Merci à toutes les deux.
Chapitre un peu plus monotone mais qui devrait infirmer ou confirmer vos soupçons.
Juste, un hérisson, c'est un pelage, on peut dire comme ça ?... Je n'y pensais pas.
Simplement pour éviter de répéter encore "épines", je ne sais pas si on peut vraiment le dire, ça ne me choque pas vraiment. o0
Chapitre 4 : Le chantier mauditDans le large bureau, Benjamin faisait les cent pas. Avoir la charge de la colonie n’était pas de tout repos, mais cela ne lui déplaisait pas au contraire. Il avait toujours aimé diriger ses troupes, ce sentiment de supériorité et de pouvoir sur la population du Santa Maria l’emplissait d’orgueil. Promu assez jeune au rang de colonel grâce à son audace et la chance Benjamin Smith était l’image même du soldat : une carrure que l’on aurait crue taillée dans le marbre, des cheveux foncés coupés en brosse courte, des yeux gris acier qui transperçaient ses subordonnés et lui donnait un certain charisme auprès de femmes. Il avait été placé sous le commandement du général Johnson, mais avait plus l’impression de diriger seul la colonie, Johnson étant presque toujours sur la planète. Il avait rendez-vous avec Steve Fart le sous directeur de la Robcorp, c’était déjà la seconde fois qu’il le recevait à cause des problèmes que le chantier avait rencontrés. Une véritable psychose s’était installée dans le Santa Maria, on disait le chantier maudit. Après plusieurs sabotages inexpliqués, le général Johnson avait ordonné l’arrêt des travaux pour plus de sécurité en attendant d’en connaître les causes exactes. Puis les humains avaient appris l’existence des hybrides et les malheurs de la Robcorp avaient soudain eu une explication toute désignée. Pour Johnson, cela signifiait que les habitants de cette planète ne souhaitaient pas voir les constructions terriennes sur leur territoire. Pour Smith se n’était qu’un léger contretemps qui serait vite réglé. Après tous qu’avaient-ils à craindre de vulgaires animaux ?
Le général refusait de reprendre le chantier, mais cette fois benjamin se passerait de son accord. Johnson était sur la planète et lui avait confié le commandement du vaisseau et ce chantier était donc sous sa responsabilité. Smith avait un projet, une stratégie pour faire avancer les travaux sans prendre de risque. C’était pour cette raison qu’il avait convoqué Fart.
Enfin un jeune garçon brun, prénommé Thomas, passa la tête par la porte et se mit au garde à vous.
- Monsieur Fart est arrivé, colonel.
- Faites le entrer.
Thomas s’effaça pour laisser passer un homme d’une cinquantaine d’années, les cheveux grisonnant en costume cravate. D’un geste, Benjamin l’invita à s’asseoir face à l’imposant bureau en chêne.
- Je souhaite reprendre les travaux le plus rapidement possible ! annonça de but en blanc le colonel.
Steve en fut abasourdi, il croyait ce contrat définitivement perdu à cause des accidents. Johnson lui avait parfaitement fait comprendre que les travaux ne reprendraient pas temps que les sabotages seraient inexpliqués.
- Je croyais…
- Nous avons pour mission la colonisation de cette planète. Je suis persuadé que les sabotages sont dus aux hybrides, mais je ne laisserais pas quelques animaux sauvages nous arrêter. Nous allons reprendre le chantier sous haute surveillance. Je sais que ce n’est pas votre domaine d’activité mais… Votre société peut-elle concevoir des prototypes de véhicules armés qui pourraient assurer la défense du chantier ?
Steve Fart cligna des yeux plusieurs fois pour être certain de ne pas rêver. Smith lui proposait un nouveau contrat ?
Il s’était embarqué dans cette aventure à contre-cœur, contraint d’abandonner sa femme et ses enfants sur Terre pour cette longue mission. Bien sûr, il avait de fréquents contacts avec sa famille grâce à un ingénieux système de communications qui lui permettait de voir régulièrement ses enfants sur un écran. Mais il n’avait pas pu assister à la rentrée des classes de sa fille ni à l’anniversaire de son dernier et cela lui était insupportable. Il n’avait qu’une hâte : finir au plus vite cette mission et retourner auprès des siens. L’achèvement de la ville-base signifiait le débarquement des colons et le retour du Santa Maria sur Terre. Ce fut donc gonflé d’espoir que Steve accepta. Les deux hommes discutèrent encore pendant une bonne heure des diverses modalités et du nouveau contrat puis après une poignée de main, Steve prit congé pour regagner les quartiers de la Robcorp.
De son côté Benjamin satisfait de la tournure des choses remettaient un peu d’ordre dans les schémas de la future ville que Fart lui avait apporté et les rangea soigneusement dans un dossier rouge. Thomas refit alors son apparition. Benjamin aimait bien ce jeune aspirant affecté à son service comme aide de camps. Malgré son indiscrétion, il était ordonné, sérieux et utilisait à merveille l’ordinateur. Benjamin lui préférait se tenir éloigné de ces machines et avait toujours refusé de s’en servir. Il avait appris très récemment comment : allumer et éteindre celui qui se trouvait dans son bureau, mais lorsqu’il lui fallait taper un ordre ou un rapport, il redonnait tous à Thomas.
- Le général pour vous, annonça le jeune garçon en désignant le combiné des communications extérieures.
Alors que Smith décrochait Thomas refermait discrètement la porte et se remit à son travail. L’interphone était resté branché, comme toujours. Le garçon n’était pas particulièrement curieux, mais son travail ici n’était pas vraiment passionnant, il n’avait pas de musique pour se divertir et écoutait donc d’une oreille distraite les conversations. Il avait plus ou moins suivi celle que Smith venait d’avoir avec Fart et se demandait comment maintenant le colonel allait l’annoncer au général.
Dans le bureau, l’écran s’alluma sur le visage plutôt soucieux du général. Benjamin esquissa un rapide salut et engagea la conversation :
- Steve Fart était dans mon bureau il y a à peine une minute et…
- Je lui ai déjà dit que je ne reprendrais pas le chantier et surtout maintenant. Je vous laisse régler ce problème avec lui colonel. Je viens de recevoir un message du docteur Shinzen qui est parti hier avec le docteur Klan et Selic. Ils ont fait une mauvaise rencontre et ont peur que des hybrides attaquent le campement. Je vous renvoi immédiatement les civils, je reste avec une équipe réduite pour attendre les chercheurs et veiller au matériel.
Contactez la Terre pour les prévenir que nous abandonnons cette mission. Nous finissons les relevés de données et nous rentrons.
- Quoi ? Mais elle est viable nous devons la coloniser !
- Elle est viable mais déjà habitée.
- Ce ne sont que de vulgaires animaux !
À l’écran Johnson fronça les sourcils, la réaction de Smith lui déplaisait grandement.
- Le sujet est clos colonel. C’est un ordre ! répliqua le général en coupant la communication.
Thomas était figé, un rapport tout juste sorti de l’imprimante dans les mains, il n’en revenait pas. Comment Smith pouvait parler ainsi à son supérieur. Et sa façon méprisante de traiter les hybrides d’animaux l’avait outré. Il avança une main tremblante vers l’interphone pour le couper lorsque le bruit sourd d’un poing s’écrasant sur le bureau le fit sursauter. Puis le colonel laissa exploser sa colère :
- Non mais il se croit où ce vieux débris !
Thomas appuya sur l’interrupteur juste à temps. L’officier sortit de son bureau furieux et s’en alla en claquant la porte, laissant le jeune garçon seul, perplexe.
Steve était ravi, il entra précipitamment dans son bureau, en réfléchissant à la suite des événements. Il avait récupéré le contra de la construction de la ville et de plus il en avait un nouveau qui pouvait s’avérer très intéressant. Il lui fallait choisir une personne de confiance, une personne compétente. Et il n’en voyait qu’une.
Il fit venir l’ensemble du personnel dans la grande salle de réunion pour leur exposé ces nouvelles réjouissantes, parmi l’assemblée il y avait bien évidemment un géant roux qui se demandait bien quelle nouvelle catastrophe allait lui tomber dessus. Steve s’adressa à la foule et leur exposa les causes probables des sabotages, ce qui innocentait Junior. Le rouquin était un peu surpris, mais satisfait d’être enfin lavé de tous soupçons. Il eut droit aux mots d’excuse aux grandes tapes dans le dos et autre « j’étais sûr que tu n’y étais pour rien ». Il était habitué à ce genre de faux semblant et n’était pas dupe. Il ne faisait aucune confiance en ces amitiés fictives, ces belles paroles réconfortantes. Il n’en croyait pas un mot, mais fit bonne figure, souriant, il accepta les excuses d’un signe de tête ou d’un geste de la main. Même John tenta sa chance, et pour ne pas paraître trop ingrat, bien que cela lui coûte beaucoup Junior lui sera la main. Aussitôt un planning se mit en place, tout s’organisait pour satisfaire au mieux le calendrier et la population du Santa Maria qui avait hâte de pouvoir débarquer sur la terre ferme. Le sous-directeur entraîna Junior à l’écart dans son bureau. Le garçon le suivi avec un peu d’appréhension, s’installa dans le fauteuil et attendit patiemment que Fart relise pour la dixième fois son curriculum vitae.
- C’est très impressionnant, un doctorat en physique, un autre en biochimie et tout cela à seulement dix-neuf ans. C’est incroyable.
- J’ai une grande facilité à retenir et beaucoup d’ambition. Se justifia Junior en haussant les épaules.
- Je dois avouer qu’avant de vous rencontrer, je croyais avoir affaire à un jeune fils de riche incapable de se débrouiller seul et uniquement là grâce à la fortune de son père.
Junior frissonna, cette étiquette de gosse de riche lui collait à la peau et il ne le supportait pas.
- C’est pas le cas, c’était mon choix de venir ici pour pouvoir au mieux utiliser mes compétences.
- Certes, c’est justement pour vos compétences que je vous ai choisi.
Le sous-directeur lui rapporta les désirs du Colonel de fabriquer des machines en charge de la surveillance du chantier.
Le rouquin se retrouva donc à travailler pour les militaires. Il avait accès à des laboratoires super équipés et ravi de cette aubaine, il se mit à travailler d’arrache pied sur les commandes de l’armée mais également sur ses propres projets. Il avait une foule d’idées qu’il voulait tester.
En moins d’une semaine, il avait déjà achevé plus de trois types de robots différents, il travaillait maintenant à leur mise au point. Parallèlement il s’était attelé à un projet qui lui tenait à cœur. Après deux semaines de travail et de nuits blanches, Junior avait non seulement lancé la production des robots, mais en plus terminé un prototype de son invention. Une découverte fondamentale qui pouvait changer la face du monde et faire entrer son nom dans l’histoire.
Il regardait fièrement l’assemblage. Plusieurs techniciens s’affairaient autour de l’enchevêtrement de fils pour préparer le premier teste. Le moment de vérité arrivait, il allait enfin savoir si ses théories étaient justes. Junior se cala confortablement devant l’ordinateur et re-vérifia une énième fois ses calculs. Il ne voulait pas faire la moindre erreur. Le prototype ne payait pas de mine : il s’agissait de deux simples cadres de cuivre rectangulaire d’à peine quinze centimètres de haut qui étaient disposés de par et d’autre de la salle face à face distant d’une dizaine de mètres. Les rectangles métalliques étaient connectés à de nombreux ordinateurs et à un générateur par des fils électriques multicolores.
- C’est bon ! affirma un technicien en finissant de brancher un câble.
Junior après un moment d’hésitation appuya sur la touche entrer de son ordinateur et aussitôt un vacarme infernal envahit le laboratoire. Le générateur tournait à plein régime et un son strident sortant des cadres obligea les scientifiques à se boucher les oreilles. Deux petites boules de lumière bleu pâle se formèrent au centre de chaque portique tournant sur elles-mêmes, puis elles se foncèrent l’une sur l’autre. Un instant la pièce fut envahie par une lumière aveuglante, lorsqu’elles se percutèrent puis tout fut fini. Tout redevint calme, seul le générateur continuait de ronronner doucement. On aurait pu croire que rien ne s’était passé pourtant un œil attentif aurait sans aucun doute remarqué que les lumières bleues n’avaient pas disparu. Elles se cantonnaient sur les cadres faisant ressortir l’éclat métallique du cuivre.
La première étape avait parfaitement réussi. Junior vérifia rapidement la stabilité du champ magnétique qu’il venait de créer, puis fit signe à son assistant de passer à la seconde phase. Celui-ci s’avança vers le premier cadre, une petite cage en plastique à la main, dedans une souris blanche de laboratoire galopait dans une roue. Le technicien posa la cage au sol juste devant le premier cadre et ouvrit la porte. Curieux le rongeur sortit la tête et huma l’air ambiant à la recherche d’un éventuel prédateur. Prudemment la souris mit une patte à l’extérieur, les moustaches frémissantes, mais elle ne semblait pas vouloir s’aventurer plus dehors. Le technicien inclina légèrement la cage pour le faire descendre et la souris se retrouva devant ce qui devait lui sembler un obstacle cuivré infranchissable. Le laborantin saisit un cahier qu’il déposa à cheval entre le sol et le cadre de façon à fabriquer un pont, puis il mit un petit morceau de gruyer au sommet. Le rongeur jetait tout autour de lui des regards apeurés. Soudain, ses yeux se fixèrent sur le pont, une odeur familière et appétissante l’avait attiré. Sans plus hésiter, la souris cavala à la rencontre de ce repas si généreusement offert. Une fois au sommet dès que son museau eut franchi la surface du cadre le rongeur fut happé par la lumière bleuté et disparut. L’instant d’après il était de l’autre côté de la pièce aux pieds du second cadre, sa friandise entre les dents. La souris sursauta et se mit à courir lorsque les hurlements de joie des chercheurs retentirent dans la salle. Ils avaient réussi, le test était un succès complet. Junior c’était levé, il rattrapa le rongeur fugueur qui s’était réfugié dans un coin sombre et le porta à la hauteur de ses yeux, il lui murmura :
- Félicitation petite, tu viens d’accomplir un exploit ! La première créature vivante à avoir été téléportée sur une distance de dix mètres.
Il remit le rongeur dans sa cage avec précaution puis lui donna un nouveau morceau de fromage. Cette souris n’en avait pas conscience, mais elle venait de devenir célèbre, au même titre que Junior, il en était certain. Son heure de gloire allait enfin sonner, son génie allait être reconnu de tous, ses collègues, ses amis, son père. Lui qui lui avait toujours reproché d’être un paresseux. Il allait être surpris de voir son fils changer le cours de l’histoire avec son invention révolutionnaire. Mais il restait encore beaucoup de travail pour adapter ce modèle à plus grande échelle.
Dans un premier temps, Junior voulait absolument vérifier l’état de santé du rongeur, il ne pouvait dévoiler au monde un nouveau moyen de transport sans en connaître les risques. Il alla donc immédiatement au centre médical du vaisseau. Le médecin de garde eut un instant l’impression de rêver lorsque le rouquin lui demanda un bilan complet pour sa souris. Mais après de brèves explications, le médecin prit le rongeur et s’enferma dans une petite pièce. Junior attendait, angoissé. Il faisait les cent pas dans la salle sous le regard amusé de la jeune secrétaire. Enfin le médecin sortit avec la cage.
- Elle est en parfaite santé, je pense du moins pour ce que je peux en déduire, je ne suis pas vétérinaire. Pour les résultats des autres tests, il faudra attendre quelques jours, mais je ne saurais pas les interpréter.
- Ce n’est pas grave, je le ferais, j’attends votre rapport pour les dernières analyses, merci.
Il s’en alla, non sans adresser un dernier signe à la jeune fille du comptoir et regagna sa cabine. Il était fatigué, il ne voulait pas retourner immédiatement au labo. Ses collègues devaient déjà être partis fêter leur réussite quelque part mais Junior n’avait pas dormi correctement depuis plusieurs jours et ne se sentait pas d’attaque pour une nouvelle nuit blanche à fêter son succès. Il se coucha sans même prendre la peine de se déshabiller et s’endormit aussitôt.
...