Désolé pour le petit retard, je passe en vitesse vous poster la suite !
Donc suite et fin du chapitre 34, enfin ! Je vous laisse savourer, pour ma part je retourne somnoler dans mon petit week-end sagement mérité.
Bonne lecture, et à la semaine prochaine !
Ils attendirent de longues minutes, en silence. L’après-midi touchait à sa fin, et avec la saison, le soleil se couchait de plus en plus tôt. Le ciel se colorait d’orange lorsque le médecin revint en s’essuyant les mains dans un mouchoir. Il venait de se les laver.
- Le pire est passé, dit-il directement. Je me suis occupé du plus grave.
Il tendit une petite feuille à Sephyra ainsi que quelques boîtes de médicaments.
- Vous devriez demander à quelqu’un de s’occuper d’elle pour le traitement, je vous ai noté les doses et les heures sur le papier. Et il faudrait que cette personne passe régulièrement dans la chambre s’assurer que tout va bien.
- Que s’est-il passé exactement ? Demanda Sephyra.
- Hémorragie vaginale. Elle a attrapé une sale infection.
- Comment ?
- Je ne pourrais pas le dire. Il y a beaucoup de moyen pour qu’une femme soit atteinte d’une infection de ce niveau. Toilettes publiques, mauvaise hygiène corporelle, rapports sexuels… Toujours est-il que ça couvait depuis un moment. Elle devait souffrir depuis quelques temps, mais elle n’a rien fait. Ça s’est empiré. Et ça a donné ce qu’il s’est passé.
- Et… donc, reprit Donf, vous avez fait ce qu’il fallait ? Il n’y a plus de problèmes ?
- Je ne suis pas gynécologue, lui répondit le médecin en se tournant vers lui, mais j’ai fait le nécessaire. Je ne pense pas qu’il y aura de nouvelle hémorragie. Le vomissement est dû à la forte nausée qui a accompagné la perte soudaine de sang et enclenché également la perte de connaissance. Ce qu’il faut voir maintenant, c’est l’état de l’infection.
- En prenant ces médicaments, cela la combattra ? s’assura Sephyra.
- Normalement, oui. Je vous ai donné de quoi combattre la fièvre et les vomissements, et une gélule pour l’infection en elle-même. Si elle n’est pas très grave, le médicament suffira. Sinon…
- Il lui faudra voir un spécialiste, conclut Donf.
- Exactement.
Sephyra remercia le médecin avant qu’il ne prenne congé, ses instruments rassemblés dans une petite sacoche. Elle et Donf se rendirent au chevet de Lena. La roussette posa une main sur le front de la jeune femme, qui dormait profondément.
- Elle a encore un peu de fièvre.
- C’est normal, répondit-il. Tu sais, ce dont on a parlé tout à l’heure.
- Oui.
- Elle a raison.
- Comment ça ?
- On aurait rien pu faire.
Sephyra le laissa continuer. Elle sentait qu’il en avait besoin.
- On aurait rien changé au fond. On ne peut changer les mentalités en tuant simplement ceux qui font le mal, sans signer aucun acte. Il aurait au moins fallu que nous soyons connus, que nos actions fassent la une des journaux. Là, les criminels auraient pu avoir peur qu’on leur tombe dessus. Et encore… Nous n’étions pas assez nombreux, de toute façon. Lena a raison.
- Vous avez essayé de rendre ce monde meilleur. Vous avez au moins tenté quelque chose. C’est mieux que de ne rien faire et de se tourner les pouces en attendant que les choses viennent d’elles-mêmes.
- Oui. J’ai réfléchi à autre chose, aussi. Sur Lena.
Donf s’assit sur la chaise, au chevet du lit. Il s’avança vers Sephyra, sur la confidence.
- De ce que je sais et de ce qu’elle nous a raconté… Sephyra, tu es certaine que tu n’as pas de sœur ?
- Sûre. Je n’en ai aucun souvenir. Et c’est Zalosta qui m’a secourue des flammes lorsqu’Euresias a été attaquée. Elle m’a assuré qu’il n’y avait personne d’autre à mes côtés. Pas d’enfant.
- Zalosta… ? Notre Zalosta ?
- Oui. Elle n’est pas… « normale », dirons-nous.
- Oui, ça je le savais déjà, mais de là à… Enfin bref. Donc, tu es vraiment certaine de ne pas avoir de sœur.
Sephyra acquiesça une ultime fois, sûre d’elle. Donf jeta un coup d’œil à Lena, qui semblait dormir à poings fermés.
- Sephyra, écoute. Je pense que Lena n’existe pas.
- Quoi… ?
- Tu l’as entendue. On a créé ses souvenirs. On l’a manipulée pour qu’elle te tue.
- Et pourquoi elle n’existerait pas ? Elle est bien là, sous nos yeux. Il y a même son sang à côté de tes pieds. Elle est bien vivante.
- Je parle de son identité. Elle m’a raconté qui elle était. Le corps que tu vois ne lui appartient pas, Sephyra. C’est celui d’une autre femme.
Sephyra se prit le museau d’une main.
- Attend, mais qu’est-ce que tu me racontes, là…
- Je t’assure que c’est ce qu’elle m’a raconté. L’autre femme s’appelle Olivia, et elle, elle est bien humaine, bien vivante. C’est elle qui est venue me parler hier soir. Pas Lena. Olivia.
- Schizophrène ?
- Ça dépasse la maladie. Non, écoute. L’esprit de Lena, ou ce qui fait en tout cas l’essence de l’identité appelée Lena, vient d’une invocation, ou d’un truc du genre. Olivia m’a raconté qu’on l’avait faite participer à un rituel, où elle était allongée par terre, nue, dans la nuit. Des gens l’entouraient.
- Ils ont créé une identité ? Mais… C’est impossible !
- Pourtant c’est ce qu’il semble. Ecoute-moi jusqu’au bout : Olivia m’a dit que lorsqu’elle était allongée, il y avait de l’herbe partout. Et un peu plus loin des arbres brûlés. Calcinés, Sephyra. Un incendie, ça ne te rappelle rien ?
- Euresias… ?
- Ce serait une des réponses pour lesquelles elle se prendrait pour ta sœur. Ils ont peut-être réussi, par un moyen un peu ésotérique, à amener des ressentis, des souvenirs, des images vécues par une roussette avant l’attaque de votre île.
- Nom de Dieu…, jura Sephyra. Non, attend… Ça ne colle pas. Lena – ou Olivia, n’importe -, elle a des ailes, Donf. Je les ai vus sortir de son dos. De vraies ailes de roussette, de vrais os, pas en plastiques, eux non plus. Et elle vole avec. Elle vole même très bien.
- Une malformation, peut-être… Non, une malformation n’irait pas jusqu’à construire des ailes. Encore moins à un point où elles fonctionneraient. Peut-être que lors de ce rituel ils ont fait plus que de ramener des souvenirs…
- J’ai du mal à y croire.
- Pourtant crois-moi, il y a bien deux esprits distincts dans ce corps. Elles ont chacune leur propre voix et leurs propres ressentis.
- La schizophrénie est une maladie scientifique, Donf.
- Qui ne va pas jusqu’à moduler le timbre vocal à ce point. Ça, ce n’est pas scientifique, Sephyra.
- Dans tous les cas, tu penses donc que la personne qui s’appelle Lena n’existe pas.
- Dans le sens où aucun corps ne lui appartient sur cette terre, et où ses souvenirs sont de pures inventions, oui. Lena n’existe pas. Parce qu’elle n’a jamais existé.
Il y eut un silence où ils regardèrent tous deux la dénommée Lena. Elle ne bougeait pas.
- Donf, Il faut que je te parle de quelque chose, moi aussi.
- Je t’écoute.
Sephyra s’assit doucement sur le matelas, à côté de Lena. Elle lui jeta quelques coups d’œil de temps en temps, en parlant.
- J’ai vécu beaucoup de choses entre-deux. Tu sais, l’introspection dont elle parlait.
- Oui. Le truc qui vous a fait revivre des souvenirs.
- Voilà. Ça, et des rêves. Mais ce n’était pas que des rêves. Je pense que c’était une sorte d’intuition. Un message caché, qui ne pouvait se faire que dans un rêve.
- Au moment où tu étais inconsciente.
- Oui. Tout ça fait que j’ai aujourd’hui ma propre idée sur ce qu’il se passe. Un truc encore plus important que ce que Lena nous a appris tout à l’heure.
- A quoi est-ce que tu penses ? demanda Donf en fronçant les sourcils.
Sephyra prit une bonne inspiration avant de se lancer ; elle le devait. Il pouvait la prendre pour une folle complète si elle ne lui expliquait pas en bons termes ce que ce monde lui inspirait.
- Je pense que ce monde est faux, Donf.
Elle le regarda, guettant un sourire, une grimace, une lueur dans les yeux, une étincelle dans le regard ; quelque chose, n’importe quoi qui montrerait qu’il prenait en considération ce qu’elle venait de dire. A la place, elle ne lut en lui que l’initiative qu’il lui donnait de continuer. « Je ne peux pas juger sur si peu de choses », semblait dire son regard. « Va au bout de tes pensées, et je te dirai ce que j’en penserai.
- Comme je te le disais, durant l’introspection – appelons cela comme ça – et mes « rêves », j’ai vécu et entendu beaucoup de choses qui le prouvent. Je me suis vue dormir, tranquillement, sur un lit, seule. Avec l’impression que personne d’autre que moi ne pouvait me réveiller. Une voix durant l’introspection m’a raconté que la plupart des choses étaient fausses également, depuis la fin de la guerre. Nelson a été jugé, c’est bien ça ?
- Oui. Jugé et condamné à mort par le peloton d’exécution.
- Au début, avant cette introspection, je pensais y avoir assisté. Je pensais être revenue à Anethie, m’être mariée à Athem. La voix m’a fait comprendre que tout n’était qu’une illusion. La bague est fausse, les souvenirs sont faux. Je ne suis jamais revenue, Donf !
Sur ces mots, le jeune homme se leva, chercha dans la poche arrière de son jean et en retira l’alliance. Il la prit entre deux doigts et la montra à Sephyra.
- Donc, ça, c’est faux ?
- Oui.
- Pourtant elle n’est pas en plastique.
- Tout a été calculé, Donf. On m’a manipulée pour que je croie à toute cette histoire. Elle est peut-être en or, cette bague, ça ne change rien. Je ne me suis jamais mariée. Je n’en ai aucun souvenir !
- Et quel est le lien entre tes souvenirs manipulés et le fait que ce monde soit faux ?
- Je l’ai compris pendant ces rêves. C’était en plusieurs étapes, si tu veux. On m’a montré, palier après palier, que tout n’était que mensonge. De mon histoire, pour commencer, jusqu’à la réalité de ce monde.
Donf se leva. « Suis-moi », dit-il. Ils quittèrent la chambre et sortirent du palais.
Le jeune homme l’amena jusqu’à la tombe d’Athem et de Jaël. Il lui montra plus précisément cette dernière.
- Avant la fin de la guerre, est-ce que cet enfant était déjà né ?
- Non, répondit Sephyra en percevant ce que Donf voulait lui faire comprendre. Mais…
- Donc il est né après la fin de la guerre.
- … Oui…
- Tu es sûre qu’il s’agit de ton enfant ?
- Oui.
- Il ne s’agit pas d’un enfant qu’Athem aurait eu avec une autre… ?
- Non. Il n’aurait jamais fait ça.
Quand elle prononça ces paroles, elle imagina ses conséquences et cru perdre pied un instant. Elle était partie pendant un long moment. Et si Athem, pendant ce temps, était tombé amoureux d’une autre…
- Non. C’est mon enfant, asséna Sephyra en secouant le museau.
Son instinct maternel le savait.
- Bien, reprit Donf. Donc, tu es forcément revenue après la fin de la guerre pour le concevoir, Sephyra. Je ne vois pas d’autre explication, termina-t-il d’une voix plus douce.
La roussette resta silencieuse. Elle savait quoi en penser : Donf ne la croyait pas. C’était acquis. Elle était sûre de ce qu’elle pensait, il n’y avait pas d’autre moyen. Et si ce n’était qu’une question de conception, alors Jaël n’existait pas non plus. Ce n’était qu’un leurre. Sa tombe pouvait être fausse. Pour l’induire en erreur.
- Viens, rentrons, l’intima le jeune homme en lui massant affectueusement l’épaule.
Elle le suivit sans démordre de son idée. Tant pis, elle éclaircirait tout ça sans lui. Ce qui lui importait, c’était de retrouver son chez-elle réconfortant, en compagnie de son mari.
Et elle ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour y arriver.
*****
***
Plus de la moitié de la ville d’Yvanesca avait été réduite en morceaux après le passage de l’immense vague. Cette dernière était encore entièrement congelée sur plusieurs centaines de mètres, le long de la ville, et bloquait la vue de l’horizon.
- C’est du beau travail, reconnut Zalosta en s’approchant du petit groupe.
La fumée du portail se distordit derrière elle. Elle rejoignit en quelques pas ses deux compagnons : Kane, et un inconnu qui portait sa capuche sur la tête. L’ambiance était irréelle, presque magique, avec cette vague entièrement glacée qui surplombait le reste de la ville intacte en pleine nuit – presque le petit matin.
Kane hocha la tête.
- D’autres villes n’ont pas eu cette chance, expliqua-t-il de sa voix grave et lente.
- L’ouragan sur le troisième continent ? acquiesça Zalosta.
- Et le volcan de Piémont sur le premier. Plusieurs centaines de victimes.
- Ce n’est pas comme si vous ne l’aviez pas souhaité.
L’échidné et l’inconnu gardèrent le silence. Ils contemplèrent quelques instants l’immense vague qui les surplombait.
Le petit groupe s’était donné rendez-vous sur le toit d’une grande surface commerciale, un des rares grands bâtiments qui avaient échappé à la folie destructrice de la nature. Car de ceux qui avaient survécu à la pression de l’eau, certains étaient encore tombés en morceaux par l’amplitude du tremblement qui avait secoué la terre. Yvanesca n’était pas censée connaître ce genre de catastrophe, et de ce fait, la plupart des bâtiments n’étaient pas construits dans le but de survivre à un tremblement de terre.
- Où est le renard ? demanda subitement Kane.
- Il a atterri derrière la chaîne d’Helem. De là il a gagné Sya, et il a passé la journée en train pour gagner Helem. En ce moment il tente de rejoindre Anethie à pieds. Savez-vous combien de temps nous reste-t-il avant la fin ? reprit Zalosta.
- Non, répondit Kane. Personne ne sait. Chaque jour peut être le dernier que nous vivons.
- Et puisque nous touchons au but, ne serait-il pas temps de tomber les masques, cher inconnu ?
Zalosta se tourna vers l’encapuchonné avec un sourire cynique.
- Mais tu sais déjà qui je suis, Zalosta.
Une voix douce. Le sourire de la hérissonne disparut. Elle connaissait cette voix. L’inconnu – ou plutôt l’inconnue – rabattit sa capuche et dévoila son museau.
- Eska… ?
Zalosta la fixa, ébranlée. Cette rencontre du passé raviva en elle bien des souvenirs dont elle croyait que le temps s’était chargé d’effacer lentement et consciencieusement.
- Ce n’est pas possible, répliqua-t-elle tout bas. Tu es morte.
- En effet.
La hérissonne eut du mal à détacher son regard de la chatte pour se retourner vers Kane.
- Qu’avez-vous fait ? lui demanda-t-elle le ton chargé de reproches.
- Pour elle en particulier ? Rien.
- Ne mentez pas. Qu’avez-vous fait, Kane.
- Il te dit la vérité, Zalosta, reprit cette fois Eska.
Elle vint se placer près de l’échidné. Ses yeux reflétaient une réelle sincérité. Zalosta s’avança lentement vers elle et, timidement, approcha sa main de son museau. Eska prit sa main dans la sienne et lui fit toucher sa courte fourrure.
- Tu es bien réelle…, commenta simplement Zalosta d’une voix triste.
- Non. Non, Zalosta, je ne suis pas réelle.
- Mais je peux te toucher, te voir, te sentir. Tu es là, Eska ! Je n’arrive pas à le croire.
La hérissonne tomba dans les bras de son amie. La chatte lui caressa doucement les cheveux.
- Mais si tu es là, est-ce que Hood…, commença Zalosta.
- Non.
Eska fixa durement la hérissonne. De manière maternelle.
- Ecoute-moi, Zalosta. Tu sais ce que ça sous-entend, n’est-ce pas, si je ne suis pas réelle ?
- Mais…
- Non. Tu es seule. Depuis ce jour, tu l’es, et tu l’es restée. Aujourd’hui encore.
- Ne dis pas ça, tu es là !
- Je ne suis qu’un souvenir, ma Zalo, renchérit Eska d’une voix douce, avec un sourire triste.
Elle continuait de lui caresser les cheveux. Zalosta lui retira sa main d’un geste sec. Ses yeux étaient brillants. Elle fixa Eska, puis Kane.
- Pourquoi avez-vous fait ça ? demanda-t-elle, pleine de reproches.
- Il te manquait une pièce du puzzle.
La hérissonne baissa les yeux.
- Eska n’est pas réelle, marmonna-t-elle. Alors ce monde…
- Oui, affirma Kane. C’est pour ça. Tout doit rentrer dans l’ordre, maintenant.
Zalosta regarda à nouveau Eska. Telle qu’elle était, cette fois : un vestige, et rien d’autre.
- La vraie Eska ne se souviendra jamais que nous nous sommes à nouveau rencontrées.
- Non, admit la chatte.
Elle s’avança et prit la main de Zalosta dans les siennes.
- Mais il faut que tu saches que Hood et moi n’avons jamais regretté ce que nous avons fait. Une partie de nous continue de vivre avec toi, Zalosta.
- Comment… comment ça s’est passé. Je veux dire, après.
- Ils nous ont rattrapés juste après. Nous avons été jugés, comme c’était censé se passer. Mais nous sommes partis le sourire aux lèvres en sachant que toi, au moins, tu t’en étais sortie. Nous avions fait ça pour toi, pour nous. C’était notre vengeance sur leur système.
- Vous êtes morts par ma faute.
- Avec ou sans toi, nous aurions été jugés, Zalosta. Tu le sais très bien.
- Vous êtes morts sans moi…
- Et nous restons à tes côtés. Depuis toujours.
Zalosta ferma les yeux. Elle avait envie de fondre en larmes dans les bras de son ancienne et éternelle amie. De lui dire, paroles gorgées de larmes qu’elle avait tant d’années retenues, combien ils lui manquaient. Combien elle se sentait seule depuis. Combien elle en souffrait.
Elle aurait préférée mourir avec eux.
Mais cette Eska n’était qu’un mirage. Ses paroles étaient creuses. Tout ce qui faisait sa personne n’était qu’un tour de magie, tout ce qu’elles se disaient n’était que dialogue de sourd.
Car rien ne resterait, dans cette histoire ; celle du temps.
Elle retira doucement sa main de celles d’Eska.
- Tu sais maintenant ce qu’il te reste à faire, lui dit Kane.
Zalosta hocha la tête.
- Tu sais pourquoi tu dois le faire.
- Oui…
Un portail d’ombre s’ouvrit derrière elle. Elle regardait Eska.
- Même si rien ne restera de tout ça dans l’histoire en générale et dans la mienne, ce qu’il se passe actuellement restera gravée en toi, Zalosta.
- Alors faisons ce que nous n’avons pas pu faire avant.
- Adieu, Zalo, prononça simplement Eska avec son sourire bien à elle.
La hérissonne écrasa une larme. C’était ce visage qu’elle avait toujours retenu d’elle. Si seulement…
- Adieu, Eska.
Si seulement nous pouvions remonter le temps…- Et passe le bonjour à ce crétin de Hood, lança-t-elle avant de se retourner définitivement sur le passé.
Si seulement nous pouvions revivre pour toujours nos bons moments.Elle entra dans le portail qui se referma sur elle.
Et si seulement en terminant tout ça…… nous pouvions nous retrouver tous les trois.La fumée s’échappa dans les airs. Elle ouvrit les yeux. Une larme glissa sur sa joue, se glaça dans la chute et se brisa sur le sol gelé, sous ses pieds.
Devant elle se trouvaient Saïko et Joshua, tous deux surpris. Mais ce n’était pas eux qu’elle regardait. C’était les conséquences qui se trouvaient derrière, et devant. Un souvenir du futur.
- Désolée, murmura-t-elle.
Dans ses yeux s’alluma la lueur rose. Ses longs pics se levèrent les uns après les autres derrière elle.
- Cette fois-ci, c’est vraiment personnel.
Je suis invisible mais on me voit.
Je suis immatériel mais on me touche.
Enfin je peux incarner la plus belle chose de ce monde comme la plus cruelle.
Que suis-je ?l’Amour.Ad Lunam