Ah, qu'il est tôt... La nuit plane encore sur la ville et les nuages gris sont... bon, vous voyez ce que je veux dire quoi. Vive le 11 Décembre ! Pour fêter cette date bénie qui n'est autre que celle de la sortie du tome 19 de Fullmetal Alchemist, je commence ma -dernière certainement- fic ici. Les suites seront plus courtes et espacées dans le temps, d'autant que je manque de temps pour écrire en ce moment ( c'est comme ça avant chaque vacances :'D )
Voilà, donc à tous les curieux qui passent sur ce topic, je leur souhaite une bonne lecture et espère que ceci saura les divertir comme une fan-fic digne de ce nom ^^
TETRIXhttp://img71.imageshack.us/img71/1263/dessinstetrixxf0.jpgRapport I - Maladie
Le scientifique répondant au nom de Shoutarô, blouse mal boutonnée et bloc-notes en main, entra en trombe dans la salle où il avait été appelé.
Immense, blanche, cinq tubes verticaux s'y dressaient, renfermant un liquide vert bulleux. Une immense vitre séparait la pièce en deux parties : d'un côté, les scientifiques alignés, avec tous leurs ordinateurs et leurs portes d'accès au reste du laboratoire, et de l'autre, une grande place où s'élevaient les différents tubes, reliés au plafond et au sol par d'épais tuyaux en tous genres. Positionné au centre de l'espace plane, le plus grand et solide tube dévoilait son contenu aux yeux des scientifiques qui, visiblement, n'avaient d'yeux que pour lui.
- Elle s'est réveillée ? questionna Shoutarô, entre l'excitation et l'affolement.
"Elle", c'était Candice.
Une petite hérissonne vert d'eau, à la chevelure de la même couleur, raide et relativement courte. Mais le plus surprenant chez elle était la longueur et le nombre de ses piques. Ils descendaient bien au-delà de ses pieds minces et courts, flottante dans ce liquide verdâtre, emprisonnée à l'intérieur de ce tube défendu, attachée de toutes parts par des brassards et des ceintures. Elle semblait dans un profond coma, et un masque à oxygène posé sur sa bouche lui permettait de continuer à vivre dans cet espace peu confortable et accueillant.
- Elle ne devrait pas pouvoir se réveiller maintenant, déclara Shoutarô, regardant à droite et à gauche les écrans d'ordinateur qui affichaient diverses données.
- Pourtant, elle est vraiment particulière. Et elle supporte tellement bien la maladie, par rapport aux autres... répliqua un autre scientifique.
Il se nommait Eric Laurier. Son visage était ridé par l'âge, mais avait gardé quelques cheveux blancs. Il était l'un des plus vieux chercheurs du laboratoire, un véritable recueil de savoir, une encyclopédie ambulante. Son visage laissait souvent place à des sourires bienveillants, sur sa mâchoire puissante et carrée. Ses yeux bleus étaient encore pétillants d'intelligence, et ses lunettes rectangulaires renforçaient encore la malice lisible dans son regard.
- C'est évident... continua Laurier. D'habitude, les enfants infectés meurent au bout de trois jours. Les plus résistants tiennent jusqu'à deux mois. Et Candice survit depuis dix ans... Nous le savons tous. Cette petite s'accroche à la vie malgré son mal. Comment se fait-il qu'elle soit encore en vie ?
Shoutarô savait bien ce qui différenciait Candice des autres sujets dont ils avaient étudié le cas. Ces mobiens qui mouraient en masse, victimes de cette terrible maladie infantile. Elle avait été découverte il y a dix ans, dans ce même laboratoire de l'archipel Helena. Candice avait été la seule survivante.
- Elle doit avoir une constitution solide, commenta alors un jeune homme assis devant l'un des ordinateurs.
- Bien évidemment, mais ça ne suffit pas, répliqua Shoutarô avec froideur.
Le jeune homme détourna le regard en bafouillant une excuse. Shoutarô n'était pas le genre d'homme qu'il devait décevoir. C'était un grand chercheur, pas comme lui, qui avait à peine fini ses études. Jeune rouquin aux yeux verts, il était bien aimable et généreux, mais n'était pas aussi talentueux que ses aînés de l'archipel.
Shoutarô continuait de regarder Candice. Il aurait tellement aimé pouvoir la sortir de cette cage, la regarder marcher, ouvrir les yeux, lui apprendre à parler... mais depuis sa naissance, elle n'était que trop peu sortie de ce tube. Ca allait changer. Il avait assez attendu.
- Docteur Laurier, lança Shoutarô sans quitter Candice des yeux.
Intrigués, tous les regards se portèrent vers lui. Shoutarô resta silencieux un instant, regardait flotter ces longs piques dans le vide, l'imaginait le regardant avec de grands yeux clairs sur le visage, et prononcer son nom avec un sourire.
- Sortons Candice de son tube.
Alidann reposa son livre avec un soupir ennuyé. "L'histoire de Léo le lion". Il l'avait déjà lue un nombre incalculable de fois.
Il descendit de son lit d'acier, fit quelques pas dans sa chambre. Mais ce n'était que le lieu où il dormait ; qui ressemblait toujours à une salle de laboratoire. La porte était automatique, elle s'ouvrait toute seule quand il s'en approchait. C'était si brusque qu'il en sursautait à chaque fois. Voilà cinq ans maintenant qu'il habitait ce laboratoire, mais il ne s'y était toujours pas habitué. Du blanc partout, des produits étranges stockés dans toutes sortes de récipients en pyrex, des scientifiques en blouse blanche qui allaient et venaient, parfois avec des masques sur le visage -blancs, pour changer. Un univers routinier qui convenait peu à un enfant de douze ans.
Alidann s'arrêta devant l'unique miroir de sa chambre, fixé sur le mur en face de son lit, à côté de l'étagère où il rangeait ses quelques livres. Il avait beau être le fils du grand scientifique Isaac Shoutarô, il se sentait profondément différent de son père. Ce dernier avait des cheveux d'un noir de jais, mi-longs, des lunettes noires rectangulaires et des yeux d'un bleu sombre. Son nez était parfaitement droit, ses sourcils fins ; il était encore jeune et aimait son travail plus que tout. Plus que sa femme, Marina, qu'il avait abandonnée il y a bien longtemps.
Alidann fronça les sourcils. Il regarda ses propres cheveux, très légèrement ondulés, et châtain clair comme ceux de sa mère. Ses yeux, émeraude, étaient aussi ceux de Marina. Sa mère était morte il y a maintenant cinq ans ; et son fils unique, Alidann Shoutarô, avait donc été envoyé au laboratoire pour y vivre aux côtés de son père. Et à présent qu'il avait quitté la ville de Station Square, le quartier où il avait passé les premières années de sa vie, ainsi que son école, il ne lui restait que le laboratoire. Il était donc voué à devenir à son tour un grand chercheur, à l'image de son père...
Tirant la langue à l'image de Shoutarô, qui venait d'apparaître dans son esprit, Alidann quitta sa chambre de petits pas résignés. Il ne voulait pas de cette vie-là. Les scientifiques faisaient tous des expériences effrayantes, avec des mobiens vivants, même. Il avait entendu parler très souvent d'une maladie infantile contre laquelle ils cherchaient à lutter. Mais avant tout, ils cherchaient à la comprendre. Le Tetrix... c'était le nom qu'avait donné son père à l'infection. Elle touchait les nouveaux-nés mobiens, et l'une des atteintes avait eu le bonheur, ou le malheur, de survivre jusqu'en ce jour. Une petite fille à peine moins âgée que lui, qui passait la majeure partie de son temps enfermée dans un tube étrange.
Alidann marchait dans les couloirs du laboratoire. Il attendait de croiser une tête bien connue, mais ne vit que des visages froids vêtus de blanc, comme des fantômes qui ne pouvaient le voir. Cependant, ils avaient l'air beaucoup plus agités que d'habitude ; se criaient des ordres à tout bout de champ et avaient visiblement accéléré le pas. Certains couraient presque, agités, comme si un météore était sur le point de s'écraser sur le laboratoire. Alidann commençait à s'inquiéter sérieusement, quelqu'un de plus âgé le vit et courut vers lui. Le petit garçon, en le remarquant, s'exclama alors, soudain rassuré de voir une connaissance :
- Kerem ! Que se passe-t-il ?
Le rouquin s'arrêta essoufflé devant Alidann. Sa blouse blanche était encore mal boutonnée, et le col, mal mis. Il redressa son visage après avoir récupéré un peu d'air. Ses yeux étaient d'un vert terne, au-dessus d'un petit nez en trompette et de bonnes joues parsemées de taches de rousseur. Il prit alors Alidann par la main, et l'entraîna vers la salle des tubes, comme l'appelait dernier.
- Il faut que tu viennes maintenant, ton père a ordonné à tout le monde de faire définitivement sortir Candice de son tube !
Alidann ouvrit grand les yeux, abasourdi. Tandis qu'il courait, ses pensées se rassemblèrent toutes sur la même question : alors, cette fois, Candice allait retrouver la liberté ?
Kerem et Alidann arrivèrent en trombe dans la pièce où se rassemblaient les ordinateurs. Shoutarô était là, en train de donner des ordres à tout bout de champ. C'est alors qu'il remarqua les deux nouveaux venus. Il décocha un sourire mince à son fils, qui tressaillit.
- Regarde, Alidann... dit-il. Nous allons la libérer, tu vas la voir ouvrir les yeux.
Cinq scientifiques étaient entrés de l'autre côté de la grande vitre. Ils étaient vêtus d'une combinaison complètement fermée, pour ne pas risquer d'être infectés à leur tour. Car c'était là la plus grande crainte des humains du laboratoire : que la maladie évolue et devienne transmissible aux humains.
Les scientifiques en combinaisons regardèrent le liquide vert sortir lentement du tube, par le bas. Les gouttes verdâtre glissaient encore sur la fourrure vert d'eau de la hérissonne ; mais un vert tellement clair qu'il avait presque l'air blanc. L'un des hommes ouvrit le tube, et commença à ôter les tuyaux encombrants, les ceintures et le masque à oxygène de la petite mobienne, toujours endormie.
Alidann se retenait presque de respirer. A ses côtés, Kerem déglutit. Lui aussi attendait ce moment depuis longtemps, très longtemps. Maintenant, Candice allait vivre, ou mourir. Maintenant qu'elle avait dix ans, elle serait peut-être assez forte pour s'en sortir...
Shoutarô voulait y croire. Il gardait un visage neutre porté en direction de Candice, que les humains soulevaient pour la sortir du tube. Il allait vite avoir sa réponse.
Il allait vite savoir si elle était une réussite.
Les hommes déposèrent délicatement Candice sur le sol blanc, puis se retirèrent aussitôt, sous ordre de Shoutarô. Un profond silence domina les deux salles séparées par la vitre immense. Seuls les ordinateurs, affichant nombre de donnés, continuaient leurs bruitages incessants. Et Candice était toujours étendue. Ses piques démesurés s'étalaient partout autour d'elle. Elle respirait calmement. Son corps maigre avait été habillé d'une robe rose, elle ne portait aucun autre accessoire. Elle resta sans bouger pendant deux minutes. A l'issue de la deuxième, elle remua légèrement, puis commença à prendre appui sur ses bras. Les scientifiques tressaillirent.
Sans ouvrir les yeux, tête basse, elle se redressa très lentement, comme pour faire durer cet instant exceptionnel. Elle s'assit, la tête alourdie par tous ses piques qui s'étendaient jusqu'à très loin autour d'elle. Le plus long devait bien faire deux fois sa taille.
Finalement, après s'être retrouvée stable, elle redressa la tête. Son oeil droit était dissimulé sous ses mèches de cheveux fins, mais l'autre était bien visible. Elle ouvrit délicatement sa paupière.
Les scientifiques se figèrent. Cet oeil, d'un rose éclatant, s'était ancré dans leur regard et dans leur âme.