willow : Désolée de couper ma fic au moment où il faut pas, c'est tout ce que j'ai trouvé pour mettre une petite touche de suspense dans ma fic. XD
Merci pour ton commentaire, et appelle-moi Sephy si tu veux. ^^
Miko : Moi non plus je n'ame pas Nelson. Comme moi, tu vas bientôt avoir une raison de plus pour l'affirmer ^^
Je te remercie pour ton commentaire!
Maëva : C'est vrai que cette histoire de maléfice avec Yvanesca peut paraître compliquée, mais vous aurez les réponses à vos interrogations dans la prochaine partie, la quatrième.
Voilà voilà, alors vu que vous réclamiez la suite plus que d'habitude, je vous la donne en avance. J'espère qu'elle vous plaira ; il s'agit de la dernière suite de la troisième partie, la situation va enfin se renverser. Bonne lecture!
La roussette s'envola dans l'air glacé, et fit luire la lame de son katana sous quelque lueur oubliée du ciel. Luceria se mit en garde, et para avec vigueur la charge violente de son ennemie qui avait fondu sur elle. Les deux rivales se toisèrent l'espace d'une seconde, puis poursuivirent leur duel, armées de haine, de colère, et de douleur. Leur rythme effréné leur cognait sur la poitrine, le vent glacé gelait leur esprit et leur coeur, mais elle ne pouvaient pas s'arrêter. Pas encore, pas maintenant. Leur combat venait à peine de commencer.
Les coups partaient dans tous les sens, dirigés avec négligence et trop vifs pour être précis. Avec ses deux dagues, Luceria pouvait porter des diversions et des attaques rapides ; tandis qu'avec son katana Sephyra optait pour une plus grande puissance. Et malheureusement pour son ennemie, sa vitesse n'en était pas diminuée pour autant. Rapidement, ce fut la roussette qui porta le premier coup sérieux ; sa lame entailla le ventre de Luceria qui poussa un hurlement de douleur, recula en titubant puis posa un genou au sol. Du sang commença à couler de ses lèvres pour tomber en gouttelettes sur leur arène de combat, à savoir le sommet d'un immeuble. Après les tintements de lame et les cris de rage, le silence était de retour. Seul le vent qui sifflait avec une fureur glaciale pouvait se faire entendre des deux mobiennes. Dressée devant l'échidnée grise, blessée elle aussi mais toujours en équilibre sur ses jambes, la roussette lui murmura :
- C'est tout ce que tu peux faire? Où est passée ton assurance de corrompue?
Rageante à l'intérieur d'elle-même, Luceria se releva. Elle toisa son ennemie qui se remit sur ses gardes. Soudain, l'échidnée chargea, ses deux dagues pointées en direction de Sephyra, qui dut parer l'une d'elle pour esquiver l'autre. Le combat reprit avec entrain, et la renarde volante fut obligée d'admettre que son ancienne amie avait plus de courage et de force qu'avant. Plus de courage et de force, que lors des belles années sur Mobius. Cette époque de rêve ou seul quelque adversaire un peu trop prétentieux pouvait gêner les mobiens, qui se battaient avec leur coeur et faisaient toujours taire leurs ennemis. C'étaient les temps purs, où humains et mobiens cohabitaient parfaitement, sans Résistance, sans camps opposés. En ce temps là, les deux mobiennes qui se battaient sauvagement à Yvanesca, étaient unies par une très forte amitié : même si l'une vivait dans la forêt, l'autre dans un village paisible, elles n'en étaient pas moins très proches.
Cette fois-ci, ce fut Sephyra qui négligea la puissance de son ennemie : elle ne vit pas arriver l'une des deux dagues guidées d'une envie assassine, et une profonde coupure se dessina dans son avant-bras droit. Surprise, la roussette recula précipitamment, serrant les dents pour ne pas crier, tremblante de douleur. Ou était-ce de la peur? Sephyra se sentit revivre soudainement le moment le plus atroce de sa vie, lorsque les humains l'avaient capturée, et l'avaient fait souffrir...
Profitant de l'inaction de son ennemie, Luceria lui lança un violent coup de pied. La roussette fut projetée en arrière et roula sur le sommet de l'immeuble, avant de s'arrêter au bord du vide, juste à temps. Elle regarda en bas : si Luceria avait frappé un peu plus fort, elle aurait déjà perdu.
- Relève-toi, ordonna l'échidnée. Je n'en ai pas terminé, Nelson souhaite te voir mourir!
Tremblante et épuisée, Sephyra se releva avec peine. Un genou au sol, l'autre peinant pour ne pas se poser à son tour, elle redressa la tête. Le regard de son adversaire avait complètement changé : Luceria semblait maintenant déterminée à accomplir sa tâche.
- Décidément... tu ne veux pas entendre raison?... demanda Sephyra, qui parvint finalement à se relever.
Luceria pointa l'une de ses dagues en direction de son ancienne amie :
- Je te retourne la question, dit-elle.
Sans laisser plus de répit à son adversaire, l'échidnée chargea avec violence, décidée à poignarder la roussette ou bien la pousser dans le vide. Mais la dite roussette ne voulait pas encore abandonner. Elle redressa son sabre qu'elle n'avait pas pu lâcher, et contra l'un des coups de l'échidnée, avant de bloquer son autre bras. Toutes les deux immobilisées, montant leur force respective l'une contre l'autre, les deux mobiennes tentèrent de se repousser avant de repartir à l'assaut. Leurs membres tremblaient sous la puissance de l'autre, et Sephyra se sentait faiblir. Son pied droit glissa légèrement, et elle entendit de minuscules fragments de l'immeuble tomber dans le vide. Sans le moindre regard en arrière, elle sut que sa fin était proche si tout continuait comme cela. Mais malgré la force dont elle faisait usage, elle sentit que son pied droit, tout doucement, continuait de glisser.
Seth et Yorick parcoururent de nombreuses salles et gravirent de nombreux escaliers givrés, mais toujours sans trouver personne. Au fur et à mesure qu'ils progressaient en hauteur dans l'immeuble principal de la ville, ils baissaient leur garde. Et, sur le palier du neuvième étage, Seth s'arrêta et poussa un soupir :
- Mais c'est pas vrai! Il n'y a personne ici, en fait!
- Pourvu qu'ils ne se soient pas tous jetés sur l'un d'entre nous... murmura Yorick. Vite, on doit vite savoir s'il y a quelqu'un dans ce bâtiment!
Reprenant la marche mais avec plus de vigueur, les deux amis continuèrent leur ascension.
Nox poussa un soupir qui se changea en un nuage de buée. Elle regarda le fourreau que Sephyra avait laissé tomber, le ramassa et le posa sur un meuble recouvert de givre. Le visage mélancolique, elle regarda au travers d'une des rares fenêtres que le bâtiment n'avait pas encore perdues. Le temps était toujours le même, mais peut-être que l'odeur du sang envahirait bientôt l'air glacé. Les corrompus étaient quelque part dans la ville, et devaient tous être en train de se battre contre ses amis, tandis qu'elle était là, pour sa part, immobile dans cette pièce, à s'inquiéter. Ca ne lui ressemblait pas. Elle aussi devait agir pour préserver sa chère Résistance. Toujours aussi peu déterminée, elle tourna les talons et commença à quitter la pièce. Elle allait atteindre les escaliers pour descendre au niveau inférieur, lorsque, sur le palier de son étage, elle se trouva brutalement nez à nez avec deux corrompus, un porc-épic jaune et un échidné gris sombre avec une cicatrice en travers du visage.
Les trois mobiens surpris bondirent en arrière chacun de leur côté, et Nox réalisa qu'elle avait laissé ses pistolets à l'étage du dessous, qu'elle était désarmée face à deux ennemis. Il ne fallut que peu de temps aux deux corrompus pour se préparer au combat, lancer un regard cruel à la martre argentée et se ruer sur elle. Nox fit demi-tour et s'engagea dans les étages supérieurs en courant, gravissant les escaliers glissants à toute allure. Sans ses pistolets, elle ne serait jamais de taille face à deux ennemis. Mais heureusement pour elle, elle avait l'habitude des escaliers givrés, contrairement à ses adversaires. Ceux-ci progressaient moins vite et laissaient leur ennemie gagner du terrain.
Nox atteignit rapidement l'avant-dernier étage du bâtiment, où s'entassaient de nombreuses caisses et de très vieux meubles en bois abîmé. Elle profita d'avoir un peu d'avance sur ses ennemis pour se jeter sur l'un de meubles, l'ouvrir brutalement au risque de l'abîmer encore plus. A son immense soulagement, elle y trouva un beau pistolet d'argent, tellement froid qu'elle frissonna en s'en emparant. Vive, elle repartit ensuite dans les prochains escaliers ascendants pour se rendre au sommet du bâtiment. Arrivée à l'extérieur, plongée dans le froid de la ville, elle frissonna sous le vent glacé. Elle courut jusqu'au rebord de l'immeuble, se retourna, et pointa son pistolet sur les deux corrompus qui venaient de sortir des escaliers à leur tour. Ils s'immobilisèrent, face à l'arme braquée sur eux. Leur regard fusillait la jeune martre, qui, peu rassurée malgré l'arme qu'elle tenait, commençait à se demander ce qu'elle devait faire. Tirer? Là, maintenant?
Pourtant, elle savait bien qu'elle n'avait pas le choix.
Un coup de feu retentit, et Seth s'écroula sur son épaule gauche.
Les différents adversaires restèrent un moment silencieux, à se regarder, à se reconnaître les uns les autres. Tora était toujours à terre, Caela à ses côtés, inquiète de ce qui allait se passer. Seneka et le hérisson jaune étaient séparés par deux mètres tout au plus, et continuaient à se méfier l'un de l'autre, tandis que Kerin, immobile devant la partie brisée du mur, regardait les corrompus avec beaucoup d'attention.
- Caela... Tora... et Seneka, dit-il, d'un ton en même temps désolé et incrédule. Alors c'est bien vrai? Vous êtes vraiment tombés entre les griffes de Nelson?
- Il paraît que nous sommes tous venus ici, et dans un but différent que de celui de s'entre-tuer, répliqua Seneka.
Nerveux, le hérisson jaune était prêt à se jeter sur le loup noir pour l'achever. Kerin le remarqua, et, ne croyant qu'il puisse être capable de combattre ses propres amis, il dit :
- Caelum, je t'en prie, ne leur fais rien.
En entendant ces mots de la bouche de son ami devenu résistant, Caela poussa un soupir de soulagement. Elle non plus n'avait pas la moindre envie que tout se termine dans un bain de sang. De plus, elle reconnaissait bien là son ami Kerin : toujours calme et posé, sa voix était apaisante et rassurante.
- Vous êtes venus tuer la chef, n'est-ce pas? demanda Kerin.
Devinant la réponse, il baissa la tête un moment. Le fait qu'il se soit retrouvé séparé de ses amis d'enfance n'avait vraiment apporté que du malheur.
- On ne peut pas te combattre, déclara Tora, qui se releva avec peine. Seneka a raison : nous sommes venus dans ce monde pour un but précis, pour apporter la paix à Mobius, et non pas pour entrer dans le jeu de "résistants" ou de "corrompus"!
- Je suis bien d'accord, admit Kerin.
Caelum fusilla du regard le renard-volant violet foncé, et ce dernier détourna les yeux.
- Comprends-moi, Caelum, dit-il simplement. Nous devons aller retrouver la chef, maintenant! On doit lui dire ce qu'il se passe!
- Elle est sûrement avec Luceria! dit Caela, qui s'était relevée à son tour. Il faut les arrêter avant qu'elles ne s'entre-tuent!
- Oui.
Le hérisson jaune regarda son allié dans les yeux :
- Parce que tu compte faire équipe avec ces corrompus, maintenant? Si Sephyra l'apprend, elle te chassera du clan!
- Et moi, plutôt que de rester fidèle à ces lois insensées, je préfère protéger Sephyra. Tu ne crois pas que c'est mieux que d'obéir aveuglément à des règles stupides, comme quoi tout corrompu est notre ennemi?
Sans rien ajouter pour Caelum, Kerin regarda ses amis et s'exclama :
- Suivez-moi! On doit les retrouver!
Il ouvrit ses ailes et s'élança à nouveau dans le ciel glacé, suivi de près par ses anciens compagnons. Lorsqu'ils passèrent devant lui, Caelum n'essaya même pas de les retenir. Il se contenta de les regarder partir avec tristesse. Combien de fois, combien de fois le monde allait-il encore avoir raison?
Yorick regarda Seth tomber sur le béton glacé, horrifié. Il constata rapidement que la balle avait traversé son épaule, offrant une douleur atroce au porc-épic, mais ne lui menaçant pas la vie. Fou de rage, l'échidné se tourna brutalement vers Nox, qui commença à hésiter. Elle ignorait pourquoi, mais n'avait aucune envie de continuer à tirer. C'était un fait ; elle n'aimait pas tuer. Si elle s'était engagée dans la Résistance, c'était pour suivre Sephyra, et se venger des Hydres. Tant pis ; elle devait combattre les corrompus.
A peine avait-elle pensé ces mots, qu'elle entendit la voix de Kerin crier le nom de son chef. Surprise, elle tourna la tête à sa droite, relâchant son attention, mais Yorick n'en profita pas. Regardant à sa gauche, il aperçut, au sommet d'un immeuble tout près de là où il se trouvaient, Luceria et Sephyra. Kerin et ses amis venaient de les rejoindre, et la roussette était sur le point de tomber dans le vide, poussée par sa rivale.
- Oh, non ! s'exclama Nox.
Sans plus attendre, elle sauta de l'immeuble pour atterrir sur un bâtiment voisin, et continua de progresser vers l'arène de combat des deux mobiennes. Yorick, constatant qu'il était hors de danger pour l'instant, tomba à genoux devant Seth. Celui-ci ne s'était pas évanoui, mais souffrait de la blessure de son épaule.
- Allez, courage, dit l'échidné gris à son allié. On doit aller aider les autres!
Sans perdre plus de temps, Yorick aida Seth à se relever, et, suivant le chemin pris par Nox, il soutint son ami pendant sa marche difficile. Ils n'étaient pas les seuls à être en danger.
Tandis qu'il progressaient en direction du bâtiment principal, un immense vaisseau volant, aussi volumineux qu'effrayant, commença à survoler la ville.
Kerin garda ses distances avec Luceria et Sephyra, ses amis derrière lui. Les deux mobiennes ne lâchaient pas prise, mais étaient sur le point de céder à la tentation d'en finir.
- Luceria, lâche-la! s'écria Seneka. Vous voulez toutes les deux tuer les Hydres, non? Alors pourquoi cherchez-vous à tuer autre chose que des Hydres?
- Sephyra, on peut s'expliquer, dit Kerin de sa voix apaisante. Je t'en supplie, on peut encore arrêter ça!
- Lâche-la! cria alors la voix de Nox.
La martre argentée venait à peine de se hisser au sommet du bâtiment. Essoufflée, elle pointa son arme sur Luceria. Celle-ci lui jeta un coup d'oeil cruel, réalisant qu'elle était en bien mauvaise posture.
- Nox, ne tire pas! cria Kerin.
Caela tremblait de tous ses membres. Le vent glacé continuait de souffler férocement, elle avait froid aux yeux. Elle n'osait même pas regarder ce qui allait se passer. Luceria allait peut-être mourir, et elle, elle était incapable de l'aider, ou de faire quoi que ce soit d'utile. Plus que jamais, elle se sentit complètement impuissante et faible.
Progressivement, un autre son que celui du vent commença à siffler dans ses oreilles. C'était comme un ronronnement de moteur, puissant mais lointain. Elle se retourna brusquement, et poussa un cri de surprise : là, à quelques dizaines de mètres devant, une immense base volante s'avançait lentement vers eux. On aurait dit un grand bateau sans mâts ni voiles, d'une couleur métallique tellement brillante qu'il semblait voler pour la toute première fois. Un canon sortait par l'avant de l'immense engin ; ce devait être l'arme ultime dont parlait Nelson. Et ce dernier était à l'intérieur. A l'intérieur, prêt à faire feu.
Soudain, Sephyra se baissa et fit un large pas de côté pour se libérer de l'emprise de son ennemie, qui avait été légèrement distraite par l'arrivée du vaisseau volant. Affaiblie, la renarde volante regarda le vaisseau, tout comme Nox, avec des yeux horrifiés. Caelum arriva alors sur le bâtiment principal, en même temps que Seth et Yorick qui ne comprirent rien à la situation. Au lieu de se combattre sauvagement, corrompus et résistants étaient immobiles, agressés par le vent glacé, en train de fixer une énorme machine volante qui s'avançait lentement vers eux. Ils avaient tous l'air terrifiés, peut-être par la puissance apparente des humains, la crainte qu'une arme mortelle soit braquée sur eux tous. C'était le moment de faire feu.
Luceria, ignorant sa rivale, s'empara de son téléphone portable et chercha à joindre Nelson. Seneka et Yorick se mirent devant elle pour éviter que Sephyra, malgré ses blessures, tente un nouvel assaut. Mais tous avaient perdu le courage de se battre.
- Ici Chasseuse Luceria! cria-t-elle pour se faire entendre malgré le vent qui sifflait avec rage. Les résistants sont tous ici, venez nous récupérer, vite!
Aucune réponse. Luceria ne pouvait plus qu'entendre le vent d'Yvanesca agresser ses sens.
- Président Nelson! cria-t-elle.
A l'intérieur de la base volante, Nelson était debout dans la salle des commandes. C'était la pièce située tout à l'avant du vaisseau blindé, où une immense vitre permettait d'avoir une vue étendue sur l'extérieur. Cinq humains étaient aux commandes du monstre en métal, faisant progresser lentement ce dernier en direction du bâtiment principal d'Yvanesca. Au bout d'un moment, il s'arrêta. De là où il était à présent, Nelson pouvait apercevoir tous les mobiens immobilisés de stupeur, au sommet de l'immeuble. Un homme vêtu d'un uniforme bleu foncé le rejoignit :
- Monsieur le Président, la chasseuse Luceria demande à vous parler.
Nelson ne réagit pas tout de suite. Il attendit quelques instants, puis demanda :
- Elle appelle bien d'Yvanesca?
- Bien sûr. Nos éclaireurs on a pu la repérer, elle est avec les autres et les résistants.
- Passez-la moi.
Nelson s'empara du téléphone et répondit :
- Ici président Nelson. Tous les résistants sont ici?
Soulagée d'entendre la voix du président, Luceria répondit :
- Affirmatif, ils sont tous là! Venez nous récupérer, vous pourrez tirer ensuite!
Le vent soufflait si fort, que personne à part Nelson ne pouvait comprendre ce qu'elle disait. Cependant, le président humain ne répondit pas.
- Président Nelson?! cria Luceria, inquiète.
Toujours dressé dans la salle des commandes, Nelson laissa tomber le téléphone au sol. Il resta silencieux un moment, puis décocha un sourire cruel.
- Vos ordres, monsieur? demanda un soldat tandis qu'un autre ramassait le téléphone.
- Feu, répondit le président de Station Square.
C'était comme si l'air glacé se faisait aspirer par le canon : l'arme ultime des humains rassembla son énergie en faisant voler des éclairs dans un vacarme que même le vent ne pouvait pas couvrir. Tétanisée, Luceria laissa glisser le téléphone portable de ses mains tremblantes, et il se brisa sur le béton glacé. Abasourdie, peinant à croire ce qu'elle voyait, elle bégaya :
- Nel... Nelson...
- Les ravins! hurla Nox.
Entraînant tous les autres avec elle, la martre bondit de l'immeuble. La chute était longue et peut-être mortelle, mais il y avait une maigre chance d'échapper à la déflagration qui s'annonçait. Yorick cria à Luceria de l'imiter avant de descendre du bâtiment à son tour, mais l'échidnée était complètement paralysée. Le canon avait absorbé son énergie maximum, et cracha un morceau de lumière sur la ville. En sautant à son tour du bâtiment, Caela sentit une peur encore plus grande l'envahir ; elle ne voyait pas le sol caché par la brume, mais savait qu'elle et ses amis ne s'en sortiraient certainement pas.
Sephyra se rua sur Luceria et l'entraîna dans le ravin avec elle, tandis que la plus assourdissante des détonations brisait le ciel et la ville. L'immeuble principal ainsi que tous les autres, pris dans un rayon de lumière impressionnant, volèrent en éclats, faisant voltiger des morceaux de pierre enflammés aussi grands que des maisons. Les nuages du ciel cédèrent à la puissance de l'explosion, furent balayés par un souffle comme divin. Les mobiens affectés par le carnage ne virent qu'un rideau de lumière se dresser devant eux, puis ils sentirent la douleur de leur chute contre diverses parois brisées, leurs cris de douleur évanouis sous l'effroyable destruction de cette région de la ville.
La lumière orangée s'éteignit en même temps que le vacarme insupportable, et le silence, non content d'avoir été chassé aussi brutalement, fut bientôt de retour. Le vaisseau humain ne s'attarda pas, et fit avec lenteur un demi-tour pour repartir vers le sud. Derrière lui, la ville rongée par le froid avait un énorme cratère noir en son centre, où quelques débris enflammés vivaient encore. Faible, leur fumée se mêlait à la brume blanche.