Je dois vraiment être la plus grande des emmerdeuses pour vous avoir fait attendre si longtemps avant de vous offrir ma nouvelle fic. Voyez-m'en tous désolée.
Alors j'espère qu'elle vous plaira malgré tout, et que votre courage fera que vous me pardonnerez vite...
Encore désolée.
IMAGINAIRE
Les temps jadis avaient un monde
Où vivaient sept grands guerriers
Dont la force, le courage et la bonté
Les avaient proclamés Héros.
Les temps jadis avaient un royaume
Des créatures ancestrales
Esprits du jour, du vent, des étoiles
Seize Hydres reines du monde.
Des temps jadis naquit une force
Qui tua les créatures ancestrales
Seules quatre purent trouver
Un autre chemin que la mort: celui du mal
Souffrance, destruction et peine
Ainsi que la mort des sept Héros
Colère, abandons et haine
Mais...
L'orphelinat de Davarès était situé dans l'une des plus grandes villes du globe. Vaste, silencieux la nuit, animé le jour. Il offrait à des centaines d'enfants un foyer, leur offrait des amis, des proches. Tous connaissaient cet endroit, le respectaient, respectaient les personnes formidables qui y travaillaient. Ainsi que les enfants. Très jeunes ou presque adultes, ils respectaient la vie, la vivaient avec ses contraintes. Le fait de ne pas avoir de famille ne leur était qu'une blessure très légère au fond d'eux; car tous ces amis autour de soi, c'était un peu comme une vraie famille.
Le ciel commençait à s'assombrir, dans la chaleur de cette soirée d'été. Soirée particulièrement mouvementée dans la salle 104, où six adolescents discutaient ouvertement en jouant avec une bouteille de verre. Ils étaient tous différents, et pourtant très proches, arrivés tôt ou tard dans cet orphelinat qui les avait si bien accueillis. Amis depuis longtemps, ils étaient inséparables et se comprenaient mutuellement. Leurs âges aussi différaient de peu; la plus jeune avait en ce temps-là quatorze ans, le plus âgé avait trois ans de plus. Ce qui ne les empêchait pas d'être unis comme les doigts de la main.
Leur paisible soirée fut interrompue par la directrice de l'orphelinat, une dame très bonne qui s'attirait la sympathie de tous les enfants. Accompagnée d'une personne que les six amis n'avaient jamais vue, elle entra dans la vaste chambre 104.
- Bonsoir, les enfants, dit-elle. Je vous présente Yorick, il est arrivé à l'orphelinat ce soir-même.
Les six adolescents regardèrent le nouveau venu avec beaucoup de curiosité. Il devait avoir dans les dix-sept ans, portait des vêtements sombres et larges, et effectivement, avait la main droite occupée par un sac de voyage. Ses yeux couleur marron étaient particulièrement perçants, et son regard étrange. Ses cheveux étaient gris métal, et une profonde cicatrice partait de sa joue gauche, et remontait en travers vers la droite de son front. C'était là un fort étrange jeune homme.
- Comme Yorick a à peu près votre âge, je me suis dit que vous voudriez bien rester avec lui ce soir, continua la directrice.
- Bien sûr, répondit une jeune fille aux cheveux aussi noirs que ses yeux.
Les autres ne répondirent pas mais ne contestèrent pas non plus. Les remerciant, la directrice se retira alors, et Yorick posa son sac dans un coin.
- Enchanté de faire votre connaissance, dit-il avec un sourire. Alors comme ça, vous êtes aussi des orphelins?
- Oui, répondit un garçon aux cheveux blonds dressés en pics fins sur sa tête. Mais dis... C'est quoi cette cicatrice sur ton visage?
Yorick s'assit auprès d'eux sans répondre tout de suite. Bien que cette question brûlait les lèvres de chacun, le garçon blond avait été le premier à céder à la tentation de la poser.
- J'ai pas eu une vie facile dans ses débuts, répondit alors Yorick. J'ai cette blessure depuis fort longtemps. Mais je n'en ai aucun souvenir.
- Même pour une telle profondeur de blessure? se surprit un jeune garçon d'à peu près le même âge que Yorick, aux cheveux noirs comme l'ébène et au profond regard bleu sombre.
- Même pour une telle profondeur de blessure, répondit Yorick avec un sourire.
- Je te plains, déclara un garçon au regard profond et aux lunettes rectangulaires. Ca ne doit pas être facile de vivre avec ça.
- Elle ne me gêne plus, depuis le temps, tu sais.
- Allons, inutile de parler de tout ça, dit ensuite un jeune garçon aux cheveux roux qui semblait moins âgé que les autres. Si on se trouvait une occupation pour ce soir, plutôt?
Tout le monde accepta - ou plutôt, personne ne contesta - et rapidement, les sept adolescents se mirent à parler et à repartir dans leurs jeux sur le destin et l'avenir, qu'ils faisaient tourner au centre des rires avec une bouteille de verre.
Lorsque la nuit s'empara des lieux, les adolescents jugèrent qu'il était grand temps de dormir. Ils demandèrent aux adultes l'autorisation de dormir tous ensemble dans la même chambre, éparpillés sur la moquette dans leur sac de couchage. Les adultes acceptèrent, et rapidement, tous furent allongés et prêts à passer la nuit à discuter. Mais au bout d'une heure de murmures et de rires, la fatigue commença à s'emparer d'eux, et ils éteignirent même les plus petites lumières.
Les deux seules filles du groupe étaient un peu à l'écart et proches l'une de l'autre. La première était celle avec les cheveux noirs, et la deuxième avait au contraire de longs cheveux, et chose étrange, aussi blancs que la neige tombée du ciel. Ses yeux verts cachaient une source de tristesse profonde et désolante.
- Yorick... me fait peur, confia alors à son amie la jeune fille aux cheveux blancs.
- Ne t'en fais pas, il est étrange mais il ne nous fera rien.
- Et s'il nous arrive quelque chose? Nous resterons ensemble, dis, Kaly?
Kaly sourit à son amie, et lui prit la main:
- Ne t'en fais pas. Quoi qu'il arrive, je resterai avec toi.
La jeune fille aux cheveux blancs sourit à son tour, et put fermer les yeux sans crainte. Les adolescents s'endormirent tous en l'espace d'une heure.
Tous sauf un. Et lorsqu'il fut persuadé que tout le monde dormait, Yorick rouvrit les yeux.
Il se redressa lentement dans les ténèbres, et s'avança à pas de loups vers son sac, lorsqu'il se figea. Tout près, le garçon aux cheveux noirs et au regard sombre avait l'air agité. Il se calma rapidement, mais Yorick garda un oeil sur lui tout en s'avançant vers son sac. Puis, se disant qu'il n'y avait rien à craindre, Yorick remit toute son attention sur ce qu'il faisait. Il ôta de son sac une grande sphère bleue foncé qui se mit à luire étrangement, et un sourire malin apparut sur ses lèvres.
- C'est ça... Oui, ce sont eux... murmura Yorick, soudainement excité. Cette fois, les Hydres n'en ont plus pour longtemps!
Il se tourna vers les six adolescents, endormis non loin de lui.
- Sincèrement... je suis navré, dit-il.
En un rien de temps, un éclair bleu avait jailli dans la chambre, dans les rêves, les pensées, et s'était évanoui rapidement.
L'instant suivant, dans la chambre 104 de l'orphelinat de Davarès, il ne restait des adolescents que quelques sacs de couchage vides, un sac à dos ouvert, et du silence.