Enfin, elle s’était arrêtée de courir.
Hood avait le souffle court, à force de courir comme ça. Il n’avait pas la même endurance que Zalosta, dans cette forme. Maintenant surpris, puis effrayé de voir son amie.
Assise sur une vieille souche d’arbre, Zalosta se tapait la tête frénétiquement sur une extrémité pointue d’un rocher qui ressortait d’un talus.
A chaque coup, un bref gémissement, et une éclaboussure de sang noirâtre qui se répandait sur la pierre et dans ses cheveux, coulant rapidement le long de son corps.
Hood leva une main vers elle, ne sachant que faire face à ce problème de taille.
Soudain, elle se retourna brusquement, il sursauta.
Elle lui dit dans un éveillé brusque :
« Elle ne veut pas partir ! »
Hood comprit rapidement qu’elle parlait de cette forme puissante forcée. Si Zeit était là, elle aurait pu reprendre le surplus !...
Il s’avança doucement vers elle, et avant même de pouvoir se mettre assis derrière son dos, se prit une décharge glacée. Rester si près d’elle, il ne pourrait pas ! Une température incroyablement basse régnait vers Zalosta. Il n’avait pas remarqué la glace qui s’était formé sur la souche, ni les éclats de givres sur les rochers, au fur et à mesure de ses coups. Elle tourna la tête, paniquée, vers lui.
Ses yeux roses étaient effrayants.
« Hood, aide moi ! »
Le hérisson rouge balbutia une réponse, puis tenta le tout pour le tout : Il se dirigea d’un pas vif vers elle, main tendue.
« Viens avec moi. Calme toi. Tu peux le faire, tu l’as déjà fais !... »
Le temps sembla s’arrêter, le coupant dans sa phrase.
Il ressentit d’abord un froid terrible, puis une chaleur atroce au niveau de son œil droit. Puis encore le froid qui reprenait ses droits.
Il ne vit rien l’espace d’un instant, comme si il était paralysé. Puis une douleur ignoble monta, se mua en une véritable souffrance physique.
Une grimace se fit voir sur son visage, il ne comprenait pas, qu’est ce qu’il s’était passé ! Il voyait trouble à gauche… Il s’était prit un coup ? Quand, il n’avait rien sentit !
Il poussa un hurlement de douleur mêlé à la surprise quand il découvrit ce qu’il s’était passé.
Zalosta se trouvait en position défensive plus loin, terrifiée par ce qu’elle avait elle-même fait.
Une épaisse couche de glace recouvrait une partie du visage de Hood, et surtout, s’enfonçait durement dans son œil droit. Il tomba au sol à genoux, son unique œil valide grand ouvert.
Son cri se fit muet, et il forma avec sa bouche le mot :
« Pourquoi ? »
Soudain, il se sentit surélevé, comme si son poids n’avait plus aucune action au sol. Agonisant, recroquevillé sur lui-même, il ne remarqua pas Zeit le récupérer.
Elle fila aussitôt à l’opposé de Zalosta, cette dernière la suivant du regard, sa panique se mêlant doucement à une certaine folie.
Au loin, la hérissonne orange pouvait encore sentir les vibrations d’un cri puissant, bestial.
Hélène dormait sagement sur ses poufs. Oui, les siens. Depuis peu, elle avait prit possessions de ces choses, et campait littéralement au sommet de la tour Emeraude, pour guetter un quelconque signal supplémentaire.
Une douce nuit, un grésillement la réveilla.
Un petit trou se fit voir sur le fond de la salle. Vers la baie vitrée, Buzz et l’assistant dormaient encore profondément.
La femme se leva, méfiante. Puis, surprise, de voir une gamine sauter hors du trou, et brailler :
« On est rentré, enfin ! »
Hélène ne pouvait pas y croire.
Après tout ce temps passé, elle ne pouvait pas !
Mais Mitsy s’avança vers elle, et la salua gentiment, comme si tout ce qui s’était passé n’avait duré qu’une petite semaine maximum. Elle fut suivie de Marilyn, qui se déposa gracieusement au sol, tout en passant ses mains sur sa robe pour enlever des poussières invisibles. Manu et Motoko suivirent, main dans la main. Puis Polo, avec un bien étrange colis sur le dos. A peine allait-elle lui poser la question, qu’enfin son fils apparaissait !
« Bonjour maman ! »
Il faillit se faire violemment étouffer, par un câlin maternel. Hélène l’avait soulevé, pour le tenir fort, bien serré contre elle. Elle ne disait plus rien, lui caressait les cheveux, tout en laissant couler quelques larmes gorgées de soulagement.
Et enfin, le dernier sortit.
Levant faiblement les yeux, elle s’aperçut que Buzz et l’assistant s’étaient réveillés, et se hâtaient d’aller accueillir les arrivants.
Manu et son vieux camarade se fixèrent, se pointèrent du doigt avec un sourire stupide, et se firent une chaleureuse accolade, heureux de se retrouver.
Motoko lui serra simplement la main au début, puis Buzz ouvrit grand les bras pour les serrer tout les deux contre lui ! Mitsy vint rapidement s’inviter au câlin général, tandis que Polo déposa Himé sur un des poufs.
Hélène, quant à elle, déposa son fils, et se dirigea d’un pas incertain vers son mari.
Avant même qu’il ne puisse s’expliquer, elle lui donna un bon soufflet. Puis, s’accrocha à son cou pour l’embrasser follement.
L’assistant et Polo, tête au dessus de Himé, se posaient des questions. Ils eurent un mouvement de recul quand elle ouvrit les yeux. Apparemment, ça devait être une sacrée méchante, qui sait ce qu’elle pouvait encore faire !
Et pourtant, Marilyn constata que son regard… Avait perdu de sa lucidité.
Elle s’accroupi devant Himé, qui n’avait pas bougé, se contentant de regarder ici ou là.
« Tu sais où on est ? » Demanda d’abord la jeune fille.
Himé focalisa son regard un instant dans celui de Marilyn et définitivement, semblait terriblement vide.
Elle ouvrit la bouche pour parler, hésita.
« Elle a carrément perdu la mémoire… » Murmura Marilyn, effaré de ce constat.
Hélène et Chris se penchèrent à leur tour sur le problème. La joue rouge, il dit :
« On peut la faire interner vers l’immeuble de recherche où je suis, ou ici même. Le temps d’une rééducation approprié. Puis on la lâche dans la nature, avec une puce implantée je ne sais où par mesure de précaution. »
Hélène approuva d’un signe de tête.
« Si c’était l’ennemi principal de votre quête, il faudra l’avoir à l’œil jusqu'à ce qu’elle fasse ses preuves ici. »
Motoko, d’abord septique, se dit que c’était bien la seule solution à prendre pour l’instant. Elle reprit le bras de Manu dans ses mains, et l’entraîna vers la sortie.
« Je veux une glace. » Dit-elle simplement.
Ils eurent tous un petit rire, Polo reprit une Himé encore un peu dans le gaz sur son dos, et se dirigèrent à leur tour vers la sortie.
Avant de quitter la pièce, Marilyn se retourna vers la salle entière.
Elle qui s’était forgée tant de protections, humaine ou virtuelle, pour éviter qu’on la retrouve…
Retourner à une vie normale, le pourrait-elle ?
Elle préféra retourner seule chez elle, par hélicoptère.
La France était encore loin.
« J’espère que Schnee sera sage, le temps que je revienne. » Se dit-elle.
Elle avait laissée son petit robot sur Mobius, pour récupérer des données de terrains, histoire de se faire une carte d’ensemble au cas où elle reviendrait.
Knuckles était tout à fait ravi.
Vraiment.
Sa belle Emeraude Mère, toute redevenue verte normale, qui luit normalement, sans un accroc, bref, tout baigne dans le caillou ! La visite de Zeit l’avait rassuré, il allait enfin pouvoir retrouver une vie normale. Dans la foulée, Rouge était venue, et avait constaté le retour du caillou, négociant par la même occasion un emprunt…
Sonic et Shadow s’était hâté de cacher une partie des Emeraudes à travers le monde, en mémorisant leur endroit, pour éviter de toute se les faire prendre du premier coup, comme ça arrive tant ! Et au moins, pas besoin de radar.
Tails était heureux, Pyxis avait une santé impeccable, bien qu’elle ait gardé quelques séquelles de cette mauvaise période, des bleus et autres petites blessures ici ou là. Ça partirait, mais lentement d’après lui.
Amy avait dorénavant un gentil petit assistant bleu, Schnee, que Marilyn lui avait prêté. Entre allers et retours, le petit robot était bien occupé, et sortait de l’ennui la hérissonne rose, qui retrouvait un quotidien normal. Courir après Sonic, faire la cuisine…
Sora était restée auprès de Robotnik un moment, pour le surveiller encore avec Eska. Ils essayaient de cartographier les dimensions qu’ils connaissaient jusqu'à maintenant. Il n’y avait qu’à rajouter celle de System 32… Ou plutôt, Yggrazie.
Et tout le monde reprenait une vie normale, petit à petit.
« Et j’espère qu’Abelia aura retrouvé Hood ! » Disait parfois Eska, en apportant une caisse d’outil à Sora.
« Le voilà. »
Abelia s’avança d’un pas hésitant dans la chambre de l’Auberge, où, d’après Zeit, Hood se reposait.
Elle sourit en découvrant sa silhouette, de dos. Elle s’avança d’un pas assuré devant lui, et déchanta.
Un bandage récent entourait sa tête, et une grosse compresse pleine d’un liquide noirâtre était posée sur son œil.
Elle se mit assise à côté de lui, il se tourna vers elle sans oser la fixer de son unique œil valide.
« … Zeit a dit qu’elle pourrait me le retrouver, dans les eaux du Niflhel. Mary a reprit sa place, et Nekros a disparut… »
Abelia esquissa un maigre sourire, et posa sa tête tendrement sur son épaule.
« Dans ce cas, ça ira… »
Mais la mine de Hood peinait à retrouver du moral.
« Mais j’ai échoué… Zalosta est dans la nature, je ne sais même pas si Nekros… Enfin… »
Il soupira. Il revoyait encore le regard rosâtre de Zalosta…
Puis, c’était maintenant la blancheur immaculée de celui d’Abelia.
Elle avait avancé sa tête, le surprenant un peu. Il ne s’était pas reculé pour autant.
« Eska croit en elle. Donc je pense qu’elle est toujours vivante… Tu la retrouveras un jour, pas vrai ? »
Hood hocha la tête de bas en haut. Oui, c’était vrai, Zalosta était débrouillarde…
« … Mais elle ne sait pas cuire quoi que ce soit, cette cruche. »
Abelia ne put s’empêcher d’éclater de rire, Zeit, derrière la porte, souriait.
« Tu es avec moi. Tout vas bien maintenant… » Murmura Hood, en prenait doucement le menton de la féline, qui se mit à rougir immédiatement.
Il avancèrent leur tête doucement, et s’embrassèrent passionnément, mêlant leurs langues dans leur bouche doucement.
Pendant ce temps, Zeit s’en alla voir Traum, qu’elle avait déposée dans sa chambre.
Retrouver ses habitudes… C’était si bon ! Les gens s’étaient réveillés au fur et à mesure, après l’arrêt du Full Color. Liebe, la tête enfarinée, se montra dans les escaliers. Elle lui demanda si la hérissonne avait besoin de quelque chose, elle répondit par la négative en la remerciant.
Oui, tout reprenait son court. Et pour elle, tout commençait.
Une étrange odeur l’obligea à marcher plus vite vers la chambre de sa fille. Cette odeur, elle la connaissait trop bien !
« Ce n’est pas possible, pas maintenant… » Gémissait-elle.
Elle ouvrit la porte brusquement, et à peine eut-elle le temps de mettre en œuvre son pouvoir qu’elle se retrouva paralysée.
Contemplant son pire cauchemar.
Nekros était affaiblie, mais n’en restait pas moins Déesse de la Mort.
Elle tenait Traum dans ses bras doucement, comme si c’était son propre enfant. Elle la berça doucement, et murmura sinistrement :
« Cette enfant ne devrait pas rester ici, à mon avis… Laisse moi la mener au monde idéal dont Himé parlait, elle y sera bien mieux avec ces blessures… »
Zeit voulut hurler, mais aucun son ne sortit lorsque la déesse s’évapora.
Elle venait de perdre sa fille… Définitivement ?
« Nekros n’est pas du genre à voler les enfants. » Fit une voix derrière elle.
Zeit se retourna, et découvrit Hood et Abelia, l’un dans les bras de l’autre.
Depuis qu’elle l’avait ramené ici, c’était la première fois que Hood affichait une mine si satisfaite.
« On la retrouvera. On a toute la vie devant nous. » Rajouta Abelia, en se nichant contre le hérisson rouge.
Zeit eut une légère grimace, qui se transforma en sourire. Tout commençait pour elle, et pour eux deux aussi. Traum était en vie, elle le savait, avec ce lien qu’elle avait créé depuis tout ce temps…
Elle rejoint Hood et Abelia, et les prit contre elle, en pleurant un peu.
« Les Dieux… Non, toutes les divinités sont paniquées. Le Torn World n’a plus sa barrière. Les autres personnes vont construire des bateaux, ramener les divinités… Elles n’ont presque plus de pouvoir, sans la barrière. Tout commence… Le passé n’est plus, pas vrai ? »
Elle chercha un peu de réconfort auprès de Hood, qui hocha la tête en souriant.
« Le futur !... J’ai hâte de voir ce que ça va donner. Toi par contre Zeit, t’as du pain sur la planche. Le passage, tout le reste… Je tiens à visiter le monde d’Abelia. »
La féline eut un grand sourire. Eska n’aurait pas à s’inquiéter de trop, ainsi.
L’hélicoptère de Marilyn se posa doucement sur la demeure familiale. Ce n’était peut être pas la sienne, exactement, mais après cette aventure, elle se sentait beaucoup plus proche de ces personnes sensés être ses parents. Pour la première fois depuis longtemps, elle se permit de leur faire la bise, affichant par la même occasion un sourire sur leur visage. C’était si rare, de la voir ainsi !
Pour eux, ça faisait presque un an. Marilyn avait rapidement fait passé ça pour un séjour à l’étranger, ce qui n’était pas si faux que ça.
Puis elle retourna tranquillement dans sa chambre. Tous ses appareils étaient éteints… Et un petit soleil transperçait les nuages de la région, illuminant le bazar régnant dans la pièce.
Alors, sans réfléchir, elle se mit à ranger. Elle empila livres sur livres, se disant qu’elle allait devoir demander une nouvelle chambre.
Tant de souvenirs amassés… Et c’était sa seule aventure.
Et c’était fini maintenant.
Puis, elle ramassa ce qui ressemblait à une moitié de masque noire, dont une partie présentait une large fissure.
Là, elle esquissa un bref sourire.
« Je dois raconter à Mary
cette histoire, par contre. »
***
Le sourire des enfants, qui ne peuvent être embrassés par leurs mères.「 Ooh, te voilà, te voilà ! 」
N’importe qui connaît cette sensation, en marchant seul dans une ruelle.「 Mais… quelle difformité ! 」
… En caressant le dos de ces sombres nuages, j’espère lui échapper au plus vite.「 DIFFORMITÉ ! 」
Abandonnée et reconnue par lui.
Abandonnée et sauvée par lui.
Qui sait ce que mes descendants en penseront…