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Merci à tous pour vos critiques et encouragements ; j'aurais aimé arriver à boucler la fic avant ma rentrée mais je sais pas si je vais y arriver finalement. Je vais tenter d'avancer rapidement et de ne plus faire d'erreurs stupides... Voilà la suite donc, bonne lecture!
Erithan sortit de la grange en s'essuyant le front, une clé à molette à la main. A peine avait-il laissé le soleil d'Odori arroser son visage, il entendit une voix sarcastique près de lui : - Alors comme ça, même un chanteur de rock peut avoir des talents de mécano? - Et alors? répliqua le léopard sans tourner la tête, un léger sourire aux lèvres. T'es jalouse, Cali? Cette dernière rit et s'avança vers son allié, vêtue de blanc comme à son habitude, ses yeux noisette pétillants de malice et son pelage blond tacheté de toutes parts. La hyène jeta un regard à l'intérieur de la grange et poussa un sifflement d'admiration. - Ca c'est du vaisseau! s'exclama-t-elle, admirative. Et tu es son heureux pilote? La classe... - On n'entend plus trop parler de moi, ces derniers temps, répliqua le léopard en passant ses doigts pleine de cambouis dans sa mèche de cheveux. Alors j'ai pris des initiatives, tu vois... Avec l'accord de notre chef, j'ai... - Grand-frère! l'interrompit une petite voix venant de la grange. Comment il marche, ce truc? - Ah... j'arrive, Sirel! Euh... je disais quoi, déjà? - Moi en tout cas, dit Calide en souriant, j'espère que mon chanteur de rock favori et son adorable soeur vont nous épater. Erithan lança un sourire éclatant à son amie avant de retourner dans l'immense bâtisse. La hyène le regarda partir, légèrement anxieuse. Elle savait que quelque part, plus si loin d'Odori, ses amis étaient en bonne santé et reviendraient bientôt victorieusement. Les préparatifs avant la dernière bataille avançaient, et une monstrueuse créature de feu avait été repérée près de Station Square, accompagnée de militaires à la botte du Président. Signe que ce dernier avait déjà levé son armée. A présent, la Résistance n'avait plus qu'à s'occuper des derniers préparatifs avant l'assaut final, celui qui déciderait du sort de Mobius et de tous ses habitants.
Lorsque Sephyra rouvrit les yeux, elle resta muette de stupeur. Elle vit ses amis autour d'elle, la plupart pétrifiés de peur ou de surprise, contemplant une immense dragonne perchée au sommet des marches d'un étrange temple. Rapidement, un loup du clan qui avait constaté son réveil se baissa vers elle et lui fit part de la situation, mais la roussette avait malgré tout du mal à réaliser ce qui se déroulait sous ses yeux. - L'objectif de Nelson est simple, déclara Megami. Pour affaiblir Mobius, il faut tuer ses habitants. Race par race. Autrement dit, Nelson s'attaque de préférence aux espèces rares et dont il reste peu d'individus. Récemment, la race des koalas par exemple s'est éteinte. Les mobiens se crispèrent, en même temps furieux et horrifiés. Ils ne s'étaient pas vraiment imaginé que le président de Station Square avait cet objectif immédiat, et s'en prenait aux espèces menacées. - Vous l'avez compris, reprit alors la dragonne, parmi vous, certains sont plus en danger que d'autres. Excepté vous six, qui êtes des humains à l'origine. Mais je sais notamment que les loups se font rares, tout comme les renards-volants. Non, en réalité... tu êtes la dernière représentante de ta race, Caela-Sephyra. Sephyra sentit son coeur doubler d'allure. Cette créature venait de planter son regard dans le sien, et lui apprendre un fait contre lequel elle s'était battue toute sa vie, de toute son âme. Elle n'avait plus de famille. Caela disait vrai ; eux six n'étaient que des humains d'un autre monde, et Kerin était un humain de même... Elle posa ses deux poings au sol et baissa la tête, tremblante. Athem la regarda avec peine. Nelson avait déjà fait énormément souffrir les siens, mais heureusement, bientôt, la mort le séparerait pour toujours de son esprit malsain. Il était hors de question que le chef du clan Nocturne disparaisse à son tour, suivant dans la mort de nombreux de leurs proches et alliés. Le jeune prince regarda à nouveau Megami, qui avait quitté la roussette du regard pour observer à nouveau l'ensemble de ses "invités". - L'Hydre noire, Inferno, a possédé l'Hydre de la vie, Jahëkumra, qui est une créature particulièrement puissante, continua-t-elle. Ainsi, sa force a été décuplée et il vous sera difficile de le vaincre. Lorsqu'il s'en est pris à Jahëkumra, cela a créé un violent déséquilibre sur le monde, et je savais que je devais agir pour rétablir l'ordre. J'ai donc choisi de prendre le corps d'une jeune dragonne, Terra, qui a vu elle aussi toute son espèce disparaître. A partir de cet instant où j'ai pénétré son corps, Mobius a retrouvé un peu de stabilité ; mais une simple mobienne, même une dragonne, face à une entité telle qu'une Hydre, ne fait pas vraiment le poids. C'est pour cela que pour l'instant, la puissance d'Inferno est bien supérieure à la mienne. Mais si vous êtes à mes côtés dans ce combat, si vous êtes prêts à risquer vos vies une dernière fois, je me dresserai contre notre ennemi et le combattrai de toutes mes forces. Un silence suivit ses paroles. Un silence d'angoisse, mais également plein d'espoir : grâce à cette entité qu'ils auraient peut-être dû combattre, dans d'autres circonstances, ils allaient pouvoir avancer sur Syerra et dénicher leur ennemi sans mal. Et ils allaient le vaincre, avec son aide. Avec leur aide. Celle aussi d'une jeune dragonne, la dernière de son espèce, dont le destin était maintenant lié à celui d'une puissante créature. Megami leva son bras en direction des mobiens, avec lenteur, le visage concentré. - Je vous emmène dans les environs d'Odori, dit-elle. Partez ensuite retrouver vos amis... lorsque votre armée sera fin prête, je vous emmènerai à Syerra. A ces mots, une sphère de lumière tournoyante naquit de la main de la déesse, et se mit à grandir. Les mobiens se cachèrent les yeux, aveuglés, leurs oreilles bientôt brouillées par le son aigu de ce sort magique. Ils perdirent l'usage de tous leurs sens l'espace d'un instant, qui leur parut long, inquiétant mais tellement étrange qu'ils ne s'étaient presque rendu compte de rien, lorsqu'ils se retrouvèrent tous ensemble, à se regarder d'un air surpris, au bord de la falaise qui marquait l'une des limites du village d'Odori. Ils ne mirent que peu de temps à remarquer que de nombreux mobiens s'étaient précipités vers eux, avides de nouvelles, tandis que d'autres s'étaient rués à travers les maisons pour se faufiler jusqu'au dôme, et ainsi avertir leur chef suprême de cette apparition soudaine : les résistants étaient à nouveau tous réunis.
Une nouvelle et dernière réunion eut lieu au dôme d'Odori, présidée par Sha-Lin et Athem, que les résistants avaient le plaisir de voir à nouveau à leurs côtés. C'était la bataille finale, tout le monde l'avait senti : il était l'heure de cesser ses dires et de passer à l'action. Partager les rôles, s'assurer d'un soutient mutuel, d'un jeu d'équipe infaillible. Ils allaient marcher tous ensemble sur Syerra, ils allaient enfin se battre pour Mobius entier, faire taire une fois pour toutes leur ennemi à tous. Les six adolescents, conscients de leurs origines terriennes, étaient restés assis ensemble pendant la réunion. Ils se tenaient tous la main, et même en écoutant leur leader parler, même en ressentant la peur au plus profond d'eux, ils purent se souvenir de leur amitié qui ne faillirait jamais, et de leur raison de rester ensemble jusqu'à la toute fin, quelle qu'elle soit. Il leur suffisait de regarder alentour pour voir tous ces visages concentrés sur leurs représentants bien-aimés, pleins d'espoir et de peur, les poings serrés et le coeur battant. Bientôt, ils auraient tous une tâche. Bientôt, l'heure serait venue de combattre. La réunion fut terminée en début d'après midi, la stratégie appliquée. Athem avait parlé de Terra-Megami, et personne n'avait osé rester incrédule ; même si son récit au sujet d'une Hydre blanche et d'une autre noire, pourtant abondamment soutenu par Yorick, semblait à peine croyable. Sha-Lin avait mis une confiance aveugle en Athem depuis longtemps, et le crut sur-le-champ, malgré les doutes que lui imposaient son esprit. D'après la déesse, l'Hydre de la mort, Detzera, se terrait toujours dans un volcan isolé au sud-est de Station Square ; il serait donc combattu par le gros de la Résistance. Un groupe spécial d'assaut, guidé par Megami, s'occuperait pendant la diversion massive de dénicher Nelson et l'abattre. Ensuite, ils trouveraient le passage menant aux entrepôts abandonnés, et dans lesquels se cacherait toujours leur véritable ennemi. C'était sur le talent de cette fameuse équipe que tous s'étaient vus compter. Athem, Luna, Ludovic, Caela, Tora, Seth, Yorick, Seneka, Kaly, Seth, Sephyra. Guidés par l'Hydre blanche, ils étaient ceux qui marcheraient sur Syerra. La réunion fut suivie d'une après-midi tendue, et d'une soirée passée à voir ses proches. Le lendemain, ils annonceraient d'ores et déjà à Megami leur plan, et ils attaqueraient aussitôt. Le soir tombait à peine ; la Résistance était prête depuis longtemps. Plus que quelques préparatifs et la guerre serait déclarée. Inévitable et impitoyable, comme toutes les autres. Une guerre, pour en finir avec celle qui se tramait depuis des années, et toutes les autres qui avaient secoué la planète par le passé. Le feu qui brûlait dans les coeurs allait bientôt crépiter de colère puis s'éteindre à jamais, pour effacer des mémoires et des coeurs le souvenir amer des lames et des visages imprégnés de sang. Le soir tombait à peine, il était l'heure de faire ses adieux.
Erithan s'essuya le front avec son avant-bras, poussant un soupir. Il contempla ensuite son petit vaisseau, qu'il allait piloter dès le lendemain. Sirel était endormie sur une couverture dans un coin du garage, car leur maison avait été utilisée pour que les assaillants principaux, guidés par Athem, puissent passer la soirée et la nuit tous ensemble. Mais peu importait au léopard ; même s'il aurait aimé, quelque part, passer sa peut-être dernière nuit dans sa petite maison, avec sa chère soeur qu'il ne souhaitait pas voir mourir une fois le soleil levé. Une fois la guerre débutée. - On croirait rêver... dit alors une voix sarcastique dans son dos. Erithan qui va à la guerre demain? On aura tout vu! La fourrure du félidé se hérissa, reconnaissant parfaitement cette voix. Sans se retourner, il déclara sèchement : - Le temps où j'étais un lâche est terminé depuis longtemps. Je savais pas que t'étais encore vivante. - Malheureusement pour toi, c'est bien le cas... Sephyra s'avança à l'intérieur du garage et s'arrêta aux côtés du léopard pour contempler son vaisseau. Il la regarda et constata qu'elle portait quelques bandages, mais aucune blessure très grave, semblait-il. - Nelson a levé la main sur toi? questionna-t-il, soudain furieux. La roussette le regarda avec étonnement, et lui décocha son premier sourire sincère depuis longtemps. - Non, il n'a pas eu le temps. J'ai encore eu beaucoup de chance, semble-t-il. Sirel remua sur sa couverture, ses yeux toujours clos, en murmurant quelque chose. Puis elle serra son coussin en poussant un soupir. Elle semblait perdue en plein rêve. - Enfin, je n'étais pas venue pour me moquer de toi, admit alors le chef du Clan Nocturne. Mais pour te donner un ordre. Ou plutôt, t'interdire quelque chose. - Quoi donc? questionna le léopard en soupirant. - T'as pas intérêt à mourir demain, parce qu'on a pas encore réglé nos comptes, déclara la roussette en se retournant et en commençant à partir. - Oh... A vos ordres, chef, répliqua le léopard en esquissant un petit sourire. Sephyra fit de même juste avant de sortir du garage. Elle passa devant le dôme d'Odori avant de le contourner, puis s'aventura sur un petit chemin tortueux qui descendait sur une partie plus basse du village. Un large espace orné de croix et de tombes. Le cimetière. La roussette ouvrit ses ailes et s'envola dans l'air frais, avant de redescendre rapidement devant une tombe en particulier. Plus exactement, c'était une pierre tombale où était gravé le nom de Luceria-Lys, en l'honneur de la chasseuse qui avait péri dans la montagne. Sephyra contempla la roche paupières mi-closes, un long instant, avant de relever son regard vers le ciel. Le vent soufflant dans sa chevelure bleue, elle contempla le ciel. Elle ne pleura pas son amie. Etait-ce en souvenir de leur ancienne rivalité? Ou par orgueil, parce qu'elle ne voulait lui céder rien en rien? Elle l'ignorait, même si au fond d'elle, elle avait sa petite idée. Rien à voir avec de la rivalité ou une quelconque haine qui ne s'était pas éteinte. Rien à voir avec tout ce qu'elles avaient vécu de nocif ensemble. Rien à voir avec tout ça. Les souvenirs qu'elle gardait de l'échidnée grise étaient heureux. Tous.
Lorsque la roussette rentra dans la maison d'Erithan, qui lui servirait d'abri pour la nuit, personne ne dormait. Les sept adolescents étaient perdus dans leur peut-être dernière conversation, Luna semblait énumérer à Ludovic une à une les merveilleuses qualités d'Athem -pour la cinquième fois de la journée- et ce dernier était debout devant la fenêtre, de par-delà laquelle il observait l'extérieur. Etait-ce la dernière fois qu'il voyait les étoiles et leurs si étranges, si lointaines lueurs? Les voix retombèrent peu à peu, dans la maison d'Erithan, ainsi que dans tout le village. Peu fermeraient l'oeil cette nuit, sans doute. La veille de la bataille de leur vie, les mobiens savaient déjà qu'ils seraient trop craintifs, intimidés ou tendus pour trouver le sommeil. Caela était sortie sur le balcon, pour regarder les étoiles. Le vent secouait ses longs cheveux blancs comme neige, que le métal n'avait pas encore réussi à saisir. Cette guerre du soleil levant... ce serait sa dernière chance pour que tout rentre dans l'ordre. Sa dernière chance pour rentrer chez elle un jour, avec tous ses amis, en vie et en bonne santé. Elle avait souvent rêvé, dans son enfance, de vivre une telle aventure. Une aventure de rêve où l'on affronte ses pires peurs auprès de ses amis de toujours, ses compagnons aux côtés desquels on finit par trouver la gloire et le bonheur. Ce rêve, cet imaginaire si beau mais si cruel, elle était dedans. Alors c'était le moment d'y aller, de tout faire pour parvenir à ses fins. Elle devait montrer à Megami qu'elle n'avait commis aucune erreur en la choisissant elle ; et elle avait même une dette envers Yorick, grâce à qui son coeur n'avait pas lâché cette nuit-là. Cette nuit-là, où tout avait commencé. Une nuit pareille à cette qu'elle contemplait en cet instant... - Toi non plus, tu ne dors pas? fit une voix dans son dos. La hérissonne se retourna et sourit à Seneka, qui s'avança à ses côtés sur le balcon, sans un bruit. Ils restèrent silencieux quelques secondes, à regarder le ciel. - Jahëkumra me parle, dit alors la hérissonne, brisant le silence nocturne. Il me dit des choses dans mon sommeil... Ca me terrifie maintenant. C'est vrai que quelque part, c'est grâce à lui si je suis en vie aujourd'hui, mais... Je ne peux pas me résigner à lui donner ma vie. - Bien sûr que non! réagit le loup noir. Caela, cet être est maléfique, on doit l'arrêter. Il t'a sauvé la vie pour pouvoir te tuer de ses propres mains ensuite ; et pour avoir voulu quelque chose de tel, je ne lui pardonnerai jamais. Caela évita le regard perçant de Seneka, et contempla plutôt la rambarde de bois où elle s'appuyait de tout son poids. - Il m'a fait douter, admit-elle. Pendant quelques temps, j'ai cru que je devais lui payer ma dette... j'avais tout compris depuis longtemps, au fond de moi. Mais l'entendre dire, c'était... ça m'a confirmé que je ne rêvais pas. Après tout, peut-on rêver dans un rêve? - Tu penses qu'on vit un rêve, en ce moment? questionna le loup noir. - Oui, un rêve... Le plus impitoyable de tous. Seneka ne répondit pas. Cette soirée-là, ils la passèrent ensemble à regarder les étoiles. Dans ce monde et en cette nuit, celui qui aurait dû être leur dernier sommeil ne vint pas les prendre.
« Dernière édition: Septembre 10, 2008, 03:59:21 pm par Sephyra »
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