parlé fort, même plutôt chuchoté, mais l’étonnante structure de glace sembla vibrer en réponse au son de sa voix. L’échidné se retourna brusquement pour lui plaquer une main sur la bouche.
Tout autour d’eux, des petits cristaux de glaces s’effondraient, tombant en pluie dans le gouffre. Enfin cela se calma, Kyliam retira sa main. Avec un regard assassin, elle articula quelques mots sans prononcer un son. Inke n’en avait pas besoin, il avait bien compris que la moindre résonance ici pouvait faire s’écrouler leur chemin. Il hocha le tête et se remit en marche le plus silencieusement possible.
L’épaisse couche de neige étouffait le bruit de leur pas, mais empêchait également de voir où ils posaient les pieds. Inke buta dans une pierre. Il sera les dents pour ne pas crier de douleur mais le morceau de diamant, emporté par l’élan, avait roulé jusqu’au bord du précipice. Lentement, comme hésitant, il bascula dans le vide. Inke en oublia l’élancement qu’il ressentait dans le pied pour retenir son souffle en regardant, figé d’incertitude et de crainte, le fragment de pierre précieuse se perdre dans l’obscurité du gouffre. Un tintement cristallin se fit alors entendre, suivi d’autres de plus en plus forts, de plus en plus proche. Kyliam s’était également arrêtée et retournée vers le précipice. Lorsque un craquement sinistre résonna sous leurs pieds, oubliant toute prudence, l’échidné cria.
- Cours !!
Elle s’élança droit devant elle, le loup sur les talons. Une fêlure apparut sur leur passerelle. Partant du centre, elle s’enfuyait vers les deux extrémités. Elle galopait derrière les hybrides et n’eut aucun mal à les rattraper. Kyliam sauta sur une plate-forme de roche recouverte de glace un peu plus stable, mais Inke n’eut pas le temps de l’atteindre. Il sentit le sol se dérober sous ses pieds et il bascula dans le vide en criant. Il ne dut son salut qu’à l’échidné qui le rattrapa de justesse par la queue. Le louveteau se cogna durement à la paroi. Cela déclencha un nouvel éboulement, le givre qui recouvrait l’abri de Kyliam céda à son tour, précipitant les deux hybrides dans le gouffre.