Merci à tous pour vos commentaires! Ainsi qu'à vous très cher, contre l'encre de qui je me bat de toutes mes forces en effet. Mais si c'est pour pouvoir bénéficier de vos commentaires si lyriques et détaillés, après tout... x3
Bon, alors voici la suite, avec quelques révélations mais toujours pas d'action. Vous en faites pas, avec la guerre qui approche, ça va pas tarder non plus! Bonne lecture!
Ferox atterrit devant Sha-Lin, épuisé, tandis que la nuit demeurait dans le petit village. Tout autour d'eux, les résistants d'Odori étaient tendus, prêts à écouter ce que l'aigle avait à leur rapporter. Nox, Caelum et Katejina se précipitèrent vers le messager, écartant les curieux et se stoppant tout près de leur chef suprême qui avait fait un pas vers son ami.
- Ferox... souffla la hérissonne. Que s'est-il passé?
L'aigle royal souffla un peu, le temps de se rappeler de tout ce qu'il avait à raconter. Rapidement, avec un sourire, il releva la tête et déclara simplement :
- Sephyra est en vie... Nous l'avons tirée de Rex, nous sommes tous en vie.
Le soleil qui réchauffait Odori avait rarement paru aussi radieux. C'était le petit matin, le soleil se levait à peine avec splendeur et perçait déjà les montagnes de ses rayons dorés. Ferox, arrivé dans la nuit, avait rapidement bénéficié de soins divers, dans la hutte qui faisait office d'infirmerie. Et lorsqu'il était passé devant la chambre numéro 04, il avait vu Leria, assise sur un lit, la tête basse, le regard vide.
- ( "Nous sommes tous en vie..." )
L'aigle royal eut un pincement au coeur en repensant à ses propres paroles. Désolé, il garda la tête basse en reprenant sa marche dans le couloir blanc, précédé d'une infirmière qui lui avait prodigué ses soins. Mais en cet instant, ce n'étaient pas ses quelques blessures ni sa patte droite qui lui faisaient le plus mal : c'était encore son âme, son coeur, en repensant à l'échidnée qui était tombée quelques jours plus tôt. Nous sommes tous en vie... Non, tu as raison Leria : tous n'ont pas eu notre chance.
Le jour venait de se lever dans la vallée, près des restes de Rex dont les flammes s'étaient éteintes. Athem s'était réveillé tôt, Sephyra toujours endormie contre lui, et réfléchissait déjà au trajet retour pour Odori. Un à un, les loups de sa meute s'éveillèrent, et Caela fut la première parmi les sept adolescents à ouvrir les yeux. Elle s'était presque réveillée en sursaut, soudain prise d'une sorte d'inquiétude. Elle leva les yeux vers les ramures des arbres, tandis qu'un des loups de la meute la regardait avec étonnement.
- Ca va? questionna-t-il.
- Je... je crois qu'on devrait partir, confia alors Caela au jeune loup.
Surpris, ce dernier tourna son regard vers son chef qui venait de se lever, sa soeur dans ses bras.
- Je partage son avis, dit-il alors. Réveillons les autres et quittons cet endroit.
Ils s'enfoncèrent dans la forêt, presque avec précipitation. La plupart des membres du groupe ne comprenaient pas pourquoi Caela et Athem semblaient si pressés de rentrer à Odori. Mieux valait pourtant de progresser lentement et avec prudence, comme ils le faisaient d'habitude!
Mais bientôt, ils furent pris au piège de la force qu'ils avaient immédiatement préféré fuir. En pensant pénétrer dans une clairière, ils sortirent complètement de la forêt et se retrouvèrent devant l'entrée d'un palais. Le temps de se retourner, ils se retrouvaient déjà encerclés par une sorte de barrière blanche et lumineuse. En levant la tête, toujours cette barrière qui remplaçait le soleil en arrosant l'endroit de sa lumière blanche. Tout s'était passé si vite qu'ils le réalisaient à grand-peine. Quel était cet endroit mystérieux ; pourquoi en émanait-il une force étrange qui faisait trembler Caela de tous ses membres? En même temps, elle percevait comme le chant lointain d'une créature oubliée, un chant qui l'attirait vers le palais malgré sa terreur. C'était un immense bâtiment, qui semblait fait tout entier de verre. Il était situé en hauteur et pour y accéder, droit devant les mobiens, un escalier conduisait à la porte de l'édifice, cette dernière grande ouverte. Le bas du palais ressemblait ainsi à une pyramide Inca, et la créature qui se dressa bientôt au sommet des marches ressemblait, quant à elle, à une déesse.
- Bienvenue, soldats de la Résistance, il me tardait de vous rencontrer.
Tous furent en même temps figés sur place et fascinés. Cette voix féminine, en même temps glaciale et douce comme la brise les déconcerta complètement, c'était comme si deux voix différentes s'exprimaient en même temps : d'abord celle d'une douce jeune fille, puis celle d'une entité supérieure aux desseins maléfiques. Sa silhouette leur apparut d'abord, puis l'étrange lumière arrosa son corps lorsqu'elle se dressa au bord des marches. Tous furent bouche bée. Une dragonne.
N'était-ce pas la race la plus rare de Mobius, qui devait avoir disparu depuis bien des années? Et là, ils en auraient une véritable devant leurs yeux? Elle déploya deux immenses ailes aux larges pans de peau argentée, et secoua ses cheveux chocolat. Son corps entier était d'un noir presque gris, mais elle avait un losange argenté entre les deux yeux et des griffes ivoire. Ses vêtements faisaient réellement songer à ceux d'une déesse : brassards dorés, ainsi qu'aux chevilles et au cou ; longs pans de tissu blanc qui cachaient à peine son magnifique corps et tournoyaient autour de ses jambes. Elle portait aussi un pagne doré, et avait une longue queue pourvue d'épines dorsales. Mais elle avait quelque chose qui n'était pas naturel. En plus d'être particulièrement grande et mince, les parties droite et gauche de son corps différaient réellement ; comme si cette créature était en fait la fusion de deux dragonnes. Sur son bras et sa jambe gauches, elle avait de longs tatouages blancs qui lui donnaient un air imposant et, tandis que ses cheveux étaient très courts sur la partie droite de sa tête, sur la gauche au contraire ils étaient longs et chatoyants, retombant avec splendeur jusqu'à ses genoux. Quant à ses yeux, ils n'étaient pas non plus de la même couleur : son oeil droit était marron et son oeil gauche, d'un vert d'eau qui semblait pouvoir deviner les pensées de toute personne qu'il regarderait.
- Je me nomme Megami... Terra-Megami, ajouta la créature en mêlant toujours cette voix d'enfant et de créature glaciale.
Caela avait l'impression d'avoir son pire ennemi devant elle, sans qu'elle ne sache pourquoi. Pourtant, c'est comme si elle était attirée par cette entité, qu'elle s'en sentait proche... Elle fit un pas en avant, encore ignorante quant à sa raison de l'avoir fait. Intriguée, sa curiosité semblait avoir pris le dessus. L'apparition tourna brusquement son regard vers la hérissonne qui se retrouva paralysée l'instant d'après. Tremblante, celle-ci continuait de fixer Megami, tétanisée, lorsque Seneka se rua sur elle et la déroba au regard de la dragonne, en se plaçant devant elle.
- Que nous voulez-vous? questionna-t-il aussi sec, sa lance fortement serrée dans sa main gauche.
- Oui, c'est bien moi qui vous ai amenés en ce lieu, répondit Megami avec calme. Je sais absolument tout ce qui se trame sur Mobius ces temps-ci, et connais également mieux que quiconque le mal dont votre amie est victime.
Elle regarda à nouveau Caela qu'elle ne pouvait que deviner, toujours dissimulée derrière le loup noir. Du moins jusqu'à ce que la hérissonne blanche recule d'un pas en poussant un cri de douleur. Seneka se retourna sur le champ et vit son amie s'effondrer brusquement. Seth se rua sur elle et put amortir sa chute à temps, regardant son visage avec effroi. La petite hérissonne gémissait de douleur, une goutte de sueur glissant sur sa tempe. L'acier gagnait de plus en plus de terrain sur son corps ; en plus d'avoir pris ses quatre membres, il commençait à dévorer ses quatre piques, à présent. Seneka ne sut détourner son regard de Caela. Quel était ce mal qui semblait tellement la faire souffrir? Lui, que pouvait-il faire pour l'en libérer? Mais en était-il seulement capable? Ne pouvait-il que rester là, immobile, à ne rien faire?... Ses pensées commençaient à s'embrouiller lorsque Luna et Ludovic se dressèrent fièrement de part et d'autre de leur chef, regardant Megami dans les yeux. Athem s'avança entre eux deux et regarda la dragonne sans ciller. Puis le loup blanc posa un genou au sol et s'inclina, sous le regard surpris de tous. Il releva ensuite la nuque et regarda à nouveau les yeux vairons de la dragonne :
- Je sens une énergie très puissante émaner de vous, déclara-t-il avec respect. Seriez-vous... le Mephis?
Yorick regarda Athem, surpris, puis à nouveau la dragonne. Il écarquilla ensuite les yeux. Oui, ce devait bien être ça! Mephis, ce vent divin, entité légendaire qui connaissait toutes les vérités de leur monde!
- Certains peuples me nommèrent ainsi, tout comme le tien, Prince Athem du clan des Esprits, déclarèrent les voix glaciale et enfantine de la créature, toujours en choeur. Et je suis aussi ici, devant vous, c'est pour vous parler du sort de notre monde, et vous apprendre ses vérités. Cependant, je ne mérite en aucun cas que tu t'abaisses devant moi. Si je te disais qui je suis réellement, il se peut que tu aies plutôt envie de me tuer.
Etonné, Athem se releva. Il regarda un moment sa soeur, toujours endormie, sur laquelle veillaient les loups de son clan. Puis ses yeux obliquèrent à nouveau vers Megami, sereins. Les sept adolescents avaient sûrement énormément à savoir de cette créature. Mais celle-ci était-elle vraiment leur alliée? De sa voix d'enfant, elle pouvait le paraître. Mais de sa voix glaciale, elle faisait naître les doutes.
- Je suis deux esprits dans un même corps, divinité longuement recherchée, et chassée par mes ennemis, qui sont peut-être aussi les vôtres. Je suis votre passé et votre futur, ce qui vous permet de vivre, ce pourquoi vous existez. Je suis l'Hydre blanche, Megami.
Caela se redressa subitement en écarquillant les yeux. Elle tourna lentement son regard vers la créature, peu certaine d'avoir bien entendu, d'avoir bien ressenti ces derniers mots. Autour d'elle, Seth et Seneka, ainsi que ses autres amis de toujours, ne savaient plus s'ils devaient s'assurer qu'elle allait bien ou regarder Megami avec stupeur. Une Hydre? Cette Megami était donc leur ennemie? Pourtant, une partie d'elle avait l'air si pure... Alors devaient-ils la rejeter ou s'incliner devant elle?
- Les Hydres de la légende de ce monde ne sont pas qu'au nombre de quatorze. Comme le pensait bien le fils du prophète Allendil, il existe deux autres Hydres, à qui les mythes ont donné le rôle de dominer toutes les autres, et de régir le monde avec équité. L'Hydre noire, et l'Hydre blanche. L'une avait pour rôle de détruire, l'autre de reconstruire, loi infaillible du renouveau et de la renaissance. L'Hydre noire porte pour nom Inferno, ou Jahëkumra, et il y a peu, elle a réussi à prendre la possession d'un puissant corps qui ne lui appartient guère. Mais elle cherche également à en changer...
Megami regarda Caela, mais la hérissonne avait déjà tout compris. Alors son prétendu "sauveur" n'était en réalité qu'une Hydre sortie de ses gonds et qui tentait de s'emparer de son âme?... Elle pensait qu'elle allait s'évanouir pour sombrer dans d'atroces cauchemars, mais sans savoir pourquoi, elle resta consciente, à accepter lentement ce qu'elle venait d'entendre. Ce métal qui était en train de recouvrir son corps n'était dû qu'à cette entité machiavélique? Les choses dans son esprit se clarifiaient lentement, dans sa terreur, sauf un seul détail. Pourquoi elle?
Elle se releva lentement, genoux tremblants qui crissaient d'un bruit métallique sous son effort. Ses amis, surpris, s'éloignèrent d'elle tandis qu'elle s'avançait à petits pas vers les marches du temple. Elle s'en stoppa à deux mètres et regarda la dragonne dans les yeux, dressée fièrement. Ce combat, depuis qu'elle était arrivée dans ce monde, n'avait pas été anodin pour elle, ni pour les autres. Il y avait eu des disparus, des blessés, des tombés au combat. De la douleur et des larmes, qui couraient et se mêlaient vers une résolution qui serait peut-être leur bonheur à tous...
- Est-ce que je vais mourir? demanda-t-elle à Megami.
Surpris, ses amis la regardèrent avec étonnement. Bien sûr que non, elle ne mourrait pas! Elle était venue sur Mobius comme ses amis pour succéder aux sept Héros, et résoudre le problème de déséquilibre qui s'opérait depuis leur mort, en battant pour de bon le président de Station Square! Mais tout cet acier... et Caela, elle, avait toujours était faible de corps et d'esprit. Pourquoi l'avoir choisie, elle, alors? Pourquoi l'avoir embarquée dans cette histoire où elle risquait de mourir, comme tant d'autres?
Seneka sentait ses mâchoires se resserrer et son bras trembler, prêt à aller détruire toute forme d'opposition à sa colère. Megami sentit rapidement ses pulsions et regarda le loup noir :
- Oui, pourquoi elle, te demandes-tu... n'est-ce pas? C'est bien moi qui ai donné l'ordre à Yorick d'aller vous chercher sur Terre. Il n'a fait que suivre mes ordres, et a également accepté d'emmener avec lui cette jeune fille, qui en raison de son corps faible avait toutes les chances de mourir ici.
A défaut de pouvoir atteindre cette entité, puissante comme une déesse, le loup noir se retourna brusquement et se rua sur l'échidné gris. Surpris, ce dernier ne broncha pas lorsque Seneka le saisit par le col de sa chemise orange, et le souleva légèrement au risque de déchirer son vêtement.
- Pourquoi?! hurla le loup, fou de rage. Pourquoi l'avoir embarquée là-dedans?!
Yorick fronça les sourcils et se dégagea de l'emprise du canidé, avant de jeter un oeil vers Caela. Mais le loup noir se mit tout de suite devant elle pour la dérober à ses yeux et le fusiller du regard.
- Parle! ordonna-t-il. A moins que tu n'aies aucune excuse valable, et c'est ce que je pense au fond de moi!
- Attends, répliqua Yorick avec colère. Tu fais erreur. Le soir où je suis venu dans votre internat pour vous chercher, et cette nuit où je vous ai amenés sur Mobius, Caela était censée mourir!
Il n'en fallut pas plus pour que le loup noir détende ses poings et ses mâchoires, avant de fixer l'échidné gris avec une stupeur que l'on avait jamais vue encore sur son visage. Kaly, étonnée et inquiète, regarda son amie qui n'avait pas bougé de place ; elle leur tournait toujours le dos, face à Megami. Mais ses yeux s'étaient ouverts en grand, et son coeur avait doublé d'allure.
- Hum... son corps est faible et son coeur devait lâcher cette nuit-là... reprit Yorick en remettant son col correctement, la gorge pourtant nouée malgré son assurance. En l'amenant ici, le Mephis - enfin, Terra-Megami - a attiré l'attention d'Inferno pour qu'il la prenne elle aussi pour réceptacle pour son âme. C'était le seul moyen de la sauver, que cette hydre s'empare progressivement d'elle...
- Actuellement, Inferno possède l'Hydre de la Vie, qui avait pour nom Jahëkumra. L'Hydre noire, Inferno, est donc en train de dévorer ton corps à son insu, et il ne reste que peu de temps pour tout résoudre. Il y a de nombreuses choses dont je dois encore vous informer. Avant, moi et les autres Hydres équilibrions le monde ; mais ce n'est plus le cas à présent. Au contraire, il se meurt à cause de nous. Inferis, Hydre du feu. Detzera, Hydre de la mort. Et puis Jahëkumra, Hydre de la vie... elles sont alliées de Nelson et responsables de nombreux désastres dans notre monde. Le président de Station Square est soumis à Detzera, lui-même soumis à Jahëkumra... sans vous préciser que le véritable ennemi est Inferno, qui a semé cette folie dans le coeur des Hydres et dans celui du président.
L'histoire dans toute sa complexité avait laissé nombre de combattants penauds, mais les principaux concernés, concentrés de toutes leurs forces, parvenaient à suivre les vérités de la déesse. Le dernier assaut arrivait à grands pas ; et pour de vrai cette fois. Sephyra, toujours allongée parmi les loups de la meute d'Athem, remua légèrement lorsque Megami reprit :
- C'est Inferis qui a détruit Godrin et a failli faire de même avec Yvanesca, sous ordre de Nelson. Le président de Station Square a fait construire l'usine Syerra pour y enfermer ses prisonniers, mais surtout, c'est un passage qui mène au repaire de Jahëkumra. Si vous voulez détruire pour de bon le fléau qui menace le monde, il va vous falloir entrer à Syerra, emprunter le passage caché qui mène jusqu'à l'entrepôt des mines et terrasser votre ennemi. Inferno sait bien qu'il ne peut, tout comme moi d'ailleurs, posséder un corps pour toujours, même si ce corps semble immortel. Bientôt, l'Hydre de la vie mourra et Inferno prendra l'entière possession de celle qui regorge de talents et de facultés cachés... Caela, votre amie. Digne héritière du héros Hieron.
La hérissonne ferma les yeux et réprima une larme. Elle, la digne héritière d'un Héros? Ces braves personnes qui marchent fièrement vers leur objectif, pleins de puissance et d'espoir? Elle en avait réellement la tempe?
Elle regarda sa main métallique et fit remuer ses doigts. Vu son état, elle n'avait pas beaucoup d'autres choix que d'aller de l'avant.
Elle ne tarda pas à redresser les yeux et à approuver les dires de l'Hydre blanche. Cette fois, l'affrontement décisif était en vue.