Yo !
Et ben, après pas mal de temps, on va reprendre du rythme ! Voilà le premier chapitre de cette quatrième et dernière partie ^o^
Va falloir que je me réhabitue aux balises, à l'enluminure à mettre à chaque fois, aux copier/coller... que du bonheur !
Bref sur ce j'en dis pas plus, je vous laisse savourer le retour de nos "héros", même s'ils ne foutent pas grand chose jusque là et qu'ils n'ont même pas pu empêcher l'ouverture de la Porte. Tu parles d'un récit héroïque.
... J'ai toujours aimé les histoires de méchants <3
- Je me demande encore si nous avons fait ce qu’il fallait.
Kane ne détourna pas le regard du journal qu’il tenait entre ses mains. Sa collègue reprit :
- Peut-être que nous avons été trop loin…
- Nous avons accompli ce qui devait être fait.
La femme qui se tenait sous la longue cape noire, capuche rabattue sur la tête, sursauta légèrement. Kane laissa tomber le journal sur la table en face de lui et daigna se tourner pour regarder son interlocutrice.
- Sais-tu ce qui fait la notion de « temps », Milène ?
La capuche fit un « non » hésitant.
- C’est qu’il est irréversible. Rien ne peut l’arrêter. On ne peut ni l’accélérer, ni revenir sur ce qui a été fait auparavant. Le Temps est notre maître, notre chaîne universelle, mais nous n’avons conscience de ça que d’une façon très limitée.
- La finitude de l’existence…
- Et pas seulement celle des êtres vivants.
- … Est irréversible.
Kane hocha la tête en signe d’acquiescement.
- Si nous ne l’avions pas provoqué nous-mêmes, le Temps aurait trouvé un autre moyen d’aboutir à cette situation, continua l’échidné de sa voix grave et reposée. Un jour ou l’autre…
Il détourna la tête sur le côté, puis croisa les mains dans son dos en regardant la fenêtre.
- … La fin serait arrivée avec ou sans notre consentement.
- Mais ces jeunes personnes, n’est-ce pas trop leur imposer… ?
Kane fit quelques pas en direction de la fenêtre et se stoppa près d’elle, toutes pensées perdues dans ses réflexions.
- Ce monde n’est qu’une gigantesque toile où nous sommes tous englués dès notre naissance. C’est par ses propres forces que l’être peut se décrocher de ses entraves pour trouver sa liberté. Et quand bien même…
L’échidné se retourna et transperça son interlocutrice du regard, malgré la pénombre de leur capuche respective.
- Il n’est pas dit qu’étant libre, l’être ne finisse tout simplement pas par tomber et s’écraser au sol, faute de savoir voler par lui-même.
La dénommée Milène garda le silence en croisant les mains sur ses jambes, la tête baissée.
- Nous leur donnons les pistes pour qu’ils puissent se délier de la toile. Nous verrons bien s’ils tomberont ou non à la toute fin, conclut l’échidné.
DayDreamers
Chapitre 31 ~ Somnolence
Le premier détail qui me permit de savoir que je me réveillais, ce fut la sensation du vent contre ma fourrure. Puis la morsure du soleil. Les yeux fermés, j’étais pourtant aveuglé par sa luminosité qui perçait à jour le moindre début de rêve qui tentait de s’immiscer dans mon esprit. Et puis il y eut cette voix…- Ohé, réveille-toi…
Le museau du goupil frémit. Il grimaça. Une main se tendit vers lui, franchissant la trop grande clarté qui l’éblouissait. Il leva son bras en sa direction.
Réveille-toi, mon renardeau…Le visage d’une renarde s’esquissa fugitivement.
- Quel suspens à trouer le cul d’un chameau… Tu vas te réveiller ou je dois te loger une balle dans le ventre ?
Saïko ouvrit les yeux. L’éclat du jour l’ébloui, mais il eut le temps d’apercevoir une silhouette penchée au-dessus de lui. Le goupil grogna en plaçant son bras droit en visière.
- Qui est là… ? Grogna-t-il.
Un léger éclat de rire lui répondit.
- Si j’avais su choisir… On n’en serait pas là, certainement.
Cette voix…Saïko se redressa tant bien qu’il put. L’inconnu qu’il pensait reconnaître ne le gêna pas dans son mouvement, malgré ce à quoi il s’attendait. Il s’ébroua furtivement, puis ouvrit enfin les yeux, les paupières papillotantes. Strife lui tendit un fin sourire.
- Zalosta ne t’as pas tué finalement… Tant mieux d’un côté. De l’autre, ça peut vouloir dire beaucoup de choses. Un bon conseil : fais en sorte de ne plus jamais la croiser.
Sur ces paroles, Strife s’était relevé et avait légèrement épousseté son haut. Saïko ingurgita difficilement sa salive. Il se releva lentement sans cesser de toiser son adversaire. Son double le regarda faire, amusé.
- Tu ne comprends rien.
Ils se fixèrent.
- C’est ça ?
- Qu’est-ce que tu me veux ?
Strife ferma un instant les yeux. Son sourire disparut, ses sourcils se froncèrent légèrement. Puis il détourna le museau sur le côté.
- Je pensais pouvoir vivre ainsi, tu sais. Si j’avais su dès le départ les conséquences qu’auraient mon acte, je n’aurais jamais rien fait à cet instant.
- Tu parles de ce moment où l’Emeraude Mère m’a happé dans sa distorsion, et où nous nous sommes dédoublés… ? Par ta volonté ?
- Je n’ai rien provoqué. Le dédoublement a été causé par le massacre de ta famille. Il a juste pris une forme matérielle avec cette distorsion, parce que j’en ai profité. Mais je n’ai ni provoqué la distorsion, ni le massacre.
- Alors… Qu’est-ce que tu cherches pour finir ? Demanda Saïko suspicieusement en fronçant les sourcils.
- T’accompagner.
- Hors de question.
Strife sourit en haussant les épaules, s’attendant vraisemblablement à cette réaction.
- Tu sais, nous sommes la partie d’un tout qui ne peut être complet ainsi, dans cette situation. Tu as dû le ressentir n’est-ce pas ?
- C’est un piège. Depuis le début vous ne cherchez qu’à me tuer. Qu’à nous tuer tous.
- Faux.
- Alors explique-moi !
- D’accord. Laisse-moi t’accompagner, et je t’expliquerai tout en chemin.
Le goupil fixa son double sans flancher.
- Et en quel honneur est-ce que je pourrais t’accorder ma confiance, dans cette situation ?
- Tu n’as pas vraiment le choix. Tu ne sortiras pas de ce désert seul…
A ce moment, la brûlure du soleil se fit violente. Saïko ne l’avait pas ressenti jusque là, mais la chaleur se trouva tout à coup suffocante. Ou bien y avait-il autre chose ? Le renard posa une main sur son torse, au niveau de son cœur. Celui-ci se serrait à chacune de ses inspirations.
- Enlève les ailes à un oiseau, et celui-ci ne peut plus voler. Logique. Mais un oiseau qui ne sait pas voler, que devient-il ? Il finit par tomber. Lorsqu’un tout est dispersé, il est très dangereux de laisser ses morceaux éparpillés trop longtemps.
- Qu’est-ce que… Mais qu’est-ce que tu veux dire, à la fin ? Demanda Saïko en se passant une main sur les yeux, irrité et mal en point.
Strife eut un imperceptible sourire en coin.
- Je veux bien te l’expliquer en chemin si tu consens à ce que je te suive.
Saïko laissa perdre son regard à l’horizon qui s’ouvrait au lointain, dans le désert. Il prit conscience qu’il ne savait plus quoi faire, de toute évidence. Il avait perdu pas mal de choses la nuit dernière. La disparition de Myosotis lui revint en mémoire à ce moment là, et son cœur se creusa un peu plus. Firefox ne répondit pas à son appel mental. Il était seul. Il ignorait la position de Sephyra et des autres. Il ignorait tout, jusqu’à ce qu’il s’était passé jusqu’ici. Il nageait en plein brouillard.
Reposant ses yeux bleu sur son double, il grimaça.
- Par où faut-il repartir ?
*****
***
- Alors doc’ ?
Elle sentit qu’on lui retirait quelque chose de froid, sur son abdomen.
- Ni mal, ni mieux. Il faut la laisser se reposer.
- Les blessures ?
- Son état ne m’inquiète pas, elle se remettra vite sur pieds.
Un soupir de soulagement. Quelqu’un qui se lève, tout près, puis un tapotement.
- Je ne sais pas ce qui s’est passé et ça ne me regarde pas, mais votre amie s’est pris de sérieux coups. Néanmoins, vu la cicatrice qu’elle porte, ce ne doit pas être la première fois qu’elle se confronte à ce genre de blessures.
Un silence. Puis une porte qu’on ouvre, des pas, et la porte se referme. Un déplacement. Quelqu’un qui s’assoit près du lit. Nouveau silence.
- Remets-toi vite, la rousse plate. On doit bouger pour éviter de se faire trop voir au même endroit. Pas mal de choses ont changé depuis hier soir, tu sais…
Elle voudrait répondre. Le rassurer, lui dire qu’elle l’entend. Le remercier. Elle sent son corps mais n’en a pas le contrôle.
Il soupire. Une main se pose sur son museau. Une caresse. Puis il se lève. La porte s’ouvre avant de se refermer.
Quelques temps après, elle se retourna sous la couverture. Puis elle ouvrit les yeux. La fenêtre ouverte, sur le mur d’en face, laissait entrer à flot la lumière du jour. Elle cligna des paupières et se mit sur le dos avant de se frotter les yeux. Enfin, elle les ouvrit à nouveau et sortit lentement de son sommeil. C’est seulement après quelques minutes qu’elle tourna la tête et découvrit la jeune femme assise sur une chaise, au chevet de son lit d’hôpital.
- Ah. Tu es là…
Lena hocha légèrement la tête. Elle s’avança en avant et joignit les mains en posant ses bras sur ses jambes. Sans cesser de fixer la roussette, toute lueur éteinte dans son regard.
- Tes blessures sont guéries, releva Sephyra avec un sourire triste.
- Les tiennes ne vont pas tarder à l’être d’après le médecin.
- Ca fait combien de temps ?
- Seulement une matinée.
Sephyra détourna les yeux au plafond en murmurant un « je vois ».
- La Porte est ouverte.
La roussette ouvrit la bouche, écarquilla lentement les yeux, puis finalement agrippa fortement la couverture de sa main gauche en plissant les lèvres. Un sourire abattu se dessina sur son museau tandis qu’elle fermait les yeux.
- Vous avez réussis…
Lena garda le silence.
- Dis.
Le rideau tiré devant la fenêtre ouverte se leva avec légèreté.
- Tu vas me tuer ?
La jeune femme ne répondit pas. Elle se leva avec lenteur.
- Pourquoi…
Sephyra ingurgita difficilement et tourna la tête de l’autre côté du lit.
- Pourquoi tout ça… ?
Lena ouvrit la bouche, mais ses mots s’évanouirent dans le silence. Elle ne put que détourner les yeux à son tour.
- Pourquoi faut-il que tout ça arrive… ! murmura Sephyra en serrant les dents pour ne pas laisser passer le hoquet coincé dans sa gorge se déverser dans ses paroles.
Lena contourna la chaise pour se diriger vers la porte.
- Qu’est-ce que nous avons fait de mal pour mériter ça ?! Explosa Sephyra en se relevant brutalement sur son lit et en toisant son interlocutrice qui s’avançait toujours vers la sortie. Qu’est-ce qu’on a fait, dis-le moi ?! Dis-le moi !! Qu’est-ce que je t’ai fait à la fin ?!
Lena ferma la porte derrière elle. La roussette baisa la tête en serrant les dents de rage. Une larme coula sur son museau.
- Merde !...
Elle abattit son poing sur le matelas sans plus pouvoir s’empêcher de pleurer.
Sa main tenait encore la poignée. Elle restait immobile, dos à la porte. Et puis elle s’effondra à genoux en laissant sa main caresser la surface plastifiée dans sa chute. Là, elle ne put contenir davantage la peine qui lui rongeait le cœur et qui la meurtrissait bien plus que n’importe laquelle des blessures qu’elle avait reçue la nuit d’avant. Elle posa une main sur sa poitrine et serra son vêtement au niveau de son cœur.
- Je t’aime, pardonne-moi… murmura Lena entre ses larmes.
*****
***
La lumière entre par la fenêtre. Ou plutôt, les faisceaux du soleil transpercent les rideaux. Un jour se lève. Un espoir retombe. Elle se tient face à la lumière, les bras croisés sous sa poitrine. Les yeux fermés. Il fait un pas, elle prend aussitôt la parole, sans se retourner, sans faire un geste.
- Je t’avais dit de comprendre.
La pièce est vide, les murs sont d’un gris sombre, tout à l’image de son état d’esprit depuis ce jour maudit.
- Comprendre quoi ?
Sa voix est grave et résonne dans la chambre vide et close. La sienne est effacée, presque inaudible.
- Tu dois avancer dans l’ombre, mon chéri… La lumière est faible. Plus qu’avant.
- Elle a disparu quand tu es partie.
- Je ne suis jamais partie.
- Tu n’es plus là. Tu me manques. Chaque minute, de chaque heure, de chaque jour je me demande pourquoi je ne suis pas mort, moi aussi, ce jour là. Pourquoi est-ce que je dois endurer tout ça…
- La souffrance est un état d’esprit, Hunter. Tu dois ouvrir les yeux, je t’en supplie, ouvre les yeux, comprends…
- Comprendre quoi ? Que je ne te reverrai jamais, que je dois apprendre à vivre sans toi ?
- La vérité est ailleurs !
Il s’avance. Elle ne bouge pas. Ses bras se sont resserrés autour de sa taille. Sa tête s’est baissée, sa voix s’est faite chevrotante.
- Il faut que tu me laisses partir…
- J’ai encore besoin de toi.
- La vie en a décidé autrement.
- C’est à nous de faire nos propres choix.
- Hunter, tu as fait le choix de
les affronter.
Il s’arrête, la bouche ouverte. C’est sa faute. Le sous-entendu est clair. Ses choix l’ont tuée, elle et pas lui. Il reprend sa marche. Elle relève la tête.
- Le soleil nous tuera, tu sais…
- J’ai compris. L’illusion. Je n’étais pas humain, au fond je le savais depuis le début. Et toi non plus…
Il pose une main sur son épaule, y exerce une légère pression. Elle se retourne lentement. Fly, l’échidnée aux cheveux d’un roux qui rappelait les braises du feu dont il s’est épris. Elle et ses yeux d’un vert pur… Sur lesquels elle garde les paupières closes.
- Dis-moi Fly. Dis-le-moi. Que faut-il que je comprenne ?
De sa hauteur il a l’impression qu’elle a le museau baissé sur le sol. Elle le lève face à lui et déclare d’un couinement implorant :
- C’est un jeu tout ça. Un jeu…
- De quoi tu parles… ?
- De tout, Hunter ! De tout, de tout, tout est un jeu, une illusion, rien n’est vrai. Il faut que tu comprennes, il faut que tu ouvres les yeux…
- Dis-m’en plus Fly…
- Tu me manques tellement…
Elle se fond lentement contre lui. Ses soubresauts rythment ses paroles mouillées de larmes.
- Pourquoi faut-il que tout ça arrive, pourquoi… Toi et moi…
- Fly…
- Je t’aime…
- Fly…
Elle redresse subitement son museau. Et ouvre ses paupières sur des orbites noires de vide.
- Il faut que tu comprennes, Hunter. Comprend, et le rêve s’écroulera. Agis, et tout ça aura un sens. Pour toi, pour nous. Pour eux. Comprends !…
Son sourire s’évapore en même temps qu’elle. Les murs de la chambre s’effritent. Les rayons à travers la fenêtre se font plus lumineux. Plus chauds. Comme si le souffle d’une implosion arrivait sans prévenir de l’autre côté. Le monde tremble. Les murs s’effondrent. Un sifflement aigu retentit. Les vitres tremblent, se fêlent, puis éclatent dans un claquement sonore. La lumière surgit, brutale, violente, l’aveugle et le brûle.
Regarde, Hunter. Ou bien le monde s’arrêtera de tourner.
Comprends, mon chéri. Et tu saisiras le sens de ta vie.
Agis, mon amour. Accomplis ton rôle, pour ta mère, pour ton père. Pour moi. Pour tous…Son hurlement se perd dans son rêve…
… Pour se répercuter dans la réalité. Il se lève en sursaut, en sueur. La silhouette présente à ses côtés sursaute également, plus violemment. Elle en tombe même de sa chaise. Un instant de flottement s’établit dans la chambre, instant pendant lequel Hunter reprend son souffle, le regard fixe, et pendant lequel Snow se relève en se passant un doigt dans l’oreille.
- Eh ben mon vieux, t’as le sommeil lourd et le réveil vif…
L’échidné passa une main sur ses yeux sans répondre. L’obscurité régnait dans la pièce.
- Qu’est-ce qui s’est passé… Où est-ce qu’on est ?
- Chez une connaissance, pas de soucis.
Hunter passa ses jambes hors du lit en balançant les draps à l’autre bout du sommier. Poussant un soupir, il se massa les tempes.
- Putain, déstresse ! Tu sais que c’est pas bon pour le cœur ? Tu vas crever d’un ulcère avant l’âge, à ce rythme là.
- Fous-moi la paix, tu veux.
L’adolescent marmonna une brève excuse dans un marmonnement contrits.
- Elle est où, ta copine ? Reprit Hunter après un silence en détournant la tête sur le côté.
- Elle papote avec la crècheuse. Au lieu de poser des questions, tu ferais mieux de te lever.
Snow s’éloigna du lit pour se diriger vers le fond de la pièce. Il ouvrit la fenêtre, puis un bref claquement précéda le grincement singulier d’un volet qu’on ouvre. La lumière, chaude et violente, pénétra dans la chambre. Snow se retourna, se posa contre le rebord de la fenêtre puis toisa son acolyte avec un grand sourire.
- On a de la route à faire !
Hunter quant à lui ne regardait pas Snow. Il ne l’avait même pas écouté. Le regard tourné de biais vers la fenêtre grande ouverte, les paupières à demi fermées par la luminosité, il repensait à son rêve.
A la façon dont la lumière avait pénétré de la même façon, tant dans le rêve que dans la réalité.