Voilà la fin de mon combat contre Glace, le perso de Espio the cameleon:
Glace s'effondra sur le sol.
- T'as raison de te défiler, boule de piques ! cracha le chat. Tu ne veux pas regarder la
mort en face, pauvre froussard !
- C'est pas ça, répondit Glace. J'ai… J'ai… J'AI FAIM !!!
Un instant, Kax crut avoir mal entendu. Ils allaient brûler vifs et tout ce que ce hérisson trouvait à dire c'était qu'il avait faim !!
Il saisit le hérisson au col, le miséreux touchant à peine le sol.
- Oui, expliqua Glace, quand j'ai faim, il faut que je mange.
- Je peux abréger tes souffrances si tu veux ! rugit Kax, tenant fermement son épée dans sa main libre. C'est sur demande !
Le chat noir leva son épée, prêt à frapper.
Mais un arbre, le tronc noirci par le feu, s’effondra près des deux combattants, projetant quelques braises brûlantes dans leur direction. Kax n’eut que le temps de bondir sur le côté pour ne pas finir brûlé. Désormais, le brasier s’étendait à perte de vue. La jungle entière s’était colorée de rouge et de jaune, et une intense chaleur avait remplacé l’air frais et pur, encore présent quelques minutes auparavant. Glace, gisant au sol, incapable de bouger, ne pouvait que contempler les arbres en feu s’abattre autour de lui, sachant que tout était fini, et que d’une seconde à l’autre il serait incinéré par ce maudit pouvoir qu’il avait eu le malheur de déclencher. Il ferma les yeux, résigné.
Kax, quelques mètres plus loin, était immobile, aux aguets, mais dans sa tête, il était confronté à un véritable dilemme. Sauver ce hérisson, ou le laisser brûler vif ? Ce n’était qu’un ennemi sans importance, et de toute façon il allait périr, par ses griffes acérées et ses crocs. Mais d’un autre côté, le regarder mourir sans rien faire ne l’enchantait pas, ce ne serait pas un vrai combat, puisque il n’aurait pu le tuer de ses propres mains. Alors, l’honneur était-il si important dans un cas pareil ? Risquer sa vie pour sauver un adversaire, c’était plus qu’idiot. Et Kax ne s’abaisserait jamais à ça.
Pourtant, il y avait dans le regard de ce hérisson quelque chose qui l’interpellait, qui l’obligeait à se poser cette question.
Tandis qu’il réfléchissait, le feu continuait de les encercler, se rapprochant à chaque minute, l’atmosphère devenant irrespirable, la chaleur intenable. Glace ne bougeait plus, la sueur et le sang mêlés ruisselant sur son corps. Alors, s’avisant d’un passage empruntable où les flammes permettaient le passage, prenant son courage à deux mains, Kax bondit, au milieu du brasier, franchissant le mur de feu qui les séparait, lui et Glace, avant de saisir son adversaire d’un mouvement rapide et de le jeter sur son dos. Mais d’autres arbres s’étaient effondrés autour d’eux pendant ce court laps de temps, et le passage qu’il avait emprunté pour entrer (et qu’il comptait utiliser pour sortir) était désormais refermé. Tournant systématiquement sur lui-même, dans l’espoir de trouver une autre issue, le chat transpirait à grosses gouttes, sentant ses forces s’estomper. Réfléchissant à toute vitesse, il tenta de trouver une solution, en vain. La chaleur l’affaiblissait de plus en plus. Il fut tenté d’abandonner, de se laisser tomber sur le sol et d’attendre la fin, mais il repoussa cette idée : lui, Kax, le plus grand démon de Mobius, se laisser abattre par un incendie ? JAMAIS !
Ce cri avait jailli de sa bouche malgré lui. Alors, sans plus réfléchir, il prit son élan et se jeta dans les flammes. Leur contact était brûlant mais il serra les dents, retenant un cri de douleur. Quelques secondes plus tard, il réapparut de l’autre côté, le poil roussi, mais en vie. Il avait traversé le mur de feu. Courant à perdre haleine, fuyant l’incendie qui continuait à faire rage, le chat bondissait par-dessus les troncs abattus, le hérisson ballottant sur son dos. Celui-ci ouvrit un œil :
- Hmm… ? Manger ? Fait chaud ici…marmonna-t-il. Il faut éteindre le four et sortir les hamburgers, ils vont être trop cuits…
Il replongea dans l’inconscience après ces quelques paroles.
Kax courait toujours, évitant chaque obstacle, il semblait presque voler au dessus du sol. Enfin, il aperçut un petit espace que les flammes n’avaient pas encore rendu impraticable qui lui permettrait de sortir de la forêt. Cette pensée le remotiva et il accéléra sa course. La sortie lui semblait si loin ! Mais enfin il jaillit à l’air libre, le poil en feu par endroit, les yeux fous. Il avait réussi ! Il avait triomphé du feu !
Il fit quelques pas titubants et, incapable d’aller plus loin, s’abattit sur le sol, épuisé. Son fardeau roula à terre, toujours inconscient. Ils restèrent ainsi, à moitié morts, étendus sur le sol.
Kax se réveilla quelques heures plus tard. Où était-il ? Il trempait dans une substance fraîche et humide. Il ouvrit les yeux. De l’eau. Il baignait dans une rivière, flottant à la surface tel un bout de bois. Le contact avec l’eau était si agréable après ce qu’il venait d’endurer ! Les récents évènements lui revinrent en mémoire, et, désormais totalement éveillé, il se demanda alors où était Glace. La réponse ne tarda pas : tournant la tête, il l’aperçut, sur la berge, allongé sur l’herbe, somnolant. Le chat se hâta de sortir de l’eau pour accourir vers le hérisson. Il réveilla celui-ci d’un coup de pied, et Glace poussa un cri de douleur.
- AIIIE ! LES FRITES SONT TROP CHAUDES !!
Puis reprenant conscience de la situation :
- Ah, c’est toi, minou ! Tu sembles aller mieux !
Le chat le considéra en silence, se demandant ce qu’il s’était passé depuis qu’ils étaient sortis de la forêt. Le hérisson lut la question dans ses yeux :
- C’est moi qui t’ai amené ici, déclara-t-il en se relevant. Je me suis réveillé, hors de la forêt, et j’ai deviné que tu devais m’avoir sauvé. Quelle autre explication ? J’ai décidé de te rendre la pareille, et j’ai trouvé cette rivière qui coule non loin de la forêt. Tu sais tout. Et…
Il s’interrompit, gêné.
- Et je tiens à te remercier de m’avoir sauvé la vie.
Le chat eut une moue dubitative.
- Simple question d’honneur. Je n’ai rien à te dire.
Kax, quant à lui, était bien décidé à ne pas remercier le hérisson pour son geste.
Glace éclata de rire.
- Ne change pas, minou ! T’es trop drôle ! On s’est bien amusés aujourd’hui !
Il reprit en redevenant sérieux :
- Mais la prochaine fois, pas de quartier ! Je te tuerais !
- Tais-toi, répliqua le chat, ou tu n’auras pas de « prochaine fois ».
Sur ces paroles, il tourna les talons et s’en fut, ressassant en silence leur combat, laissant le hérisson quelque peu désarçonné par ce brusque départ mais qui gardait néanmoins un sourire aux lèvres.
- Ca, c’est un ninja, songea Kax, souriant intérieurement.