Yurk yurk yurk, c'est moi la surprise ! ~
Et le premier Avril est passé, donc dites vous que c'est vrai !
Les parois, au fur et à mesure de son avancée, étaient recouvertes d’une étrange substance luisante, qui semblait accentuer leur luminosité au passage du loup, lui donnant un peu de visibilité. Intrigué, il toucha la mousse du bout des doigts, méfiant. C’était pourtant très doux, encore mieux que de la soie ou du velours, très agréable en tout cas. Après quelques minutes de marches, le tunnel semblait s’élargir encore plus, et enfin, au bout, après deux grandes colonnes, une immense place, complètement ronde. Il y avait une sorte de bassin, d’environ dix mètres de profondeurs, non loin de lui. La mousse luisante recouvrait la totalité des murs, et formait plusieurs dessins et autres signes tribalesque, représentant plusieurs scènes de vie des loups. Oui, la Natural devait être ici. La faible lueur du rayon encore présente montrait le fond du bassin. Pas de doute, elle était là ! Il s’avança, lentement, craignant une attaque quelconque. Après tout, chaque pierre avait un gardien, à peu de chose près. Soudain, venant de nulle part, un bruit de pleurs se fit entendre. Le loup s’arrêta, tendis l’oreille, et chercha l’origine du son… Et il la vit.
« Night Shade ! » S’écria t’il, en s’élançant vers sa compagne.
La louve était à l’autre bout du bassin, par terre, en larmes. Qu’est ce qu’elle faisait là ? Wolf ne l’avait pas vu arriver… Elle était sûrement ici, depuis bien avant lui… Il n’aurait pas dû la laisser avec ce maudit hérisson, il le savait ! Mais là, ça dépassait tout ce qu’il pensait ! Il l’aida à se relever, et lui demanda ce qu’il s’était passé. Entre quelques hoquets, la louve réussit malgré tout à lui raconter comment elle était tombée ici.
« C’est Shadow, il a prit les Naturals et m’a jeté à l’eau !... Oh Night Wolf, je suis si désolée, j’ai été imprudente de rester avec lui…
- Ne t’en fais pas, on le retrouvera. Il était sûrement sous le compte de ce vieux fou, encore… »
Il prit sa compagne dans ses bras, et la consola du mieux qu’il pouvait. Night Shade, effondrée, ne faisait que pleurer. Une oreille attentive verrait qu’elle ne pleurait pas forcément de tristesse… Elle se retira lentement de l’étreinte de Wolf, et lui sourit, du mieux qu’elle pouvait.
« Mais maintenant que tu es à mes côtés je n’ai plus à m’en faire. »
Cette phrase fut comme le déclanchement d’un instant magique pour le loup. Elle avança son visage du sien, lentement, et l’embrassa, tendrement. Un petit détail frappa le loup. Depuis quand Night Shade avait les yeux de couleurs différentes ? L’un était tout a fait normal, tandis que l’autre était complètement rouge sang. Il n’avait pas pu le voir plus tôt, à cause d’une mèche de cheveux de la louve qui le cachait. C’était ça, celle qui gardait la Natural ? Il la repoussa violemment, pour la faire tomber dans le bassin, qui s’était teinté de rouge dès qu’elle tomba. Wolf s’essuya la bouche, honteux d’avoir confondu Shade avec cette créature. Comment il avait pu tomber dans un piège si… Flagrant ?
Une masse noire se montra quelques secondes dans l’eau, et sauta sur lui à une vitesse incroyable. Cette fois, c’était l’apparence de Shadow que la créature avait copié. La seule petite différence cette fois, c’était de grandes cernes sous ces yeux, que le vrai n’aurait pas. Ou alors, seulement après quelques semaines sans dormir, mais ça paraissait impossible. Le fait est que ce n’était pas le vrai, c’était sûr. Le faux Shadow plaqua le loup au sol, en enfonçant des griffes acérées dans sa peau. Un étrange liquide verdâtre se mit à se déverser dans le sang de Wolf, sans qu’il le sache, pour le moment. Il le repoussa violement, l’éjectant ainsi, et empêchant que plus de poison ne rentre dans ses veines. Le faux Shadow, qui commençait à redevenir une masse noire informe, se mit à rire, de plus en plus fort, faisant trembler les parois de la caverne ronde.
« Pauvre fou ! Dit-il entre deux rires, Tu ne sais pas ce qu’il t’attend ! »
C’est là que Night Wolf remarqua, seulement, ses blessures, dont coulait le liquide vert. Il râla une injure, et senti que sa tête commençait à tourner, tourner… Puis il fut prit de violent vertige, l’obligeant à se mettre à genoux, pour éviter de tomber de haut. C’était son point de vue, dumoins.
Avant de perdre conscience, son cerveau s’attacha aux quelques derniers mots du gardien de la Natural.
« Pff, pas assez de poison injecté. Habituellement, les imprudents qui viennent en ces lieux rendent l’âme assez vite.
- Je commençais à l’aimer, ce petit jeune. » Fit une autre voix, qui partait en écho au fur et à mesure des secondes.
Tout devint noir. Mais malgré cette obscurité, il pu entendre encore :
« Ne le tue pas tout de suite, Reyuqua. Laisse lui une chance. »
Il se sentait bien. Un vent frai caressait son visage, et l’herbe verte chatouillait sa fourrure. Il se mit à sourire, apaisé. Comme il était bien, ici, allongé, au soleil !
« Au soleil ? » Répéta son cerveau, qui réagit au quart de tour. Il ouvrit les yeux, et c’est alors qu’une lumière aveuglante l’obligea à les refermer. Mais ce qui était étrange, il ne ressentait plus cette atroce douleur…
Etait-il mort ? Ou n’était ce qu’une illusion ?
Il se releva, toujours aussi étonné d’être sous un ciel bleu sans souffrir. Il regarda autour de lui : il n’y avait pas d’arbre, pas de maison, rien à l’horizon. Seulement une étendue d’herbe verte, qui semblait s’étirer vers l’infini.
« Excuse moi, jeune loup ! » Fit une voix
Il baissa son regard, et vit une drôle de personne.
C’était un petit vieux loup, vulgairement parlant, qui faisait à peine la moitié de la taille de Night Wolf. Il était vêtu d’une longue veste noire, dont quelques motifs bleus luisant au soleil étaient cousus au bout. Sa fourrure était blanche comme neige. Il avait les yeux mi clos, et portait une petite ombrelle, pour le protéger du soleil.
« Je suis ravi de te voir en vie, continua t’il, satisfait que Wolf l’ait remarqué. Tu sais, cette tête de mule – Je parle du gardien – ne laisse passer personne prendre la Natural. Mais finalement, il y réfléchit, et te laisse une chance, unique, de t’en emparer. Mais pour cela, tu vas devoir passer quelques épreuves. »
Un bref silence s’installa. Qui était ce drôle de personnage ?
« Milles excuses, je ne me suis pas présenté. Je suis un collègue à Reyuqua. Et toi jeune loup, comment te nommes-tu ?
- Je suis Night Wolf, répondit-il après un instant d’hésitation. Mais dites, qu’est ce que je fais ici ?
- Question stupide. C’est dans ces lieux que tu passeras tes épreuves, au nombre de trois. Le poison que Reyuqua t’a injecté aurait du te faire mourir. Mais au lieu de ça, il t’a plongé dans une sorte de rêve inconscient. Tu devrais le remercier après. Si tu te réveilles. »
Il pointa du doigt derrière le loup, qui logiquement, se retourna. Une petite nappe, qu’on utilisait dans les pique-niques, était apparue. Dessus, on trouvait un petit panier repas, et à côté, un petit vase avec un coquelicot et une pâquerette dedans.
« Vous ne m’avez toujours pas dit votre prénom. Lui rappela le loup.
- Tu peux m’appeler comme tu veux. En tout cas, les rares qui m’apercevaient me nommaient « Grand père ». Vu mon âge, ils ont bien raison. »
Le vieux loup blanc se mis assis en tailleur sur la nappe, et invita Night Wolf, qui fit de même. Après tout, il n’avait qu’à passer quelques épreuves, et il aurait la Natural. A vu d’œil, ça ne paraissait pas sorcier.
Son aîné sortit du panier un œuf, qu’il posa sur le côté, ainsi qu’un coquetier et une cuillère.
« Voilà la première épreuve : Prépare l’œuf ici présent.
- Pardon ?
- Tu m’as bien comprit Night Wolf, tu dois simplement me préparer un œuf. Mais attention, tu dois casser la coquille de telle manière qu’elle sera coupée en deux. Je te rassure, tu as plusieurs essais. »
Il le regarda avec des yeux ronds. C’était ça, la première épreuve ? Il prit l’œuf entre ses mains, et le fit tourner plusieurs fois dans sa paume. Pour que ce soit si facile, il y avait un piège par derrière. Mais en voyant le visage, tout sourire, du vieil homme, ça paraissait dingue. Pourtant, c’était un allié du gardien de la Natural !
Enfin, il se mit à foudroyer l’œuf du regard, comme pour vouloir le faire ouvrir comme ça. Puis il le prit à deux mains, une de chaque bout de l’œuf.
Et il tira violemment.
La coquille vola en morceau, et le jaune explosa sur son visage.
« Premier essai ! Il y a d’autre œuf dans le panier. » Dit le grand père en lui présentant d’une main le panier.
Après le plongeon de Night Wolf, Shadow et Night Shade entreprirent de retourner sur le petit port. Le marin qui leur avait si gentiment prêter le bateau trouverait suspect, une virée nocturne qui tarderait. En silence, soutenu par le mouvement des vagues, ils ne virent pas un gros tentacule géant attraper un des bords, et faire chavirer le petit navire. La louve n’eu pas le temps d’hurler, une énorme ventouse s’accrocha sur elle, l’immobilisant, et l’emmenant dans les limbes, suivis de près par Shadow, qui avait bu la tasse. La forme de vie ultime aurait besoin de cours de natation, prochainement…